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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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Finalement, le corps du ma<strong>la</strong>de est présenté ainsi :<br />

Alors le Lépreux l’étreignit ; et ses yeux tout à coup prirent une c<strong>la</strong>rté d’étoiles ; ses cheveux<br />

s’allongèrent comme les rais du soleil ; le souffle de ses narines avait <strong>la</strong> douceur <strong>des</strong> roses ; un<br />

nuage d’encens s’éleva du foyer, les flots chantaient. Cependant une abondance de délices, une<br />

joie surhumaine <strong>des</strong>cendait comme une inondation dans l’âme de Julien pâmé ; et celui dont les<br />

bras le serraient toujours grandissait, grandissait, touchant de sa tête et de ses pieds les deux<br />

murs de <strong>la</strong> cabane. Le toit s’envo<strong>la</strong>, le firmament se déployait ; [TC, p. 107-108]<br />

tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

Les mots célestes « étoile », « soleil », « nuage » suggèrent que le héros s’envole avec le<br />

lépreux 456 . Mais ce que l’on remarque le plus est que F<strong>la</strong>ubert introduit en même temps<br />

dans ce passage, l’image de l’eau ; « les flots chantaient », « comme une inondation ». La<br />

première expression évoque l’utérus de <strong>la</strong> mère, alors que <strong>la</strong> seconde évoque <strong>la</strong> perte <strong>des</strong><br />

eaux. Ces <strong>des</strong>criptions font se superposer l’image du corps du lépreux graduellement grand,<br />

à celui d’une femme enceinte. « Le toit s’envo<strong>la</strong>, le firmament se déployait » représente<br />

alors <strong>la</strong> joie de <strong>la</strong> renaissance de Julien dans l’espace infini et lumineux. De même, <strong>la</strong><br />

phrase, « Julien petit comme un p enfant se sentit soulevé. était bercé sur un cœur » au<br />

f o 447 v o , est supprimée afin justement d’accentuer l’impact de <strong>la</strong> renaissance de Julien.<br />

Enfin, le ma<strong>la</strong>de souhaite s’unifier spirituellement et physiquement avec le héros parce<br />

qu’il veut l’intégrer dans son corps, et c’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle le corps du ma<strong>la</strong>de<br />

s’agrandit et perd tout élément diabolique trouvé dans les premiers manuscrits, pour se<br />

transformer en corps féminin.<br />

En rédigeant les <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong>, F<strong>la</strong>ubert écrit à Georges Sand le 3 avril 1876, « ce qui<br />

paraît être l’extérieur est tout bonnement le dedans » [Corr. V, p. 31]. Pour conclure cette<br />

partie de notre analyse, nous pouvons donc nous pencher sur l’image du corps du lépreux<br />

comme extérieur.<br />

première partie du récit . Les étrangers qui le hasard mène au château <strong>des</strong> parents de Julien se voient<br />

certes bien traité par le seigneur <strong>des</strong> lieux, mais leur séjour se solide invariablement par un échange<br />

qui témoige de <strong>la</strong> bonne volonté de chacun [...]. » (Cécile Matthey, L’Écriture hospitalière, op. cit.,<br />

p. 51) <strong>la</strong>issent « en paiement d’hospitalité les feuilles sèches prises au jardin <strong>des</strong> olives » [f o 417 v o ].<br />

456 Voir Benjamin F. Bart, « D’où vient « Saint Julien » », op. cit., p. 77-89 : Bejamin F. Bart<br />

indique beaucoup de points communs entre <strong>la</strong> scène de <strong>la</strong> mort de Julien de F<strong>la</strong>ubert et celle de <strong>la</strong><br />

mort de Julien de Lecointre-Dupont. Par ce<strong>la</strong>, il suggère que F<strong>la</strong>ubert a été influencé par le livre de<br />

Lecointre-Dupont. Voir aussi G.-F.-G. Lecointre-Dupont, « La Légende de St Julien le Pauvre,<br />

d’après un manuscrit de <strong>la</strong> Bibliothèque d’Alençon », Mémoires de <strong>la</strong> société <strong>des</strong> antiquaires de<br />

l’Ouest, année 1838, Poitiers, Chez Fradet et chez Barbier, 1839, p. 190-201.<br />

218<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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