JML 1998 06 20 Homélie Consécration Notre-Dame de l'Arche d ...

Notre Dame de l'Arche d'Alliance Samedi 20 Juin 1998
Consécration de Notre-Dame de l'Arche d'Alliance
- Néh. 8, 1-4a.5-6.8-10
-1 P.2, 4-9
- Le. 1, 39-45
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Homélie
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2.
mourrions au refus d'aimer, source de tout péché, pour que nous
recevions la vie divine du Seigneur ressuscité. C'est le sacrement
de la nouvelle naissance.
S'il plaît à Dieu, un jour, au cours de la vigile pascale,
vous verrez surgir par cet escalier de nouveaux baptisés, revêtus
du vêtement blanc de la résurrection, et venir prendre place
au milieu de vous.
Un lieu est prévu, proche de l'entrée de l'église, pour donner
le sacrement de la ~éconciliation aux baptisés. Enfants de Dieu,
ils viennent chercher cette grâce sacramentelle pour retrouver en
plénitude le don de la vie qu'ils ont reçue au Baptême.
*
En entrant, nous voyons le choeur surélevé. Le passage du
livre de Néhémie que nous avons entendu nous montre l'une de ses
fonctions. Lorsque le peuple d'IsraêlJrevenu d'exi~ va construire
à nouveau le Temple où Dieu a voulu faire sa demeure, il fallait
que sa Parole habite au milieu de lui. Or, le peuple ne connaissait
plus sa langue que ~Îs scribes devaient traduire en araméen courant
pour que tous comprennent. A ce moment, les prêtres sont d'abord
serviteurs de la Parole de Dieu et "inventent" le dispositif de
l'estrade.
Le peuple se met à pleurer. En écoutant la Loi, les Commandements
qui permettent de vivre en enfants de Dieu, ils saisissent
qu'ils ont manqué à l'amour de Dieu. Ils n'avaient pas mesuré à
quel point ils étaient aimés. Ils comprennent qu'ils sont appelés
à devenir saints comme Dieu est saint. "Soyez parfaits comme
votre Père des cieux est parfait" nous dit Jésus dans le Sermon
sur la Montagne.
De même, nous écoutons proclamer la Parole de Dieu transmise
par les Apôtres. L'annonce du Christ ressuscité et la révélation
de l'amour de Dieu découvrent notre peu d'amour, notre incapacité
à aimer, jusqu'à nous faire supplier Dieu de changer notre coeur,
de nous donner la vie. La découverte de notre péché n'est pas la
découverte de notre cùlpabilité, mais celle de l'amour auquel

3.
nous avons manqué. Même dans les pleurs, nous demandons cet amour
pour vivre et accueillir la joie de Dieu. Comme le dit Néhémie:
"Ne pleurez pas! Ce jour est un jour de joie. La joie du Seigneur
est notre rempart" (il s'agissait alors de relever les remparts
de la ville). La Parole de Dieu constitue notre assemblée en
changeant nos esprits et nos coeurs.
*
Regardez notre assemblée. Nous sommes nombreux, mais tous
cependant sont proches de l'autel; nos regards convergent vers lui
de tous côtés, certains depuis les tribunes. Il n'y a pourtant
aucune place privilégiée. C'est l'usage même de l'Eglise. Tous,
nous sommes appelés à l'unité dans le Christ en qui nous vivons.
Chacun est d'autant plus attentif à ses frères qu'il se tourne vers
l'unique
Seigneur.
Regardez vers le haut. L'oculus d'où vient la lumière du ciel
n'est pas exactement au centre; il s'incline dans la direction du
choeur, il regarde vers un ailleurs. Cette grande verticale qui
joint la terre et le ciel est le signe de l'histoire qui nous mène
dans la demeure de Dieu. L'église n'enferme pas Dieu dans une
demeure matérielle. Notre vie est toute tendue en avant, "cachée
en Haut, en Dieu avec le Christ" comme le dit saint Paul (Col 3,3),
jusqu'à ce qu'il vienne dans sa Gloire et que nous soyons tous
rassemblés en une pleine communion, Jérusalem d'En Haut, Corps du
Christ qui aura atteint sa plénitude.
Et maintenant, l'autel. Vous en connaissez la signification.
Il est à la fois le 'Christ lui-même, la table du Festin, le lieu
du Sacrifice, la source du partage. Sa pierre n'est sacrée que
par l'offrande que nous y célébrons. Tout à l'heure, je vais
l'oindre du Saint Chrême comme le front des baptisés et des
confirmés, comme les mains des nouveaux prêtres. Je marquerai
cette pierre du signe de la croix en raison du "mystère de la
Foi", du sacrifice de la Nouvelle Alliance qui y est chaque jour
célébré, et de la Vie qui y est sans cesse partagée.

4.
L'autel, lui non plus, n'est pas exactement au centre de
notre assemblée. Il est à sa tête, vers le choeur. Le Seigneur
n'est pas en notre possession. D'instinct, dès les premières
esquisses, nous nous sommes rendu compte que l'on ne pouvait
mettre l'autel au centre géométrique de l'édifice. En effet,
le Christ vient parmi nous, est au milieu de nous; mais la
demeure du Seigneur est cachée auprès de Dieu. Et il nous
attend, désormais, "à la droite du Père".
*
Nous sommes simultanément dans deux mondes: monde de la chair,
de notre existence d'aujourd'hui, et, déjà, monde invisible de
l'Esprit qui nous habite et nous transfigure. La grande résille
métallique qui enserre l'édifice à l'extérieur, est énigmatique.
Vous aurez à répondre à la curiosité et aux réactions des uns et
des autres. Ici, à l'intérieur, la voici reproduite à l'entrée
du choeur: elle marque une séparation et elle invite en même temps
à la franchir comme une porte largement ouverte. Nous avons emprunté
l'idée de cette trame aux églises anciennes de l'Orient, ainsi que
leur plan carré en croix grecque à quatre bras égaux.
Cette trame portera des icônes, des images où se voit déjà le
monde à venir. Elle est une sorte de dentelle métallique, de voile
transparent qui montre que nous sommes dans la chair mortelle et
déjà dans la résurrection. Alors même que la vie de notre corps
s'amenuise et qu'à son terme il faudra rendre notre souffle entre
les mains de Dieu, nous savons que la vie divine en nous est plus
forte et-plus grande que la mort inéluctable et qu'elle fait de
nous des images et ressemblances de la gloire divine. Cette trame
évoque notre passage, notre Pâque dans le Christ, puisque c'est
là que nous est donné le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur
ressuscité.
Au centre du choeur - les célébrants s'effacent devant lui-: le
tabernacle. Pour les malades éloignés et les fidèles qui viennent
prier, l'Eucharistie, que nous allons consacrer, est conservée
jusqu'à la célébration suivante. Ainsi, dans la durée du temps,

5.
est gardée cette "Présence réelle", ce "pain du ciel" qui nous
est donné chaque jour, comme nous le demandons dans le Notre
Père.
*
Déjà, vous le voyez, l'architecture de cette église met
en évidence la beauté du culte chrétien et, en même temps, son
intimité. Déjà, Notre Dame, Arche d'Alliance, vous oblige à une
discipline peu coutumière: l'acoustique est si bonne que le
moindre toussotement, le moindre raclement de pieds, la moindre
pièce tombée s'entendent de partout!
Cette qualité rappelle combien nous sommes solidaires les
uns des autres, puisque toute parole dite par l'un de nous est
entendue de tous. Solidaires et dépendants les uns des autres
puisque l'amour du Christ;signifié par notre rassemblement et
par ce que nous y célébrons, nous réunit.
*
Après une grande prière de bénédiction, je sortirai de
l'église pour tracer le signe de la croix avec le Saint Chrême
sur les douze piliers, pendant que le Père Schwab et les prêtres
traceront la croix sur chacun des endroits prévus à l'intérieur
de
l'église.
Puis, je consacrerai l'autel. Honneur lui sera rendu avec
l'encens. Enfin la lumière du Christ illuminera cet autel et
tout l'édifice. Alors, nous poursuivrons l'Eucharistie.
***
Voilà, frères, la grande joie qui nous est donnée aujourd'hui
de voir votre communauté qui se reçoit du Christ pour témoigner du
Christ.
C'est pourquoi nous avons choisi l'évangile de la Visitation:
mystère de Marie en qui réside le Verbe éternel de Dieu fait chair.
Parole encore muette, il parle à cet autre enfant porté par Elisabeth,
sa cousine âgée. Celui-ci sera le Baptiste; il préparera
les chemins du Seigneur par son appel à la conversion et le baptême
d'eau; il baptisera Jésus; il livrera sa vie, décapité par
Hérode, prophétisant la mort du Christ.

6.
Que Marie, Arche d'Alliance, nous porte, nous aussi, dans ce
chemin où nous sommes envoyés; elle qui, mère de la Parole faite
chair, comblée de grâce, remplie d'espérance et de foi, s'est
hâtée vers sa cousine pour lui en donner le signe.
Désormais, l'Esprit nous envoie auprès de tous nos frères,
aux hommes qui l'ignorent, pour qu'eux aussi aient part à cette
joie de se savoir fils de Dieu, aimés du Père, frères du Christ
Sauveur.
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