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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

Dans le brouillon, le nom de <strong>la</strong> ville, Colleville, n’est pas déterminé. Ce qui importe, c’est<br />

le bruit de <strong>la</strong> fête du vil<strong>la</strong>ge et l’enivrement de Félicité. Dans le texte définitif, F<strong>la</strong>ubert écrit<br />

« le tapage <strong>des</strong> ménétriers », mais dans le brouillon, l’orchestre, le chant <strong>des</strong> gens, les cris<br />

<strong>des</strong> marchands et les bruits qui se mé<strong>la</strong>ngent se résument au tapage <strong>des</strong> ménétriers. Dans <strong>la</strong><br />

marge, F<strong>la</strong>ubert décrit l’idée qui lui vient à l’esprit sur <strong>la</strong> base du f o 275 v o : « tout à coup<br />

assourdie par le brouhaha <strong>des</strong> voix et par <strong>la</strong> c<strong>la</strong>meur ». La perte de l’ouïe accentue le<br />

sentiment d’irréalité qui touche tous les sens à <strong>la</strong> fois. Par <strong>la</strong> suite, Félicité perdra l’ouïe<br />

définitivement. À cause de cette perte, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre elle et le monde extérieur deviendra<br />

limitée. Le déluge de bruits décrit dans le manuscrit <strong>la</strong> dévie de son trajet quotidien. C’est<br />

par ce tumulte qu’elle peut entrer inconsciemment dans un monde irréel, tout en suggérant<br />

<strong>la</strong> façon dont elle perdra l’ouïe à <strong>la</strong> fin du conte. En réalité, cet épisode est considéré<br />

comme important au f o 274 v o : « Elle fut tout de suite assourdie, éblouie, stupéfaite par le<br />

tapage ».<br />

Lorsqu’elle perd l’ouïe, elle devient attirée par les lumières <strong>des</strong> « quinquets » et les<br />

miroirs <strong>des</strong> « verroteries ». Il s’agit de lumières artificielles qui luisent faiblement dans les<br />

ténèbres et se différencient de <strong>la</strong> lumière du jour, qui révèle plus crûment les contours <strong>des</strong><br />

choses et <strong>des</strong> personnes. Les lumières artificielles sont seulement un reflet passif <strong>des</strong><br />

formes et <strong>des</strong> visages. Elles disparaissent sans attendre. Elles donnent l’illusion d’un monde<br />

hors du temps et du quotidien. Juste avant cette <strong>des</strong>cription, F<strong>la</strong>ubert décrit <strong>la</strong> vie dure et<br />

sans espoir de Félicité : elle est née dans une famille très pauvre, a perdu ses parents et<br />

travaillé dans <strong>des</strong> fermes comme servante. Ce sont l’espace festif et le spectacle qui est<br />

éc<strong>la</strong>iré par ces lumières artificielles qui permettent une pause dans le quotidien douloureux.<br />

Si <strong>la</strong> fête ne s’était pas interposée dans sa vie, l’amour de Félicité pour Théodore n’aurait<br />

jamais existé. Cette fête de vil<strong>la</strong>ge se situe donc dans le temps absolu qui touche au sens<br />

profond de l’existence de Félicité et lui permet de renaître.<br />

Dans les lumières irréelles, ce sont les couleurs variées <strong>des</strong> étoffes et <strong>la</strong> b<strong>la</strong>ncheur <strong>des</strong><br />

bonnets qui se reflètent dans ses yeux. Soudain, au milieu de ces couleurs, Théodore<br />

apparaît et les autres éléments de <strong>la</strong> fête disparaissent complètement. Il émerge de couleurs<br />

pâles, dans <strong>la</strong> fête qui est le symbole du peuple <strong>des</strong> campagnes. En considérant <strong>la</strong> trahison<br />

de Théodore qui suivit sa rencontre avec Félicité, on lui trouve une liaison directe avec <strong>des</strong><br />

couleurs bigarrées. Dans le symbolisme <strong>des</strong> couleurs de <strong>la</strong> fête, le mot « bigarrure »<br />

s’oppose à <strong>la</strong> b<strong>la</strong>ncheur <strong>des</strong> bonnets, qui symbolise <strong>la</strong> pureté de Félicité mais disparaît dans<br />

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Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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