28.02.2014 Views

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

52<br />

tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

Les molécules organiques trouvent un autre fait en leur faveur : les liqueurs séminales.<br />

Si Buffon hésite à faire des vers spermatiques les molécules organiques, ou bien le résultat de<br />

leur première réunion 1 , il ne fait aucun doute à ses yeux que l’existence même de la liqueur<br />

séminale signe la présence des molécules organiques, d’autant plus qu’il est persuadé, par des<br />

observations au microscope, de les retrouver dans la liqueur séminale femelle ainsi que dans<br />

la chair des animaux et dans les germes des végétaux 2 . Dès lors, la conclusion s’impose :<br />

J’étais donc assuré par les expériences que je viens de rapporter, que les femelles ont,<br />

comme les mâles, une liqueur séminale qui contient des corps en mouvement ; je m’étais<br />

confirmé de plus en plus dans l’opinion que ces corps en mouvement ne sont pas de vrais<br />

animaux, mais seulement des parties organiques vivantes ; je m’étais convaincu que ces<br />

parties existent non seulement dans les liqueurs séminales des deux sexes, mais dans la chair<br />

même des animaux, et dans les germes des végétaux : et pour reconnaître si toutes les parties<br />

des animaux et tous les germes des végétaux contenaient aussi des parties organiques vivantes,<br />

je fis faire des infusions de la chair de différents animaux, et de plus de vingt espèces de<br />

graines de différentes plantes ; je mis cette chair et ces graines dans de petites bouteilles<br />

exactement bouchées, dans lesquelles je mettais assez d’eau pour recouvrir d’un demi-pouce<br />

environ les chairs ou les graines ; et les ayant ensuite observées quatre ou cinq jours après les<br />

avoir mises en infusion, j’eus la satisfaction de trouver dans toutes, ces mêmes parties<br />

organiques en mouvement ; les unes paraissaient plutôt, les autres plus tard ; quelques-unes<br />

conservaient leur mouvement pendant des mois entiers, d’autres cessaient plus tôt. 3<br />

Il semble alors que la découverte des vers spermatiques, qui est aussi celles des<br />

molécules organiques, s’accompagne de façon concomitante de celle de leur mouvement.<br />

L’activité des molécules organiques s’apparente donc de prime abord avec le mouvement.<br />

Autrement dit, elles sont actives dans la mesure où elles se meuvent.<br />

c) L’hypothèse du moule intérieur<br />

Avec les molécules organiques, Buffon croit avoir mis en lumière les éléments<br />

organiques mis en jeu dans la reproduction. Il reste toutefois à expliquer comment ces<br />

éléments s’organisent selon une forme particulière. C’est ici qu’intervient une hypothèse<br />

assez audacieuse de la part de Buffon : celle du moule intérieur 4 . L’objectif de cette hypothèse<br />

1 « Ces prétendus animaux [les vers spermatiques] ne sont que les parties organiques vivantes dont nous avons<br />

parlé, qui sont communes aux animaux et aux végétaux, ou tout au plus, ils ne sont que la première réunion de<br />

ces parties organiques », HN, Histoire des animaux, chap. 4 : De la génération des animaux, p. 170.<br />

2 Sur le compte rendu de l’observation au microscope des vers spermatiques dans la liqueur séminale de la<br />

femelle et les précautions prises, cf. IR, II, Histoire des animaux, chap. 6 : Expériences au sujet de la génération,<br />

expérience 26, p. 203 sq.<br />

3 IR, II, ibid., chap. 8 : Réflexions sur les expériences précédentes, p. 255, nous soulignons.<br />

4 Hypothèse qui néanmoins respecte les exigences rationnelles et méthodiques que Buffon rappelle : « Mais il<br />

faut exclure du nombre de celles [les hypothèses] que nous pourrions employer, toutes celles qui supposent la<br />

chose faite, par exemple, celle par laquelle on supposerait que dans le premier germe tous les germes de la même<br />

espèce étaient contenus, ou bien qu’à chaque reproduction il y a une nouvelle création, que c’est un effet<br />

immédiat de la volonté de Dieu, et cela, parce que ces hypothèses se réduisent à des questions de fait, dont il<br />

n’est pas possible de trouver les raisons : il faut aussi rejeter toutes les hypothèses qui auraient pour objet les<br />

causes finales, comme celles où l’on dirait que la reproduction se fait pour que le vivant remplace le mort, pour<br />

que la Terre soit toujours également couverte de végétaux et peuplée d’animaux, pour que l’homme trouve<br />

abondamment sa subsistance, etc. parce que ces hypothèses, au lieu de rouler sur les causes physiques de l’effet<br />

qu’on cherche à expliquer, ne portent que sur des rapports arbitraires et sur des convenances morales ; en même<br />

temps il faut se défier de ces axiomes absolus, de ces proverbes de physique que tant de gens ont mal à propos

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!