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LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

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tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

parents, pour chaque partie autre que la partie sexuelle, le nombre de molécules est deux fois<br />

plus important que nécessaire, si bien qu’une fois les molécules fixées et ayant pris la forme<br />

de la partie organisée d’où elles émanent, il reste des molécules organiques en surnombre :<br />

celles de la partie sexuelle non utilisée et toutes celles qui n’ont pas pu entrer en composition<br />

une fois que les parties organiques ont reçu le nombre suffisant de molécules. Ce sont elles<br />

qui forment le placenta et les enveloppes : « le placenta et les enveloppes sont formés de<br />

l’excédent des molécules organiques qui n’ont pas été employées à former le fœtus » 1 . Mais<br />

pourquoi ne formeraient-elles qu’un placenta et des enveloppes et non un autre corps organisé<br />

dans la mesure où il reste toutes les molécules requises pour cela ?<br />

Mais, dira-t-on, les enveloppes et le placenta devraient alors être un autre fœtus qui serait<br />

femelle si le premier était mâle, et qui serait mâle si le premier était femelle, car (…) il reste<br />

toutes les molécules des parties sexuelles de l’autre individu, et de plus, la moitié des autres<br />

molécules communes aux deux individus. 2<br />

Mais le fœtus étant formé le premier, « il exerce une force à l’extérieur, qui dérange<br />

l’établissement des autres molécules organiques, et qui leur donne l’arrangement qui est<br />

nécessaire pour former le placenta et les enveloppes » 3 .<br />

Pour élégante que soit cette solution, elle n’en contient pas moins un problème central,<br />

qui trouve sa racine dans l’idée de faire de la reproduction une génération continuée qui gère<br />

le superflu. Au fond, à bien examiner les choses, ne peut-on pas retourner aussi contre Buffon<br />

lui-même le reproche qu’il adressait avec justesse au préformationnisme, à savoir de<br />

présupposer donné ce que l’on veut justement expliquer ? Car si les molécules organiques se<br />

mettent en ordre, c’est parce que l’ordre est déjà là dans l’organisme animal adulte sous la<br />

forme du moule intérieur. Certes, s’« il n’y a donc point de germes préexistants, point de<br />

germes contenus à l’infini les uns dans les autres » 4 , il n’y a néanmoins formation que parce<br />

qu’il y a pré-formation, c’est-à-dire nécessaire présence préalable d’une forme. L’action de<br />

cette forme, c’est celle du moule intérieur. Cette pré-formation se joue à deux niveaux.<br />

Premièrement, les molécules organiques ne se mettent à la place qui est la leur que dans la<br />

mesure où elles répètent l’ordre de l’organisme dont elles sont originaires. Mais,<br />

deuxièmement, il faut bien que les parties ainsi organisées se placent à leur tour les unes par<br />

rapport aux autres, que les jambes par exemple ne suivent pas immédiatement la tête. Dès<br />

lors, il faut bien que soit présente déjà dès le départ la forme générale du corps, comme en<br />

creux si l’on peut dire dans chaque organe, afin que les lois d’affinité rapprochent et joignent<br />

ce qui doit être rapproché et joint. En d’autres termes, la forme précède la formation, de<br />

même que l’ordre précède l’ordonnancement.<br />

1 IR, II, ibid., p. 338.<br />

2 IR, II, ibid., p. 339.<br />

3 IR, II, ibid., pp. 339-340.<br />

4 IR, II, p. 426.

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