You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
ÉTUDE DES CONSÉQUENCES DE L pagina 27 van 38<br />
mortifiés à l'idée d'attraper une maladie ou une tare du fait de leur acte. Par exemple, le<br />
fameux chercheur Havelok évoque le cas d'une femme mariée, tout à fait respectable et<br />
membre d'un mouvement de pureté sociale. En lisant un opuscule sur la masturbation,<br />
elle s'est rendu compte qu'elle s'était, sans le savoir, adonné à cette pratique. Comme le<br />
notait Ellis : "On a peine à décrire la profonde angoisse, le désespoir absolu de cette<br />
femme face à ce qu'elle croyait être la ruine morale de sa vie entière".<br />
Le sexologue Alfred Kinsey se plaignait, il y a un demi siècle, que les classifications<br />
scientifiques en matière de comportement sexuel étaient basées sur la théologie et non<br />
sur la biologie. En 1952, dans la première édition par l'Association Américaine de<br />
Psychiatrie du Manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux (DSM), des<br />
comportements sexuels comme la masturbation, l'homosexualité, la fellation, le<br />
cunnilingus et le nomadisme sexuel étaient considérés comme pathologiques, comme<br />
des formes de maladie mentale. D'innombrables homosexuels ont souffert de l'étiquette<br />
"perversion" que la profession médicale et le public en général collaient sur leurs désirs.<br />
En fait, l'histoire des comportements sexuels montre qu'on a généralement étiqueté les<br />
attitudes en fonction de la morale et non de la science, même si ce sont des<br />
scientifiques et non des profanes qui utilisent ces étiquettes : leur usage peut avoir des<br />
conséquences graves.<br />
Pour la science, abus signifie qu'un certain comportement peut entraîner des dommages.<br />
Les résultats obtenus pour les étudiants ayant vécu une expérience qualifiée d'ASE<br />
mettent en relief les doutes qui planent sur la pertinence de la construction abus sexuel sur<br />
sur enfant tel qu'il est défini et sur son utilisation dans les publications professionnelles.<br />
37% de ces sujets ont considéré, sur le moment, que cette expérience avait été positive.<br />
Dans les deux études chargées d'évaluer les effets perçus par le sujet lui-même, de 24 à<br />
37% d'entre eux ont estimé que leurs expériences d'ASE avaient eu un effet bénéfique<br />
sur leur vie sexuelle actuelle note 5 . Il est important de noter que les garçons qui avaient<br />
participé de leur plein gré à leurs épisodes d'ASE avaient le même équilibre<br />
psychologique que les sujets témoins. L'existence de réactions et d'effets positifs, de<br />
même que l'équilibre normal des participants volontaires, montrent qu'il n'est pas<br />
scientifiquement acceptable de placer ces garçons dans la catégorie des personnes<br />
abusées. Aucun dommage n'a résulté de leur expérience et il n'y a aucune raison<br />
scientifique de penser qu'il y en aura un jour. Par ailleurs, une minorité de garçons a<br />
fait part de réactions et d'effets négatifs; qui plus est, des expériences d'ASE indésirables<br />
ont pu être associées à des problèmes d'équilibre général. Pour ces étudiants, le terme<br />
abus parait beaucoup plus justifié.<br />
Certains chercheurs, après avoir évalué leurs résultats, ont remis en question leur<br />
définition de départ de l'abus sexuel. Fishman, par exemple, définissait l'abus sexuel<br />
pour les garçons principalement en fonction de la différence d'âge (c'est à dire des<br />
rapports entre un garçon de 12 ans ou moins et un aîné d’au moins 5 ans de plus, ou<br />
entre un garçon de 13 à 16 ans et un aîné d’au moins 10 ans de plus). Il estimait que la<br />
différence d'âge impliquait de telles inégalités en termes de maturité et de<br />
connaissances qu'il ne pouvait y avoir que brimade de la part du plus âgé. Il a trouvé<br />
que les garçons de son étude ayant vécu des expériences d'ASE ne se distinguaient pas<br />
des sujets témoins dans les mesures d'équilibre, et qu'ils faisaient part de réactions très<br />
diverses à leurs expériences d'ASE (en général positives ou neutres). Des interviews en<br />
file://G:\Microsoft FrontPage\webs\ipceweb\Library\etude.htm 10-3-01