LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...
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6 INTRODUCTION LE MONSTRE : INSAISISSABLE ? tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013 1. L’érotique du monstre Image et discours du monstre Voici, plongé dans un bocal de formol, à jamais glacé dans un sommeil sans rêve ni réveil, quelques bulles de liquide accrochées aux narines, à la lèvre supérieure et au sourcil gauche, un monstre double tératodyme. Deux têtes parfaitement formées, la joue de l’une écrasant l’oreille de l’autre, se dressent sur deux cous qui viennent cependant se fixer sur un seul tronc d’où partent deux bras et deux jambes malingres et au bas duquel pointe un seul nombril. A-t-on tout dit lorsque nous avons fini de décrire l’apparence de ce corps monstrueux ? Cette description « colle »-t-elle bien à l’image que nous avons sous les yeux ? Ne faisons-nous pas au contraire, entre la description et la vue de l’image, l’expérience d’un écart dans le saisissement de sa présence? Cet écart ne semble pas seulement réductible à la sécheresse de la description – ou plutôt cette sécheresse même est comme le symptôme de quelque chose du monstre qui ne passe pas dans la description. En effet, trop accaparé par la notation des traits qui sortent de l’ordinaire, nous avons tu l’essentiel, que cependant nous avons immédiatement supposé pour pouvoir précisément discriminer ce qui sort de l’ordinaire ; ce que nous avons tu et que masque le terme « monstre » saute au contraire aux yeux lorsque nous regardons son image : ce tératodyme est un petit d’homme. Sous les écarts les plus manifestes se reconnaît un fœtus humain. La fascination de l’image s’origine là : dans cette immédiate reconnaissance de l’humain au milieu d’une telle déformation. Ce que la description ne transcrit pas, en en restant au déchiffrement du corps, c’est cet inassignable espace dans lequel le regard vacille et qu’il ne cesse plus ensuite de parcourir, où l’étrangeté
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INTRODUCTION<br />
<strong>LE</strong> <strong>MONSTRE</strong> : INSAISISSAB<strong>LE</strong> ?<br />
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1. L’érotique du monstre<br />
Image et discours du monstre<br />
Voici, plongé dans un bocal de formol, à jamais glacé dans un sommeil sans rêve ni<br />
réveil, quelques bulles de liquide accrochées aux narines, à la lèvre supérieure et au sourcil<br />
gauche, un monstre double tératodyme. Deux têtes parfaitement formées, la joue de l’une<br />
écrasant l’oreille de l’autre, se dressent sur deux cous qui viennent cependant se fixer sur un<br />
seul tronc d’où partent deux bras et deux jambes malingres et au bas duquel pointe un seul<br />
nombril. A-t-on tout dit lorsque nous avons fini de décrire l’apparence de ce corps<br />
monstrueux ? Cette description « colle »-t-elle bien à l’image que nous avons sous les yeux ?<br />
Ne faisons-nous pas au contraire, entre la description et la vue de l’image, l’expérience d’un<br />
écart dans le saisissement de sa présence? Cet écart ne semble pas seulement réductible à la<br />
sécheresse de la description – ou plutôt cette sécheresse même est comme le symptôme de<br />
quelque chose du monstre qui ne passe pas dans la description. En effet, trop accaparé par la<br />
notation des traits qui sortent de l’ordinaire, nous avons tu l’essentiel, que cependant nous<br />
avons immédiatement supposé pour pouvoir précisément discriminer ce qui sort de<br />
l’ordinaire ; ce que nous avons tu et que masque le terme « monstre » saute au contraire aux<br />
yeux lorsque nous regardons son image : ce tératodyme est un petit d’homme. Sous les écarts<br />
les plus manifestes se reconnaît un fœtus humain. La fascination de l’image s’origine là : dans<br />
cette immédiate reconnaissance de l’humain au milieu d’une telle déformation. Ce que la<br />
description ne transcrit pas, en en restant au déchiffrement du corps, c’est cet inassignable<br />
espace dans lequel le regard vacille et qu’il ne cesse plus ensuite de parcourir, où l’étrangeté