JML 1973 Préface La Terre Sainte - Institut Jean-Marie Lustiger

1 LA
TERRE SAINTE

LA
TERRE SAINTE
par
JEAN CEP
PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE
108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
1973

PRÉFACE
La même écume d'humanité qu'on trouve le long
des différents rivages de San Francisco à Katmandou
en passant par les bords de la Seine, cette même
écume commence à battre les murailles de Jérusalem.
Jérusalem! un autre point de fuite éperdue de nos
contemporains.
La dernière vague s'échange le hachisch, là comme
ailleurs; mais que l'avant-dernière ou l'antépénultième
ne se drape pas dans sa bonne conscience : au cours des
ans, j'ai vu errer dans Jérusalem les riches touristes de
tous les occidents à la recherche de « rien », si ce n'est
d'une photo à prendre et d'une bière fraîche à consommer.
Ceux-là étaient donc sûrs de n'y rien trouver, ou
plutôt de ne trouver que ce qu'ils cherchaient : le
reflet de leur néant.
Ce livre voudrait vous inviter à un autre départ et
à un autre voyage.
Mais comment partir pour la Terre Sainte?
Une multitude de cultures et de lectures s'impose
d'emblée; et le candidat voyageur hésite sur le chemin
à choisir : archéologie biblique? piété chrétienne?
curiosité pour le passé (de l'homme préhistorique à
Napoléon en passant par Byzance ou les Croisades) ?
l'Islam? le visage novateur et créateur d'Israël? l'imbroglio
politique et le conflit israélo-arabe P ou plus sim-
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LAJ.TERRE
SAINTE
plement encore, un morceau de plage méditerranéenne?
Je vous fais grâce de bien d'autres aspects...
Si ce pays est ainsi le point d'entrecroisement de
tant de questions, ce n'est pas seulement parce qu'il fait
partie des plus anciennement humanisés ou que les
plus anciennes cultures y virent le jour, mais surtout
parce qu'une piste originelle y a été tracée, chemin
d'un antique voyage sans cesse repris au cours des
siècles, tantôt par des peuples entiers, tantôt par des
solitaires : d'Abraham au P. de Foucauld.
Le propre de ce chemin, c'est qu'il n'a, finalement,
pas de terme visible; c'est que, quelles que soient les
convictions ou la foi de celui qui le suit, jamais il ne
peut dire «je suis arrivé »,
Le propre de cette terre, c'est qu'elle renvoie toujours
à un au-delà d'elle-même: si Rome a été dans Rome,
Jérusalem, jamais, n'est dans Jérusalem. Jérusalem, toujours,
renvoie ailleurs, puisque, aussi bien pour lejuif que
pour le chrétien - pour le musulman aussi -, pour
l'agnostique ou pour l'athée, ce que cette Terre symbolise
échappe à jamais à toute possession: la paix, l'unité
des hommes, le bonheur, la liberté, Dieu.
Le bout du chemin n'est jamais atteint, si ce n'est
dans une poursuite du chemin.
Cette Terre ne se visite pas, car le visiteur n'y peut
rien voir, sinon des apparences; seul celui qui accepte
de « se mettre» en route trouve ce chemin secret qui
rend toutes les pierres vivantes.
C'est bien une équipe - nombreuse et diverse -
qui a travaillé à la rédaction de ces pages. Les universitaires
de différentes disciplines qui ont composé ce
livre ont un point commun : ils ont tenté ensemble ce
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PRÉFACE
voyage et parcouru ce chemin, alors qu'ils étaient étudiants.
En ce temps-là (comme encore maintenant
chaque année), ils sont« montés àJérusalem», accompagnés
souvent de leurs aînés, avec la communauté du
Cep-Centre Richelieus, courant obstiné et jamais interrompu
de pèlerins, depuis 1950...
Lecteur qui partez pour la Terre Sainte, si les pages
qui suivent vous aident dans votre chemin, vous reconnaîtrez,
dans les groupes d'étudiants pèlerins que
vous croiserez là-bas, ceux à qui doit aller votre
gratitude.
1. 33. rue Linné, 75005 Paris.
Jean-Marie
LUSTIGER.
Cet ouvrage est le résultat du travail d'une équiPe du
CEP- CENTRE RICHELIEU.
Nous remercionstous ceux qui ont bien voulu nous guider et
nous conseiller, en particulier M. Carmignac, MM. Lemoine
et Kowalski, de l'Ecole biblique de Jérusalem, MM. Btiend
et Cazelles, de l'Institut catholiquede Paris.
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