JML 1993 04 PND Série Bénédiction de la chapelle Saint-Symphorien
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LE TEMPLE<br />
C'EST LE SEIGNEUR<br />
OUVERTURE ET HOMÉLIE LE 27 JANVIER <strong>1993</strong> (Mt 16, 13-19).<br />
Une parenthèse <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux semaines,<br />
en cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pâques, dans<br />
<strong>la</strong> série <strong>de</strong>s entretiens sur les<br />
Prêtres, Serviteurs <strong>de</strong> Dieu.<br />
Voici l'homélie du cardinal Lustiger<br />
lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> bénédiction <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> <strong>chapelle</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Symphorien</strong> à<br />
St-Germain <strong>de</strong>s Prés (cf <strong>PND</strong> 456).<br />
Le rite <strong>de</strong> bénédiction d'une <strong>chapelle</strong> se<br />
présente comme une extension du rite<br />
baptismal. Le célébrant bénit l'eau, signe<br />
baptismal par excellence, <strong>la</strong> répand<br />
d'abord sur l'assemblée, puis sur les murs <strong>de</strong><br />
l'édifice, en une sorte <strong>de</strong> déambu<strong>la</strong>tion. Ainsi,<br />
le prêtre donne sa signification à l'espace<br />
que le maçon-architecte a séparé.<br />
11en conforme <strong>la</strong> délimitation architecturale<br />
qui, <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte, trouve sa <strong>de</strong>stination,<br />
sa fonction et sa vocation.<br />
Bâtie pour <strong>de</strong>s hommes qui prient<br />
Mais, avant les murs, c'est l'assemblée <strong>de</strong>s<br />
fidèles qui reçoit l'aspersion <strong>de</strong> l'eau bénite.<br />
La grâce du rite baptismal où le peuple est<br />
enfanté l'appelle <strong>de</strong> nouveau à <strong>la</strong> conversion.<br />
L'espace (et tout ce qui s'y trouve) qui sera<br />
ensuite béni est subordonné à ceux qui s'y<br />
rassemblent et ne trouve son sens qu'en<br />
fonction <strong>de</strong> ce qu'ils y accomplissent: non<br />
seulement leur prière personnelle, mais aussi le<br />
culte sacramentel qu'ils y célèbrent.<br />
Voilà qui nous p<strong>la</strong>ce dans une situation<br />
paradoxale et soumet le travail <strong>de</strong> l'artiste à une<br />
terrible épreuve. Comment concevoir un tel lieu<br />
sinon comme une sorte ,;'vbjet creux,<br />
à l'intérieur duquel l'artiste dispose <strong>de</strong>s figures<br />
et <strong>de</strong>s signes, <strong>de</strong>s couleurs et <strong>de</strong>s formes, en<br />
acceptant que cette création ne trouve pas en<br />
elle-même un sens accessible à <strong>de</strong>s<br />
"spectateurs", mais qu'elle le reçoive <strong>de</strong> ceux<br />
qui l'''occuperont'' et <strong>de</strong> ce qu'ils y<br />
accompliront? Et comment s'opérera<br />
<strong>la</strong> vérification <strong>de</strong> cette œuvre? Ni l'œil<br />
<strong>de</strong> l'artiste, ni son instinct, ni sa réflexion, ni le<br />
jugement d'autrui n'y suffiront, mais le <strong>de</strong>stin<br />
ultérieur d'un tel lieu, durant <strong>de</strong>s siècles peutêtre,<br />
façonné par un peuple qui y prie et qui, en<br />
un sens, sculpte l'espace qu'il s'approprie. Ainsi<br />
en est-il <strong>de</strong> ceux qui bâtirent ce volume admirable<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>chapelle</strong> St-<strong>Symphorien</strong> aujourd'hui rendu à<br />
<strong>la</strong> vie. Cet espace a été codifié non seulement<br />
par ses premiers bâtisseurs, mais aussi par<br />
l'usage priant d'une communauté qui, ici, s'est<br />
rassemblée, comme l'évoquait le p, Armogathe,<br />
et par celle qui s'y rassemblera <strong>de</strong> nouveau,<br />
Nous sommes donc ici exactement à l'opposé<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche muséographique qui présente<br />
<strong>de</strong>s œuvres au regard <strong>de</strong>s passants.<br />
Cet édifice, au contraire, a été bâti pour <strong>de</strong>s<br />
hommes qui prient et pour leur permettre <strong>de</strong> prier<br />
plus encore et mieux. La contribution <strong>de</strong> l'artiste<br />
se fait alors mo<strong>de</strong>ste au moment même<br />
où apparaît sa gran<strong>de</strong>ur.<br />
L'unique Temple <strong>de</strong> Dieu<br />
Il Y a une différence profon<strong>de</strong> entre le Temple<br />
dont <strong>la</strong> Bible nous dit l'histoire inextricablement<br />
liée à celle du peuple d'Israel, et ce que nous<br />
appelons "<strong>de</strong>s temples", ceux <strong>de</strong> l'antiquité<br />
païenne dont nous voyons les vestiges. Dans le<br />
Temple <strong>de</strong> Jérusalem, même s'il prend ses<br />
modèles dans les sanctuaires sémitiques, le<br />
<strong>Saint</strong> <strong>de</strong>s <strong>Saint</strong>s, lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> Présence, contient <strong>la</strong><br />
gloire que l'homme ne peut représenter.<br />
Le vainqueur païen, Titus, épée au poing, sera<br />
surpris <strong>de</strong> n'y trouver que le vi<strong>de</strong>,<br />
La <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> <strong>la</strong> Présence -gloire, nuée,<br />
présence quasi sacramentelle-, Jésus <strong>la</strong> nomme<br />
"<strong>la</strong> maison <strong>de</strong> mon Père». Ce n'est donc pas une<br />
manière métaphorique et vague <strong>de</strong> localiser le<br />
sacré. Le Temple est le sanctuaire <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Demeure, le lieu où Dieu se donne non pas à<br />
voir -cer nul ne peut Le voir, non pas à saisir -car<br />
nul ne peut Le saisit-, mais se donne comme<br />
source <strong>de</strong> sainteté qu'Ezéchiel prophétisera dans<br />
<strong>la</strong> vision du fleuve d'eau vive.<br />
Le roi Salomon, bâtisseur <strong>de</strong> ce premier Temple,<br />
au moment <strong>de</strong> sa consécration, s'exc<strong>la</strong>me dans<br />
sa prière: "Est-ce que vraiment Dieu pourrait<br />
habiter avec les hommes sur <strong>la</strong> terre? Les cieux<br />
eux-mêmes et les cieux <strong>de</strong>s cieux ne peuvent te<br />
contenir! Combien moins cette maison que j'ai<br />
bâtie l- (2 Ch 6, 18). Ce n'est pas scepticisme,<br />
mais bien l'inverse. C'est en faisant grâce à<br />
l'homme que Dieu s'en <strong>la</strong>isse approcher.<br />
Le Temple, l'unique Temple, l'unique<br />
sanctuaire dont les prophètes dénonceront <strong>la</strong><br />
profanation est un Temple singulier, unique non<br />
seulement dans sa réalisation, mais dans ce<br />
qu'il exprime. Les parvis successifs qui<br />
l'entourent ne sont pas <strong>de</strong>s réserves cléricales<br />
initiatiques, mais ils marquent au contraire<br />
comme une progression <strong>de</strong> purification, <strong>de</strong><br />
consécration, <strong>de</strong> sainteté qui saisit le cœur <strong>de</strong>s<br />
hommes. Les hommes s'approchent <strong>de</strong> Dieu en<br />
son sanctuaire pour être vus <strong>de</strong> Lui, plutôt que<br />
pour Le voir.<br />
Le Temple <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre a été plusieurs fois détruit.<br />
Qui pourrait le reconstruire? Il est <strong>la</strong> figure du<br />
temple céleste, aussi bien pour le judaïsme<br />
d'aujourd'hui que pour l'Apocalypse qui décrit<br />
son achèvement eschatologique, à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s<br />
temps: "De temple, je n'en vis point dans <strong>la</strong> cité<br />
car son temple, c'est le Seigneur, le Dieu toutpuissant<br />
ainsi que l'Agneau, La cité n'a besoin ni<br />
du soleil ni <strong>de</strong> <strong>la</strong> lune pour l'éc<strong>la</strong>irer, car <strong>la</strong> gloire<br />
<strong>de</strong> Dieu l'illumine et son f<strong>la</strong>mbeau, c'est<br />
l'Agneau » (Ap 21. 22-23),<br />
Le temple <strong>de</strong> notre histoire<br />
Quand Jésus dit à Simon, son premier apôtre:<br />
"Tu es pierre » , il accomplit une purification<br />
absolue <strong>de</strong> l'image du Temple. A <strong>la</strong> fois une<br />
déréification et une personnalisation encore plus<br />
sublime, presque inconcevable, du temple. Non<br />
plus le Temple céleste <strong>de</strong> l'Apocalypse, mais le<br />
temple <strong>de</strong> notre histoire qu'il désigne comme son<br />
assemblée, son Eglise.<br />
Dans <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Césarée <strong>de</strong> Philippe, en un jour<br />
qui est probablement celui du Grand Pardon,<br />
Jésus interroge ses disciples: "Vous, qui ditesvous<br />
que je suis ? » - "Tu es le Christ, le Messie,<br />
le Fils du Dieu vivant », Cette parole qui sort <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
bouche <strong>de</strong> Simon, Jésus l'authentifie en<br />
y reconnaissant <strong>la</strong> voix du Père invisible<br />
qui révèle <strong>la</strong> Parole éternelle faite homme:<br />
"Heureux Simon, fils <strong>de</strong> Jonas, car ce n'est ni <strong>la</strong><br />
chair ni le sang qui t'ont révélé ce<strong>la</strong>, mais mon<br />
Père qui est aux cieux ••. (à suivre)<br />
t Jea~arie cardinal LUSTIGER<br />
10 PARIS NOTRE DAME<br />
N'469 . 22 AVRIL <strong>1993</strong>
DIEU FAIT SA DEMEURE<br />
EN CE TEMPLE SPIRITUEL<br />
SUITE DE L'HOMÉLIE DU 27 JANVIER <strong>1993</strong>, À L'OCCASION DE LA BÉNÉDICTION<br />
DE LA CHAPELLE SAINT SYMPHORIEN À SAINT GERMAIN DES PRÉS<br />
Jésus annonce alors l'édification du<br />
sanctuaire messianique. Il donne à<br />
Simon un "nom <strong>de</strong> chose" : "Tu es<br />
"pierre", tu es roc. Et sur ce roc, je<br />
bâtirai mon Assemblée". Jésus ne dit pas:<br />
mon temple. L'expression <strong>de</strong> "temple<br />
spirituel" sera employée plus tard par saint<br />
Paul pour désigner l'édifice fondé sur Simon<br />
"pierre". Temple spirituel, c'est-à-dire édifié par<br />
l'Esprit <strong>Saint</strong>. Nos vies s'y trouvent<br />
assemblées, associées comme <strong>de</strong>s pierres<br />
vivantes ; les colonnes en sont les Apôtres; le<br />
Christ en est <strong>la</strong> pierre angu<strong>la</strong>ire. Image inouïe,<br />
irreprésentable, plus inconcevable que le<br />
Temple décrit par Ezéchiel.<br />
Je bâtirai mon Assemblée<br />
Jésus désigne donc ce temple sous le nom<br />
d'"Eglise", d'assemblée. Car ce Temple est<br />
encore inachevé tant que ne sont pas<br />
rassemblés tous les enfants <strong>de</strong> Dieu. Sa<br />
construction se poursuit jusqu'à <strong>la</strong> venue du<br />
Fils <strong>de</strong> l'Homme dans sa gloire. Ce Temple<br />
traverse l'histoire. Non pas comme un<br />
monument inusable, comme quelque pyrami<strong>de</strong><br />
qui défierait le temps. Mais parce que l'histoire<br />
humaine est marquée par <strong>la</strong> mort ;<br />
c'est le signe le plus certain <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong>s<br />
hommes.<br />
Toute <strong>la</strong> question est <strong>de</strong> faire face à <strong>la</strong> mort.<br />
Comment? La dominer ou <strong>la</strong> diviniser? Pour<br />
Israël, elle est l'ennemie. Le Christ-Messie en<br />
triomphe et démasque son vrai visage. Celle<br />
que nous avons nommée <strong>la</strong> camar<strong>de</strong> est <strong>la</strong><br />
figure et le stigmate du péché.<br />
Jésus ajoute: "Sur cette pierre -sur toi, Simon-,<br />
je bâtirai mon Eglise. Et <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong><br />
l'Hadès (<strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, <strong>de</strong> l'enfer<br />
pour traduire le moins mal possible) n'aura pas<br />
<strong>de</strong> pouvoir sur elle, ne l'emportera pas sur<br />
elle". Cette Eglise, en effet, est engagée dans<br />
un combat où elle est d'avance assurée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
victoire par <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> Jésus ressuscité et<br />
<strong>de</strong> l'Esprit que le Père lui donne.<br />
Parce qu'on y célèbre<br />
Il ne <strong>de</strong>vait y avoir en Israël qu'un Temple.<br />
y aurait-il désormais, après le Christ, une<br />
multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> temples et d'églises? Si le<br />
Temple, dans <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> Jésus, c'est son<br />
Eglise, il n'y a qu'un seul Temple spirituel,<br />
l'unique Epouse du Christ. Les églises ne sont<br />
donc pas <strong>de</strong>s Temples multipliés dans le<br />
temps et l'espace.<br />
Les églises ne sont que les abris précaires<br />
d'un peuple à nouveau en exo<strong>de</strong>. Le peuple <strong>de</strong><br />
Dieu qui, en tout instant et en tout lieu, s'y<br />
rassemble pour rendre grâce dans le Christ, a<br />
sa <strong>de</strong>meure dans le ciel (cf. Ph 3, 20). Il puise<br />
les ressources profon<strong>de</strong>s et cachées <strong>de</strong>s eaux<br />
jaillissantes <strong>de</strong> l'Esprit. En chaque instant et<br />
en chaque lieu où, ainsi, est offert le sacrifice<br />
du Messie ressuscité, l'Eglise entière est<br />
présente. Elle est solidaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong><br />
ceux qui <strong>la</strong> composent et <strong>la</strong> composeront,<br />
jusqu'aux limites <strong>de</strong> l'humanité, <strong>de</strong> son origine<br />
à sa plénitu<strong>de</strong>, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> toute imagination.<br />
Les premiers seront les <strong>de</strong>miers, les <strong>de</strong>rniers<br />
seront les premiers. Ceux qui pleurent seront<br />
consolés; les affamés <strong>de</strong> justice seront<br />
rassasiés. Les cœurs purs verront Dieu; car<br />
c'est aux pauvres en esprit qu'est donné le<br />
Royaume <strong>de</strong> Dieu; car les doux possè<strong>de</strong>ront <strong>la</strong><br />
Terre promise.<br />
Voilà le Temple véritable. Il n'y a donc pas, à<br />
cet égard, un art mo<strong>de</strong>rne ou un art ancien.<br />
Dans nos églises <strong>de</strong> pierre, les œuvres<br />
<strong>de</strong> l'art humain <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s signes dont<br />
seule l'aurore du Soleil <strong>de</strong> Justice peut<br />
vérifier <strong>la</strong> vérité et l'efficacité. Nous ne<br />
sommes pas dans un temple païen où<br />
rési<strong>de</strong>nt les idoles.<br />
Dieu fait sa <strong>de</strong>meure en ce Temple spirituel<br />
que nous formons, fugace, sans cesse défait<br />
et refait. Dieu nous unit à son Fils par le<br />
sacrement dont <strong>la</strong> "réserve" -<strong>la</strong> gar<strong>de</strong>- est <strong>la</strong><br />
présence en <strong>de</strong>s mains fragiles. Jésus a donné<br />
son Esprit <strong>Saint</strong>, mémoire <strong>de</strong> son Eglise, pour<br />
qu'elle perpétue le mémorial <strong>de</strong> son Corps livré<br />
et <strong>de</strong> son sang versé.<br />
Ce sanctuaire est église parce qu'on y célèbre<br />
l'eucharistie, <strong>de</strong> dimanche en dimanche. Telle<br />
est <strong>la</strong> dure épreuve <strong>de</strong>s signes qui ne<br />
<strong>de</strong>meurent vivants que par le culte spirituel<br />
sans cesse rendu à Dieu.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'art<br />
Tout homme -artiste, artisan- qui consacre sa<br />
vie à travailler le sensible pour le faire parler,<br />
pour en faire <strong>de</strong>s signes, est fasciné par ce qui<br />
s'accomplit ainsi. Car nous sommes au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
l'art; nous participons au culte spirituel. Nous<br />
sommes au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'esthétique; nous<br />
célébrons le sacrement. Nous sommes au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s; nous vivons l'histoire du salut.<br />
Nous ne pouvons nous emparer <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus<br />
haute vérité qui nous fait vivre parce que c'est<br />
elle qui nous rend libres. Nous ne pouvons<br />
rendre captive <strong>la</strong> liberté.<br />
L'instant où ce lieu reçoit <strong>la</strong> bénédiction <strong>de</strong><br />
Dieu est très grand. Il nous fait rejoindre <strong>la</strong><br />
continuité <strong>de</strong>s siècles. Non dans <strong>la</strong> nostalgie<br />
<strong>de</strong> ce qui fut et qui n'est plus. Mais dans <strong>la</strong><br />
communion <strong>de</strong>s saints. Tous ceux qui ont<br />
travaillé à rendre ce lieu au culte ont découvert,<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> curiosité <strong>de</strong> l'historien, <strong>la</strong><br />
mémoire vivante <strong>de</strong>s croyants, qui remonte<br />
jusqu'aux obscurs commencements<br />
du mon<strong>de</strong>.<br />
Dans <strong>la</strong> prière eucharistique, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai au<br />
Père <strong>de</strong>s cieux: "Comme il t'a plu d'accueillir<br />
les présents d'Abel le juste, le sacrifice <strong>de</strong><br />
notre père Abraham et celui que t'offrit<br />
Melkisé<strong>de</strong>k, ton grand-prêtre, en signe du<br />
sacrifice parfait, regar<strong>de</strong> cette offran<strong>de</strong> avec<br />
amour et, dans ta bienveil<strong>la</strong>nce, accepte-<strong>la</strong>".<br />
En cette célébration, nous sommes unis dans<br />
une unique louange à <strong>la</strong> foule innombrable <strong>de</strong>s<br />
hommes sauvés, aimés, rendus à <strong>la</strong> vie par <strong>la</strong><br />
puissance du Vivant.<br />
+ Jean·Marie cardinal LUSTIGER<br />
PARIS NOTRE DAME<br />
N'470 29 AVRIL <strong>1993</strong>