28.02.2014 Views

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

364<br />

tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

continue à lui échapper sur lequel elle ne cesse alors de s’appliquer. Ce quelque chose est<br />

l’indétermination de la matière, qui confère une part d’impuissance à l’accomplissement de la<br />

finalité, lui assurant, par là même, son effectivité. L’indétermination est ainsi incluse dans la<br />

finalité. Or, penser une pure indétermination, c’est chercher précisément à la soustraire à tout<br />

principe final, c’est laisser cette pure indétermination à elle-même. De ce point de vue, elle ne<br />

se laisse pas si aisément intégrer à la vie, si nous en faisons une caractéristique d’autre chose<br />

que de la vie. C’est pourquoi, si nous voulons penser une pure indétermination dans la vie,<br />

nous sommes obligés de penser une indétermination de la vie elle-même.<br />

Cette pure indétermination de la vie livre-t-elle le sens du monstre comme accident ?<br />

Inversement, le monstre compris comme accident peut-il nous donner accès au sens de<br />

l’indétermination de la vie ? La seconde critique porte sur cette compréhension du monstre<br />

comme accident. Certes, de la nécessité de l’accidentel, il est le plus accidentel ; à ce titre, il<br />

est alors l’accident qui montre la nécessité de l’accident au sein de la nature, ou au sein de la<br />

vie, si l’on se souvient que phusis a d’abord le sens de l’accroissement, de ce qui fait naître. Si<br />

l’on adopte un point de vue aristotélicien sur la vie, le monstre n’est pas ce qui, de la vie, fait<br />

son être, mais ce qui peut arriver à la vie dans la mesure où elle a à composer avec la matière.<br />

Si l’accident est essentiel, et si nous savons qu’il l’est par le monstre, celui-ci, en tant que tel,<br />

ne l’est pas. Si la vie a en puissance l’advenue des monstres à même elle-même, ce n’est pas<br />

parce qu’elle serait en elle-même une pure indétermination, mais parce qu’elle rencontrerait<br />

irrémédiablement l’indéterminé pur au sein duquel elle a à se rejoindre. Le monstre, c’est<br />

alors de la matière dans la vie, à même la vie. Il est bel et bien le vain, car il est ce qui ne<br />

reconduit pas la vie à elle-même, il est ce qui ne tient pas la vie au plus près d’elle-même, il<br />

est la vie se rendant étrangère à elle-même et se perdant dans l’indétermination de la matière.<br />

Le monstre ne serait en rien cette voie royale nous faisant pénétrer dans l’être de la vie.<br />

La puissance vitale<br />

Nous soutenons que si le monstre est possible, c’est à même la vie par la vie, et non<br />

par la matière au sein de la vie. Il faut penser une pure indétermination qui ne soit pas celle de<br />

la matière. Si nous avons assigné la pure indétermination à la matière, quand bien même, avec<br />

Aristote et son subtil retournement, elle peut permettre à la nature de se rejoindre elle-même,<br />

c’est parce que nous l’avons comprise comme un réceptacle, c’est-à-dire comme ce qui<br />

actualise la puissance en tant qu’en puissance. En d’autres termes, la pure indétermination a<br />

été saisie comme ce qui est en puissance. Mais la vie ne confère pas à la puissance le sens<br />

d’être en puissance ; il faut sortir de cette compréhension aristotélicienne de la puissance si<br />

nous voulons approcher ce qu’est la pure indétermination à l’œuvre dans la vie, si nous<br />

voulons donc saisir le monstre comme ce qui nous met en contact de la vie. Loin donc que la<br />

puissance renvoie au concept d’être en puissance, elle enserre le mouvement même<br />

d’advenue à l’être, elle décrit, ou plutôt nomme, l’acte par lequel les êtres vivants adviennent<br />

à la fois à l’être parce qu’en vie, à la vie parce qu’à l’être. Puissance advenante, elle précède

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!