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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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Cette lettre nous démontre donc bien qu'à ce moment l'écriture restait son premier intérêt.<br />

Pendant cette période, son intention d'écrire était évidente, il prévoyait même un voyage de<br />

recherches pour Bouvard et Pécuchet.<br />

Pourtant au fur et à mesure de l'évolution de <strong>la</strong> crise, l'état de conscience de F<strong>la</strong>ubert<br />

changea. Sa situation financière empira et il hypothéqua sa maison à Croisset, où il avait le<br />

droit de vivre jusqu'à son décès, avant que <strong>la</strong> demeure ne soit prise. Ses courriers prirent un<br />

ton plus tragique. Le 3 juillet 1875, il confessa à Tourgueneff:<br />

tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

Quant à moi, ça ne va pas ! Ça ne va pas du tout ! B. et P. sont restés en p<strong>la</strong>n. […] Je m’en<br />

aperçois maintenant, et j’ai peur d’en rester là. Je crois que je suis vidé. Et puis, pour vous dire<br />

<strong>la</strong> vérité, j’ai dans ces moments-ci les plus grands chagrins (dans mon intérieur), <strong>des</strong><br />

inquiétu<strong>des</strong> d’argent de <strong>la</strong> nature <strong>la</strong> plus grave. Ma pauvre tête est endolorie comme si on<br />

m’avait donné <strong>des</strong> coups de bâton. [Corr. IV, p. 929]<br />

Sa création qui le passionnait tant stagne. Il décrit sa souffrance, et ressent <strong>la</strong> misère comme<br />

« <strong>des</strong> coups de bâton » et <strong>la</strong> compare à une violence réelle.<br />

Malheureusement, cette crise ne s'améliora pas, et F<strong>la</strong>ubert finit par vendre son terrain<br />

de Deauville, et à <strong>la</strong> fin fut obligé de se séparer de nombre de ses biens. Il se confia à<br />

nouveau à George Sand le 18 août en 1875 :<br />

Ma pauvre nièce est complètement ruinée, et moi je le suis aux trois quarts. […] Eh bien je<br />

souhaite crever le plus vite possible car je suis fini, vidé et plus vieux que si j’avais cent ans. Il<br />

me faudrait m’enthousiasmer pour une idée, pour un sujet de livre. Mais <strong>la</strong> Foi n’y est plus. Et<br />

tout travail m’est devenu impossible.<br />

Ainsi je suis non seulement inquiet de mon avenir matériel, mais l’avenir littéraire me<br />

paraît anéanti. [Corr. IV, p. 946-947]<br />

Cette lettre n'aborde plus Bouvard et Pécuchet, sujet que l'auteur avait à cœur jusqu'ici.<br />

Tout projet concernant l'œuvre disparaît et il ne ressent plus <strong>la</strong> passion de créer. Il ne peut<br />

plus écrire. Il faut de même remarquer l'apparition du mot faillite . Ce courrier commence<br />

par ce propos, et prouve combien F<strong>la</strong>ubert était tourmenté. L'écriture à <strong>la</strong>quelle il s'était<br />

dévoué toute sa vie, est remp<strong>la</strong>cée pour <strong>la</strong> première fois par ses problèmes financiers. Non<br />

seulement <strong>la</strong> faillite lui ôta sa volonté de création, mais elle était aussi directement liée à sa<br />

mort.<br />

68<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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