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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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travers de ses retouches F<strong>la</strong>ubert fait ressembler progressivement <strong>la</strong> femme de Julien à une<br />

femme orientale 438 .<br />

Ce qui nous amène à nous pencher sur <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription de <strong>la</strong> femme de Julien dans le texte<br />

définitif. Elle apparaît devant Julien pour <strong>la</strong> première fois :<br />

Ses grands yeux noirs bril<strong>la</strong>ient comme deux <strong>la</strong>mpes très douces. Un sourire charmant écartait<br />

ses lèvres. Les anneaux de sa chevelure s’accrochaient aux pierreries de sa robe entrouverte ; et,<br />

sous <strong>la</strong> transparence de sa tunique, on devinait <strong>la</strong> jeunesse de son corps. Elle était toute<br />

mignonne et potelée, avec <strong>la</strong> taille fine. [TC, p. 93]<br />

tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

Ici, il y a un changement du même style, dans <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription de sa bouche « un sourire<br />

d’enfant entr’ouvre sa bouche » du f o 434 v o qui devient « un sourire charmant écartait ses<br />

lèvres ». Ces retouches attestent de <strong>la</strong> transformation de <strong>la</strong> jeune fille enfantine, en femme<br />

plus mûre. Par <strong>la</strong> suite il est intéressant de faire le rapprochement entre le verbe entrouvrir,<br />

utilisé dans <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription de <strong>la</strong> bouche dans les brouillons, et rep<strong>la</strong>cé dans le texte définitif<br />

dans <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription de <strong>la</strong> robe cette fois « sa robe entrouverte ». On devine bien l’évolution<br />

du mot qui passe d’un effet enfantin à une allusion sexuelle. Les cheveux sont pareils.<br />

438<br />

Pierre-Marc de Biasi analyse <strong>la</strong> femme orientale de Julien du point de vue de l’environnement<br />

historique du XIX e siècle : « L’image médiatrice de <strong>la</strong> femme « à l’orientale » procède du même<br />

déca<strong>la</strong>ge <strong>des</strong> points de vue qui fait de l’Orient de La Légende tout autre chose qu’un thème<br />

pittoresque. Mais il ne s’agit pas non plus d’un simple cliché convoqué pour <strong>la</strong> critique d’une<br />

esthétique d’évasion à vocation symbolisante. L’Orient, et plus précisément encore l’Orient<br />

légendaire n’est pas seulement un objet littéraire ; c’est aussi, en cette seconde moitié du XIX ème<br />

siècle, <strong>la</strong> position d’un problème nouveau construit par les récents développements du discours<br />

historique » (Pierre-Marc de Biasi, « Un conte à l’oriental : La tentation de l’Orient dans La<br />

Légende de Saint Julien l’Hospitalier », art. cité, p. 57).<br />

On pout trouver aussi une influence <strong>des</strong> Mille et une Nuits. Jean Bruneau indique une grande<br />

influence <strong>des</strong> Mille et une Nuits sur les romanciers et les poètes : « Des deux attitu<strong>des</strong> romantiques<br />

envers l’Orient, <strong>la</strong> mieux étudiée est sans doute le goût du pittoresque oriental. Les sources en sont<br />

bien connues : en premier lieu les Mille et une Nuits, traduites par Gal<strong>la</strong>nd dès les premières années<br />

du XVIII e siècle continuées ou imitées à maintes reprises. [...] Témoin Maxime Du Camp qui note à<br />

Smyrne : « C’est un lieu continuel pour les caravanes ; elles en partent, elles y arrivent ; elles s’y<br />

rencontrent, échangent les souhaits du voyage, et chacun prend sa route vers son but : vers <strong>la</strong> Perse,<br />

vers <strong>la</strong> Syrie, vers l’Égypte, que sais-je? vers tous les rayonnants pays <strong>des</strong> Mille et une Nuits. »<br />

(Maxime Du Camp, Souvenirs et paysages d’Orient, Smyrne. Ephèse. Magnésie. Constantinople.<br />

Scio, Paris, Arthus Bertrand, 1848 in-8 o , VIII, p. 35) » (Jean Bruneau, « Le Conte oriental » de<br />

F<strong>la</strong>ubert, op. cit., p.15-17). Jean Bruneau mentionne aussi une trace <strong>des</strong> Mille et une Nuits dans les<br />

manuscrits du Conte Oriental que F<strong>la</strong>ubert n’a jamais écrit : « Quelles sont les sources de l’épisode<br />

<strong>des</strong> Visions ? Le souterrain <strong>des</strong> premiers p<strong>la</strong>ns rappelle certains <strong>contes</strong> <strong>des</strong> Mille et une Nuits, par<br />

exemple Ali-Baba et les Quarante voleurs » (Jean Bruneau, « Le Conte oriental » de F<strong>la</strong>ubert, op.<br />

cit., p. 154).<br />

203<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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