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Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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ciations officielles et une trentaine d'associations de musiciens<br />

qui sont “associations" toujours pas en termes de<br />

démocratie mais en termes de gestion. C'est plus simple<br />

pour eux de gérer, cela leur permet de draguer la subvention,<br />

de draguer la municipalité, d'avoir un couvert lorsqu'ils<br />

vont tourner. C'est une relation business et absolument<br />

pas une relation à la démocratie. Cette perversion du<br />

système associatif, de mon point de vue, nous éloigne du<br />

thème que l'on devait aborder.<br />

Nous avons décidé de travailler de manière très<br />

volontariste sur le soutien à l'expression et à la création.<br />

En un an et demi d'existence, nous avons produit deux<br />

compilations, un livre qui a fait suite aux ateliers d'écriture<br />

que nous avons mis en place. Nous avons produit un CD<br />

qui a été une création originale pour accompagner une<br />

pièce de théâtre. Cette année, nous sommes autour de<br />

cinq prévisions de sortie de CD. Nous créons un outil qui<br />

est le CD pour dire aux musiciens : “il est important<br />

maintenant que vous puissiez faire le point et savoir un<br />

petit peu où vous en êtes”. Pour faire le point, il faut faire<br />

le deuil, à un moment donné, de la création, c'est-à-dire<br />

La démocratie, ce n'est pas de la gestion. La démocratie,<br />

c'est la capacité d'ouvrir <strong>des</strong> espaces de liberté<br />

savoir l'arrêter. Un écrivain qui continuerait à écrire son<br />

livre toute sa vie, sans jamais se confronter à l'édition,<br />

parce que cette édition va peut-être permettre d'ouvrir un<br />

deuxième livre, raterait l'essentiel de son travail.<br />

<strong>Les</strong> associations qui développent leur travail autour<br />

<strong>des</strong> musiques amplifiées ne sont pas soutenues, ou bien<br />

alors avec une aumône, parce que les budgets alloués à ce<br />

soutien-là sont tellement étroits qu'il n'y a pas de réalité.<br />

On parle <strong>des</strong> ministères Jeunesse et Sports et Culture, et<br />

nous sommes heureux que les deux ministères puissent<br />

enfin travailler ensemble pour nous soutenir. Mais lorsque<br />

l'on connaît les budgets nationaux de “Jeunesse et <strong>des</strong><br />

Sports” pour soutenir l'éducation populaire, et dans ces<br />

budgets, ceux qui sont alloués au soutien aux expressions<br />

musicales, cela laisse perplexe sur la capacité au soutien.<br />

Finalement, nous mettons en place <strong>des</strong> moyens purement<br />

terre à terre : “tu fais du rap, on va faire du rap, mais<br />

il faut que tu prennes conscience de ton entourage et<br />

que tu sois revendicatif et porteur”. C'est pas moi, technocrate<br />

gestionnaire missionné par le service culturel et<br />

mis à disposition par une grande fédération nationale, qui<br />

dois être porteur du discours du musicien. Il faut que<br />

celui-ci soit porteur de son propre discours. Peut-être alors<br />

que la démocratie en redevenant plus directe, en étant un<br />

peu moins encadrée par nous, par moi en tous les cas, permettra<br />

un véritable discours autour de la démocratie participative<br />

et non de représentation. Tout cela, parce que<br />

j'ai quand même l'impression que lors <strong>des</strong> différentes<br />

interventions que j'ai pu entendre, on parle plus de démocratie<br />

de représentation que de démocratie directe.<br />

Philippe Berthelot : Je voudrais revenir à la notion de<br />

considération <strong>des</strong> musiciens et notamment par le champ<br />

associatif. La notion citoyenne ne vient pas du jour au lendemain<br />

dans la culture locale d'une municipalité en<br />

termes de pédagogie. Elle se découvre, au fur et à mesure,<br />

<strong>des</strong> pistes que l'on veut bien nous laisser. Je pense que,<br />

pour l'instant, ce sont l'éducatif et le pédagogique. <strong>Les</strong><br />

musiciens n'étant pas identifiés dans une ville, n'ayant<br />

donc pas de fonction sociale ou de visibilité sociale, cette<br />

dernière n'existe que de manière économique.<br />

N'y a-t-il pas un rôle de la part <strong>des</strong> associations,<br />

notamment sur le champ <strong>des</strong> pratiques amateurs, à faire<br />

identifier ces pratiques ? Je n'ai pas dit qu'il fallait les<br />

gérer mais, au moins, les faire identifier aux yeux de la<br />

population et du politique. C'est déjà, à mon sens, le B.A.-<br />

Ba parce que, si nous commençons à aller sur d'autres<br />

champs, nous allons nous triturer les méninges en omettant<br />

l'essentiel. Il faudrait peut-être que l'on<br />

procède par ordre. C'est apparemment ce que<br />

tu es en train de faire à Mantes-la-Jolie en<br />

disant : “Voilà, il y a <strong>des</strong> mecs qui existent,<br />

voilà ce qu'ils produisent”… C'est un début. Ensuite,<br />

donner à ces gens-là <strong>des</strong> éléments d'information sur leur<br />

parcours citoyen éventuel, c'est le propre <strong>des</strong> MJC. Ce n'est<br />

quand même pas à moi de vous dire cela, moi qui ne suis<br />

pas dans le système fédératif. Il est clair qu'actuellement<br />

la pédagogie développée par les politiques et notamment<br />

les politiques locaux, avec le jeu de l'électoralisme, c'est la<br />

citoyenneté poujadiste. En gros, le musicien entre dans un<br />

système donnant-donnant. C'est le bazar, c'est le souk et<br />

chacun essaie de négocier sa petite affaire. Je ne pense pas<br />

que ce soit cela qui soit le plus intéressant car nous rentrons<br />

là dans un phénomène de délitement du lien social,<br />

d'affrontement et absolument plus dans la confrontation.<br />

C'est de l'exclusion permanente. Nous avons là une responsabilité<br />

associative fondamentale.<br />

Contrairement au rap, la techno est un <strong>des</strong> mouvements<br />

qui a très vite su, en bénéficiant certainement <strong>des</strong><br />

acquis du rock, entrer dans un phénomène très avancé de<br />

relation institutionnelle. Le mouvement techno a ses<br />

chercheurs, <strong>des</strong> personnes qui formalisent pour eux, et<br />

cela leur permet de rentrer dans un schéma de reconnaissance.<br />

Dommage que cet acquis, cette force qu'a la techno<br />

en ce moment, même si elle est diabolisée d'un côté, ne<br />

serve pas l'ensemble <strong>des</strong> musiques. Il faudrait donc qu'il y<br />

ait un schéma de reconnaissance plus large. Je conclus par<br />

la notion du décloisonnement, pour parler d'un terrain<br />

musical, d'un ensemble musical dans lequel nous pour-<br />

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