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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

Pour Félicité, <strong>la</strong> violence et les insultes <strong>des</strong> autres n’ont aucune importance. Ce sur quoi<br />

F<strong>la</strong>ubert insiste dans le brouillon, c’est sa pureté et sa volonté très forte pour accomplir les<br />

actes qu’elle croit justes 631 .<br />

Cependant, elle n’incarne pas uniquement <strong>la</strong> sensibilité, <strong>la</strong> pureté et l’innocence d’une<br />

fille de <strong>la</strong> campagne. Elle montre aussi sa façon originale d’aimer les autres pendant toute<br />

sa vie. Sa passion n’a aucun rapport avec les sentiments, les intentions et <strong>la</strong> personnalité<br />

d’autrui. L’amour qu’elle porte aux autres est toujours uni<strong>la</strong>téral, spontané et totalement<br />

gratuit. De plus, Félicité ne cède à aucune peur ni à aucune menace et continue d’aimer<br />

avec une volonté farouche. On comprend par cet épisode du manuscrit que, pour obtenir<br />

son amour, il suffit de lui porter un peu d’intérêt.<br />

C’est l’absence de l’objet aimé qui nourrit son amour. Dans le texte définitif, le temps<br />

qui s’écoule entre sa première rencontre avec Théodore et <strong>la</strong> deuxième n’est pas indiqué<br />

avec précision et on ne sait pas quelle durée s’est écoulée. La deuxième rencontre a lieu<br />

« un autre soir » [TC, p. 45]. Cependant, au début, F<strong>la</strong>ubert écrit « deux ans après » au<br />

f o 275 v o , et au f o 274 v o on peut lire : « l’automne suivant ; trois mois après, un soir » 632 . On<br />

comprend en lisant les brouillons qu’une longue période de temps s’est potentiellement<br />

écoulée, marquée par l’absence de l’objet aimé. Cette tendance de Félicité ne se révèle pas<br />

seulement en faveur de Théodore. Elle s’est toujours inquiétée pour son neveu, Victor, un<br />

matelot souvent en voyage, et a toujours pensé à lui. Mais c’est lors de son dernier voyage<br />

en mer pour deux ans que l’amour de Félicité pour son neveu apparaît le plus nettement :<br />

« Dès lors Félicité pensa exclusivement à son neveu. Les jours de soleil, elle se tourmentait<br />

de <strong>la</strong> soif ; quand il faisait de l’orage, craignait pour lui <strong>la</strong> foudre » [TC, p. 59]. Virginie<br />

quitte aussi Félicité. Virginie est partie de <strong>la</strong> maison pour vivre au couvent. Son absence et<br />

celle de Victor se superposent et imposent à Félicité une très grande tristesse. Même après<br />

leur mort, elle continua de les aimer profondément. Par ailleurs, quand le perroquet, après<br />

631 Au f o 276 r o , il n’y a pas de scène où Félicité est insultée par sa patronne mais on trouve <strong>la</strong> scène<br />

où elle a essayé de sortir de <strong>la</strong> maison en cachette et sa patronne l’ayant trouvée l’a fouettée. Aux<br />

f o 275 r o et 282 v o , on trouve deux scènes, mais au f o 237 r o , F<strong>la</strong>ubert efface toutes les deux.<br />

632 Dans le scénario, f o 393 r o , F<strong>la</strong>ubert écrit « longtemps après, un soir ». Au f o 280 v o :<br />

l’année<br />

l’automne suivant<br />

trois mois plus tard<br />

Un autre soir, l’année suivante<br />

Mais après le f o 286 v o , « un autre soir » comme dans le texte définitive.<br />

350<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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