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Analyse des Manuscrits des Trois contes: la transcendance des ...

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tel-00790321, version 1 - 19 Feb 2013<br />

tachait <strong>la</strong> dalle » [TC, p. 83]. Cette goutte de sang et sa couleur rouge sont <strong>la</strong> métaphore du<br />

commencement du massacre, c’est-à-dire le symbole <strong>des</strong> péchés de Julien.<br />

De plus, <strong>la</strong> couleur b<strong>la</strong>nche apparaît souvent comme celle de sa mère : « Elle était très<br />

b<strong>la</strong>nche » [TC, p. 80]. Et c’est vers son bonnet que Julien a <strong>la</strong>ncé son javelot en pensant<br />

qu’il s’agissait d’une cigogne en voyant « deux ailes b<strong>la</strong>nches » [TC, p. 91]. Par ailleurs, le<br />

noir est <strong>la</strong> couleur du cerf, qui symbolise le père, et qui maudit Julien : « Le cerf, qui était<br />

noir et monstrueux de taille, portait seize andouillers avec une barbe b<strong>la</strong>nche » [TC, p. 89].<br />

Le noir nous amène à <strong>la</strong> conclusion que dans le conte il représente <strong>la</strong> tragédie. La couleur<br />

rouge est aussi utilisée pour décrire le ciel en ce moment tragique : « le ciel était rouge<br />

comme une nappe de sang » [TC, p. 203].<br />

En particulier, les couleurs se superposent ensuite lors de <strong>la</strong> scène où Julien assassine<br />

ses parents. Tout d’abord, <strong>la</strong> chambre et le lit où ses parents se couchent, lieu de <strong>la</strong> tragédie,<br />

sont plongés dans les ténèbres. Raison pour <strong>la</strong>quelle Julien confondra ses parents avec sa<br />

femme et son amant. Après le parricide, <strong>la</strong> couleur rouge domine « Des éc<strong>la</strong>boussures et<br />

<strong>des</strong> f<strong>la</strong>ques de sang s’éta<strong>la</strong>ient au milieu de leur peau b<strong>la</strong>nche, sur les draps du lit » [TC,<br />

p. 101]. Leurs peaux b<strong>la</strong>nches correspondent aux barbes b<strong>la</strong>nches <strong>des</strong> cerfs, et les f<strong>la</strong>ques<br />

de sang à <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription rouge du ciel. Par cette concordance, les différences <strong>des</strong> meurtres<br />

<strong>des</strong> deux familles deviennent ambiguës.<br />

Lorsque l’on pense à <strong>la</strong> chasse avec les faucons, qui est l’occasion, avec le meurtre de <strong>la</strong><br />

famille de cerfs, d’introduire Julien au parricide, puis au sang, il est très naturel de retrouver<br />

toute l’histoire dans les couleurs du faucon. Dans le texte définitif le « faucon pèlerin »<br />

apparaît comme une espèce que le père de Julien élevait. Malgré ce<strong>la</strong>, ses couleurs sont<br />

profondément liées aux effets <strong>des</strong> actes de Julien. En d’autres termes, ces couleurs sont les<br />

actes mêmes et leur métaphore, c’est-à-dire <strong>la</strong> réalité dans le conte. Ainsi, les notes sur les<br />

faucons peuvent sembler comme le double de Julien : elles commencent par <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription<br />

d’une technique de chasse, celle qui utilise les faucons, puis elles concernent ses couleurs.<br />

Ce qui est intéressent, vers <strong>la</strong> fin du carnet, et surtout à partir du f o 78 v o , les couleurs<br />

deviennent plus variées. Par exemple, au f o 77 v o du Carnet 17 272 , l’envers <strong>des</strong> pattes est<br />

vert, au f o 77 r o , les yeux sont verts, et au f o 76 r o <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue de l’autour est noire. Ainsi,<br />

l’énumération <strong>des</strong> <strong>des</strong>criptions <strong>des</strong> couleurs qui n’ont aucune re<strong>la</strong>tion avec le texte définitif<br />

272 F<strong>la</strong>ubert, Carnets de travail, op. cit., p. 732. Dans ce folio, F<strong>la</strong>ubert note en detail une forme<br />

idéale <strong>des</strong> faucons : « Bonne forme de faucon : tête ronde, bec gros et court, le cou long, <strong>la</strong> poitrine<br />

<strong>la</strong>rge et dure d’ossement, cuisses grosses, jambes courtes, p<strong>la</strong>nte <strong>la</strong>rge, molle et verte ».<br />

100<br />

Ohashi, Eri. <strong>Analyse</strong> <strong>des</strong> <strong>Manuscrits</strong> <strong>des</strong> <strong>Trois</strong> <strong>contes</strong> : <strong>la</strong> <strong>transcendance</strong> <strong>des</strong> hommes, <strong>des</strong> lieux et <strong>des</strong> choses chez F<strong>la</strong>ubert - 2013

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