Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

t h é â t re, du jazz et pas en
direction des musiques électriques.
Ce sont des choses
comme cela qu'il a fallu mont
rer aux élus pour les
convaincre, pour qu'ils prennent
conscience de l'intérêt de
notre existence dans le centreville.
Comme on amène des
jeunes, donc du bruit qui gêne
la population un peu plus
âgée, et que le politicien calcule
en nombre de voix, il y a
donc eu des barrages qu'il
nous a fallu casser avant
d'avoir la reconnaissance et de
pouvoir monter un projet avec
le Ministère de la Culture et la
ville de Vitrolles, et obtenir
l'ouverture d'un lieu décent
pour les jeunes de Vitro lles
dans le centre-ville. Ensuite
nous avons réussi à obtenir un
succès populaire, à montre r
toute l'importance d'un tel
lieu dans une ville de 38000
habitants. Une ville nouvelle
où il n'y a pas beaucoup de
souvenirs dans la population
parce qu’il s’agit d’un urbanisme
qui se construit de jour en
jour et qu’il n'y a pas de lien
PENTHOUSE
fort qui se fait. Il était important
qu'un lieu culturel comme
le Sous-Marin permette aux
jeunes de se rencontrer, de vivre au quotidien cette ville et
d'avoir des souvenirs en commun.
Évidemment, comme nous ne travaillons pas du
tout sur les mêmes logiques que le Front National, celuici,
dès son arrivée au pouvoir, nous a murés. A l'heure
actuelle, nous cherchons un nouveau lieu pour retrouver
une liberté d'expression sur la ville, une liberté de rencontrer
les habitants et faire en sorte aussi que les autres
associations de Vitrolles aient accès à un lieu public pour
pouvoir poursuivre leurs activités. Nous en arrivons aux
enjeux qui sont liés à la citoyenneté, en termes de
musiques actuelles, en termes d'acteurs culturels et puis
aussi aux responsabilités que nous nous devons d'assumer.
Même si c’est difficile parce que l'on rentre dans d'autres
logiques où il arrive que l'on soit pris en otage par le politique.
Cette situation est difficile à vivre. Heureusement,
nous avons un soutien très fort de la part de nos partenaires
publics, que ce soit le Ministère de la Culture, le
Conseil Général et le Conseil Régional.
Pour reprendre l’expression “droit à l'initiative”,
nous nous demandons comment les politiques perçoivent
les démarches associatives, quel crédit elles leur donnent ?
Quels moyens donnent-elles à ces associations pour
qu'elles s'expriment et qu'elles aient leur chance de pouvoir
se développer dans la ville ? Lorsque l'on arrive à
asseoir une vraie activité sur la ville, activité que je qualifierais
d'utilité publique, quelle contractualisation va voir
le jour, quelle reconnaissance citoyenne va-t-on obtenir
de la part des politiques pour ne pas passer à la trappe
quelques années plus tard ?
Huguette Bonomi, directrice MJC Corderie - Marseille :
Je suis directrice d'une des deux MJC de Marseille. Celle-ci
a une longue histoire avec le rock, longue histoire qui s'est
arrêtée il y a deux ans puisque nous avons fait les frais
d'une nouveauté en France qui est la Loi Sapin appliquée
aux associations Loi 1901. Nous avons subi, comme 26
autres équipements de Marseille, un appel d'offres national.
Résultat des courses, on nous a dit que l'on nous
rechoisissait, donc nous étions très contents. Mais depuis
deux ans, nous sommes en fait un équipement municipalisé,
tout en ayant gardé nos statuts MJC. La MJC est donc
devenue un équipement municipal avec un conseil d'administration,
des statuts de MJC et un cahier des charges
très important qui fait à peu près 25 pages et compte 65
articles. Il y a une fois le mot culture dans ce cahier. Il
nous a été concédé parce qu'il se trouve que, depuis trois
ans, nous avions une convention dans le cadre du développement
social urbain où nous étions chargés de tout ce
qui concerne les animations artistiques sur le centre-ville.
Il s'agissait en fait d'une commande de l'Éducation
n a t i onale. Donc, la municipalité a mis dans une ligne des
25 pages que nous pouvions faire de la culture. Mais
depuis deux ans, comme nous avons une délégation de
service public, nous devons faire du social et occuper les
enfants, les jeunes et les adultes. Nous avons une commande
très précise : on nous commande le nombre de
jours et les horaires d'ouverture ainsi que l'organigramme
minimum du personnel que nous devons avoir. Dans la
commande, nous n'avons plus le droit de faire de la
musique, de la culture. Si nous le faisons, nous nous
débrouillons pour le faire avec de l’argent que nous prenons
sur d'autres choses que nous ne faisons pas mais que
nous devrions faire… Nous sommes assez bons, nous les
directeurs de MJC, pour faire avec des sous ce que l'on ne
devrait pas faire...
Bref, nous ne pouvons plus faire de rock, de théâtre,
de danse, en termes de programmation et en termes de
production, puisque les locaux dans lesquels nous sommes
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