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LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

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tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

distribution des individus, autrement dit sur la nature et le statut des variations et différences<br />

qu’ils présentent, et non comme une norme qui dit ce qui doit être. L’idée de type assure<br />

l’objectivité à l’idée d’espèce. La question désormais est de savoir quelle est la nature de ce<br />

point fixe, de ce type qui permet de saisir dans les individus des traits généraux, des structures<br />

communes par-delà les différences individuelles.<br />

Or faire l’hypothèse que le type commun est une idée régulatrice de la raison – ou de<br />

l’esprit dans le vocabulaire de Geoffroy Saint-Hilaire – offre l’avantage de rendre la question<br />

de la nature, ou de la réalité, du type commun comme n’ayant pas de sens. Lorsque Kant<br />

cherche à préciser ce que peut une théologie transcendantale par rapport à l’idée<br />

transcendantale d’un être suprême, il prend bien soin de spécifier ceci :<br />

Demande-t-on, en second lieu, si cet être est une substance, une substance de la plus haute<br />

réalité, une substance nécessaire, etc. ? Je réponds que cette question-là n’a pas de sens. En<br />

effet, toutes les catégories au moyen desquelles je cherche à me faire le concept d’un objet de<br />

ce genre n’ont d’autre usage qu’un usage empirique et perdent toute signification quand on ne<br />

les applique pas à des objets de l’expérience possible, c’est-à-dire au monde sensible. 1<br />

Poser la question de la réalité de l’objet de l’idée transcendantale, c’est sortir des<br />

bornes assignées à la connaissance et faire un usage transcendant de cette idée 2 . Or seules les<br />

catégories de l’entendement se rapportent à l’expérience possible, seules elles ont un usage<br />

empirique, non les idées de la raison. A quoi donc servent ces dernières si elles ne sont<br />

précisément que des idées sans possibilité de déterminer un objet ? Chez Kant, les idées ont<br />

une utilité subjective, à savoir qu’elles ne servent pas à étendre les connaissances objectives,<br />

mais sont une maxime pour la raison qui ne s’occupe que d’elle-même 3 . Mais si elles ont une<br />

fonction de maxime pour la raison, c’est qu’elles dessinent comme une direction qui organise<br />

l’unité des connaissances de l’entendement, elles conduisent la raison à rechercher une unité<br />

systématique dans ce que l’entendement par lui-même établit sans qu’il ait lui-même le<br />

soupçon d’une telle unité.<br />

La raison n’a donc proprement pour objet que l’entendement et son emploi conforme à une<br />

fin ; et, de même que celui-ci relie par des concepts le divers dans l’objet, de même celle-là, de<br />

son côté, relie par des idées le divers des concepts, en proposant une certaine unité collective<br />

pour but aux actes de l’entendement qui, sans cela, n’aurait à s’occuper que de l’unité<br />

distributive. (…)<br />

Si nous jetons un coup d’œil sur l’ensemble des connaissances de notre entendement, nous<br />

trouvons que la part qu’y a proprement la raison ou ce qu’elle cherche à constituer, c’est le<br />

systématique de la connaissance, c’est-à-dire son enchaînement en vertu d’un principe. 4<br />

Dès lors que les idées transcendantales ne se rapportent pas à des objets de<br />

l’expérience sensible, mais se rapportent à la totalité des actes de l’entendement comme ce<br />

1 Critique de la raison pure, trad. A. Tremesaygues et B. Pacaud, Paris, quadrige / PUF, 1997, p. 481.<br />

2 Sur la différence entre le transcendantal et le transcendant, cf. ibid., pp. 252-253.<br />

3 Ibid., pp. 472-473.<br />

4 Ibid., p. 453 et p. 454 ; cf. aussi p. 256 : « Si nous disons de l’entendement qu’il est le pouvoir de ramener les<br />

phénomènes à l’unité au moyen de règles, il faut dire de la raison qu’elle est la faculté de ramener à l’unité les<br />

règles de l’entendement au moyen de principes. Elle ne se rapporte donc jamais immédiatement ni à l’expérience<br />

ni à un objet quelconque, mais à l’entendement, afin de procurer a priori et par concepts aux connaissances<br />

variées de cette faculté une unité qu’on peut appeler rationnelle et qui est entièrement différente de celle que<br />

l’entendement peut fournir ».

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