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LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

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tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

causes efficientes relèvent des parents, et, note Geoffroy Saint-Hilaire, en particulier de la<br />

mère. La distinction est plutôt conventionnelle, en effet, car seules à proprement parler les<br />

causes efficientes sont les véritables causes, en agissant sur les conditions de l’embryon, de<br />

telle sorte que les causes prochaines ne sont que les premiers effets. Pour être plus précis,<br />

c’est parce que les causes efficientes modifient les conditions de l’embryon qu’elles ont les<br />

moyens d’agir et de modifier la forme embryonnaire même. La causalité prochaine n’est au<br />

final que le moyen par lequel la causalité efficiente manifeste sa puissance causale.<br />

Celles-ci [les causes efficientes], comme l’indique leur nom, et comme on le verra, sont, à<br />

proprement parler, les causes véritables et essentielles : ce sont elles qui produisent les causes<br />

prochaines ; premiers effets devenant à leur tour causes de ceux qui suivent, et n’étant, par<br />

conséquent, dans la réalité, que ce qu’on nomme, en métaphysique, des moyens. 1<br />

Toutefois, Geoffroy Saint-Hilaire se penche de façon assez précise sur les causes<br />

prochaines, alors même qu’il reconnaît que là n’est pas la manifestation de la causalité<br />

véritable. La question est de savoir pourquoi. En fait, c’est ici que des théories tératologiques<br />

concurrentes jouent, et Geoffroy Saint-Hilaire est conduit à discuter de leur mérite respectif,<br />

avec cette prudence qui l’empêche de tomber dans le dogmatisme. Par exemple, comme tout<br />

être vivant, l’embryon est sujet aux maladies qui modifient ses conditions. Il apparaît logique<br />

qu’elles aient un rôle dans la formation des anomalies. Mais faut-il en conclure que toutes les<br />

anomalies peuvent être reconduites à des causes pathologiques ? Geoffroy Saint-Hilaire<br />

s’attache à critiquer l’idée selon laquelle « presque toutes les monstruosités de la tête et du<br />

rachis, et même l’acéphalie, [sont] regardées comme des désorganisations produites par<br />

l’hydrocéphalie ou l’hydrorachis » 2 . Il ne nie pas qu’elles n’aient pas un rôle à jouer dans la<br />

formation des monstruosités, mais il refuse absolument d’en faire un principe général. Car<br />

dès lors qu’on le prend pour base, le système d’explication qui s’ensuit se complique à ce<br />

point pour garder sa cohérence qu’il devient infidèle aux faits pour pouvoir continuer d’être<br />

fidèle à son principe de base.<br />

A ces systèmes si compliqués, et il faut le dire, si invraisemblables, à ces systèmes que leurs<br />

auteurs eux-mêmes, malgré tout leur mérite et leur savoir, n’ont pu réussir à étayer d’un seul<br />

argument de quelque valeur, opposez l’explication que fournit la Théorie générale des arrêts<br />

de formation et de développement. 3<br />

Geoffroy Saint-Hilaire va également fortement nuancer la théorie causale de son père<br />

qui met en avant l’idée que les monstruosités « résulteraient d’adhérences établies chez le<br />

jeune embryon entre un ou plusieurs de ses organes et les membranes de l’œuf ou du<br />

les prévisions de la théorie, ou même entièrement ignorées, tendent nécessairement, lorsqu’elles existent dans les<br />

premiers temps de la vie intra-utérine, à modifier les formations ou au moins les développements futurs. De là,<br />

dans le volume, dans la forme, dans la structure, dans la disposition, dans le nombre même des organes, des<br />

différences qui sont le plus souvent presque insensibles, mais qui, si les causes ont agi avec plus d’intensité,<br />

peuvent, les effets étant proportionnels aux causes, devenir très manifestes ; en d’autres termes constituer de<br />

véritables anomalies, soit seulement légères et locales, soit même graves et complexes. » Ibid., III, pp. 510-511.<br />

1 Ibid., III, p. 510.<br />

2 Ibid., III, p. 512.<br />

3 Ibid., III, p. 520.

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