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PARIS - Institut Jean-Marie Lustiger

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<strong>PARIS</strong> ~<br />

NOTREDAMEw<br />

f<br />

E NT R<br />

Le baptême. Aujourd'hui, faire baptiser<br />

des petits enfants pose aux parents des questions<br />

d'éducation, de choix, de liberté et<br />

responsabilité. De plus, tout adulte chrétien<br />

qui s'interroge sur le sens de sa vie, sur<br />

sa place dans l'Eglise ou sur l'Eglise elle-même<br />

est immanquablement ramené au baptême,<br />

acte d'enfantement de chaque chrétien et<br />

de l'Eglise entière.<br />

Si pour devenir chrétiens nous sommes<br />

baptisés, c'est parce que Jésus lui-même<br />

a voulu être baptisé, aussi étrange que cela<br />

parût au Baptiste: "C'est moi qui ai besoin<br />

d'être baptisé par toi!" (Mt 3, 14).<br />

***<br />

Dans les eaux du Jourdain ou à Ainôn (Jn<br />

3, 23), pourquoi <strong>Jean</strong> appelait-il à recevoir<br />

un "baptême de conversion en vue du pardon<br />

des péchés" (Le 3, 3; cf. aussi Ac 13, 24)?<br />

A juste titre, on a mis en valeur l'aspect<br />

symbolique d'enfouissement dans l'eau, lieu<br />

de la mort et de la vie. On a souligné les<br />

fréquentes ablutions de purification pratiquées<br />

dans le judaisrne et ses divers mouvements<br />

spirituels contemporains du Christ. Cela<br />

ne suffit pas pour comprendre pourquoi<br />

<strong>Jean</strong> baptise.<br />

Dans le baptême donné par <strong>Jean</strong> il s'agit<br />

d'un rite d'immersion encore aujourd'hui<br />

en usage dans la tradition juive pour intégrer<br />

dans l'Alliance que Dieu a conclue avec<br />

son peuple, Israël, ceux qui n'en font pas<br />

partie par la naissance.<br />

Mais <strong>Jean</strong> ne s'adresse pas à des paiens.<br />

Il propose le baptême à des Juifs conscients<br />

de leur élection: "Nous avons pour père<br />

Abraham" (Mt 3, 9). Pourquoi, alors qu'ils<br />

sont membres du peuple de l'Alliance, <strong>Jean</strong><br />

les enjoint-il de se soumettre à ce rite d'entrée?<br />

Pour qu'ils reconnaissent par l'aveu<br />

de leur péché qu'ils ont rompu l'Alliance,<br />

qu'ils n'en sont pas dignes, tel le fils prodigue<br />

de la parabole: "Je ne mérite plus d'être<br />

appelé ton fils" (Lc 15, 21).<br />

Jésus à son tour va jusqu'au Jourdain auprès<br />

de son cousin <strong>Jean</strong>-Baptiste qui, sous la<br />

motion de l'Esprit, le désignera: "Voici l'Agneau<br />

de Dieu qui enlève le péché du monde"<br />

(Jn 1, 29), celui, donc, qui porte à son achèvement<br />

le rite sacrificiel de l'Alliance.<br />

LE BAPTEME (1)<br />

LE "BAPTEME" DE JESUS<br />

"C'est lui, dit encore <strong>Jean</strong>, qui baptise<br />

dans l'Esprit Saint" (Jn 1, 33).<br />

Pour "accomplir toute justice" (Mt 3, 15),<br />

Jésus le Juste se met au rang des pécheurs<br />

et se fait baptiser dans l'eau. Par cette<br />

démarche, il inaugure la réconciliation définitive<br />

du peuple avec Dieu, l'Alliance nouvelle<br />

qui, de la Cène à la Croix, sera scellée par<br />

son Sang. Ici, elle est déjà annoncée rituellement,<br />

confirmée par l'Esprit qui descend<br />

sur lui et par le père qui révèle son "Fils,<br />

bien-aimé", celui qu'Il ressusci tera d'entre<br />

les morts.<br />

***<br />

Jésus nomme "baptême" sa passion, l'épreuve<br />

de sa mort, l'offrande de sa vie:<br />

. "C'est un feu que je suis venu apporter<br />

'sur la terre.: C'est un baptême que j'ai<br />

à recevoir et comme cela me pèse jusqu'ô<br />

ce qu'il soit accompli!" (Le 12, 49-50).<br />

. Et aux fils de Zébédée il prédi t: "La coupe<br />

que je vais boire, vous la boirez et du baptême<br />

dont je vais être baptisé, vous serez baptisés"<br />

(Mc 10, 39). Jésus lui-même, ayant rendu<br />

grâce et donnant la coupe à ses disciples,<br />

dira: "Ceci est mon Sang de l'Alliance ... "<br />

(Mt 26, 28 et Mc 14, 24).<br />

Jésus parle ainsi non par analogie de langage<br />

(plongée dans les eaux de la mort, ete.),<br />

ni par identification symbolique (les eaux<br />

de la Mer Rouge). En offrant sa vie à la<br />

Cène, en accomplissant son sacrifice jusqu'à<br />

la résurrection et le don de l'Esprit, Jésus<br />

scelle en sa plénitude l'Alliance éternelle,<br />

l'Alliance dans l'Esprit Saint annoncée par<br />

les prophètes. Sa mort et sa résurrection<br />

sont le baptême qu'il reçoit et auquel il<br />

faut avoir part pour entrer dans l'Alliance.<br />

***<br />

Ceux qui aujourd'hui sont baptisés reçoivent<br />

donc le baptême pour la rémission des péchés<br />

qui est aussi le baptême dans l'Esprit Saint.<br />

Ils sont plongés avec le Christ dans le baptême<br />

qu'il a reçu au Jourdain et accompli par<br />

son sacrifice.<br />

"Nous tous, baptisés en Jésus-Christ, c'est<br />

dans sa mort que nous avons été baptisés ...<br />

afin que, comme Christ est ressuscité des<br />

morts par la gloire du Père, nous menions<br />

nous aussi une vie nouvelle" (Rm 6, 3-4).<br />

•<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame le mercredi 8 janvier 1986)<br />

<strong>Institut</strong> .Iean·<strong>Marie</strong> <strong>Lustiger</strong>


<strong>PARIS</strong> ~<br />

NOTREDAME~<br />

LE BAPTEME (2J<br />

GRANDS-PARENTS, PATIENTEZ DE LA PATIENCE DE DIE<br />

Le plus souvent le baptême est donné<br />

à des petits enfants. Il est vécu comme<br />

un événement familial de très grande importance,<br />

plein de joie et d'espoir, peut-être<br />

plus intériorisé que le mariage. Mais que<br />

de questions à ce propos ! La génération<br />

des grands-parents sait, comprend, désire<br />

qu'un nouveau-né soit présenté à Dieu pour<br />

recevoir la grâce de la vie divine. Combien<br />

ont le coeur serré quand certains des parents<br />

reculent, voire refusent ce baptême ! Les<br />

uns mettent en cause pour eux-mêmes<br />

cet engagement ; les autres préfèrent attendre<br />

que leur enfant soit devenu capable<br />

de choisir par lui-même le baptême.<br />

Aujourd'hui, je m'adresse à vous, les plus<br />

anciens. Quand vos enfants rompent avec<br />

votre tradition familiale, quand ils refusent<br />

à vos petits-enfants la nouvelle naissance<br />

des enfants de Dieu, vous vous interrogeze-<br />

"N'avons-nous pas échoué sur l'essentiel<br />

en élevant nos enfants ?". Vous vous faites<br />

ou recevez des reproches sévères et probablernent<br />

injustes. Parfois, vous vous demandez<br />

si vous ne payez pas sur le tard d'anciennes<br />

erreurs ... Ou, loyalement, vous ne voyez<br />

pas comment vous auriez dû ou pu agir<br />

autrement.<br />

Alors pourquoi ?<br />

***<br />

Je ne répondrai pas à cette question. Je<br />

veux seulement vous dire une parole d'espérance.<br />

A l'égard de ces fils et filles, puis<br />

de ces petits-fils et petites-filles que Dieu<br />

aime et qu'il vous a donnés, ayez la patience<br />

de Dieu.<br />

Souvenez-vous de la parabole de Jésus<br />

sur "la semence jetée en terre qui germe<br />

et grandit on ne sait commmerit" (Mc 4,<br />

26). Vous ignorez quels fruits portera ce<br />

qui a été transmis gratuitement, dans la<br />

fidélité à l'amour de Dieu. Quand il voudra,<br />

comme il voudra, le Seigneur fera lever<br />

la moisson.<br />

Ne désespérez pas de Dieu. Ne mesurez<br />

ni la fécondité du don de Dieu ni les résultats<br />

de l'éducation de la foi selon les rythmes<br />

de l'éducation scolaire ou d'une carrière<br />

professionnelle! De quel droit pour un jeune<br />

de 10, 13, 15, 18 ans, au commencement<br />

de sa rencontre avec Dieu: "C'est raté!"-<br />

comme un examen-parce qu'après le baptême,<br />

la communion, la confirmation, il largue<br />

tout (semble-t-il) emporté par les remous<br />

de l'adolescence, les passions de la jeunesse,<br />

la dureté de la vie? Dieu, lui, ne donne<br />

pas des rendez-vous à âges fixes, suivant<br />

un itinéraire programmé ...<br />

La patience de Dieu est infinie et les<br />

chemins qu'il emprunte sont souvent déconcertants.<br />

Obstinément, persévérez dans<br />

la prière. Rappelez-vous sainte Monique.<br />

Un être humain change. "Tout est possible<br />

à Dieu" (Mc 10, 27) et "tout contribue au<br />

bien de ceux qu'il aime (Rm 8, 28)<br />

***<br />

C'est pourquoi je voudrais pouvoir ôter<br />

de votre esprit, de votre coeur, de votre<br />

mémoire toute amertume inutile, toute<br />

culpabilité paralysante, tout désespoir.<br />

Dieu sait votre souffrance. Avec foi et<br />

joie cependant, prenez l'étroit chemin<br />

de l'amour patient et fidèle pour rejoindre<br />

ce fils, cette fille si éloignés apparemment<br />

de ce que vous souhaitez, et ces petits<br />

enfants ignorant tout de Dieu. Vous ne<br />

savez pas ce que Dieu leur permettra de<br />

vivre. Au delà de votre mort peut-être;mais,<br />

dans la miséricorde de Dieu et la communion<br />

de l'Eglise, comme jamais et à tout jamais,<br />

vous leur serez présents.<br />

Si vous vivez ainsi, vous connaîtrez la<br />

vraie liberté des disciples du Christ. Dans<br />

le silence souvent, le respect toujours. Vos<br />

enfants le sentiront. Sans les excéder ni<br />

outrepasser leur volonté, vous saurez et<br />

oserez dire avec sérénité ce que vous portez<br />

au fond du coeur. Et pour ces petits enfants<br />

non baptisés, vous serez le grand-père,<br />

la grand 'mère, le grand-oncle, la grand'tante<br />

qui, dans l'amour de Dieu, témoigne de<br />

cet amour. Vous pourrez leur faire comprendre<br />

que le père des cieux les aime<br />

comme des frères et des soeurs de Jésus<br />

et que la vie au souffle de l'Esprit Saint<br />

est belle.<br />

Avancez dans l'espérance. Tant de découvertes<br />

ne se font que plus tard, après tant<br />

et tant de détours (allez savoir s'ils pouvaient<br />

être économisés l), Et la bonté, la foi,<br />

la patience ne sont jamais perdues. Vos<br />

enfants, vos petits-enfants garderont de<br />

vous ce que Dieu aura dit par vous et fait<br />

de vous, presque à votre insu, de par sa<br />

grgce.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame, le mercredi 15 janvier 1986)<br />

<strong>PARIS</strong><br />

~rOOI<br />

NOTRE DAlv\ECoil'\N° 108


<strong>PARIS</strong> ~<br />

NOTREDAME~<br />

LE BAPTEME (3)<br />

PARENTS, QUE DEMANDEZ-VOUS? - LE BAPTEME.<br />

QUE PROCURE LE BAPTEME ? - LA FOI.<br />

TI EN<br />

Parents, vous hésitez à faire baptiser votre<br />

enfant. Pourquoi? Par réaction envers l'éducation<br />

que vous avez reçue? Le baptême qui<br />

vous a été donné à la naissance comme une<br />

grâce par le choix de vos parents, vous l'avez<br />

plus tard ressenti comme une contrainte.<br />

Vous avez connu crise et révolte. Ou bien<br />

encore êtes-vous devenus incertains dans<br />

votre adhésion à la foi, déconcertés par<br />

les changements successifs de l'Eglise. Vous<br />

vous sentez sans repère, sans communauté,<br />

sans compagnon de route dans cette marche<br />

vers Dieu.<br />

Mais à l'inverse, vous hésitez tout autant<br />

à rompre une chaîne, une transmission. Certains<br />

de vous disent: "Je voudrais que mon<br />

enfant reçoive de l'Eglise ce que j'ai reçu,<br />

même si moi je n'y adhère pas ... "<br />

Par votre hésitation vous mettez le doigt<br />

sur une réalité essentielle: baptême et foi<br />

sont corrélatifs, inséparables, ils naissent<br />

l'un de l'autre. Au point qu'il est exact de<br />

dire que la foi est le fruit du baptême~ porte<br />

d'entrée de la vie chrétienne et acces aux<br />

autres sacrements. Surprenant, n'est-ce<br />

pas?<br />

Dès la prerrnere<br />

***<br />

génération chrétienne,<br />

le baptême est donné sans hésitation aux<br />

petits enfants. Voyez dans Les Actes des<br />

ApÔtres 00, 2. 48; 16,15. 33; 18, 8) les mentions<br />

du baptême d'un adulte "avec toute<br />

sa maison" ou "avec tous les siens" et donc<br />

aussi les tl ès jeunes enfants.<br />

L'enfant baptisé reçoit en lui la foi comme<br />

un germe de liberté que l'Esprit Saint agissant<br />

en lui et par l'Eglise va éveiller, déployer,<br />

nourrir. C'est parce qu'il a été choisi par<br />

Dieu "dès le sein de sa mère" (comme <strong>Jean</strong>,<br />

Jésus •.. ), qu'il a reçu le pouvoir de choisir<br />

librement la volonté de Dieu au long de<br />

sa vie.<br />

***<br />

L'adulte qui demande le baptême est à<br />

la recherche de Dieu. Plus ou moins clairement<br />

il espère de cette naissance le don de la<br />

foi inébranlable. La liturgie avait une conscience<br />

vive de cette situa tion spiri tuelle<br />

que le dialogue initial avec le prêtre suppose:<br />

"Que demandez-vous à l'Eglise de Dieu? -<br />

Le baptême. - Que vous procure le baptême?<br />

- La foi".<br />

La pratique ancienne du catéchuménat<br />

met en évidence ce lien foi/baptême. Les<br />

hommes et les femmes attirés par Dieu<br />

désireux d'être baptisés pour être unis au<br />

Christ mort et ressuscité et devenir par<br />

la force de l'Esprit Saint enfants du Père<br />

des cieux, étaient inscrits dans l'ordre des<br />

catéchumènes et présentés à l'évêque, le<br />

plus souvent au début du Carême. Leur<br />

instruction visait surtout à les conforter<br />

dans ce "retournement" de toute leur existence,<br />

à tester leur conversion à Dieu le<br />

Père par Jésus-Christ, le Fils unique, et<br />

~ soutenir leur lutte contre l'esclavage du<br />

Malin.<br />

Le baptême, à la vigile pascale, les faisait<br />

entrer dans la foi de l'Eglise, dans sa communion<br />

d'amour. Et grâce au don de l'Esprit<br />

Saint ils pouvaient alors être instruits de<br />

tous les mystères du Royaume des cieux.<br />

C'est, en effet, seulement après leur baptême<br />

qu'ils étaient initiés à toute la vie chrétienne.<br />

Notamment à l'Eucharistie qui ne se célébrait<br />

qu'avec les baptisés. (On a longtemps appelé<br />

"messe des catéchumènes" la liturgie de<br />

la Parole après quoi ceux-ci étaient priés<br />

de se retirer).<br />

***<br />

Loin d'attendre que la lumière de la foi<br />

ait appurté une connaissance sur l'ensemble<br />

du mystère de Dieu, le baptême est donné<br />

au contraire pour permettre d'y accéder<br />

en plénitude. Il faut être "re-né". Or, on<br />

naît à la foi en naissant parte sacrement<br />

de baptême.<br />

La foi est une grâce qui nous façonne,<br />

une action de Dieu qui nous saistt et nous<br />

transforme. Elle demande tout notre consentement<br />

et tout notre effort pour que les<br />

yeux morts voient la Lumière, que les oreilles<br />

sourdes entendent la Parole de Dieu, pour<br />

que les membres paralysés osent s'avancer<br />

debout à la suite du Christ.<br />

Foi et sacrement de baptême sont un enfantement.<br />

Le petit enfant présenté à l'Eglise<br />

pour recevoir le baptême doit être "enfanté<br />

spirituellement", La place prépondérante<br />

donnée aux parents dans la nouvelle liturgie<br />

du baptême des petits enfants en est le<br />

signe.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre-Dame, le mercredi 22 janvier 1986)<br />

<strong>PARIS</strong><br />

fll...1iiJ<br />

NarRE DAME(~,·i N° 109


<strong>PARIS</strong> ~<br />

NOTREDAME~<br />

LE BAPTEME (4)<br />

PARENTS, QUEL NOM AVEZ-VOUS CHOISI?<br />

Autrefois, pour la célébration des baptêmes,<br />

l'Eglise locale se réunissait autour de l'Evêque<br />

le samedi-saint. Aujourd'hui, c'est le plus<br />

souvent une cérémonie familiale. Cela n'est<br />

pas contraire au sens du baptême puisque<br />

la famille est "comme l'Eglise d'une<br />

maisonnée" ("velut Ecclesia domestica"<br />

dit Lumen Gentium §11). Ainsi toute la<br />

famille est rassemblée. Et vous, parents,<br />

vous portez votre bébé.<br />

Un doute demeure peut-être en vous m'allezvous<br />

pas empiéter sur la démarche de votre<br />

enfant? Vous devez respecter sa liberté.<br />

Vous ne le ferez qu'en respectant ce que<br />

Dieu attend de vous. Votre enfant a reçu<br />

sa liberté depuis que, père et mère, vous<br />

l'avez conçu. Dès le premier instant de sa<br />

vie, tout va compter pour que se déploie<br />

et se contruise ce qu'il est déjà. Le petit<br />

homme est doué d'une richesse inouie de<br />

perception, de mémorisation, d'intelligence.<br />

Sa croissance organique intègre en une prodigieuse<br />

activité dépendante de ses parents<br />

tout ce qui constitue concrètement sa personne.<br />

La liberté de l'enfant est ce pouvoir d'intégration.<br />

De la sorte, tout ce qui lui est donné<br />

comme une détermination (son père et sa<br />

mère, son héritage génétique,le lieu et la<br />

date de naissance, son pays, sa langue, son<br />

environnement, etc) tout cela devient comme<br />

les composantes de sa liberté. Occasion<br />

non de "maudire", tel Job (3, 1 sq), le jour<br />

de son enfantement, mais de "naître" chaque<br />

jour à. partir de ce donné irrévocable, en<br />

se constituant suj~t singulier, ..mique au<br />

monde et pourtant frere de tous les hommes.<br />

***<br />

Quand le prêtre vous demande: "Quel nom<br />

avez-vous choisi pour votre enfant?", l'Eglise<br />

ne se livre pas à une vérification d'identité;<br />

mais elle authentifie votre conscience d'avoir<br />

enfanté de votre chair un être créé à l'image<br />

de Dieu, cette personne singulière, unique<br />

au monde parmi la multitude de ses semblables.<br />

Vous n'êtes pas, vous le père, une banque<br />

de sperme; vous la mère, une porteuse. Vous<br />

êtes les parents. Et par ce geste spirituel,<br />

vous donnez son nom à l'enfant et le confiez<br />

à la mémoire de l'Eglise, vous poursuivez<br />

votre acte d'enfantement.<br />

Dans la Bible, en effet, donner un nom<br />

c'est dire qui est quelqu'un, le faire exister<br />

devant soi. Souvenez-vous de Dieu nommant<br />

Adam et Adam nommant Eve. Souvenezvous<br />

d'Abraham et de Simon-Pierre. Par<br />

le nom donné vous manifestez que vous<br />

transmettez à votre enfant un appel à<br />

l'existence pour qu'il vive sa vocation de<br />

personne voulue de Dieu, aimée de Dieu.<br />

Bref, par votre réponse à cette première<br />

question de la liturgie baptismale, parents,<br />

vous reconnaissez sa qualité d'enfant de<br />

Dieu, sa place dans le dessein de Dieu.<br />

Le choix du nom est l'affaire de chaque<br />

couple, de chaque famille. Mais l'Eglise<br />

tient à cette autre parenté, spirituelle,<br />

en demandant de donner le nom d'un saint,<br />

d'une sainte que déjà elle vénère.<br />

***<br />

Cet enfantement dans la foi exige de vous,<br />

parents, un double devoir .<br />

. D'abord, priez sans cesse pour cet enfant;<br />

"portez-le" spirituellement. De même que<br />

l'Eglise portait-et porte- en son sein maternel<br />

les catéchumènes. Autrefois, en une<br />

grande retraite prébaptisrnale, toute la<br />

communauté chrétienne soutenait par la<br />

prière et le jeûne les futurs baptisés.<br />

Ensuite, vivez vous-mêmes de la foi.<br />

La petite enfance, voire les mois de gestation<br />

comptent autant que l'éducation ultérieure.<br />

L'amour dans lequel vous allez vivre cette<br />

attente, cet enfantement, est le plus beau<br />

don que vous puissiez faire à l'enfant que<br />

vous portez.<br />

Jeunes mères, jeunes pères, puissiez-vous<br />

connaître la joie de croire et de prier, d'aimer<br />

Dieu, d'espérer en sa tendresse infinie et<br />

d'être en communion avec lui. Cela sera<br />

transmis à votre petit enfant comme malgré<br />

vous, mais par vous, dans la surabondance<br />

de la grâce de Dieu et de son Espri t, en<br />

Notre Seigneur Jésus-Christ.<br />

Car "Il nous a choisis en lui avant la<br />

fondation du monde pour que nous soyons<br />

saints et irréprochables sous son regard<br />

dans l'amour; Il nous a prédestinés à être<br />

pour lui des fils adopUfs"(Eph 1, 4-5).<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre-Dame le mercredi 29 janvier 1986.<br />

<strong>PARIS</strong><br />

\,>-,'OlI<br />

NarRE DAME~S,i N° III


M<br />

<strong>PARIS</strong><br />

NOTRE DAME~<br />

LE BAPTEME (5)<br />

LA COMMUNAUTE CHRETIENNE T'ACCUEILLE.<br />

EN SON NOM, JE TE MARQUE DU SIGNE DE LA CROIX.<br />

Après que vous lui ayez dit le nom de votre<br />

enfant, le prêtre vous interroge:<br />

. "Vous demandez le baptême pour votre<br />

enfant. Vous devrez l'éduquer dans la [ai<br />

et lui apprendre à garder les commandements<br />

pour qu'il aime Dieu et son prochain comme<br />

le Christ nous l'a enseigné. Etes-vous conscients<br />

de cela?". A cette question d'une<br />

redoutable exigence, vous pouvez cependant<br />

répondre en toute vérité:<br />

. "Oui, nous le sommes", même si vous<br />

n'êtes pas très assurés de "votre" fidélité<br />

chrétienne. Car c'est non seulement vous,<br />

les parents - aidés du parrain et de la marraine<br />

- qui êtes responsables de cet enfant, mais<br />

toute l'Eglise. En effet, aussitôt, le prêtre<br />

s'adressant à votre bébé l'appelle par son<br />

nom et lui dit:<br />

. "La comrnuncuré chrétienne t'accueille<br />

avec joie". L'enfant "entend" ces mots alors<br />

qu'il ne les "comprend" pas. Ces mots sont<br />

une promesse sur laquelle un jour l'enfant<br />

pourra s'appuyer pour répondre à l'Eglise:<br />

"Me voici".<br />

."En son nom, ajoute le prêtre joignant<br />

le geste à la parole, E te marque de la croix,<br />

le signe du Christ notre Sauveur". Le prêtre<br />

agit le premier comme ministre ordonné<br />

de l'Eglise entière. Ensuite: "Et vous, parents,<br />

après moi ... ", il vous invite ainsi que les<br />

parrain et marraine, et, pourquoi pas?, la<br />

famille et tous ceux qui sont proches de<br />

cet enfant par l'affection et la foi, à faire<br />

le même signe de croix sur son front. Prendre<br />

la responsabilité de l'avenir chrétien de<br />

cet enfant appartient en premier lieu aux<br />

parents, c'est sûr. Mais aussi à toute sa<br />

famille. Et en même temps à toute l'Eglise.<br />

Voilà ce que signifie ce geste.<br />

***<br />

Le nom de baptême désigne votre enfant<br />

comme une personne singulière. Le signe<br />

de la croix tracé sur lui révèle l'autre face<br />

de son identité personnelle. Votre petit,<br />

à nul autre pareil, est du Christ, au Christ;<br />

il ne fait qu'un avec ïe Christ. Il devient<br />

lui-même en devenant "un même être avec<br />

Jésus-Christ".<br />

Le signe de la croix est le signe de reconnaissance<br />

du Seigneur qui fait passer des ténèbres<br />

et de la servitude à la lumière, à l'espérance,<br />

à la liberté et à la joie des fils et filles de<br />

Dieu. Souvenez-vous du signe avec le sang<br />

de l'agneau sur les linteaux des portes en<br />

Egypte pour que vivent les nouveau-nés<br />

des Hébreux (Ex 12,7-13). Souvenez-vous<br />

du signe de sauvegarde et de reconnaissance<br />

inscrit sur le front des serviteurs de Dieu,<br />

comme le prophétise Ezéchiel (9,4); ils sont<br />

marqués du sang de l'Agneau, comme l'évoque<br />

saint <strong>Jean</strong> dans l'Apocalypse (7,3). Je vous<br />

l'ai déjà dit (cf. PND n042: "Le signe de<br />

la croix, la manière la plus simple de prier").<br />

L'enfant qui va être baptisé reçoit le signe<br />

de la vie, il devient comme la part de Dieu<br />

qui le prend pour le faire vivre. de sa vie<br />

et de sa sainteté.<br />

Par ce signe de la croix, la famille de cet<br />

enfant devient innombrable. Parents, vous<br />

n'êtes plus seuls, vous êtes entourés de l'immense<br />

"famille" de Dieu. Et votre enfant<br />

reçoit pour frères et soeurs la foule immense<br />

de tous ceux et de toutes celles qui ne font<br />

qu'un avec le Christ dans l'Esprit: les vivants<br />

et les morts, ceux qu'il connaîtra un jour<br />

et ceux qu'il ne connaîtra jamais si ce n'est<br />

dans le face-à-face de l'amour du Père<br />

des cieux.<br />

***<br />

. "Entre dans la maison de Dieu afin d'avoir<br />

part avec le Christ pour la vie éternelle".<br />

A cette invitation du prêtre, la famille<br />

rassemblée fait franchir au bébé le seuil<br />

de l'église. Antique geste rituel lourd de<br />

signification. La communauté familiale<br />

qui en vos bras porte l'enfant le fait pénétrer<br />

dans l'église en pierre; celle-ci ne représente<br />

pas seulement une communauté paroissiale<br />

et son histoire particulière, mais l'Eglise<br />

en sa totalité, sa catholicité.<br />

Le baptême est l'entrée dans l'Eglise.<br />

(Extrait de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre-Dame, le mercredi 5 février '1986)


<strong>PARIS</strong> ~<br />

NOTRE DAME~<br />

N<br />

TI E N<br />

UN PARRAlNAGB<br />

.,<br />

LB BAPTHMB (6)<br />

TISSB DB FOI D'ABORD<br />

BT D'AMITIÉ.<br />

-<br />

Le nouveau rituel du baptême des petits<br />

enfants met en valeur la mission des parents.<br />

Il faut réfléchir à frais nouveaux sur le choix<br />

des parrain et marraine. Car leur mission<br />

demeure importante. Dans le baptême donné<br />

à des adultes il apparaît clairement que<br />

le parrain et la marraine des catéchumènes<br />

sont en somme leur père et leur mère en<br />

Dieu, avec un rôle irremplacable, différent<br />

de celui du prêtre ou de l'évêque célébrant,<br />

et de la communauté ecclésiale. Chacun,<br />

pour sa part, au nom de Dieu, a sa place<br />

dans cet enfantement spirituel qu'est le<br />

baptême.<br />

Pour votre bébé, choisissez un parrain<br />

et (ou) une marraine qui soient non "un<br />

substitut" (au cas où vous disparaissiez!),<br />

mais des témoins dans la foi.<br />

Qu'ils soient pour vous, parents, des<br />

interlocuteurs et un appui dans l'éducation<br />

chrétienne que vous avez promise au moment<br />

du baptême;<br />

. et, pour votre enfant, des éducateurs<br />

privilégiés à côté de vous, du maître d'école,<br />

de la catéchiste, du prêtre, etc. Chaque<br />

enfant a besoin de plusieurs adultes à qui<br />

se référer comme modèle, repère. Son père<br />

et sa mère sont nécessaires mais non<br />

suffisants.<br />

Un parrainage chrétien ne se réduit pas<br />

aux cadeaux traditionnels, fût-ce la médaille<br />

de baptême ou le missel de la communion.<br />

***<br />

Ce principe admis, la réalité est souvent<br />

différente! Jeunes parents, vous avez choisi<br />

pour parrain, marraine vos amis d'aujourd'hui<br />

à la fo.i tl"ès "veillante" .. comme dit saint<br />

François de Sales. Mais les aléas de l'existence<br />

risquent de vous en éloigner. Dans dix, quinze<br />

ans, seront-ils à proximité, au moment voulu,<br />

quand leur filleul sera en pleine croissance<br />

ou en pleine crise?<br />

Et la grand'mère, le<br />

profondément croyants auront<br />

quitté ce monde quand votre<br />

dix-huit ans.<br />

Ou bien. des convenances familiales<br />

(systématiquement l'oncle, la tante, le frère<br />

ame, la grande soeur), des liens d'affection,<br />

d'amitié que vous voulez exprimer ou renforcer<br />

vous font choisir des chrétiens peu convaincus,<br />

parfois non croyants, ou même des parents<br />

ou amis non baptisés. Bref, dans l'impossibilité<br />

d'élever avec vous vos enfants dans la foi.<br />

Comment remédier à ces difficultés?<br />

***<br />

Voici une solution qui vous surprendra<br />

peut-être. Elle m'est venue à l'esprit en<br />

discutant avec de jeunes foyers. Pour le<br />

mariage la coutume existe d'un premier.<br />

deuxième, troisième témoin. Pourquoi ne<br />

pas introduire une coutume semblable dans<br />

le parrainage? Choisissez comme parrain<br />

et marraine au sens strict, tel que le demande<br />

l'Eglise, des chrétiens solides qui puissent<br />

devenir vraiment garants de l'éducatIOn<br />

chrétienne de votre enfant, témoins auprès<br />

de lui et de vous de la foi au Christ Jésus.<br />

Et tel ami, tel parent très cher, mal ou<br />

pas croyant,prenez-le comme parrain ou<br />

marraine d'honneur pour un filleul ou une<br />

fIlleule de coeur. Rien n'empêche même<br />

qu'ils puissent signer les registres de baptême<br />

à titre de témoins<br />

Vous pouvez associer aussi un groupe d'amis<br />

chrétiens qui vous épauleront, vous les parents,<br />

ainsi que les parrains et marraines, dans<br />

votre mission.<br />

Souvent, en effet, vous êtes plus isolés<br />

que jadis, car les familles sont moins<br />

nombreuses et plus dispersées. Entourez-vous<br />

d'amis avec qui réfléchir et partager cette<br />

responsabilité de l'éducation de la foi à<br />

laquelle vous vous êtes engagés en demandant<br />

ce baptême. De la sorte votre enfant aura<br />

sur son berceau non seulement un parrain,<br />

une marraine, mais comme "une famille<br />

de parrainage". Vous multipliez ainsi et<br />

pour vous et pour votre enfant les possibilités<br />

de dialogue et de communication grâce<br />

à cette communion d'amis.<br />

grand-père<br />

peut-être Si la famille est "comme une petite Eglise<br />

bébé aura du foyer", un réseau d'amitié chrétienne<br />

en est aussi une manifestation: pourquoi<br />

ne pas tenter d'en offrir la joie et la chance<br />

à votre enfant?<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSnGER sur Radio Notre Dame le mercredi 12 février 1986)


LE BAPTBME (7)<br />

"E<br />

PAROLE DU CHRIST QUI BAPTISE<br />

DANS L'EGLISE RASSEMBLEE<br />

L'entrée dans l'église devrait se faire en<br />

chantant, par exemple le psaume 99: "Allez<br />

vers le Seigneur parmi les chants d'allégresse .•.<br />

Reconnaissez que le Seigneur est Dieu: il<br />

nous a fait et nous sommes à lui", Encore<br />

faut-il être assez nombreux et habitués<br />

pour chanter! Le rituel (*) donne cette précision<br />

car, normalement, le baptême est célébré<br />

au cours du rassemblement de la communauté<br />

(la paroisse, réduite parfois à la famille<br />

et au prêtre). En cette communauté est<br />

présente l'Eglise catholique qui accueille<br />

l'enfant.<br />

Le baptême, en effet, est un acte de l'Eglise<br />

entière qui porte par la prière le futur baptisé.<br />

Voilà la raison majeure de l'invitation à<br />

célébrer le baptême d'un enfant non comme<br />

une cérémonie privée et seulement familiale,<br />

mais comme une fête pour toute l'Eglise:<br />

célébration "communautaire" selon une<br />

expression préférable à celle de baptême<br />

est personnel.<br />

Voilà pourquoi il y a deux moments privilégiés<br />

pour baptiser aussi bien un enfant qu'un<br />

adulte:<br />

.la veillée pascale: le sacrement du baptême<br />

donne part à la Résurection du Christ que<br />

l'Eglise célèbre en cette nuit;<br />

.le dimanche, jour du Seigneur ressusci té,<br />

où les chrétiens se rassemblent pour l'Eucharistie.<br />

Le baptême est donné désormais plus souvent<br />

au cours de la messe dominicale. Et<br />

fréquemment à Paris,le dimanche après-midi,<br />

plusieurs familles se réunissent pour le baptême<br />

com munautaire de leur- enfant. Quelquefois<br />

des membres de la paroisse sont invités<br />

à les accompagner de leur présence et de<br />

leur prière. Ainsi la mission de srgnif'ier<br />

l'action de l'Eglise et sa foi ne repose pas<br />

sur les seules épaules de quelques personnes<br />

(voire parfois du prêtre seul, si la famille<br />

est peu croyante). Ce rassemblement élargi<br />

(*) Les conférences épiscopales de France, d'Afrique<br />

du Nord, de Belgique, du Canada, de Suisse et les évêques<br />

du Luxembourg et de Monaco ont publié chez Marrie-Tardy<br />

en novembre 1984 le texte définitif du Rituel du baptême<br />

des petits enfants. Traduction nouvelle; de nombreuses<br />

indications en font un instrument indispensable à tous<br />

ceux qui sont responsables des baptêmes.<br />

à d'autres chrétiens -figure de l'Eglisesoutient<br />

chaque famille par la prière et<br />

la foi. Il manifeste plus clairement la<br />

fraternité chrétienne et la charité qui en<br />

est le lien.<br />

Il reste cependant légitime de demander<br />

qu'un baptême' soit célébré familialement<br />

si de bonnes raisons y invi ten t et dès lors<br />

que cela est pratiquement possible pour<br />

la paroisse.<br />

Dans tous les<br />

***<br />

cas, le baptême comporte<br />

d'abord une liturgie de la Parole: lecture<br />

de l'Ancien Testament ou des écrits apostoliques,<br />

psaume, et, à tout le moins, lecture<br />

d'Evangile, homélie et prière uni verselle.<br />

Aucun sacrement de l'Eglise n'est séparable<br />

de l'accueil de la Parole qu'il met en oeuvre.<br />

Bien plus, c'est la Parole de Dieu qui agit<br />

dans chaque sacrement.<br />

Chaque baptême est un acte du Christ<br />

lui-même qui agit par le prêtre. "Pierre<br />

baptise, crest le Christ qui baptise, Judas<br />

bcpt.ise, crest le Christ qui baptise" dit saint<br />

Augustin (Evangile de <strong>Jean</strong> VI, l, 7) dans<br />

cette magnifique formule à laquelle se réfère<br />

explicrternent la constitution de Vatican<br />

Il sur la Sainte Liturgie (§ 7): "Le Christ<br />

est là présent par sa vertu dans les sacrements<br />

au point que lorsque quelqu'un baptise, crest<br />

le Christ lui - me me qui baptise Il,<br />

La Parole de Dieu proclamée par le ministre<br />

ordonné est un acte du Christ, Parole de<br />

Dieu faite chair, gui parle à l'Eglise rassemblée<br />

dans l'Esprit avant d'agir dans le sacrement<br />

donné en son nom. Le meilleur exemple<br />

de cette dimension sacramentelle de la<br />

Parole de Dieu est l'Eucharistie. Les paroles<br />

de l'institution dites par le prêtre sont à<br />

la fois les paroles mêmes du Christ dans<br />

l'Ecriture et l'acte du Christ qui se rend<br />

présent en son corps eucharistique pour<br />

son corps ecclésial.<br />

La lecture de la Parole de Dieu n'est pas<br />

du tout fortuite au cours de la liturgie du<br />

baptême. La parole de Jésus lui-même est<br />

à l'oeuvre dans le sacrement, selon l'ultime<br />

commandement du Seigneur ressuscité à<br />

ses apôtres: "De toutes les nations, faites<br />

des disciples, les baptisant au nom du père<br />

et du Fils et du Saint Esprit" (Mt 28,19).<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame le mercredi 19 février 1986)


M<br />

<strong>PARIS</strong><br />

NOTREDAMEw<br />

LE BAPTEME (8)<br />

LIAIDE DE TOUS LES SAINTS<br />

ET LA DELIVRANCE DU MAL<br />

PAR LA FORCE DU CHRIST<br />

Dans la célébration du bap t ême, la prière<br />

universelle comporte le chant de la litanie<br />

des saints. Pourquoi'? Baptiser quelqu'un c'est<br />

en faire un saint. C'est le rendre semblable<br />

au Chnst- Messie, le Saint de Dieu (cf. Mc<br />

1,24). Le Père dans son amour nous communique<br />

sa sainteté à nous, pécheurs, qu'il purifie<br />

et pardonne. Au baptême, nous entrons dans<br />

la fraternité de tous les saints. Voilà pourquoi<br />

nous appelons à l'aide cette foule innombrable<br />

d'hommes et de femmes qui nous ont précédés<br />

et qui ont tenu bon "par la foi" (cf. He 11).<br />

Dans notre marche vers Dieu, la litanie<br />

des saints exprime splendidement une chaîne<br />

de solidarité et d'urn our qui nous unit les<br />

uns aux autres. Avec sa mélodie répétitive,<br />

elle fait entendre la pulsation du coeur d'une<br />

assemblée; elle façonne sa prière en demandant<br />

la prière des saints et des saintes invisiblement<br />

présents. Ils prennent part à la joie de l'enfantement<br />

dans la foi d'un nouvel enfant de Dieu.<br />

***<br />

La préparation immédiate au baptême propose<br />

des rites purificatoires. Concevables pour<br />

un adulte, ne sont-ils pas déconcertants face<br />

à un bébé inconscient du bien et du mal (cf.<br />

Sg 12,25)? C'est pourquoi le nouveau rI tuel<br />

donne ce bref commentaire:<br />

"Dans la orière du Notre Père, on dit, à la fin de<br />

la liturgie du baptême 'Délivre-nous du Mal' (je<br />

Malin, Satan, le mauvais). Ces paroles donnent un<br />

sens à ce qui est fait maintenant. Tout au long de<br />

sa vie, le baptisé devra lutter contre le mal et se<br />

convertir en s'appuyant sur le sacrement du pardon".<br />

Le célébrant prononce d'abord l'une des<br />

deux prières di tes d'exorcisme et de déli vrance:<br />

1. "Père iout=puissorit, tu as envoyé ton Fils unique<br />

dans le monde pour délivrer l'homme esclave du<br />

péché et lui rendre la liberté propre à tes [ils; tu<br />

sais que cet enfant, comme chacun de nous, sera<br />

tenté par les mensonges de ce monde et devra rési~ter<br />

à Satan ... Par la passion de ton Fils et sa résurrection,<br />

arrache-le au pouvoir des tènèbre«, donne-lui la<br />

force du Christ et garde-lE' tout au long de sa vie ... n<br />

2. "... Qu'il soit racheté du péché originel, qu'il<br />

resplendisse de ta présence et que l'Esprit Saint<br />

habite en lui. .. "<br />

L'assemblée répond: "Amen".<br />

*<br />

Puis le prêtre fait sur l'enfant un geste<br />

qui signifie cette délivrance:<br />

. ou bien l'onction sur la poitrine avec l'huile<br />

des catéchumènes, après l'avoir appelepar<br />

son nom et avoir dit:<br />

"Que la {oree du Christ te fortiUe, lui qui est le<br />

Sauveur; qu'elle t'imprègne comme cette huile du<br />

salut. .. "<br />

. ou bien l'imposition des mains.<br />

Le rituel prévoit la possibilité d'un autre<br />

geste. d'antique tradition, accompli par Jésus<br />

lui-même (af.Mc 7,31 sq) pour guérir un sourdmuet.<br />

Le prêtre touche les oreilles et la bouche<br />

du futur baptisé en disant:<br />

"Effétah" c'est-à-dire "Ouvre-toi". Le Seigneur<br />

Jésus a fait entendre les sourds et parler<br />

les muets; qu'il te donne d'écouter sa Parole<br />

et de proclamer la foi pour la louange et la<br />

gloire de Dieu le Père".<br />

Le célébrant prononce le mot araméen qu'a<br />

dit Jésus. Car ce geste rituel du célébrant<br />

est un acte du Christ Sauveur qui donne à<br />

l'un de ses nouveaux frères de naître à la vie<br />

des enfants de Dieu.<br />

*<br />

Or un être humain est fragile. Son existence<br />

est inachevée jusqu'à ce qu'elle soit accomplie<br />

dans la gloire. Il naît dans des déterminations<br />

qu'il n'a pas choisies. Plus profondément .!!<br />

naît captif, esclave. Sa liberté est "aliénée"<br />

diraient certains, paralysée par des blessures<br />

dont il n'est pas responsable: les mains liées,<br />

les yeux aveuglés, les oreilles sourdes, le coeur<br />

fermé à Dieu, à ses frères, à son propre bonheur.<br />

Pour l'arracher à sa condition de faiblesse<br />

et de péché, pour lui rendre sa pleine santé,<br />

pour faire resplendir la beauté divine que Dieu<br />

lui destine, il faut tout l'amour du Fils de Dieu<br />

fait homme qui vient guérir tout homme, le<br />

combler de sa grâce et lui communiquer la<br />

force de se battre contre le Mal. Et,<br />

corrélativement, il faut toute la communion<br />

de l'homme à ce don de Dieu. La vraie stature<br />

de sa liberté est fonction de sa totale<br />

dépendance envers le Père des cieux.<br />

Dieu nous donne de devenir, en son Fils Jésus<br />

par l'Esprit Saint, des hommes libres. Car<br />

"libres sont les fils" (Mt 17, 26). Mystère d'amour<br />

et de foi, bienheureuse espérance!<br />

(En raits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame le mercredi 26 févrÎer 1986).<br />

~IS l'Vi!!<br />

NarRE DAJvIF4l N 115


R<br />

IS<br />

NOTRE DAME<br />

ELISE <strong>PARIS</strong> ULLETI HEBDO<br />

RE<br />

2 AVRIL 1986 3.00F<br />

LE BAPTEME (9)<br />

PAQUES,<br />

L'ENTREE DANS LA TERRE PROMISE.<br />

LA LIBER TE DES ENFANTS DE DIEU:<br />

CADEAU ET CaNQUETE.<br />

"Aux petits enfants la Mère-Eglise<br />

prête les pieds des autres pour qu'ils<br />

viennent, le coeur des autres pour qu'ils<br />

croient, la langue des autres pour qu'ils<br />

affirment leur foi ... " (Sermon 176).<br />

"C'est celui qui porte l'enfant qui répond.<br />

L'enfant est guéri avec la parole d'un<br />

autre puisqu'il est blessé par le fait d'un<br />

autre. Croit-il en Jésus-Christ? Telle<br />

est l'interrogation. Il est répondu: Il<br />

croit". (Sermon 194).<br />

C'est ainsi que Saint Augustin décrit<br />

la situation du nouveau-né présenté<br />

au baptême. Par les rites de délivrance<br />

l'Eglise exprime comment, par la foi,<br />

un petit d'homme est enfanté à la liberté<br />

des enfants de Dieu. La foi nous montre<br />

jusqu'où la condition native de l'homme<br />

est blessée et appelle une guérison, et<br />

combien elle est désarmée, privée de<br />

ressources divines sans lesquelles il ne<br />

peut répondre à sa vocation d'enfant<br />

de Dieu. Avec le Christ il devra vaincre<br />

le doute et l'impuissance à croire, le<br />

désespoir et l'incapacité d'espérer, la<br />

haine et le refus d'aimer, pour vivre<br />

dans la foi, l'espérance, la charité.<br />

Cette liberté, donnée en germe, est<br />

à recevoir comme un cadeau et à mettre<br />

en oeuvre comme une conquête. Toute<br />

sa vie, le baptisé devra contribuer<br />

lui-même à cette délivrance que le Christ<br />

opère en lui par la grâce de l'Esprit et<br />

l'amour miséricordieux du père des cieux.<br />

Souvenez-vous du peuple de Dieu au<br />

désert. La Terre lui est promise mais<br />

il doit traverser des épreuves et se battre<br />

pour vivre avec la force même de Dieu:<br />

"Ne tremblez pas. Le Seigneur votre<br />

Dieu qui marche devant vous combattra<br />

lui-même pour vous" (Dt 1,30-31).<br />

Avancez.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame le mercredi 5 mars 1986)<br />

8, rue de la Ville-l'Évêque - 75384 Paris Cedex 08 - Tél. 42 66 90 15


<strong>PARIS</strong> ~~<br />

NOTREDAMEW<br />

LE BAPTEME (10)<br />

L'EAU, SYMBOLE DE LA GRACE<br />

DU BAPTEME<br />

ET D'UNE HUMANITE<br />

"RESCAPEE".<br />

Après les rites de préparation, dans le<br />

baptistère ou près de la cuve baptismale<br />

disposée à côté de l'autel, le célébrant<br />

accomplit le premier geste du baptême<br />

proprement dit: la bénédiction de l'eau,<br />

cette eau qui "au cours des temps, révèle<br />

ce que serait le grâce du baptême".<br />

Pour le découvrir, suivons la magnifique<br />

prière dite lors de la nuit de Pâques:<br />

• "Dès les commencements du monde,<br />

c'est ton Esprit qui planait sur les eaux<br />

pour qu'elles reçoivent en germe la {oree<br />

de scnctiîier."<br />

A ce petit bébé qui va être baptisé, le<br />

monde entier dès son origine est présent.<br />

Par le symbole de l'eau, l'allusion à la puissance<br />

créatrice de Dieu au début du livre<br />

de la Genèse montre que cet enfant fait<br />

partie de l'acte de bienveillance du Créateur<br />

qui répand son Esprit de vie et de sainteté.<br />

IIEt Dieu vit que cela était bon".<br />

• IIPar les [lots du déluge, tu annonçms<br />

le baptême qui fait rena1tre puisque l'eau<br />

y préfigurait à -la fois la fin de tout péché<br />

et le début de toute justice."<br />

L'homme en se détournant de Dieu manque<br />

à sa vocation et entraîne l'anéantissement<br />

de ce temple qu'est la création. Ce petit<br />

enfant, qui vient de naître, merveille pour<br />

ses parents, est lui aussi solidaire de cette<br />

histoire tragique du monde faite de lâcheté,<br />

de péché, de refus de Dieu.<br />

Mais la référence au déluge nous rappelle,<br />

en même temps que le naufrage moral<br />

où sombre notre destin, la nouvelle espérance<br />

promise à l'humanité "rescapée". Le pire<br />

est derrière nous, car Dieu, dans sa bonté<br />

sans compromission avec le mal, juge,<br />

sauve et pardonne. Noé est le nouveau<br />

père d'une humanité arrachée au gouffre<br />

dans lequel elle s'enfonçait, pour être ancrée<br />

désormais dans la Promesse irrévocable<br />

de Dieu qui veut que les hommes vivent<br />

et que sa création subsiste .<br />

La fin du monde ne sera pas<br />

l'anéantissement de la création et de<br />

l'humanité, mais au dernier Jour, à l'heure<br />

du Jugement, son ultime transformation<br />

au feu de l'amour de Dieu, le Vivant.<br />

• "Aux enfants d'Abraham, tu as fait passer<br />

la mer Rouge à pied sec pour que le peuple<br />

d'Israël, liberé de la servitude, préfigure<br />

le peuple des baptisés. Il<br />

Dans son action créatrice et aimante,<br />

Dieu a appelé son peuple d'Égypte. Et,<br />

après le "baptême" de la mer Rouge, il<br />

l'a façonné quarante ans dans le désert<br />

avant de lui faire traverser les eaux du<br />

Jourdain où Jésus, le Sauveur des hommes,<br />

sera baptisé.<br />

***<br />

AinSI, a travers cette récapitulation de<br />

l'histoire du salut, par ce nouveau-né à<br />

l'innocence fragile nous est dévoilé ce<br />

que porte l'homme comme espérance du<br />

monde. Même pour un vieillard, le baptême<br />

est un nouvel enfantement.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame le mercredi 5 mars 1986, fin.)<br />

<strong>PARIS</strong><br />

NOTREDAME N° 117


<strong>PARIS</strong><br />

[OOlJôoJ<br />

NOTREDAME~ LE BAPTEME (11)<br />

SOURCE JAILLISSANTE POUR RENAITRE<br />

AVEC LE CHRIST VIVANT AUJOURD'HUI DANS L'EGLISE<br />

• "Ton Fils bien-aimé, baptisé par <strong>Jean</strong><br />

dans les eaux du Jourdain, consacré par<br />

l'onction de ton Esprit, suspendu au bois<br />

de la croix, laissa couler de son côté ouvert<br />

du sang et de l'eau: et quand il fut ressuscité,<br />

il dit à ses disciples: 'Allez, enseignez toutes<br />

les nations, et baptisez-les au nom du père<br />

et du Fils et du Saint-Esprit".<br />

Ainsi se poursuit la grande bénédiction de<br />

l'eau baptismale la nuit de Pâques. Tout<br />

le mystère du Christ est récapitulé depuis<br />

son baptême dans le Jourdain.<br />

"Le côté transpercé" du Christ crucifié<br />

d'où coulent du sang et de l'eau, comme<br />

nous le rapporte saint <strong>Jean</strong> (19, 34), est<br />

le signe des sacrements nés de la chair du<br />

Verbe de Dieu et donnés à l'Eglise.<br />

L'ultime parole du Seigneur ressuscité<br />

à ses apôtres (Mt 28, 19) inscrit le baptême<br />

au centre de la mission universelle de l'Eglise.<br />

• "Maintenant, Seigneur notre Dieu, regarde<br />

avec amour ton Eglise et fais jaillir en elle<br />

la source du baptême".<br />

Que signifie cette<br />

("fontaine baptismale"<br />

jaillissement perpétuel<br />

de Dieu.<br />

dernière expression<br />

dit-on encore)? Le<br />

de la vie qui vient<br />

Souvenez-vous de la source du Temple,<br />

féconde comme le fleuve du jardin d'Eden<br />

(Gn 2, 10), évoquée par le prophète Ezéchiel<br />

(47, 1 sq), Souvenez-vous aussi de la révélation<br />

de Jésus: "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne<br />

à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi,<br />

comme l'a dit l'Ecriture (ls 58, 11; Za 14,<br />

8), 'de son sein couleront des fleuves d'eau<br />

vive" (Jn 7, 37-38). A Lourdes, quand Bernadette,<br />

sur l'ordre de la Vierge <strong>Marie</strong>, découvre<br />

la source, c'est la même signification qui<br />

nous est rappelée.<br />

Dieu le Père fait jaillir dans l'Eglise l'eau<br />

vive de la sainteté, la source de la vie, c'està-dire<br />

l'Esprit Saint. Car l'Eglise, corps<br />

du Christ, est le "sacrement" de l'union<br />

au Christ. Le baptême nous plonge en cette<br />

source et la fait jaillir en nous.<br />

Puis le prêtre invoque l'Esprit Saint pour<br />

que l'eau qui va servir au baptême reçoive<br />

la grâce du Fils unique:<br />

• "Nous t'en prions, Seigneur notre Dieu:<br />

par la grâce de ton Fils, que vienne sur cette<br />

eau la puissance de l'Esprit Saint afin que<br />

tout homme qui sera baptisé, enseveli dans<br />

la mort avec le Christ, ressuscite avec le<br />

Christ pour la vie, car il est vivant pour<br />

les siècles des siècles".<br />

Cette prière reprend des expressions de<br />

saint Paul pour exprimer ce qu'a de plus<br />

fondamental notre rapport au Christ.<br />

Pour qui n'a pas la foi, Jésus peut être<br />

une figure exemplaire, un héros, un prophète,<br />

un gourou. Mais comment connaître ce personnage<br />

- plein de séduction pour les uns, énigmatique<br />

pour les autres - qui a vécu il y a deux<br />

mille ans, si ce n'est par l'histoire ou l'imagination?<br />

Et pourtant, combien d'homes et de femmes<br />

ont découvert le Christ, parlent de lui comme<br />

s'ils l'avaient vu de leurs yeux, comme s'ils<br />

l'avaient entendu de leurs oreilles, et se<br />

laissent saisir par lui dans toute leur vie<br />

et pour toute leur vie!<br />

La présence du Christ, bien que différente<br />

de tout autre présence humaine, apparaît<br />

plus vivante et plus forte que la plus profonde<br />

communion et la plus grande intimité de<br />

deux êtres nécessairement enclos par la<br />

solitude de la condition corporelle des hommes.<br />

Par le baptême, nous devenons un même<br />

être avec le Christ, nous ne faisons qu'un<br />

avec lui. Cela veut dire: mourir de la mort<br />

du Christ pour ressusciter de sa vie. Car<br />

lui, le premier, a voulu partager notre vie<br />

et mourir de notre mort.<br />

"Enseveli •••", ce langage met en relation<br />

la "plongée" dans l'eau du baptême et l'enfouissement<br />

dans la mort, la sortie des eaux<br />

baptismales et l'entrée dans la vie divine<br />

par la Résurrection.<br />

Insondable réalité et beauté cachée de<br />

ce geste sacramentel!<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame, le mercredi 12 mars 1986)


<strong>PARIS</strong><br />

tMU~<br />

NOTREDAME~<br />

LE BAPTEME (12)<br />

ARRACHEMENT A SATAN, LE TENTATEUR<br />

ATTACHEMENT A DIEU, PERE, FILS ET ESPRIT<br />

N<br />

Voici le moment central de la liturgie<br />

où sera donné le baptême. Il s'ouvre par<br />

la renonciation à Satan, ses oeuvres, ses<br />

séductions, et la profession de foi en Dieu,<br />

Père tout-puissant, en Jésus-Christ son<br />

Fils unique, en l'Esprit Saint. A chaque fois,<br />

trois interrogatoires. Mais chaque fois, trois<br />

interrogations. Mais il n'y a pas de symétrie<br />

entre Satan et Dieu ... En fait, l'Eglise propose<br />

au catéchumène -ici aux parrain et marraine,<br />

aux parents- un unique mouvement de la<br />

foi, libération de ce qui tient l'homme esclave<br />

et adhésion à Celui qui le libère. Arrachement<br />

ala servitude du Mal. Attachement à Dieu<br />

qui est Vie.<br />

***<br />

La réponse est formulée à la première<br />

personne du singulier: "Je renonce... Je<br />

crOlS . ••••"<br />

Qui est ce "je"?<br />

. "Je" du père, de la mère, du parrain, de<br />

la marraine qui, chacun, le prononce selon<br />

ce qu'il peut en vérité.<br />

"Je" de l'Eglise entière. En répondant,<br />

k professe la foi de l'Eglise qui me dépasse<br />

infiniment. L'Eglise, par mes lèvres, atteste<br />

la foi qui est la sienne.<br />

"Je", enfin, de l'enfant lui-même, bien<br />

qu'il soit encore incapable de parler (in-fans).<br />

Mais il parle par la bouche de l'Eglise que<br />

ses parents, parrain et marraine représentent.<br />

Comme sa mère l'a porté charnellement,<br />

l'Eglise le "porte" spirituellement. Comme<br />

il respirait par la respiration de sa mère,<br />

sa foi encore cachée s'exprime par la foi<br />

de l'Eglise.<br />

***<br />

"Croyez-vous en Dieu, le Père ... ?"<br />

"Croyez-vous en son Fils Jésus-Christ ... ?"<br />

"Croyez-vous en l'Esprit-Saint ... ?"<br />

-vJe crois", "Je crois". "Je crois".<br />

Cette profession de foi trinitaire du Symbole<br />

des Apôtres est, à ce moment, plus que<br />

la ratification de vérités essentielles (quoique<br />

non exhaustives, je vous l'ai déjà dit: cf.<br />

PND n? 109. Elle fait corps avec l'acte sacra~<br />

mentel du baptême comme le montre bien<br />

la tradi tion apostolique rapportée par Hippolyte<br />

de Rome au début du IIIè siècle, où<br />

la profession de foi tient lieu de la formule<br />

baptismale:<br />

"Celui qui va être baptisé descend dans l'eau. Celui<br />

qui le baptise lui impose la main sur la tête et lui<br />

demande: 'Crois-tu en Dieu, le père tout puissant?'<br />

Celui qui est baptisé répondra: 'Je crois'. QU'iilê<br />

baptise (*) alors une première fois, en tenant la main<br />

posée sur sa tête. --<br />

Il lui demande ensuite: 'Crois-tu au Christ Jésus,<br />

le Fils de Dieu, né par l'Esprit Saint de la Vierge<br />

<strong>Marie</strong>, qui est mort. .. , est ressusci té ... , viendra juger<br />

les vivants et les morts?'. Quand celui-ci aura répondu:<br />

'Je crois', il le baptisera une nouvelle fois.<br />

Il lui demandera encore: 'Crois-tu à l'Esprit Saint,<br />

à l'Eglise sainte, à la résurrection de la chair?'. Celui<br />

qui est baptisé répondra: 'Je crois'. On le baptisera<br />

alors une troisième fois."<br />

Renonciation et profession de foi manifestent<br />

clairement que le baptême est indissociablement<br />

lutte et enfantement, action du futur<br />

baptisé qui se laisse saisir par Dieu et de<br />

Dieu lui-même, Père, Fils, Esprit, qui à<br />

travers ce geste sacramentel enfante un<br />

être nouveau à la vie divine.<br />

***<br />

Ainsi, il devient clair que la foi ne consiste<br />

pas d'abord à souscrire à un certain nombre<br />

d'affirmations théoriques ou idéologiques.<br />

La foi est une conversion et un combat. Elle<br />

est, d'un seul mouvement, un arrachement<br />

et un attachement. Foi au Christ-Jésus.<br />

Par lui, j'accède i, l'existence filiale que<br />

je tiens du Père qui me crée. Et la puissance<br />

de l'Esprit, en me rendant semblable au<br />

Fils, me donne la joie et la liberté des enfants<br />

de Dieu.<br />

Travail d'enfantement, toute la profession<br />

de foi baptismale est un acte de libération<br />

d'avec Satan, l'auteur du péché, le faux-maître<br />

de l'homme en qui se manifestent tout le<br />

refus du Créateur par sa créature, toute<br />

la fascination du néant.<br />

Je rejette le père du mensonge (Jn 8, 44)<br />

pour suivre Jésus, la Vérité "qui fait de<br />

nous des hommes libres" (cf Jn 14, 6 et 8,<br />

32). Je renonce aux oeuvres du Tentateur:<br />

toute action contraire à l'amour de Dieu.<br />

Je rejette ses séductions: tout désir qui<br />

conduit au mal.<br />

Recevant le pardon de mes péchés, j'accepte<br />

d'être "séduit" - tel le prophète Jérémie<br />

(20, 7) - par Dieu le père dont je deviens<br />

fils dans le Fils par l'Esprit grâce au baptême<br />

de l'Alliance Nouvelle.<br />

(*) Entendez qu'il le "plonge", scIon le sens premier<br />

du mot en grec.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame le mercredi 19 mars 1986)<br />

<strong>PARIS</strong> "'i~<br />

NOffiED~~~ N° 119


<strong>PARIS</strong> ~~<br />

NOTREDAME~gJ<br />

SACREMENT<br />

LE BAPTEME (13)<br />

DE LA RESURRECTION<br />

POUR UN PEUPLE DE PRETRES, DE ROIS, DE PROPHETES<br />

"Je te baptise au nom du père et du Fils<br />

et du Saint-Esprit"<br />

dit le prêtre en versant par trois fois l'eau<br />

sur la tête de l'enfant. Le "baptême" est<br />

suivi de trois rites très significatifs de toute<br />

vie chrétienne.<br />

1) L'onction avec le saint-chrême, huile<br />

parfumée consacree lors de la messe chrismale.<br />

Le prêtre en trace une croix sur le<br />

front après avoir expliqué:<br />

"Tu es maintenant oootisé ... Désormais tu fais partie<br />

du peuple de Dieu. Tu ('8 membre du Corps du Ch~ist<br />

et ~rticipes à sa dignité de ,.erêtre, de p~phete<br />

et de roi. Dieu te marque de l'hUIle du salut afm que<br />

tu demeures dans le Christ pour la vie éternelle".<br />

Cette onction symbolise celle de l'Esprit<br />

Saint; elle annonce le sacrement de confirmation;<br />

elle met en lumière le sacerdoce royal<br />

des baptisés. Le sacrement du baptême<br />

nous fait ainsi comprendre ce qu'est la mission<br />

des laies et la nature de toute vocation<br />

chrétienne: ne faire qu'un avec le Christ<br />

prêtre, prophète et roi pour agir en ce monde<br />

par lui, avec lui et en lui.<br />

Oui, tout baptisé est "un fils du Roi" dans<br />

le Christ. Sa dignité est de faire partie du<br />

peuple sacerdotal qu'est l'Eglise entière.<br />

Le sacerdoce ministériel des évêques et<br />

de leurs prêtres, reçu dans le sacrement<br />

de l'Ordre, est d'une nature différente. Par<br />

ses ministres ordonnés, le Christ agit en<br />

l'Eglise comme Tête, "Chef", de son Corps.<br />

2) La marraine ou le parrain remet à l'enfant<br />

un vêtement blanc.<br />

Plus que l'innocence ou la pureté, il signifie<br />

que le baptisé est "revêtu" du Christ transfiguré<br />

(cf. Mc 9, 3 : "ses vêtements devinrent<br />

éblouissants, si blancs qu'aucun (oulon sur<br />

terre ne saurait blanchir ainsi"), ressuscité<br />

et glorieux.<br />

Ainsi les élus qui participent à sa vie et<br />

à sa joie dans la Jérusalem d'en-haut "sont<br />

revêtus de robes blanches, les palmes à<br />

la main" (Ap 7,9).<br />

Si, à l'occasion de la communion solennelle<br />

ou de la profession de foi, l'aube baptismale<br />

a été remise en valeur au prix de rudes efforts,<br />

je trouve dommage de ne pas avoir gardé<br />

pour les adultes le sens du vêtement revêtu<br />

au jour du baptême pour toute leur vie dans<br />

l'espérance de la résurrection des morts.<br />

Je rêve que notre époque invente pour<br />

les jeunes (... et pourquoi pas, les moins<br />

jeunes) un vêtement masculin et féminin<br />

qui corresponde à l'intuition des premières<br />

générations chrétiennes. (La mode nous<br />

soumet bien à des fantaisies qui ne font<br />

plus rire et dont personne n'est mort. .. ).<br />

Le baptisé est à tout jamais une "création<br />

nouvelle dans le Christ". C'est pourquoi<br />

dans la tradition antique le sacrement de<br />

Pénitence était appelé "second baptême".<br />

Il replonge dans la grâce initiale du baptême<br />

les baptisés qui ont' péché, le confessent<br />

à un prêtre et, le coeur contrit, demandent<br />

et reçoivent le pardon de Dieu, dans la joie<br />

et la paix de l'amour retrouvé.<br />

3) Enfin, le célébrant présente aux parents,<br />

parrain, marraine un cierge allumé au cierge<br />

pascal.<br />

Vous le savez, la vigile de Pâques au cours<br />

de laquelle nous célébrons le sacrement<br />

du baptême, sacrement de la Résurrection<br />

du Seigneur, commence par un rite d'illumination.<br />

Le cierge pascal, allumé au feu nouveau,<br />

précède dans l'église obscure la foule des<br />

chrétiens. La lumière est signe du Ressuscité.<br />

Le Christ, en tête, transmet la puissance<br />

de vie, plus forte que la mort, qu'il a acquise<br />

au prix de son sang versé.<br />

• "Je suis la Lumière du monde" dit Jésus<br />

de lui-même (Jn 8, 12).<br />

. "Vous êtes la lumière du monde" dit-il<br />

à ses disciples (Mt 5, 14).<br />

Ces deux propositions, loin d'être contradictoires,<br />

montrent dans toute sa logique notre<br />

relation au Christ. Nous recevons comme<br />

une mission ce qu'il nous donne comme une<br />

grâce que nous ne méritons pas et qui nous<br />

transfigure: la lumière de sa Résurrection,<br />

sa vie, mais aussi la connaissance du père<br />

et le pouvoir d'accomplir sa volonté dans<br />

la Vérité et la force de l'Esprit.<br />

Ce que le Christ fait pour nous, nous devons<br />

le faire pour nos frères, en son Nom, avec<br />

lui. Voilà notre mission de baptisés.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGER sur Radio Notre Dame le mercredi 26 mars 1986)<br />

<strong>PARIS</strong><br />

rilfo!<br />

NOTREDAME~.g;' N° 120


<strong>PARIS</strong><br />

NOTREDAME~<br />

M<br />

TIEN<br />

LE BAPTEME (14)<br />

PARENTS, RECEVEZ LA LUMIERE DU CHRIST:<br />

VEILLEZ A L'ENTRETENIR.<br />

L'enfant, baptisé, a reçu l'onction du<br />

saint-chrême et est revêtu de vêtements<br />

blancs. Vous pouvez offrir un très beau cierge<br />

que le prêtre allumera au cierge pascal.<br />

Précieusement conservé, il deviendra pour<br />

votre enfant un beau souvenir lui rappelant<br />

les paroles qui vous ont été dites:-<br />

"Illuminé par--z€ Christ, qu'il avanee dans<br />

la vie en en ant de lumière et demeure fidèle<br />

a la oi de son baptême".<br />

***<br />

Les derniers rites de la liturgie baptismale<br />

évoquent deux éléments qui tiendront une<br />

place majeure dans la vie du nouveau baptisé:<br />

. l'assemblée entoure l'autel du Saint Sacrement.<br />

L'Eucharistie est proposée en espérance<br />

à cet enfant. Un jour, il s'offrira au Père<br />

avec le Christ, il participera au festin pascal,<br />

il recevra ce qu'il est déjà: le corps du Christ .<br />

. Puis, tous les membres présents sont invités<br />

à dire la prière du Seigneur, le "Notre Père".<br />

Cette démarche, simple et brève, comporte<br />

pour vous, parents, une exigence à laquelle<br />

vous ne pouvez vous dérober. Je vous ai<br />

encouragés à vous en remettre à la foi de<br />

l'Eglise si votre foi vous semble hésitante<br />

ou chancelante (cf. Le baptême 3). Maintenant,<br />

je vous avertis avec gravité et fermeté<br />

de votre responsabilité à l'égard de votre<br />

enfant. Les conditions pratiques de la transmission<br />

de la foi de l'Eglise dépendent de<br />

vous.<br />

L'Esprit Saint fait naître la foi. Mais vous<br />

êtes responsables de donner à votre enfant<br />

les moyens pour que Dieu agisse en lui. En<br />

le mettant au monde, vous lui avez transmis<br />

une vie qui ne vous appartient pas. Mais<br />

il dépend de vous de lui donner tout ce qui<br />

est nécessaire à son développement. Ainsi,<br />

vous n'avez pas. fabriqué -son cerveau ni<br />

sa capacité de parler; mais vous êtes responsables<br />

de lui parler pour que cette capacité<br />

s'éveille en lui, sinon il sera un enfant-loup!<br />

Au premier rang de ces moyens qui dépendent<br />

de vous, vous pouvez offrir à votre enfant<br />

l'image d'un père et d'une mère unis par<br />

l'amour. Tant d'enfants sont perdus par des<br />

foyers brisés!<br />

Si vous êtes tentés de vous séparer, faites<br />

appel au meilleur de vous-mêmes pour surmonter<br />

cette épreuve par un surcroît d'amour.<br />

Croyez-moi, cela est possible. Essayez: d'autres<br />

l'ont fait et réussi avant vous. L'amour<br />

est un don au-delà de soi-même, si forte<br />

en soit la souffrance. Le prix payé pour<br />

votre enfant n'est pas trop grand. L'amour<br />

ne s'épuise pas avec le désir. Il s'accomplit<br />

par le travail d'un enfantement. Sa douleur<br />

fait partie de sa beauté et, souvent, sa fécondité<br />

s'inscrit dans la voie du sacrifice. Cet<br />

amour, il faudra en donner la preuve à votre<br />

enfant, même si, malgré vous, votre couple<br />

s'est désuni .<br />

Revenons à la fin du baptême. Ce petit<br />

bébé que vous portez dans vos bras: à son<br />

oreille, vous avez dit le "Notre Père". Donc,<br />

vous devez lui apprendre que, dans le Christ,<br />

il a Dieu pour Père et prendre les dispositions<br />

pratiques pour son éducation chrétienne.<br />

Exigez le respect du temps de la catéchèse.<br />

Dites à votre enfant: "Il est plus important<br />

que tu découvres qui est Jésus-Christ que<br />

de faire du judo ou du piano". Bousculez,<br />

s'il le faut, votre programme de télé ou<br />

de week-end, vos vacances ou votre budget.<br />

Un jour, votre enfant vous demandera des<br />

comptes: "Mes parents m'aimaient-ils vraiment?<br />

Ont-ils pris les moyens de me donner<br />

des raisons de vivre et de croire? Ou préféraient-ils<br />

leur confort ?".<br />

Réveillez-vous. Votre responsabilité est<br />

engagée pour que votre enfant apprenne<br />

à devenir semblable au Christ et à prier<br />

le Père, dans l'Espri t.<br />

***<br />

Enfin, le nouveau baptisé est confié à l'intercession<br />

de la Vierge, au chant de son "Magnificat".<br />

Remis entre les mains maternelles<br />

de <strong>Marie</strong>, figure de l'Eglise, votre enfant<br />

est ainsi appelé à grandir dans le Christ,<br />

le Fils éternel de Dieu qu'elle a enfanté.<br />

Et puisse le baptême d'un petit enfant<br />

vous illuminer et vous rendre à tous la joie<br />

de votre propre baptême.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTIGERsur Radio Notre Dame le mercredi 2 avril 1986)<br />

FAAIS ~~<br />

NarRE DAME".&>'N° 121


<strong>PARIS</strong> M<br />

NOTREDAME~<br />

LE BA PTEM E (I5 fin)<br />

BAPTISE, DIEU VOUS A CHOISI.<br />

VOUS ETES "DU CHRIST".<br />

L'un de vous m'a confié:<br />

"A un certain momen t, j'ai reqre f té que mes oorcn Is<br />

m'aient (ait baptiser étant bébé. Puis je me dis que<br />

s'ils ne l'avaient pas (ait, je n'aurais protxiote nu-n!<br />

pas été aujourd'hui parmi les disciples de Jésus. rontemoorain<br />

du Christ, je me serais sam doute situé<br />

parmi ceu.x qui reoarderit d'un peu loin, ln f riqur..<<br />

mais sans le courage de le suivre".<br />

Il n'est pas rare que des chrétiens critiquent<br />

- voire récusent - la décision prise par leurs<br />

parents de les faire baptiser à la naissance.<br />

D'autres ont la nostalgie d'un itinéraire<br />

différent du leur. Ils envient ceux qui, adultes,<br />

ont découvert la foi. En faisant baptiser<br />

leur enfant, les parents feraient-ils donc<br />

peser sur son existence un choix aussi arbitraire<br />

que celui de lui faire apprendre l'allemand<br />

plutôt que l'anglais, ou de le faire<br />

vacciner?<br />

Raisonner ainsi c'est ramener le baptême<br />

à n'être qu'un geste qui ne dé~end que des<br />

hommes: les parents et l'interessé: C'est<br />

oublier Dieu gui y agit et gui intervient<br />

dans la vie de chacun, par amour. Comment<br />

cela?<br />

***<br />

Vous qui avez été baptisé jadis, quelle<br />

que soit la manière dont aujourd'hui vous<br />

vivez votre baptême, entendez-moi. Dans<br />

ce choix fait par vos parents, dans ce geste<br />

sacramentel du baptême, c'est Dieu lui-même<br />

qui vous a appelé. Il vous a choisi d'un choix<br />

irréversible. Dieu est fidèle et l'homme<br />

ne peut pas interdire à Dieu de l'aimer "jusqu'au<br />

bout". Dieu, que, peut-être, vous ne<br />

connaissez plus et en qui vous ne croyez<br />

plus ou si mal, Dieu, irrévocablement, vous<br />

garde dans son choix et dans son amour<br />

sans retour. Vous pouvez, vous devez compter<br />

sur lui.<br />

Le baptême n'est pas seulement un rite<br />

qui confère une identi té religieuse: il est<br />

une vocation, un ~ un choix fait par<br />

Dieu... Oui, Dieu vous a choisi, fût-ce par<br />

les conditions de la naissance, la tradition<br />

d'une famille, l'époque, le pays où vous êtes<br />

né. Il attend que vous remplissiez une mission.<br />

Quelle que soit la faiblesse de votre foi.<br />

Quelle que soit votre vie: apparemment<br />

ratée, inutile, brisée par l'échec, la maladie,<br />

bientôt la mort, ou au contraire réussie<br />

humainement et pensant se suffire à<br />

elle-même.<br />

Pour quoi Dieu vous a-t-il appelé par le<br />

baptême? Qu'avait-il "en tête"?<br />

. A cette question, Dieu destine une réponse<br />

personnelle à chacun, votre secret. Vous<br />

le connaîtrez au bout du chemin, quand<br />

vous le verrez face à face (cf. Ap 2, 17).<br />

. Il existe aussi une réponse plus générale<br />

qui vaut pour tous les baptisés. La voici:<br />

Dieu vous a choisi pour que vous deveniez<br />

semblable à son Fils, pour que vous soyez<br />

"du Christ", dans le corps du Christ qui est<br />

l'Eglise. Et qu'à votre tour, vous soyez signe<br />

"du Christ" pour le monde, pour les hommes<br />

que vous côtoyez et pour l'humani té entière<br />

- invisiblement par l'offrande de votre vie<br />

et votre amour, dans la communion des<br />

saints.<br />

Baptisé, vous êtes appelé à travailler à<br />

votre place au salut du monde. A la manière<br />

du Fils de Dieu. Par le mystère de la Pâque<br />

du Christ, Dieu ouvre la porte à l'espérance<br />

des hommes: la vocation de l'homme est<br />

divine; il est fait pour vivre en enfant de<br />

Dieu. Il est fait pour aimer de l'amour même<br />

de Dieu.<br />

Baptisé, votre vie devient le chant du Christ<br />

à la louange de Dieu. Par vous, Jésus dit<br />

à ses frères sa parole de paix. Par vous,<br />

le Christ pardonne et bénit.<br />

Voilà donc votre vocation: être un artisan<br />

de paix par le pardon et la bénédiction du<br />

Christ, manifester la bonté de Dieu et sa<br />

miséricorde. Si vous comprenez que cette<br />

vocation dépasse la limite de vos forces,<br />

appuyez-vous sur la force de Dlëlï: l'Esprit<br />

Saint. Alors vous découvrirez la grâce de<br />

votre baptême, votre identité cachée: vous<br />

êtes "du Christ", Messie, oint, saint de Dieu.<br />

***<br />

Dans la libre décision des parents de faire<br />

baptiser leur enfant se manifeste le libre<br />

choix de Dieu qui l'appelle par son Fils:<br />

"En ces jourS-là, Jésus s'en alla dans la montagne<br />

pour prier et il passa la nuit à prier Dieu. Puis le<br />

jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze"<br />

(Le 6, 12 sq),<br />

Cette prière du Christ, son choix et son<br />

appel sont à l'origine de votre baptême aussi.<br />

(Extraits de l'entretien du Cardinal LUSTICEH sur Radio Notre Dame le mercredi 9 avril 1986)<br />

<strong>PARIS</strong><br />

NOTRE<br />

DANIE

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