Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma
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partenariat très actif du Ministère de la Culture avec ces<br />
établissements. Et il y en a d'autres. Je citerai la MJC de<br />
Belleville-sur-Meuse qui a vu naître un festival. Je pense<br />
également à un partenariat autour de la MJC de St-<br />
Saulve, dans la banlieue valenciennoise, où il y a un travail<br />
émergent avec les enfants. Enfin, nous pouvons aussi parler<br />
du dernier lieu créé dans le Nord-Pas-de-Calais - “Le<br />
Grand Mix" - et qui est peut-être une <strong>des</strong> scènes de<br />
musiques actuelles les plus achevées, et qui fait un travail<br />
très intéressant avec les MJC de Tourcoing.<br />
Gilles Castagnac : Je relève qu'en parallèle à la notion de<br />
déclinaison, évoquée par André Cayot, apparaît ici la<br />
notion de développement de politiques régionales basées<br />
sur la mise en réseaux. Ce peut être un principe de remontée<br />
qui facilite la rencontre d’acteurs aussi bien impliqués<br />
dans le domaine culturel proprement dit, que dans le<br />
domaine socio-culturel. Si on leur permet de construire<br />
ensemble une politique - au minimum de participer à sa<br />
construction - cela semble une manière plus réelle de faire<br />
émerger la cohésion, voire, paradoxalement, la<br />
cohérence. La construction <strong>des</strong> politiques culturelles<br />
repose sur l'intervention - qui n'a cessé d e<br />
g randir au cours de ces 15 dernières années -<br />
<strong>des</strong> collectivités territoriales.<br />
Edgar Garcia, chargé de mission rock au Conseil général<br />
de Seine-St-Denis : Plus qu'une expérience, c’est<br />
une conception que je voudrais évoquer. En premier lieu,<br />
je voudrais dire que je travaille pour un Conseil Généra l<br />
qui a décidé d'investir un domaine pour lequel il n'a<br />
aucune obligation réglementaire ou légale. Je ne parle<br />
pas là <strong>des</strong> musiques amplifiées en particulier, je parle<br />
du champ culturel de manière générale. J'ouvre une<br />
petite parenthèse rapide mais je me plais toujours à le<br />
souligner : le 93 est le premier département théâtral de<br />
F rance après Paris. C’est un département qui accueille<br />
aussi bien le festival de St-Denis, que “Banlieues<br />
Bleues" ou la plus grande manifestation européenne de<br />
littérature de jeunesse avec le Salon du livre de jeunesse<br />
à Montre u i l .<br />
Des élus ont donc décidé d'investir un champ qui<br />
n'est pas réglementaire et à une hauteur importante,<br />
puisque, si je ne me trompe pas, je crois que nous avons<br />
<strong>des</strong> budgets d'environ 85 millions de francs pour la cult<br />
u re, hors investissements, hors travaux… Je ne veux pas<br />
non plus en dresser un panégyrique et je pense que<br />
beaucoup de choses sont à soumettre au crible d'une<br />
critique parfois ra d i c a l e .<br />
Cette démarche met en jeu une idée très forte qui<br />
est une caractéristique bien française, celle de la responsabilité<br />
publique. Franck Lepage utilisait, hier, une formule<br />
pour dire qu'il y avait <strong>des</strong> exigences de culture dans ce<br />
pays et de l'argent qui y était consacré. De l'argent pour<br />
cultiver, pour réfléchir, pour penser, pour agiter. Je crois<br />
énormément à cette responsabilité publique. Cela me<br />
semble être une chose importante que l'on a pourtant eu<br />
tendance à banaliser ces dernières années. Cette banalisation<br />
vient de ce que la préoccupation culturelle a été<br />
laminée. Quand je dis “culturelle", je le dis au sens large<br />
du terme, y compris dans ce que cela comprend d'éducation<br />
populaire par exemple, puisque sans être un spécialiste<br />
de ce secteur, il convient, à mon sens, de le porter à un<br />
haut niveau.<br />
Lorsque nous prenons cette question et que nous la<br />
regardons sous l'angle <strong>des</strong> musiques amplifiées, cela nous<br />
donne un champ de perspectives et peut-être même un<br />
peu d'oxygène. Le domaine <strong>des</strong> musiques amplifiées qui a<br />
souvent été l'objet de pratiques rétrécissantes, utilitaristes,<br />
instrumentalistes, a servi “à s'occuper <strong>des</strong> jeunes".<br />
Ainsi, entre le “jeunisme" d'un côté et la logique “beauxarts"<br />
de l'autre, ces pratiques culturelles n'avaient pas<br />
Le paradoxe, dans ces musiques, c’est qu'elles sont tout<br />
à la fois sur le segment privé et le segment public<br />
droit de cité jusqu'à présent. Ainsi, nous avons vu naître<br />
<strong>des</strong> projets, <strong>des</strong> dispositifs, <strong>des</strong> actions qui étaient, pour un<br />
certain nombre, marqués du sceau de la faiblesse de<br />
moyens et de conceptions. Ce qui ne permettait pas de<br />
tirer les choses vers le haut.<br />
Il existe une pratique culturelle dans les musiques<br />
amplifiées. Cependant, même si nous en sommes à peu<br />
près tous d’accord, il y a encore beaucoup de personnes à<br />
convaincre. Ces pratiques culturelles ne sont pas uniquement<br />
présentes dans l'usage de l'instrument ou dans l'exégèse<br />
de tel ou tel genre musical, mais aussi parce qu'il y a<br />
du développement individuel. Ce qui doit préoccuper les<br />
élus qui décident une politique et les techniciens qui la<br />
mettent en œuvre, c'est de savoir si l'argent public, mis<br />
dans le champ <strong>des</strong> pratiques culturelles, contribue au<br />
développement de l'individu, à sa capacité à s'enrichir et<br />
donc à prendre davantage pied sur le réel et éventuellement<br />
agir pour sa transformation ou son appropriation. Je<br />
pense que la société doit avoir ce type d'exigence au<br />
regard de la pratique culturelle et reconnaître la part de<br />
risque et la part de création.<br />
Gilles Castagnac posait la question de savoir si le<br />
secteur de l’éducation populaire devait s'autoriser l'excellence<br />
en termes d'exigence artistique. Evidemment, mais<br />
je pense aussi que tout le monde doit se l'autoriser et que<br />
nous devons la revendiquer comme partie intégrante de<br />
notre propos, qu'il soit professionnel ou “amateur spécialisé".<br />
Bien entendu, il y a du loisir, de la détente, du diver-