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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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Mais avouant cette tristesse, F<strong>la</strong>ubert prépare progressivement Bouvard et Pécuchet. Par<br />

exemple, en août 1872, il raconte son projet sur Bouvard et Pécuchet avec passion.<br />

Je vais commencer un livre qui va m’occuper pendant plusieurs années. Quand il sera fini, si<br />

les temps sont plus prospères, je le ferai paraître en même temps que Saint Antoine. C’est<br />

l’histoire de ces deux bonshommes qui copient une espèce d’encyclopédie critique en farce.<br />

Vous devez en avoir une idée. Pour ce<strong>la</strong>, il va me falloir étudier beaucoup de choses que<br />

j’ignore : <strong>la</strong> chimie, <strong>la</strong> médecine, l’agriculture. Je suis maintenant dans <strong>la</strong> médecine. Mais il faut<br />

être fou et triplement frénétique pour entreprendre un pareil bouquin ! 185 [Corr. IV, p. 558-559]<br />

tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

Ensuite, en 1873 il lit énormément de documents et prend <strong>des</strong> notes comme il l’a annoncé à<br />

Madame Roger <strong>des</strong> Genettes. Malgré l’échec de <strong>la</strong> représentation de sa première pièce, Le<br />

Candidat en mars 1874, et <strong>la</strong> mauvaise critique sur La Tentation de Saint Antoine, il écrit à<br />

Edmond Laporte ainsi : « Rien ne s’oppose à ce que nous partions pour votre voyage de<br />

découvertes jeudi prochain. […] Je vous préviens, mon bon, que je ne sais pas quand je<br />

serai revenu ici. – car il faut que j’en finisse ! Il faut que j’aie découvert, avant de rentrer, le<br />

logis de mes bonshommes » 186 [Corr. IV, p. 810]. Il voyagea ainsi avec Edmond Laporte en<br />

Normandie, pendant quelques jours, afin de chercher <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce où ses héros, Bouvard et<br />

Pécuchet, habiteraient. Après l'avoir enfin trouvé il se sent prêt à écrire, et le 29 juillet 1974,<br />

il raconte sa décision à Tourgueneff : « Je serai revenu à Croisset vendredi (après-demain)<br />

et, le samedi 1er août, je commence, enfin, Bouvard et Pécuchet ! Je m'en suis fait le<br />

serment ! Il n'y a plus à reculer » [Corr. IV, p. 843]. Au mois d'octobre, il écrit aussi à sa<br />

nièce : « Je prépare actuellement mon premier chapitre (l'agriculture et le jardinage).<br />

L'introduction est faite. C'est bien peu comme nombre de pages, mais enfin je suis en<br />

route » 187 [Corre. IV, p. 878]. F<strong>la</strong>ubert annonce donc à plusieurs reprises que sa création<br />

avance en bonne voie. À en juger par ses lettres, ses <strong>la</strong>mentations sur sa solitude ne gênent<br />

en rien son travail. Il est donc difficile de considérer <strong>la</strong> douleur due à <strong>la</strong> perte de ses proches<br />

comme <strong>la</strong> raison principale de l'interruption de Bouvard et Pécuchet.<br />

L'autre raison, autrement dit sa crise financière, commence à retenir notre attention.<br />

Avant d'analyser concrètement ce problème, il est nécessaire de noter les idées de F<strong>la</strong>ubert<br />

185 Lettre à Edma Roger <strong>des</strong> Genettes, le 19 août 1872.<br />

186 Lettre à Edmond Laporte, le 12 juin 1874.<br />

187 Lettre à sa nièce Caroline, le 15 octobre 1874.<br />

65<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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