Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

La MJC d’Évreux entame dans les années 80 un travail pionnier en matière de musiques
actuelles. Elle épouse à l’époque un vent de jeunesse qui souffle sur l’hexagone sous le nom de ro ck
alternatif. L’idée ne s’est pas enfantée elle-même. Les années 60/70 sont derrière : le rythm’n blues,
le rock’n roll et le punk représentent un contexte dense.
Le rock alternatif, plus qu’une direction esthétique précise, traduit un processus d’autonomisation
(économique : autoproduction, distribution indépendante ; politique : revendication de
lieux, de crédits publics, pro cédures de délégation ; esthétique : francophonie assumée). La Fra nce
voit naître des labels, des lieux, des artistes, dans la proximité et la débro u i l l a rdise. La mouvance
t rouve à Évreux comme dans d’autres villes (Po i t i e rs, Rennes, Toulouse) quelques oreilles ouvertes
sur le futur.
Le Bop Pub, café-concert de la MJC, après avoir accueilli 120 concerts en 4 ans se tra n s-
forme en l’A b o rdage, à la faveur de la mission d’équipement des petits lieux. La Ville d’Évreux et
le Ministère de la Culture financent son équipement et son aménagement au sous-sol de la salle
omnisports en 1989. L’installation comporte en outre deux locaux de répétition. Pa ra l l è l e m e n t ,
le Rock dans tous ses Etats marque l’année musicale hexagonale de sa présence pertinente et
militante. Les festivals, au même titre que les salles, sont ra res.
Comment se fait-il que l’initiative ait perduré ?
Trois éléments locaux y contribuent :
- le parti pris des musiques actuelles est assumé sur le long terme par le Conseil d’A d m i n i s t ra t i o n
et la Direction de la MJC,
- la volonté politique de maintenir le projet existe,
- les recettes pro pres, comparées aux coûts de production minimisés, sont importantes.
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L’A bordage s’installe dans ses murs au moment où la scène se recompose. Les Majors ont fin i
par intégrer les nouvelles tendances et rationalisent le marché en le réétageant. De nouveaux courants
comme la techno et le rap élargissent le spectre cependant que la production rock et pop
nationale soutient mal la comparaison avec l’international.
Le re flux est assez inévitable à l’échelle d’une ville moyenne. Si le rap et la techno
s ’ i l l u s t rent dans les médias et focalisent de nouvelles revendications, le circuit n’est
pas opérationnel et la mobilisation des publics reste très relative.
La réinternationalisation de la scène est un problème. La France malgré l’étendue
de son territoire est moins bien traitée que l’Europe du Nord par les agents internationaux.
La concurrence devient favorable à quelques capitales régionales (Paris, Lille,
Lyon, Marseille, Stra s b o u rg, Toulouse). De nouvelles collectivités s’intéressent aux
musiques actuelles et dépassent la satisfaction d’une revendication pour donner lieu à
une commande publique. Toutes ne re n c o n t rent pas la compétence nécessaire. Des modèles
peu viables comme les cafés-musique voient parfois le jour. Mais dans plusieurs cas, il s’agit d’investissements
très volontaires en équipement et fonctionnement qui re ncontrent un succès réel et
ont valeur d’exemple.
É v reux, mais aussi la Normandie tout entière font figure de parents pauvres dans ce New
Deal. Les pratiques artistiques suivent à peu de choses près le même mouvement : période pro l i-
fique et succès national de quelques leaders (Dogs, City Kids, Black Maria, Roadrunners, Little Bob)
puis repli sur soi.
Au milieu des années 1990, une config u ration plus favorable se présente. Le Ministère de la
Culture intègre l’A bordage au sein du pro gramme SMAC (Scènes de Musiques Actuelles). La Région,
par l’intermédiaire du C2R (Centre Régional du Rock et des Musiques Actuelles) amplifie son sou-