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LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

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tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

lors le caractère du nombre peut-il entrer en considération et servir si, à partir de lui, la<br />

distinction entre la monstruosité et les autres divisions reste indéterminée ? Il va s’agir pour<br />

Geoffroy Saint-Hilaire d’établir ici des règles précises afin de lever toute équivocité. Nous<br />

n’allons pas entrer dans le détail de son texte mais simplement énoncer ces différentes règles.<br />

Le nombre normal, souligne l’auteur, peut être modifié soit par diminution soit par<br />

augmentation, mais ces deux types de modification présentent exactement les mêmes valeurs :<br />

ce que l’on peut dire de l’un, on peut également le dire de l’autre.<br />

Si, à un ensemble de parties, constituant l’état normal, le même organe est supposé ajouté ou<br />

retranché, de cette addition et de cette soustraction résulteront deux anomalies précisément<br />

inverses, mais dont la valeur anatomique sera toujours exactement la même. 1<br />

De là résultent deux règles clarifiant en partie le caractère du nombre :<br />

Lorsque l’addition anomale d’une partie suffit pour constituer une monstruosité, il en est de<br />

même de sa soustraction. Si elle ne suffit pas pour constituer une monstruosité, sa soustraction<br />

n’est, de même, qu’une variété ou un vice de conformation. Les réciproques de ces deux<br />

propositions sont également vraies. 2<br />

Ces règles nous aident-elles à reconnaître parmi les phénomènes anomaux les<br />

monstruosités ? Elles ne nous disent rien sur ce qui conduit une addition ou une soustraction<br />

d’organes à constituer une monstruosité – elles s’installent d’emblée dans le constat de la<br />

monstruosité et elles légifèrent sur le rapport entre l’addition et la soustraction d’organes.<br />

Malgré tout, elles apportent une véritable aide en ceci qu’une monstruosité composée d’une<br />

addition d’une partie nous met sur la voie de la monstruosité inverse qui est composée de la<br />

soustraction de la même partie. Ces règles ne sont pas des règles d’observation ni de<br />

discrimination entre une monstruosité et un vice de conformation, ce sont des règles<br />

d’inférence permettant de raisonner à partir du connu sur ce qui ne l’est pas encore, ou bien à<br />

partir de ce qui est sur ce qui n’est pas encore observé mais qui pourrait être et que l’on<br />

pourrait peut-être rencontrer, bref ce sont des règles qui régissent la sphère du possible.<br />

Le problème donc de ces règles régissant le nombre est qu’elles partent et s’appuient<br />

sur le visible. Or le visible n’a ici encore rien d’une évidence. En effet, il se peut que<br />

l’addition ou la soustraction d’organes ou de parties ne soient qu’apparentes.<br />

Les anomalies de nombre, sous un point de vue général, doivent être divisées en deux<br />

groupes : celles qui résultent de l’addition ou de la soustraction réelle d’un ou plusieurs<br />

organes, et celles où il y a seulement augmentation ou suppression apparente. 3<br />

Où est l’apparence ? En fait, il peut se trouver qu’un organe qui, au cours de son<br />

développement, a un état où il est scindé en deux, ne réalise pas la réunion de ses deux parties<br />

en sorte que l’on se retrouve à l’état final avec deux demi-organes, et non véritablement avec<br />

deux organes distincts dont un serait surnuméraire. La suppression apparente s’explique par<br />

« la réunion contre nature et la fusion plus ou moins intime de deux organes ordinairement<br />

1 Ibid., I, p. 65.<br />

2 Ibid., I, pp. 65-66.<br />

3 Ibid., I, p. 66.

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