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Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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Il nous faut revenir à l'occupation du terrain, que<br />

ce soit en milieu rural ou dans les quartiers et les<br />

c e n t res-villes parce que c'est déterminant, ne sera i t - c e<br />

que pour que nous ne nous enfermions pas dans nos<br />

lieux. Nos équipements sont certes <strong>des</strong> outils mais nous<br />

avons vraiment intérêt à être à l'extérieur. Il faut que<br />

nous allions chez les personnes parce que d'autres y<br />

sont. Je suis peut-être paranoïaque, mais je vois comment<br />

le FN infil t re les milieux associatifs. Là-<strong>des</strong>sus, il<br />

faut arrêter de se cacher derrière <strong>des</strong> discours très bien<br />

façonnés qui n'intéressent que nous-mêmes et qui ne<br />

font pas avancer le problème. Pour l'instant, nous avons<br />

l'obligation d'être opéra t i o n n e l s .<br />

Franck Lepage : Toutes les interventions qui ont eu lieu<br />

depuis tout à l'heure sont <strong>des</strong> interventions qui dépassent<br />

largement la simple question esthétique, la simple<br />

question de la musique. Ce sont <strong>des</strong> interventions politiques.<br />

Je vérifie que chacun a une intuition politique. Il<br />

est vrai que la citoyenneté est devenue un <strong>des</strong> mots<br />

valises. Cela ne nous empêche pas, nous, de les<br />

utiliser dans le bon sens. Avec Fernand, lors q u e<br />

nous avons gambergé sur le titre, nous nous<br />

sommes immédiatement posé ce genre de problème.<br />

La question n'est pas simple mais cela<br />

n'empêche pas que l'on soit conscient de la question, et<br />

de la question du “ET" en particulier. Il me semblait<br />

avoir été assez clair dans la conclusion de mon introduction<br />

en disant que la pratique musicale peut être un<br />

moyen de s'extra i re du politique ou bien un moyen de<br />

l ' i n t é g rer selon la manière dont on le travaille.<br />

Dans nos métiers, nous sommes en contact avec<br />

<strong>des</strong> gens par rapport à un problème qui est un pro b l è m e<br />

de lecture de la société qui laisse penser à certains que<br />

l'on va dans le mur et que l'avenir n'est pas joyeux ou<br />

que le présent est de plus en plus grave et, qu’effectivement,<br />

il n'y a rien qui marche !<br />

La société est organisée, et notamment l'action<br />

publique, dans le cadre d'un certain nombre de stra t é-<br />

gies qui sont pensées bien loin de nous - et avec<br />

l ' E u rope, cela ne va pas s'arranger - de manière totalement<br />

séparée, pour qu'il soit impossible de soulever les<br />

p roblèmes globalement. Je ne parle pas seulement de la<br />

musique. Cette façon de traiter les gens en fonction <strong>des</strong><br />

catégories de symptômes, les jeunes ou les pra t i q u a n t s ,<br />

rend difficile la construction <strong>des</strong> problèmes politiques, à<br />

une époque où personne ne veut plus faire de politique,<br />

le politique étant gravement délégitimé.<br />

Cependant, nous avons quelques intuitions.<br />

Philippe Berthelot et Loïc Taniou nous ont proposé leur<br />

vision sur cette idée du décloisonnement ou du tra n s-<br />

v e rsal. Je crois que c'est une façon de tra v a i l l e r. Cela<br />

suppose, effectivement, dans notre façon de mettre en<br />

œ u v re les musiques amplifiées, de le faire avec l'école,<br />

avec l'entreprise, l'hôpital, bref, de sortir de la simple<br />

p roblématique répétitions, concerts... pour aider ceux<br />

qui veulent construire une autre vision du monde qui<br />

n'est pas une vision du monde philosophique mais une<br />

vision socio-économique du monde. Est-ce qu'il y a <strong>des</strong><br />

gens qui sont prêts à essayer de se construire une autre<br />

représentation que celle qu'on veut nous faire bouffer<br />

actuellement, qui est : “on a une crise économique, il<br />

n'y a pas de place pour tout le monde et on y peut<br />

rien !” ? Cela s'appelle la pensée unique, le mondialisme,<br />

le libéralisme, vous mettez là-<strong>des</strong>sus les termes qui vous<br />

plaisent mais cela fait de nous, secteur associatif, <strong>des</strong><br />

agents dont le métier consiste à faire avaler cette<br />

c royance selon laquelle il n'y a pas de place pour tout le<br />

monde. Est-ce que nous ne pouvons pas réfléchir politiquement,<br />

entre nous, à cette question et à la façon de<br />

le faire fonctionner. Nous disposons de beaucoup d'analyses<br />

sociologiques, ne serait-ce que parce qu'il y a de<br />

Sortir de la simple problématique répétitions,<br />

concerts... pour aider ceux qui veulent construire<br />

une autre vision du monde<br />

n o m b reux labora t o i res sur le travail au CNRS, sur les<br />

gens qui sont intégrés dans cette société, c'est-à-dire<br />

qui bénéficient d'un salaire dans le cadre d'un contrat à<br />

durée indéterminée, qui ont une perspective de pro g re s-<br />

sion sociale parce qu'ils sont sûrs de leur fait. Ce sont<br />

m a j o r i t a i rement <strong>des</strong> hommes, ils ont plus de 30 ans, ils<br />

sont français de souche et ils sont globalement bien<br />

q u a l i fiés. Ceux-là sont donc au travail, sont intégrés.<br />

Tous les autres, les jeunes, ce qui veut dire moins<br />

de trente ans aujourd'hui, les femmes qui sont massivement<br />

exclues du monde du travail - je ne parle pas de<br />

l'emploi mais du travail - les plus de cinquante ans que<br />

l'on met en FNE et les gens issus de l'immigration, tous<br />

ceux-là, sont, dans la terminologie officielle de l'INSEE,<br />

<strong>des</strong> catégories à risques. Cela correspond à la moitié de<br />

la population. Pour ces gens-là, il y a <strong>des</strong> dispositifs, <strong>des</strong><br />

politiques nationales, régionales, locales et <strong>des</strong> trav<br />

a i l l e u rs sociaux. On monte donc <strong>des</strong> projets avec les<br />

femmes ou les gens issus de l'immigration. On peut aussi<br />

poser la question du rock, <strong>des</strong> musiques émergentes. En<br />

quoi notre façon d'être avec <strong>des</strong> gens sur ces questions<br />

<strong>des</strong> musiques émergentes va les aider à se construire<br />

une autre représentation du monde ? Aider <strong>des</strong> gens à se<br />

demander si on ne se moque pas de nous lorsqu'on nous<br />

dit qu'il y a une crise économique ? Et si cette crise n'est<br />

pas plutôt une crise culturelle, c'est-à-dire une crise du<br />

mode d'organisation, <strong>des</strong> capacités d'interroger l'école,

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