28.02.2014 Views

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

196<br />

tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

l’essence des choses, un ordre factice et arbitraire, mais éminemment utile, et remplace avec<br />

avantage la méthode jusqu'à ce que la science soit mûre pour l’établissement de celle-ci. La<br />

méthode a quelquefois été comparée à un édifice dont les faits particuliers seraient les<br />

matériaux. On pourrait, pour suivre cette idée, comparer aussi les systèmes à ces échafaudages<br />

dont le secours, d’abord indispensable, devient inutile dès qu’on atteint le faîte de l’édifice, et<br />

qui, par leur but et leur nature même, n’ont qu’une existence passagère et de courte durée. 1<br />

Si le monstre est objet d’une classification, de quel genre est celle-ci ? Geoffroy Saint-<br />

Hilaire n’est pas le premier à proposer une telle classification, mais il est en mesure de<br />

pouvoir juger la prétention de ces classifications à être soit des méthodes – « les<br />

classifications que possède la tératologie, sont-elles conformes à l’ordre naturel ? » – soit des<br />

systèmes – « sont-elles conformes au besoin présent de la science ? » 2 Il y a une troisième<br />

voie dessinée par Linné : sa classification des êtres vivants se prétend être à la fois un système<br />

et une méthode, elle est à la fois utile et naturelle. Peut-on faire une classification linnéenne<br />

des monstres ? « Est-il possible d’appliquer à la tératologie les principes et les formes des<br />

classifications linnéennes ; en d’autres termes, de classer les êtres anomaux suivant la<br />

méthode des naturalistes ? » 3<br />

Toutes les classifications antérieures des monstres sont<br />

insatisfaisantes aux yeux de Geoffroy Saint-Hilaire, soit parce qu’elles manquent d’être des<br />

systèmes, soit parce qu’elles manquent d’être une méthode, soit parce qu’elles manquent<br />

d’être les deux. Nous n’allons pas passer en revue l’ensemble des classifications que Geoffroy<br />

Saint-Hilaire expose et critique, mais en prendre une seulement, celle de Breschet, un de ses<br />

contemporains.<br />

Breschet divise les monstruosités en quatre ordres, eux-mêmes divisés en genres<br />

subdivisés en plusieurs sous-groupes :<br />

Ordre I : les agénèses (diminution de la force formatrice)<br />

Agénésie (déviation organique par absence d’organes ou défaut dans leur<br />

développement):<br />

formatrice) :<br />

- partielle<br />

- générale (exemples : nains, cagots)<br />

Diastématie (fissure ou fente sur la ligne médiane du corps)<br />

- diastématies de la tête<br />

- diastématies du tronc<br />

Atrésies (déviations organiques par imperforation)<br />

Symphysies (déviations organiques par fusion ou union des parties)<br />

Ordre II : les hypergénèses (déviations organiques avec augmentation de la force<br />

Hypergénèse partielle (exemple : la macrocéphalie)<br />

Hypergénèse générale (exemple : la macrosomatie, c’est-à-dire les géants)<br />

Ordre III : les diplogénèses (déviations organiques avec réunion des germes)<br />

1 Ibid., I, p. 81.<br />

2 Ibid., I, p. 82.<br />

3 Ibid., I, p. 82.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!