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Analyse de quelques préverbes et prépositions français et ... - LaLIC

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<strong>Analyse</strong> du préverbe ex- en <strong>français</strong><br />

Ce même dictionnaire constate qu’en ancien <strong>français</strong> le préfixe e-, es- était très utilisé<br />

pour désigner l’idée d’enlèvement <strong>et</strong> d’extraction (cf. escorner, escerveler, esnaser), ce qui<br />

est également un <strong>de</strong> ses emplois les plus fréquents en <strong>français</strong> contemporain (cf. épépiner,<br />

équeuter, <strong>et</strong>c.). Pour le TLF, en ancien <strong>français</strong>, le préfixe es- « donne parfois au verbe qu’il<br />

construit une valeur factitive, dans ce cas il est voisin <strong>de</strong>s préfixes a- <strong>et</strong> en- : esberluer<br />

‘donner la berlue’, esboillir ‘faire bouillir’, esbraser ‘embraser’, esclaver ‘rendre esclave’,<br />

eslonger ‘allonger’, esmier ‘émier,’ esrachier ‘arracher’). »<br />

Dans son étu<strong>de</strong> diachronique <strong>de</strong>s préfixes ab-, <strong>de</strong>-, ex- du latin, Jean-Paul Brach<strong>et</strong><br />

[1996] montre à propos <strong>de</strong> ex- que les qualifications « renforcement », « intensif »,<br />

« achèvement » sont trop vagues <strong>et</strong> il vaut mieux les éviter. À propos du verbe latin efficere,<br />

l’auteur montre que ce n’est pas l’idée d’« achèvement » ni l’idée résultative qui prédominent<br />

les valeurs <strong>de</strong> ex- mais c’est « le procès dénoté va jusqu’au bout <strong>de</strong> lui-même », il s’agit là<br />

d’un « achèvement par épuisement <strong>de</strong> la matière traitée » 2 . Pour Brach<strong>et</strong>, s’il y a une nuance<br />

résultative, elle est inhérente à l’énoncé <strong>et</strong> non pas au préverbe seul. Il préfère utiliser le<br />

termes « détermination » ou « exhaustivité » pour caractériser les emplois <strong>de</strong>s verbes ebibere<br />

<strong>et</strong> exhaurire ; eloqui, enarrare, enumerare, edocere. « Vi<strong>de</strong>r la coupe, en déverser<br />

entièrement le contenu, c’est mener le processus <strong>de</strong> boire à son terme » [Brach<strong>et</strong> 1996 : 367]<br />

Suivant la même logique, l’auteur refuse le terme « renforcement » pour caractériser<br />

les emplois où ex- signifie l’acquisition d’une propriété. Ce sont les verbes du type ex…are<br />

(cf. effeminare) <strong>et</strong> ex…escere (cf. efflorescere) traditionnellement qualifiés comme verbes à<br />

valeur aspectuelle respectivement <strong>de</strong> factitifs <strong>et</strong> d’inchoatifs. Pour Brach<strong>et</strong>, ces verbes qui<br />

dénotent « un changement d’état, l’entrée dans un nouvel état, doivent leur préverbe au<br />

complément introduit par ex qui les accompagnait. Ce complément en ex indiquait l’état ou la<br />

situation quittés. » [Brach<strong>et</strong> 1996 : 238] Ainsi, l’auteur montre à propos du latin effeminare<br />

que seulement un homme peut être efféminé <strong>et</strong> que effarare s’utilisait seulement pour un être<br />

humain qui perd son caractère humain (civilisé). Ex- exprime donc la sortie d’un état antérieur<br />

2 Nous avons rencontré le même problème lors <strong>de</strong> l’analyse du préverbe iz- en bulgare (chapitre 8). Notre<br />

analyse a montré que, en eff<strong>et</strong>, les connotations <strong>de</strong> résultativité, achèvement, affectation <strong>de</strong> tous les obj<strong>et</strong>s ou <strong>de</strong><br />

toute la surface ne sont pas étrangères ce préfixe, cependant elles sont inhérentes à l’énoncé entier <strong>et</strong> non pas à la<br />

seule présence du préfixe. C<strong>et</strong>te proximité entre les valeurs <strong>de</strong> ex- <strong>et</strong> <strong>de</strong> iz- est certes liée à leurs origines<br />

communes également : les <strong>de</strong>ux proviennent <strong>de</strong> l’indo-européen *eks. [Brach<strong>et</strong> 1996].<br />

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