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Conflits d'intérêts dans l'exercice médical - Conseil National de l ...

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Rapport adopté lors <strong>de</strong> la session du <strong>Conseil</strong> national<br />

<strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins du 8 avril 2011<br />

Dr Jean-François CERFON<br />

<strong>Conflits</strong> <strong>d'intérêts</strong> <strong>dans</strong> l’exercice <strong>médical</strong> :<br />

La déontologie <strong>médical</strong>e peut elle ai<strong>de</strong>r à restaurer la confiance ?<br />

Les conflits d’intérêts : un sujet d’actualité<br />

Les conflits d’intérêts : un sujet d’actualité qui interpelle l’Ordre <strong>de</strong>s Mé<strong>de</strong>cins<br />

Comme en témoignent les manchettes <strong>de</strong>s médias ci <strong>de</strong>ssous la notion <strong>de</strong> conflits d’intérêts<br />

revêt un regain d’actualité ces <strong>de</strong>rniers mois dont la presse s’est largement saisie ; outre le<br />

domaine <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine, ce phénomène touche tous les domaines <strong>de</strong> notre<br />

société, aussi bien politique que financier.<br />

Garant <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la relation mé<strong>de</strong>cin/mala<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’indépendance professionnelle <strong>de</strong>s<br />

mé<strong>de</strong>cins, mais aussi conforté par l’expérience <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 15 années <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s contrats<br />

entre praticiens et industrie pharmaceutique ou bio<strong>médical</strong>es, l’ordre <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins a un rôle<br />

majeur d’expertise à jouer <strong>dans</strong> la gestion <strong>de</strong>s conflits d’intérêts, <strong>dans</strong> le respect <strong>de</strong> la garantie<br />

<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> transparence.<br />

<strong>Conflits</strong> d’Intérêts : Sarkozy veut un projet <strong>de</strong> loi en 2011<br />

Mercredi 2 février 2011<br />

<strong>Conflits</strong> <strong>d'intérêts</strong>: 24 /09/ 2010 - Martin HIRSCH monte au front<br />

Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République a été <strong>de</strong>stinataire récemment du Rapport <strong>de</strong> la commission<br />

SAUVE sur la prévention <strong>de</strong>s CI, intitulé « pour une nouvelle déontologie <strong>de</strong> la vie<br />

publique ».<br />

Tentative <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> conflit d’intérêts (CI) :<br />

Il n’existe pas <strong>de</strong> définition générale, ni sur le plan légal, du CI ; cependant, un certain<br />

nombre d’auteurs ont proposé une approche permettant d’encadrer cette notion.


Définition du conflit d’intérêt en général<br />

‣ Une situation où celui qui est chargé <strong>de</strong> l'intérêt général peut être influencé par ses<br />

propres intérêts, classiquement financiers ;<br />

‣ « Son portefeuille est trop proche du stylo qui signe la décision prise au nom <strong>de</strong><br />

l'Etat. » l. M. HIRSCH.<br />

Dans le domaine <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />

R. SMITH, éditeur du British Journal of Mé<strong>de</strong>cine avait publié dès 1998 une définition du CI<br />

comme une série <strong>de</strong> situations où le point <strong>de</strong> vue d’un professionnel sur un sujet donné est<br />

susceptible d’être modifié <strong>de</strong> façon indue par la prise en compte d’un intérêt secondaire<br />

comme un bénéfice financier ou un autre avantage.<br />

« Le CI concerne tout intervenant au titre d’expert <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong> réflexion et <strong>de</strong><br />

recommandations qui pourrait tirer un avantage personnel pour peser sur la décision finale.»<br />

(F. Mc BETH in : rencontres HAS 2009 )<br />

Dans le cadre d’un organisme public selon la HAS, le conflit d’intérêts peut être défini,<br />

comme « un conflit entre la mission publique et les intérêts privés d'une personne qui exerce<br />

une mission <strong>de</strong> service public, lorsque la personne possè<strong>de</strong> à titre privé <strong>de</strong>s intérêts qui<br />

pourraient influencer indûment la façon dont elle s'acquitte <strong>de</strong> ses obligations et <strong>de</strong> ses<br />

responsabilités. L’intérêt peut être financier ou intellectuel. Il peut également être direct ou<br />

indirect. »<br />

Il peut également être direct ou indirect.<br />

On entend par :<br />

− Intérêt direct : un intérêt impliquant pour l’intéressé la rémunération ou une<br />

gratification, occasionnelle ou régulière, à titre personnel et sous quelque forme que ce<br />

soit.<br />

− Intérêt indirect : c’est la même opération que celle <strong>de</strong> l’intérêt direct, effectuée cette<br />

fois au bénéfice d’une personne, d’une institution ou d’un service, avec lesquels est<br />

habituellement en relation le membre visé, le comportement <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier pouvant se<br />

trouver influencé, même s’il ne reçoit rien à titre personnel.<br />

Pourquoi un regain d’actualité pour ce sujet ?<br />

Comme en témoignent les actualités, les conflits d’intérêt ont toujours existé <strong>dans</strong> différents<br />

domaines <strong>de</strong> la société notamment politiques financiers ou industriels. Ils sont le propre <strong>de</strong>s<br />

comportements humains qui peuvent être influencés par toutes sortes <strong>de</strong> motivations.<br />

Le regain d’intérêt pour ce sujet témoigne <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong> la société envers les<br />

élites et les mé<strong>de</strong>cins n’en sont pas épargnés, non pas tant <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> leur exercice<br />

individuel, mais surtout à l’égard <strong>de</strong>s responsables <strong>de</strong> la Santé Publique suite aux différentes<br />

affaires allant du sang contaminé à l’hormone <strong>de</strong> croissance et plus récemment <strong>de</strong> la<br />

pandémie grippale. Ainsi selon le journal le PARISIEN en janvier 2009, seuls <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s dix<br />

2


sept experts du Comité <strong>de</strong> lutte contre la grippe A H1N1 n’avaient pas <strong>de</strong> relations avec <strong>de</strong>s<br />

firmes ! Cette perte <strong>de</strong> confiance est <strong>de</strong> nature à altérer gravement la relation<br />

mé<strong>de</strong>cins/patients. Dans un sondage récent réalisé par l’IFOP et publié par le Quotidien du<br />

Mé<strong>de</strong>cin on apprend que <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins témoignent <strong>de</strong> ce que leurs patients sont<br />

désormais plus méfiants <strong>de</strong>s prescriptions ordonnées.<br />

Dans le domaine <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine en particulier, l’idée que les décisions<br />

<strong>médical</strong>es puissent être guidées par <strong>de</strong>s intérêts financiers ou autres est inacceptable au regard<br />

<strong>de</strong> ce que la société attend <strong>de</strong> ceux à qui les hommes doivent pouvoir confier leur vie et leur<br />

intimité sans aucune arrière pensée : La probité, l’impartialité et l’indépendance du<br />

mé<strong>de</strong>cin sont <strong>de</strong>s corollaires indispensables à l’exception qui est faite aux mé<strong>de</strong>cins,<br />

seule profession à pouvoir porter atteinte à l’intégrité corporelle <strong>de</strong>s individus telle que<br />

prévue par l’Art. 16-3 du Co<strong>de</strong> Civil.<br />

A l’instar <strong>de</strong> ce qui existe pour le respect <strong>de</strong> la confi<strong>de</strong>ntialité, sans gage <strong>de</strong> probité totale, <strong>de</strong><br />

loyauté, d’indépendance et <strong>de</strong> transparence aucun consentement ne saurait être accordé à un<br />

acte <strong>médical</strong>.<br />

En effet, l’indépendance attendue du mé<strong>de</strong>cin doit être telle qu’aucune autre<br />

considération ne saurait passer avant le seul intérêt du patient. C’est là une exigence<br />

lour<strong>de</strong>, tant cette indépendance est menacée : par les intérêts matériels du mé<strong>de</strong>cin, par son<br />

employeur, ses confrères, ou l’établissement <strong>de</strong> soins ou tout autre structure avec laquelle il<br />

collabore.<br />

Qui plus est, <strong>dans</strong> le domaine collectif, comme la santé publique, les enjeux humains, sociaux<br />

et économiques revêtent une importance particulièrement gran<strong>de</strong>. Cela suppose une exigence<br />

d’indépendance et d’impartialité <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s personnes participant aux<br />

procédures <strong>de</strong> décisions, d’avis ou <strong>de</strong> recommandations. Les recommandations<br />

professionnelles sont basées sur les résultats d’étu<strong>de</strong>s cliniques. Mais l’on sait qu’un grand<br />

nombre d’entre elles sont financées voire même contrôlées, notamment à travers <strong>de</strong>s clauses<br />

contractuelles <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité. L’industrie pharmaceutique ou bio<strong>médical</strong>e forme certains<br />

professionnels <strong>de</strong> santé en vue d’en faire <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs d’opinion sensés influencer les<br />

prescripteurs et ainsi assurer la promotion <strong>de</strong> leurs produits. Ces lea<strong>de</strong>rs d’opinion eux-mêmes<br />

participent aux équipes <strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong>s recommandations professionnelles.<br />

Trop d’exemples montrent combien <strong>de</strong>s techniques ou <strong>de</strong>s thérapeutiques ont été proposées<br />

sans pourtant apporter un avantage déterminant en terme <strong>de</strong> bénéfice rendu. Aussi les<br />

conclusions déposées <strong>dans</strong> ce domaine ne doivent être entachées d’aucun doute quant aux<br />

motivations qui ont pu conduire les experts à les établir !<br />

La presse <strong>médical</strong>e n’est pas épargnée<br />

L’impact <strong>de</strong> l’industrie pharmaceutique sur les publications <strong>médical</strong>es est rapporté <strong>de</strong>puis <strong>de</strong><br />

nombreuses années <strong>dans</strong> la littérature anglo-saxonne ; dès 1993 en effet F. THOMPSON<br />

abordait ce sujet <strong>dans</strong> un article du New England Journal of Me<strong>de</strong>cine. Le site <strong>de</strong><br />

FORMINDEP sous le titre « <strong>de</strong>s recommandations professionnelles peu recommandables »<br />

mentionne un article du JAMA <strong>de</strong> 2002 rapportant les résultats d’une enquête sur la nature<br />

<strong>de</strong>s liens d’intérêts entre l’industrie et les auteurs <strong>de</strong> recommandations en Amérique du nord<br />

et en Europe : 60 % <strong>de</strong>s auteurs auraient <strong>de</strong>s liens d’intérêts financiers avec les firmes dont les<br />

médicaments étaient concernés par la recommandation et 81% <strong>de</strong>s auteurs avaient <strong>de</strong>s liens<br />

d’intérêts avec <strong>de</strong>s firmes. Des recommandations sur le diabète et sur le cholestérol en<br />

3


Amérique du Nord auraient été influencées par <strong>de</strong>s liens d’intérêts avec <strong>de</strong>s firmes. Selon un<br />

article paru en 2003 <strong>dans</strong> la même publication, les essais cliniques financés par les<br />

laboratoires seraient cinq fois plus favorables aux médicaments testés que ceux financés par<br />

<strong>de</strong>s organismes indépendants.<br />

Enfin, un article du JAMA <strong>de</strong> mars 2011 relève à propos <strong>de</strong> 29 méta-analyses portant sur 509<br />

essais thérapeutiques randomisés, publiés <strong>dans</strong> plusieurs revues scientifiques l’absence <strong>de</strong><br />

transparence <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong>s essais ainsi que le manque <strong>de</strong> déclaration sur les CI.<br />

Et force est <strong>de</strong> reconnaître que malheureusement les CI ne se limitent pas au cas <strong>de</strong>s produits<br />

<strong>de</strong> santé ; ils pourraient rési<strong>de</strong>r aussi <strong>dans</strong> la réalisation d’un acte au seul profit <strong>de</strong> son auteur<br />

ou par exemple <strong>dans</strong> les rapports entre experts d’assurances et les compagnies qui les<br />

rétribuent, entre un mé<strong>de</strong>cin salarié et son employeur etc. ! Sans se lancer <strong>dans</strong> une chasse aux<br />

sorcières, cela <strong>de</strong>vrait être suffisamment convaincant pour justifier une veille déontologique<br />

renforcée sur ce sujet.<br />

Pourtant <strong>dans</strong> le domaine du soin, la loi n’impose pas <strong>de</strong> transparence quant aux liens<br />

d’intérêts <strong>dans</strong> l’activité <strong>de</strong> soins proprement dite. En 2009 une extension <strong>de</strong> l’obligation<br />

d’informer a été proposée : l’objectif était que le patient soit informé <strong>de</strong> l’existence et non du<br />

contenu du lien entre le mé<strong>de</strong>cin qui le soignait et une entreprise ; l’amen<strong>de</strong>ment a été rejeté<br />

au motif que la transmission d’une convention à l’Ordre suffisait pour en assurer la<br />

conformité déontologique (séance du 04.06.09 au Sénat).<br />

Les textes législatifs et réglementaires applicables en France<br />

Dans un souci <strong>de</strong> transparence la loi relative aux droits <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s et à la qualité du<br />

système <strong>de</strong> santé a voulu encadrer la communication <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins sur les produits <strong>de</strong><br />

santé :<br />

Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Santé Publique Article L.4113-13 prévu par loi 2002-303 du 4 mars 2002.<br />

« Les membres <strong>de</strong>s professions <strong>médical</strong>es qui ont <strong>de</strong>s liens avec <strong>de</strong>s entreprises et<br />

établissements produisant ou exploitant <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> santé ou <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> conseil<br />

intervenant sur ces produits sont tenus <strong>de</strong> les faire connaître au public lorsqu'ils s'expriment<br />

lors d'une manifestation publique ou <strong>dans</strong> la presse écrite ou audiovisuelle sur <strong>de</strong> tels produits.<br />

Les conditions d'application du présent article sont fixées par décret en <strong>Conseil</strong> d' Etat. »<br />

Les manquements à ces règles sont punis <strong>de</strong> sanctions prononcées par l'ordre professionnel<br />

compétent.<br />

Art. R.4113-110 (décret d’application du 25.03.2007)<br />

‣ « L'information du public sur l'existence <strong>de</strong> liens directs ou indirects entre les<br />

professionnels <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong>s entreprises ou établissements mentionnés à l'article<br />

L.4113-13 est faite, à l'occasion <strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong> ce professionnel, soit <strong>de</strong> façon<br />

écrite lorsqu'il s'agit d'un article <strong>de</strong>stiné à la presse écrite ou diffusé sur Internet, soit<br />

<strong>de</strong> façon écrite ou orale au début <strong>de</strong> son intervention, lorsqu'il s'agit d'une<br />

manifestation publique ou d'une communication réalisée pour la presse<br />

audiovisuelle. »<br />

4


N B. :Si les textes prévoient l’obligation <strong>de</strong> déclaration, et <strong>de</strong> sanction disciplinaire<br />

éventuelle <strong>de</strong> l’Ordre a posteriori, il n’est en revanche pas prévu <strong>de</strong> modalités <strong>de</strong><br />

contrôle a priori comme cela est le cas pour les relations avec l’industrie<br />

pharmaceutique réglementées par l’article L.4113-6 du CSP.<br />

Législation concernant l’AFSSAPS Art. L.5323-4 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique<br />

« Les agents contractuels <strong>de</strong> l’agence mentionnés à l'article L.5323-2 et L.5323-3 du CSP :<br />

2° Ne peuvent, par eux-mêmes ou par personne interposée, avoir, <strong>dans</strong> les établissements ou<br />

entreprises contrôlés par l'agence ou en relation avec elle, aucun intérêt <strong>de</strong> nature à<br />

compromettre leur indépendance.<br />

Les agents précités sont soumis aux dispositions prises en application <strong>de</strong> l'article 87 <strong>de</strong> la loi<br />

n° 93-122 du 29 janvier 1993 relative à la prévention <strong>de</strong> la corruption et à la transparence <strong>de</strong><br />

la vie économique et <strong>de</strong>s procédures publiques.<br />

Les personnes collaborant occasionnellement aux travaux <strong>de</strong> l'agence et les autres personnes<br />

qui apportent leur concours aux conseils et commissions siégeant auprès d'elle, à l'exception<br />

<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> ces conseils et commissions, ne peuvent, sous les peines prévues à l'article<br />

432-12 du co<strong>de</strong> pénal, traiter une question <strong>dans</strong> laquelle elles auraient un intérêt direct ou<br />

indirect. »<br />

L’interdiction faite aux personnes exerçant une fonction publique <strong>de</strong> se placer <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s<br />

situations où leur intérêt serait en contradiction avec l’intérêt général répond à un double<br />

objectif :<br />

1- éviter qu’elles n’en tirent profit pour elles mêmes et négligent ainsi l’intérêt public<br />

qu’elles doivent servir ;<br />

2- éviter qu’elles puissent seulement en être suspectées, car le délit peut être considéré<br />

comme constitué même s’il n’y a pas eu <strong>de</strong> recherche d’un gain ou avantage<br />

personnel, et même si aucun profit n’a été retiré <strong>de</strong> l’intervention. En outre, le délit ne<br />

suppose pas que la collectivité ait subi un préjudice. La sanction est prononcée même<br />

en l’absence <strong>de</strong> dommage.<br />

La responsabilité <strong>de</strong> la HAS peut être engagée, et elle peut être condamnée à verser <strong>de</strong>s<br />

dommages intérêts, si l’acte illégal a causé un préjudice, dès lors que celui qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

réparation est en mesure <strong>de</strong> prouver que l’irrégularité commise lui a été directement<br />

préjudiciable.<br />

Co<strong>de</strong> Pénal : Prise illégale d’intérêts (article 432-12 du Co<strong>de</strong> Pénal) :<br />

« le fait, par une personne dépositaire <strong>de</strong> l’autorité publique ou chargée d’une mission <strong>de</strong><br />

service public [-] <strong>de</strong> prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt<br />

quelconque <strong>dans</strong> une entreprise ou <strong>dans</strong> une opération dont elle a, au moment <strong>de</strong> l’acte, en<br />

tout ou partie, la charge d’assurer la surveillance, l’administration, la liquidation ou le<br />

paiement… ».<br />

5


La prise illégale d’intérêts est punie <strong>de</strong> cinq ans d'emprisonnement et <strong>de</strong> 75 000 euros<br />

d'amen<strong>de</strong>.<br />

L’article R.161-85 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sécurité sociale<br />

Etend la sanction <strong>de</strong> la prise illégale d’intérêt à « tout traitement, par les membres ou<br />

collaborateurs <strong>de</strong> la HAS, d’une question <strong>dans</strong> laquelle ils auraient un intérêt direct ou<br />

indirect ». Les personnes collaborant occasionnellement aux travaux <strong>de</strong> la Haute Autorité, les<br />

experts, les personnes qui apportent leur concours au collège ou aux commissions<br />

spécialisées <strong>de</strong> la Haute Autorité et les membres <strong>de</strong>s commissions spécialisées ne peuvent,<br />

sous les peines prévues à l’art.432-12 <strong>de</strong> Co<strong>de</strong> Pénal, traiter une question <strong>dans</strong> laquelle elles<br />

auraient un intérêt direct ou indirect.<br />

En cas <strong>de</strong> manquement à ces dispositions, le collège statuant à la majorité <strong>de</strong> ses membres<br />

peut mettre fin à leurs fonctions.<br />

L’exemple <strong>de</strong> la HAS<br />

La haute autorité a été récemment la cible <strong>de</strong> vives critiques quant à la neutralité <strong>de</strong>s experts<br />

participant à l’élaboration <strong>de</strong> certaines recommandations, notamment sur la maladie<br />

d’Alzheimer (FORMINDEP Revue Prescrire), qui ont conduit à l’annulation par le <strong>Conseil</strong><br />

d’Etat <strong>de</strong> recommandations sur le diabète <strong>de</strong> type 2. Pourtant la HAS a travaillé <strong>de</strong>puis<br />

plusieurs années sur une meilleure approche <strong>dans</strong> le domaine <strong>de</strong> la transparence :<br />

En effet, dès 2006, la HAS a élaboré un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s déclarations d’intérêts et <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s<br />

conflits.<br />

Selon cette <strong>de</strong>rnière, les recommandations professionnelles sont « <strong>de</strong>s propositions<br />

développées selon une métho<strong>de</strong> explicite pour ai<strong>de</strong>r le praticien et le patient à rechercher les<br />

soins les plus appropriés <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s circonstances cliniques données ». L’objectif est<br />

d’informer les professionnels <strong>de</strong> santé et les patients et usagers du système <strong>de</strong> santé sur l’état<br />

<strong>de</strong> l’art et les données acquises <strong>de</strong> la science afin d’améliorer la prise en charge et la qualité<br />

<strong>de</strong>s soins.<br />

La Haute Autorité <strong>de</strong> santé a accentué sa politique <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s conflits d’intérêts en<br />

créant un groupe indépendant d’experts extérieurs « Déontologie et indépendance <strong>de</strong><br />

l’expertise » et en publiant les déclarations d’intérêt <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ses membres et agents<br />

exerçant <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> responsable. Elle publie également un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s déclarations<br />

publiques d’intérêts qui précise l’ensemble <strong>de</strong>s règles applicables (contenu <strong>de</strong>s déclarations,<br />

modalités <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s conflits d’intérêts, diffusion publique <strong>de</strong>s déclarations). Une charte<br />

<strong>de</strong> déontologie a du reste été adoptée par le collège le 19.11.2008 applicable à tous ceux qui<br />

participent aux travaux <strong>de</strong> la HAS.<br />

En France le sénateur François AUTAIN a manifesté à plusieurs reprises son souci <strong>de</strong><br />

défendre l’indépendance et la transparence <strong>de</strong>s prestataires <strong>de</strong> santé : aussi il exige que soit<br />

appliqué avec plus <strong>de</strong> rigueur l’article L.5323-4 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique afin, d’une part,<br />

<strong>de</strong> faire cesser les conflits d’intérêts existant au sein <strong>de</strong> la Haute Autorité <strong>de</strong> santé et d’autre<br />

part <strong>de</strong> rendre effective l’obligation pour l’ensemble <strong>de</strong>s personnes travaillant pour la Haute<br />

Autorité <strong>de</strong> rendre publiques leurs déclarations d’intérêts.<br />

6


La transparence actuelle prévue par les dispositions susvisées reste cependant insuffisante<br />

pour nombre d’observateurs. En effet, ils estiment que la France <strong>de</strong>vrait s’inspirer <strong>de</strong>s États-<br />

Unis où a été adoptée une disposition assez contraignante avec la loi OBAMA sur la santé.<br />

Cette disposition, issue d’un texte d’origine parlementaire « the Sunshine Act », oblige, à<br />

partir <strong>de</strong> 2011, tous les laboratoires pharmaceutiques, à rendre publics tous leurs liens avec les<br />

mé<strong>de</strong>cins et le montant <strong>de</strong>s sommes qui leur sont versées. Sans attendre cela, certaines firmes<br />

ont déjà anticipé cette mesure et présentent, sur leur site américain, toutes les contributions<br />

versées aux experts. C’est le cas notamment <strong>de</strong> Glaxo SmtihKline (GSK) ou <strong>de</strong> Pfizer : cette<br />

firme précise sur son site qu’entre juillet et décembre 2009, elle a versé un total <strong>de</strong> 35 millions<br />

<strong>de</strong> dollars à environ 4 500 professionnels <strong>de</strong> santé américains.<br />

Sur le plan international, l’évaluation <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s recommandations professionnelles<br />

repose sur un outil standardisé <strong>de</strong> 23 critères, appelée grille AGREE.<br />

Des procédures <strong>de</strong> déclaration d’intérêts existent <strong>de</strong>puis plusieurs années et figurent sur les<br />

sites <strong>de</strong> la HAS ou <strong>de</strong> l’AFSSAPS. La nature <strong>de</strong>s liens doit être graduée : en effet, il peut<br />

s’agir <strong>de</strong> liens financiers durables avec une entreprise du secteur bio<strong>médical</strong> comme le fait <strong>de</strong><br />

déposer un brevet ou <strong>de</strong> liens plus ponctuels comme <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> conseils ou la<br />

participation à une enquête épidémiologique voire même d’une invitation à participer à une<br />

réunion professionnelle.<br />

Le problème <strong>de</strong> l’indépendance <strong>de</strong> l’expert :<br />

Certains experts vivent mal l’obligation légale <strong>de</strong> déclaration et cela explique leurs réticences<br />

<strong>dans</strong> ce domaine ; c’est ainsi que le Pr NISAND ou le Dr LETOMBE estiment qu’il ne faut<br />

pas aller trop loin <strong>dans</strong> ce domaine au risque d’écarter <strong>de</strong>s agences sanitaires les experts les<br />

plus pointus ; les personnalités qui disposent <strong>de</strong>s compétences et connaissances nécessaires ne<br />

sont pas nombreux : faut il alors se passer <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong> ceux qui bien qu’ayant <strong>de</strong>s relations<br />

avec les firmes figurent parmi les plus avisés sur le sujet ? « La notion <strong>de</strong> CI est<br />

cosubstantielle à toute activité humaine requérant une compétence chaque expert ayant ses<br />

idées. » écrit L. Degos. « L’indépendance totale n’existe pas à moins <strong>de</strong> faire appel à une<br />

personne totalement extérieure au sujet ce qui est contraire à la notion même d’expert. »<br />

Le fait même d’être expert ou simplement passionné par son sujet expose à une difficulté <strong>de</strong><br />

neutralité et bien au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s seuls intérêts financiers évoqués. C’est alors à travers la<br />

pluralité <strong>de</strong>s avis rendus et <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> compétence que l’on doit trouver la solution à<br />

l’objectivité indispensable pour trouver les solutions à ces conflits. Mais pour pouvoir les<br />

appréhen<strong>de</strong>r, la nature <strong>de</strong> ces conflits doit être connue pour saisir le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> dépendance<br />

éventuelle <strong>de</strong> l’expert.<br />

Il y a lieu <strong>de</strong> hiérarchiser les CI en conflits mineurs telle qu’une invitation à une réunion<br />

scientifique et les conflits majeurs qui concernent les brevets déposés ou les financements<br />

réguliers et qui doivent alors faire envisager l’exclusion <strong>de</strong> l’expert sur le sujet pour lequel il<br />

peut y avoir conflit comme cela est préconisé <strong>dans</strong> le gui<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s CI publié par la<br />

HAS : cinq ans pour les conflits majeurs, trois ans pour <strong>de</strong>s financements ponctuels et un an<br />

pour <strong>de</strong>s conflits mineurs.<br />

7


Une place <strong>de</strong> choix pour l’Ordre <strong>de</strong>s Mé<strong>de</strong>cins :<br />

La déontologie <strong>médical</strong>e peut elle répondre à la prévention <strong>de</strong> dérives <strong>de</strong>s CI ?<br />

Bien avant les textes susvisés, la déontologie <strong>médical</strong>e <strong>de</strong>vrait pouvoir répondre aux situations<br />

pouvant susciter <strong>de</strong>s conflits d’intérêts, cette notion en effet touchant au cœur même <strong>de</strong> la<br />

déontologie comme le rappellent les articles du co<strong>de</strong> ci-<strong>de</strong>ssous. Le CNOM a eu l’occasion<br />

d’abor<strong>de</strong>r ce sujet à plusieurs reprises en communiquant vers les mé<strong>de</strong>cins au travers <strong>de</strong>s<br />

bulletins et <strong>de</strong>s circulaires.<br />

L’Ordre <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, garant <strong>de</strong> la probité et <strong>de</strong> l’indépendance professionnelle <strong>de</strong>s<br />

mé<strong>de</strong>cins, doit avoir manifestement une place <strong>de</strong> choix <strong>dans</strong> le rôle <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />

conflits d’intérêt ; En effet l’indépendance attendue du mé<strong>de</strong>cin doit être telle qu’aucune<br />

autre considération ne saurait passer avant le seul intérêt du patient. La place <strong>de</strong> l’Ordre se<br />

justifie d’autant plus que le législateur lui a donné la charge <strong>de</strong> sanctionner les manquements à<br />

l’obligation <strong>de</strong> déclaration.<br />

Fort <strong>de</strong> son expérience <strong>dans</strong> la gestion <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 15 ans <strong>de</strong>s relations entre mé<strong>de</strong>cins<br />

et industrie pharmaceutique, l’Ordre est particulièrement bien positionné pour juger <strong>de</strong><br />

la nature et du <strong>de</strong>gré d’importance <strong>de</strong>s CI<br />

Article 2 : le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie <strong>médical</strong>e rappelle que le mé<strong>de</strong>cin est « au service <strong>de</strong><br />

l’individu et <strong>de</strong> la santé publique ».<br />

Article 3 : Le mé<strong>de</strong>cin doit, en toutes circonstances, respecter les principes <strong>de</strong> moralité, <strong>de</strong><br />

probité et <strong>de</strong> dévouement indispensables à <strong>l'exercice</strong> <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine.<br />

Article 5 : Pour exercer sa mission, l’article 5 précise que le mé<strong>de</strong>cin ne peut aliéner son<br />

indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit.<br />

Article 13 : Lorsque le mé<strong>de</strong>cin participe à une action d'information du public <strong>de</strong> caractère<br />

éducatif et sanitaire, quel qu'en soit le moyen <strong>de</strong> diffusion, il doit ne faire état que <strong>de</strong> données<br />

confirmées, faire preuve <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce et avoir le souci <strong>de</strong>s répercussions <strong>de</strong> ses propos auprès<br />

du public. Il doit se gar<strong>de</strong>r à cette occasion <strong>de</strong> toute attitu<strong>de</strong> publicitaire, soit personnelle, soit<br />

en faveur <strong>de</strong>s organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d'une<br />

cause qui ne soit pas d'intérêt général.<br />

Article 14 : Les mé<strong>de</strong>cins ne doivent pas divulguer <strong>dans</strong> les milieux médicaux un procédé<br />

nouveau <strong>de</strong> diagnostic ou <strong>de</strong> traitement insuffisamment éprouvé sans accompagner leur<br />

communication <strong>de</strong>s réserves qui s'imposent.<br />

Article 15 : Le mé<strong>de</strong>cin ne peut participer à <strong>de</strong>s recherches bio<strong>médical</strong>es sur les personnes<br />

que <strong>dans</strong> les conditions prévues par la loi ; il doit s'assurer <strong>de</strong> la régularité et <strong>de</strong> la<br />

pertinence <strong>de</strong> ces recherches ainsi que <strong>de</strong> l'objectivité <strong>de</strong> leurs conclusions ;<br />

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Article 23 : Tout compérage entre mé<strong>de</strong>cins, entre mé<strong>de</strong>cins et pharmaciens, auxiliaires<br />

médicaux ou toutes autres personnes physiques ou morales est interdit.<br />

Article 24 : sont interdites au mé<strong>de</strong>cin :<br />

− toute ristourne en argent ou en nature, toute commission à quelque personne que ce<br />

soit ;<br />

− en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s conditions fixées par l' article L.4113-6 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique , la<br />

sollicitation ou l'acceptation d'un avantage en nature ou en espèces, sous quelque<br />

forme que ce soit, d'une façon directe ou indirecte, pour une prescription ou un acte<br />

<strong>médical</strong> quelconque.<br />

Cette énumération n’étant pas exhaustive on pourrait y rajouter les articles 105, 111.<br />

Conclusion<br />

Alors, tous achetés ?<br />

Méfions nous <strong>de</strong>s amalgames : ce n’est pas parce que les experts ont bénéficié <strong>de</strong><br />

financements <strong>de</strong> l’industrie qu’ils sont forcément malhonnêtes et que les conclusions <strong>de</strong> leurs<br />

travaux sont pour autant conditionnées par les financeurs !<br />

Les mé<strong>de</strong>cins doivent plus que jamais être suffisamment indépendants et faire preuve d’un<br />

esprit critique particulièrement développé vis-à-vis <strong>de</strong> toutes les tentatives d’ingérence <strong>dans</strong><br />

leurs décisions ; Acquérir un esprit critique est une qualité indispensable au mé<strong>de</strong>cin ; à<br />

ce sujet on ne peut que se réjouir <strong>de</strong> ce que la lecture critique d’articles fasse désormais partie<br />

<strong>de</strong>puis 2009 du programme <strong>de</strong> l’examen national classant. Notre déontologie nous rappelle si<br />

besoin en était qu’en toute circonstance les mé<strong>de</strong>cins doivent conserver leur liberté <strong>de</strong><br />

jugement ou d’intervention pour que rien ne vienne compromettre l’intérêt premier du<br />

patient ! La mainmise <strong>de</strong> l’industrie pharmaceutique sur les étu<strong>de</strong>s cliniques peut jeter le<br />

discrédit sur la source d’informations ; les données <strong>médical</strong>es à visées collectives doivent<br />

donc être établies avec la rigueur scientifique et éthique nécessaire au progrès <strong>de</strong>s<br />

connaissances, sans aucun biais, indépendamment <strong>de</strong> tout groupe <strong>de</strong> pression émanant<br />

notamment du complexe médico-industriel.<br />

« Le tabagisme est là pour nous rappeler comment un fléau plus meurtrier <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>,<br />

que le commerce <strong>de</strong>s armes peut se développer sans entrave, voire parfois avec la<br />

bienveillance <strong>de</strong>s pouvoirs publics. Les mé<strong>de</strong>cins doivent être protégés par <strong>de</strong>s<br />

réglementations les mettant autant que possible à l’abri <strong>de</strong> tentations ou <strong>de</strong> pressions, <strong>dans</strong> le<br />

cadre d’une politique <strong>de</strong> santé publique qui serait non seulement bien définie mais encore<br />

clairement affirmée. » écrivait B. HOERNI.<br />

La notion <strong>de</strong> CI est inéluctable soit ; mais il faut pouvoir avoir connaissance <strong>de</strong> leur nature<br />

afin <strong>de</strong> pouvoir relativiser les conclusions <strong>de</strong> certaines publications car tous les intérêts<br />

déclarés ne sont <strong>de</strong> loin pas <strong>de</strong> même ampleur. Certes il faut que les conflits d’intérêts soient<br />

déclarés <strong>de</strong> façon spontanée c’est le minimum que l’on puisse <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r mais cela n’est pas<br />

suffisant : il faut que leurs conséquences puissent être évaluées par une instance qui elle<br />

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serait, financièrement totalement indépendante, afin <strong>de</strong> mieux garantir l’impartialité <strong>de</strong>s<br />

conclusions publiées.<br />

Dans l’attente bien utopique d’un financement public exclusif <strong>de</strong> la recherche <strong>médical</strong>e, <strong>de</strong>s<br />

solutions doivent être mises en place afin <strong>de</strong> crédibiliser les recommandations scientifiques à<br />

la fois aux yeux <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et du citoyen. Les chercheurs <strong>dans</strong> le domaine <strong>médical</strong> doivent<br />

être rémunérés à la hauteur <strong>de</strong> leurs travaux pour pouvoir disposer d’indépendance sans faille.<br />

Les Anglo-saxons ont compris <strong>de</strong>puis longtemps qu'être bien rémunéré pour un travail n'est<br />

pas honteux et ne veut pas dire être acheté !<br />

Afin <strong>de</strong> rétablir la confiance indispensable à la relation mé<strong>de</strong>cin patients il y a une<br />

révolution culturelle sur le sujet <strong>de</strong> la transparence à accomplir <strong>dans</strong> laquelle l’Ordre<br />

<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins doit jouer un rôle majeur d’accompagnement et d’arbitrage. La gestion <strong>de</strong>s<br />

conflits d’intérêts a pour but <strong>de</strong> garantir les valeurs <strong>de</strong> probité et d’indépendance<br />

professionnelle qui constituent les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> notre déontologie.<br />

Déclaration personnelle <strong>de</strong> <strong>Conflits</strong> d’Intérêts : AUCUN<br />

Je tiens à remercier tous les membres <strong>de</strong> notre institution qui ont largement participé par leur<br />

travail et leurs publications à débroussailler ce sujet en citant B HOERNI, Cl. DEGOS, F.<br />

JORNET, Fr. ROUSSELOT me permettant <strong>de</strong> tenter d’en abor<strong>de</strong>r ici la problématique.<br />

Bibliographie<br />

‣ Création d’une autorité <strong>de</strong> déontologie <strong>de</strong> la vie publique Rapport Sauve 2009 Les Echos<br />

26.01.2011<br />

‣ Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la HAS sur la prévention <strong>de</strong>s conflits d’intérêts<br />

‣ Lettre HAS n°19 page 5<br />

‣ Rencontres HAS has- santé.gouv.fr - 2009<br />

‣ Rapport <strong>de</strong> l’IGAS sur la visite <strong>médical</strong>e en 2007<br />

‣ IFDQS : la déclaration d’intérêt : illusion ou gage <strong>de</strong> transparence<br />

‣ Revue Prescrire 2008 ; 28 299 :705<br />

‣ Revue Prescrire 07.2009 29,309 p 546<br />

‣ http//formin<strong>de</strong>p.org<br />

‣ K.OKIKE & all. N ENG J MED 2009 1466-1473 Accuracy of Conflict of Interest Disclosures<br />

Reported by Physcians<br />

‣ Réflexion à propos <strong>de</strong>s conflits d’intérêts CANIS Gyn obst .& fertlité 38 ,2010 ,371-372<br />

‣ L’OMS sous influence <strong>de</strong> l’industrie pharmaceutique Duparc in Journal le Mon<strong>de</strong> du 26.03.<br />

2010<br />

‣ Communiqué <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine du 08.06.2010<br />

‣ Bulletin CNOM janvier 2008 et juillet 2010<br />

‣ Gérer les conflits d’intérêt pour plus <strong>de</strong> confiance L. Degos Press.Med 2010,39 743-7<br />

‣ Définir les conflits d’intérêts : J MORET-BAILLY recueil Dalloz 21.042011 n°16<br />

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