Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

Sauf qu’aujourd’hui parler de citoyenneté, c'est
immanquablement se coltiner une problématique qui est
“trans-générationnelle”, qui dépasse complètement la
problématique de la catégorie, la catégorie jeune, et qui
renvoie probablement à quelques racines de la Fédération
Française des MJC dans l'éducation populaire. Donc, ce
“ET” m'intéresse bien parce que j'y ai lu l'occasion pour
une grande fédération de se coltiner une problématique
qui n'est pas si facile que cela, du lien que peut faire -
l'inconscient et l'idéologie font nœud comme dira i e n t
c e rtains - la Fédération Française des MJC entre ces pratiques,
en termes d'activités, d'interventions publiques, et
Parler de citoyenneté, c'est immanquablement se coltiner
une problématique qui est “trans-générationnelle”
un certain nombre de postulats idéologiques. Postulats qui
restent clairs, peut-être, pour un certain nombre des
acteurs mais pas forcément très clairs pour tous les gens
qu'elle rencontre, on l'a bien vu avec l'exemple qui a été
donné à Marseille.
C'est donc cette articulation entre musiques et
citoyenneté qui m'intéresse, c'est celle qui me para î t
valoir le coup d'être débattue parce qu'il ne faut pas se
f a i re d'illusions, ce n'est pas en deux jours que l'on va
avancer beaucoup sur cela mais au moins l'amorc e r. Il me
semble que le débat, auquel j'ai assisté pour l'instant,
échappe à ce travail. J'entends plutôt un débat autour
des associations et des musiques amplifiées, autour des
MJC et certaines pratiques de la citoyenneté, mais est-ce
q u ' a u j o u rd'hui, tout de suite, ici, vous avez quelque
chose à dire sur la manière dont vous pourriez appréhender
cette articulation originale et complexe qu'il
p o u r rait y avoir entre un type d'activité et la pro b l é m a-
tique particulière de la citoyenneté ? Comme le disait
F ranck Lepage tout à l'heure, la question du politique et
non pas de la politique.
Loïc Taniou : L o rs de la tournée “Musique et
Citoyenneté" du Sous-Marin qui a été faite dans les salles
de la Fédurok, nous partions du cas du Sous-Marin pour
glisser progressivement vers une réappropriation de l'engagement
civique et de l'engagement citoyen de la part
des jeunes et des moins jeunes. En fait, la musique est une
valeur porteuse au niveau des jeunes et il est important
que l'on retrouve une dynamique de combat, de lutte, de
citoyenneté pour défendre des choses. La citoyenneté est
une notion liée à la Révolution Française, qui a donné
naissance à la Déclaration des droits de l'Homme et a permis
de résister à l'oppression. Lorsque l'on voit, à l'heure
actuelle, que la liberté d'expression est très fortement
attaquée, notamment sur Vitrolles mais partout en France,
on comprend mieux l'intérêt fondamental à travailler à la
réhabilitation de ces notions.
Il est important de parler des musiques actuelles
parce qu'il s'agit du moyen de liberté d'expression le plus
attaqué aujourd'hui. C’est le moyen d’expression qui a le
moins de reconnaissance citoyenne de la part des politiques.
Mais nous arrivons à impulser un souffle associatif
ou citoyen, ce que n'arrive pas à faire un politique. Nous
parvenons à créer des liens entre les différentes franges de
la population. Nous avons constaté qu'en France, la parole
était souvent confisquée, qu'il y avait un manque de
dialogue, d'échange alors que les gens ressentaient, eux,
ce besoin d'échange pour comprendre et participer
à ce qui se passait dans leur ville, leur cité.
Il faut donc trouver des pistes pour que des
gens, des habitants, des associations, des
artistes puissent s'exprimer sur la ville. Il ne faut pas
attendre que le politique fasse tout, il faut aussi donner
l'offensive et prendre des initiatives. Je voudrais rappeler
que si la culture est attaquée si violemment par le Front
National et d'autres politiques, c'est souvent parce que les
politiques ne connaissent pas les musiques que nous proposons.
Les politiques ne sont pas éduqués. Si la culture
est attaquée, c'est parce qu'elle représente un pouvoir
dangereux que l'on ne maîtrise pas forcément et cela gêne
le politique.
Thierry Ménager, directeur MJC Rennes - Cleunay : Je
vais essayer de ne pas employer les mots “citoyen" et
“citoyenneté" parce que je ne sais plus ce que cela veut
dire. Je veux plutôt témoigner du “pourquoi" nous faisons
de la musique dans les MJC. D'abord, indépendamment de
nous, la musique est un média qui a été fortement accaparé
par les jeunes. Parce que c'est un média qui nécessite
moins de pré-requis qu'un certain nombre d'autres
formes d'expressions créatives. Je crois qu'il y a une facilité
d'accès beaucoup plus importante qui a fait que, massivement,
un certain nombre de jeunes pratiquent la
musique. J'aimerais aussi que l'on distingue les pratiques
des musiciens et des publics. Ce ne sont pas tout à fait les
mêmes problématiques.
Pourquoi fait-on de la musique dans les MJC ? Parce
que nous sommes des lieux, quel que soit le média, qui
permettent éventuellement de passer d'un projet individuel
à la construction d'un projet plus collectif. En cela,
c'est faire en sorte que les gens prennent leur place dans
une société, et éventuellement, prennent conscience de
leur pouvoir d'acteur. Il faut noter également un certain
nombre de contradictions sur ce passage d'un projet individuel
à un projet plus collectif pour une part de la jeunesse
qui, globalement, nécessite et demande un certain
nombre de moyens sur le tout, tout de suite.
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