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Élimination du plomb - IPIECA

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COMPTES-RENDUS DU GROUPE DE TRAVAIL RELATIF AUX CARBURANTS<br />

ET AUX VÉHICULES : VOLUME II<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Stratégies et ressources aval en matière<br />

d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée<br />

<strong>IPIECA</strong><br />

Association internationale de l’in<strong>du</strong>strie pétrolière pour la sauvegarde de l’environnement


2<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Stratégies et ressources aval en matière<br />

d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>éee<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Table des matieres<br />

Position de l’<strong>IPIECA</strong> sur l’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 4<br />

Références générales 6<br />

Avantages de l’essence sans <strong>plomb</strong> 6<br />

Déroulement <strong>du</strong> processus d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée : 6<br />

situation actuelle<br />

Historique<br />

Plomb—principes de base : pourquoi additiver l’essence avec <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> 7<br />

Véhicules—principes de base : combler les déficits d’indice d’octane 7<br />

Principes de base <strong>du</strong> raffinage : structure des raffineries et essence sans <strong>plomb</strong> 8<br />

Programmes portant sur l’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> : généralités 9<br />

Conditions requises concernant les véhicules : récession des sièges de soupapes 10<br />

Stratégies relatives à l’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée<br />

Passage immédiat à l’essence sans <strong>plomb</strong> 11<br />

Passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> à moyen et à long terme 12<br />

Tableau 1 : principaux avantages et inconvénients associés 13<br />

à chaque option de transition<br />

Résumé : décisions stratégiques pour l’intro<strong>du</strong>ction progressive 14<br />

de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

Prise en compte de la récession des sièges de soupapes dans le cadre 15<br />

d’une stratégie d’intro<strong>du</strong>ction progressive de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

Tableau 2 : exemples d’additifs courants utilisés dans l’essence sans <strong>plomb</strong> 16<br />

et dans le carburant de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é<br />

Utilisation <strong>du</strong> manganèse pour remplacer le <strong>plomb</strong> dans l’essence sans <strong>plomb</strong> 16<br />

Ethers et alcools : utilisation des composés oxygénés en tant que constituants 17<br />

de mélange dans l’essence sans <strong>plomb</strong>


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 3<br />

Passage à l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

Options en matière de raffinage pour la pro<strong>du</strong>ction d’essence sans <strong>plomb</strong> 18<br />

Thématiques générales<br />

Incitations fiscales pour favoriser l’adoption de l’essence sans <strong>plomb</strong> 19<br />

Relations avec les média et stratégies d’information 19<br />

Etape finale<br />

Démantèlement des installations d’additivation des alkyls de <strong>plomb</strong> 22<br />

Annexes<br />

Annexe 1 : Notions fondamentales sur le <strong>plomb</strong> : pourquoi est-il utilisé<br />

dans l’essence ? 24<br />

Annexe 2 : Récession des sièges de soupapes (VSR) : risques réels et stratégies<br />

de protection 26<br />

Annexe 3 : Les oxygénés et le passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> 29<br />

Annexe 4 : Options de raffinage pour la pro<strong>du</strong>ction d’essence sans <strong>plomb</strong> 33<br />

Remerciements<br />

Le présent document a été rédigé par le Groupe de travail de l’<strong>IPIECA</strong> relatif aux carburants et aux véhicules<br />

(Directeur de projet : Rob Cox)<br />

avec le concours des personnes suivantes :<br />

Steven McArragher (Shell)<br />

Frederick Villforth (Chevron Texaco)<br />

Mario Camarsa (Enstrat International)<br />

Brian Doll (Exxon Mobil)<br />

Miguel Moyano (ARPEL)<br />

ainsi que les responsables et les salariés <strong>du</strong> Groupe de travail de l’<strong>IPIECA</strong> relatif aux carburants et aux véhicules :<br />

Présidence : Bill Flix (Exxon Mobil) et Stewart Kempshell (Shell)<br />

Roger Organ (Chevron Texaco)<br />

Olivier Alexandre et Benoît Chague (Total)<br />

© <strong>IPIECA</strong> 2003. Tous droits réservés. Aucune partie de la présente publication ne pourra être repro<strong>du</strong>ite, stockée dans un système de recherche<br />

automatique ou transmise sous une forme quelconque voire par tout moyen, électronique, mécanique, de photocopie, d’enregistrement ou de toute<br />

autre façon sans l’accord écrit préalable de l’<strong>IPIECA</strong>.


4<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Procédés d’élimination<br />

<strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Stratégies et ressources aval destinées à<br />

abandonner progressivement l’essence <strong>plomb</strong>ée<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Le présent document présente un historique ainsi que des références et des informations<br />

servant de ‘points de départ’ pour aider les organismes de réglementation, les ingénieurs, les<br />

raffineurs et les responsables marketing à planifier et à mettre en œuvre l’élimination<br />

progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée. Il présente des extraits de documents rédigés par des<br />

membres de l’<strong>IPIECA</strong>, des organisations non-gouvernementales et des agences de<br />

protection de l’environnement, des raffineurs, des responsables marketing, des entreprises<br />

commerciales et des consultants. L’expérience a souligné le besoin d’adapter les stratégies<br />

d’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> et d’intro<strong>du</strong>ction de l’essence sans <strong>plomb</strong> aux<br />

circonstances spécifiques d’une région ou d’un pays donné en fonction de son infrastructure<br />

économique, sociale, culturelle et technologique particulière. Dans certains cas (par<br />

exemple, avec certains parcs de véhicules ou en cas d’absence d’activité de raffinage dans le<br />

pays), cette tâche est en grande partie simplifiée et le passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> peut<br />

Position de l’<strong>IPIECA</strong> relative à l’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée<br />

Le groupe de travail de l’<strong>IPIECA</strong> relatif aux carburants et<br />

aux véhicules étudie les problèmes d’environnement<br />

associés au raffinage et à la distribution des carburants,<br />

notamment ceux tendant à éliminer dans le monde entier<br />

l’utilisation <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> en tant qu’additif dans l’essence<br />

auto. Selon l’<strong>IPIECA</strong>, le développement mondial de la<br />

technologie des pots catalytiques pour les automobiles,<br />

con<strong>du</strong>isant à un air plus pur dans les zones urbaines, ne<br />

devrait pas être entravé et les pays en voie de<br />

développement devraient pouvoir bénéficier des<br />

carburants modernes disponibles actuellement dans la<br />

plupart des pays. L’élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> est importante<br />

pour le bien-être public parce qu’elle permet<br />

l’intro<strong>du</strong>ction d’une technologie largement disponible en<br />

matière de pots d’échappement catalytique pour les<br />

automobiles afin d’améliorer la qualité de l’air.<br />

A cet égard, les membres de l’<strong>IPIECA</strong> encouragent les<br />

gouvernements de pays continuant à utiliser l’essence<br />

<strong>plomb</strong>ée à développer des plans d’action pour<br />

l’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong>, et finalement<br />

interdire l’utilisation <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> en tant qu’additif. En<br />

termes de mise en œuvre de cet objectif, nous constatons<br />

que les approvisionnements en énergie disponibles<br />

constituent seulement une question parmi les nombreux


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 5<br />

s’effectuer relativement rapidement. Dans d’autres cas, la tâche est plus complexe et<br />

nécessite une phase d’intro<strong>du</strong>ction progressive plus longue.<br />

La position de l’<strong>IPIECA</strong> vis à vis de l’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée (voir<br />

encadré ci-dessous) consiste à reconnaître ces faits et à orienter la discussion en fonction des<br />

différentes priorités nationales et régionales (fourniture d’eau potable, logement,<br />

assainissement, développement de l’agriculture, etc.) qui sont en compétition avec le passage<br />

au sans <strong>plomb</strong> pour obtenir les financements de ces investissements. A la date de la rédaction<br />

<strong>du</strong> présent rapport, plus de 85 % de l’approvisionnement mondial d’essence est sans <strong>plomb</strong>.<br />

Toutefois, cette statistique encourageante masque le fait que ce résultat a été principalement<br />

obtenu dans les pays développés où quasiment la totalité de l’essence est sans <strong>plomb</strong>. Sur une<br />

base ‘par pays’, le tableau brossant l’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée est très<br />

différent—une grande partie des quantités restantes d’essence <strong>plomb</strong>ée est concentrée dans les<br />

pays en voie de développement où les installations de raffinage existantes sont souvent peu<br />

performantes et le potentiel pour attirer les investisseurs est marginal. Des choix et des<br />

compromis difficiles seront, par conséquent, nécessaires pour mettre en œuvre, au niveau<br />

mondial, l’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée dans le cadre suggéré par les récentes<br />

déclarations et résolutions intergouvernementales. Le présent document regroupe des<br />

informations sur cette élimination tout au long de la chaîne d’approvisionnement en carburant<br />

et propose des moyens complémentaires pour obtenir des renseignements plus détaillés.<br />

Du fait que nombre des décisions à prendre dans le cadre <strong>du</strong> programme d’élimination<br />

progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée sont subordonnées au marché sur lequel ces carburants<br />

seront distribués, le présent document examine les questions relatives à cette élimination<br />

dans ‘l’ordre inverse’, à savoir en remontant des besoins liés aux véhicules au point de vente,<br />

à la distribution et jusqu’au raffinage et à l’approvisionnement. Des questions plus générales<br />

telles que les incitations fiscales, les informations <strong>du</strong> public et les programmes é<strong>du</strong>catifs sont<br />

abordés à la fin <strong>du</strong> document.<br />

autres problèmes d’une importance cruciale en matière<br />

de santé et de bien-être public des indivi<strong>du</strong>s, notamment<br />

dans les pays <strong>du</strong> Tiers Monde. Nous sommes conscients<br />

que chaque pays fait face à d’autres problèmes et doit<br />

fixer à cet égard ses propres priorités et calendriers. Par<br />

conséquent, nous tentons d’aborder l’élimination<br />

progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> de façon constructive aux fins de<br />

favoriser son élimination tout en prenant également en<br />

compte la satisfaction des clients, les performances des<br />

véhicules, l’amélioration de la qualité de l’environnement<br />

et les bienfaits globaux destinés aux indivi<strong>du</strong>s dans des<br />

pays en proie à des difficultés économiques. Nous<br />

collaborerons avec les gouvernements, les constructeurs<br />

d’automobiles et d’autres in<strong>du</strong>stries afin de prendre en<br />

compte les contraintes économiques, politiques,<br />

d’approvisionnements, entravant une action rapide.<br />

En outre, l’<strong>IPIECA</strong> soutiendra et participera à des<br />

initiatives mondiales et régionales visant à mettre en<br />

œuvre les plans d’action relatifs à l’élimination<br />

progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong>, l’objectif final étant de parvenir à<br />

l’élimination de l’essence <strong>plomb</strong>ée au plan mondial.


6<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Références générales<br />

Une référence générale appropriée en matière d’options associées à l’élimination<br />

progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> est fournie dans le document de l’Agence américaine de Protection<br />

de l’Environnement (US EPA) intitulé ‘Implementers’ Guide to Phasing Out Lead in<br />

Gasoline’ qui permet d’identifier les stratégies globales dans le cadre des installations de<br />

raffinage et de marketing des pays en voie de développement. Il conviendra également de<br />

se reporter au document <strong>du</strong> PNUE et de l’OCDE ‘Phasing Lead out of Gasoline: An<br />

Examination of Policy Approaches in Different Countries’, disponible sur le site Internet <strong>du</strong><br />

PNUE www.unepie.org.<br />

Avantages de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

L’avantage le plus important associé à l’intro<strong>du</strong>ction de l’essence sans <strong>plomb</strong> réside dans le<br />

fait qu’il permet d’intro<strong>du</strong>ire des pots d’échappement catalytiques, seul procédé efficace<br />

pour ré<strong>du</strong>ire la nocivité des gaz d’échappement des véhicules. Cette raison pourrait à elle<br />

seule justifier l’intro<strong>du</strong>ction de l’essence sans <strong>plomb</strong> et l’élimination des carburants<br />

<strong>plomb</strong>és pour éviter toute erreur d’utilisation. De plus, la ré<strong>du</strong>ction des émissions de<br />

composés <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> dans l’atmosphère et l’infiltration consécutive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> dans le sol<br />

limitent la pollution globale par le <strong>plomb</strong> supportée par les personnes et l’environnement.<br />

Les avantages pour l’automobiliste <strong>du</strong> passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> sont bien connus<br />

et peuvent inclure des coûts moindres en matière d’entretien (intervalles prolongés entre<br />

les vidanges d’huile, bougies d’allumage plus propres, capacité à accroître les économies de<br />

carburant en ré<strong>du</strong>isant les probabilités de ratés d’allumage). Bien que l’on constate des<br />

écarts importants entre les différentes études réalisées, les économies sont tangibles.<br />

Déroulement <strong>du</strong> processus d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée :<br />

situation actuelle<br />

L’appréciation <strong>du</strong> degré d’avancement de l’élimination de l’essence <strong>plomb</strong>ée varie<br />

fortement d’une région à l’autre, d’un pays à l’autre et, dans certains cas, entre les zones<br />

urbaines et rurales au sein d’un pays donné. Alors que, en termes de volumes, la situation<br />

semble encourageante, les données soulignent le fait qu’il existe encore des régions où<br />

l’essence <strong>plomb</strong>ée représente la majorité (voire, dans certains cas, la totalité) de la<br />

consommation d’essence. Une étude importante portant sur les progrès réalisés en matière<br />

d’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> est réalisée périodiquement par le ‘Centre<br />

International sur la Qualité des Carburants’ (IDCQ) : cliquer ici pour ouvrir la version<br />

actuelle <strong>du</strong> présent document.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 7<br />

Historique<br />

Plomb—principes de base : pourquoi additiver l’essence avec <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Le <strong>plomb</strong> et l’octane<br />

L’essence nécessite une certaine qualité d’indice d’octane pour empêcher le moteur de<br />

‘cliqueter’. Le cliquetis est l’effet de la combustion incontrôlée d’une partie <strong>du</strong> mélange<br />

d’air et de carburant dans la chambre de combustion. Le cliquetis peut ré<strong>du</strong>ire l’efficacité<br />

et la puissance <strong>du</strong> moteur, accroître la charge thermique sur le système de refroidissement<br />

et augmenter les émissions d’hydrocarbures ; il peut également endommager le moteur. Le<br />

<strong>plomb</strong> s’est avéré être un moyen efficace économiquement pour augmenter l’indice<br />

d’octane de l’essence et contrôler ainsi le cliquetis <strong>du</strong> moteur. Voir l’Annexe 1 pour<br />

davantage d’informations sur l’utilisation des additifs au <strong>plomb</strong> dans le passé.<br />

Plomb et santé<br />

L’utilisation des alkyles de <strong>plomb</strong> pendant les années soixante-dix, à une époque marquée par<br />

la prise de conscience accrue des effets sur la santé <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> en suspension dans l’air, a<br />

finalement con<strong>du</strong>it les gouvernements successifs et les régions (par exemple, l’Union<br />

Européenne) à interdire l’utilisation des additifs au <strong>plomb</strong> dans l’essence. Le <strong>plomb</strong> est tenu<br />

pour être une toxine cumulative susceptible d’être nocive quel que soit l’âge d’ingestion.<br />

Un facteur prépondérant dans le cadre de l’interdiction <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> a été l’intro<strong>du</strong>ction<br />

de pots d’échappements catalytiques pour respecter les limites d’émission de polluants<br />

dans le gaz d’échappement des véhicules, mises en place pour améliorer la qualité de l’air.<br />

Les catalyseurs deviennent rapidement inactifs lorsque le <strong>plomb</strong> présent dans les additifs<br />

anti-détonants, et transporté par les gaz d’échappement, se dépose sur les sites actifs <strong>du</strong><br />

catalyseur et les ‘empoisonne’. Les émissions des véhicules augmentent fortement lorsque<br />

le catalyseur est empoisonné. Pour plus d’informations sur les pots catalytiques des<br />

véhicules, consulter www.meca.org ou http://auto.howstuffworks.com.<br />

Véhicules—principes de base : combler les déficits d’indice d’octane<br />

Les essences sans <strong>plomb</strong> sont disponibles dans le monde entier, avec d’une gamme éten<strong>du</strong>e<br />

d’indices d’octane. La qualité principale (la seule dans certains pays) ou celle suscitant la<br />

demande la plus forte, a un indice d’octane ‘Recherche’ compris entre 88 et 98. Toutefois,<br />

une analyse plus approfondie semble suggérer qu’environ 85 à 90 % des volumes d’essence<br />

sans <strong>plomb</strong> possèdent des indices d’octane ‘Recherche’ s’échelonnant entre 90 et 92 dans<br />

les pays en voie de développement et entre 94 et 95 dans les pays développés. Suite à la<br />

crainte de voir le passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> con<strong>du</strong>ire à des augmentations indésirables


8<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

des teneurs en benzène et en composés aromatiques dans le carburant, dans la plupart des<br />

cas, les qualités d’essence sans <strong>plomb</strong> ont été—et sont—intro<strong>du</strong>ites conjointement avec des<br />

limitations associées à la composition de l’essence en termes de teneur en benzène et en<br />

composés aromatiques totaux dans le cadre d’un procédé en deux étapes, à savoir :<br />

■ Etape 1 : limiter le niveau de benzène et des composés aromatiques dans le nouveau<br />

carburant sans <strong>plomb</strong>, aux niveaux existants (en général respectivement 5 et 50 % en<br />

volume environ, mais quelquefois dans des proportions supérieures).<br />

■ Etape 2 : ré<strong>du</strong>ire progressivement, à des étapes ultérieures, la teneur en benzène et<br />

en composés aromatiques de la nouvelle essence pour atteindre des niveaux compris<br />

respectivement entre 1 et 2 % et entre 40 et 50 %. Quelques pays ont déterminé par<br />

la loi un plafond de 35 % maximum pour les composés aromatiques. Toutefois, il<br />

convient de noter que la catégorie 1 de la Charte Mondiale des Carburants<br />

(document consensuel adopté par les constructeurs d’automobiles sur la qualité des<br />

carburants) autorise jusqu’à 50 % de composés aromatiques sans aucun plafond lié à<br />

la teneur en oléfines.<br />

Les pays développés ayant généralement lancé l’élimination progressive de l’essence<br />

<strong>plomb</strong>ée plus tôt, la plupart d’entre eux ont actuellement ré<strong>du</strong>it de façon substantielle la<br />

teneur en benzène et composés aromatiques des qualités d’essence sans <strong>plomb</strong>. Dans ces<br />

pays, la teneur maximum en benzène autorisée est, la plupart <strong>du</strong> temps, limitée à 1 %<br />

tandis que les limites maximum relatives aux composés aromatiques sont comprises entre<br />

30 et 45 %. Ces différentes étapes de l’évolution vers une essence sans <strong>plomb</strong>, dotée d’un<br />

indice d’octane ‘Recherche’ élevé et de teneurs en benzène et composés aromatiques<br />

faibles, reflètent la structure et la complexité des raffineries dans les différentes régions<br />

géographiques.<br />

Principes de base <strong>du</strong> raffinage : structure des raffineries et essence sans <strong>plomb</strong><br />

Le besoin d’intro<strong>du</strong>ire l’essence sans <strong>plomb</strong> tout en essayant de contrôler les composés<br />

aromatiques présents dans l’essence constitue l’un des facteurs-clé influençant la<br />

configuration des raffineries des pays en voie de développement. L’autre facteur majeur<br />

est l’orientation vers une essence à faible teneur en soufre. En général, les raffineries des<br />

pays en voie de développement sont les moins complexes et présentent les<br />

caractéristiques suivantes :<br />

■ Capacité d’alkylation ou d’isomérisation très faible ou nulle<br />

■ Capacité de reformage relativement ré<strong>du</strong>ite (2 à 3 % <strong>du</strong> débit de brut)<br />

Ces raffineries présentent en général peu de flexibilité, ce qui limite les possibilités de<br />

fabrication de l’essence à des mélanges entre le naphta et de faibles quantités de réformats.<br />

Par conséquent, toute évolution vers l’essence sans <strong>plomb</strong> con<strong>du</strong>irait à un indice d’octane


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 9<br />

faible et/ou à une teneur en composés aromatiques et en benzène élevée, à moins d’avoir<br />

recours à l’une des voies suivantes :<br />

■ Achat de constituants de mélange à indice d’octane élevé, à teneur en composés<br />

aromatiques faible ou nulle : par exemple, le MTBE (méthyl-tertio-butyl-éther),<br />

divers composés oxygénés ou des alkylats.<br />

■ Investissements de capitaux dans une unité d’isomérisation , faisant passer l’indice<br />

d’octane ‘Recherche’ de certains naphtas de 63–68 à 82–85. Les installations<br />

d’isomérisation sont connues pour être un moyen à moindre coût d’obtenir une<br />

augmentation de l’indice d’octane.<br />

■ Investissements dans une installation d’alkylation si la raffinerie possède déjà une<br />

unité de craquage catalytique et, par conséquent, la charge nécessaire à ces procédés.<br />

Il s’agit potentiellement d’une option à haute intensité capitalistique.<br />

Une autre stratégie pourrait consister à utiliser le méthylcyclopentadiényl manganèse<br />

tricarbonyl (MMT) qui permet d’accroître l’indice d’octane de façon peu coûteuse. Bien<br />

qu’utilisée de façon ponctuelle, cette stratégie a suscité des controverses <strong>du</strong> fait<br />

d’incertitudes relatives aux effets préten<strong>du</strong>s <strong>du</strong> MMT sur la santé et sur les systèmes<br />

d’échappement des véhicules (voir page 16).<br />

Une capacité de reformage suffisante pour fabriquer de l’essence sans <strong>plomb</strong> existe<br />

dans la plupart des régions. Toutefois, pour les raisons indiquées précédemment, la plupart<br />

des pays en voie de développement disposent d’un potentiel limité pour obtenir un indice<br />

d’octane suffisant tout en maintenant le benzène et les composés aromatiques à des niveaux<br />

raisonnables. Le terme ‘raisonnable’ devra, dans le cas présent, être considéré dans le<br />

contexte de l’élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong>. Pour le moment, la plupart de ces raffineries utilisent<br />

des composés oxygénés dans leurs mélanges—par exemple des éthers ou des alcools—pour<br />

atteindre l’indice d’octane requis.<br />

Programmes portant sur l’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> : généralités<br />

Un certain nombre de facteurs doit être pris en compte pour déterminer les moyens les<br />

plus efficaces pour éliminer l’utilisation <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> dans l’essence, à savoir :<br />

■ les raisons con<strong>du</strong>isant à l’interdiction <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> (à savoir si la principale raison est : le<br />

suivi de l’évolution technologique des véhicules, les inquiétudes associées aux niveaux<br />

de <strong>plomb</strong> dans les zones urbaines, les approvisionnements, la disponibilité, le coût ou<br />

l’harmonisation régionale des spécifications des essences) ;<br />

■ les besoins des véhicules au niveau national et régional ;<br />

■ les infrastructures actuelles et prévues en matière de raffinage, d’approvisionnements<br />

et de distribution ;<br />

■ les moyens disponibles dans le pays pour gérer le passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> ;<br />

■ le besoin d’un carburant de substitution à l’essence <strong>plomb</strong>ée.


10<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Les stratégies destinées à éliminer progressivement l’essence <strong>plomb</strong>ée doivent prendre<br />

en compte un ensemble complexe de facteurs portant sur la densité démographique, la<br />

politique en matière de transports, l’infrastructure, l’économie et les ressources qui, à leur<br />

tour, touchent à l’approvisionnement en carburant, à l’âge et à l’utilisation des véhicules<br />

ainsi qu’aux capacités de raffinage et de distribution. Tous les éléments cités ci-dessus sont<br />

influencés—et régis—par la volonté politique de mettre en œuvre les mesures<br />

gouvernementales destinées à éliminer l’essence <strong>plomb</strong>ée. Les leçons tirées des stratégies<br />

utilisées dans d’autres programmes d’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> peuvent fournir<br />

des informations pour tout pays qui lance un tel programme.<br />

Il n’existe pas de ‘solution magique’ unique à cette question <strong>du</strong> fait de l’existence de<br />

nombreuses variables liées à la qualité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it (par exemple, l’utilisation de composés<br />

oxygénés et d’additifs métalliques, les niveaux de soufre, de composés aromatiques et de<br />

benzène) et de problèmes liés aux véhicules (tels que l’âge, le taux de renouvellement, le<br />

niveau technologique et les habitudes d’entretien) qu’il faut prendre en compte pour<br />

parvenir à un compromis satisfaisant dans chaque cas. Toutefois, il est certain que le<br />

processus d’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> devra être propre à chaque pays ou région<br />

et il est nécessaire de veiller sérieusement à ce que toutes les mesures soient prises pour<br />

garantir la faisabilité et le caractère approprié des solutions proposées par rapport au<br />

marché sur lequel elles sont mises en œuvre ; des solutions ‘importées’ en bloc émanant<br />

d’autres pays ou régions (par exemple, les Etats-Unis ou l’Europe) sont rarement<br />

adéquates si elles ne sont pas modifiées.<br />

Conditions requises concernant les véhicules : récession des sièges de soupapes<br />

Du fait de la température élevée des gaz d’échappement, les soupapes d’échappement<br />

fonctionnent dans un environnement chaud et les sièges de soupapes sont par conséquent<br />

susceptibles de ‘récession’—cas dans lequel ces derniers s’enfoncent dans la culasse.<br />

Lorsqu’on utilise de l’essence sans <strong>plomb</strong> dans les moteurs présentant cette faiblesse, la<br />

récession des sièges de soupapes peut survenir dans une certaine mesure. Les conditions<br />

de con<strong>du</strong>ite, l’état <strong>du</strong> moteur et l’efficacité <strong>du</strong> système de refroidissement influent tout le<br />

phénomène. Parallèlement à l’augmentation de la vitesse <strong>du</strong> moteur, de sa charge et de sa<br />

température, on assiste à une accélération de l’usure des sièges de soupapes. Bien que les<br />

retours d’expérience des programmes d’intro<strong>du</strong>ction progressive de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

aient montré que les problèmes liés à la récession des sièges de soupapes ne surviennent<br />

quasiment jamais dans la pratique, il est possible d’en calculer les risques avant<br />

l’intro<strong>du</strong>ction de l’essence sans <strong>plomb</strong>, de déterminer le pourcentage probable de<br />

véhicules susceptibles de subir en théorie de tels incidents dans des circonstances sortant<br />

de l’ordinaire.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 11<br />

Stratégies relatives à<br />

l’élimination progressive<br />

de l’essence <strong>plomb</strong>ée<br />

Plusieurs stratégies de base sont généralement identifiées lors de discussions portant sur<br />

l’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> :<br />

■ Passage immédiat à l’essence sans <strong>plomb</strong>—avec ou sans amélioration de l’indice d’octane.<br />

■ Passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> à moyen terme (dans moins de 5 ans).<br />

■ Passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> à plus long terme (entre 5 et 10 ans).<br />

Passage immédiat à l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

Dans cette approche, l’additivation de dérivés alkylés <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> au carburant est supprimée et les<br />

concentrations en <strong>plomb</strong> <strong>du</strong> carburant décroissent par dilution progressive dans le système de<br />

distribution et les réservoirs de stockage. A la fin, les concentrations vont tomber au-dessous de<br />

la limite maximum spécifiée pour l’essence sans <strong>plomb</strong>, généralement 0,013 g/l de <strong>plomb</strong>. Dans<br />

la pratique, cela se pro<strong>du</strong>it en quelques semaines ou quelques mois, en fonction des volumes et<br />

des fréquences d’enlèvements à partir des différents sites. Pendant cette période, des échantillons<br />

devront être prélevés dans les entrepôts, les terminaux et sur chaque site de distribution pour<br />

confirmer la date de réalisation effective des spécifications de l’essence sans <strong>plomb</strong>.<br />

Cette option permet d’éliminer le <strong>plomb</strong> de la façon la plus rapide et la plus économique<br />

pour le distributeur ; toutefois, il convient d’étudier les conditions et les moyens à mettre en<br />

œuvre pour compenser la perte d’indice d’octane. Dans la pratique, sauf dans le cadre de<br />

planifications à long terme (par exemple sur 3 à 4 ans), il est rare, par manque de temps pour<br />

mettre en œuvre d’autres mesures que des modifications mineures, de pouvoir compenser la<br />

perte d’indice d’octane au sein d’une raffinerie locale. Les stratégies les plus courantes visent<br />

à compenser ce déficit par le biais d’importation de bases de mélange à indice d’octane élevé,<br />

à adapter les niveaux d’indice d’octane proposés à la pompe pour respecter les besoins des<br />

véhicules (plutôt que les attentes des consommateurs) et à reformuler la composition des<br />

carburants (par exemple, avec des composés oxygénés ou l’ajout d’additifs).<br />

Dans les cas où le déficit d’indice d’octane est compensé uniquement en augmentant la<br />

proportion des réformats dans les mélanges, il faut s’attendre à une augmentation des<br />

concentrations de composés aromatiques et de benzène dans le carburant. Par conséquent,<br />

lorsque le parc automobile d’un pays est constitué d’un faible pourcentage de véhicules dotés de<br />

pots catalytiques, les émissions moyennes de composés aromatiques, y compris de benzène, sont<br />

susceptibles d’augmenter. Plus le nombre de véhicules équipés de pots catalytiques progressera<br />

dans le pays, plus les émissions de ces polluants et des autres contaminants régresseront.


12<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Si une partie importante <strong>du</strong> parc automobile existant lors <strong>du</strong> passage à l’essence sans<br />

<strong>plomb</strong> est dotée de sièges de soupapes non adaptés et si le réseau routier est propice à une<br />

con<strong>du</strong>ite à grande vitesse, ou si les voitures anciennes sont utilisées fréquemment dans des<br />

conditions sévères, il peut être recommandé de recourir à un additif anti-récession des sièges<br />

de soupapes. En fonction des circonstances, il peut être intro<strong>du</strong>it en tant que pro<strong>du</strong>it<br />

commercial—ajouté par l’automobiliste ou le pompiste en station-service—ou en vrac dans<br />

une raffinerie ou un terminal. Il est évident que lorsque l’additif est commercialisé en vrac, il<br />

doit convenir à tous les véhicules susceptibles d’utiliser des carburants contenant cet additif.<br />

Or il convient de noter que certains additifs anti-récession des sièges de soupapes ne sont pas<br />

appropriés pour être utilisés par des véhicules dotés de pots d’échappements catalytiques.<br />

Selon le mode de reformulation <strong>du</strong> carburant et, en particulier, les niveaux de composés<br />

aromatiques dans le mélange final ainsi que les matériaux utilisés dans le système d’alimentation<br />

et de distribution, des problèmes liés au gonflement des joints et à des fuites de carburant<br />

peuvent survenir. Il sera nécessaire de procéder à une étude des matériaux élastomères utilisés<br />

dans la chaîne d’approvisionnement en carburant. La probabilité de fuites sur les véhicules est<br />

faible et une augmentation de la fréquence des incendies de moteurs dûs à l’intro<strong>du</strong>ction de<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong>, bien que constatée, a généralement été exagérée. Néanmoins, il peut<br />

s’avérer utile d’inclure une information ou des avertissements pour les propriétaires de voitures<br />

anciennes dans le cadre d’une campagne de sensibilisation <strong>du</strong> grand public.<br />

Passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> à moyen et à long terme<br />

Dans le cas <strong>du</strong> passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> à moyen et à long terme, un double système<br />

de distribution est installé et l’essence <strong>plomb</strong>ée est proposée parallèlement à l’essence sans<br />

<strong>plomb</strong>. Du fait de l’obligation pour les raffineries, les terminaux et les stations-service de<br />

disposer de systèmes de distribution parallèles pour maintenir une ségrégation entre les<br />

pro<strong>du</strong>its sans <strong>plomb</strong> et ceux <strong>plomb</strong>és, un passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> à moyen et à long<br />

terme peut in<strong>du</strong>ire des coûts considérables. Selon l’agencement de l’ensemble des cuves<br />

existantes, il peut s’avérer possible de transformer certaines stations-service à moindre coût ;<br />

toutefois, pour celles où une seule cuve est utilisée pour chaque pro<strong>du</strong>it, des investissements<br />

supplémentaires seront nécessaires à moins de sacrifier un grade d’octane. Outre<br />

l’infrastructure de stockage des raffineries et des terminaux, des frais supplémentaires<br />

peuvent être encourus pour la ségrégation <strong>du</strong> parc de camions-citernes, pour le transport<br />

par pipeline, pour les cuves et pompes supplémentaires en station-service, ainsi que pour les<br />

systèmes séparés de récupération de vapeur lorsqu’ils s’avèrent nécessaires.<br />

Dans cette situation, les risques de mélanges involontaires entre les pro<strong>du</strong>its sont<br />

importants tout au long de la chaîne d’approvisionnement en carburant ;<br />

l’empoisonnement et à la désactivation des pots catalytiques sont alors probables, même si<br />

les carburants <strong>plomb</strong>és, intro<strong>du</strong>its dans les voitures équipées de pots catalytiques sont en<br />

faible concentration. Une distribution séparée d’un carburant de substitution au carburant


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 13<br />

Table 1: Principaux avantages et inconvénients associés à chaque option de transition<br />

Stratégie<br />

Immédiate :<br />

Arrêt des ajouts de <strong>plomb</strong> :<br />

les niveaux de <strong>plomb</strong><br />

existants chutent<br />

rapidement en quelques<br />

mois jusqu’à l’obtention<br />

d’essence sans <strong>plomb</strong>.<br />

Avantages<br />

●<br />

●<br />

●<br />

Option la plus rentable pour le<br />

distributeur de carburants. Peu de<br />

frais de mise en oeuvre, la<br />

<strong>du</strong>plication de <strong>du</strong>plication de<br />

l’infrastructure commerciale n’est<br />

pas nécessaire.<br />

Pas d’effort d’é<strong>du</strong>cation <strong>du</strong> public, ni<br />

d’incitation fiscale nécessaire. Le<br />

risque d’utilisation de carburant non<br />

adapté est écarté.<br />

Cette option minimise les émissions<br />

totales de <strong>plomb</strong>.<br />

Inconvénients<br />

●<br />

●<br />

●<br />

●<br />

Le rythme et le coût réel de l’élimination progressive<br />

<strong>du</strong> <strong>plomb</strong> sont liés au comblement <strong>du</strong> déficit d’octane<br />

par le biais des importations (par exemple d’alkylat), à<br />

une sévérité accrue <strong>du</strong> processus de raffinage et/ou<br />

aux modifications de réglages des véhicules<br />

nécessitant des supercarburants (voir texte).<br />

Les niveaux des composés aromatiques et de benzène<br />

sont susceptibles d’augmenter légèrement.<br />

Les véhicules anciens peuvent nécessiter des additifs<br />

commerciaux si la récession des sièges de soupapes<br />

est identifiée comme étant un réel problème.<br />

En fonction de la stratégie de reformulation, la<br />

compatibilité des matériaux élastomères et les<br />

dispositions relatives à la protection contre les incendies<br />

pourront être revues sur les stockages et l’ensemble de<br />

la chaîne d’approvisionnement en carburant.<br />

Moyen terme :<br />

Installation d’un système<br />

de distribution séparé <strong>du</strong><br />

système existant ou<br />

construction d’un nouveau<br />

système parallèle. Mise en<br />

place de l’élimination<br />

progressive sur plusieurs<br />

années (moins de 5 ans).<br />

●<br />

●<br />

Les propriétaires de véhicules anciens<br />

qui ne peuvent utiliser de l’essence<br />

sans <strong>plomb</strong> disposent de délais<br />

supplémentaires pour, soit apporter<br />

des modifications au véhicule existant,<br />

soit pour acheter une nouvelle voiture.<br />

Les raffineurs locaux bénéficient de<br />

délais réalistes pour moderniser leurs<br />

installations.<br />

●<br />

●<br />

Coûts élevés <strong>du</strong>s à une infrastructure séparée<br />

nécessaire pour les activités de stockage, de transfert<br />

et de distribution.<br />

Probabilité très réelle d’utilisation de carburant non<br />

adapté et donc de dommages aux pots catalytiques.<br />

Long terme :<br />

Installation d’un système<br />

de distribution séparé de<br />

l’existant ou construction<br />

d’un nouveau système<br />

parallèle. L’essence sans<br />

<strong>plomb</strong> est intro<strong>du</strong>ite dans<br />

des sites sélectionnés puis<br />

progressivement intro<strong>du</strong>ite<br />

au niveau national<br />

parallèlement à<br />

l’intro<strong>du</strong>ction de véhicules<br />

nouveaux dotés de pots<br />

catalytiques. L’élimination<br />

progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> se<br />

déroule dans un délai de<br />

5 à 10 ans.<br />

Avantages de la situation Moyen terme,<br />

plus :<br />

● Les modifications apportées aux<br />

carburants suivent au plus près le<br />

nombre de véhicules à même d’en<br />

tirer le maximum d’avantages : cette<br />

option con<strong>du</strong>it aux profils d’émissions<br />

(par exemple de composés<br />

aromatiques) les plus faibles pour<br />

l’ensemble <strong>du</strong> parc automobile.<br />

● Potentiellement, option la plus<br />

rentable pour les propriétaires de<br />

véhicules anciens.<br />

● Délais compatibles avec la<br />

planification et la construction de<br />

projets de modernisation des<br />

raffineries.<br />

Inconvénients de la situation Moyen terme, plus :<br />

●<br />

●<br />

●<br />

Augmentation <strong>du</strong> coût des subventions en cas<br />

de mise en œuvre <strong>du</strong> système d’incitation fiscale.<br />

Les propriétaires de véhicules ne bénéficient pas<br />

d’avantages financiers résultant d’un entretien moins<br />

cher avec l’essence sans <strong>plomb</strong>.<br />

Cette option con<strong>du</strong>it aux émissions totales de <strong>plomb</strong><br />

les plus élevées.


14<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

<strong>plomb</strong>é, dans les cas où l’additif anti-récession des sièges de soupapes est ajouté en vrac<br />

constitue, dans le cadre de la présente option, une possibilité pour offrir aux propriétaires<br />

de véhicules un carburant adapté aux voitures anciennes. Dans la pratique, de nombreux<br />

propriétaires de véhicules auront besoin d’une incitation financière pour acheter de<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong> et, si l’essence <strong>plomb</strong>ée est moins chère, des utilisations incorrectes<br />

se pro<strong>du</strong>iront inévitablement. Une stratégie de fixation de différentiels de prix ou de<br />

ré<strong>du</strong>ction de taxes peut s’avérer nécessaire pour encourager les propriétaires dont les<br />

voitures consomment de l’essence <strong>plomb</strong>ée, mais sont susceptibles d’utiliser de l’essence<br />

sans <strong>plomb</strong>, à abandonner l’essence <strong>plomb</strong>ée au profit de l’essence sans <strong>plomb</strong>.<br />

Toutefois, dans le cas d’une phase transitoire longue pour abandonner progressivement<br />

l’essence <strong>plomb</strong>ée, les coûts de subvention peuvent s’avérer élevés. Un avantage de l’approche<br />

à deux qualités d’essence tient à ce que les ventes d’essence sans <strong>plomb</strong> peuvent augmenter à<br />

un rythme allant de pair avec l’intro<strong>du</strong>ction des véhicules équipés de pots catalytiques, suivant<br />

ainsi au plus près le nombre de véhicules qui peuvent tirer le meilleur parti de l’utilisation <strong>du</strong><br />

carburant sans <strong>plomb</strong>. Cependant, le processus d’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> est<br />

prolongé dans ce cas de figure. Historiquement, entre 10 et 20 ans ont été nécessaires aux<br />

Etats-Unis et en Europe pour réaliser ce processus d’élimination et il est communément<br />

reconnu que cette <strong>du</strong>rée était trop longue. Outre le retard pris pour éliminer le <strong>plomb</strong> dans<br />

les carburants, les coûts totaux supportés par le gouvernement et les sociétés de services <strong>du</strong><br />

secteur énergétique étaient, sans aucune nécessité, élevés. De plus, les propriétaires de<br />

véhicules n’ont pas été encouragés à profiter des avantages financiers susceptibles de découler<br />

de coûts d’entretien inférieurs consécutifs à l’adoption de l’essence sans <strong>plomb</strong>. Une<br />

intro<strong>du</strong>ction rapide de cette dernière aurait pu augmenter ces avantages potentiels.<br />

Le tableau 1 de la page 13 résume les principaux avantages et inconvénients associés à<br />

chaque option.<br />

Résumé : décisions stratégiques pour l’intro<strong>du</strong>ction progressive de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

En résumé, la stratégie adoptée pour l’intro<strong>du</strong>ction progressive de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

devra prendre en compte tous les facteurs pertinents :<br />

■ Profil de répartition par âge et pays de fabrication <strong>du</strong> parc de véhicules dotés d’un<br />

moteur à essence ; ce facteur in<strong>du</strong>it le pourcentage de véhicules :<br />

• Dotés de pots catalytiques<br />

• Susceptibles d’être équipés de pots catalytiques peu de temps après l’élimination<br />

<strong>du</strong> carburant <strong>plomb</strong>é<br />

■ Estimation réaliste <strong>du</strong> risque de voir apparaître un problème de récession des sièges<br />

de soupapes, étant donné le parc de véhicules et le réseau routier concernés et les<br />

expériences dans les autres pays ayant des véhicules et des réseaux routiers analogues.<br />

■ Moyens disponibles pour ségréguer les carburants <strong>plomb</strong>és et les carburants sans<br />

<strong>plomb</strong> dans la chaîne d’approvisionnement en carburant.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 15<br />

■<br />

■<br />

■<br />

Risque d’utilisation de carburant non adapté en cas d’existence de voitures équipées<br />

de pots catalytiques.<br />

Ressources financières pour subventionner l’essence sans <strong>plomb</strong> et rendre le prix<br />

attrayant pour les consommateurs, et étude visant à savoir si une telle approche est<br />

susceptible de réussir au vu des facteurs culturels locaux.<br />

Caractéristiques <strong>du</strong> marché, disponibilité des importations et délais nécessaires aux<br />

raffineurs locaux/régionaux pour mettre en place un approvisionnement en essence<br />

sans <strong>plomb</strong>.<br />

Sans rien retirer aux éléments exposés ci-dessus, l’expérience a prouvé que, dans les pays<br />

ne possédant pas d’installations de raffinage, l’élimination immédiate (rapide) est presque<br />

toujours la meilleure solution. Dans les pays possédant des infrastructures de raffinage, une<br />

élimination rapide peut être l’option la plus adaptée en fonction des conditions locales.<br />

Prise en compte de la récession des sièges de soupapes dans le cadre d’une stratégie<br />

d’intro<strong>du</strong>ction progressive de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

En dépit de l’effet réel et prouvé de la récession des sièges de soupapes en laboratoire, cette<br />

situation est de moins en moins un problème pour les pays se tournant vers l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

(voir Annexe 2), principalement parce que, dans les pays où le <strong>plomb</strong> a été progressivement<br />

abandonné, l’expérience a montré l’existence d’un nombre très limité de problèmes liés à la<br />

récession de sièges de soupapes. Toutefois, dans les cas où celle-ci est susceptible de poser<br />

problème, le carburant de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é peut être considéré comme une<br />

solution de protection lors <strong>du</strong> passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> dans les cas suivants :<br />

■ Une évaluation des risques a montré qu’une partie importante <strong>du</strong> parc de véhicules<br />

ne peut utiliser l’essence sans <strong>plomb</strong> en toute sécurité; et<br />

■<br />

l’infrastructure <strong>du</strong> pays permet une con<strong>du</strong>ite à grande vitesse, à charge élevée<br />

pendant des périodes prolongées.<br />

Le carburant de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é a constitué une solution utile dans<br />

certains pays en voie de développement qui satisfont aux conditions ci-dessus et possèdent<br />

un réseau de stations-service susceptible d’augmenter le nombre de grades distribués.<br />

Toutefois, les coûts concernés dans le cadre de cette option doivent être soigneusement<br />

étudiés par rapport aux risques réels auxquels sont soumis les véhicules anciens<br />

consommant de l’essence sans <strong>plomb</strong> plutôt qu’aux risques supposés.<br />

Historiquement, les carburants de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é ont été formulés avec<br />

un certain nombre d’additifs métalliques—principalement le sodium, le potassium, le<br />

phosphore et le manganèse—mais aucun n’est à même de protéger aussi efficacement que le<br />

<strong>plomb</strong> dans toutes les conditions d’utilisation. Les additifs au sodium (et, dans une moindre<br />

mesure, les additifs au potassium) ont été parfois mis en cause dans les mécanismes de corrosion


16<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

à chaud des soupapes et des turbocompresseurs et ne sont pas recommandés. Parmi les additifs<br />

restants, il est généralement admis que la hiérarchie en termes de protection est phosphore ><br />

potassium > manganèse, bien que tous ces additifs protègent dans certaines conditions. Les<br />

additifs au phosphore ne sont pas préconisés pour les véhicules équipés de pots catalytiques<br />

parce que le phosphore, comme le <strong>plomb</strong>, est un poison <strong>du</strong> catalyseur. Toutefois, le comité<br />

relatif à la Charte mondiale sur les Carburants a accepté les additifs au potassium pour éviter la<br />

récession des sièges de soupapes dans les cas où un additif s’avère nécessaire. Le tableau 2<br />

énumère quelques marques courantes d’additifs utilisés dans le cadre <strong>du</strong> passage à l’essence sans<br />

<strong>plomb</strong> et au carburant de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é—à noter qu’aucun de ces éléments<br />

n’est équivalent dans ses effets : certains améliorent l’indice d’octane, d’autres fournissent une<br />

protection contre la récession des sièges de soupapes, d’autres encore intègrent les deux<br />

propriétés. Merci de vous adresser aux différents fabricants pour davantage d’informations.<br />

Tableau 2 : Exemples d’additifs courants utilisés dans l’essence sans<br />

<strong>plomb</strong> et dans le carburant de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é<br />

Pro<strong>du</strong>it Fabriquant Type<br />

Valvemaster Octel Phosphore<br />

Formula Shell Shell Potassium<br />

MMT Ethyl Manganèse<br />

Powershield Lubrizol Potassium<br />

PLUTOcen Octel Fer<br />

Utilisation <strong>du</strong> manganèse pour remplacer le <strong>plomb</strong> dans l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

L’utilisation <strong>du</strong> méthylcylopentadiényl manganèse tricarbonyl (MMT), comme pour la<br />

plupart des composés d’additivation d’essence sans <strong>plomb</strong>, est sujet à controverse. Cet<br />

additif intéresse les raffineurs et les distributeurs de carburants, non seulement parce qu’il<br />

offre une augmentation modeste de l’indice d’octane, mais également parce qu’il a un effet<br />

avéré comme additif anti-récession des sièges de soupapes.<br />

La controverse porte sur les problèmes liés au risque d’effets sur la santé et sur les<br />

conséquences sur les équipements de contrôle des émissions de gaz d’échappement des<br />

véhicules. De nombreux programmes de tests de moteurs et de véhicules ont été menés à<br />

bien pour déterminer l’impact sur les émissions. Certaines études très élaborées montrent<br />

que le MMT protège les catalyseurs de la désactivation par le soufre et par le phosphore.<br />

Dans la plupart des programmes de tests, les émissions d’hydrocarbures des véhicules<br />

augmentent et les émissions de NO x<br />

diminuent lorsqu’on utilise le MMT dans les voitures<br />

dotées de technologie moderne ; le rendement de conversion <strong>du</strong> catalyseur est amélioré<br />

même si les émissions en sortie moteur semblent plus élevées.<br />

Un rapport de 2002 (www.autoalliance.org/mmt.program.htm) fournit les résultats d’un<br />

programme de tests des véhicules, conçu en deux phases et sur plusieurs années, destiné à


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 17<br />

comparer les émissions de véhicules alimentés en carburants contenant <strong>du</strong> MMT (8,3 mg/l de<br />

manganèse) et de véhicules alimentés en carburants sans MMT. Selon cette étude, le MMT<br />

ne perturbe ni les systèmes de diagnostic embarqué ni les capteurs d’oxygène. Cependant,<br />

comme dans d’autres programmes de tests, les émissions d’hydrocarbures sont plus<br />

importantes pour les voitures consommant <strong>du</strong> carburant contenant <strong>du</strong> MMT. Les émissions<br />

de NO x<br />

<strong>du</strong> moteur sont supérieures pour les voitures alimentées en MMT, mais les émissions<br />

à l’échappement sont inférieures parce que le rendement <strong>du</strong> catalyseur est accru. D’après ce<br />

rapport, le rendement accru ne compense pas l’augmentation des émissions d’hydrocarbures<br />

en sortie moteur. A des kilométrages très élevés, pour les véhicules pro<strong>du</strong>isant de faibles<br />

émissions (homologués selon la norme californienne) toutes les émissions réglementées sont<br />

plus importantes pour les voitures alimentées en carburant additivé au MMT. Le rapport<br />

arrive à la conclusion que le carburant additivé au MMT ne devrait pas être utilisé dans la<br />

plupart des systèmes antipollution complexes si de très faibles niveaux d’émissions sont exigés.<br />

Toutefois, pour les véhicules dotés de technologies plus anciennes en matière d’émissions, une<br />

légère détérioration des catalyseurs peut s’avérer acceptable si l’utilisation <strong>du</strong> MMT con<strong>du</strong>it<br />

à la mise en place de programmes accélérés d’élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> et permet d’exclure<br />

l’utilisation de carburant non adapté pour les véhicules équipés de catalyseurs.<br />

Bien que les effets <strong>du</strong> MMT en matière de santé et sur le plan technique restent quelque<br />

peu confus, ce dernier doit être considéré comme une option dans le cadre <strong>du</strong> passage à<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong>. A cet égard, la situation de chaque raffinerie est différente. L’exploitant<br />

doit prendre en compte l’ensemble des options et des risques : processus de traitement en<br />

raffinerie plus sévère, investissements en raffinerie, achat de composants à indice d’octane<br />

élevé, utilisation d’additifs, y compris le MMT, empoisonnement <strong>du</strong> catalyseur par le biais de<br />

la contamination croisée, utilisation de carburant non adapté, pratique de fraude sur la<br />

qualité <strong>du</strong> carburant dans le cas où l’essence <strong>plomb</strong>ée est toujours disponible. Chaque<br />

stratégie comporte des risques, des avantages et des coûts concomitants. Il est donc vital<br />

d’étudier ces options au cas par cas afin d’accélérer l’élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong>.<br />

Ethers et alcools : utilisation des composés oxygénés en tant que constituants de mélange<br />

dans l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

Généralement, les composés oxygénés utilisés en tant que composants de l’essence auto<br />

sont soit des alcools (principalement de l’éthanol) soit un éther (essentiellement <strong>du</strong><br />

MTBE). Parfois, les deux sont présents dans une essence donnée. L’utilisation de l’éthanol<br />

est techniquement faisable, mais implique normalement le recours à des subventions pour<br />

rendre son usage viable sur le plan économique. Du fait des inquiétudes liées à la<br />

contamination des nappes phréatiques, l’utilisation <strong>du</strong> MTBE est progressivement<br />

abandonnée aux Etats-Unis. Cependant, il représente toujours le composé oxygéné le plus<br />

couramment employé dans le monde entier. Se reporter à l’Annexe 3 pour davantage<br />

d’informations techniques relatives à l’utilisation des composés oxygénés.


18<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Passage à l’essence<br />

sans <strong>plomb</strong><br />

Options en matière de raffinage pour la pro<strong>du</strong>ction d’essence sans <strong>plomb</strong><br />

Le déficit en octane<br />

Une base essence sans <strong>plomb</strong> possède un indice d’octane plus bas qu’en cas d’ajout de <strong>plomb</strong>,<br />

parce que ce dernier est très efficace pour augmenter l’indice d’octane. Généralement,<br />

passer à l’essence sans <strong>plomb</strong> à partir d’un niveau de <strong>plomb</strong> de 0,15 g/l con<strong>du</strong>it à une baisse<br />

de l’indice d’octane ‘Recherche’ de 3 points. En partant d’un niveau de <strong>plomb</strong> de 0,40 g/l,<br />

la diminution de l’indice d’octane ‘Recherche’ serait d’environ 5 points.<br />

Il est souhaitable, voire nécessaire de maintenir l’indice d’octane afin de prévenir un<br />

cliquetis fréquent <strong>du</strong> moteur et le mécontentement des clients. L’utilisation de certaines<br />

bases dans la raffinerie et de plusieurs constituants de mélange importés à indice d’octane<br />

élevé peut être envisagée, mais leur intérêt dépend de la configuration de chaque raffinerie.<br />

Une raffinerie simple, reformage/distillation atmosphérique, disposera de moins de types<br />

d’unités de traitement et de moins de bases à utiliser pour maintenir l’indice d’octane,<br />

qu’une raffinerie complexe possédant des unités de craquage catalytique et/ou des unités<br />

d’hydrocraquage.<br />

Reformulation afin de maintenir l’indice d’octane<br />

Le processus de sélection des constituants de mélange optimaux pour maintenir l’indice<br />

d’octane des qualités d’essence sans <strong>plomb</strong> doit prendre en compte plusieurs paramètres<br />

dont les plus importants sont:<br />

■ L’infrastructure Indice d’octane des nouveaux constituants et volumes requis pour<br />

augmenter cet indice.<br />

■ L’infrastructure Impact sur le respect des autres spécifications des essences (volatilité,<br />

composition chimique) et sur les performances acceptables des véhicules.<br />

■ L’infrastructure Disponibilité et coût des constituants.<br />

Le dernier point est fortement tributaire des unités de traitement de chaque<br />

raffinerie et de leurs conditions d’exploitation ainsi que des conditions locales d’achat de<br />

pro<strong>du</strong>its et de la sécurité d’approvisionnement. Il convient aussi de prendre aussi en<br />

compte les coûts économiques et sociaux associés aux scénarios d’importation directe et<br />

d’approvisionnements en pro<strong>du</strong>its finis et en constituants de mélange. Se reporter à<br />

l’Annexe 4 pour plus d’informations sur les options de raffinage pour pro<strong>du</strong>ire l’essence<br />

sans <strong>plomb</strong>.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 19<br />

Thématiques générales<br />

Incitations fiscales pour favoriser l’adoption de l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

Le passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> s’accompagne presque toujours d’incitations fiscales<br />

pour en subventionner directement la pro<strong>du</strong>ction, plus onéreuse. Cette pro<strong>du</strong>ction peut<br />

ainsi être ven<strong>du</strong>e meilleur marché à la pompe pour encourager l’utilisation d’essence sans<br />

<strong>plomb</strong>, même dans les véhicules non équipés d’un pot catalytique. De tels systèmes de<br />

taxation ont été couramment appliqués dans les pays développés. Toutefois, dans les pays<br />

en voie de développement, cette subvention en matière de tarification a, dans certains cas,<br />

été perçue comme une taxation injuste infligée aux propriétaires de véhicules anciens<br />

consommant de l’essence <strong>plomb</strong>ée.<br />

Cette différentiation est pertinente dans un marché où existent deux qualités (où<br />

l’essence <strong>plomb</strong>ée et l’essence sans <strong>plomb</strong> sont disponibles) et dans lequel une subvention<br />

fiscale est accordée pour inciter les con<strong>du</strong>cteurs qui peuvent utiliser l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

(mais qui ne le font pas) à adopter cette dernière. A cette fin, il faudra veiller à éviter que<br />

les con<strong>du</strong>cteurs des véhicules qui ne peuvent pas utiliser l’essence sans <strong>plomb</strong>—<br />

généralement des véhicules anciens détenus par les couches moins aisées de la<br />

population—aient le sentiment d’être sanctionnés.<br />

Dans au moins un cas, cette méthode a abouti à un résultat inverse de l’objectif des<br />

aides fiscales. La fixation <strong>du</strong> prix de l’essence sans <strong>plomb</strong> à un niveau où il n’est pas attractif<br />

pour le consommateur, a con<strong>du</strong>it à une faible pénétration <strong>du</strong> carburant sans <strong>plomb</strong> sur le<br />

marché. La leçon est claire : chaque pays a besoin de stratégies particulières de mise en<br />

œuvre de l’essence sans <strong>plomb</strong>, fondées sur les besoins, les cultures et l’infrastructure locale<br />

plutôt que sur l’importation en bloc de stratégies ‘nordiques’ ou ‘occidentales’. Divers<br />

mécanismes susceptibles d’être utilisés pour encourager l’adoption de programmes<br />

d’élimination progressive <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> sont présentés dans le World Bank Technical paper<br />

397, ‘Phasing Out Lead from Gasoline’.<br />

Relations avec les média et stratégies d’information<br />

L’expérience des autres pays a montré que peut naître un fort sentiment d’inquiétude <strong>du</strong><br />

public si les mesures appropriées ne sont pas prises pour é<strong>du</strong>quer et rassurer toutes les<br />

parties prenantes sur la qualité et la sécurité des pro<strong>du</strong>its lors de l’intro<strong>du</strong>ction de l’essence<br />

sans <strong>plomb</strong>. C’est particulièrement le cas lorsque la mutation est rapide au lieu de se<br />

pro<strong>du</strong>ire progressivement.


20<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Malgré quelques incidents isolés, émanant de petits groupes d’indivi<strong>du</strong>s craignant de<br />

façon excessive pour leur santé (l’incident relatif au MTBE en Alaska est parmi les plus<br />

célèbres), l’intro<strong>du</strong>ction de l’essence sans <strong>plomb</strong> s’est faite sans réaction négative à<br />

condition de prendre quelques mesures simples pour communiquer avec le public.<br />

Tandis que, dans les grands pays, les informations relatives à l’intro<strong>du</strong>ction de<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong> peuvent être fournies par les compagnies pétrolières et les<br />

associations automobiles elles-mêmes, dans des pays plus petits, notamment ceux<br />

possédant des actifs publics en matière de raffinage ou de marketing, il est généralement<br />

utile de mettre sur pied un comité de pilotage à fonctions croisées, composé des<br />

nombreuses parties prenantes, et chargé de garantir une intro<strong>du</strong>ction en douceur de<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong> sur le marché. Ce comité peut comprendre des représentants <strong>du</strong><br />

gouvernement, de l’in<strong>du</strong>strie, des constructeurs d’automobiles, des raffineurs, des<br />

distributeurs, etc. Il peut s’avérer utile de former plusieurs sous-comités lors de l’examen<br />

des questions techniques, comme les possibilités des raffineries, les importations, les<br />

approvisionnements, etc.<br />

Les activités associées à l’intro<strong>du</strong>ction progressive de l’essence sans <strong>plomb</strong> pourront<br />

comprendre, mais de façon non limitative, les éléments suivants :<br />

■ Communications préalables au lancement :<br />

Elles incluent les courriers aux concessionnaires automobiles pour les informer des<br />

plans d’élimination progressive de l’essence et leur demander de rassembler des<br />

données sur les modèles et les années-modèle, la compatibilité avec l’essence sans<br />

<strong>plomb</strong> et les besoins en octane. Ces renseignements devront faire l’objet d’une<br />

information auprès des automobilistes. Des informations supplémentaires devront<br />

être adressées aux compagnies pétrolières et aux gérants indépendants de stationsservice<br />

afin de leur permettre de lancer le processus de formation <strong>du</strong> personnel, et ce<br />

dans le but de ré<strong>du</strong>ire les incidents tels que l’utilisation de carburants non adaptés, et<br />

de répondre aux demandes d’informations des clients.<br />

■ Préparation d’un livret d’informations et/ou d’un site Internet :<br />

Ces supports incluront des données sur la compatibilité des véhicules avec l’essence<br />

sans <strong>plomb</strong>, des supports relatifs aux questions posées fréquemment et des<br />

renseignements sur les carburants de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é ou la<br />

disponibilité des additifs en station-service (si besoin est). Les informations devront<br />

être adressées à des groupes spécifiques (par exemple, les réparateurs, garagistes et<br />

revendeurs). Cliquer ici pour visualiser un exemple d’une publication communiquée<br />

aux concessionnaires automobiles en Nouvelle-Zélande.<br />

■ Campagne publique :<br />

Il sera nécessaire d’évaluer le besoin d’une campagne de marketing structurée conçue<br />

pour guider les consommateurs et les rassurer sur le nouveau carburant. Les<br />

avantages d’une telle campagne sont multiples et comprennent les éléments suivants :


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 21<br />

• Informer et é<strong>du</strong>quer les consommateurs sur les<br />

avantages de l’essence sans <strong>plomb</strong> pour l’environnement<br />

• Maximiser la confiance des consommateurs par rapport<br />

à la qualité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it et à son adéquation avec leur<br />

véhicule<br />

• Lancer l’essence sans <strong>plomb</strong> en douceur et de façon<br />

rentable sur le marché<br />

• Répondre aux inquiétudes éventuelles des<br />

consommateurs en matière de santé publique vis à vis de<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong> et de tout additifs ou composés<br />

oxygénés (par exemple, MTBE, MMT, etc.) en amont,<br />

pour éviter des problèmes sans fondement.<br />

Cette initiative peut impliquer le besoin de recourir à un<br />

consultant en marketing et/ou à une agence de publicité :<br />

intermédiaire pour les communiqués de presse et les<br />

publi-reportages, conception, pro<strong>du</strong>ction et<br />

distribution d’un livret d’information, de<br />

supports de publi-reportages divers, préparation<br />

de communiqués de presse, compilation<br />

d’informations techniques relatives aux<br />

stratégies d’additivation de l’essence sans<br />

<strong>plomb</strong>, rédaction de supports destinés aux<br />

administrations et autres organismes publics. S’il<br />

est décidé de créer une ‘hot line’ ou un site Internet,<br />

cela doit être réalisé de façon professionnelle.<br />

Les supports relatifs<br />

aux informations<br />

publiques devront<br />

fournir des<br />

renseignements sur les<br />

types de véhicules qui<br />

pourrait utiliser le<br />

nouveau carburant<br />

Les cibles visées (les ‘parties prenantes’) par cette<br />

campagne pourraient comprendre les catégories suivantes :<br />

■ La population motorisée et les con<strong>du</strong>cteurs de véhicules utilitaires.<br />

■ Les importateurs de voitures particulières et de véhicules utilitaires, les<br />

concessionnaires, les distributeurs, les garagistes.<br />

■ Les organisations et les associations automobiles/de transport.<br />

■ Les gérants de stations-service.<br />

■ Les administrations publiques et les organismes publics concernés.<br />

■ Les médias.


22<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Etape finale<br />

Démantèlement des installations d’additivation des alkyls de <strong>plomb</strong><br />

Un aspect souvent négligé lors <strong>du</strong> passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> est le démantèlement en<br />

toute sécurité des installations ayant contenu des dérivés alkylés de <strong>plomb</strong> ainsi que le<br />

nettoyage et l’assainissement de la zone où les opérations d’ajout <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> étaient<br />

réalisées. Les installations abandonnées de conditionnement et d’injection des additifs de<br />

<strong>plomb</strong> constituent un danger potentiel pour l’environnement et la santé humaine. Un plan<br />

destiné à procéder à la fermeture de ces sites devra faire partie de tout programme visant<br />

à intro<strong>du</strong>ire l’essence sans <strong>plomb</strong>. Des fournisseurs renommés de dérivés alkylés <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

ont maîtrisé ces dangers potentiels et sont prêts à donner des conseils sur les procé<strong>du</strong>res<br />

d’assainissement <strong>du</strong> site en toute sécurité si besoin est.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 23<br />

Annexes<br />

Annexe 1 :<br />

Annexe 2 :<br />

Notions fondamentales sur le <strong>plomb</strong> : pourquoi est-il utilisé<br />

dans l’essence ? 24<br />

Récession des sièges de soupapes (VSR) : risques réels<br />

et stratégies de protection 26<br />

Annexe 3 : Les oxygénés et le passage à l’essence sans <strong>plomb</strong> 29<br />

Annexe 4 : Options de raffinage pour la pro<strong>du</strong>ction d’essence sans <strong>plomb</strong> 33


24<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Annexe 1<br />

Notions fondamentales sur le <strong>plomb</strong> : pourquoi est-il utilisé dans l’essence ?<br />

L’indice d’octane de l’essence est déterminé au moyen d’une méthode datant de<br />

1929, qui fait appel à un moteur monocylindre de test en laboratoire pour<br />

comparer un échantillon de mélange d’iso-octane (2,2,4, triméthylpentane) et<br />

d’heptane normal. L’iso-octane a conventionnellement l’indice d’octane 100 et<br />

l’heptane normal zéro ; les valeurs intermédiaires sont obtenues par mélange de<br />

ces deux composants. Différentes conditions de fonctionnement permettent de<br />

déterminer un indice d’octane recherche (RON) et un indice d’octane moteur<br />

(MON) pour un carburant. Plus l’indice d’octane est élevé, plus la résistance <strong>du</strong><br />

carburant au cliquetis est importante. L’utilisation très répan<strong>du</strong>e des alkyls de<br />

<strong>plomb</strong> comme additifs à l’essence fait suite à la découverte des ingénieurs de<br />

General Motors en 1921, qui ont identifié leur aptitude à augmenter l’indice<br />

d’octane, et par conséquent à améliorer les propriétés anti-cliquetis de l’essence à<br />

laquelle ils sont ajoutés.<br />

En dépit des progrès de la technologie de raffinage, cette démarche demeure un<br />

moyen d’augmentation de l’indice d’octane plus rentable que la sévèrisation <strong>du</strong><br />

processus de raffinage indispensable sans additifs. En plus de l’augmentation de<br />

l’indice d’octane, les additifs au <strong>plomb</strong> alkylé agissent comme un lubrifiant entre<br />

les surfaces de contact des soupapes d’échappement et leurs sièges dans la culasse.<br />

Ceci était un avantage puisque cela permettait d’usiner les sièges de soupape<br />

directement dans l’acier <strong>du</strong>ctile des culasses sans recours à des inserts trempés,<br />

onéreux et thermiquement inefficaces. L’additif au <strong>plomb</strong> alkylé assurait toute la<br />

protection nécessaire. Sans cette protection, les sièges de soupapes pouvaient<br />

théoriquement subir une usure accélérée, dite « récession des sièges de soupapes »<br />

(VSR), susceptible de con<strong>du</strong>ire à une défaillance <strong>du</strong> moteur.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 25<br />

Que se passe-t-il quand le <strong>plomb</strong> est éliminé ?<br />

Si l’essence ne contient plus de <strong>plomb</strong>, l’indice d’octane baisse. L’octane peut être<br />

augmenté en utilisant des composants à indice d’octane élevé fabriqués en<br />

augmentant la sévérité <strong>du</strong> processus de traitement en raffinerie, en intro<strong>du</strong>isant<br />

des composants oxygénés dans le carburant (ex. : méthy-tert-butyléther (MTBE)<br />

ou éthanol). Bien qu’aucun additif ne présente la même efficacité que le <strong>plomb</strong> en<br />

termes de prévention de la récession des sièges de soupapes (VSR), les moteurs<br />

utilisés normalement peuvent être protégés par un additif contenant <strong>du</strong><br />

phosphore, <strong>du</strong> manganèse ou <strong>du</strong> potassium. Certains additifs sont soupçonnés<br />

d’avoir un effet négatif sur l’efficacité des pots catalytiques et, dans certains cas,<br />

de présenter plusieurs effets parallèles sur les émissions, sur le rendement et sur<br />

la longévité <strong>du</strong> catalyseur, rendant ainsi la détermination des effets résultants<br />

particulièrement difficile.<br />

Sites web à consulter :<br />

www.etyl.com<br />

www.octel-corp.com


26<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Annexe 2<br />

Récession des sièges de soupapes (VSR) : risques réels et stratégies de protection<br />

En dépit de sa réalité démontrée en laboratoire, la récession des sièges de<br />

soupapes (VSR) est de moins en moins susceptible de poser un problème dans la<br />

plupart des pays passant à l’essence sans <strong>plomb</strong>, ceci pour trois raisons :<br />

■ Hormis certaines exceptions, les moteurs dont les sièges de soupapes sont<br />

susceptibles d’être affectés ne sont plus fabriqués depuis la fin de la décennie<br />

80. Au fil <strong>du</strong> temps, le pourcentage représenté par ces véhicules dans le parc<br />

automobile va baisser, les modèles anciens à sièges de soupapes trempés<br />

étant remplacés par des véhicules plus récents.<br />

■ Les moteurs des anciens modèles de voitures peuvent ne pas fonctionner de<br />

façon continue dans les conditions de forte charge ou de haute vitesse<br />

censées provoquer la récession des sièges de soupapes (VSR) dans les anciens<br />

véhicules. Ceci est particulièrement vrai dans les pays dont le réseau routier<br />

n’accepte rien de plus que la « con<strong>du</strong>ite mixte », qui comprend des moments<br />

de ralenti et des périodes de travail à basse vitesse et faible charge. Dans de<br />

telles conditions, la récession des sièges de soupapes (VSR) reste<br />

probablement imperceptible, particulièrement pour les véhicules ayant<br />

accumulé une « mémoire <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> » (voir plus loin).<br />

■ L’expérience des pays ayant supprimé le <strong>plomb</strong> montre que les problèmes de<br />

récession des sièges de soupapes (VSR) sont rares.<br />

Certains pays ont néanmoins con<strong>du</strong>it une étude de risque avant d’intro<strong>du</strong>ire<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong>, dans le but de déterminer si un problème de récession des<br />

sièges de soupapes (VSR) est à envisager. Une publication sur les procé<strong>du</strong>res<br />

d’évaluation de risque est disponible auprès de Environment Canada (numéro de<br />

rapport EPS 3/TS/1, octobre1999).<br />

Pour prendre des décisions quant à la pertinence d’une protection anti-récession<br />

des sièges de soupapes (AVSR), certaines données précises sur le parc automobile<br />

sont nécessaires. En effet, les hypothèses valides dans d’autres pays peuvent ne pas<br />

l’être dans un pays éliminant l’essence sans <strong>plomb</strong>. A titre d’exemple, il est possible<br />

que le nombre de véhicules anciens en circulation ne diminue pas


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 27<br />

exponentiellement si l’âge moyen <strong>du</strong> parc automobile augmente, ou encore que les<br />

importations de véhicules d’occasion brouillent les statistiques des nouvelles<br />

immatriculations. Pour déterminer la sensibilité potentielle à la récession des sièges<br />

de soupapes (VSR) des différents véhicules d’un parc automobile national donné,<br />

certaines précautions s’imposent en raison des écarts régionaux et nationaux en<br />

termes de modèles et de niveaux d’équipement. Les sites web des constructeurs et<br />

des pro<strong>du</strong>cteurs d’additifs peuvent fournir des données précieuses.<br />

Si une évaluation <strong>du</strong> type décrit ci-dessus établit que la récession des sièges de<br />

soupapes (VSR) est susceptible de constituer un problème dans un parc de<br />

véhicules donné, certaines stratégies sont envisageables, dont l’utilisation<br />

d’additifs anti-récession des sièges de soupapes (AVSR), à savoir :<br />

■ Les composés phosphoreux, qui ont prouvé leur haut degré de protection<br />

anti-récession des sièges de soupapes (AVSR) sont utilisés dans le carburant<br />

de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é (les composés au sodium, au manganèse<br />

et au potassium protègent également contre la récession des sièges de<br />

soupapes (VSR)). Les composés phosphoreux nuisent aux pots catalytiques.<br />

Les constructeurs de véhicules ne préconisent pas leur utilisation avec les<br />

voitures équipées de pot catalytique. Ces composés doivent être traités<br />

séparément dans la chaîne de distribution d’essence au même titre que<br />

l’essence <strong>plomb</strong>ée.<br />

■ Les métaux alcalins (sodium, potassium etc.) présentent un certain degré de<br />

protection contre la récession des sièges de soupapes (VSR). L’utilisation de<br />

métaux alcalins en fortes concentrations pour la protection anti-récession<br />

des sièges de soupapes (AVSR) a cependant révélé certains effets secondaires.<br />

Les deux effets les plus notables sont le collage des soupapes d’admission<br />

(susceptible d’intervenir à basse température dans des véhicules<br />

particulièrement sensibles et de con<strong>du</strong>ire à des difficultés de démarrage par<br />

temps froid) et la formation d’un flux corrosif de sels métalliques entraînant<br />

la brûlure des soupapes d’échappement et la corrosion à chaud des rotors de<br />

turbocompresseur. Sachant que le <strong>plomb</strong> exacerbe cet effet, les additifs antirécession<br />

des sièges de soupapes (AVSR) métalliques alcalins doivent être<br />

uniquement mélangés dans l’essence sans <strong>plomb</strong>. De plus, l’emploi de<br />

carburant de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é (LRG) contenant un additif


28<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Annexe 2 (suite)<br />

■<br />

anti-récession de sièges de soupapes (AVSR) métallique alcalin est<br />

susceptible de con<strong>du</strong>ire à l’utilisation par erreur de carburant non adapté<br />

dans certains marchés où les automobilistes permutent, sans en mesurer les<br />

conséquences, entre un carburant de substitution au carburant <strong>plomb</strong>é<br />

(LRG) de ce type et une essence <strong>plomb</strong>ée. Les carburants de substitution au<br />

carburant <strong>plomb</strong>é (LRG) et les essences <strong>plomb</strong>ées ne doivent donc pas être<br />

commercialisées dans les mêmes secteurs géographiques.<br />

Un composé au manganèse, le cyclopentadiénylmanganèsetricarbonyle<br />

(MMT) assure également une certaine protection anti-récession des sièges<br />

de soupapes (AVSR) et peut faire monter l’indice d’octane de 1 à 2 points en<br />

fonction de la quantité ajoutée<br />

L’effet « mémoire <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> »<br />

Dans un moteur fonctionnant à l’essence <strong>plomb</strong>ée, les dépôts de <strong>plomb</strong> sur les<br />

soupapes et leurs sièges sont simultanément érodés et regarnis par le carburant. Si<br />

un moteur a fonctionné un certain temps à l’essence <strong>plomb</strong>ée avant de passer à<br />

l’essence sans <strong>plomb</strong> (ULG), le début <strong>du</strong> processus de récession des sièges de<br />

soupapes (VSR) est retardé par la « mémoire <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> », c.-à-d. les dépôts de<br />

<strong>plomb</strong> incrustés dans les soupapes et les sièges. La <strong>du</strong>rée de cette mémoire dépend<br />

<strong>du</strong> mode de con<strong>du</strong>ite, à savoir : une con<strong>du</strong>ite paisible pratiquée dans des<br />

conditions de roulage varices peut prolonger l’effet pendant quelques milliers de<br />

kilomètres ; en revanche, cette mémoire disparaît quasi-instantanément en<br />

con<strong>du</strong>ite très rapide et forte charge moteur.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 29<br />

Annexe 3<br />

Les oxygénés et le passage à l’essence sans <strong>plomb</strong><br />

La présente Annexe montre essentiellement les effets sur les essences <strong>du</strong> MTBE.<br />

Les autres éthers (ETBE, TAME) ont des propriétés très similaires. Le tableau<br />

suivant donne quelques exemples d’oxygénés classiques.<br />

Oxygénés classiquement utilisés dans les essences<br />

Alcool<br />

Méthanol<br />

Ethanol<br />

IPA (isopropanol)<br />

Ether<br />

MTBE (méthyl-tert-butyléther)<br />

ETBE (éthyl-tert-butyléther)<br />

TAME (amyle-tert-méthyléther)<br />

L’utilisation des oxygénés dans l’essence est contrainte par :<br />

■ l’apport d’oxygène dans l’essence (c-à-d. l’appauvrissement chimique <strong>du</strong><br />

mélange carburant/air) ;<br />

■ la tension de vapeur <strong>du</strong> mélange (en cas d’ajout d’éthanol) ;<br />

■ les précautions de lutte anti-incendie dans les terminaux.<br />

En pratique, la teneur maximale en oxygène des essences doit être limitée à<br />

environ 2,7 pour cent de la composition globale <strong>du</strong> carburant, seuil au-delà<br />

<strong>du</strong>quel des problèmes de comportement routier sont à craindre avec les mélanges<br />

carburant/air pauvres. Plus la teneur en oxygène est élevée, plus le rapport<br />

carburant/air stœchiométrique est faible et plus le mélange essence/air est pauvre<br />

pendant la combustion dans le moteur. Les symptômes de ce problème de<br />

comportement routier sont un ralenti irrégulier, des hoquets, des à-coups ou des<br />

« trous » à l’accélération. Les modèles anciens sont plus susceptibles de connaître<br />

de tels problèmes de comportement que les nouveaux, dotés de capteurs<br />

d’oxygène implantés dans le système d’échappement.


30<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Annexe 3 (suite)<br />

Ces capteurs d’oxygène mesurent la teneur en oxygène à l’échappement et ajustent<br />

le mélange carburant/air de manière à ce que le moteur tourne à une valeur proche<br />

<strong>du</strong> rapport stœchiométrique, qui permet une combustion totale <strong>du</strong> carburant. Le<br />

tableau ci-dessous présente l’apport en oxygène de trois oxygénés (MTBE,<br />

méthanol et éthanol).<br />

Pourcentage d’oxygène dans l’essence finie<br />

% MTBE Méthanol Ethanol<br />

1 0.18 0.53 0.37<br />

2 0.36 1.06 0.73<br />

3 0.54 1.59 1.10<br />

4 0.72 2.12 1.47<br />

5 0.90 2.65 1.84<br />

6 1.08 3.19 2.20<br />

7 1.26 3.72 2.57<br />

8 1.62 4.78 2.94<br />

10 1.80 5.31 3.67<br />

12 2.17 6.37 4.41<br />

15 2.71 7.96 5.51<br />

Ce tableau montre clairement que le pourcentage de MTBE acceptable est<br />

supérieur à celui <strong>du</strong> méthanol et de l’éthanol. Un mélange à dix pour cent<br />

d’éthanol, dénommé « gasohol », est autorisé dans certains états des Etats-Unis.<br />

L’éthanol, et plus encore le méthanol, peuvent in<strong>du</strong>ire une corrosion <strong>du</strong> système<br />

d’alimentation en carburant, des problèmes de compatibilité avec les élastomères,<br />

des émulsions et une dissociation de phase avec l’eau. La vaste expérience<br />

accumulée grâce à l’utilisation de l’éthanol au Brésil et en Afrique <strong>du</strong> Sud au cours<br />

des vingt dernières années a toutefois démontré que les mélanges à l’éthanol<br />

peuvent être commercialisés avec succès en toute sécurité, sous réserve de certaines<br />

précautions dans la distribution, le réglage et l’entretien des véhicules.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 31<br />

A l’exception de certains véhicules spéciaux à polycarburation, les carburants<br />

additionnés de méthanol ne sont préconisés par aucun constructeur automobile ;<br />

leur utilisation invalide d’ailleurs de nombreuses garanties.<br />

De plus, en termes de pro<strong>du</strong>it (par opposition aux considérations<br />

environnementales), le MTBE est préféré aux alcools comme composant des<br />

essences en raison de son affinité inférieure avec l’eau. La contamination par l’eau<br />

a posé des problèmes dans le passé. S’il y a de l’eau dans le réservoir, l’alcool est<br />

extrait de la phase essence pour passer dans la phase aqueuse, in<strong>du</strong>isant certaines<br />

effets indésirables, à savoir :<br />

■ Baisse de l’indice d’octane en raison de la concentration inférieure d’alcool<br />

dans l’essence.<br />

■ A mesure que l’alcool est absorbé par la phase aqueuse (qui s’accumule au<br />

fond de la cuve puisque sa densité est supérieure à celle de l’essence), le<br />

volume de la phase eau-alcool augmente ; son niveau peut atteindre le tube<br />

d’aspiration et elle peut passer dans le réservoir <strong>du</strong> véhicule.<br />

■ Une phase eau-alcool importante dans le réservoir <strong>du</strong> véhicule est<br />

généralement aspirée par la pompe d’alimentation et provoque des<br />

soubresauts ou le calage <strong>du</strong> moteur.<br />

■ L’eau rési<strong>du</strong>elle contaminée par l’alcool provenant des cuves <strong>du</strong> système de<br />

distribution d’essence doit être traitée spécialement pour éliminer l’alcool.<br />

Les constructeurs de véhicules se sont jusqu’à présent montrés réticents quant à<br />

l’utilisation des oxygénés, particulièrement avec les systèmes de régulation des<br />

émissions les plus avancés, qui risquent de sous-compenser la présence d’oxygène<br />

additionnel dans le carburant. Ce phénomène peut nuire au comportement <strong>du</strong><br />

moteur et augmenter les émissions à l’échappement. Si des oxygénés sont utilisés, les<br />

constructeurs manifestent leur préférence pour les éthers plutôt que les alcools, bien<br />

que leur document conjoint, la « Charte mondiale <strong>du</strong> carburant » autorise l’emploi<br />

de l’éthanol sous réserve de certains paramètres (voir www.autoalliance.org). Dans<br />

certains pays comme le Brésil, les carburants à l’éthanol sont largement diffusés.


32<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Annexe 3 (suite)<br />

Des problèmes de comportement à chaud peuvent intervenir si la tension de<br />

vapeur (pression de vapeur Reid) <strong>du</strong> mélange essence/oxygénés n’est pas<br />

convenablement contrôlée.<br />

Les symptômes peuvent être la difficulté de démarrage à chaud, l’irrégularité <strong>du</strong><br />

ralenti, les surrégimes et les bouchons de vapeur (vapour lock) : les alcools, et<br />

particulièrement le méthanol, in<strong>du</strong>isent une très forte augmentation de la tension<br />

de vapeur de l’essence. La tension de vapeur de mélange <strong>du</strong> MTBE (50–60 kPa)<br />

est cependant inférieure à celle de l’essence finie, ce qui peut autoriser l’emploi<br />

d’un complément butane dans le mélange, sans dépassement de la spécification de<br />

tension de vapeur (RVP). Avec l’ETBE, la tension de vapeur (RVP) de mélange<br />

est encore inférieure.<br />

L’incidence sur le comportement routier et le rendement dépend des facteurs<br />

suivants : type de véhicule, composition <strong>du</strong> carburant, présence ou absence de<br />

<strong>plomb</strong> et méthode de test. Avec les essences contenant des oxygénés, les véhicules<br />

dépourvus de dispositif de contrôle des émissions à l’échappement, tels que les<br />

pots catalytiques, présentent une baisse de rendement, particulièrement si le<br />

moteur est réglé pour le mélange le plus pauvre possible, dans un souci<br />

d’économie et de protection de l’environnement.<br />

Convenablement entretenus et réglés, les véhicules doivent fonctionner<br />

normalement avec une teneur en MTBE de dix pour cent. Ils fonctionneraient<br />

probablement de façon satisfaisante avec quinze pour cent de MTBE.<br />

Les sensibilités—c.-à-d. les différences entre l’indice d’octane recherche (RON)<br />

et l’indice d’octane moteur (MON) des oxygénés—sont élevées. Lorsque le MON<br />

est un paramètre déterminant, un dépassement <strong>du</strong> RON nominal est à craindre<br />

(sur-qualité). Dans un tel cas, des composants de mélange à faible sensibilité<br />

(alkylats ou isomérats) peuvent être nécessaires.


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 33<br />

Annexe 4<br />

Options de raffinage pour la pro<strong>du</strong>ction d’essence sans <strong>plomb</strong><br />

La sélection des composants de mélange optimaux, permettant de garantir<br />

l’indice d’octane des nouvelles essences sans <strong>plomb</strong> (ULG), doit prendre en<br />

compte plusieurs paramètres, dont les plus importants sont:<br />

■ indice d’octane de mélange des nouveaux composants et volume nécessaire<br />

pour obtenir l’augmentation désirée ;<br />

■ incidence sur les autres spécifications de l’essence (volatilité, composition<br />

chimique) et garantie de performances satisfaisantes pour le véhicule ;<br />

■ disponibilité et coût des composants.<br />

Les coûts économiques et sociaux relevant des solutions alternatives telles que<br />

l’importation directe, la fourniture de carburants finis et l’utilisation de<br />

composants tels que le MTBE et d’additifs comme le MMT doivent également<br />

être évalués. En raison des différences de configuration entre les raffineries<br />

existantes, entre leurs situations économiques, entre leurs approvisionnements<br />

particuliers, il est quasiment impossible de formuler des directives générales à ce<br />

sujet ; le présent document couvre néanmoins, en termes génériques, les options<br />

offertes aux raffineries qu’elles soient simples ou complexes.<br />

Options pour raffineries simples<br />

La principale source d’octane des raffineries simples (distillation atmosphérique/<br />

reformage) est le reformage catalytique <strong>du</strong> naphta. Ces reformeurs sont des<br />

unités clefs, utilisées pour augmenter l’octane et fournir l’hydrogène nécessaire<br />

à l’hydrodésulfuration en cas de pro<strong>du</strong>ction de carburants à basse teneur en<br />

soufre. Les reformeurs peuvent être utilisés à différents niveaux de sévérité, et<br />

pro<strong>du</strong>isent typiquement des hydrocarbures aromatiques tels que le benzène, avec<br />

des indices d’octane recherche (RON) de 90 à 98. En leur état actuel, les<br />

raffineries de distillation atmosphérique/reformage simples risquent de ne pas<br />

pouvoir pro<strong>du</strong>ire d’essence sans <strong>plomb</strong> si des limites basses de teneur en<br />

hydrocarbures aromatiques sont mises en place simultanément à la suppression<br />

<strong>du</strong> <strong>plomb</strong>.


34<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Annexe 4 (suite)<br />

Pour pallier une telle situation, ces raffineries doivent considérer les options<br />

suivantes :<br />

■ Importation de méthy-tertio-butyléther (MTBE—voir Annexe 3) : le<br />

MTBE est un composant à indice d’octane élevé (indice de mélange RON<br />

de 115 à 120 selon la composition de l’essence à laquelle il est mélangé). Les<br />

raffineries de type distillation atmosphérique/reformeur doivent importer le<br />

MTBE puisque, ne comportant pas d’unité de craquage catalytique, elles ne<br />

disposent pas d’isobutylène pour alimenter leur propre fabrication de<br />

MTBE. Le MTBE étant généralement ajouté en volumes importants<br />

(habituellement dix pour cent) et généralement exempt de soufre, la baisse<br />

de la teneur en soufre constitue un avantage annexe.<br />

■ Construction d’une nouvelle unité d’isomérisation pour conversion des<br />

pentanes et hexanes à chaîne droite en hydrocarbures ramifiés, dont l’indice<br />

d’octane est nettement plus élevé. Ce procédé transforme efficacement le<br />

naphta léger de RON environ 65 en un isomérat à RON de 82 à 84 pour les<br />

unités sans recyclage d’effluents ou de RON 90 pour les unités avec<br />

recyclage d’effluents. Ces dernières sont cependant plus onéreuses.<br />

■ Transformation <strong>du</strong> reformeur à lit fixe en reformeur à régénération continue<br />

<strong>du</strong> catalyseur par ajout d’un nouveau four, de sections de circulation et de<br />

régénération <strong>du</strong> catalyseur. L’unité complémentaire permet la réalisation<br />

d’une étape dans l’augmentation d’octane, tandis que pour les reformeurs à<br />

lit fixe, les pressions de fonctionnement inférieures et la moindre sévérité<br />

tendent à diminuer les concentrations de benzène, sous réserve que les<br />

concentrations d’entrée des précurseurs de benzène soient maîtrisées. Le<br />

système UOP « CycleX » est un bon exemple de cette démarche.<br />

Ces mesures peuvent maintenir la teneur en hydrocarbures aromatiques de<br />

l’essence finie dans les limites actuellement acceptables. Elles ré<strong>du</strong>isent également<br />

la teneur en benzène de l’essence.<br />

Elles peuvent ne pas suffire si les teneurs en benzène requises sont très faibles.<br />

Dans ce cas, la teneur en benzène <strong>du</strong> reformat doit être ré<strong>du</strong>ite davantage en<br />

procédant de la manière suivante :


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 35<br />

■<br />

■<br />

Utilisation de charges d’alimentation de reformeur à point de coupe initial<br />

compris entre 85 et 90 degrés C plutôt que l’habituelle température de 65<br />

degrés C. Grâce à cela, une partie des précurseurs de benzène est dérivée<br />

vers la charge de l’unité d’isomérisation ou vers le naphta léger.<br />

Séparation <strong>du</strong> reformat, suivie d’une saturation en hydrogène <strong>du</strong> benzène<br />

contenu dans le reformat léger et d’une isomérisation à simple passe. Cette<br />

démarche est plus efficace (il ne reste qu’un pour cent de benzène dans le<br />

carburant, voire moins) et peut être appliquée à toute raffinerie, quelle que<br />

soit sa configuration. La phase d’isomérisation est nécessaire en raison de la<br />

perte d’environ 18 points de RON in<strong>du</strong>ite par la saturation <strong>du</strong> benzène (en<br />

cyclohexane), qui peuvent être en partie récupérés par isomérisation <strong>du</strong><br />

cyclohexane et des paraffines droites <strong>du</strong> reformat léger hydrotraité. La<br />

technologie Axens « Benfree » est un bon exemple de cette démarche.<br />

Options pour raffineries complexes<br />

Les unités de craquage catalytique (FCC) confèrent davantage de souplesse aux<br />

raffineries : elles peuvent en effet accroître la pro<strong>du</strong>ction globale d’essence tout<br />

en augmentant l’indice d’octane. Toutefois, seules les coupes essences légères et<br />

moyennes <strong>du</strong> FCC ont une valeur en tant que composants de mélange des<br />

essences. Les coupes essences lourdes <strong>du</strong> FCC ont une forte teneur en soufre et<br />

en hydrocarbures aromatiques, qui sont précisément les composants de plus en<br />

plus visés par la réglementation actuelle régissant les essences.<br />

Les raffineries complexes ont les moyens de tirer parti des avantages offerts par<br />

les coupes essences <strong>du</strong> FCC en terme de mélange d’octane en investissant dans<br />

des unités améliorant aussi bien les coupes légères que lourdes, à savoir :<br />

■ Les oléfines de l’essence légère FCC peuvent servir de charge d’alimentation<br />

pour les unités d’alkylation ou de pro<strong>du</strong>ction de MTBE. L’alkylat,<br />

composant de mélange à indice d’octane élevé sans hydrocarbures<br />

aromatiques et à faible tension de vapeur, est précieux en tant que<br />

composant des essences sans <strong>plomb</strong> (ULG).<br />

■ Les coupes d’essences lourdes FCC peuvent être hydrotraitées séparément<br />

des composants essence, ou utilisés en tant que charge d’alimentation pour<br />

un hydrocraqueur, si la raffinerie dispose d’un tel équipement.


36<br />

Élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong><br />

Annex 4 (continued)<br />

Globalement, les raffineries complexes disposent d’un vaste éventail d’options<br />

pour compenser la baisse d’octane occasionnée par la suppression <strong>du</strong> <strong>plomb</strong> : en<br />

effet, elles sont potentiellement capables d’utiliser toutes les options offertes aux<br />

raffineries simples, et celles apportées par la disponibilité d’essences FCC.<br />

Incidence sur l’équilibre hydrogène de la raffinerie<br />

Les considérations ci-dessous montrent que l’élimination <strong>du</strong> <strong>plomb</strong>, doublée de<br />

la nécessité de maintenir ou ré<strong>du</strong>ire la teneur en hydrocarbures aromatiques et en<br />

benzène de l’essence, exigent des changements substantiels dans les pratiques de<br />

pro<strong>du</strong>ction et de mélange d’essence dans la plupart des raffineries.<br />

Les observations suivantes sont constatées et généralement vérifiées dans la<br />

plupart des situations et des configurations de raffinerie passant à la pro<strong>du</strong>ction<br />

d’essence sans <strong>plomb</strong> (ULG).<br />

■ Le reformage intervient de moins en moins pour assurer l’indice d’octane<br />

nécessaire au mélange final.<br />

■ Les isoparaffines, alkylats et oxygénés sont de plus en plus utilisés.<br />

■ La teneur maximale en hydrocarbures aromatiques en général et au benzène<br />

en particulier constitue une plus forte contrainte de fabrication des essences.<br />

Tout cela implique une augmentation des quantités d’hydrogène nécessaires au<br />

fonctionnement de la raffinerie. Cet impératif provient de deux facteurs parallèles :<br />

d’une part, la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rôle relatif de la principale (et parfois unique) source<br />

d’hydrogène de la raffinerie, à savoir le reformeur, et, d’autre part, la tendance à<br />

l’augmentation de l’hydrotraitement des distillats afin de diminuer leur teneur en<br />

soufre. Ainsi, tandis que la quantité d’hydrogène pro<strong>du</strong>ite en interne diminue, sa<br />

consommation augmente, ce qui se tra<strong>du</strong>it par un besoin croissant<br />

d’investissements en installations de pro<strong>du</strong>ction d’hydrogène à forts coûts en<br />

capital et en énergie, pour compenser ce déséquilibre entre pro<strong>du</strong>ction et demande.<br />

A l’occasion d’une récente conférence sur le raffinage en Afrique subsaharienne,<br />

l’<strong>IPIECA</strong> a prié deux importants bailleurs de licence d’exprimer leurs vues quant<br />

aux options les moins coûteuses pour adapter les unités de raffinage (cliquez ici<br />

pour voir les présentations Axens et UOP).


Stratégies et ressources aval en matière d’élimination progressive de l’essence <strong>plomb</strong>ée 37


<strong>IPIECA</strong><br />

L’Association internationale de l’in<strong>du</strong>strie pétrolière pour la sauvegarde de<br />

l’environnement (<strong>IPIECA</strong>) est une organisation à but non lucratif, fondée en 1974<br />

pour faciliter la communication entre le Programme des Nations Unies pour<br />

l’environnement (PNUE) et l’in<strong>du</strong>strie pétrolière. Parmi ses membres, figurent des<br />

sociétés de pétrole et de gaz ainsi que des associations nationales, régionales et<br />

internationales. L’<strong>IPIECA</strong> bénéficie d’un statut officiel auprès de l’Organisation des<br />

Nations Unies (ONU), elle est la principale voie de communication de l’in<strong>du</strong>strie<br />

pétrolière avec les Nations Unies. Elle est la seule association représentant<br />

l’in<strong>du</strong>strie à l’échelle mondiale pour les questions environnementales et sociétales<br />

relatives à l’in<strong>du</strong>strie pétrolière<br />

Par le biais de divers groupes de travail, l’<strong>IPIECA</strong> aborde: l’organisations des moyens<br />

et de lutte en cas de marée noire, les changements climatiques mondiaux, la santé, la<br />

qualité des carburants, la biodiversité et la responsabilité sociétale. Dans le cadre<br />

d’un forum d’évaluation des questions stratégiques, l’<strong>IPIECA</strong> aide également ses<br />

membres à identifier les nouveaux problèmes mondiaux et à évaluer leur impact<br />

éventuel sur l’in<strong>du</strong>strie pétrolière. Ses programmes prennent totalement en compte<br />

les progrès internationaux réalisés en la matière; ils servent de forum de discussion<br />

et de coopération impliquant l’in<strong>du</strong>strie et les organisations internationales.<br />

International Petroleum In<strong>du</strong>stry Environmental Conservation Association<br />

5th Floor, 209–215 Blackfriars Road, London SE1 8NL, United Kingdom<br />

Tél. : + 44 (0) 20 7633 2388 Fax : + 44 (0) 20 7633 2389<br />

info@ipieca.org www.ipieca.org

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