Pygmalion - Opéra de Bordeaux

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23.02.2014 Views

Johannes Brahms (1833-1897) Deux motets pour chœur mixte a cappella, op. 74 1. Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen ? (Pourquoi la lumière est-elle donnée à celui qui est dans le tourment ?) - 2. O Heiland, reiss die Himmel auf (O Sauveur, ouvre les cieux) Felix Mendelssohn (1808- 1847) Mitten wir im Leben sind (Nous sommes au centre de la vie), op. 23 n°2 Johannes Brahms Fest und Gedenksprüche (Pièces de fête et de commémoration), à double chœur, op.109 1. Unsere Väter hofften auf dich (Nos pères ont espéré en Toi) - 2. Wenn ein starker… (Quand un homme fort…) - 3. Wo ist ein so herrlich Volk ? (Où est-il un peuple aussi magnifique?) Pause Franz Schubert (1797-1828) Gott ist mein Hirt (Psaume XXIII) (Dieu est mon berger), D. 706 Ständchen (Sérénade), version pour mezzo-soprano solo et chœur de femmes, D. 921 Coronach, chœur funèbre pour voix de femmes, D. 836 Gesang der Geister über den Wassern (Chant des esprits au-dessus des eaux), chœur d’hommes D. 705 Johannes Brahms Geistliches Lied (Chant spirituel), op. 30 Johannes le Grand Dans son Histoire de la musique publiée en 1949, Emile Vuillermoz avait dit reconnaître en Brahms « un artiste de grande race qui réalisa le tour de force de soumettre aux disciplines les plus rigoureuses du classicisme, sans briser leur élan, et les styliser, des sentiments touchants, des pensées généreuses et des rêves d’une étonnante grandeur ». A l’époque, la musique de Brahms était loin d’avoir rencontré en France la reconnaissance qui est la sienne aujourd’hui. Désormais, la place de Brahms est acquise et lui permet de figurer parmi les plus grands noms de la musique universelle, y compris en France. Rétrospectivement, cette situation éminente s’explique par son génie romantique, non dénué d’un certain sens du fantastique, qui avait éclaté dès ses premières œuvres pour piano et dans sa musique de chambre. En même temps, la très solide technique que lui avait inculquée Eduard Marxsen, son maître à Hambourg, et aussi l’ampleur de sa culture littéraire, pouvaient l’une et l’autre le doter des armes qui permettent à un artiste de créer une œuvre capable de résister au temps et de défier les modes. De façon inattendue pour les esprits superficiels, la rude discipline formelle et aussi l’imagination créatrice qui se rencontrèrent en même temps chez Brahms allaient lui assurer bien plus que la simple survie : une place de précurseur de la modernité du siècle qui s’annonçait lorsqu’il mourut. Cette situation allait notamment lui permettre d’être admiré par Schoenberg et ses disciples. Viennois d’adoption, Brahms allait ainsi apparaître comme le maillon le plus fort existant entre les deux écoles qui portent le nom de la capitale de la musique, très précisément entre le romantisme déjà post-classique de la « Grande » Symphonie de Schubert et la science prophétique de la Symphonie n°5 de Mahler, écrites respectivement quelques années avant sa naissance et quelques années après sa mort

Un maître des chœurs A plusieurs reprises dans sa vie, Brahms eut l’occasion de diriger des ensembles vocaux, avec une rare intelligence artistique et musicologique, dont témoigne l’éclectisme de ses programmations. Et il aimait tellement le compositeur du Chant des Esprits au-dessus des eaux D. 705, sur un texte de Goethe, qu’il aurait certainement apprécié de voir sa propre musique figurer anachroniquement dans la reconstitution d’une « Schubertiade » et plus encore d’y entendre son propre Geistliches Lied (Chant spirituel) op. 30, aux subtils archaïsmes d’écriture, retentir à la suite d’un tel chefd’œuvre et conclure un concert. Comme l’avait eu avant lui Mendelssohn, notamment dans ses Trois musiques d’église op. 23, ouvertement inspirées de Palestrina, mais en profitant à la fois de sa pratique personnelle de la direction d’ensembles vocaux et des recherches des musicologues de son temps, Brahms éprouvait un goût prononcé pour l’écriture polyphonique chorale. En dédiant à Philipp Spitta ses Deux motets op. 74, il voulut sans doute à la fois prouver à ce grand spécialiste de Bach qu’il était possible d’écrire dans le style ancien sans pasticher le moins du monde les vieux maîtres. Une même volonté démonstratrice, à connotation patriotique, a présidé à la composition des Trois pièces op. 109, que Brahms dédia au bourgmestre de sa ville natale pour le remercier de lui avoir décerné le titre de citoyen d’honneur. Au cours de sa brève existence, Schubert écrivit des pièces pour toutes les combinaisons vocales accompagnées, avec parfois une voix soliste se détachant de l’ensemble, comme c’est notamment le cas de la version pour contralto solo et chœur de femmes de sa fameuse Sérénade (Ständchen) portant le numéro 921 dans le catalogue établi par Otto Deutsch. Le sacré et le profane se rencontrent chez Schubert et les plus grands noms des lettres allemandes — mais aussi européennes — l’inspirent : le philosophe Moses Mendelssohn, grand-père du compositeur, pour sa traduction allemande du Psaume XXIII D. 706 ou encore Walter Scott, pour Coronach D. 836, chœur dont la gravité pourrait déjà faire penser à Brahms… Robert Pierron

Un maître <strong>de</strong>s chœurs<br />

A plusieurs reprises dans sa vie, Brahms eut l’occasion <strong>de</strong><br />

diriger <strong>de</strong>s ensembles vocaux, avec une rare intelligence<br />

artistique et musicologique, dont témoigne l’éclectisme <strong>de</strong><br />

ses programmations. Et il aimait tellement le compositeur du<br />

Chant <strong>de</strong>s Esprits au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s eaux D. 705, sur un texte <strong>de</strong><br />

Goethe, qu’il aurait certainement apprécié <strong>de</strong> voir sa propre<br />

musique figurer anachroniquement dans la reconstitution<br />

d’une « Schubertia<strong>de</strong> » et plus encore d’y entendre son<br />

propre Geistliches Lied (Chant spirituel) op. 30, aux subtils<br />

archaïsmes d’écriture, retentir à la suite d’un tel chefd’œuvre<br />

et conclure un concert.<br />

Comme l’avait eu avant lui Men<strong>de</strong>lssohn, notamment<br />

dans ses Trois musiques d’église op. 23, ouvertement<br />

inspirées <strong>de</strong> Palestrina, mais en profitant à la fois <strong>de</strong> sa<br />

pratique personnelle <strong>de</strong> la direction d’ensembles vocaux<br />

et <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong>s musicologues <strong>de</strong> son temps, Brahms<br />

éprouvait un goût prononcé pour l’écriture polyphonique<br />

chorale. En dédiant à Philipp Spitta ses Deux motets op. 74,<br />

il voulut sans doute à la fois prouver à ce grand spécialiste<br />

<strong>de</strong> Bach qu’il était possible d’écrire dans le style ancien sans<br />

pasticher le moins du mon<strong>de</strong> les vieux maîtres. Une même<br />

volonté démonstratrice, à connotation patriotique, a présidé<br />

à la composition <strong>de</strong>s Trois pièces op. 109, que Brahms dédia<br />

au bourgmestre <strong>de</strong> sa ville natale pour le remercier <strong>de</strong> lui<br />

avoir décerné le titre <strong>de</strong> citoyen d’honneur.<br />

Au cours <strong>de</strong> sa brève existence, Schubert écrivit <strong>de</strong>s pièces<br />

pour toutes les combinaisons vocales accompagnées, avec<br />

parfois une voix soliste se détachant <strong>de</strong> l’ensemble, comme<br />

c’est notamment le cas <strong>de</strong> la version pour contralto solo<br />

et chœur <strong>de</strong> femmes <strong>de</strong> sa fameuse Séréna<strong>de</strong> (Ständchen)<br />

portant le numéro 921 dans le catalogue établi par Otto<br />

Deutsch. Le sacré et le profane se rencontrent chez Schubert<br />

et les plus grands noms <strong>de</strong>s lettres alleman<strong>de</strong>s — mais<br />

aussi européennes — l’inspirent : le philosophe Moses<br />

Men<strong>de</strong>lssohn, grand-père du compositeur, pour sa traduction<br />

alleman<strong>de</strong> du Psaume XXIII D. 706 ou encore Walter Scott,<br />

pour Coronach D. 836, chœur dont la gravité pourrait déjà<br />

faire penser à Brahms…<br />

Robert Pierron

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