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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

Il est intéressant de voir qu’il écrivit beaucoup de phrases expliquant comment il s’était<br />

retrouvé dans l’incapacité d’écrire <strong>des</strong> lettres. Il utilise beaucoup le point d’interrogation, le<br />

point d’exc<strong>la</strong>mation et l’interjection « ah » dans sa correspondance, qui conviennent au<br />

<strong>la</strong>ngage parlé : <strong>la</strong> fréquence de l’emploi de ces phénomènes retient notre attention. Dans sa<br />

re<strong>la</strong>tion avec Louise Colet, il essaya de rester lointain et ce même lorsqu’elle lui demanda<br />

de <strong>la</strong> voir plus souvent. Il lui a écrit dans une lettre : « Je suis un homme-plume. Je sens par<br />

elle, à cause d’elle, par rapport à elle et beaucoup plus avec elle » 157 [Corr. II, p. 39].<br />

Comme F<strong>la</strong>ubert l’avoue ici, il peut transformer <strong>la</strong> vie quotidienne mécanique et<br />

superficielle en une vie plus animée seulement par le pouvoir de <strong>la</strong> plume. Il revit tout ce<br />

qu’il a vu et senti, c’est-à-dire toute sa vie, lorsqu’il prend <strong>la</strong> plume. Sa vie se transforme en<br />

une réalité colorée pour lui-même et aussi pour les autres. Il écrivit ses sentiments pour<br />

Madame Foucaud à Louise Colet : « Tu me dis que j’ai aimé sérieusement cette femme.<br />

Ce<strong>la</strong> n’est pas vrai. Seulement, quand je lui écrivais, avec <strong>la</strong> faculté que j’ai de m’émouvoir<br />

par <strong>la</strong> plume, je prenais mon sujet au sérieux ; mais seulement pendant que j’écrivais » 158<br />

[Corr. I, p. 379].<br />

De plus, F<strong>la</strong>ubert a tenté de se servir de <strong>la</strong> correspondance, qui permet d’avoir une idée<br />

d’une forme de réalité, afin de créer <strong>la</strong> réalité qui sera celle du roman. Ainsi a-t-il écrit à<br />

Louise Colet pendant l’écriture de Madame Bovary :<br />

Voilà deux jours que je tâche d’entrer dans <strong>des</strong> rêves de jeunes filles et que je navigue pour<br />

ce<strong>la</strong> dans les océans <strong>la</strong>iteux de <strong>la</strong> littérature à castels, troubadours à toques de velours à plumes<br />

b<strong>la</strong>nches. Fais-moi penser à te parler de ce<strong>la</strong>. Tu peux me donner là-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> détails précis qui<br />

me manquent. 159 [Corr. IV, p. 56]<br />

Dans cette lettre, on trouve <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription de <strong>la</strong> rêverie de <strong>la</strong> jeune fille, celle d’Emma<br />

Bovary. Cette lettre devint le réceptacre <strong>des</strong> opinions de Louise, représentante de toutes les<br />

femmes, pour construire l’héroïne de son roman. Pour F<strong>la</strong>ubert, qui continue d’écrire loin<br />

de Paris, <strong>la</strong> correspondance est le moyen de collectionner <strong>des</strong> sentiments sur le vif afin de<br />

les réutiliser.<br />

157 Ibid.<br />

158 Lettre à Louise Colet, le 8 octobre 1846.<br />

159 Lettre à Louise Colet, le 3 mars 1852.<br />

53<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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