Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

Français sur deux qui vote. Cela en dit long sur le ra pport n o m b reux à nous y référe r. Je pense que cela a conditionné
tout ce qui est arrivé par la suite dans la maniè-
des gens à la citoyenneté ! Cela veut dire que dans cette
société, quelque chose aujourd'hui bloque, pour que les re d'approcher la musique qui n'était plus sur l'entrée
gens interviennent de plain-pied sur ce qui fait leur vie classique individuelle par le biais des parents ou d'une
quotidienne et leur vie à venir. Je pense que tout ce qui catégorie socioprofessionnelle. C'est une manière complètement
radicale de voir les choses, sur un pro c e s s u s
contribue à accro ître le fossé entre la politique, pas au sens
politicien de l’acception politicienne, mais dans le sens de pédagogique qui n'est plus le même. Les structures classiques,
type institutions spécifiques, qui sont amenées
la vie de la cité, est dangereux. Cela produit les effets que
l'on connaît, y compris la prise de rang de la démagogie qui actuellement sur le champ des musiques, ne doivent pas
par la suite peut pre ndre des villes comme Vitro lles. évacuer les musiques actuelles et les musiques amplifiées.
Elles doivent revoir leur positionnement pédago-
Placer la citoyenneté au bon endroit, c'est poser la
question à la société des moyens qu'elle accorde, du lieu gique et peut-être re n t rer dans une véritable pédagogie,
où elle place les pratiques culturelles et de la re c o n n a i s- et ne pas s’occuper uniquement de la transmission d'un
sance qu'elle leur donne en termes de moyens et de savoir musical indépendant de tout un contexte social,
compétences, professionnelles pour les individus, collectives
pour les structures qui les portent. Tout à l'heure , gement les notions de pré-requis.
historique, culturel. Donc le problème dépasse très lar-
Philippe Berthelot disait qu'on se tient “au service Po u rquoi la tournée “Musique et citoyenneté”
de…", je crois absolument à cela, mais en même temps, a -t-elle été mise en place par la Fédurok ? Pour simplement
déclencher la prise de conscience aussi bien pour aller au bout de cette logique, nous avons égale-
au
Faire attention à l’opposition entre les gens et la politique
niveau des équipements, des associations,
mais aussi des gens. Pour dire aux musiciens
qui étaient, pour certains, des consomma-
ment besoin de pouvoir dire en toute sérénité que nous t e u rs, pour d'autres des usagers : “ces lieux sont là
sommes porteurs de partis pris, esthétiques ou de toute pour que vous soyez des citoyens parce que vous êtes
a u t re nature. Le faire re c o n n a î t re, c'est faire accepter le des citoyens”. Nous avons découvert d'autres pro b l è m e s
fait qu'il y a des professionnels et que, finalement, l'intervention
publique, qui est nécessaire dans ce domaine, beaucoup n'étaient pas habitués au débat, à pre n d re la
p a rce qu'en une trentaine de dates nous avons vu que
ne peut pas être entière si elle ne comprend pas la p a role. Nous le voyons dans les quartiers où l'on fait des
nécessité impérieuse d'accepter la prise de risque que a r b res à palabres. Nous sommes obligés de fixer une
s i g n i fie de mettre de l'argent public dans un domaine règle du jeu parce qu'ils sont tous coincés. Il y a là un
pour risquer quelque chose. Pour risquer, il faut avoir t ravail que vous, les MJC en pre m i è re ligne, avez
des professionnels avérés et cela pose la question d'une a u j o u rd'hui à mener.
fil i è re qui ne peut pas fonctionner, comme je le disais Je défends le fait que mon lieu n'est pas neutre !
tout à l'heure, comme fonctionnent les pompiers qui L'espace, le projet, les compétences ne sont pas neutre s .
vont éteindre un feu ici ou là.
Ils sont fortement impliqués sur le plan politique. Je ne
m'en cache pas et j'espère que tout le monde est dans ce
Philippe Berthelot : La notion des pré-requis est un cas-là, surtout à l'heure actuelle, où tout le monde
débat de fond qui, là encore, repose sur une absence de semble endormi et où les responsabilités citoyennes
connaissance socio-démographique. Nous avons aussi semblent délaissées. Nous ne pouvons plus nous dire que
un problème de connaissance dans le domaine de la nous sommes des professionnels, que nous tra v a i l l o n s
musicologie. D’ailleurs, si nous nous référons aux bouquins,
nous nous apercevons qu'il n'y a pra t i q u e m e n t faut arrêter ce cloisonnement ! Nous avons tous des re s-
sur la musique et que le reste, nous nous en moquons. Il
pas d'études. Cela a souvent été abordé par l'angle social ponsabilités partagées. La pre m i è re chose à faire, du
et absolument pas de la construction musicale. La moins celle qui nous paraît évidente, c'est de tra v a i l l e r
notion de pré-requis est aussi une idéologie dominante, sur l'aspect éducatif et pédagogique. Il y a un déficit de
un peu comme si dans le domaine du langage on disait connaissance, de compréhension et, en gros, c'est sur ce
à un enfant de s'essayer à la parole avant d'avoir maîtrisé
la syntaxe et l'orthographe. Je pense que ces sur des tournées avec des relations aux populations
t e r rain-là que nous allons avancer, c'est-à-dire re v e n i r
musiques proposent une entrée directe de faire et qu'il beaucoup plus pédagogiques. Là aussi, les lieux se sont
y a des mouvements dont on n'a pas mesuré l'importance
comme par exemple le mouvement punk qui, pour sique, dans leur vérité pre m i è re. Nous avons à faire
enfermés, comme dans l'autre champ culturel plus clas-
moi, a été déterminant dans l'approche. Nous sommes p reuve d'humilité.
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