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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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Dans les brouillons, F<strong>la</strong>ubert réécrit plusieurs fois le début du cinquième chapitre. Il a<br />

toujours commencé son écriture avec un jour d’été plein de soleil :<br />

Le bleu<br />

La journée était splendide. – ciel pur, petits nuages b<strong>la</strong>nc, très hauts. – Le soleil<br />

bril<strong>la</strong>it dans les jurdins [NAF23663 f o 344 v o (extrait)]<br />

Au f o 347 r o , aussi, F<strong>la</strong>ubert décrit l’éc<strong>la</strong>t <strong>des</strong> eaux et les reflets de <strong>la</strong> lumière sur les feuilles.<br />

Mais il y ajoute cette phrase :<br />

tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

La mansarde<br />

revenait – s’abattait de temps à autres<br />

aucun bruit sauf grosse<br />

bourdonnement d’une grosse mouche qui venait- sur <strong>la</strong> narine de<br />

Félicité. [NAF23663 f o 347 r o (extrait)]<br />

Raymonde Debray-Genette remarque cette atmosphère sinistre :<br />

Nous avons bien affaire à une sorte de préparation extatique, où chaque détail réaliste, normand<br />

(« masure », « pommiers »), ou tout à fait vulgaire concourt à l’expression de l’intensité dans <strong>la</strong><br />

variété harmonique, à une sorte de polyphonie silencieuse et pacifiante où seule <strong>la</strong> mouche<br />

apporte un élément de pourriture et d’agitation, et F<strong>la</strong>ubert <strong>la</strong> rattache alors à ce début de<br />

cadavérisation qui s’installe dans le corps de Félicité. 646<br />

Les mouches rappellent <strong>la</strong> « vanité » de <strong>la</strong> vie qui mène à <strong>la</strong> mort, et les « vanités » a aussi<br />

un élément symbolique au sens pictural. Dans le texte définitif, l’existence de <strong>la</strong> mouche est<br />

effacée. Mais F<strong>la</strong>ubert continue à écrire que le ciel est tout bleu aux f o 344 v o et 347 r o et au<br />

f o 350 v o il écrit : « le bleu du ciel, tout bleu ». Ainsi, le front bleu du perroquet rappelle le<br />

bleu du ciel dans lequel Félicité le voit s’envoler. Le ciel est un espace sacré et infini, et le<br />

bleu du front du perroquet, qui est resté jusqu’à <strong>la</strong> fin, contrairement aux autres couleurs,<br />

qui demeurèrent fugitives, et sur lequel F<strong>la</strong>ubert insiste, est le symbole de <strong>la</strong> sainteté qui<br />

transcende le quotidien.<br />

En fait, les fêtes dans les œuvres de F<strong>la</strong>ubert prennent plusieurs formes, comme un bal<br />

ou un banquet, mais leur point commun, c’est de quitter <strong>la</strong> routine pour libérer les instincts<br />

646 Raymonde Debray-Genette, Métamorphoses du récit, op. cit., p. 177.<br />

359<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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