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Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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leur pratique elle-même et pas seulement par une viabilité,<br />

qu'elle soit économique, sociale ou politique. C'est<br />

avant tout le droit à l'expression car, pour moi, le droit à<br />

l'expression est un droit fondamental. Quand je dis<br />

“e xpression”, c'est à la fois faire éventuellement ce que<br />

d'autres ont déjà fait, mais aussi faire ce que l'on a envie<br />

de faire et qui n'a pas été fait. Il s'agit d'une démarc he<br />

fondamentale qui devrait être dans la Constitution, c'està-dire<br />

le droit culturel et pas seulement le droit à la culture.<br />

Je ne crois pas qu’il faille opposer démocra tisation<br />

et démocratie culturelle. Je crois qu’il faut que nous<br />

ayons une vraie réflexion pour sortir d’un schéma fortement<br />

teinté XIX e siècle. Le stade ultime ayant été Malra ux<br />

avec un système qui a un peu raté l'éducation populaire .<br />

Je ne suis pas persuadé que l'on soit dans une opposition<br />

<strong>des</strong> deux, mais que nous sommes, effectivement, dans un<br />

schéma où les deux peuvent se re trouver.<br />

Po u rquoi lorsque nous essayons d'être un peu<br />

plus tra n s v e rsal, on apparaît comme excessivement<br />

d a n g e reux ?<br />

Pour ce qui nous intéresse au quotidien, en tant<br />

qu'équipement, nous sommes toujours en train d'alterner<br />

entre ces différents paradoxes, ces différentes tendances.<br />

Que ce soit avec le politique local, le politique national,<br />

que ce soit avec les différents courants musicaux, les différentes<br />

associations ou bien encore avec l'Éducation<br />

nationale, qui finit par vous interpeller, que ce soit avec les<br />

opérateurs autres que culturels. Nous revenons de plus en<br />

plus au centre. Je pense que les MJC n'y échappent pas et<br />

ont toujours été au centre. Ensuite, nous pouvons nous<br />

demander si le fait de se mettre en réseau, en fédération<br />

- je le conçois d'autant plus facilement qu'on a éprouvé le<br />

besoin de nous mettre nous-mêmes en fédération type<br />

Fédurok il y a à peine quatre ans - peut procéder aussi<br />

d'un cloisonnement supplémentaire. Dans le cadre de la<br />

tournée “Musique et Citoyenneté", un <strong>des</strong> gra n d s<br />

constats que nous avons pu faire est qu’il existe <strong>des</strong> systèmes<br />

qui sont complètement parallèles. Par exemple, il y<br />

a le système <strong>des</strong> MJC avec leur historique et leur territ<br />

o ire, leur chasse gardée, le système para-municipal, etc.<br />

Lorsque vous arrivez au milieu de tout cela, vous essayez<br />

de travailler sur une sorte de “transversalité", ce n'est<br />

plus de “l'économie solidaire", sur une action de fond, de<br />

lutter contre <strong>des</strong> idéologies anti-culturelles, d'exclusion,<br />

qui trouvent leur aboutissement dans l'expression du<br />

Front National, mais que globalement on a retrouvé dans<br />

tous les courants politiques, sur ce terrain <strong>des</strong> musiques<br />

j'entends. Il y a un cloisonnement qui est entretenu, que<br />

l'on retrouve de plus en plus et qui est développé aussi<br />

bien par les médias que par certains politiques dans le<br />

t raitement de ces musiques, en parlant une fois de la<br />

techno, une fois du rap, une fois de jazz. Cela participe<br />

aussi à une sorte d'enfermement, “d'apartheid musical"<br />

et empêche toute politique cohérente de se mettre en<br />

place. C'est peut-être aussi de cela dont nous pourrions<br />

débattre, du pourquoi lorsque nous essayons d'être un peu<br />

plus transversal, un peu plus large, on apparaît comme<br />

excessivement dangereux ?<br />

Je voudrais juste conclure ma première intervention<br />

sur ce point : le Florida, dont je m'occupe à Agen, a beau<br />

essayer d'amener une ouverture maximale sur les<br />

musiques : tous ceux qui veulent sa peau nous dénomment<br />

comme étant un centre islamiste, une école de rap<br />

ou un centre dit “culturel”. La reconnaissance, le droit à<br />

l'expression restent encore <strong>des</strong> débuts, <strong>des</strong> entrées premières<br />

pour parler de citoyenneté. C'est pour cela que je<br />

reviens un instant sur la Déclaration. C'est certainement<br />

insuffisant mais la tournée a permis de dégager une<br />

prise de conscience, de la part <strong>des</strong> différents lieux<br />

qui ont accueilli le débat, sur la problématique du<br />

Sous-Marin dont parlera Loïc. Certains d'entre nous<br />

ont découvert que l'on pouvait être aussi <strong>des</strong> lieux<br />

de débat et donc de confrontation. Certains étaient tellement<br />

fermés dans leur logique de diffusion, leur logique<br />

d'existence, de survie, qu'ils avaient oublié qu'ils pouvaient<br />

être <strong>des</strong> espaces de contradictions, de débats voire<br />

de subversion.<br />

Loïc Taniou, directeur du Sous-Marin - Vitrolles : Le<br />

Sous-Marin à Vitrolles a récemment été muré par la municipalité<br />

Front National. Cela faisait bientôt un an que la<br />

tension montait. Cela a monté depuis le concert de soutien<br />

où il y avait Noir Désir, Miossec, Massilia et d'autres<br />

groupes, et 4500 personnes venues soutenir le Sous-Marin<br />

pour renflouer ses caisses et aussi pour le conforter dans<br />

sa démarche artistique puisque, au mois de juin, le Sous-<br />

Marin avait été frappé du “délit de sale musique". On<br />

nous avait dit que notre programmation développait les<br />

mauvais instincts de la jeunesse et, de fait, ces musiqueslà<br />

- les musiques actuelles, les musiques amplifiées, le rock,<br />

le rap, la techno - ont été taxées de musiques dégénérées<br />

et de musiques tribales développant, encore une fois, les<br />

mauvais instincts de la jeunesse.<br />

Nous nous retrouvons dans le schéma d’une attaque<br />

virulente d'un parti politique, le F.N., sur <strong>des</strong> musiques<br />

actuelles qui connaissent un succès populaire. Nous nous<br />

retrouvons dans une logique d'art dégénéré comme on<br />

l’entendait en 1940. Quelque part, c'est aussi la jeunesse<br />

qui a été attaquée, tout comme la citoyenneté. Nous nous<br />

sommes posé la question de savoir pourquoi ils avaient<br />

muré, pourquoi ils avaient cassé avec <strong>des</strong> barres de fer les<br />

panneaux de verre du Sous-Marin, pénétré à l'intérieur,<br />

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