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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

épisode de chasse est une création de F<strong>la</strong>ubert 442 . Sur le vitrail et dans l’Essai de Langlois,<br />

Julien commet le parricide après un retour de combat, mais ce combat n’a aucune re<strong>la</strong>tion<br />

avec <strong>la</strong> femme du héros. Mais dans le conte de F<strong>la</strong>ubert, <strong>la</strong> cause du parricide est liée à <strong>la</strong><br />

femme qui oblige Julien à aller à <strong>la</strong> chasse, dont il reviendra déçu, et exaspéré : « Cette<br />

déception l’exaspéra plus que toutes les autres. Sa soif de carnage le reprenait ; les bêtes<br />

manquant, il aurait voulu massacrer <strong>des</strong> hommes » [TC, p.99]. Par <strong>la</strong> suite, <strong>la</strong> femme qui<br />

nia si fermement <strong>la</strong> malédiction disparaît soudainement du texte après le parricide, sa raison<br />

d’être étant l’accomplissement de <strong>la</strong> prophétie. On peut donc dire que dans le texte définitif<br />

elle devient le cerf même.<br />

En fait, en réécrivant <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription du corps de <strong>la</strong> femme, F<strong>la</strong>ubert arrive à lui donner<br />

un rôle important, où elle dominera le <strong>des</strong>tin de son mari. Au fur et à mesure de ce<br />

changement, son corps n’est alors plus symbole de p<strong>la</strong>isir et d’aisance, mais plutôt le<br />

dispositif qui amène Julien dans un abîme désespéré. Son corps mûr et nuancé d’érotisme<br />

se transforme en mots qui réalisent <strong>la</strong> malédiction. Ainsi, au moment où Julien est charmé,<br />

il est <strong>des</strong>tiné à accomplir le parricide. F<strong>la</strong>ubert insiste particulièrement sur les charmes de <strong>la</strong><br />

femme, jusqu’à <strong>la</strong> décrire comme une femme empreinte d’exotisme oriental, qui pleine de<br />

mystère opère sur Julien, mais lui reste incompréhensible.<br />

2. Le corps décomposé<br />

Dans La Légende de Saint Julien, il y a un autre personnage dont F<strong>la</strong>ubert décrit le<br />

corps minutieusement : le lépreux 443 . Dans ce conte, il apparaît comme s’il remp<strong>la</strong>çait <strong>la</strong><br />

n’avoir rien tué, à <strong>la</strong> lettre assoiffé de sang, il tuera ses parents » (Jean Bellemin-Noël, Le<br />

Quatrième conte de Gustave F<strong>la</strong>ubert, op. cit., p. 68).<br />

442 Voir Pierre-Marc de Biasi, « Le palimpseste hagiographique : L’appropriation ludique <strong>des</strong><br />

sources édifiantes dans <strong>la</strong> rédaction de <strong>la</strong> Légende de saint Julien l’Hospitalier », op. cit., p. 113-<br />

118 : Pierre-Marc de Biasi suppose que F<strong>la</strong>ubert s’inspira de l’histoire de Saint Eustache du vitrail<br />

de l’église de Caudebec, pour l’épisode de <strong>la</strong> deuxième chasse, église que l’écrivain visita avec<br />

Langlois dans son enfance. Sur ce vitrail, un chevalier à genoux prie à côté d’un grand cerf et un<br />

chien s’allonge à ses pieds. Saint Eustache était à <strong>la</strong> fois un brave soldat et un grand chasseur, qui se<br />

convertit après avoir vu une croix lumineuse sortir d’entre les cornes du cerf qu’il avait chassé.<br />

443 La lèpre est une ma<strong>la</strong>die spécifique : « <strong>la</strong> lèpre est tout autant une question spirituelle, car au<br />

Moyen-Âge, il n’est pas de ma<strong>la</strong>die qui ne touche l’être tout entier et qui ne soit symbolique. Le<br />

lépreux est ainsi un pécheur qui cherche à libérer son âme et son corps de ses souillures, en<br />

particulier de <strong>la</strong> luxure. […] On considère souvent que le lépreux a été engendré par ses parents<br />

pendant une <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> où <strong>la</strong> copu<strong>la</strong>tion est interdite aux époux (carême, vigils de fêtes, etc.). […]<br />

« Symbole par excellence du péché », le lépreux est aussi « l’image du Christ qui se charge de<br />

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Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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