DOSSIER SPÃCIAL: Développement durable MILLÃNAIRE DE ...
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<strong>DOSSIER</strong> SPÉCIAL: Développement <strong>durable</strong><br />
MILLÉNAIRE <strong>DE</strong> NEUCHÂTEL: Hommage à notre ville<br />
SOCIÉTÉ: Les joies de la colocation<br />
SPORT: Les Bearkats et les Globetrotters<br />
font le show à Huntsville, Texas
3<br />
ANNONCE<br />
LAURENT<br />
I M P R E S S U M<br />
N° 135 - Mars 2011<br />
Rédac’Chef: Ania Strzesniewska<br />
Co-Rédac’Chef: Fabien Grenon<br />
Maquettiste: Lila Bonhomme<br />
Correcteurs: C. Roch, L. Ding & J. Vial<br />
Distribution: Monstres & Cie<br />
Responsables de rubriques:<br />
Diego Campisi<br />
David Campisi<br />
Isabelle Lapotre<br />
Alicia Richon<br />
Jessica Vial<br />
Editeur:<br />
Fédération des Etudiants Neuchâtelois<br />
(FEN)<br />
Impression:<br />
Centre Unimage<br />
Délai rédactionnel<br />
pour le prochain numéro:<br />
1 mai 2011<br />
Rédacteurs:<br />
Cendrine Barré<br />
Cathy Burki<br />
David Campisi<br />
Muriel Chiffelle<br />
Ugo Curty<br />
Guillaume De Schepper<br />
Raphaël Iberg<br />
Anastasia Liechti<br />
Noémie Matos<br />
Ekim Sarçlar<br />
Alexandre Wätli<br />
Léa Zaretti<br />
Freelance:<br />
Hugo Babel<br />
Nadia Barth<br />
Sandrine Gerber<br />
Fabienne Morand<br />
Dimitri Paratte<br />
ABONNEMENTS <strong>DE</strong> SOUTIEN:<br />
Au moins 20.- /année pour les étudiants<br />
& 30.- /année pour les non étudiants<br />
Envoyez vos demandes d'abonnement<br />
par e-mail ou par la poste, en mentionnant<br />
l’adresse à laquelle vous désirez recevoir<br />
Le Cafignon<br />
CONTACT:<br />
journal.lecafignon@unine.ch<br />
Journal Le Cafignon<br />
Avenue du 1er Mars 26<br />
Bureau D 57.2<br />
2000 Neuchâtel<br />
ARCHIVES & TARIFS PUBLICITAIRES:<br />
www.unine.ch/cafignon<br />
Couverture:<br />
Festi’neuch
4<br />
UNIVERSITÉ<br />
6<br />
6<br />
15<br />
16<br />
18<br />
Dossier spécial: Le Développement Durable<br />
Une page se tourne à la FEN… une nouvelle s'ouvre<br />
Festi'Neuch, festival responsable<br />
Le nouveau plan d'étude le la HEP-Bejune<br />
SOCIÉTÉ<br />
20<br />
22<br />
Hommage à notre ville<br />
Téléphone mobile vs l’orthographe<br />
20<br />
23<br />
24<br />
26<br />
27<br />
28<br />
We are Anonymous<br />
D'Hiroshima à Mühleberg II<br />
Les joies de la colocation<br />
Le bouc émissaire, une autre catégorie d'humain?<br />
Coin culinaire<br />
LOISIRS<br />
32<br />
High Tech<br />
28<br />
CULTURE<br />
34<br />
36<br />
Le Coin Littéraire<br />
Stéréochronique<br />
34<br />
40<br />
42<br />
Cinéma<br />
Le GTA a 20 ans !<br />
COIN CRÉATIF<br />
43<br />
43<br />
Ta voix au milieu du brouillard<br />
Soldat blessé<br />
43<br />
SPORT<br />
44<br />
45<br />
44<br />
46<br />
Bienvenue en enfer !<br />
Les Bearkats et les Globetrotters font le show à Huntsville, Texas<br />
La passion du derby malgré la peur
5<br />
L'orthographe, ce prédateur<br />
http://ecrivainpubliclyon.fr<br />
La feuille de papier, matériau sylvestre et<br />
sacré, arraché à la nature pour permettre<br />
l’écriture. Lorsque, agilement, le poignet<br />
humain y dessine des lettres, des notes de<br />
musique formant un ensemble de mots,<br />
cette partition prend vie, l’harmonie se<br />
révèle, la phrase prend sens mais s’exprime<br />
sans dire mot.<br />
Parfois, des lettres sont superflues. Les<br />
prédateurs : gommes, effaceurs, correcteurs,<br />
font alors disparaître ces pauvres êtres<br />
dont l’existence n’est permise que par l’acte<br />
d’écriture. La disparition au nom d’un idéal :<br />
l’orthographe.<br />
Cette tyrannie rôde sur chaque copie, une<br />
fois la feuille blanche remplie, petites lettres<br />
superflues faites attention ! Les serviteurs de<br />
l’idéal, avec leurs armes vous traqueront ;<br />
pour que l’écriture dans sa pureté perdure,<br />
il n’y aura pas d’exception.<br />
Janek Tarkowski<br />
Dédicace au correcteur anonyme.<br />
http://www.qctop.com/articles/correcteur.htm<br />
A travers ce poème tout est dit, l’erreur<br />
est humaine. Malgré les longues heures<br />
de rédaction des articles, les nombreuses<br />
lectures et relectures, le travail des<br />
correcteurs,…, de rares « coquilles »<br />
passent et passeront toujours entre<br />
les mailles du filet. Le Cafignon, sans<br />
prétention, t’invite donc toi, le lâche<br />
correcteur qui n’ose s’annoncer, à venir<br />
corriger nos lignes. Et si tu veux encore<br />
plus de travail, tiens, en voici d’autres :<br />
Article du Figaro du 23 avril 2009,<br />
« Rachida Dati en difficulté lors d’un<br />
meeting »<br />
La faute : "Elle avait finalement céder à la<br />
demande express de Nicolas Sarkozy"<br />
http://www.lefigaro.fr/elections-<br />
europeennes-2009/2009/04/23/01024-<br />
20090423ARTFIG00442-rachida-dati-endifficulte-lors-d-un-meeting-.php<br />
Article de La Libération du 2 novembre<br />
2009, « Après le dérapage, Louis Nicollin à<br />
la case rattrapage »<br />
La Faute : « Mais Pedretti à décider de<br />
passer l’éponge. »<br />
http://www.liberation.fr/<br />
sports/0101600766-apres-le-derapagelouis-nicollin-a-la-case-rattrapage<br />
Article du 20minutes du 4 novembre<br />
2009, « Notre Choix, le nouveau testament<br />
d’Al Gore pour résoudre la crise du climat »<br />
La faute : « Al Gore dresse un classique<br />
pour et contre: un meilleur bilan carbone<br />
que les centrales charbon, mais cependant<br />
bien plus élevé que celui des énergies<br />
alternatives –en contant la construction<br />
des usines et le transport des matériaux,<br />
sans parler du problème du stockage des<br />
déchets. »<br />
http://www.20minutes.fr/article/360649/<br />
Monde-Notre-Choix-le-nouveautestament-d-Al-Gore-pour-resoudre-lacrise-du-climat.php<br />
(…)<br />
ABE, Le Cafignon
6<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
L’Université de Neuchâtel sur la route du vert<br />
Par Fabienne Morand<br />
En 2010, le rectorat a collaboré avec<br />
l’association Ecoparc pour valoriser et<br />
améliorer ses actions et son comportement<br />
en terme de développement <strong>durable</strong> (DD). Ce<br />
travail été mené à bien pendant six mois grâce<br />
à l’investissement d’une stagiaire, ancienne<br />
étudiante de l’UniNE dont les collaborations<br />
passées avec le Cafignon ont permis la<br />
réalisation de ce dossier dédié au DD. Au fil des<br />
pages, découvrez ce que l’UniNE a déjà fait et<br />
ce qu’elle projette de faire, ainsi que l’avis du<br />
rectorat, des étudiants et des enseignants sur<br />
ce sujet d’actualité. Avant de débuter la lecture,<br />
demandez-vous si vous seriez capable de définir<br />
le DD en quelques mots.<br />
Deux actions en cours<br />
En ce mois de mars, deux actions ont été mises<br />
en place: l’action « l’écologie au bureau» qui<br />
concerne les collaborateurs de la Faculté de droit<br />
(Breguet 1) et l’action « déchets ». Les utilisateurs<br />
de Breguet 1 ont vécu deux semaines d’écologie<br />
au bureau, en portant une attention particulière<br />
à l’utilisation de l’énergie (ordinateurs et lumières)<br />
et à la consommation de papier. Concernant les<br />
déchets, quatre centres de tri ont été aménagés<br />
dans trois grands bâtiments universitaires<br />
et un travail a été fait sur la signalétique et<br />
l’uniformisation des poubelles ; on compte sur<br />
vous pour jeter vos ordures dans la poubelle<br />
adéquate.<br />
Un nouveau site Internet<br />
A la fin de ce mois, le nouveau site Internet<br />
de l’UniNE sera accessible à tous et parmi les<br />
nouveautés il y aura des pages dédiées au<br />
développement <strong>durable</strong>. Vous pourrez découvrir,<br />
entre autre, le résultat des actions, trouver un<br />
cours qui parle ou qui fait des liens avec le DD,<br />
mais également une sélection non exhaustive<br />
de mémoires ou de thèses qui abordent le DD,<br />
que ce soit sous l’angle juridique, économique<br />
ou géographique, par exemple.<br />
Qu’en pensent les étudiants?<br />
Lors des micros-trottoirs, la préoccupation des<br />
conséquences sur le futur, l’importance d’avoir<br />
une vision à long terme et le tri des déchets<br />
semblent être des éléments essentiels du<br />
développement <strong>durable</strong> pour les étudiants. A<br />
l’inverse, peu d’entre eux connaissent la durée<br />
de vie d’un déchet jeté dans la nature, ni à quoi il<br />
sert une fois recyclé.<br />
Dans quelle(s) branche(s) étudie-t-on le<br />
DD?<br />
Quand on pense développement <strong>durable</strong> et<br />
études, on y associe souvent la géographie,<br />
mais chaque matière peut l’analyser selon<br />
son approche. Ci-après, découvrez comment<br />
un sociologue, une juriste, une théologienne,<br />
un économiste et une géologue conçoivent<br />
le développement <strong>durable</strong>. Dans le prochain<br />
numéro de l’Uninews qui sortira à la fin du mois,<br />
des professeur-e-s présenteront leur recherche<br />
liée au DD.<br />
Nous empruntons la terre<br />
Il y a de nombreuses années, l’auteur du<br />
Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, avait<br />
dit « Nous n’héritons pas la terre de nos<br />
parents, nous l’empruntons à nos enfants ».<br />
Bonne lecture ! <br />
L’UniNE, verte et multicolore<br />
Depuis trois siècles au moins, la passion pour les<br />
savoirs naturalistes s’est illustrée en pays neuchâtelois,<br />
révélant l’intérêt des chercheurs et savants pour leur<br />
environnement naturel. Aujourd’hui, à l’échelle<br />
cantonale et communale, un grand nombre<br />
d’institutions publiques et d’entreprises neuchâteloises<br />
se préoccupent de développement <strong>durable</strong>, en<br />
encourageant les technologies et les bonnes pratiques<br />
visant à contrôler et limiter l’utilisation des ressources,<br />
qu’elles soient renouvelables ou non renouvelables.<br />
L’Université, hébergée dans une ville pourvue du label<br />
« Cité de l’énergie », n’est pas en reste et le rectorat a<br />
pris l’initiative de le faire savoir.<br />
Dans ses missions de recherche et d’enseignement,<br />
l’UniNE intègre des aspects de responsabilité<br />
environnementale. Des projets en géothermie, en<br />
informatique, en étude des migrations liées aux<br />
changements climatiques, par exemple, contribuent<br />
à la recherche de technologies ou de solutions <strong>durable</strong>s<br />
en matière de développement social et économique.<br />
Des cursus de formation de tous niveaux – en biologie,<br />
géographie, économie, gestion des sites pollués,<br />
notamment – dispensent les savoirs, méthodes et<br />
techniques qui promeuvent l’innovation <strong>durable</strong>,<br />
qu’elle concerne l’économie, les pratiques sociales ou<br />
la préservation des ressources.<br />
Promouvoir le développement <strong>durable</strong> dans la<br />
réflexion académique, la recherche et la formation,<br />
c’est l’un des rôles-clés d’une université aujourd’hui.<br />
L’UniNE veut faire plus : le promouvoir dans sa<br />
gestion des ressources et de l’énergie ; l’intégrer<br />
dans les comportements et pratiques quotidiennes<br />
des membres de sa communauté. Dans ce but, elle<br />
ouvre un site consacré au développement <strong>durable</strong>, et<br />
lance, avec la collaboration de l’Association Ecoparc,<br />
des actions concrètes en vue d’améliorer l’utilisation<br />
responsable de ses ressources.<br />
Sans dogmatisme, en optant pour des solutions<br />
pragmatiques, en diversifiant les pistes de réflexion<br />
sur les rapports entre les besoins humains et<br />
l’environnement, l’UniNE s’engage sur la voie du vert,<br />
mais en restant multicolore !<br />
Source: http://www.ecoloinfo.com/2009/04/01/le-developpement-<strong>durable</strong>-en-6-piliers/<br />
Claire Jaquier<br />
Vice-rectrice
7<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Déchets, énergie, mobilité,<br />
responsabilité sociale<br />
et bien d’autres encore<br />
Par Fabienne Morand<br />
Dès la fin de ce mois, vous pourrez découvrir<br />
une nouvelle version du site Internet de<br />
l’UniNE. En plus d’un rafraîchissement du<br />
design, le site Internet offre quelques nouveautés,<br />
dont des pages dédiées au développement<br />
<strong>durable</strong>. Par l’onglet Université et par l’accès<br />
Collaborateurs et Etudiants il vous sera possible<br />
d’en savoir plus sur ce que l’UniNE fait pour vous<br />
et ce que vous pouvez faire pour améliorer la<br />
durabilité de l’université.<br />
Le DD à l’Université<br />
Dans cet espace du site Internet, de nombreuses<br />
informations réparties en plusieurs thèmes<br />
s’offrent à vous :<br />
Déchets<br />
Onze, c’est le nombre de type de déchets triés<br />
et recyclés à l’Université de Neuchâtel. En 2010,<br />
plus de 53 tonnes de déchets incinérables et de<br />
4.3 tonnes de papier et carton ont été récoltés<br />
à l’UniNE. Ces chiffres nous montrent qu’il reste<br />
un gros effort à faire sur la consommation et le<br />
recyclage.<br />
Energie<br />
Du point de vue de l’énergie, des programmes<br />
visant à réduire la dépense énergétique<br />
des bâtiments sont en place depuis 5 ans.<br />
Actuellement, une majorité de bâtiments de<br />
l’Université de Neuchâtel sont concernés par<br />
deux programmes d’économies d’énergie :<br />
Energho et Holistic. Grâce à différents réglages,<br />
plus de 30% d’économies d’énergie ont ainsi pu<br />
être réalisées à la Faculté des sciences. Tandis<br />
que la rénovation du bâtiment principal, permet<br />
d’économiser 150 MWh/année.<br />
Mobilité<br />
La mobilité est un élément essentiel du DD. En<br />
effet, les Suisses aiment leur voiture et pour<br />
certains il est difficile d’envisager un autre<br />
moyen de transport. La localisation des sites<br />
universitaires offre une grande accessibilité par<br />
les transports publics et depuis le printemps<br />
2010, NeuchâtelRoule et l’UniNE ont établit<br />
un partenariat pour offrir aux étudiants l’accès<br />
gratuit aux vélos.<br />
Achats responsables<br />
Travailler sur la consommation est important,<br />
mais la provenance et la nature des produits<br />
jouent également un rôle. Plusieurs actions<br />
telles que l’achat de papier recyclé, l’impression<br />
de documents de la Faculté de droit avec des<br />
encres végétales ou encore l’utilisation de<br />
certains produits de nettoyage plus « verts » sont<br />
d’excellentes initiatives individuelles prises par<br />
des membres de la communauté universitaire.<br />
Responsabilité sociale<br />
Quand on parle de DD, on oublie souvent un<br />
élément: la responsabilité sociale qu’a une<br />
institution face à ces utilisateurs. Par exemple,<br />
depuis le printemps 2010, les étudiants ont la<br />
possibilité de bénéficier d’un accès à easyswap<br />
(site d’échanges) avec quelques avantages.<br />
Easyswap permet de valoriser vos savoirs et<br />
compétences ou d’acquérir des biens ou services<br />
et ce grâce à une monnaie virtuelle, le swap.<br />
Les étudiants et collaborateurs de l’UniNE et le<br />
DD<br />
Cette partie du site Internet offre des informations<br />
plus pratiques aux membres de la communauté<br />
universitaire. Par exemple, un calcul a été fait sur<br />
le temps moyen qu’il faut pour accéder à pied<br />
ou à vélo aux différents sites universitaires et ce<br />
depuis la gare CFF. Bien entendu, les transports<br />
publics restent un moyen pratique et rapide<br />
pour se déplacer, mais la marche, ou le vélo, sont<br />
meilleurs pour l’environnement.<br />
Certains d’entre vous se demandent si mettre son<br />
ordinateur en veille ou le laisser allumé durant sa<br />
pause change quelque chose. L’étude faite par<br />
le SITEL a montré que la mise en veille permet<br />
d’économiser 18% d’énergie. Elle a également<br />
montré que même si l’ordinateur est éteint,<br />
il continue de consommer des watts. Seule<br />
l'installation et l'utilisation d'une multiprise avec<br />
interrupteur permet une consommation zéro<br />
lorsque la multiprise est sur off. (Si possible,<br />
mettre ici le tableau de la consommation d’un<br />
ordi).<br />
Rendez-vous sur la toile à la fin de ce mois pour<br />
découvrir encore bien d’autres informations et<br />
astuces... <br />
Modélisation des économies de chauffage dans<br />
le cadre du projet Holistic<br />
Quelques références<br />
www.unine.ch > Université > Développement <strong>durable</strong>.<br />
www.energie-environnement.ch : le plus sympathique, drôle et attachant, créé par les cantons romands<br />
www.easyswap.org : plateforme d’échanges de biens et de services<br />
www.neuchatelroule.ch : prêt gratuit de vélos.<br />
Qu’est-ce que le DD?<br />
Le DD, c’est permettre aux générations présentes de satisfaire leurs besoins de manière confortable, sans prétériter les<br />
besoins des générations futures.<br />
Comparaison de la consommation en énergie de<br />
chauffage, avant et après les interventions faites sur le<br />
bâtiment principal (1er Mars-26). Au final, 150 MWh/<br />
année seront économisés. Source : www.holistic-ne-ch
8<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Micro trottoir :<br />
Que pensent les étudiants du DD?<br />
Par Fabienne Morand<br />
Durant le mois de décembre 2010, des étudiants de chaque faculté ont répondu à quatre<br />
questions tirées au hasard. Il leur a également été demandé de dire quelle est la première<br />
image qui leur vient à l’esprit quand ils entendent parler de DD.<br />
Eric, 24 ans, Master en théologie<br />
Selon toi, qu’est-ce qui est contraire au DD ?<br />
Le contraire du développement <strong>durable</strong> est une forme<br />
d’investissement économique, qui est de dégager le plus de<br />
profit possible sans penser aux conséquences écologiques.<br />
Arrives-tu à expliquer en quelques mots, ce qu’est le DD ?<br />
C’est de penser qu’on n’est pas unique sur cette terre. L’idée<br />
du <strong>durable</strong> pour moi, c’est qu’il faut essayer de penser aux<br />
conséquences sur le futur de nos agissements actuels. L’idée<br />
de développement part du principe que la société peut<br />
s’améliorer, donc aller vers quelque chose de plus propre<br />
et de plus équitable. Parce que c’est facile de donner nos<br />
vieilles usines polluantes à la Chine et à l’Inde, mais ça ne<br />
va pas résoudre les problèmes. Le DD, c’est aussi que les<br />
pays les plus pauvres puissent profiter du développement<br />
technologique industriel, pour essayer d’éviter toutes les<br />
étapes par lesquelles on est passé.<br />
Que fais-tu en faveur du DD ?<br />
J’essaie de penser local lors de mes achats, je fais attention<br />
aux transports que je fais, à savoir que j’essaie un maximum<br />
de prendre les transports publics, de me déplacer à pied ou<br />
à vélo. Je trie mes déchets. Je suis engagé en politique et<br />
j’essaie de rendre attentif les autres, d’être cohérent et de ne<br />
pas être que dans la logique économique.<br />
Quelle est la nouvelle vie du PET, après recyclage et<br />
transformation en flocons de PET ?<br />
Ca peut être des vestes polaires, des bouteilles en PET et puis<br />
d’autres plastiques.<br />
Photo: FM<br />
Raphael, 23 ans, Bachelor en lettres<br />
(philosophie et français)<br />
et Samantha, 19 ans, Bachelor en lettres (philosophie<br />
et psychologie)<br />
Avez-vous déjà entendu parler de DD dans vos études ?<br />
Raphael : Dans mes propres cours, non.<br />
Samantha : Dans le cours de statistique, le professeur donne<br />
dès fois des exemples.<br />
Qu’est ce que vous aimeriez que l’UniNE mette en place<br />
pour les étudiants et qui soit <strong>durable</strong> ?<br />
Samantha : Une cafétéria assez grande, la véranda ne sert à<br />
rien, les doubles portes s’ouvrent en même temps, ce qui fait<br />
que le froid entre quand même.<br />
Raphael : Avec cette cafétéria, on a une énorme perte<br />
d’énergie, en été comme en hiver. Finalement, on ne se sent<br />
pas bien ici.<br />
Pensez-vous que l’UniNE est <strong>durable</strong> ?<br />
Raphael : La faculté des lettres est un gros problème, il faudrait<br />
que ça change. Après <strong>durable</strong>, si on pense aux matières qui<br />
sont données, il y a pleins de cours qui sont de qualité.<br />
Samantha : Je pense que l’atout de l’UniNE, c’est que c’est<br />
une petite université.<br />
Triez-vous vos déchets ?<br />
Samantha et Raphael : Oui ; le verre, l’alu, le carton et le PET.<br />
Source: http://www.paysdecorlay.com/<br />
pagephp?id=69&idPartie=10<br />
Gaetan, 22 ans,<br />
Bachelor en mathématiques et géographie<br />
Arrives-tu à expliquer en quelques mots ce qu’est le DD ?<br />
Pour moi le DD c’est voir ce qu’on a maintenant pour<br />
l’avenir. Je prendrais le cas de l’énergie ; on a beaucoup<br />
d’énergie nucléaire et ce serait bien de passer à une énergie<br />
renouvelable.<br />
Qu’est-ce que tu aimerais que l’UniNE mette en place<br />
pour les étudiants et qui soit <strong>durable</strong> ?<br />
Je pense que l’Université de Neuchâtel est bien et doit rester<br />
une université plus petite et non pas une usine à étudiants,<br />
comme c’est le cas à Lausanne. Si je compare les cours de<br />
maths, à l’EPFL ils sont 200-300 ans par cours et on est 30<br />
ici. Elle est là, la différence. Ici c’est beaucoup plus convivial,<br />
on connaît tout le monde et puis on a un meilleur contact<br />
avec le professeur.<br />
Quelles sont les priorités d’actions (à l’UniNE, en Suisse<br />
et/ou dans le monde) ?<br />
Le tri des déchets et réduire l’émission de CO2. On doit<br />
prévoir que dans quelques années on aura trop de déchets<br />
et il faudrait commencer par les recycler sans trop polluer.<br />
Quelle est la nouvelle vie du PET, après recyclage et<br />
transformation en flocons de PET ?<br />
(Longue réflexion) Aucune idée.<br />
Réponse : nouvelles bouteilles en PET, matelas, veste polaire,<br />
etc.
9<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Konan Lambert, 28 ans,<br />
Master en hydrogéologie<br />
Photo: FM<br />
Que signifie le DD pour toi ?<br />
Le DD c’est toutes les utilisations qui concourent au bien être<br />
social, économique et humain. Il faut avoir un environnement<br />
sain, une économie suffisante et puis vivre dans une<br />
communauté où il y a l’équité qui règne.<br />
Penses-tu que l’UniNE est <strong>durable</strong> ?<br />
En mon sens oui, je trouve que c’est vraiment un exemple.<br />
C’est la première fois que je sors de mon pays (Côte d’Ivoire)<br />
et du point de vue culturel, c’est complètement différent. Les<br />
engagements que les gens prennent ici sont plus <strong>durable</strong>s,<br />
c’est un exemple de communauté de DD.<br />
Penses-tu qu’il faudrait en faire plus ? Moins ?<br />
Ici ou chez moi ?<br />
Les deux<br />
De façon globale je crois qu’il y a toujours des choses à revoir.<br />
Ce qui me frappe fort ici, c’est que les gens vivent un peu seul.<br />
Chez nous, c’est très compliqué de s’insérer dans la société, il<br />
faut sortir du pays pour voir un peu comment les choses se<br />
passent ailleurs, pour prendre ce qui est bon et amener cet<br />
apport de connaissance à notre retour. Par exemple, chez nous<br />
la femme travaille plus qu’elle ne le devrait. Je crois qu’ici les<br />
choses sont partagées, mais chez nous, même si la femme<br />
travaille, c’est à elle de tout faire à la maison. Ca me fait très<br />
mal parce qu’au pays, je ne savais rien faire en cuisine et en<br />
ménage. Ici, je dois le faire et je suis très content parce que<br />
je sens que c’est une chose assez compliquée et je le fais<br />
avec plaisir. Je pense qu’au retour, c’est un élément que je<br />
vais essayer de revoir pour faciliter un peu les choses dans<br />
la famille.<br />
Penses-tu que mettre ton ordinateur en veille lors<br />
d’une inutilisation de plus de 20 minutes sert à<br />
quelque chose ?<br />
Ca dépend de ce que tu fais avec ton ordinateur. Si tu es<br />
entrain de faire un travail très particulier comme nous, en<br />
hydrogéologie, les modélisations à faire prennent du temps.<br />
Du coup, si tu éteins ton ordinateur et que tu veux retravailler<br />
un peu sur le fichier, je crois que 20 minutes c’est trop court<br />
pour l’éteindre. Si non, si c’est quelque chose de rapide, il vaut<br />
mieux l’enregistrer, éteindre l’ordinateur et le rallumer après.<br />
Photo: FM<br />
Caroline (prénom d’emprunt), 21 ans,<br />
Bachelor en droit<br />
Quel(s) mot(s) associes-tu au DD ?<br />
La non pollution et l’écologie<br />
Comment vois-tu le DD selon ta branche d’étude ?<br />
Les lois anti-pollution ou l’interdiction de certaines choses,<br />
par exemple.<br />
Quel est ton moyen de transport pour venir à l’UniNE,<br />
penses-tu qu’il en existe un plus <strong>durable</strong> ?<br />
Je viens en bus et à pied quand je n’ai plus d’abonnement de<br />
bus. La marche à pied, ou le vélo, sont plus <strong>durable</strong>s que le bus.<br />
Peux-tu classer le mégot de cigarette, la bouteille<br />
en verre, la cannette en aluminium et la bouteille<br />
en PET, du plus lent au plus rapide en terme de<br />
décomposition ?<br />
Cannette, PET, verre et cigarette<br />
Réponse : Le verre met 3000 à 4000 ans, le PET plus de 500<br />
ans, la canette entre 100 et 200 ans et le mégot entre 1 et<br />
2 ans.<br />
Photo: FM<br />
Arthur et Jean (prénoms d’emprunt),<br />
Bachelor en sciences économiques<br />
Quel(s) mot(s) associez-vous au DD ?<br />
Arthur : Solidité.<br />
Jean : Pérennité<br />
Selon vous, est-ce utile de parler de DD ?<br />
Jean : C’est utile, car avoir une vision d’avenir c’est important<br />
Que pourrait faire l’UniNE pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />
Jean : Toujours avoir une vision d’avenir et qu’elle essaie de<br />
s’agrandir et arrêter de supprimer des facultés. Il faudrait que<br />
l’Etat lui accorde plus de moyens.<br />
Arthur: Oui, mais ça devrait être quelque chose de plus<br />
fédéral, c’est-à-dire que la Suisse devrait accorder plus de<br />
crédits aux cantons qui eux le verserait aux universités.<br />
Que comprenez-vous quand on parle d’agir pour le DD?<br />
Jean : C’est avoir une vision à long terme.<br />
Arthur: C’est faire des actions, comme arrêter la déforestation,<br />
mais surtout une meilleure sensibilisation, tant au niveau<br />
scolaire que grand public. Plus il y aura d’information, mieux<br />
ce sera, car il faut comprendre pour agir.<br />
Julie, 22 ans,<br />
Master en anthropologie<br />
Que penses-tu du DD?<br />
Je pense que c’est une bonne chose, mais on est encore loin<br />
du compte si on veut vraiment avoir un impact.<br />
Quelle est la branche d’étude la plus concernée par le<br />
DD et pourquoi ?<br />
Je dirais la géographie et le droit aussi. En réalité, il y a plein<br />
d’autres branches qui sont concernées, mais pas forcément<br />
de manière directe.<br />
Combien de temps met un mégot de cigarette pour<br />
se décomposer ?<br />
Je dirais 6 mois à 1 an.<br />
Réponse : 1 à 2 ans<br />
Qui consomme le plus d’énergie en Suisse, l’industrie<br />
ou les ménages ?<br />
L’industrie.<br />
Réponse : 20% pour l’industrie contre 28% pour les ménages.
10<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Source: http://anniegreenjeans.com/world-fair-tradeday-%E2%80%93-may-10-2008/<br />
Elodie, 19 ans, Bachelor en droit<br />
Selon toi, qu’est-ce qui est contraire au DD ?<br />
La pollution.<br />
Que pourrait faire l’UniNE pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />
Elle devrait améliorer le recyclage ou en tout cas l’encourager,<br />
car on n’est pas porté à le faire et les poubelles ne sont pas<br />
assez visibles.<br />
Que fais-tu en faveur du DD ?<br />
Je trie tous mes déchets, ce qui est une habitude prise<br />
au Canada, je prends les transports publics et je suis<br />
végétarienne.<br />
Qui consomme le plus d’énergie en Suisse entre<br />
l’industrie et les ménages ?<br />
L’industrie<br />
Réponse : 20% pour l’industrie contre 28% pour les ménages.<br />
Aurélie, 23 ans,<br />
Bachelor en biologie<br />
Est-ce que tu penses que c’est utile de parler de DD ?<br />
Oui ça peut l’être. Disons que sur le long terme, niveau<br />
écologie, ça pourrait être mieux, mais je ne sais pas trop quoi<br />
dire de plus.<br />
Est-ce que l’UniNE en fait assez, trop ou pas assez pour<br />
le DD ?<br />
Je ne peux pas répondre, je n’en ai aucune idée de ce qu’elle<br />
fait.<br />
Tries-tu tes déchets ? Lesquels ?<br />
Pas tous, je trie le verre et le PET, quand c’est possible.<br />
Combien de fois le papier se recycle-t-il ?<br />
Je ne sais pas, je dirais 3 fois peut être<br />
Réponse : 7 à 10 fois<br />
Photo: FM<br />
Mathilde, 19 ans, Bachelor en lettres<br />
(français et philosophie)<br />
Penses-tu qu’il faudrait en faire plus ou moins pour<br />
le DD ?<br />
Je trouve qu’il n’y a pas forcément besoin d’en faire plus, bien<br />
que ça serait bien.<br />
Est-ce que l’UniNE en fait assez, trop ou pas assez pour<br />
le DD ?<br />
Je pense que l’UniNE a très bien su combiner son<br />
développement. Par exemple, la gestion de son futur ; les<br />
présentations pour les futurs étudiants sont biens et la<br />
connexion entre les universités est bien coordonnée.<br />
Quelle est ton action en faveur du DD ?<br />
Je prends toujours les transports publics, je trie mes déchets,<br />
je fais attention à la lumière et à l’eau, pour ne pas l’utiliser<br />
inutilement.<br />
Combien de fois le papier se recycle-t-il ?<br />
Je pense 2 à 4 fois, mais peut être plus.<br />
Réponse : 7 à 10 fois.<br />
Source: http://www.ponts-formation-edition.fr/<br />
environnement.php3<br />
Mélanie, 22 ans,<br />
Bachelor en sciences économiques<br />
Que penses-tu du DD ?<br />
Je pense que c’est essentiel, qu’il faut croître l’amélioration<br />
du bien être.<br />
Comment vois-tu le DD selon ta branche d’étude ?<br />
En économie, on en parle tout le temps, c’est la base de la<br />
croissance.<br />
Quelles sont les priorités d’actions (à l’UniNE, en<br />
Suisse, dans le monde) ?<br />
C’est difficile à dire, mais je dirais de prioriser sur l’énergie,<br />
l’écologie et les ressources propres.<br />
Est-il mieux d’aérer en grand une pièce quelques<br />
minutes par jour ou de laisser la fenêtre entre<br />
ouverte ?<br />
D’aérer.<br />
Réponse juste
11<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Points de vue et avis de professeur-e-s<br />
sur le développement <strong>durable</strong><br />
Par Fabienne Morand<br />
Le développement <strong>durable</strong> n’est pas un sujet d’étude réservé aux géographes, mais s’étudie aussi bien en économie qu’en théologie.<br />
Afin d’avoir un regard croisé de différents domaines d’études, cinq professeur-e-s de l’Université de Neuchâtel se sont prêtés au jeu<br />
de l’interview, chacun d’eux représente une des cinq facultés que compte l’UniNE. Tous devaient également choisir un objet ou une<br />
image, synonyme ou antonyme de développement <strong>durable</strong>, pour illustrer l’interview. Découvrez ici un très court extrait des entretiens<br />
et rendez-vous à la fin du mois sur le site Internet de l’université où les interviews complètent seront disponibles.<br />
Milad Zarin-Nejadan est professeur ordinaire<br />
d’économie politique.<br />
1. A titre personnel, quelle est votre<br />
définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />
Comment est-ce que je peux vivre tout en me<br />
privant le moins possible pour faire en sorte que<br />
les ressources naturelles ne soient pas affectées<br />
de telle façon qu’il y en ait moins pour ceux qui<br />
viennent après ? A chaque décision que je dois<br />
prendre, je mets en balance mes intérêts propres<br />
et les intérêts de mes enfants et de leurs enfants.<br />
C’est un peu un leitmotiv.<br />
2. Comment conçoit-on le développement<br />
<strong>durable</strong> dans votre domaine d’étude ? En<br />
d’autres termes, sous quelle approche est-il<br />
ou pourrait-il être étudié ?<br />
Je regarde ça de manière très pratique, au-delà<br />
des grandes idées qu’on connaît d’après les<br />
définitions.<br />
Par exemple, l’OC<strong>DE</strong> (l’organisation de<br />
coopération et de développement économique)<br />
a eu le mérite de développer une check liste<br />
pratique pour voir si on est sur la trajectoire du<br />
développement <strong>durable</strong> ou pas. Sur cette check<br />
liste, il y a trois questions relativement concrètes.<br />
De l’eau du robinet, ça ne coûte presque rien, elle est<br />
d’excellente qualité en Suisse et ça ne produit pas de<br />
déchets.<br />
La première : Est-ce qu’il y a une rupture entre<br />
la croissance économique et la pollution? Si<br />
on veut atteindre l’objectif de développement<br />
<strong>durable</strong>, la première condition sine qua non, c’est<br />
qu’il y ait une cassure ; que le PIB du pays puisse<br />
continuer à croître, mais que les dégâts affligés à<br />
l’environnement décroissent.<br />
La deuxième : Est-ce que les préoccupations<br />
environnementales sont présentes dans tous<br />
les domaines de la politique économique ?<br />
Chaque fois qu’on prend une décision pour tracer<br />
une route, par exemple, est-ce qu’on pense à<br />
l’environnement ?<br />
La troisième question : Est-ce que les<br />
considérations économiques sont présentes<br />
dans la politique de l’environnement ? Pour<br />
que finalement, les objectifs de développement<br />
<strong>durable</strong> soient atteints à moindre coût possible<br />
pour les individus.<br />
L’OC<strong>DE</strong> a utilisé ces critères et continue de les<br />
utiliser pour évaluer les performances des pays<br />
membres. Ces critiques externes nous obligent à<br />
voir comment on peut s’améliorer. En Suisse, on<br />
a cette approche saine, de regarder surtout les<br />
mauvais points, pour essayer de voir comment on<br />
peut les améliorer pour la prochaine fois.<br />
3. Faites-vous ou aimeriez-vous faire passer<br />
cette notion de développement <strong>durable</strong><br />
dans vos cours ? Si non, pourquoi ?<br />
Comme vous avez senti, je suis un mordu de<br />
la chose. Par exemple, j’essaie de montrer aux<br />
étudiants comment une taxe écologique nous<br />
permet de respecter le principe de pollueurpayeur.<br />
Non seulement cela contribue à réduire<br />
la pollution, mais les recettes de cette taxe,<br />
peuvent contribuer à financer les programmes<br />
d’assainissement. Elles pourraient même être<br />
restituées à la population, par exemple comme<br />
en Suisse via une contribution à leurs primes<br />
d’assurances maladies. On peut aussi financer<br />
des campagnes d’informations, d’éducation, etc.<br />
4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />
lecteurs du Cafignon ?<br />
En fait, le conseil que je donnerais c’est que<br />
chaque fois qu’on doit prendre une décision,<br />
on y intègre automatiquement une réflexion<br />
par rapport à l’environnement, par rapport aux<br />
générations futures. Quand on doit décider de<br />
notre moyen de locomotion, de construire ou non<br />
un bâtiment, qu’on prenne le temps de réfléchir<br />
aux conséquences écologiques. En fait, le souci<br />
de développement <strong>durable</strong> doit influencer notre<br />
manière de penser et d’agir, ne serait-ce que pour<br />
nous même.<br />
5. Selon vous, dans quel domaine l’UniNE<br />
devrait-elle s’améliorer pour être plus<br />
<strong>durable</strong> ?<br />
Je pense qu’il y a beaucoup de choses. Nous<br />
professeurs, nous nous déplaçons beaucoup,<br />
pour aller à des conférences et jusqu’ici il n’y a<br />
pas cette réflexion de développement <strong>durable</strong>,<br />
plus précisément en terme de CO2.<br />
Je propose de créer un fond de compensation de<br />
CO2 pour que chaque fois qu’on prend l’avion, on<br />
soit obligé de compenser. Ca va aussi contribuer<br />
à sensibiliser les gens.
12<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Une photo d’un chêne illustrant l’anecdote définissant<br />
le développement <strong>durable</strong>.<br />
Christine Guy-Ecabert est professeure<br />
extraordinaire à la Faculté de droit<br />
1. A titre personnel, quelle est votre<br />
définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />
J’aimerais vous répondre en racontant une<br />
petite anecdote. Au 14e siècle, des menuisiers<br />
ont été chargés de construire au Royaume-Uni<br />
un bâtiment qui faisait partie d’un des grands<br />
complexes universitaires de l’époque. Quand<br />
ils l’ont construit, ils ont plantés cent chênes. Ils<br />
les ont plantés juste à côté parce qu’ils avaient<br />
pris conscience que les poutres neuves qu’ils<br />
mettaient en place allaient se détériorer avec<br />
le passage du temps et qu'il fallait déjà prévoir<br />
sur place les matériaux de remplacement. Je<br />
trouve que c’est une très jolie définition du<br />
développement <strong>durable</strong>.<br />
2. Comment est-ce que vous concevez<br />
le développement <strong>durable</strong> dans votre<br />
domaine d’étude ?<br />
Pour les juristes, c’est un principe qui est<br />
extrêmement important, on peut même dire un<br />
principe fondamental, puisque le développement<br />
<strong>durable</strong> est inscrit dans deux articles de la<br />
Constitution fédérale : dans l’article 2, en tant que<br />
but de l’activité de l’Etat, et dans l’article 73 qui<br />
en fait un principe constitutionnel, au même titre<br />
que l’égalité entre hommes et femmes.<br />
Ce qu’on peut dire aussi, d’un point de vue<br />
juridique, c’est qu’une personne ne peut pas<br />
se fonder directement sur l'article 73 de la<br />
Constitution fédérale pour obtenir une décision<br />
de justice. Elle ne peut pas faire valoir le droit au<br />
développement <strong>durable</strong> comme elle peut faire<br />
valoir le droit à l’égalité de traitement. Il faut que<br />
ce principe soit intégré et précisé par les lois.<br />
L'article 73 de la Constitution fédérale commence<br />
néanmoins à être appliqué par les tribunaux. Il<br />
y a notamment une jurisprudence intéressante<br />
en matière de gravières où le Tribunal fédéral<br />
s'est fondé sur ce principe du développement<br />
<strong>durable</strong> pour dire qu’on ne pouvait pas<br />
indéfiniment puiser dans des réserves naturelles<br />
de gravier et qu’on devait essayer de trouver<br />
des solutions de remplacement avec d’autres<br />
matériaux de construction pour préserver<br />
ce patrimoine naturel.<br />
3. Est-ce que vous faites ou aimeriez<br />
faire passer un peu plus cette notion de<br />
développement <strong>durable</strong> dans vos cours ?<br />
Personnellement, je suis très sensible à la<br />
transmission de ce principe, justement<br />
dans la perspective d’une responsabilité<br />
intergénérationnelle. Pour moi c’est, en tant<br />
qu’enseignante, une chose importante de transmettre<br />
ce principe à ceux qui nous succéderont,<br />
parce que c’est un des principes qui pourrait nous<br />
aider à garder une planète viable. Or, une planète<br />
viable ne l'est pas seulement du point de vue<br />
écologique, social et économique. C’est aussi une<br />
planète dans laquelle on apprend à s’exprimer,<br />
à interagir, à refuser les idéologies, à quitter la<br />
logique du « j’ai raison, les autres ont tort », à<br />
entrer dans une logique de partage, de respect,<br />
de confiance mutuelle. J’ai cette grande chance<br />
de donner un cours de médiation dans lequel,<br />
précisément, je m’efforce de transmettre ces valeurs<br />
à mes étudiants. Pour moi, c’est une dimension<br />
qui fait aussi partie du développement <strong>durable</strong>.<br />
4. Et votre petit conseil Eco geste pour les<br />
lecteurs du Cafignon ?<br />
Je leur dirais qu’on pourrait tous ensemble<br />
planter des chênes ; planter des chênes… dans la<br />
ville. Parce que c’est aussi l’aspect que je trouvais<br />
joli dans l’anecdote anglaise. Les menuisiers<br />
auraient pu penser à planter des chênes dans<br />
la forêt voisine, mais ils ont eu cette idée du lien<br />
géographique et fonctionnel dans la perspective<br />
d'un approvisionnement futur.<br />
5. Selon vous, dans quel domaine<br />
l’Université de Neuchâtel devrait-elle<br />
s’améliorer pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />
Je répondrai en rappelant que l’Université de<br />
Neuchâtel a, paradoxalement, un atout majeur<br />
pour durer, c’est sa petitesse. En matière de<br />
développement <strong>durable</strong>, c’est un atout essentiel,<br />
parce qu’il offre une grande facilité d’entrer en<br />
lien et de consolider ces liens. J’ai par exemple<br />
beaucoup de contacts individuels avec les<br />
étudiants et je connais bien presque tous les<br />
assistants de notre Faculté. L’Université de<br />
Neuchâtel doit encore davantage mettre en<br />
valeur cet atout presque unique en Suisse. C'est<br />
aussi une façon de planter des chênes à proximité<br />
de l'institution! <br />
Lytta Basset est professeure ordinaire et vicedoyenne<br />
de la Faculté de Théologie<br />
1. A titre personnel, quelle est votre<br />
définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />
J’associe le développement <strong>durable</strong> au<br />
développement personnel. Je dirais que le<br />
développement <strong>durable</strong> implique autant la<br />
personne individuelle que la société dans<br />
laquelle elle vit. On ne peut plus aujourd’hui dire<br />
« je m’occupe de mes petites affaires et puis la<br />
planète je m’en fiche ».<br />
Je crois qu’on n’est plus dans cette idée que<br />
tout va s’améliorer tout seul. Il y a cette notion<br />
d’un développement qui vient de l’intérieur, et<br />
je ne peux pas dissocier le développement de<br />
la personne du développement de l’humanité.<br />
On ne peut pas sacrifier l’un pour l’autre. Nous<br />
sommes tous concernés par le développement<br />
<strong>durable</strong>, quel que soit l’endroit de la planète où<br />
nous habitons.<br />
2. Comment conçoit-on le développement<br />
<strong>durable</strong> dans votre domaine d’étude ?<br />
J’enseigne la théologie pratique, avec des<br />
outils assez spécifiques concernant la manière<br />
d’accompagner quelqu’un dans sa recherche<br />
de sens. Les gens aujourd’hui sont énormément<br />
en quête de pistes pour avancer dans leur vie<br />
personnelle. C’est un domaine qui, pour moi,<br />
est un terreau tout à fait fertile pour réfléchir au<br />
développement <strong>durable</strong>. Déjà, en commençant<br />
par le petit rayon où l’on habite, on peut vivre de<br />
façon à ce que ce soit viable à long terme - et non<br />
seulement viable, mais agréable à vivre.<br />
De nombreux textes bibliques permettent de<br />
faire le lien avec ce qu’est le développement<br />
<strong>durable</strong>. Parce qu’on a quand même massacré<br />
cette planète, un peu comme on a aussi massacré<br />
l’être humain. Je dirais que la prise de conscience<br />
qu’il faut protéger les droits de l’enfant est<br />
relativement récente. Je vois donc un parallèle<br />
entre la prise en compte des plus menacés<br />
dans l’humanité et celle des espèces menacées.<br />
Finalement, on se rend compte que tout cela<br />
émane de la même volonté de domination et de<br />
prise de pouvoir, qui amène à la destruction. On<br />
est complètement au cœur du travail théologique,<br />
tel que l’on peut le faire dans cette Faculté.
13<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Les livres « La Chair et le Souffle » parle de<br />
développement personnel<br />
Je dirais que ce sont deux produits à prohiber ; le soja<br />
que l’on donne aux animaux et l’huile de palme que<br />
l’on utilise pour les humains. Parce que ce sont deux<br />
produits, qui on le sait, génèrent de fortes atteintes<br />
à l’environnement, tout particulièrement à la<br />
biodiversité. Il faut conscientiser ceux qui les utilisent<br />
ou qui y ont recours. On pourrait presque encore<br />
rajouter la canne à sucre puisque je rentre de l’Etat<br />
de Sao Paulo, c’est une monoculture à perte de vue<br />
absolument effrayante : un vrai désert vert !<br />
3. Faites-vous ou aimeriez-vous faire passer<br />
cette notion de développement <strong>durable</strong><br />
dans vous cours ? Si non, pourquoi ?<br />
Oui, j’aimerais en faire davantage et, en fait,<br />
rien ne m’empêche de le faire. Il y a différentes<br />
branches en théologie, mais en théologie<br />
pratique, on a peut-être un avantage énorme à<br />
cet égard, car notre travail consiste à faire le lien,<br />
constamment, avec les réalités d’aujourd’hui.<br />
La fresque biblique qui raconte la Création<br />
sous la forme d’un récit mythique montre les<br />
implications directes de notre manière de<br />
nous comporter. Une responsabilité énorme<br />
est reconnue à l’individu : « soumettez la terre,<br />
dominez-la », mais dans le sens de la respecter,<br />
non de l’anéantir. Les nouveaux comportements<br />
s’acquièrent progressivement et je pense que<br />
les professeurs d’université, dans la mesure où<br />
ils sont bien informés, peuvent sensibiliser les<br />
étudiants.<br />
4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />
lecteurs du Cafignon ?<br />
Souvent, je me pose la question « est-ce que tu<br />
as vraiment besoin de ça ? Ce n’est pas parce que<br />
les autres ont tous acheté la même chose que toi<br />
tu en a aussi besoin ».<br />
Pour en revenir à la question, il y aurait beaucoup<br />
de choses à dire. Disons que je suis effarée par<br />
les sacs en plastic et les dégâts qu’ils font, donc<br />
on pourrait arrêter de les utiliser et prendre des<br />
sacs qui se plient dans une petite poche et sont<br />
réutilisables.<br />
5. Selon vous, dans quel domaine l’UniNE<br />
devrait-elle s’améliorer pour être plus<br />
<strong>durable</strong> ?<br />
Je suis effarée par le gaspillage de l’électricité,<br />
il y a un gros problème d’habitude. L’Université<br />
pourrait installer des détecteurs de mouvements,<br />
par exemple. J’ajouterais la nécessité du tri<br />
généralisé des déchets, même si cela se fait déjà<br />
avec le papier. <br />
François Hainard est professeur ordinaire,<br />
directeur de l’institut de sociologie et président<br />
du Sénat.<br />
1. A titre personnel, quelle est votre<br />
définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />
Les quatre axes qui apparaissent dans la définition<br />
du développement <strong>durable</strong> sont intéressants,<br />
mais qui selon moi, sont souvent contradictoires,<br />
en particulier parce qu’on n’inclut pas vraiment<br />
les inégalités et les rapports de force, dans le sens<br />
que la durabilité souvent peut coûter cher. On<br />
peut prendre l’exemple de Minergie, qui permet<br />
seul aux gens aisés d’avoir ce type de logement.<br />
De même le rapport de force inégalitaire entre<br />
le Nord et le Sud n’est que peu considéré : on<br />
continue aujourd’hui de prélever, on pourrait<br />
presque dire piller, les réserves naturelles, ou<br />
les biens des ressources non renouvelables,<br />
dans l’hémisphère sud paradoxalement pour<br />
se donner bonne conscience ici en faisant de la<br />
durabilité.<br />
J’ajouterais encore qu’on se moque totalement<br />
des générations futures.<br />
Pouvez-vous donner un exemple concret quand<br />
vous parler de se moquer des générations futures?<br />
La définition rappelle qu’il faut agir aujourd’hui<br />
pour préserver les générations futures.<br />
Actuellement nous n’arrivons pas à trouver<br />
les dispositifs pour l’enrayer ou nous ne nous<br />
donnons pas les moyens pour trouver ces<br />
dispositifs de sorte à enrayer cette perte<br />
irrémédiable.<br />
2. Comment conçoit-on le développement<br />
<strong>durable</strong> dans votre domaine d’étude ?<br />
Je crois qu’il y a tout d’abord la question des<br />
valeurs, des représentations collectives ou<br />
d’une manière générale la prise en compte des<br />
cultures, si vous voulez. On sait que valeurs,<br />
savoirs et représentations sont des éléments qui<br />
vont avoir une incidence très importante sur les<br />
comportements et les pratiques individuelles et<br />
collectives. On doit donc savoir que ces aspects<br />
là sont des éléments déterminants. On doit<br />
aussi savoir que les comportements quotidiens<br />
qui interfèrent avec l’environnement, sont<br />
étroitement liés à la position que l’on occupe dans<br />
la hiérarchie sociale, mais aussi à la formation<br />
acquise, au revenu. Donc il faut savoir prendre<br />
en compte les aspects sociaux, économiques<br />
et culturels, tout en étant à même d’avoir une<br />
lecture critique de la réalité.<br />
3. Faites-vous ou aimeriez-vous faire passer<br />
cette notion de développement <strong>durable</strong><br />
dans vous cours ?<br />
Alors oui dans les cours je recours parfois à<br />
cette notion, mais de manière irrégulière.<br />
Je traite parfois directement la question de<br />
l’environnement dans les aspects de changement<br />
social. Alors quand je peux le faire, je le fais.<br />
Parfois j’ai une thématique spécifique qui me<br />
permet de faire des liens, mais de manière<br />
irrégulière. Cela dépend du sujet enseigné.<br />
4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />
lecteurs du Cafignon ?<br />
C’est d’abord qu’ils recyclent leur journal, qu’ils<br />
ne le mettent pas dans la poubelle générale.<br />
Et la suggestion que je ferais, et que je me fais<br />
aussi à moi sachant que ce n’est pas facile, c’est<br />
d’être cohérent entre les propos et les discours<br />
que l’on tient avec les pratiques que l’on a. Parce<br />
que si le discours écolo ou environnementaliste<br />
est souvent facile à tenir, par contre, la mise en<br />
acte est beaucoup plus difficile et moi-même je<br />
me surprends parfois à être tout à fait incohérent,<br />
même sur des choses qui m’interpellent !<br />
5. Selon vous, dans quel(s) domaine(s)<br />
l’UniNE devrait-elle s’améliorer pour être<br />
plus <strong>durable</strong> ?<br />
Il y a des questions certainement énergétiques,<br />
des questions qui sont déjà prises en compte<br />
et qui devraient certainement être améliorées.<br />
Quand vous arrivez dans la cafétéria de la Faculté<br />
des lettres et qu’en hiver vous devez rester avec<br />
le manteau et le bonnet sur la tête parce que la<br />
porte est juste dans l’axe de la bise, je m’interroge<br />
sur les compétences de l’architecte…<br />
Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose ?<br />
Oui, il y quelque chose que j’avais oublié de<br />
vous dire au début à propos du développement<br />
<strong>durable</strong>, les consignes sont très floues je trouve.<br />
Par exemple, il me semble que l’on ne tient jamais<br />
compte de l’énergie grise quand on met en place<br />
des programmes de réduction énergétique, il<br />
faudrait le faire.
14<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Eva Schill est professeure ordinaire en<br />
géothermie<br />
1. A titre personnel, comment définiriezvous<br />
le développement <strong>durable</strong>?<br />
Je vois les choses un peu plus techniques. Ici<br />
on s’occupe de la géothermie et pour nous<br />
le développement <strong>durable</strong> c’est d’utiliser les<br />
ressources renouvelables pour produire de<br />
l’énergie et ce qui est très important, c’est de<br />
gérer ces ressources renouvelables d’une manière<br />
<strong>durable</strong>. Parce qu’on pourrait faire comme<br />
avec d’autres choses de la terre, les mines par<br />
exemples, où on récupère le matériel et après<br />
c’est fini. Avec la géothermie, on essaie vraiment<br />
de développer le système de manière <strong>durable</strong>.<br />
2. Et au niveau du développement <strong>durable</strong><br />
dans votre domaine d’étude, est-ce<br />
que vous pouvez un peu le développer,<br />
l’expliquer ?<br />
On essaie de développer des techniques pour<br />
la géothermie, qui nous permettent d’utiliser<br />
les ressources. Aujourd’hui, on pense qu’une<br />
ressource géothermique à une durée de vie de<br />
30 ans en moyenne. En fait, nous on travaille avec<br />
des forages profonds et on essaie de récupérer la<br />
chaleur de la terre en faisant monter l’eau chaude<br />
dans en forage et dans l’autre forage on réinjecte<br />
l’eau froid pour que l’eau puisse se réchauffer.<br />
Un de nos buts dans le recherche, c’est d’essayer<br />
d’équilibrer le système d’une manière que ça<br />
puisse augmenter la durée de vie à 50 ans ou plus.<br />
Au niveau de la Suisse, il y a des zones ou c’est<br />
plus facile d’utiliser de la géothermie ou c’est par<br />
rapport au terrain qui est très variable ?<br />
C’est surtout les zones alpines qui sont très<br />
prêtées pour la géothermie. On a plusieurs<br />
sites avec des sources thermales. Aujourd’hui,<br />
ce sont des zones qu’on connaît très bien et<br />
là on a des températures maximales autour<br />
des 100 degrés qui peuvent être utilisées pour<br />
chauffer des bâtiments ou des bains. Plus en<br />
profondeur on a des températures plus hautes.<br />
Due à la perméabilité et à des températures plus<br />
favorables, les zones de Genève et du Nord-Est de<br />
la Suisse montrent un grand potentiel.<br />
La recherche en géothermie, c’est quelque chose<br />
qui est assez récent ?<br />
C’est quelque chose qui vient et va. La fluctuation<br />
va avec le prix du pétrole. Si le prix du pétrole<br />
est haut, les gens pensent que ça va finir<br />
vite et il faut faire quelque chose. Je pense<br />
qu’il y a aussi une certaine renaissance de la<br />
géothermie maintenant. La Suisse avait un grand<br />
programme de géothermie dans les années 1980.<br />
Maintenant, avec toute la discussion des énergies<br />
renouvelables et le prix du pétrole qui est très haut,<br />
ils ont retrouvé un peu l’esprit pour la géothermie.<br />
3. D’accord. Et est-ce que vous faites,<br />
dans vos cours, passer cette notion de<br />
développement <strong>durable</strong> ?<br />
Oui, exactement. C’est un des sujets principaux.<br />
4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />
lecteurs du Cafignon ?<br />
Je trouve cette question très jolie, parce que mon<br />
conseil n’a rien à faire avec la géothermie. Mon<br />
conseil est que je pense que c’est très important<br />
de consommer moins. Parce que ce que je ne<br />
consomme pas, je ne dois pas le produire, alors<br />
c’est clair c’est un calcul facile à faire, que c’est<br />
meilleur de consommer moins. Produire de<br />
l’énergie <strong>durable</strong>, ça aussi c’est aussi important,<br />
je pense qu’au niveau de l’économie de l’énergie,<br />
c’est plus important de consommer moins. Et à<br />
l’université, je dirais que vous devez isoler les<br />
bâtiments. C’est là qu’on peut gagner vraiment<br />
beaucoup.<br />
5. J’ai justement gardé une dernière<br />
question, qui rejoins un peu ce que vous<br />
venez de dire, c’est dans quel domaine<br />
l’université de Neuchâtel devrait s’améliorer<br />
pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />
Avec chaque rénovation de bâtiment, il faudrait<br />
isoler les bâtiments, pour moi c’est là, la première<br />
chose à faire. Pas seulement pour l’Université,<br />
mais pour tous les bâtiments.
15<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Une page se tourne<br />
à la FEN…<br />
une nouvelle s'ouvre<br />
Par Matthieu Lavoyer<br />
Eh oui, ça bouge à la Fédération des<br />
étudiants neuchâtelois! Après 22 mois de<br />
bons et loyaux services, Baptiste Hurni a<br />
quitté sa fonction de secrétaire général (SG)<br />
pour relever de nouveaux défis professionnels.<br />
Fort heureusement, son nouvel engagement<br />
au sein de l'entreprise Cité Al'FEN qui gère les<br />
logements estudiantins restera au service de<br />
la communauté universitaire. Actif de longue<br />
date au sein des associations d'étudiants, mais<br />
aussi de la politique universitaire et cantonale,<br />
Baptiste a su défendre les intérêts des étudiantEs<br />
et concrétiser nombre de projets. Ces deux<br />
dernières années ont ainsi vu se mettre sur pied<br />
la bourse aux livres informatisée, la pétition<br />
contre les prix prohibitifs de la cafétéria ou<br />
encore le lancement de l'initiative de l'UNES<br />
pour les bourses d'études (que vous avez bien<br />
sûr déjà signée). Ces grands projets ne sont<br />
que la pointe de l'iceberg, puisqu'en coulisse le<br />
secrétaire général de la FEN travaille activement<br />
pour la communauté estudiantine en étant à son<br />
écoute et en la représentant face au canton, au<br />
rectorat, aux facultés, etc. Le comité remercie<br />
donc Baptiste pour son action et lui souhaite<br />
pleine réussite pour la suite.<br />
Que ferions-nous sans SG ? Pour éviter de devoir<br />
répondre à cette effroyable question, le comité<br />
a déniché une nouvelle perle rare pour servir au<br />
mieux les étudiantEs. Il s'agit d'Anne Goumaz,<br />
25 ans, doctorante en droit public. Détentrice<br />
d'un Bachelor en droit à Neuchâtel, suivi d'un<br />
Master en droit de l'administration publique<br />
à Berne, Anne a déjà œuvré au sein de l'ANED<br />
et de l'ELSA. En parallèle de la rédaction de sa<br />
thèse, elle occupe donc depuis le 1er janvier le<br />
poste de secrétaire générale. A peine revêtue<br />
de ses nouvelles fonction, elle démarre déjà<br />
sur les chapeaux de roues en coordonnant la<br />
contestation de la nouvelle politique de la HEP-<br />
BEJUNE, contraignante pour les étudiantEs. Les<br />
membres du comité de la FEN lui souhaitent une<br />
cordiale bienvenue et se réjouissent de relever de<br />
nouveaux défis avec elle.<br />
La création d'un centre de langues au sein de<br />
notre Université, la poursuite des récoltes de<br />
signatures pour l'harmonisation des bourses<br />
d'études, les discussions avec la HEP-BEJUNE,<br />
la tenue d'un Forum entreprise, l'opposition<br />
aux velléités d'augmenter les taxes d'études…<br />
L'année 2011 s'annonce d'ores et déjà chargée<br />
mais prometteuse.<br />
Étudiantes et étudiants !<br />
Il ne manque plus que vous pour créer le débat,<br />
pour se faire entendre, pour défendre la condition<br />
estudiantine, pour proposer des projets… bref<br />
pour participer à la bonne marche de notre petit<br />
monde universitaire.
16<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Festi'Neuch, festival reponsable<br />
Par Jessica Vial<br />
Depuis son déplacement aux Jeunes-Rives en 2005, Festi'Neuch,<br />
évènement culturel majeur de la région neuchâteloise, a pris le<br />
virage du développement <strong>durable</strong>. Grâce à un secteur entièrement<br />
dédié à la cause, le festival s'engage pour assurer sa responsabilité<br />
écologique et sociale.<br />
Ecoparc, l'association mentionnée dans les précédents<br />
articles est basée à Neuchâtel et « a pour vocation de<br />
faciliter l’essor de projets urbains ou d’entreprise qui<br />
intègrent les principes du développement <strong>durable</strong>,<br />
soit l’efficacité économique, la solidarité sociale et la<br />
responsabilité écologique. Elle est apolitique et sans<br />
but lucratif. » www.ecoparc.ch<br />
Quatre soirs de concerts et des milliers<br />
de festivaliers qui débarquent sur<br />
les rives du lac de Neuchâtel, c'est<br />
évidemment un rassemblement festif autour<br />
des tendances musicales d'aujourd'hui, mais<br />
cela engendre aussi des besoins en eau et en<br />
éléctricité accrus, des tonnes de déchets, des<br />
moyens de transports à adapter, des fêtards un<br />
peu émêchés... et tant d'autres problèmes qui<br />
pourraient mettre en péril la durabilité d'une<br />
manifestation de grande ampleur, ou avoir<br />
un impact environnemental trop important.<br />
Voilà environ 6 ans que l'organisation du<br />
Festi'Neuch se penche sur les questions<br />
écologiques et sociales liées à un tel évènement,<br />
et propose chaque année de nouveaux<br />
aménagements pour préserver son avenir, et<br />
celui de la planète !<br />
Meilleur bilan écologique<br />
Depuis 2008, Festi'Neuch comporte un secteur<br />
entièrement dédié au DD, coordonné par<br />
Laetitia Estève, collaboratrice de l'association<br />
Ecoparc et bénévole depuis plusieurs années<br />
au sein du festival. Actuellement, ses champs<br />
d'action prioritaires sont la mobilité, les déchets,<br />
la santé sociale ainsi que l'accueil des personnes<br />
handicapées. Et l'engagement porte ses fruits !<br />
« En 2010, 2100 personnes ont pris nos navettes<br />
pour rentrer du festival, contre 700 en 2009. Notre<br />
but serait que les festivaliers n'aient plus besoin<br />
de prendre la voiture », explique la responsable.<br />
Un partenariat avec Neuchâtel'Roule, qui propose<br />
des vélos en libre-service, pousse également de<br />
plus en plus de mélomanes à laisser leurs engins<br />
à moteur au garage. Du côté des déchets aussi, un<br />
large progrès a été réalisé avec la mise en place<br />
d'un système de gobelets réutilisables en 2010:<br />
« Nous sommes arrivés à 42% de tri des déchets.<br />
Nous nous rapprochons de la moyenne suisse,<br />
qui est à 50% ».<br />
Responsabilité sociale<br />
Du côté de la santé sociale, divers stands<br />
d'entreprises ou d'associations spécialisées<br />
prennent place sur le site de la manifestation pour<br />
sensibiliser le public aux différents problèmes liés<br />
à la fête, comme la prévention contre le SIDA ou<br />
la conduite en état d'ivresse. L'association « Be<br />
My Angel » par exemple, offre des bons pour<br />
des boissons non-alcoolisées aux conducteurs.<br />
Festi'Neuch désire également permettre aux<br />
personnes à mobilité réduite de profiter des<br />
concerts « comme tout le monde ». Grâce à une<br />
équipe d'encadrement formée par ProInfirmis et<br />
à l'aménagement de l'accès aux différents sites,<br />
les festivaliers handicapés peuvent aujourd'hui<br />
profiter de la fête: «Nous avons de la chance car<br />
le site des Jeunes-Rives est totalement à plat !»,<br />
précise Laetitia Estève. Quant à la journée des<br />
familles organisée le dimanche, elle permet<br />
d'ouvrir le festival à un public plus large, dans un<br />
cadre adapté.<br />
Pragmatisme de mise<br />
Toutefois, malgré les progrès réalisés notamment<br />
au niveau environnemental, la responsable du DD<br />
se montre réaliste: «Il faut rester pragmatique.<br />
Un tel évènement a de toute manière un impact<br />
environnemental et il est difficile de le rendre<br />
complètement écolo... on ne peut pas éclairer<br />
les concerts à la bougie ! ». Selon elle, les points<br />
où l'amélioration est encore possible en matière<br />
d'écologie sont le tri des déchets et la mobilité<br />
mais aussi la diminution de l’énergie grise. De<br />
plus, même si l’organisation du Festi'Neuch<br />
repose essentiellement sur un travail bénévole,<br />
il y a une limite à ce qu’on peut demander aux<br />
gens, malgré beaucoup de bonne volonté.<br />
Malgré cela, Laetitia Estève y voit un potentiel de<br />
développement encore riche: « Nous pouvons<br />
encore améliorer les navettes grâce à une bonne<br />
information. Il manque réellement de places de<br />
parc en ville ! Il y a également encore à faire du<br />
côté de la sensibilisation. Il faudrait pouvoir faire<br />
un vrai bilan, secteur par secteur, pour mieux<br />
orienter notre action.»<br />
Popularité en hausse<br />
Autre point positif, l'image positive dont jouit<br />
désormais le DD auprès du grand public. « Il y a<br />
10 ans, c'était encore un truc d'écolos.<br />
Aujourd'hui, cela parle aux gens... mieux encore,<br />
cela peut commencer à devenir gênant si l'on ne<br />
s'en préoccupe pas ! », s'enthousiasme Laetitia<br />
Estève.<br />
Festi'Neuch n'entend donc rien révolutionner,<br />
mais veut avant tout s'inscrire dans une<br />
optique de durabilité et de responsabilité au<br />
niveau écologique et social. Et si l'association<br />
Ecoparc n'est pas directement mandatée<br />
par la manifestation, la présence de l'une<br />
de ses collaboratrices au sein de l'équipe de<br />
bénévoles est un intérêt dans les deux sens:<br />
Festi'Neuch bénéficie de ses connaissances en<br />
développement <strong>durable</strong>, et Ecoparc, au travers<br />
de l'expérience de Laetitia Estève sur les Jeunes-<br />
Rives, gagne une expérience certaine dans la<br />
collaboration avec les manifestations.
17<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
CONCOURS PHOTO<br />
3x3 billets pour une soirée<br />
à Festi'Neuch<br />
Envie de passer une soirée entre amis au<br />
festival ? A vos flashes, voici la marche<br />
à suivre:<br />
Trouve deux potes motivés. Faites-vous<br />
prendre en photo dans la même pose<br />
que sur l'affiche Festi'Neuch ci-dessous.<br />
Envoyez-nous votre cliché à l'adresse<br />
suivante: journal.lecafignon@unine.ch .<br />
Un jury cafignoneux-festineuchien<br />
choisira les trois meilleures photos et<br />
récompensera les 9 modèles d'une<br />
entrée au festival chacun !<br />
Dernier délai pour l'envoi:<br />
30 avril 2011.<br />
prŽ sente<br />
Main sponsor<br />
festi<br />
neuch<br />
.ch<br />
Concept et crŽ ation: www.cosmic.ch, photographie: www.chouchoux.ch<br />
CONCOURS MERCHANDISING<br />
gagne des produits griffés Festi'Neuch (valeur: 39 CHF)<br />
Pour remporter un t-shirt (homme ou femme) ou des lunettes à l'effigie du festival,<br />
répondez aux trois questions suivantes, liées à l'article « Festi'Neuch,<br />
festival responsable » et envoyez vos réponses à l'adresse journal.lecafignon@unine.ch<br />
Premier prix: Un t-shirt homme ou femme Festi'Neuch<br />
Deuxième prix: Une paire de lunettes de soleil Festi'Neuch<br />
En quelle année le Festival a-t'il été déplacé aux Jeunes-Rives ?<br />
Quel est le pourcentage de déchets triés sur le site de Festi'Neuch ?<br />
Quelle association est présente sur le site du festival pour faire de la prévention contre<br />
l'alcool au volant ?<br />
Dernier délai pour l'envoi: 30 avril 2011
18<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Le nouveau plan d'étude<br />
de la HEP-Bejune;<br />
une affaire qui n'a pas fini<br />
de faire parler d'elle<br />
Par Cathy Bürki<br />
La HEP-Bejune a beaucoup fait parler d'elle ces derniers temps<br />
dans les couloirs de l'Unine. Au centre des discussions, l'entrée en<br />
vigueur du nouveau plan d'étude de l'institution pour la rentrée<br />
2011, laquelle ne fait pas que des heureux, loin s'en faut. En cause,<br />
l'apparition de nombreux désagréments pour les étudiants, dont<br />
notamment un prolongement des études. Suite à la publication<br />
de ces informations au début du mois de décembre 2010, un<br />
petit groupe d'étudiants s'est rassemblé pour protester contre<br />
ces changements. Julien Beuret, étudiant en deuxième année de<br />
Master à l'Unine et instigateur du mouvement, nous expose les<br />
principaux éléments de l'affaire.<br />
Julien Beuret, peux-tu tout d'abord nous<br />
expliquer quelles sont les formations<br />
proposées par la HEP-Bejune?<br />
Pour les étudiants sortant de l'université, la<br />
HEP-Bejune propose deux formations; soit la<br />
formation secondaire 1 qui permet d'enseigner<br />
dans les écoles secondaires, soit la formation<br />
secondaire 1 et 2 qui permet d'enseigner dans<br />
les écoles secondaires et dans les écoles de<br />
maturité comme le lycée par exemple. La HEP-<br />
Bejune ne propose donc pas, au contraire de bien<br />
d'autres HEP en Suisse, de formation uniquement<br />
en secondaire 2, laquelle dure une année. C'est<br />
un inconvénient car l'étudiant qui se destine à<br />
enseigner dans une école de maturité n'a d'autres<br />
choix que de suivre la voie secondaire 1 et 2, qui<br />
est plus longue que la voie secondaire 2.<br />
Quels sont les principaux changements<br />
occasionnés par l'introduction du nouveau<br />
plan d'étude de la HEP-Bejune?<br />
Le changement le plus conséquent concerne<br />
la durée des études. Avec l'ancienne formule,<br />
la formation secondaire 1 durait un an et demi<br />
et valait 90 crédits. Avec le nouveau règlement,<br />
la formation passe à deux ans à temps complet<br />
et vaut 108 crédits. Pour ce qui est de la voie<br />
combinée secondaire 1 et 2, on passe à deux<br />
ans à temps complets ou trois ans à mi-temps<br />
alors qu'avant on était à deux ans de formation,<br />
dont une année à mi-temps. La durée des études<br />
est donc sensiblement rallongée. De plus,<br />
l'ancien système permettait aux étudiants de<br />
commencer la formation combinée secondaire<br />
1 et 2 tout en terminant des crédits de Master.<br />
Puisque la formation était à mi-temps, c'était<br />
tout à fait possible. Maintenant, ça ne l'est<br />
plus, à moins de prolonger la formation d'une<br />
année. Autre point non négligeable, avec<br />
l'ancienne formule les étudiants pouvaient<br />
facilement avoir un travail à côté des études.<br />
Le nouveau règlement rend cela très difficile.<br />
Un autre changement important concerne les<br />
exigences en matière de langues étrangères.<br />
Désormais, les étudiants devront détenir un<br />
certificat de niveau C1, comme par exemple<br />
l'Advanced pour l'anglais, dans la langue qu'ils<br />
désirent enseigner. Le problème, c'est que de<br />
tels examens et les cours de préparations qu'ils<br />
nécessitent sont onéreux. Pour ma part, je ressens<br />
également cela comme une dévalorisation du<br />
travail qui est fait à l'université. Un étudiant qui<br />
suit un cursus de cinq ans à l'université, lequel<br />
comprend des dissertations, des présentations<br />
orales et encore bien d'autres activités, me<br />
semble déjà suffisamment compétent. De plus,<br />
le certificat de niveau C1 est requis tant pour le<br />
niveau secondaire 1 que pour le secondaire 2.<br />
Il est étrange qu'on demande exactement les<br />
mêmes compétences pour enseigner dans deux<br />
niveaux différents.<br />
Le nouveau plan d'étude entrera<br />
normalement en vigueur dès la rentrée<br />
2011. Quand est-ce que les changements<br />
concernant ce dernier ont-ils été<br />
communiqués?<br />
Le nouveau plan de formation a été publié sur<br />
internet au début du mois de décembre 2010.<br />
C'est tout simplement inadmissible que la HEP<br />
n'ait pas communiqué ces informations plus tôt.<br />
Avec le nouveau règlement, nombreux sont les<br />
étudiants qui se retrouvent coincés car ils avaient<br />
par exemple prévu de terminer des crédits de<br />
Master à la HEP. Ils n'ont donc d'autres choix que<br />
de rallonger d'une année leur formation à la HEP<br />
alors qu'ils auraient probablement pu s'arranger<br />
autrement s'ils avaient eu connaissance plus vite<br />
de l'introduction du nouveau plan d'étude.<br />
Autre élément à prendre en compte, la HEP<br />
introduit ces modifications pour répondre aux<br />
nouvelles exigences de la CDIP, la Conférence<br />
suisse des directeurs cantonaux de l'instruction<br />
publique, lesquelles ont été établies en 2005. La<br />
HEP a donc eu plus de cinq ans pour appliquer ces<br />
nouvelles mesures en douceur, en installant un<br />
régime transitoire et en informant correctement<br />
les personnes concernées. Mais rien de tout cela<br />
n'a été fait.<br />
Face à ces changements jugés inadmissibles,<br />
tu as décidé de réagir. De quelle façon t'es<br />
-tu organisé?<br />
L'élément déclencheur a été la publication du<br />
nouveau plan d'études sur internet au début<br />
du mois de décembre. J'étais vraiment révolté
19<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
lorsque j'ai vu cela. J'en ai donc discuté avec<br />
plusieurs personnes, dont Leslie Raval qui fait un<br />
Bachelor à l'Unine et qui était aussi consternée<br />
que moi. On a alors décidé de réagir et on s'est<br />
adressé à la FEN qui nous a beaucoup aidés dans<br />
nos démarches. Une séance d'information a<br />
rapidement été organisée le 21 décembre. Une<br />
quarantaine d'étudiants ainsi que des professeurs<br />
et des membres de la direction de l'UNINE ont<br />
répondu à notre appel. Après ces discussions,<br />
nous sommes passé aux choses sérieuses et avons<br />
rédigé une lettre adressée à la direction de la HEP.<br />
Nous y avons dénoncé tant le prolongement<br />
des études que le manque de communication<br />
et l'absence de régime transitoire. Nous avons<br />
conclu en demandant une non-entrée en vigueur<br />
du nouveau plan d'étude ou alors, au pire des cas,<br />
un report de deux ans. Parallèlement, nous avons<br />
contacté Philippe Gnaegi, Conseiller d'Etat du<br />
canton de Neuchâtel en charge du département<br />
de l'éducation ainsi que son homologue pour<br />
le canton du Jura, Elisabeth Baume-Schneider.<br />
Tous deux ont affirmé prendre en compte nos<br />
revendications et s'intéresser au problème.<br />
Papier Hallu, Journal N°18 du cinéclub halluciné<br />
FILMER TUE<br />
8 films sur la fumée<br />
Avec la restriction de la cigarette dans les lieux<br />
publics, on la voit de moins en moins souvent.<br />
Mauvaise pour la santé, elle est également de<br />
moins en moins tolérée sur le grand écran. Pourtant,<br />
Halluciné souhaite rappeler qu’au cinéma, la<br />
fumée peut également être de la poésie. Ainsi, le<br />
cycle du printemps 2011 sera composé de 8 films<br />
dans lesquels la fumée brouille encore l‘écran.<br />
22 mars au cinéma Bio<br />
Rusalka (Mermaid)<br />
d‘Anna Melikian<br />
Russie_2008_118 min<br />
avec M. Shalaeva et Y. Tsyganov<br />
Rusalka est un film poétique et surprenant sur une jeune<br />
femme russe qui grandit au bord de la mer, puis déménage à<br />
Moscou après une tempête dévastatrice qu‘elle a provoquée<br />
pour fuir sa vie ennuyeuse entre une grand-mère gâteuse et<br />
une mère volage. Elle se balade dans la ville déguisée en téléphone<br />
portable pour gagner un peu d‘argent et rencontre<br />
son prince charmant en la personne d‘un vendeur de terrain<br />
sur la lune suicidaire.<br />
Anna Melikian a écrit son deuxième long métrage spécialement<br />
pour Masha Shalaeva qui interprète le rôle d‘Alisa. Avec<br />
son aura „lunaire“, elle enchante le film et jusqu‘aux scènes<br />
les plus crues comme quand elle débarque chez un jeune<br />
homme avec des capotes et de la vodka.<br />
22 février au cinéma Bio<br />
Nikotina<br />
de Hugo Rodriguez<br />
Mexique_2003_92 min<br />
avec D. Luna, L. Crespi, D. Gimenez Cacho et J. Ochoa<br />
À 21h17 en ville de Mexico, une chaîne catastrophique débute<br />
et finit exactement une heure et demie après. Nikotina<br />
raconte, en temps réel et à une vitesse folle, l’histoire de Lolo<br />
(Diego Luna), un pirate informatique introverti qui observe<br />
sa jolie voisine Andrea grâce à des caméras cachées. Il pénètre<br />
le serveur d‘une Banque cantonale de Suisse pour son<br />
ami criminel Nene. Mais du coup, par une méprise banale<br />
des CDs, les événements se précipitent et une tuerie à la<br />
Tarantino prend son chemin.<br />
Nikotina, couronné par plusieurs prix, est un thriller comique<br />
mexicain en rose et noir. Hugo Rodriguéz met en scène un<br />
télescopage de trajectoires, ponctué de dialogues philosophiques<br />
sur la meilleure façon de fumer une cigarette ou de<br />
mourir entre Nene un fumeur passionné et son ami Tomson<br />
non-fumeur.<br />
5 avril au cinéma Bio<br />
Smoke<br />
de Wayne Wang<br />
USA_Allemagne_1995_110 min<br />
avec H. Keitel, W. Hurt et S. Channing<br />
Smoke, inspiré d’une nouvelle de Paul Auster, est une ode à<br />
Brooklyn, le quartier de New York. Tandis qu’un métro aérien<br />
serpente entre des immeubles gris, des clients échangent des<br />
anecdotes dans un magasin de cigares. Deux plans, quelques<br />
secondes à peine, et, soudain, on éprouve l‘impression<br />
étrange d‘être né ici et d‘avoir toujours vécu dans la boutique<br />
de cigares d‘Auggie, au coin de la 3e et de la 7e Rue. Auggie, à<br />
première vue, est un mec trapu et vaguement bourru. Seulement,<br />
comme tous les héros de Smoke, Auggie n‘est pas celui<br />
qu‘il parait être. Il a un secret. C‘est ce que découvre Paul, un<br />
écrivain déglingué depuis la mort de sa femme, qui vient régulièrement<br />
lui acheter deux paquets de Schimmelpenninck,<br />
sans lesquels la vie lui serait encore plus intolérable. Sinueux<br />
comme les volutes de fumée d’une cigarette, ce film rassemble<br />
des tranches de vies de plusieurs personnages new-yorkais<br />
subtils et attachants.<br />
8 mars au cinéma Bio (journée des femmes)<br />
Smoking (Smoking / No Smoking)<br />
d‘Alain Resnais<br />
France_1993_140 min<br />
avec S. Azéma et P. Arditi<br />
Un village du Yorkshire. Celia Teasdale, femme du directeur<br />
de l’école, fait le ménage de printemps dans son cottage.<br />
Lors d’une pause, sur la terrasse, elle hésite… puis prend<br />
une cigarette. Arrive alors Lionel Hepplewick, le gardien de<br />
l’école, qui doit s’occuper du jardin…<br />
Salué par la critique, récoltant de nombreuses récompenses,<br />
le film de Resnais nous invite à prendre part à un jeu de<br />
rôles drôle et subtil, où neuf personnages sont interprétés<br />
admirablement par deux comédiens en état de grâce!<br />
L‘origine du titre réside dans le choix que fait un personnage<br />
au début de l‘histoire : fumer une cigarette ou non. Conçu<br />
comme un arbre à plusieurs ramifications, le récit revient<br />
régulièrement en arrière pour montrer ce qu‘il serait advenu<br />
aux personnages s’ils avaient agit autrement! «Ou bien», «ou<br />
bien»… à ne pas manquer !<br />
19 avril au cinéma Bio<br />
Good Night, and Good Luck<br />
de George Clooney<br />
USA_2005_93 min<br />
avec G. Clooney, P. Clarkson et D. Strathaim<br />
Good Night, and Good Luck revient sur ce qui a fait chuter<br />
le sénateur Joseph McCarthy en 1958 en pleine période<br />
de chasse aux communistes, notamment grâce à l‘équipe<br />
journalistique de Edward R. Murrow sur la chaîne CBS. Le<br />
titre du film reprend la formule qu‘Ed R.Murrows employait<br />
systématiquement pour conclure ses émissions de radio et<br />
de télévision.<br />
« Good night, and good luck propose, en même temps qu‘une<br />
antidote à l‘instrumentalisation du grand écran par le docucoup-de-poing,<br />
le versant jazzy et enfumé de l‘utopie rossellinienne:<br />
faire tenir un énorme désir de démocratie dans un<br />
tout petit poste de télé » (Cahiers du cinéma)<br />
« George Clooney vient donc de réaliser un grand film<br />
politique...de gauche. Et ça, à l‘heure actuelle, ça demande le<br />
respect.» (Rolling Stone)<br />
Est-ce que tu penses que votre démarche<br />
va aboutir?<br />
Nous avons reçu une réponse de la HEP qui<br />
nous propose d'organiser une rencontre entre<br />
la direction de l'institution et notre groupe<br />
de protestation afin de discuter du problème.<br />
On attend donc ce rendez-vous, qui aura<br />
normalement lieu au début du mois de mars, pour<br />
savoir à quoi s'en tenir. D'autre part, des discussions<br />
au niveau politique vont également avoir lieu<br />
prochainement. L'objectif sera donc de trouver<br />
un bon compromis qui satisfasse tout le monde.<br />
Mais pour l'instant, il faut être un peu patient.<br />
Si le nouveau plan d'étude est tout de même<br />
appliqué à la rentrée 2011, n'y a-t-il pas un risque<br />
que les étudiants ne décident d'aller suivre leur<br />
formation d'en d'autres HEP de Suisse?<br />
Alors ça c'est sûr. Lors de notre séance<br />
d'information le 21 décembre, plusieurs étudiants<br />
nous ont dit qu'ils s'étaient organisés et étaient<br />
déjà inscrits dans d'autres HEP, comme Lausanne<br />
ou Fribourg. Cela dit, rien n'est encore perdu, il ne<br />
faut pas lâcher le morceau. <br />
3 mai au cinéma Bio<br />
Hans im Glück<br />
de Peter Liechti<br />
Suisse_2003_90 min<br />
«Mes rêves vont de mal en pire (...). Cette nuit, j‘ai rêvé du<br />
Maroc. Précisément du Maroc qui ne m‘avait encore jamais<br />
intéressé. (...) Ma copine me quitte pour un Marocain, un ami<br />
vient me voir, mais il ne veut pas rester, non, il loge chez un<br />
Marocain. (...) Je me réveille, la bouche sèche et je comprends:<br />
La vengeance de ma cigarette... Marocaine!! Marocaine Extra!»<br />
Peter Liechti choisit un moyen peu commun pour arrêter de<br />
fumer: il se met en route à pied pour une sorte de pèlerinage<br />
de Zurich, où il habite, à Saint Gall, où il a grandi. Il répète par<br />
trois fois cet exercice en raison de rechutes. Dans ses bagages,<br />
il emmène une caméra et un appareil enregistreur et il tire<br />
de ce retour aux sources à visée thérapeutique un film peu<br />
commun. Ce «road movie piéton» accompagne le réalisateur<br />
dans ses pérégrinations, documente les effets de l‘abstinence,<br />
les rencontres qu‘il fait avec des fumeurs comme avec des<br />
non-fumeurs et la beauté des paysages de la Suisse orientale.<br />
17 mai au cinéma Bio<br />
Smoke Signals (Phoenix, Arizona)<br />
de Chris Eyre<br />
USA_1998_89 min<br />
avec A. Beach, E. Adams, I. Bedard et G. Farmer<br />
Smoke signals est le premier film de l’histoire du cinéma<br />
entièrement réalisé et interprété par des Indiens d’Amérique.<br />
Pour Chris Eyre, le réalisateur, le film est marqué par l’idée du<br />
retour à la maison : « Pour moi, c’est un thème obsédant : voici<br />
un type, Arnold, qui a toujours voulu rentrer chez lui et demander<br />
pardon à son fils et qui, au lieu de cela, meurt tout seul,<br />
comme un chien, à des milliers de kilomètres […] ».<br />
Sous la forme d’un road movie assez cocasse, le spectateur<br />
suit l’histoire de Victor, le fils d‘Arnold, alors âgé d’une vingtaine<br />
d’année, et de son ami Thomas, qui quittent la réserve<br />
d’Indiens de l’Idaho pour ramener les cendres de son père<br />
mort en Arizona.<br />
Remarqué au célèbre festival du cinéma indépendant américain<br />
de Sundance, le film de ce jeune réalisateur de 28 ans,<br />
dépeint la psychologie sociale actuelle d’un peuple déraciné<br />
sur sa propre terre.<br />
Ve 10 juin OPEN AIR, Faculté des Lettres<br />
Ces merveilleux fous volant<br />
dans leurs drôles de machines<br />
de Ken Annakin<br />
Grande Bretagne_1965_138 min<br />
avec S. Whitman, S. Miles et J. Fox<br />
En 1910 les plus grands aviateurs du monde veulent se mesurer<br />
à l’occasion d’une course Londres-Paris. Séduit par cette idée,<br />
Lord Rawsley, directeur d’un grand journal londonien, parraine<br />
cette traversée de la Manche même si l’aspect international<br />
ne semble pas l’enthousiasmer plus que ça: “The trouble with<br />
these international affairs is they attract foreigners.”<br />
Les concurrents vont rivaliser d’acrobaties pour une prime<br />
extraordinaire et les beaux yeux de la fille du mécène, fiancée<br />
au favori anglais de la compétition.<br />
A noter que le film a été tourné avec des répliques d’avions<br />
d’époque équipés de moteurs modernes. Les aventures et<br />
mésaventures des pilotes venus des quatre coins de la planète<br />
ne manqueront pas de vous enchanter.<br />
Ve 6 - Sa 7 mai à l‘Aula des Lettres<br />
Les très courts (< 3min)<br />
Le festival des très courts, c’est la projection d’une cinquantaine<br />
de films en sélection internationale.<br />
Ces projections sont organisées simultanément dans<br />
près d’une cinquantaine de villes en France mais aussi<br />
tout autour du monde...<br />
La projection dure un peu plus de deux heures avec<br />
une pause au milieu.<br />
pour plus d‘informations consultez notre site web:<br />
www.halluciné.ch<br />
Lieux: Cinéma Bio, Fbg. du Lac 27, Neuchâtel<br />
ou Aula des Lettres, Unine<br />
Heure: Bar dès 20h, Film à 20h30<br />
Prix: 8 CHF, membres 5 CHF<br />
Contact: hallucine.info@unine.ch<br />
Aryan Martin: 079 569 40 92
20<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
HOMMAGE À NOTRE VILLE<br />
Par Isabelle Lapotre<br />
Personne n’est sans savoir que la ville de Neuchâtel est le chef lieu<br />
du canton de Neuchâtel. Elle fête également ses mille ans cette<br />
année. Retour sur mille ans de vie et zoom sur une année riche en<br />
célébrations.<br />
Piqûre de rappel historique :<br />
A l’occasion des mille ans de la ville de Neuchâtel,<br />
il est nécessaire que chacun d’entre nous<br />
puisse faire un point sur son histoire. Le nom<br />
de « Novum Catellum » apparaît pour la toute<br />
première fois le 24 avril 1011, dans une donation<br />
du roi de Bourgogne Rodolphe III à son épouse<br />
Irmengarde.<br />
« Au nom de la très Sainte et Indivise<br />
Trinité, Rodolfe, Roi par la Clémence<br />
de Dieu ; qu'il soit connu de tous les<br />
hommes, nés ou à naître, que, poussé par<br />
amour conjugal et conseillé par les grands<br />
de mon royaume, je donne à ma très<br />
chère épouse Irmengarde, [...] la résidence<br />
royale de Neuchâtel, avec ses esclaves,<br />
servantes et toutes ses dépendances. »<br />
La ville s’étend ensuite et la charte, signée par<br />
les seigneurs de Neuchâtel en 1214, aide la<br />
bourgeoisie à prospérer. Le commerce et les<br />
banques y sont déjà monnaie courante pour vivre<br />
une vie aisée. Neuchâtel est florissante.<br />
De 1707 à 1806 et de 1813 à 1848, le canton de<br />
Neuchâtel est dirigé par la Prusse depuis Berlin.<br />
Le statut du canton se complique grandement<br />
en 1815. Trois nouveaux cantons rejoignent la<br />
Confédération des cantons : Valais, Genève et<br />
Neuchâtel. Ainsi, le canton de Neuchâtel est-il<br />
prussien ou suisse ?<br />
C’est le premier mars 1848, qu’une nouvelle<br />
page se tourne non seulement pour la ville<br />
mais aussi pour le canton. Les montagnards<br />
venus du Locle et de la Chaux de Fonds<br />
descendent fusil à l’épaule pour reprendre le<br />
château de Neuchâtel des mains des Prussiens.<br />
A leur tête, Fritz Courvoisier. Cette désormais<br />
appelée « Révolution Neuchâteloise » se déroulera<br />
sans effusion de sang mais son message reste<br />
fort : Neuchâtel est suisse. L’Indépendance<br />
neuchâteloise est remportée. La République est<br />
proclamée dans la foulée, le 2 mars, de la bouche<br />
d’Alexis-Marie Piaget. Aux yeux de l’Europe,<br />
l’affaire se conclut le 26 mai 1857 avec le traité de<br />
Paris, qui officialise la séparation entre Neuchâtel<br />
et la Prusse.<br />
Jusqu’à aujourd’hui, de plus petits évènement<br />
ont fait de la ville ce qu’elle est maintenant. Le<br />
recul n’est pas assez grand pour savoir s’ils ont<br />
bouleversé l’Histoire. Neuchâtel est toujours<br />
enviée pour son beau lac paisible et ses<br />
bâtiments en pierres jaunes de Hauterive - dont<br />
notre Université fait partie -. Peut-être pas, en<br />
revanche, pour être le chef-lieu d’un des cantons<br />
où les impôts sont les plus élevés de Suisse.<br />
Célébrations à foison :<br />
La célébration du Millénaire de Neuchâtel ne<br />
se fera pas sur l’unique journée du 24 avril. Elle<br />
s’étendra, en effet, du mois d’avril au mois de<br />
septembre. C’est pour cette raison que le projet<br />
avait déjà été lancé en octobre 2009. La ville faisait<br />
appel à toutes les personnes et surtout à toutes<br />
les associations intéressées par l’organisation<br />
d’un petit évènement pour la commémoration.<br />
Les réponses furent nombreuses puisque 110<br />
projets avaient été remis. Les évènements<br />
sont organisés par trois organismes distincts<br />
– bien que tous en collaboration - : les<br />
productions du Millénaire, du Musée d’art et<br />
d’histoire et les programmations associées<br />
(associations socioculturelles et sportives).<br />
L’alliance des trois nous offre une année 2011<br />
chargée en hommages, dont voici un aperçu.<br />
Un des évènements phares de ces festivités sera<br />
le lancement du Batz. Le Batz est une monnaie<br />
neuchâteloise qui circulait notamment durant le<br />
18ème siècle. Ce lancement a pour but de faire<br />
revivre une ancienne monnaie neuchâteloise<br />
mais aussi un savoir-faire. C’est pour ces deux<br />
raisons que le Batz sera accompagné de la mise<br />
en service d’un atelier monétaire au sein de<br />
la ville de Neuchâtel. Cela permettra au grand<br />
public d’aller observer ce savoir-faire peu connu<br />
et peut-être même de frapper une ou deux<br />
pièces. Même si la date précise du lancement<br />
n’est pas établie, le projet est ambitieux. La ville<br />
a invité tous les commerçants à s’inscrire sur<br />
une liste afin de signaler s’ils sont prêts ou non<br />
à accepter le payement en Batz. Cette inscription<br />
n’était possible que jusqu’au 11 février. Le pari est<br />
risqué pour la ville car cette monnaie ne pourra<br />
se dépenser en dehors de la ville-même. Elle ne<br />
restera peut-être qu’une simple pièce de monnaie<br />
souvenir comme on en trouve aux pieds de<br />
certains grands monuments touristiques. L’autre<br />
possibilité, et il s’agit là de celle défendue par la<br />
ville, serait de « sensibiliser aux modes d'utilisation<br />
de la monnaie à différentes époques de la ville et<br />
par conséquent aux poids et mesures qui géraient<br />
la vie quotidienne ».<br />
A partir du samedi 2 avril, une mise en bouche<br />
sera déjà disponible, les festivités ne commençant<br />
réellement que vingt jours plus tard. Il s’agit de<br />
vous mettre au point, si vous ne l’êtes toujours<br />
pas, sur l’Histoire de Neuchâtel et du canton<br />
entier. Vous pourrez vous rendre au Musée d’art<br />
et d’histoire de Neuchâtel. L’exposition s’intitulera<br />
« Neuchâtel : une histoire millénaire ». Elle<br />
retracera l’histoire de la ville de Neuchâtel, mise<br />
en relation avec le monde et la Suisse. La relation<br />
avec les habitants sera également présente,<br />
au travers de portraits personnels de certains<br />
citoyens neuchâtelois, le but de l’exposition, et<br />
plus globalement du Millénaire étant de faire<br />
découvrir la ville sous un angle différent et de<br />
manière ludique.<br />
Ce sera le vendredi 22 avril, deux jours avant les<br />
mille ans officiels de la ville, que la célébration<br />
commencera.
21<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Informations supplémentaires<br />
sur les évènements<br />
Le site officiel :<br />
www.1000ne.ch<br />
Pour le programme :<br />
http://live.event1000ne.ch/<br />
Pour être un « allumeur » :<br />
http://www.1000ne.ch/index.php/fr/<br />
participes/allumeurs-de-la-fete-du-millenaire<br />
Le dimanche 24 avril, la nuit neuchâteloise<br />
s’illuminera de 100 000 bougies, un projet<br />
bien ambitieux qui se déroulera au centre ville.<br />
Pour cela, l’artiste Muma sera encadré de 1 000<br />
allumeurs bénévoles - et volontaires -. Ceux<br />
qui le souhaitent peuvent faire partie des 1 000<br />
allumeurs en remplissant un formulaire sur le<br />
site internet du Millénaire. Le terme en lui-même<br />
prête à sourire, mais la « mise à feu » le jour-J<br />
promet d’être un moment magique. Ce n’est pas<br />
un hasard si cette illumination se déroulera le<br />
jour exact des 1’000 ans, la ville veut marquer les<br />
esprits. Il ne reste plus qu’à espérer que le temps<br />
ne sera pas caractériel ce jour-là.<br />
Les plus courageux auront déjà ouvert la marche<br />
avec « La chasse au trésor en ville de Neuchâtel ».<br />
Les guides interprètes indépendantes proposent<br />
de se balader en ville en suivant un plan – une<br />
sorte de carte au trésor – qui révèle les merveilles<br />
que cache notre ville. Il est facile de passer devant<br />
un monument sans y faire attention et ces guides<br />
se proposent de diriger le regard des marcheurs.<br />
Pour cela, elles ont ponctué la chasse au trésor<br />
de vingt questions qui pimenteront un peu la<br />
balade. Il faudra lever les yeux, en prenant garde<br />
à ne pas être éblouis par le soleil.<br />
En effet, les beaux jours reviendront vite après<br />
ce début de fête. Pour cela, du dimanche 15 mai<br />
au dimanche 28 août, le projet « Les chemins de<br />
la ville aux mille histoires » se propose de faire<br />
bouger la population. Le but est surtout de faire<br />
redécouvrir des lieux que les neuchâtelois ne<br />
© Ania<br />
regardent plus du tout, ou qu’ils n’ont jamais<br />
connus. Les guides seront « plus ou moins<br />
officiels et plus ou moins honnêtes dans ce qu’ils<br />
vont raconter » selon la vidéo publiée sur le<br />
site internet du Millénaire. Il s’agit d’une bonne<br />
occasion pour sortir et, encore une fois, poser un<br />
regard nouveau sur ce qui nous entoure.<br />
Le samedi 10 septembre, il faudra que toute la<br />
population de Neuchâtel se mette sur son trente<br />
et un. Le Château de Neuchâtel, lieu tant chargé<br />
d’histoire, accueillera tous ceux qui le voudront<br />
pour danser toute la nuit. Ce bal en tenue de<br />
soirée a été organisé par deux associations : la<br />
Société des Anciens de la Junior Entreprise (SAJE)<br />
et la Société d’Etudiants Belles-Lettres. Ces deux<br />
associations faisant partie de l’Université de<br />
Neuchâtel, ce sera un peu le bal des étudiants<br />
après tout. Les musiques seront tirées de toutes<br />
les époques pour que des générations entières<br />
puissent s’amuser tous en cœur et chanter tous<br />
en chœur.<br />
Le dimanche 25 septembre, il faudra faire la<br />
clôture de cette année riche en célébrations.<br />
Et quoi de mieux pour boucler la boucle que<br />
de se greffer à une fête déjà bien connue des<br />
Neuchâtelois. Cette célébration n’est autre que<br />
la fête des Vendanges ! Un corso fleuri intitulé<br />
« dans le mille » défilera dans les rues. Il sera<br />
ensuite peu probable que la fête des Vendanges<br />
ne soit pas bondée cette année encore.<br />
Cette liste n’est pas exhaustive, bien sûr. Bien<br />
d’autres évènements sont présentés sur le site<br />
internet du Millénaire. Malheureusement, pour<br />
le moment certaines descriptions ne sont pas<br />
présentes et d’autres mériteraient d’être plus<br />
exhaustives. Les quelques vidéos postées en<br />
accompagnement expliquent mieux l’angle<br />
abordé par les différents acteurs. Il s’agit là d’un<br />
avantage du Millénaire : c’est avant tout une<br />
occasion pour certaines associations de se faire<br />
connaître grâce à leur participation. Ainsi, il est<br />
possible de parrainer un arbre ou encore de<br />
participer à la fête des voisins. Le Millénaire n’est<br />
pas un évènement unique mais l’addition d’une<br />
multitude de petits évènements. L’inconvénient<br />
possible est que finalement les visiteurs ne<br />
sachent plus vraiment qui a organisé tel ou tel<br />
évènement. Mais ils leur feront découvrir la<br />
ville sous un autre angle, qu’il soit économique,<br />
culturel ou historique, le lien entre les projets<br />
étant parfois ténu. Celui avec le Millénaire l’est<br />
aussi également. Le projet du Millénaire est<br />
un projet d’envergure qui se veut ludique et<br />
centré sur la (re)découverte de la ville. L’absence<br />
de l’alliance avec la Marche du Premier Mars<br />
est d’ailleurs étrange puisque l’année 1848<br />
marque un tournant dans l’histoire du canton.<br />
Malgré tout, si vous ne pouvez pas attendre<br />
jusqu’au 2 avril, vous pouvez d’ores et déjà vous<br />
plonger dans l’ouvrage de Jean Pierre Jelmini.<br />
Cet historien avait lancé le Millénaire en avantpremière<br />
en publiant son livre « Neuchâtel 1011-<br />
2011 » en décembre 2010. Dans celui-ci, il répond<br />
à mille et une questions sur la ville au travers de…<br />
mille articles.
22<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
TÉLÉPHONE MOBILE VS ORTHOGRAPHE<br />
Par Isabelle Lapotre<br />
C’est d’un long combat que nous allons traiter aujourd’hui. Depuis<br />
une dizaine d’années déjà, les jeunes et les moins jeunes sont<br />
accusés de saborder leur orthographe. Alors, à qui la faute ?<br />
L’orthographe n’est pas une chose acquise, il<br />
faut la travailler. C’est pour cela qu’il y a dix<br />
ans, les grammairiens pointaient du doigt<br />
le langage dit « SMS». Cela consistait, et consiste<br />
toujours, à ne pas écrire les mots dans leur<br />
intégralité. Il faut les raccourcir pour gagner du<br />
temps - et de l’argent par la même occasion -. Ainsi,<br />
MSN et le succès interplanétaire du SMS étaient<br />
désignés comme coupables sans même avoir<br />
été présumés innocents. MSN, bien qu’il n’ait pas<br />
encore disparu, a cessé d’éveiller un engouement<br />
chez les jeunes. Il a été remplacé par Facebook,<br />
Twitter et autres réseaux sociaux. Le SMS, lui,<br />
continue son petit bonhomme de chemin.<br />
Comme l’expression « je te le dis texto » nous le<br />
rappelle, il s’agit d’un message bref qui va droit<br />
au but. Le langage SMS porte bien son nom. Un<br />
SMS vaut 160 caractères, c'est-à-dire 160 lettres,<br />
espaces compris. Il est devenu le moyen de<br />
communication privilégié par beaucoup et nous<br />
ne sommes pas les seuls à l’avoir compris.<br />
Ainsi, nous avons vu apparaître des avantages<br />
“jeunes“ sur les SMS. Les forfaits sont centrés<br />
autour de lui pour que l’on puisse communiquer<br />
plus rapidement. L’outil dictionnaire permet<br />
de parer à la mauvaise orthographe en nous<br />
proposant des mots déjà entrés dans la mémoire<br />
du téléphone. Personne ne perd de temps, mais<br />
à quel prix ?<br />
Avec les derniers natels sortis, un « nouveau »<br />
phénomène a été porté à la lumière du jour.<br />
Les téléphones font profiter les opérateurs de<br />
quelques surcoûts sur la facture de leurs clients<br />
grâce à une chose toute simple : toutes les<br />
lettres ne décomptent pas le même nombre de<br />
caractères. Il ne faut pas croire à un problème<br />
lié uniquement à votre téléphone, il s’agit bien<br />
là de quelque chose de normal. L’explication ne<br />
vient pas des opérateurs mais des fabricants<br />
de téléphone. Un message de 160 caractères<br />
correspond à 1'120 bits. Chaque signe est<br />
encodé pour représenter 7 bits, 7 multiplié par<br />
160 nous donnant 1 120 bits. Cependant, certains<br />
caractères n’ont pas été encodés de cette manière<br />
et pèsent plus de 7 bits, ce qui réduit le nombre<br />
de caractères possibles.<br />
Le Nokia 7230, vendu 1.- pour l’achat d’un<br />
abonnement Swisscom, en est un premier<br />
exemple. Les smileys coûtent trois signes, rien<br />
de plus normal puisqu’ils comprennent bien trois<br />
lettres : « :-) ». Lorsque l’on écrit le mot « pates »<br />
- orthographiquement incorrect si l’on parle de<br />
l’aliment -, il nous reste 155 sur les fameux 160<br />
caractères. Admettons que l’on s’applique à<br />
écrire « pâtes » il ne nous reste alors que 65/160<br />
caractères. Conclusion, un accent circonflexe<br />
ne vaut pas moins de 90 signes. Si le message<br />
comporte une ou deux fois le mot « même », il est<br />
facile d’envoyer deux ou trois SMS à la fois alors<br />
qu’il comprend en soit moins de 160 caractères.<br />
Sans un peu d’attention, la facture peut être<br />
salée. La manœuvre est aussi démontrable avec<br />
le « ç », le « ë » ou le « œ ». La prochaine question<br />
à se poser est la suivante : ce natel est-il une<br />
exception ? « Non, plusieurs marques se mettent<br />
à le faire », répond un employé de chez Swisscom,<br />
à Lausanne.<br />
Et ce n’est pas une affirmation faite à la légère.<br />
En creusant un peu sur les forums internet,<br />
le constat est qu’il ne s’agit même pas d’un<br />
phénomène nouveau. Le LG Chocolate sorti en<br />
2006 subtilisait déjà 90 signes pour un accent<br />
circonflexe. Le Sonix XP1 ainsi que le HTC desire<br />
ne font pas exception à la règle. Et si l’on demande<br />
quelle solution s’offre à nous, s’il y a possibilité<br />
de « réparer » cette anomalie, la réponse est la<br />
suivante : « La seule solution est d’arrêter d’écrire<br />
correctement. » Un petit panel de solutions s’offre<br />
maintenant aux accros des textos. Dans tous les<br />
cas, on ne peut pas être économe et regardant<br />
sur l’orthographe. Il faut choisir. La première<br />
alternative serait d’opter pour l’écriture lettre<br />
par lettre ou encore pour les 500 SMS proposés<br />
gratuitement aux jeunes sur X-trazone. Si vous<br />
ne voulez pas abandonner votre mode T9 (ou<br />
dictionnaire), il vous faudra prendre votre mal en<br />
patience et y entrer chaque mot piège comme<br />
si le mot n’existait pas. Ainsi, il est possible de<br />
créer un dictionnaire personnalisé. Le dernier<br />
conseil serait d’éviter d’écrire de trop longs SMS<br />
de « Joyeux Noël » ou de longues invitations à vos<br />
« fêtes ». Il est tellement facile de se faire avoir. <br />
Lapotre Isabelle<br />
La dictée<br />
Source: http://mooloozone.wordpress.com<br />
Informations sur l’enquête :<br />
Test effectué sur les marques suivantes :<br />
Nokia, LG, HTC, Sonim.
23<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
« We are Anonymous.<br />
We are Legion, We do not forget.<br />
We do not forgive. Expect us. »<br />
Décryptage d'un phénomène difficilement<br />
descriptible, mais dont les actions ont des<br />
conséquences non-négligeables actuellement,<br />
Anonymous.<br />
Par Hugo Babel<br />
A<br />
l'origine, il y a “4chan“, un forum créé en<br />
2003 par un étudiant de 15 ans et alter-ego<br />
américain du forum japonais “2chan“. Bien<br />
qu'il soit possible d'y utiliser un pseudonyme,<br />
la majorité des posts (messages) de la section<br />
Random (/b/) ont pour auteur "anonymous".<br />
Anonymous devient alors progressivement le<br />
nom englobant les utilisateurs du forum, comme<br />
entité.<br />
Les règles principales du /b/ sont que rien n'est<br />
sacré ni hors-limite. Les posts sont souvent<br />
accompagnés d'images, qui en explicitent le<br />
sens. /b/ a aussi son propre langage, hermétique<br />
pour quiconque ne l'a pas côtoyé suffisamment<br />
longtemps.<br />
Les premières mentions de l'existence<br />
d'Anonymous ont été le fait de Fox News Los<br />
Angeles. La chaîne de télévision a illustré en 2007<br />
les dangers du groupe par une vidéo montrant<br />
l'explosion d'un van, les décrivant comme des<br />
hackers carburant aux stéroïdes et les accusant<br />
de poster des menaces sur MySpace.<br />
Premières actions<br />
En janvier 2008, suite à une fuite, une vidéo<br />
provenant de l'Eglise de Scientologie est publiée<br />
sur internet; on y voit l'acteur et adhérent Tom<br />
Cruise glorifier ce mouvement. Les avocats de la<br />
Scientologie exigent des différentes plateformes<br />
de partage le retrait immédiat de la vidéo. Un<br />
des sites refuse et publie même cette requête.<br />
Dénonçant ce qu'ils estiment être une forme<br />
de censure, Anonymous déclare la « guerre à la<br />
Scientologie ». Diverses actions se succèdent,<br />
canulars par téléphone ou par fax, “attaque<br />
par déni de service“, dont le but est de rendre<br />
indisponible un service, dans le cas présent un<br />
site internet, en les surchargeant de requêtes<br />
spécifiques.<br />
Ces actes sont désapprouvés tant par les<br />
utilisateurs de 4chan que par les opposants<br />
de longue date à la Scientologie. Prenant en<br />
compte les critiques, Anonymous change alors<br />
de tactique et s'oriente vers une opposition<br />
pacifique et légale, en appelant ses membres<br />
à manifester. Les opposants à la Scientologie<br />
sont invités à manifester, avec un masque,<br />
devant les bâtiments de la Scientologie dans le<br />
monde entier. C'est à partir de ce moment que<br />
se popularise le masque de Guy Fawkes, apparu<br />
dans le film « V pour Vendetta », comme symbole<br />
d'Anonymous.<br />
Pour un internet libre<br />
En 2010, plusieurs compagnies de l'industrie<br />
cinématographique de Bollywood, mandatent<br />
Airplex Software pour attaquer, via déni de<br />
service, les sites d'hébergement qui ne se<br />
conforment pas aux demandes de suppression de<br />
fichiers. Se positionnant comme défenseurs d'un<br />
« internet libre et ouvert à tous », les activistes<br />
lancent « Operation Payback », qui s'attaque aux<br />
adversaires du piratage.<br />
En décembre 2010, Wikileaks est mis sous pression<br />
après le “cablegate“, durant lequel plus de<br />
200'000 télégrammes diplomatiques américains<br />
secrets sont divulgués au grand public. Amazon,<br />
PayPal, PostFinance refusent de transmettre<br />
les donations faites à Wikileaks. Anonymous<br />
s'attaque alors au site internet des différentes<br />
entreprises en les rendant inaccessibles. De son<br />
côté, Wikileaks dément toute responsabilité dans<br />
ces attaques. Suite à l'arrestation d'un jeune<br />
Néerlandais qui avait lancé une attaque par déni<br />
de service contre Visa et Mastercard, Anonymous<br />
décide de changer de stratégie: ils passent d'une<br />
action de représailles, à un système de diffusion<br />
efficace de l'information, Operation Leakspin. Le<br />
but est « de faire participer tous les internautes<br />
qui le souhaitent au partage et à l'analyse des<br />
câbles diplomatiques américains » publiés.<br />
Contre la censure<br />
Lors des révolutions en Tunisie et en Egypte, les<br />
gouvernements de ces pays ont tenté de limiter<br />
les informations ainsi que l'accès à internet.<br />
« Attristés » et « enragés » par le traitement<br />
réservé aux citoyens, les « hacktivistes »<br />
d'Anonymous se sont engagés, au nom de la<br />
lutte contre la censure, aux côtés des militants<br />
pour la démocratie. Durant les manifestations,<br />
ils ont rendu inaccessibles plusieurs sites du<br />
gouvernement Tunisien et Egyptien, ainsi que le<br />
site du parti au pouvoir en Egypte.<br />
Une chose est certaine, Anonymous ne peut<br />
laisser indifférent. Leur manière d'agir est sous<br />
le feu des critiques mais ils sont néanmoins<br />
soutenus par une partie de la population qui,<br />
contrairement à ce que certains veulent faire<br />
croire, n'est pas composée que d’asociaux, de<br />
cyber-dépendants ou de hackers.<br />
A l'heure où des spécialistes parlent d'une cyberguerre<br />
au cours des prochaines années, ne<br />
sommes-nous pas en train de vivre une ébauche<br />
des affrontements à venir?
24<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
D'Hiroshima à Mühleberg II<br />
Par Dimitri Paratte<br />
L'énergie nucléaire refait surface dans le monde médiatique et<br />
politique helvétique depuis l'arrivée de la conseillère fédérale<br />
pro-nucléaire Doris Leuthard à la tête du Département Fédéral<br />
de l'Energie, des Transports, de l'Environnement et de la<br />
Communication (<strong>DE</strong>TEC). C'est l'occasion de faire le point sur cette<br />
énergie coûteuse et dangereuse alors que nous serons amenés<br />
à nous prononcer d'ici 2 à 3 ans sur la construction de nouvelles<br />
centrales nucléaires en Suisse.<br />
Le lobby en Suisse<br />
La Suisse connaît plusieurs groupes de pression<br />
favorables à l’utilisation de l’énergie contenue<br />
dans la matière. L’association faîtière qui les<br />
regroupe tous s’est appelée Forum Nucléaire<br />
Suisse. Cette dénomination banale tente<br />
d’exprimer l’idée de transparence, qualité absente<br />
du milieu nucléaire. Ce dernier bénéficie d’un<br />
budget annuel dépassant les 3 millions. Il est<br />
constitué par les principaux électriciens (Alpiq,<br />
Axpo, Alstom, FMB), des physiciens enseignant à<br />
l'Institut Paul Scherrer et dans les EPFs ainsi que<br />
des politiciens. Mme Leuthard en est membre<br />
d'honneur... Il tente de véhiculer certains mythes<br />
relatifs à l’énergie nucléaire : sa faible émission<br />
de CO2, le bas prix de reviens de son kWh, son<br />
innocuité et la gestion <strong>durable</strong> de ses déchets.<br />
Un coût incalculable<br />
On sait que la construction des centrales<br />
nucléaires (CN) coûte très cher: les frais<br />
d'équipement pour la CN de Leibstadt (la plus<br />
puissante du pays) s'élevaient à 5,9 milliards en<br />
1985. Pour le reste, l'opacité est totale. Le rapport<br />
du <strong>DE</strong>TEC<br />
« Coûts réels de l’énergie nucléaire », qui répond<br />
à un postulat de la conseillère aux Etats Gisèle<br />
Ory, stipule explicitement qu'il « n’est pour l’heure<br />
pas possible d’effectuer un calcul sérieux du coût<br />
«réel» du nucléaire ». Après plus de 40 ans de<br />
fonctionnement des CN, on peut se demander :<br />
Quand sera-t-il l’heure ? On apprend aussi dans<br />
ce rapport que la recherche nucléaire est financée<br />
par la Confédération dans les mêmes proportions<br />
que la recherche pour les énergies renouvelables.<br />
Vive l'avenir !<br />
Des centrales mal assurées<br />
Un autre rapport de l'Office fédéral de la<br />
protection civile cette fois, évalue le risque<br />
humain et financier d'un accident majeur. Bilan:<br />
dégâts matériels se chiffrant à plus de 4000<br />
milliards de nos francs, contamination radioactive<br />
de la moitié du pays, 100'000 déplacés. On essaie<br />
de nous rassurer en affirmant que les électriciens<br />
sont assurés contre le risque nucléaire à hauteur<br />
de... 1,5 milliards. En cas de défaut de paiement<br />
ce serait aux contribuables de passer à la caisse!<br />
Un comble quand on sait que la Confédération<br />
refusait jusqu'à récemment d'assurer le risque<br />
géologique lié à la géothermie!<br />
Des gaz à effet de serre pour le climat<br />
L'extraction d'uranium est destructrice et très<br />
énergivore. Les concentrations sont de l'ordre<br />
de 1 à 5 g/kg. L'extraction de l'élément produit<br />
des déchets miniers radioactifs très volumineux<br />
souvent déposés à l'air libre et l'enrichissement<br />
isotopique fait intervenir de nombreux processus<br />
physico-chimiques très gourmands en énergie.<br />
L'extraction, l'enrichissement et le transport<br />
de l'uranium rend toute la filière nucléaire très<br />
largement émettrice de CO2. On démontre ainsi<br />
le mensonge d’une énergie prétendue propre<br />
pour le climat.<br />
Les radiations émises par les CN et leurs déchets<br />
sont nocives pour n'importe quel organisme<br />
vivant. Les radiations détruisent l'ADN, favorisent<br />
les mutations génétiques spontanées et les<br />
cancers.<br />
Le cauchemar des déchets<br />
La première CN a été mise en fonctionnement<br />
en URSS en 1954. Les déchets de la fission de<br />
l'uranium s'accumulent depuis lors. Le plutonium<br />
est certainement le plus connu d'entre eux,<br />
notamment à cause de sa demi-vie de 24'000 ans,<br />
son extrême toxicité (1μg/kg d'humain serait létal<br />
en cas d'ingestion) et sa radioactivité très élevée.<br />
C'est aussi un élément utilisé à des fins militaires<br />
dans les bombes. Il a été nommé selon le nom du<br />
roi des Enfers de la mythologie latine.<br />
La NAGRA, organisme scientifique chargé<br />
de trouver des solutions pour le stockage<br />
des déchets nucléaires, est financée par les<br />
exploitants des CN. Elle a établi un rapport pour<br />
le Conseil Fédéral dans lequel elle explique que<br />
les solutions proposées isoleront les déchets<br />
radioactifs de la biosphère pendant « très<br />
longtemps ». Merci pour la précision ! La géologie<br />
est très complexe, parfois compréhensible, mais<br />
jamais prévisible!<br />
La santé publique en jeu<br />
Presque 25 ans après la catastrophe de<br />
Tchernobyl, la mortalité due à l'accident nucléaire<br />
le plus grave de l'histoire est toujours sujette à de<br />
vives controverses. L'OMS reconnaît 4'000 morts<br />
liés à l'accident alors que Greenpeace avance le<br />
nombre de 100'000 morts. Il faut peut-être voir<br />
dans ce positivisme béat une conséquence du<br />
lien juridique qui lie l'Organisation Mondiale de<br />
la Santé et l’Agence Internationale de l’Energie<br />
Atomique. En effet, ces deux organisations<br />
onusiennes ont signé un accord qui assure une<br />
« coopération mutuelle » dans les questions<br />
relatives à la santé et au nucléaire...<br />
D'Hiroshima...<br />
L'industrie nucléaire est née lorsque les Etats<br />
militarisés tels que les USA, l'URSS et la France<br />
ont voulu amortir les sommes faramineuses<br />
investies dans l'armement nucléaire. Ces<br />
armes des puissants ont été utilisées dès leur<br />
conception comme une marque de pouvoir et<br />
de supériorité absolue. L'apogée de la dissuasion<br />
nucléaire fut liée au triomphe des blocs. L'OTAN
25<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
ou les troupes du Pacte de Varsovie imposent<br />
alors leur chape de plutonium sur l'ensemble<br />
des peuples. Aujourd'hui, ce sont environ 20'000<br />
ogives nucléaires qui sont prêtes à accomplir leur<br />
but mortel.<br />
Les USA investirent plus de 20 milliards de<br />
dollars dans le Manhattan Project, programme<br />
de recherche nucléaire initié par l'impulsion<br />
d'Einstein. Le 6 août 1945, 70’000 personnes<br />
moururent explosées, brûlées, cuites ou encore<br />
irradiées par Little Boy. Au total, le bombardement<br />
d'Hiroshima fit environ 140'000 morts. Nagasaki<br />
vit son nom lié pour l'éternité à celui d’Hiroshima<br />
le 9 août 1945.<br />
... à Mühleberg II<br />
65 ans plus tard l'industrie nucléaire s'est civilisée.<br />
Les électriciens souhaiteraient construire trois<br />
nouvelles CN dans notre pays. C’est notamment<br />
le projet de la construction d’une deuxième<br />
CN à Mühleberg. Le conseil fédéral et son<br />
administration ne veulent pas faire les choix<br />
nécessaires pour enfin dépasser cette ère des<br />
blocs où la maîtrise nucléaire était synonyme de<br />
puissance. Si l'information à la population n'était<br />
pas contrecarrée par les campagnes massives<br />
et mensongères du forum nucléaire, il serait<br />
aujourd'hui évident pour tous que le nucléaire<br />
est une technologie qui menace notre existence,<br />
celle des générations futures et qui pollue notre<br />
environnement de manière globale.<br />
Une orientation vers une économie plus propre,<br />
avec moins de gaspillage, plus de production<br />
énergétique locale et renouvelable et sans<br />
nucléaire est la clef de notre avenir. L'emploi, la<br />
recherche, l'environnement et l'économie toute<br />
entière sortiront renforcés de cette mutation<br />
nécessaire vers une société <strong>durable</strong>. Seule la<br />
volonté politique est pour l'instant trop faible<br />
pour faire les choix d'avenir qui s'imposent. Peutêtre<br />
que le peuple saura refuser la construction<br />
de nouvelles CN, lorsqu'on le consultera à ce sujet<br />
en 2013 ou 2014.<br />
J'invite toute personne intéressée par la<br />
thématique à venir participer à la projectiondébats-apéro<br />
sur le thème des déchets radioactif<br />
organisé dans le cadre du cycle de documentaires<br />
Gaïadoc à l'unimail, le mercredi 13 avril à 17h30.<br />
Enfin, si tu te sens concerné-e et que tu as envie<br />
de t'impliquer dans l'organisation de la campagne<br />
contre le nucléaire dans l'optique des votations,<br />
n'hésite pas à me contacter!<br />
Dimitri Paratte,<br />
étudiant hydrogéologue<br />
et délégué à l'Alliance neuchâteloise<br />
non au nucléaire.<br />
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*In Italian. All other programmes are held in English.
26<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Les joies de la colocation<br />
Par Muriel Chiffelle<br />
De nos jours, la part d’étudiants en<br />
recherche d’un logement plus près de<br />
leur lieu d’études demeure élevée et<br />
semble s’accroître. Les différentes options qui se<br />
présentent aux étudiants se réduisent bien vite<br />
aux choix les moins coûteux, faute de budget<br />
plus conséquent. Figurant parmi les solutions<br />
les plus prisées dans le domaine du logement, la<br />
colocation est devenue un mode de vie dont on<br />
commence à beaucoup parler.<br />
La vie en colocation suscite continuellement de<br />
nombreuses réactions. De plus, des sites internet<br />
consacrés à ce thème fleurissent un peu partout<br />
sur le web. Bien sûr, rien n’est comparable aux<br />
conseils avisés d’amis vivant en colocation ou<br />
même aux expériences personnelles dans ce<br />
domaine. Pourtant, grâce à des sites tels que<br />
colocation.fr, on se retrouve vite avec de nouvelles<br />
pistes à explorer, ainsi que de nombreux<br />
conseils pratiques. Ce qui nous fait dire que bien<br />
organisée, une colocation peut être une réussite,<br />
ou du moins une expérience enrichissante dont<br />
on risque de se souvenir toute une vie durant.<br />
Petit détour parmi les conseils et règles distribués<br />
par colocation.fr concernant la vie en colocation.<br />
Commençons par la rubrique « règles de survie ».<br />
Et bien oui, des règles il en faut, même si elles<br />
peuvent paraître quelques peu rébarbatives.<br />
La première s’intitule « Courage » et concerne<br />
principalement la collaboration de chacun dans<br />
le rangement et nettoyage des affaires qu’il ou<br />
elle a utilisé. Cela paraît naturel, mais il vaut<br />
mieux que chacun soit au clair sur cette question<br />
dès le départ, afin d’éviter des tensions inutiles.<br />
Pour les « corvées », il en va de même, partage<br />
et répartition étant les mots d’ordre. On le dit<br />
souvent : effectuer une corvée à plusieurs rend la<br />
tâche moins pénible. D’autant plus que certains<br />
arrangements sont possibles pour le ménage,<br />
qui peut être effectué en alternance ou même<br />
en commun. Cette dernière solution présente<br />
surtout l’avantage d’une atmosphère de travail<br />
assez détendue. En ce qui concerne la chambre<br />
de chacun des colocataires, il vaut peut-être<br />
mieux que cela reste une affaire personnelle, une<br />
chambre étant en général le seul lieu d’intimité<br />
que l’on possède lorsque l’on vit à plusieurs.<br />
Des conseils sont également donnés quand à la<br />
gestion de la nourriture. Lorsqu’il s’agit de faire<br />
les courses ou des achats en commun, certaines<br />
inégalités d’ordre financier peuvent s’installer,<br />
c’est pourquoi le site colocation.fr recommande<br />
de définir certaines règles. Plusieurs options<br />
sont possibles, parmi lesquelles la création d’une<br />
bourse commune destinée à l’achat de biens de<br />
première nécessité (produits d’entretiens, de base<br />
tel que le sel, le sucre…). Quant à l’espace destiné<br />
aux biens de consommation, il peut être utile<br />
d’attribuer à chaque personne une place bien<br />
définie, car les malentendus arrivent vite.<br />
Colocation.fr distille également des conseils<br />
concernant la vie en communauté, proposant<br />
ainsi trois autres règles : « le code de conduite »<br />
impliquant « le respect », « la tolérance » et « la<br />
démocratie ». En effet, une bonne conduite envers<br />
chacun des colocataires se révèle nécessaire et<br />
l’adage que l’on peut souligner est : « Ne fais pas à<br />
autrui ce que tu n’aimerais pas qu’il te fasse ». Plus<br />
facile à dire qu’à faire ? Peut-être, mais en tant<br />
qu’étudiant, on ne peut nier le besoin « vital » de<br />
silence lorsque l’on veut vraiment se concentrer et<br />
il n’y a rien de pire que d’être privé de tranquillité<br />
dans ces moments là. La tolérance envers l’autre<br />
demande également des efforts, car il arrive à<br />
chacun de se tromper de temps en temps ou<br />
d’être d’une humeur « massacrante ». Enfin, la<br />
démocratie se doit d’être exercée lorsque des<br />
décisions concernant l’ensemble des colocataires<br />
doivent être prises, tel que le choix d’un nouveau<br />
colocataire par exemple.<br />
La question du loyer est également abordée par<br />
le site français de colocation. Celui-ci propose<br />
quelques pistes à suivre. Premièrement, le<br />
montant d’un loyer devrait être divisé par le<br />
nombre de colocataires et non pas en fonction de<br />
la taille des chambres. Ensuite, il est recommandé<br />
à l’ensemble des colocataires d’un même<br />
appartement de contracter une assurance civile<br />
(RC) recouvrant les potentiels dégâts matériels.<br />
De plus, afin de veiller au respect de touts ces<br />
règles, le site propose un modèle de charte que<br />
tous les colocataires peuvent signer.<br />
Quant au côté humain de la colocation, de<br />
précieux conseils sont donnés. La cohabitation<br />
à trois personnes est ainsi montrée du doigt<br />
comme étant la source de nombreux problèmes,<br />
ainsi que la colocation entre amis, avec lesquels<br />
les exigences sont plus élevées. Cependant, des<br />
solutions existent pour tenter de trouver un<br />
bon colocataire. Colocation.fr cite par exemple<br />
le genre de questions à poser à son/sa future<br />
colocataire et conseille de découvrir le mode<br />
de vie de l’autre afin de voir s’il correspond au<br />
nôtre. Tout est question de « feeling » comme on<br />
a l’habitude de dire.<br />
Le témoignage d’un colocataire sur le sujet<br />
se révèle intéressant. C’est le cas de Romain,<br />
un jeune homme qui partage son histoire<br />
sur colocation.fr. Habitué à la colocation, il a<br />
pourtant eu quelques problèmes lorsqu’il a voulu<br />
reformer sa propre colocation. En recherche de<br />
colocataires, Romain a alors eu l’idée de créer une<br />
colocation virtuelle : le but était de rencontrer<br />
des candidats potentiels satisfaisant à certains<br />
critères. Après de nombreuses rencontres,<br />
Romain a enfin découvert les colocataires<br />
qu’il cherchait. Ensemble, ils ont dû batailler<br />
pour trouver un appartement. C’est dire si les<br />
recherches d’appartement pour une colocation<br />
sont ardues. La vie en colocation ? Une entreprise<br />
qui semble difficile à mener mais qui peut se<br />
révéler étonnante de surprises.<br />
Et vous, avez-vous déjà vécu en colocation ou<br />
le faites-vous actuellement ? Alors faites-nous<br />
part de vos réflexions sur cette mode touchant<br />
beaucoup d’étudiants ! <br />
Colocation.fr :<br />
http://www.colocation.fr/homepage.php
27<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Le bouc émissaire,<br />
une autre catégorie d'humain?<br />
Par Nadia Barth<br />
Sorcières, étrangers, arabes, juifs, gitans, noirs... les mots sont<br />
différents et pourtant à travers l'histoire, ils n'ont cessé d'inspirer les<br />
mêmes paranoïas. Tout le monde connaît le mécanisme ancestral<br />
du «bouc émissaire» qui consiste à accuser un individu ou un groupe<br />
minoritaire d’être à l’origine des maux dont peut souffrir la société<br />
dans son ensemble. De la Bible aux “Lettres persanes“ de Montaigne<br />
en passant par “L'étranger“ d'Albert Camus, cette persécution<br />
quasi-nécessaire a donné naissance à une large littérature.<br />
Pourtant, le mécanisme ne cesse de se reproduire, changeant<br />
de forme et de victime. Aurait-il donc une fonction régulatrice<br />
si primordiale que les communautés ne puissent s’en passer?<br />
Selon le philosophe René Girard, l’ordre<br />
social est fondé sur la différence, à chacun<br />
sa place et sa fonction. Le désir mimétique<br />
met à mal cet ordre social: lorsqu’un certain<br />
seuil d’indifférenciation est atteint, il conduit à<br />
la violence et menace de détruire le groupe. La<br />
société moderne vit une crise d’indifférenciation<br />
généralisée: fin de la différence entre les<br />
peuples, les classes, les rôles et les sexes. Cette<br />
globalisation nouvelle est insupportable à la<br />
société. A l'ouverture des frontières va peu<br />
à peu s'opposer la volonté de se différencier<br />
(nationalisme, montée en flèche de l'extrême<br />
droite...). C’est là que le bouc émissaire va alors<br />
jouer son rôle. Il permettra de transformer cette<br />
violence autodestructrice de «tous contre tous»<br />
en une violence de «tous contre un», fondatrice<br />
d’un nouvel ordre. «Le sacrifice» du bouc<br />
émissaire va donc renforcer la cohésion sociale.<br />
Ainsi, l'instrumentalisation des boucs émissaires<br />
n'a cessé de sculpter le visage du XXème siècle.<br />
Les campagnes de propagande à l'encontre des<br />
étrangers ou de «ce qui est différent» ont entraîné<br />
les dérives les plus graves. Au cours de l’Histoire<br />
des hommes, les exemples ne manquent pas<br />
d’atrocités. L’Allemagne nazie s’est notamment<br />
construite sur l’idée que toutes les souffrances<br />
que son peuple devait endurer depuis la fin<br />
de la première guerre mondiale étaient dues<br />
à un complot planétaire dont les Juifs étaient<br />
les principaux instigateurs. Dans ce contexte,<br />
cette violence intestine sera redirigée vers des<br />
boucs émissaires tels que les homosexuels, les<br />
communistes, les Tsiganes et vers les Juifs. Le<br />
mécanisme du bouc émissaire est alors au cœur<br />
de la déshumanisation. Le cas de la Shoah est<br />
extrême et même si notre époque est bel et<br />
bien différente, les processus de désignation du<br />
«coupable» semblent être, toutes proportions<br />
gardées, les mêmes. «L'ère du 11 septembre»<br />
dans laquelle notre époque puise sa force<br />
consensuelle, a ravivé les craintes. En France<br />
ou en Suisse, les récentes campagnes de<br />
propagande sont tout à fait éloquentes à ce sujet.<br />
Elles révèlent un pouvoir de coercition énorme<br />
qui touche aux limites de la démocratie. La loi<br />
sur le port du voile, celle sur les minarets ou sur<br />
le renvoi des criminels étrangers monopolisent<br />
l'attention du peuple et laissent place aux<br />
dérives les plus dangereuses. Il semble clair que<br />
notre société a tendance à apaiser ses tensions<br />
internes en continuant à jeter l’anathème sur<br />
des boucs-émissaires tout désignés. Des partis<br />
peu scrupuleux en ont même fait leur cheval de<br />
Troie et prétendent répondre aux crises par un<br />
nationalisme exacerbé. Le cercle infernal de la<br />
persécution semble bel et bien être un huis clos...<br />
A moins que certains d'entre nous ne se décident<br />
à faire un pied de nez à la fatalité.
28<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Un dîner (végétarien) presque parfait…<br />
Par Fabien Grenon<br />
Pour continuer notre rubrique culinaire débutée dans le numéro<br />
précédent, nous allons cette fois-ci vous faire découvrir une<br />
habitude alimentaire particulière, sûrement déjà pratiquée par<br />
certains d’entre vous, mais inconnue par d’autres ; le végétarisme.<br />
Dans ses grandes lignes, le végétarisme se<br />
définit au travers du refus de consommer<br />
de la chair animale, bien qu’il existe parfois<br />
des exceptions pour le poisson et la volaille.<br />
En outre, il existe des formes plus extrêmes de<br />
végétarisme, comme le végétalisme, qui excluent<br />
non seulement toute chair animale, mais aussi<br />
tout produit dérivé (lait, oeufs, miel, …).<br />
Cette pratique alimentaire semble s’imposer<br />
naturellement pour certains, mais paraître<br />
totalement aberrante et inutile pour d’autres.<br />
Ainsi, nous nous sommes penchés sur les raisons<br />
et les motivations qui poussent certains à bannir<br />
la viande de leur alimentation, pourtant riche en<br />
protéines et en fer, des composants nutritionnels<br />
primordiaux.<br />
«Nous arrivons à manger de la chair animale,<br />
uniquement parce que nous ne pensons pas à la<br />
cruauté de cet acte» [Rabîndranâth Tagore, prix<br />
Nobel de littérature en 1913].<br />
Il y a les «végétariens éthiques» qui pensent que<br />
la consommation de viande ne se fait que par<br />
habitude, commodité ou tradition. Pour eux, la<br />
souffrance et la cruauté liées à la production et à<br />
la consommation de viande sont des arguments<br />
suffisants pour expliquer le végétarisme. Certains<br />
ont même poussé la réflexion plus loin en<br />
qualifiant la production et la consommation de<br />
viande de discrimination envers les animaux, au<br />
même titre que le racisme ou le sexisme.<br />
«Qui torture un chien peut torturer un homme»,<br />
Alain Delon.<br />
D’autres s’adonnent au végétarisme par simple<br />
respect du droit en tant qu’«ensemble de règles<br />
qui régissent la conduite de l'homme en société,<br />
les rapports sociaux», ceci bien-sûr appliqué aux<br />
droits des animaux. Contrairement à ce que l’on<br />
pourrait penser, la question du droit animal n’est<br />
pas une obsession contemporaine propre au<br />
XXème siècle motivée par une sorte de courant<br />
«néo-hippie» prônant un pacifisme et un respect<br />
extrême de la nature et de tout ce qu’elle peut<br />
nous offrir. En effet, déjà au VIème siècle avant<br />
J-C, la question taraudait un certain Pythagore<br />
que l’on a qualifié souvent de «premier philosophe<br />
des droits des animaux». Par conséquent, il n’est<br />
pas anodin qu’aujourd’hui encore dans nos<br />
sociétés, des militants lancent des initiatives pour<br />
que les bêtes puissent avoir droit à un avocat au<br />
même titre qu’eux.<br />
«Aucune civilisation n'a jamais infligé d'aussi dures<br />
souffrances aux animaux que la nôtre, au nom de<br />
la production rationnelle «au coût le plus bas». (...)<br />
N'ayons pas peur des mots: la France est couverte<br />
de camps de concentration et de salles de torture.<br />
(...) Pour ces millions, pour ces milliards d'animaux,<br />
le simple fait de vivre, depuis la naissance jusqu'à<br />
la mort, est un supplice de chaque seconde (...)»,<br />
Armand Farrachi, Pitié pour la condition animale.<br />
Le végétarisme peut se révéler être aussi une<br />
réaction et un boycott face à la dégradation de<br />
la condition animale que l’on compare parfois à<br />
celle des juifs pendant le régime nazi. Gavage,<br />
amassement, élevage en batteries, abattages à<br />
la chaîne, sont tant d’arguments qui découragent<br />
la consommation de viande.<br />
« L’élevage mondial émet plus de gaz à effet de<br />
serre que tous les transports (terre, air, mer) dans<br />
le monde. Si on prend en compte toute la chaîne<br />
de production de la viande, cela représente 18%<br />
des émissions de ces gaz produits par l’homme...<br />
Une des causes majeures du réchauffement<br />
climatique.», rapport de la FAO (agence de l’ONU<br />
pour l’agriculture).<br />
Il y a aussi les «végétariens-écolos» soucieux des<br />
intérêts environnementaux. En effet, pour eux<br />
la consommation de viande est incompatible<br />
avec une vision de développement <strong>durable</strong>. Tout<br />
d’abord, l’élevage et la production de viande<br />
consomment des quantités énormes d’eau, une<br />
ressource déjà bien trop rare dans certaines<br />
régions du monde. Ensuite, les céréales destinées<br />
à l’engraissement et au gavage de certains<br />
animaux doivent être cultivées sur de vastes<br />
étendues. Par conséquent, l’élevage d’animaux,<br />
en vue de produire de la viande, participerait<br />
grandement à la déforestation; déjà 38% des<br />
forêts de l’Amazonie aurait été détruites pour<br />
l’engraissement des bovins. Enfin, le régime<br />
végétarien serait une solution aux problèmes de<br />
réchauffement climatique. Des animaux tels que<br />
la vache produisent 100 g/jour de méthane qui est<br />
un gaz à effet de serre 26 fois supérieur au CO2 .<br />
«(…) une alimentation sans viande est clairement<br />
un facteur contribuant à réduire le taux de morbidité<br />
et de mortalité de plusieurs maladies dégénératives<br />
chroniques», Association diététique américaine.<br />
Il y a ensuite les individus convaincus qu’un<br />
régime sans viande les préservera de certaines<br />
maladies, dont l’Association diététique<br />
américaine s’est tâchée de dresser une longue<br />
liste effrayante; cancers, ostéoporose, asthme,<br />
arthrite, diabète, obésité, maladie d’Alzheimer,<br />
et j’en passe… Bien que leurs études ne soient<br />
que peu exhaustives, elles ont sûrement réussi<br />
à en décourager plus d’un de consommer de la<br />
viande.
29<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
http://recettessimples.fr<br />
Interwiew d’une végétarienne, Valentine,<br />
22 ans, étudiante à l’université de Fribourg :<br />
1)Quelles sont les raisons qui te poussent à<br />
être végétarienne ?<br />
Au début, c'était simplement parce que j'aimais<br />
les animaux (j'avais environs 13 ans quand j'ai<br />
décidé de devenir végétarienne) et puis avec<br />
le temps, d'autres raisons se sont ajoutées à<br />
celle-ci. Par exemple, je n'approuve pas les<br />
conditions d'élevage à l'échelle industrielle (les<br />
poules en batterie, les bœufs dans des espèces<br />
de parking sur plusieurs étages, le transport des<br />
moutons entassés dans des camions beaucoup<br />
trop petits). Par contre je n'ai absolument rien<br />
contre les petits élevages, ceux qui ont gardé<br />
une dimension humaine. Une autre raison<br />
pour laquelle j'ai décidé de continuer à être<br />
végétarienne est une raison plus écologique. En<br />
effet, il est beaucoup plus couteux en énergie<br />
(et donc plus polluant) de produire un kilos<br />
de viande qu'un kilo de céréales par exemple.<br />
De plus, on pourrait nourrir plus de gens si on<br />
cultivait des céréales plutôt que d’élever du bétail.<br />
2) As-tu toujours été végétarienne ? Si<br />
non, pourquoi avoir décidé de le devenir ?<br />
Donc non, je n'ai pas toujours été végétarienne<br />
mais j’ai décidé de le devenir et de maintenir mon<br />
choix pour les raisons mentionnées ci-dessus.<br />
3) D’autres membres de ta famille sont-ils<br />
végétariens ?<br />
Non, ma famille n'est pas végétarienne mais ils<br />
mangent peu de viande<br />
4) Incites-tu les autres à le devenir ?<br />
Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?<br />
Non, je pense que c'est un choix personnel et qu'il<br />
faut être convaincu du pourquoi on est végétarien<br />
et du pourquoi on veut le rester. Si j'avais une<br />
remarque à faire, ce serait que la plupart d'entre<br />
nous consomme, de façon générale, trop de<br />
viande. Il n'est pas nécessaire d'en manger tous<br />
les jours, contrairement à certaines croyances.<br />
5) Parfois, es-tu embêtée, gênée par ton<br />
végétarisme en société (souper chez des<br />
amis, …) T’es tu déjà forcée à manger de la<br />
viande ? Si oui, qu’est-ce que tu ressens ?<br />
Non, en général je préviens à l'avance, non<br />
pas pour qu'on me cuisine quelque chose de<br />
particulier mais plutôt pour qu'on évite d'acheter<br />
de la viande pour moi (il ne faut pas oublier que<br />
cela reste une denrée chère). Je ne me suis jamais<br />
forcée à manger de la viande. Il m'arrive parfois<br />
cependant, si l'envie m'en prend, de goûter une<br />
spécialité culinaire étrangère même s'il y a de la<br />
viande... Je pense qu'il ne faut pas être extrémiste<br />
non plus.
30<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Le dîner presque parfait…<br />
Par Fabien Grenon<br />
Le printemps arrive gentiment, les arbres bourgeonnent, l’herbe verdit et l’envie de<br />
jardiner titille… C’est pour ces raisons que nous avons voulu faire honneur à la nature<br />
pour ce dîner presque parfait spécial végétariens. Nous avons troqué nos couteaux<br />
à viande contre notre panier à légumes pour pouvoir vous concocter, de l’entrée au<br />
dessert, un repas typiquement végétarien.<br />
Ambiance/Animation<br />
L’animation que nous avons choisie reste dans<br />
notre thématique: la découverte du Tofu. Dans<br />
notre groupe d’amis réunis ce soir pour notre<br />
repas presque parfait, seule une personne<br />
pratique avec ardeur le végétarisme. Elle nous a<br />
alors initié à ses plaisirs en organisant un petit<br />
atelier cuisine sur l’ingrédient végétarien phare.<br />
Mais qu’est-ce que le tofu exactement ?Le tofu est<br />
une pâte blanche issue du caillage du lait de soja,<br />
grâce notamment à du jus de citron, du sel ou du<br />
vinaigre. D’abord un aliment d’origine chinoise,<br />
le tofu est désormais en vogue dans les pays<br />
occidentaux, notamment chez les végétariens<br />
comme substitut à la viande ou au poisson.<br />
Avis: l’animation était très intéressante.<br />
Nous avons appris beaucoupá de choses<br />
sur le tofu. Maintenant, nous savons ce<br />
que c’est, comment c’est fait, et surtout<br />
comment le cuisiner… Toutefois, bien que<br />
très enrichissant, c’était un peu ennuyeux.<br />
Note: 6.8/10<br />
Décoration<br />
Végétarisme rime avec légumes, fruits, verdure...<br />
il nous fallait une décoration colorée et surtout<br />
naturelle. Cela a été chose faite; nappe rouge,<br />
dessous de table en forme de feuille d’arbre et<br />
des ardoises comme dessous de plat… Comme<br />
nous n’avons pas pu aller dans la nature, c’est la<br />
nature qui est venue à nous.<br />
Avis: la décoration était cohérente et respectait<br />
bien le thème. Toutefois, elle était trop sobre<br />
à mon goût, il aurait pu y avoir plus de feuilles<br />
d’arbre ou de fleurs.<br />
Note: 6.5/10<br />
Repas<br />
Maintenant, le clou de la soirée; le repas<br />
végétarien. Nous nous sommes partagé les<br />
tâches et chacun de nous devait préparer un plat<br />
ou s’occuper des boissons. Nos exigences étaient<br />
de vous proposer des recettes plutôt simples à<br />
réaliser, et de rester dans un budget abordable<br />
pour les étudiants.<br />
Entrée :<br />
« Champignons farcis à la mode de chez nous »<br />
INGREDIENTS : ?- 12 gros champignons de Paris<br />
(pour 4 personnes)- 80 g de beurre ramolli<br />
- 3 grosses échalotes<br />
- 2 gousses d'ail<br />
- du persil frais<br />
- sel, poivre<br />
- du parmesan rapé<br />
Préchauffer le four à 200°C.<br />
Nettoyer les champignons et les brosser<br />
légèrement pour enlever la terre.Enlever les<br />
queues des champignons.Emincer les échalotes<br />
et les gousses d'ail.<br />
Passer les queues de champignons, l'ail et les<br />
échalotes, le persil frais ainsi que le beurre ramolli<br />
au mixer.<br />
Garnir un plat avec les têtes des champignons.<br />
Farcir les têtes des champignons avec la<br />
préparation, saupoudrer de parmesan.<br />
Faire cuire au four 20 minutes environ.<br />
Avis : on ne pense pas souvent à farcir les<br />
champignons de cette manière, mais c’est<br />
une très bonne idée que je conseille pour<br />
des apéros par exemple.<br />
Note : 9.2/10<br />
Plat principal :<br />
«Chili con Tofu»<br />
INGREDIENTS:? - 1 bloc de tofu mi-ferme<br />
bio coupé en cube d’un cm de côté<br />
(pour 4 personnes)- 1 chopine de<br />
champignons de Paris bio coupés en dès<br />
- 1 poivron rouge bio coupé en dès<br />
- 1 oignon bio coupé en dès<br />
- 2 branches de céleri bio coupé en dès<br />
- 1 boîte de tomates italiennes bio<br />
- 1 boîte de haricot rouge<br />
- 3 cuillères à soupe de poudre de chili<br />
- 1 cuillère à soupe de cumin moulu<br />
- 1 cuillère à soupe de paprika<br />
- 1 cuillère à soupe de persil frais bio, haché<br />
finement<br />
- 2 cuillères à soupe d’huile extra-vierge<br />
Faire revenir le tofu dans un peu d’huile d’olive.<br />
Ajouter les oignons et les laisser fondre, puis le<br />
céleri, les champignons et le poivron.<br />
Ajouter les épices et brasser.<br />
Avec vos mains, écraser les tomates et les ajouter<br />
avec leur jus.<br />
Saler et poivrer.<br />
Laisser mijoter une demi-heure.<br />
Ajouter les haricots rouges, que vous avez<br />
préalablement rincés.<br />
Parsemer le persil frais juste avant de servir.<br />
Vous pouvez servir ce plat sur du riz entier, des<br />
pâtes courtes ou dans un pain rond dont vous<br />
aurez vidé le centre. Ajouter de la crème et du<br />
fromage râpé au centre de la table, afin que<br />
chacun en ajoute sur son plat.<br />
Avis: Très intéressant de goûter cette variante<br />
de «chili con carne» mais sans viande. J’étais<br />
très impatient de goûter enfin le tofu et j’ai<br />
été surpris en bien.<br />
Note: 9.1/10<br />
Dessert :<br />
«Papillote de Bananes au chocolat»<br />
INGREDIENTS :?- 4 bananes<br />
(Pour 4 personnes)?- 1 plaque de chocolat au lait<br />
Faire une incision sur le dessus de la banane en<br />
laissant la peau.<br />
Glisser 3 ou 4 carré de chocolat dans la fente.<br />
Envelopper la banane dans du papier<br />
d’aluminium et mettre le tout dans le four à 220°<br />
pendant 15 minutes, le temps que le chocolat soit<br />
bien fondu.<br />
Avis: Très simple et très bon… Petit bémol, il<br />
faut choisir des bananes bien mûres, ce qui<br />
n’était pas le cas ici.<br />
Note: 7.2/10
31<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Halluciné<br />
Printemps<br />
2011<br />
Filmer<br />
Programme<br />
tue<br />
22 février<br />
Nikotina<br />
de Hugo Rodriguez, Mexique_2003<br />
8 mars<br />
Smoking<br />
d‘Alain Resnais, France_1993<br />
22 mars<br />
Rusalka<br />
d‘Anna Melikian, Russie_2008<br />
5 avril<br />
Smoke<br />
de Wayne Wang, USA et Allemagne_1995<br />
19 avril<br />
Good Night and Good Luck<br />
de George Clooney, USA_2005<br />
3 mai<br />
Hans im Glück<br />
de Peter Liechti, Suisse_2003<br />
Ve-Sa 6-7 mai<br />
Les très courts (à l’Aula de Lettres)<br />
17 mai<br />
Smoke Signals<br />
de Chris Eyre, USA_1998<br />
Ve 10 juin OPEN AIR<br />
Ces merveilleux fous volant<br />
dans leurs drôles de machines<br />
de Ken Annakin, Grande Bretagne_1965<br />
Tous les films au cinéma Bio à 20h30 sauf indication contraire. Prix: 8.-/ 5.-<br />
www.halluciné.ch
32<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
HIGH TECH<br />
Par Jessica Vial, Ekim MacKebab & Ania Strzesniewska<br />
LES FILTRES SUR<br />
L’OBJECTIF :<br />
POUR OU CONTRE ?<br />
Cette fois, le Cafignon s‘adresse aux amateurs de<br />
photo et plus précisément aux utilisateurs d’appareils<br />
reflex. Nous avons fait une petite recherche pour vous<br />
sur ce sujet, dont voici le résultat : pas de réponse<br />
unanime à cette question. Les utilisateurs des reflex<br />
sont partagés. D’une part, ceux qui sont contre disent<br />
qu’aujourd’hui les objectifs sont déjà bien protégés en<br />
soi et qu’il n’y a pas besoin d’y ajouter une protection<br />
supplémentaire. D’autre part, ceux qui votent pour<br />
pensent qu’il n’est jamais assez de protéger leurs<br />
« joujou bijou » par le plus basique du genre : le filtre<br />
de protection tout simple. Dans le meilleur des cas, il<br />
peut éviter toute poussière sur l’objectif et, dans le pire<br />
des cas, les rayures accidentelles.<br />
Le Cafignon ne veut pas vous donner de raison pour ou<br />
contre l’utilisation de ces filtres, il a juste envie de vous<br />
présenter ce qui se fait et à quoi cela sert.<br />
Ainsi nous vous proposons une présentation rapide<br />
de quelques filtres disponibles sur le marché, et nous<br />
vous laissons libres de choisir la suite de vos aventures<br />
photographiques.<br />
Commençons par le classique : le filtre UV. C’est un filtre<br />
qui est utilisé souvent à la montagne, autrement dit,<br />
là où il y a le plus de rayon UV. Il rend la couleur du ciel<br />
plus bleue en comparaison avec la photo sans filtre. En<br />
même temps, ce filtre est utilisé comme protection,<br />
c’est pourquoi il est recommandé d’investir un peu<br />
plus dans un filtre de qualité. Petite astuce pour les<br />
amateurs de photo à contre-jour : un pare-soleil qui<br />
peut être utilisé en association à ce filtre UV.<br />
Le filtre ND (Neutral Density) donne un effet<br />
comparable à celui des lunettes de soleil en limitant<br />
la quantité de lumière qui entre dans l’objectif. Il<br />
permet ainsi de contrôler le temps d’exposition. Ce<br />
filtre est utilisé le plus souvent pendant les pauses<br />
de longue durée lorsqu’il y a beaucoup de lumière. Il<br />
permet d’atteindre le résultat des trainées que laissent<br />
les voitures dans la rue, ou encore un filet d’eau d’une<br />
rivière.<br />
Le filtre polarisant dont on peut changer le niveau de<br />
polarisation grâce à son anneau externe représente le<br />
filtre « numéro un » pour les photographes. Il permet<br />
de diminuer ou même d’éliminer les reflets sur les<br />
différentes surfaces non-métalliques (l’eau, le verre).<br />
L’atténuation de réflexion est pratique quand on prend<br />
des photos à l’extérieur. Grâce à ce filtre, notre ciel aura<br />
une couleur plus accentuée et les nuages garderont<br />
leur luminosité. De même pour les feuilles ou les fleurs.<br />
Si vous êtes amateurs des photo en mode macro,<br />
cette série de filtres vous plaira : les filtres macro, les<br />
bonnets macro ou encore les « close-up ». En réalité,<br />
ce ne sont pas des filtres comme les autres. On peut<br />
les qualifier plutôt d’objectifs supplémentaires. Ils se<br />
vissent sur votre objectif comme les autres et, grâce<br />
à eux, vous pouvez photographier de près les visages,<br />
les petits animaux ou les fleurs. Le grossissement des<br />
objets varie selon le type de filtre que vous choisissez.<br />
Vous pouvez améliorer leur performance en ajoutant<br />
d’autres filtres et en les superposant. Une autre astuce :<br />
le tube allongé ou le multiplicateur de focale. Ce<br />
dernier est aussi appelé « extender », une nomination<br />
propre à Canon.<br />
En effet, il est évident que rien ne remplacera un vrai<br />
objectif macro, mais pas tout le monde peut se le procurer.<br />
Le filtre infrarouge (IR) ne laisse passer que la lumière<br />
infrarouge. Mais attention, souvent ce filtre n’est pas<br />
compatible avec les différents appareils numériques. Il<br />
est donc important de lire le mode d’emploi de votre<br />
appareil avant l’utilisation.<br />
La dernière série de filtres dont nous aimerions vous<br />
parler sont les filtres de couleurs. Ils sont utilisés<br />
relativement rarement. Au départ, ils servaient pour<br />
des photos en noir et blanc, mais désormais nous<br />
disposons de logiciels qui nous permettent de faire<br />
tous ces changements en post traitement des images.<br />
Nous avons fait le tour du sujet. Si vous avez des<br />
questions, Le Cafignon vous propose de taper tout<br />
simplement dans la recherche Google trois mots :<br />
« filtres pour objectifs ». Vous y verrez la liste de<br />
pages qui, d’une part, proposent la vente de ces<br />
bijoux et, d’autre part, expliquent plus en détail leur<br />
fonctionnement. Nous vous invitons aussi à lire ce<br />
qui se dit sur les forums à ce sujet. On peut toujours<br />
y apprendre quelque chose. Ah oui, le prix… cela<br />
commence déjà autour de 20 CHF par filtre, mais plus<br />
la gamme est haute, plus le prix monte. Vous allez<br />
aussi trouver les packs de plusieurs filtres pour un prix<br />
assez intéressant. Cherchez…<br />
http://farm4.static.flickr.com/3274/2593109117_55<br />
cb022d6d_b.jpg<br />
http://farm4.static.flickr.com/3250/2593110261_83<br />
e176d57c_b.jpg<br />
http://www.biglens.be/filtres/hoya/polarisantscirculaires/hoya-filtre-pcdigitalhoya-diam-77mm.<br />
html (l’image qui se trouve à gauche de la page : boîte<br />
avec un filtre dessus)<br />
Ania Strzesniewska
33<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
LE SITE À VISITER<br />
mx3.ch<br />
LE PORTAIL <strong>DE</strong>S TALENTS <strong>DE</strong> CHEZ NOUS<br />
L'ASTUCE<br />
COMMENT ET OÙ STOCKER SES FICHIERS <strong>DE</strong><br />
GRAN<strong>DE</strong> TAILLE QUI SONT SOUVENT TRÈS<br />
PRÉCIEUX ?<br />
LE JEU<br />
Machinarium<br />
AMANITA <strong>DE</strong>SIGN<br />
2009<br />
Qui a dit que musique suisse rimait forcément avec<br />
ringard ? Et qu'il n'y avait qu'aux « Coups de Coeur<br />
d'Alain Morisod » que l'on dénichait les nouveaux<br />
talents helvétiques ?<br />
Jetez plutôt un oeil au site mx3.ch, « The swiss music<br />
portal », conçu sur un principe relativement similaire<br />
aux profils Myspace. Les groupes et artistes suisses<br />
peuvent s'y enregistrer et uploader leurs morceaux,<br />
afin que les internautes y aient accès en écoute directe.<br />
Et il y en a pour tous les goûts : de la chanson au métal<br />
en passant par le pop/rock ou le reggae, et ce dans<br />
toutes les langues, y compris le suisse-allemand et<br />
le romanche. Plus de 15'000 profils d'artistes sont à<br />
consulter sur mx3: toute une manne de jeunes talents<br />
qui cherchent à se lancer attendent d'être écoutés,<br />
mais la présence d'artistes confirmés à l'instar de<br />
Sophie Hunger, des Lovebugs ou des neuchâtelois The<br />
Rambling Wheels est à dénoter !<br />
Alors que les artistes y trouvent un moyen idéal d'être<br />
repérés par les radios (le site fonctionne en partenariat<br />
avec Couleur 3, DRS 3 et RSI Rete 3, notamment) ou<br />
d'être bookés pour des concerts, les internautes y ont<br />
aussi leur mot à dire ! En créant un compte sur le site,<br />
il y a possibilité non seulement d'interagir avec les<br />
groupes, mais également de composer des playlists<br />
à partir de ses morceaux favoris, ou de créer sa propre<br />
radio, programmée selon ses goûts musicaux, la<br />
langue des interprètes ou leur canton d'origine.<br />
Quant aux radios partenaires, elles établissent<br />
régulièrement des séléctions de coups de coeur. Mx3<br />
relaie également les dates de concerts des inscrits ainsi<br />
que la programmation des clubs et des festivals. Le<br />
site s'impose donc comme LA référence en matière<br />
de musique helvétique et éclectique ! Finis les clichés,<br />
il y a une relève musicale en Suisse, vous pouvez<br />
désormais laisser Stefan Eicher « Déjeuner en paix »...<br />
Comme tout étudiant, vous souhaitez sauvegarder et<br />
stocker vos fichiers. Ceci pour l’uni, mais aussi pour<br />
d’autres raisons personnelles. Afin de vous aider,<br />
le Cafignon vous conseille quelques sites vérifiés<br />
sur le Web où vous pouvez déposer, sans autre, vos<br />
documents, images ou encore vidéos.<br />
Le plus populaire dernièrement, Dropbox, est un<br />
service de stockage et de partage de fichiers en ligne.<br />
Grâce à ce site, vous pouvez stocker jusqu’à 2 Go (ou<br />
plus*) de données en utilisant la version gratuite, et<br />
jusqu’à 50 ou 100 Go en version payante. De plus, vous<br />
pouvez synchroniser vos fichiers stockés sur différents<br />
ordinateurs, les sauvegarder. Ces synchronisations se<br />
font de manière automatique et grâce à elles vous<br />
pouvez accéder à des copies et des versions successives<br />
de vos fichiers. Cela ne vous suffit pas ? Vous pouvez<br />
aussi accéder par ce biais là à des copies de fichiers<br />
détruits.<br />
Désormais, vous trouverez beaucoup d’autres sites qui<br />
offrent ce même service. En voici quelques exemples :<br />
Rapidshare, SkyDrive ou encore Megaupload… la liste<br />
est longue. Si vous souhaitez partager vos photos, rien<br />
de plus simple sur Flickr ou Picassa. Il y a de quoi faire<br />
son choix.<br />
Un truc en plus : en tant qu’étudiant vous avez l’accès à<br />
WebAccess UniNE qui permet de stocker vos fichiers. Il<br />
suffit de se rendre sur le site : www.webaccess.unine.<br />
ch et de se loguer en utilisant le même identifiant et<br />
mot de passe que pour votre boîte mail, et le tour est<br />
joué. Vous disposez d’une place pour vos documents.<br />
Rien de plus pratique quand on rédige son mémoire et<br />
qu’on souhaite ne pas le perdre.<br />
* consulter le site officiel de Dropbox pour plus<br />
d’informations : www.dropbox.com<br />
Après l’effort, le réconfort. Les examens sont terminés<br />
et la prochaine session étant dans plusieurs mois, il a<br />
bien fallu vous trouver quelque chose à faire pendant<br />
les cours…Hum, votre temps libre.<br />
Attention, les lignes qui vont suivre ne vous proposent<br />
pas un divertissement sanglant où le crime, la violence,<br />
le sexe et la drogue envahissent votre écran, sans<br />
vous demander une once de réflexion. Non, ce que<br />
le Caf’ vous propose, c’est un jeu en « point & click »<br />
demandant au cerveau du joueur de se remettre en<br />
marche !<br />
Il est issu du talent de sept développeurs tchèques<br />
qui, pendant trois ans, ont financé ce projet avec<br />
leurs propres moyens. A noter également que ce jeu a<br />
remporté plusieurs prix, dont le Excellence in Visual Art<br />
à l’Independant Games Festival de 2009.<br />
Machinarium c’est l’histoire d’un petit robot très<br />
attachant, nommé Josef (hommage des créateurs à<br />
Josef Čapek, inventeur du mot « robot ») qui, après<br />
avoir été expulsé d’une grande ville de robots, cherche<br />
à y retourner, à déjouer un attentat et à sauver sa<br />
petite-amie des boulons maléfiques d’une bande de<br />
méchants.<br />
L’univers graphique est superbe et démontre qu’on a<br />
pas forcement besoin de lunettes 3D pour apprécier un<br />
divertissement! L’intrigue et l’histoire sont excellentes.<br />
Le jeu passe d’énigmes en casse-tête, demandant au<br />
joueur un bon sens de l’observation, de la logique, de<br />
la mémoire, mais également de la curiosité !<br />
La difficulté du jeu est bien dosée et un système<br />
d’indice permet aux moins patients de ne pas se<br />
décourager trop vite.<br />
En bref, Machinarium est un très bon jeu, autant par<br />
ses qualités esthétique que par sa trame et les énigmes<br />
rythmant la partie. Un très bon investissement (et peu<br />
onéreux) que vous soyez sur Linux, Mac ou Windows!<br />
Jessica Vial<br />
Ania Strzesniewska<br />
Ekim MacKebab
34<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
LE COIN LITTÉRAIRE<br />
Par Isabelle Lapotre, Noémie Matos, Jessica Vial & Alexandre Wälti<br />
Les examens de la session hivernale appartiennent déjà au passé,<br />
et les pavés de lecture académiques occasionnés également...<br />
du moins pour quelques semaines de répit ! Pourquoi ne pas en<br />
profiter en piochant dans la séléction de livres du Caf' pour ce<br />
printemps ?<br />
PIÈGE NUPTIAL<br />
Douglas Kennedy<br />
Editions Pocket, Collection Best, 2009 (réédition)<br />
250 pages<br />
LE LIÈVRE <strong>DE</strong> VATANEN<br />
Arto Paasilinna<br />
Editions Gallimard, 1993<br />
203 pages<br />
La littérature scandinave est essentiellement connue<br />
pour ses polars noirs et efficaces qui tiennent le lecteur<br />
en haleine, Stieg Larsson en tête, mais le nord regorge<br />
encore d'autres talents. Arto Paasilinna fait notamment<br />
partie de ces écrivains capables d'emporter dans un<br />
souffle de phrases le lecteur dans les lieux les plus<br />
inhospitaliers en les rendant enviables, accueillants,<br />
même beaux."Le lièvre de Vatanen" illustre ce goût pou<br />
la liberté, le voyage.<br />
C'est l'histoire d'une amitié inattendue, soudaine,<br />
surprenante qui se transforme en voyage à travers<br />
la Finlande, orchestrée de manière merveilleuse<br />
par l'écrivain finlandais. Amateurs de grandes<br />
étendues, je vous conjure de voyager avec cette<br />
paire touchante! Vatanen, journaliste en mal de<br />
vie, revient d'un reportage avec un photographe.<br />
Sur une route, Vatanen heurte un lièvre, sort retrouver<br />
l'animal dans la forêt en bordure et ne revient plus!<br />
Dans ses vagabondage, il découvre ensuite des<br />
personnages farfelus: un alcoolique dans un buisson<br />
qui apprendra a nager pour repêcher et revendre de<br />
la ferraille de la seconde guerre mondiale, un corbeau<br />
voleur et gourmand dans un marécage, des diplomates<br />
poursuivis dans la neige par un ours et bien d'autres.<br />
Au final, c'est une découverte de la Finlande au<br />
travers des saisons que nous offre Arto Paasilinna,<br />
rappelant Kerouac et ses étendues américaines. Une<br />
aventure tendre et touchante où l'affection, l’amitié,<br />
la camaraderie est au centre de l'histoire. Un itinéraire<br />
sans destination mais avec un chemin attachant. Ouvrir<br />
ce livre, c'est toucher un peu de Scandinavie, la liberté<br />
des grands espaces, l’impression de vivre une aventure<br />
humaine avec seulement quelques mots; sans retour<br />
peut-être.<br />
Alexandre Wälti<br />
Nick est un journaliste américain sans grande<br />
ambition, dégoûté de son train-train quotidien.<br />
Un beau jour, il décide de changer radicalement de<br />
décor et part pour Darwin, en Australie. Sur place, il<br />
fait l'acquisition d'un camping-car et commence le<br />
road trip qui aurait pu être le rêve de sa vie. Mais une<br />
nuit, en voyageant à travers l'outback, Nick heurte un<br />
kangourou. Forcé à trouver la première âme humaine<br />
venue dans ce paysage désertique, il tombe sur une<br />
autochtone au caractère bien trempé, Angie. Il lui<br />
propose d'embarquer avec elle, mais sans savoir qu'elle<br />
n'allait pas tarder à lui mettre le grappin dessus, qui<br />
plus est de manière assez musclée ! Et l'aventure un<br />
peu originale avec une australienne « pure souche »<br />
qu'il croyait être sans lendemain se transforme en<br />
cauchemar. Drogué et pris en otage, le journaliste<br />
se retrouve marié de force dans un village rayé de la<br />
carte, prisonnier d'une communauté en autarcie et<br />
dégénérée.<br />
Piège nuptial, paru en 1994, est le roman qui a révélé<br />
Douglas Kennedy, auteur actuellement très populaire<br />
(L'homme qui voulait vivre sa vie, Quitter le monde)<br />
et qui n'a de cesse d'occuper les présentoirs des<br />
librairies. Mais avis à ceux qui ont l'habitude d'éviter<br />
les best-sellers: ce polar est vraiment incontournable.<br />
Le langage brut et viril de la narration rappelle les<br />
étendues arides où les protagonistes évoluent et<br />
l'absence de civilisation à Wollanup, village de 54<br />
habitants issus de 4 familles, où Nick se trouve pris au<br />
piège. Le titre français original du livre, « Cul-de-sac »<br />
résume la sensation claustrophobique que ressent le<br />
lecteur en voyant le personnage échafauder des plans<br />
d'évasion et de toujours se cogner aux frontières de la<br />
petite communauté. Un roman haletant, court mais<br />
intense, qui donne une image différente de l'Australie<br />
paradisiaque à laquelle nous sommes habitués.<br />
Jessica Vial
35<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
MEURTRIER SANS VISAGE<br />
Henning Mankell<br />
Christian Bourgois éditeur, Coll. Points, 1994<br />
(2001 pour la traduction française)<br />
386 pages<br />
Premier volet de la série policière consacrée aux<br />
enquêtes du commissaire Wallander, « Meurtriers sans<br />
visage » donne le ton dès la première scène : dans une<br />
ferme isolée en Suède, un couple de personnes âgées<br />
se fait attaquer d’une manière particulièrement gore.<br />
L’homme décède dans un bain de sang et la femme<br />
meurt à l’hôpital. Les seuls indices : un étrange nœud<br />
coulant autour du cou du vieil homme et le dernier mot<br />
prononcé par la femme : « étranger ». Cette parole,<br />
relayée par la presse suédoise, ne tarde pas à mettre<br />
le feu aux poudres dans le pays. Une vague de violence<br />
xénophobe s’empare de la population. Le commissaire<br />
Wallander tente de remonter les fils de cette enquête<br />
compliquée, tout en essayant de ne pas céder à la<br />
montée de racisme ambiant.<br />
Ce qui fait toute l’originalité de ce polar écrit par<br />
Henning Mankell, c’est l’accent placé sur la psychologie<br />
du policier Wallander, loin d’être dépeint en superhéros.<br />
C’est un homme comme un autre. Il a ses<br />
propres problèmes à régler : sa femme l’a quitté, son<br />
père devient sénile, sa fille ne lui parle plus, il boit<br />
trop et ne sait quel sens donner à sa vie. On devine<br />
ses doutes, son manque de confiance face à l’immense<br />
responsabilité placée entre ses mains.<br />
Henning Mankell propose en parallèle une véritable<br />
réflexion sur la société suédoise, sa politique d’accueil<br />
à l’égard des requérants d’asile (les camps de réfugiés<br />
faisant parfois penser aux camps de concentration), sur<br />
le racisme latent. Un polar glaçant, à l’image des rudes<br />
hivers suédois, écrit d’une manière simple et réaliste,<br />
pleine de suspense et d’émotions.<br />
Ce roman, ainsi que les suivants, ont été adaptés pour<br />
la télévision par Arte, avec un succès certain.<br />
Noémie Matos<br />
LABYRINTHE<br />
Kate Mosse (trad. Gérard Marcantonio)<br />
Éditions JC Lattes, Paris, 2006<br />
592 pages<br />
L’histoire commence avec Alice Tanner. Cette jeune<br />
femme s’est engagée comme volontaire sur des fouilles<br />
archéologiques dans le sud de la France. Loin des<br />
regards, elle découvre une grotte. Elle y trébuche sur<br />
deux squelettes puis aperçoit un labyrinthe gravé sur<br />
l’un des murs. Cette situation lui semble étrangement<br />
familière. Tout cela doit rester secret, elle le sait... C’est<br />
huit cent ans auparavant que tout débute réellement.<br />
Alaïs Dumas, née Lepelletier, vit à Carcassonne. A<br />
cette époque, les tensions religieuses laissent penser<br />
qu’une guerre va éclater. Les menaces contre la ville<br />
de Carcassonne obligent le père d’Alaïs à privilégier<br />
son rôle d’intendant. Il se doit d’oublier le rôle de<br />
protecteur qu’il tenait par le passé. Il lui confie alors<br />
un livre contenant le secret du Graal. Alaïs sait que cet<br />
ouvrage ne doit pas tomber entre de mauvaises mains.<br />
Le protègera-t-elle, au péril de sa vie ?<br />
Dans ce livre, Kate Mosse démontre une capacité<br />
infinie à nous faire ressentir une palette d’émotions<br />
fortes au travers de ses personnages. Qu’il s’agisse<br />
de joie, de peur ou encore de passion, tout y est.<br />
Les personnages sont plus vivants que jamais. Le<br />
mélange des temporalités, quant à lui, nous lance<br />
dans un suspense incomparable. Deux destins bien<br />
lointains finissent par se rejoindre subtilement à la<br />
pointe de la fine plume de l’auteure. Fiction et réalité<br />
s’entremêlent, laissant au lecteur la tâche ardue de<br />
distinguer le vrai du faux. C’est telle une magicienne<br />
que l’auteure nous mène par le bout du nez. Une<br />
histoire poignante et prenante.<br />
Isabelle Lapotre<br />
ALABAMA SONG<br />
Gilles Leroy<br />
Editions Gallimard, Collection Folio, 2009<br />
229 pages<br />
Le couple mythique formé par Zelda et Francis Scott<br />
Fitzgerald a été la coqueluche de la vie mondaine newyorkaise<br />
des Années Folles, juste après la Première<br />
Guerre Mondiale. Lui, le lieutenant qui s'était juré de<br />
devenir écrivain, et elle, sa source d'inspiration, la Belle<br />
du Sud impertinente et libérée, étaient promis à un<br />
avenir couronné de gloire. En quittant son Alabama<br />
natal pour suivre un homme qu'elle ne connaissait<br />
que peu, Zelda Sayre s'est retrouvée propulsée sous<br />
des projecteurs ou tous deux n'ont pas tardé à se brûler<br />
les ailes. Alors que Scott était couronné de succès pour<br />
son premier roman et que son épouse multipliait les<br />
frasques, la jalousie et la soif de reconnaissance ont<br />
peu à peu gangréné leur relation. Comment peut-on<br />
passer d'une passion dévorante à une guerre froide<br />
de la sorte ? Comment une femme blessée peut-elle<br />
sombrer dans la folie ?<br />
Gilles Leroy se glisse dans la peau de l'exubérante Zelda<br />
Fitzgerald et dresse une autobiographie romancée<br />
de cette icône des années 20. Tantôt cruelle, tantôt<br />
poétique, la protagoniste raconte sa jeunesse, où elle<br />
s'amusait à choquer les notables bien-pensants de<br />
Montgomery, ses années sous les feux de la rampe,<br />
mais surtout sa douleur d'être toujours restée une<br />
« femme de... » sans jamais réussir à se réaliser en<br />
tant qu'artiste. De la jeune femme flamboyante, ne<br />
reste plus au crépuscule de sa vie qu'une fleur fanée,<br />
tentant de remettre en ordre ses souvenirs.<br />
La facilité de l'écrivain à adopter un ton à la fois féminin<br />
et libéré et à raconter la tragédie d'une femme rebelle<br />
condamnée à toujours rester dans l'ombre de son<br />
mari lui a valu le Prix Goncourt en 2007. Entre fiction<br />
et réalité, ce roman est poignant de par ses fréquents<br />
passages de l'humour à la violence des mots. Difficile<br />
même de ne pas lire « Alabama Song » comme une<br />
simple fiction et pas comme une biographie de Zelda<br />
Fitzgerald.<br />
Jessica Vial
36<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
CINÉMA<br />
De «La vallée d’Elah» à «Démineurs»,<br />
retour sur l’Irak à Hollywood<br />
Par Léa Zaretti<br />
L’Amérique et son public aiment la guerre. Ils<br />
ne rechignent pas à la montrer telle qu’elle<br />
est, violente et dure. Et pourtant un film<br />
de guerre Hollywoodien vous laisse rarement<br />
une impression de dégoût et de malaise après<br />
le visionnage. Souvenez-vous d’Il faut sauver le<br />
soldat Ryan, qui commence en puissance avec la<br />
scène du débarquement – l’une des meilleures<br />
reproductions jamais réalisées. Cette scène pose<br />
un décor sans équivoque: Spielberg ne fera pas<br />
une apologie de la guerre. Mais de ses valeurs<br />
sous-jacentes, oui… Car comme la plupart des<br />
films sur fond de conflit armé qui ont été des<br />
succès à la fois critiques et commerciaux, il suit<br />
l’histoire fictionnelle de figures héroïques. Le<br />
courage, le sacrifice, la fraternité indéfectible<br />
qui nait au combat. Semper fidelis, la devise<br />
des Marines. Le héros est un symbole cher à<br />
Hollywood, cher à la culture américaine des<br />
comic’s, cher à un pays quasi-perpétuellement<br />
en guerre en dehors de ses frontières.<br />
En 2010, la cérémonie des Oscars récompensait<br />
en grande pompe un film sur l’Irak. Six oscars,<br />
dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur<br />
(réalisatrice, pour la première fois) et meilleur<br />
scénario original. Une oeuvre qui met un décor<br />
sur une guerre dont on entend parler tout les<br />
jours, mais dont nous parviennent très peu<br />
d’images. C’est en cela que réside l’engagement<br />
de Démineurs, un concentré de réalisme, pur et<br />
épuré, qui maintient le spectateur sous la chape<br />
de plomb d’un danger omniprésent et obsédant.<br />
Un danger, qui est symbolisé par chaque<br />
passant, chaque fenêtre, chaque objet suspect<br />
qui parsème les paysages jaunes, minéraux et<br />
déchirés de l’Irak (en réalité de la Jordanie). C’est<br />
dans le traitement du temps que le réalisatrice fait<br />
de son film une oeuvre réellement marquante. Les<br />
trois soldats qui forment l’équipe de déminage<br />
vivent des moments de danger imminent, qui<br />
ne surviennent cependant qu’après de longues<br />
prises de vue durant lesquelles la réalité semble<br />
se déformer. Ces scènes sont douloureusement<br />
longues, et réussissent un procédé abstrait,<br />
mais très perceptible: la dilatation du temps.<br />
Comparable à un sentiment de ralentissement,<br />
de lourdeur, c’est l’image du «scaphandrier» qui<br />
se déplace péniblement, de l’idée contre-nature<br />
qui voudrait qu’un être humain s’approche<br />
inexorablement de ce qui peut le tuer, au lieu<br />
de le fuir. La tenue du démineur, un scaphandre,<br />
renvoie d’ailleurs à des ambiances que l’on<br />
pourrait qualifier «d’aquatiques»; mouvements<br />
et respirations entravés, atmosphère sourde,<br />
irréelle. Ces instants sont mêlés de prises de<br />
vue plus rapides, des plans de fenêtres depuis<br />
lesquelles des civils observent, des silhouettes<br />
immobiles au sommet des immeubles et des<br />
minarets, concrétisant le principe de la menace<br />
omniprésente. Les explosions sont filmées dans<br />
la même idée; la déflagration est décortiquée, des<br />
gros plans montrent le bouleversement qu’elle<br />
occasionne. Le ralenti qui précède la déflagration<br />
permet au spectateur un ressenti sensoriel de la<br />
puissance qui s’en dégage.<br />
Les protagonistes sont filmés de manière<br />
intimiste, même si la technique n’est pas celle<br />
de la caméra à l’épaule, du cameraman qui<br />
suit son sujet, intrusif. Ce sont les émotions<br />
de ces hommes et la dégradation de leur<br />
état psychologique qui nous sont restitués.<br />
Ils ne sont pas des surhommes, même si c’est<br />
une carapace que certains tentent d’arborer,<br />
comme le sergent William James (Jeremy<br />
Renner), qui par son attitude décuple un danger<br />
déjà insupportable, mais s’attire au passage<br />
l’admiration de ses supérieurs. Ses motivations<br />
sont toutefois différentes, et la citation qui<br />
ouvre le film en est l’allégorie; «la guerre est<br />
une drogue». La prise de drogue est synonyme<br />
d’autodestruction, physique et psychologique,<br />
et c’est avec l’autodestruction que «flirte»<br />
constamment le personnage principal. Cela<br />
est perceptible lorsque le cadre change, et que<br />
nous est montrée la vie civile du sergent James.<br />
Malgré une famille (femme et enfant), le décor est<br />
filmé de manière morne, froide, et le personnage<br />
devient évanescent. Après l’adrénaline de la<br />
guerre, la vie civile est semblable au dégrisement<br />
du toxicomane. C’est le même malaise, la même<br />
et étrange distance que ressent le spectateur<br />
lorsque le sergent James reste hagard devant le<br />
choix d’un paquet de corn flakes sous la lumière<br />
crue d’un néon de supermarché.<br />
Malgré cela, ce sont des héros que filme Kathryn<br />
Bigelow, et elle-même dédiera son oscar «aux<br />
hommes et aux femmes qui risquent leur vie au<br />
quotidien en Irak et en Afghanistan». Car si le film<br />
est un chef-d’oeuvre de réalisation et qu’il a un<br />
intérêt non négligeable en regard de son thème<br />
– la guerre et l’addiction qu’elle peut provoquer<br />
– il est en fait quasi apolitique. Il ne fait que frôler,<br />
montrer sans traiter véritablement, le fait que<br />
la guerre d’Irak n’est pas une guerre ordinaire.<br />
Evidemment, le fait que l’armée américaine<br />
soit confrontée à des ennemis potentiellement<br />
omniprésents et jamais clairement identifiables<br />
– sauf au moment fatidique, lorsqu’il est trop<br />
tard, est au coeur du film. La scène de l’homme<br />
affublé d’explosifs contre son gré entretient<br />
le doute jusqu’au bout, et il est impossible de<br />
dire finalement s’il était une victime civile ou un<br />
terroriste. Si l’oeuvre parle donc de l’Irak comme<br />
d’une guerre psychologiquement éprouvante,<br />
elle reste néanmoins prudente et ne s’érige pas<br />
comme une véritable dénonciation de ce qui se<br />
passe là-bas. Démineurs a réussi là ou d’autres<br />
films ont échoués avant lui, et ce n’est pas par<br />
hasard. La controverse politique a été laissée de<br />
côté, et on ne parlera pas d’exactions (si ce n’est<br />
celles des terroristes, l’enfant «transformé» en<br />
bombe), on n’évoquera pas non plus les civils<br />
massacrés (si ce n’est par un attentat suicide) et<br />
les conséquences engendrées par les difficultés<br />
psychologiques que vivent les soldats ne sont<br />
traitées que sous l’angle de l’addiction. Les trois<br />
soldats qui évoluent dans l’enfer étrange de l’Irak<br />
sont au fond des héros fragiles, tourmentés, mais
37<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
héros malgré tout. Ils n’en sont d’ailleurs que plus<br />
émouvants, emblèmes d’une jeunesse qui porte<br />
les séquelles du terrorisme. Ils représentent la<br />
génération «11 septembre», une Amérique<br />
déstabilisée, qui se bat tant bien que mal.<br />
Démineurs est sans nul doute un énorme succès<br />
critique, mais a produit des recettes commerciales<br />
exceptionnellement basses pour un film oscarisé<br />
(environ 16 millions au box office américain pour<br />
11 millions de budget, contre 759 millions, par<br />
exemple, pour Avatar, sorti la même année).<br />
En 2007, soit trois ans avant, un autre film sur la<br />
guerre d’Irak passait quasiment inaperçu. Entre<br />
Tommy Lee Jones et Charlize Theron, réalisé par<br />
Paul Haggis (Collision, c’était lui), l’affiche avait<br />
de quoi séduire et attirer le public. L’accueil sera<br />
pourtant très froid, et Dans la vallée d’Elah sera<br />
un bide commercial; six millions de recettes au<br />
box-office américain, pour 23 millions de budget<br />
initial. La critique aux Etats-Unis a été très mitigée,<br />
voire même réticente. Et pourtant Dans la vallée<br />
d’Elah est un excellent film. Cette oeuvre se<br />
distingue des autres films de guerre, car elle<br />
ne laisse aucune place aux fantasmes héroïcopatriotiques.<br />
C’est au contraire un malaise<br />
profond qu’elle sème dans l’esprit du spectateur.<br />
Tout d’abord, le réalisateur choisit de traiter<br />
son sujet hors du cadre traditionnel: on ne<br />
verra de l’Irak que quelques images brouillées<br />
et tremblantes, tirées d’un téléphone portable.<br />
L’action prend place dans la vie civile, sur le<br />
territoire américain. Un père (Tommy Lee Jones),<br />
vétéran du Vietnam, apprend que son fils engagé<br />
dans les Marines est de retour d’Irak, mais qu’il est<br />
déclaré absent. Il va apprendre que celui-ci a été<br />
sauvagement assassiné; 42 coups de couteaux,<br />
brûlé et dépecé, laissé aux animaux sauvages.<br />
C’est sur ce crime d’une violence inouïe que le<br />
père va enquêter, aidé d’une inspectrice de la<br />
police (Theron) qui peine à faire ses preuves.<br />
De ce crime, apparemment «simple» fait divers,<br />
Haggis va développer un véritable réquisitoire<br />
contre la guerre et ses effets psychologiques,<br />
en mettant à mal une à une toutes les valeurs<br />
de l’Amérique. Ces valeurs sont incarnées par<br />
le personnage de Tommy Lee Jones, figure<br />
patriarcale déterminée, ancien militaire, qui dans<br />
l’une des premières scènes du film se précipite<br />
pour qu’un drapeau américain ne touche pas le<br />
sol et qu’il soit correctement hissé au mât. «Vous<br />
savez ce que cela signifie, lorsqu’un drapeau flotte<br />
à l’envers? C’est un signe de détresse internationale.<br />
Ca veut qu’on a d’énormes problèmes […]». C’est<br />
une réplique-clé du personnage, qui symbolise<br />
à la fois son patriotisme et sa confiance.<br />
L’Amérique va bien. Ses convictions sont autant<br />
de répliques égrenées tout au long du film,<br />
d’une voix de moins en moins assurée, par une<br />
figure patriarcale qui se fissure inexorablement.<br />
Lorsqu’il rencontre les marines qui ont côtoyé<br />
son fils, ceux-ci en parlent sous le nom de «Doc».<br />
Le spectateur apprendra plus tard qu’il a été<br />
surnommé comme cela parce qu’il torturait<br />
des prisonniers Irakiens, mimant les actes d’un<br />
docteur… car le coup le plus dur pour ce père qui<br />
cherche son enfant, c’est de finalement trouver<br />
un être qu’il ne semble pas connaître. Le fils<br />
chéri, parti «porter la démocratie», est devenu un<br />
bourreau. Les acteurs choisis pour interpréter les<br />
marines de l’unité de «Doc» sont, quant à eux, des<br />
archétypes. Grands, beaux, graves et droits dans<br />
leurs bottes de soldats, le genre qu’on choisirait<br />
pour un spot de promotion de l’armée. La force<br />
vive et fière, la jeunesse qui sert son pays et ses<br />
valeurs. Lorsque les soupçons se portent sur eux,<br />
le père dira que ce ne peut être eux: «[…] on voit<br />
que vous n’avez pas fait la guerre, on ne peut pas<br />
combattre au coté d’un homme et ensuite lui faire<br />
ça.» Malheureusement pour lui, le Semper fidelis<br />
des Marines ne résistera pas non plus au hachage<br />
menu des valeurs qu’a entrepris Paul Haggis.<br />
C’est d’une voix calme et avec une expression<br />
presque douce que l’un de coéquipiers avouera<br />
le meurtre, «[…] on voulait enterrer les morceaux,<br />
mais il était tard et on n’avait pas dîné…».<br />
Le film prend le pari de traiter l’Irak sous un<br />
angle osé, en la dénonçant comme une guerre<br />
d’exactions. Ces exactions «qui aidaient à<br />
tenir le coup», sont, selon les dires de l’un des<br />
protagonistes, le résultat d’une politique de<br />
terrain: « Il y a des consignes permanentes. Vous<br />
êtes en convoi, quelqu’un ou quelque chose se<br />
met devant votre véhicule, vous ne vous arrêtez<br />
pas. Première semaine, en Irak, on roulait […] Doc<br />
touche quelque chose, on entend le bruit que ça fait<br />
dessous. […] un mec a dit que c’était un gamin.» On<br />
entendra encore qu’il «ne faut pas envoyer de héros<br />
en Irak… c’est un foutu merdier». C’est le message<br />
de ce film dérangeant sur le conflit Irakien. C’est<br />
de cette manière-là qu’il différencie cette guerre<br />
des autres; l’Irak ne produit pas de héros. Le<br />
film se clôt sur la l’image d’un drapeau élimé et<br />
déchiré, envoyé d’Irak par «Doc» à son père avant<br />
qu’il ne meure, et que celui-ci hissera… à l’envers.<br />
Démineurs et Dans la vallée d’Elah sont deux<br />
grands films. Ils sont liés par le même contexte,<br />
mais profondément différents dans leur prise<br />
de risque et leurs buts. Si Démineurs est un chef<br />
d’oeuvre de maîtrise et d’une beauté à couper le<br />
souffle, la mise en scène du film de Paul Haggis<br />
est sobre, voire même banale. L’un et l’autre<br />
donnent matière à réflexion, mais Dans la vallée<br />
d’Elah est une dénonciation plus courageuse<br />
et plus aboutie du conflit Irakien. Tommy Lee<br />
Jones aura tout de même obtenu une timide<br />
nomination à l’oscar du meilleur acteur pour<br />
ce rôle, qu’il a porté d’un bout à l’autre du film<br />
avec justesse. Si l’Amérique n’est pas encline à se<br />
plonger dans les dérangeantes vérités de l’Irak,<br />
lui aura incarné à merveille un homme qui voit<br />
toutes ses convictions les plus intimes s’effondrer.<br />
Début février, l’Express publiait un article<br />
sur les règles à respecter pour obtenir un<br />
Oscar. Car c’est bien de cela qu’il s’agit; la<br />
reconnaissance américaine est généreuse, mais<br />
répond à des normes implicites. Hollywood<br />
et la guerre, ce n’est donc pas toujours<br />
une recette gagnante!
38<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
CINÉMA<br />
“Le Discours d’un Roi”, grand favori des Oscars!<br />
Par Alicia Richon<br />
Le 27 février prochain aura lieu la 83ème<br />
cérémonie des Oscars et la date approche à<br />
grands pas. A cette occasion, voici le portrait<br />
d’un des grands favoris de la course : « Le Discours<br />
d’un Roi » de Tom Hooper.<br />
Après avoir littéralement raflé 7 Golden Globes<br />
le 8 février dernier, voici bientôt venu le tour des<br />
statuettes des Oscars ! Le film de Tom Hooper<br />
est en effet nominé 12 fois, notamment dans<br />
la catégorie du meilleur film. Les principaux<br />
interprètes, Colin Firth, Helena Bonham Carter<br />
et Geoffrey Rush sont également nominés pour<br />
recevoir la statuette du meilleur acteur, ainsi que<br />
des meilleurs seconds rôles féminin et masculin.<br />
L’histoire raconte comment George VI, père de<br />
l’actuelle reine Elizabeth II, est propulsé malgré<br />
lui au pouvoir en 1936. Après la mort de son<br />
père George V et l’échec de son frère Edward VIII<br />
(Guy Pierce) en tant qu’héritier du trône, c’est en<br />
effet à « Bertie » (Colin Firth), de son vrai nom, de<br />
prendre la relève. Seulement, il doit faire face à<br />
un problème plutôt fâcheux pour un roi, il souffre<br />
de bégaiements nerveux. Considéré comme<br />
inadéquat pour régner et d’apparence fragile,<br />
George VI tentera de surmonter ce handicap<br />
grâce au soutien permanent de sa femme (Helena<br />
Bonham Carter). Il mettra tout en oeuvre pour<br />
être plus crédible aux yeux de son peuple et se<br />
tournera vers Lionel Logue (Geoffrey Rush), un<br />
orthophoniste marginal mais efficace. Petit à<br />
petit, ils se lieront d’amitié et Lionel fera tout son<br />
possible pour aider le nouveau roi à combattre<br />
ses peurs et retrouver l’assurance de sa voix, afin<br />
qu’il puisse prononcer le discours qui mènera son<br />
pays en guerre contre Hitler et l’Allemagne nazie.<br />
Ce drame de deux heures est donné grand<br />
favori pour cette 83ème cérémonie des Oscars<br />
et ce n’est pas pour rien. Le scénario est d’une<br />
originalité et d’un divertissement exceptionnel.<br />
On ne voit pas le temps passer car l’histoire est<br />
poignante et pleine d’intrigue. Les acteurs sont<br />
tout simplement éblouissants et interprètent leur<br />
rôle à la perfection, que ce soit le roi torturé, sa<br />
femme débordante de bonne volonté et d’amour,<br />
ou encore l’orthophoniste peu conventionnel et<br />
sarcastique, tous méritent leur nomination aux<br />
Oscars. Le jeune Tom Hooper (38 ans) réussit<br />
donc parfaitement son coup avec ce long<br />
métrage qui nous montre une partie méconnue<br />
de l’histoire britannique, durant laquelle le pays<br />
vécut des moments difficiles et extrêmement<br />
importants, à travers la formation d’une amitié<br />
forte et bouleversante entre deux hommes que<br />
tout oppose. Il ne me reste qu’une chose à dire :<br />
courez le voir !<br />
Infos générales :<br />
Réalisation : Tom Hooper<br />
Genre : Drame<br />
Durée : 1h58<br />
Avec : Colin Firth, Helena Bonham Carter,<br />
Geoffrey Rush, Guy Pierce<br />
Trois autres candidats prometteurs à ne pas<br />
manquer !<br />
Aux côtés du chef-d’œuvre de Tom Hooper,<br />
voici les autres films qui lui feront concurrence<br />
et qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte.<br />
N’hésitez pas non plus à aller voir le candidat<br />
suisse « La Petite Chambre » de Stéphanie Chuat,<br />
actuellement en salle.<br />
127 Hours : Le nouveau film de Danny Boyle,<br />
réalisateur de « Slumdog Millionaire », relate<br />
un fait divers réel de l’expérience incroyable<br />
qu’a vécu Aron Ralston, un jeune alpiniste<br />
expérimenté, en 2003. A 26 ans, le jeune homme<br />
décide de partir seul en randonnée dans les<br />
splendides gorges du Canyonland National Park<br />
dans l’Utah. Il se fait malheureusement prendre<br />
au piège par un éboulement qui lui emprisonne<br />
le bras. Livré à lui-même, il va devoir faire face<br />
à des hallucinations, aux risques d’hypothermie<br />
ou encore de déshydratation. Ce week-end<br />
d’exploration se transformera alors en 127 heures<br />
de lutte pour survivre, qui prendront fin avec<br />
l’obligation de prendre une lourde décision. Ce<br />
long-métrage de 1h34 avec James Franco, Aber<br />
Tamblyn et Clémence Poésy a toutes les chances<br />
de plaire aux amateurs de grand frisson. Danny<br />
Boyle quant à lui, réussit encore à réaliser un film<br />
poignant, qui a de grande chances de ne pas<br />
sortir bredouille des Oscars. A aller voir dès le 23<br />
février au cinéma.<br />
Black Swan : Ce thriller de Darren Aronofsky (« The<br />
Wrestler ») avec Natalie Portman, Vincent Cassel,<br />
Mila Kunis, Barbara Hershey et Winona Ryder offre<br />
1h43 de pure émotion au spectateur. Natalie<br />
Portman y est ahurissante en ballerine névrosée<br />
qui vit une véritable descente aux enfers. Elle y<br />
interprète en effet le rôle de Nina, une danseuse<br />
au sein du prestigieux New York City Ballet, qui<br />
est prête à tout pour obtenir le rôle principal du<br />
« Lac des Cygnes » de Tchaïkovski. Son objectif va<br />
très vite se transformer en obsession, renforcé par<br />
la confrontation avec la nouvelle recrue, Lily, tout<br />
aussi belle et douée qu’elle. Pour ce rôle complexe<br />
et une interprétation éblouissante et poignante,<br />
l’Oscar de la meilleure actrice est quasiment déjà<br />
dans les mains de Natalie Portman. La gamine<br />
de « Léon » en 1994 a fait du chemin et s’est<br />
illustrée depuis dans des films variés. Le film<br />
est également nommé dans plusieurs autres<br />
catégories des Oscars, mais une chose est sûre,<br />
c’est que Miss Portman ne va sûrement pas passer<br />
à côté de la statuette tant convoitée. Cette perle<br />
cinématographique est dans les salles depuis le 9<br />
février et est absolument immanquable !<br />
True Grit : Joel et Ethan Coen se lancent dans<br />
le remake du western « 100 dollars pour un<br />
shérif ». Ce film de 1h50 a pour acteur principal<br />
Jeff Bridges qui reprend le rôle qui avait valu un<br />
Oscar en 1970. L’histoire se passe en 1870, une<br />
jeune fille de quatorze ans, Mattie Ross, veut<br />
absolument rendre justice à son père, lâchement<br />
tué par Tom Chaney. Pour parvenir à son but,<br />
elle engage Rooster Cogburn, un vieux Marshal<br />
alcoolique et le suit dans sa traque, quelque<br />
peu entravée par LaBoeuf, un Texas Ranger<br />
bien décidé à capturer Chaney lui aussi. Le trio<br />
incarné par Jeff Bridges, Matt Damon et et Josh<br />
Brolin ne manque pas de faire des étincelles dans<br />
ce film, qui se révèle être un vrai et bon western,<br />
largement aussi bon que son prédécesseur.<br />
Nommé dans dix catégories pour les Oscars, on<br />
peut dire que « True Grit » talonne « Le Discours<br />
d’un Roi » et que la concurrence sera rude. Vous<br />
pourrez le voir dès le 23 février au cinéma, ne le<br />
manquez pas.
39<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Derrière le masque…<br />
Par Cendrine Barré<br />
Il était une fois un petit bonhomme, avec une moustache, une canne et une démarche réinterprétant<br />
la géométrie. Vous l’avez reconnu ? Le personnage de Charlot est connu dans le monde entier et fait<br />
partie des symboles du cinéma en général. Il n’a néanmoins pas survécu à l’arrivée du cinéma parlant.<br />
Mais cela n’a pas empêché Charlie Chaplin d’interpréter d’autres personnages, tout aussi forts, et<br />
parfois assez sombres. Je vous propose d’en découvrir trois.<br />
LE DICTATEUR<br />
Réalisation : Charles Chaplin, 1940<br />
Avec : Charles Chaplin, Paulette Goddard,<br />
Reginald Gardiner, Jack Oakie<br />
Il s’agit du premier film de Chaplin entièrement<br />
parlant. Il y interprète deux personnages, sosies l’un<br />
de l’autre : un barbier juif et un dictateur furieusement<br />
proche d’Hitler, antisémite et avide de conquêtes. Le<br />
film balance entre humour, émotion et une troublante<br />
perspicacité sur les persécutions envers les Juifs et<br />
l’imminence de la seconde guerre mondiale. La scène<br />
finale, où les sosies échangent leurs places, permet<br />
à Chaplin de livrer un message simple mais très<br />
percutant sur les hommes, le monde et la guerre.<br />
MONSIEUR VERDOUX<br />
Réalisation : Charles Chaplin, 1947<br />
Avec : Charles Chaplin, Martha Raye,<br />
Mary Correll, Alison Roddan<br />
C’est certainement le personnage le plus noir de<br />
Chaplin, aux antipodes de Charlot. Inspiré du tueur<br />
français Landru, Henri Verdoux épouse des femmes<br />
fortunées, puis les assassine avant de re-convoler en<br />
justes noces. Mais le film ne manque pas d’humour<br />
(Verdoux manque de se tuer en essayant de supprimer<br />
sa dernière femme, peu résolue à passer l’arme à<br />
gauche). Même si le personnage est assez glaçant, on<br />
finit néanmoins par éprouver une certaine sympathie<br />
quand on découvre ses motivations. Et la scène finale<br />
du procès permet à Chaplin de mettre en avant une<br />
certaine hypocrisie qu’a la société sur la conception<br />
du crime.<br />
LES FEUX <strong>DE</strong> LA RAMPE<br />
Réalisation : Charles Chaplin, 1952<br />
Avec : Charles Chaplin, Claire Bloom,<br />
Buster Keaton, Sydney Chaplin<br />
Chaplin joue ici le rôle de Calvero, une ancienne<br />
vedette du music-hall, qui a perdu l’amour de son<br />
public. Après avoir empêché une jeune danseuse,<br />
Terry, de se suicider, il va tenter de lui redonner goût à<br />
la vie. Peu à peu, il va commencer à croire à ses propres<br />
discours et essayera de retrouver la scène.<br />
C’est un film très personnel, où Chaplin nous livre son<br />
propre ressenti de l’existence et de sa relation avec le<br />
public. Il oscille entre désenchantement et espoir.
40<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
STÉRÉOCHRONIQUE<br />
Salut les mélomanes ! Et oui, le printemps commence à montrer<br />
le bout de son nez, le temps au Cafignon de sortir ses multiples<br />
chroniques fleuries.<br />
N’oubliez pas de participer au concours de « L’album mystère » et<br />
envoyez par mail, le nom de l’artiste et le nom de l’album. Notre<br />
partenaire Vinyl – disquaire à la rue du Seyon 32 à Neuchâtel vous<br />
donne l’occas’ de remporter 3 albums! N’attendez pas et envoyez<br />
votre réponse à journal.lecafignon@unine.ch avant le prochain<br />
numéro. Notre partenaire vous propose également une réduction<br />
de 10% sur ses disques, cd, dvd,…Contre présentation de votre<br />
carte d’étudiant de l’uni ! Merci qui ? Merci Vinyl !<br />
Et comme disait Chuck Berry: “Je ne suis pas le roi du rock’n’roll,<br />
mais le Premier ministre "<br />
L’album recherché de ce numéro du Cafignon pourrait<br />
sortir tout droit d’une éprouvette d’un laboratoire dans<br />
lequel Cupidon officierait. C’est le quatrième opus d’un<br />
groupe faisant dans le rock alternatif, voire le pop-rock,<br />
et portés sur la chimie et les romances. Ils célèbrent cette<br />
année dix ans de carrière au succès sans cesse croissant.<br />
Parcours plutôt banal me direz-vous.<br />
Ce qui est moins banal c’est qu’ils ont mis sur pied un<br />
disque sur lequel les quatre musiciens se prennent pour<br />
Diego Campisi<br />
des super-héros du futur, fraîchement débarqués de<br />
2019, l’espace de 54 minutes. Ils dévient pourtant de<br />
la définition classique des super-héros : les « Fabuleux<br />
Tueurs de Joie » sont des hors-la-loi qui livrent un<br />
combat sans merci aux industries vendant le rêve d’une<br />
vie meilleure (www.betterlivingindustries.jp).<br />
Autre fait marquant qui parlera aux amateurs de jeux<br />
vidéo, un des titres de l’album accompagne les images<br />
de l’intro de Gran Turismo 5.<br />
Originaires du New Jersey, les musiciens ont traversé les<br />
Etats-Unis pour aller enregistrer leur disque en Californie.<br />
Avec plus d’un million de disques vendus à travers le<br />
monde, nos quatre gaillards ont réussi à déloger Kid<br />
Rock de la première place des charts américains albums<br />
rock. Il fallait s’en douter, ils avaient annoncé l’arrivée de<br />
jours dangereux… Na na na !<br />
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -<br />
L’ALBUM MYSTÈRE PRÉCÉ<strong>DE</strong>NT ÉTAIT :<br />
LE MEME SOLEIL<br />
<strong>DE</strong> GREGOIRE<br />
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -<br />
Guillaume De Schepper<br />
Zaz | Zaz<br />
( Sony Music Entertainment, 2010 )<br />
Ce fut la grande révélation de l’été 2010 : la jeune artiste<br />
de Tours était sur tous les postes de radios avec son titre<br />
« Je veux » qui a cartonné partout en Europe.<br />
Zaz nous laisse entrer dans son monde avec 11 titres pour<br />
une durée totale de quarante minutes et séduit avec une<br />
voix désormais reconnaissable entre mille et un style à<br />
la frontière entre la soul et la variété française. Un peu<br />
jazzy, très acoustique, l’album Zaz, tantôt triste, tantôt<br />
rigolo, toujours bon vivant, apporte un agréable vent de<br />
fraîcheur sur la variété française et permet à la jeune Zaz<br />
de se faire un nom dans l’hexagone et ailleurs. Je veux,<br />
premier single tiré de l’album, évoque dans un ton « bon<br />
enfant » le mépris pour la société de consommation<br />
moderne et catalogue Zaz en tant qu’artiste populaire<br />
et proche de son public.<br />
Voix émouvante, séduisante, personnage débonnaire à<br />
l’optimisme survitaminé et au look faussement négligé,<br />
la jeune artiste française sait mêler des styles très<br />
différents, du blues urbain de « Trop sensible» aux accents<br />
réalistes de « Dans ma rue » en passant par la mélancolie<br />
écorchée de « Port Coton », qui trône fièrement au centre<br />
de l’album et qui bouleverse les oreilles et se situe à<br />
l’opposé du single « Je veux » avec des paroles moroses<br />
et un ton sombre et fermé.<br />
Douce évocation des ruelles pavées de Montmartre,<br />
froide promenade au bord de l’océan à contempler les<br />
falaises abruptes fouettées par les vagues, Zaz nous<br />
emporte dans des univers variés où règne toujours<br />
la bonne humeur et nous fait voyager avec sa voix<br />
surprenante et ses rythmes entrainant.<br />
On aime ou on n’aime pas, Zaz ne laisse pas indifférent et<br />
dérange par son arrogante facilité à séduire avec un style<br />
qui lui est propre et un personnage qui fait désormais<br />
partie du folklore musical de la France populaire<br />
David Campisi
41<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Breakwater | Splashdown<br />
( Arista, 1980 )<br />
Originaire de Philadelphie ce groupe ricain formé de<br />
Gene Robinson, James Gee Jones, Linc 'Love' Gilmore,<br />
Steve Green, Vince Garnell, Greg Scott, John 'Dutch'<br />
Braddock, et Kae Williams, Jr, entame des 1971 une<br />
carrière dans le monde féerique de la soul et du funk !<br />
Après un premier album, Breakwater, en 1978,<br />
comportant nottament Work It Out et No Limit et Feel<br />
Your Way, les gars de Philly sortent Splashdown. Mais<br />
que dire de ce dernier album ?<br />
En effet, le groupe et son œuvre a quelque peu été<br />
oublié. Même si après leur dissolution, les membres ont<br />
continué une carrière solo (en particulier Kae Williams,<br />
Jr, hélas décédé en 2008, RIP), leur son a rejoint le monde<br />
des vieilleries oubliées.<br />
Heureusement leur nom et leur son retrouve en 2005<br />
la voie du succès grâce aux deux musiciens français de<br />
… Daft Punk !<br />
Et oui! Souvenez-vous, dans l’album Human After All sorti<br />
en 2005, on retrouve dans Robot Rock le riff légendaire<br />
du morceau original : Release The Beast! Et le titre illustre<br />
exactement le sentiment que vous aurez en (ré)écoutant<br />
l’œuvre de Breakwater, à savoir une envie féroce de<br />
lâcher le monstre du funk qui sommeille en vous.<br />
A savourer absolument sur cette galette: la 1ère piste<br />
du disque, Splashdown Time, la 3ème avec le fameux<br />
et mythique Release The Beast et la 5ème et le très<br />
dynamique You. Et la prochaine fois que Robot Rock<br />
résonnera en club, vous demanderez au DJ d’où vient<br />
le sample !<br />
Ekim MacKebab<br />
Esperanza Spalding |<br />
Chamber Music Society<br />
( Heads Up Records, 2010 )<br />
Esperanza. Un joli nom pour une jolie contrebassiste<br />
qui porte en elle de grands espoirs. Souvent considérée<br />
comme l’incarnation du renouveau du Jazz, Esperanza<br />
Spalding a le don de nous offrir une expérience musicale<br />
inédite, aux marges des courants pop actuels et sans<br />
âme.<br />
Née à Portland, en 1984, Esperanza empoigne<br />
rapidement une contrebasse avant d’entrer dans la très<br />
prestigieuse Berklee College of Music de Boston à l’âge<br />
de 16 ans seulement. A 20 ans, elle devient le plus jeune<br />
professeur de l’école et sort un premier album. Précoce<br />
et talentueuse, Esperanza manie avec délicatesse son<br />
instrument, qu’elle accompagne de sa jolie voix. Fine<br />
compositrice de tous ces morceaux, elle sort plusieurs<br />
albums, dont les très bons « Junjo » et « Esperanza »<br />
respectivement en 2006 et 2008, qui lui ouvriront les<br />
portes des festivals de jazz autour du monde et qui<br />
ont été salués et dignement applaudis par la critique.<br />
Le Jazz d’Esperanza est doux, sensuel et souvent teinté<br />
d’accents latins.<br />
En 2010 sort « Chamber Music Society », son troisième<br />
album en tant que leader. Le disque, très original,<br />
nous entraîne dans le monde pas toujours entraînant<br />
de la musique de chambre. Les compositions, souvent<br />
accompagnées de cordes, sont délicates et feutrées.<br />
L’album tout entier est très intimiste, à l’image des titres<br />
« What a friend » et « Really very small ». Cependant,<br />
certains titres sont plus groove et rythmiques, à l’image<br />
de « Winter Sun », où la belle Esperanza nous offre de<br />
jolies envolées sur le manche de sa contrebasse.<br />
Esperanza porte si bien son nom…<br />
Elle est à découvrir au Cully Jazz Festival, le 30 mars<br />
2011, au Chapiteau !tinue son échappée avec son équipe<br />
d’Anfalsh à l’avenir.<br />
Diego Campisi<br />
The Who | My Generation<br />
( Brunswick, 1965 )<br />
Attention : MONUMENTS du ROCK !!!!!<br />
The Who se sont hissés au sommet du monde du rock,<br />
à l’aide de leur énergie, de leur talent et leur vision<br />
moderne du rock.<br />
Nés au cœur des « Glory Years » (1964), à Londres, le<br />
groupe est fondé par le guitariste Pete Townshend, le<br />
chanteur Roger Daltrey, le bassiste John Entwistle et<br />
le batteur Keith Moon. Formation avant-gardiste, The<br />
Who, en s'inspirant du blues et du rhythm and blues, se<br />
démarque rapidement des ribambelles de groupes de<br />
rock de l’époque par un son lourd, saturé, agressif et déjà<br />
précurseur du mouvement « hard rock ».<br />
En 1965 sort leur premier single à succès « I can’t<br />
explain »…C’est la folie, le succès est immédiatement<br />
au rendez-vous, surtout après leur passage à l’émission<br />
« Ready Steady Go! ». Les Who deviennent alors<br />
rapidement porte-parole du mouvement mod, évoquant<br />
l'inconfort moral des adolescents. La même année sort<br />
« My Generation », album mythique qui aura un effet<br />
gigantesque sur la culture de l’époque, avec des titres<br />
phares comme « My Generation » ou « The Kids Are<br />
Alright »….et tout s’accéléra…Le groupe connait un<br />
succès fou et sort, tout au long de sa carrière, 10 albums<br />
géniaux, dont les très bons « Who’s next » et « The Who by<br />
numbers ». Précurseurs de l’utilisation du synthétiseur,<br />
du concept de « L’opéra rock » et du « mouvement hardrock<br />
», les Who ont laissé une empreinte indélébile.<br />
The Who faisaient par ailleurs partie des groupes les<br />
plus spectaculaires de leur temps sur scène, et ont<br />
contribué à redéfinir le principe du concert de rock : une<br />
débauche d'énergie et de puissance sonore. Les Who<br />
ont longtemps été le groupe le plus bruyant du monde,<br />
toutes catégories confondues, tout en contraste avec les<br />
thèmes profonds abordés par le groupe.<br />
Un groupe mythique, comme on n’en fait plus !<br />
Diego Campisi
42<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Le Groupe de Théâtre Antique<br />
de l’Université de Neuchâtel a vingt ans!<br />
Le GTA pourrait avoir un Bachelor aujourd'hui. Dingue, non? Vingt<br />
années de travail acharné, de traductions démentielles, d'audace<br />
dramaturgique, de festivals et de voyages!<br />
Près d’une centaine d'étudiants de<br />
l'Université se sont relayés depuis 1989<br />
pour donner enfin aux Oreste et Electre<br />
une voix décrassée et réellement adaptée à la<br />
scène ! Neuf spectacles (sans compter les deux<br />
en préparation), des dizaines de festivals, tant<br />
et tant de sketches, d’apparitions, d’animations,<br />
pour des milliers de spectateurs en 20 ans, et<br />
un seul metteur en scène: Guy Delafontaine.<br />
Ce professionnel diplômé (au sens propre !)<br />
du spectacle dirige avec érudition, patience et<br />
amour les acteurs, tous passés par l’UNINE, tous<br />
amateurs et passionnés, pour mener à bien des<br />
projets impossibles. Ce travail a porté ses fruits :<br />
Guy Delafontaine a remporté deux prix de mise<br />
en scène et deux prix du meilleur spectacle avec<br />
le GTA, et l’Université de Neuchâtel a rayonné<br />
dans toute l’Europe.<br />
Afin de marquer son anniversaire, le GTA a décidé<br />
de monter deux pièces. La première est un collage<br />
osé d'épigrammes grecques et latines intitulé :<br />
Emincé d'épigrammes sur son lit de crudités (avec<br />
du miel!). La traduction et l'assemblage émanent<br />
de l’équipe d’étudiants et assistants hellénistes<br />
et latinistes de l’Université, dirigée par Matteo<br />
Capponi. Il a fallu non seulement traduire les<br />
épigrammes, mais encore les rassembler dans<br />
une cohérence dramaturgique. Un double travail<br />
que certains d'entre vous ont pu apercevoir en<br />
quelques extraits lors de la cérémonie de remises<br />
des titres de la Faculté des Lettres, et dont le<br />
propos a été qualifié, à juste titre, d’audacieux.<br />
L'un des objectifs du GTA est de faire entendre<br />
toutes les voix de l'Antiquité. Ces petits poèmes,<br />
coquins voire obscènes, en font partie. Mais il n'y<br />
aura pas que ça! Il y aura aussi de l’humour, de la<br />
tendresse et même de la philosophie...<br />
La seconde création que nous vous présenterons<br />
est une pièce médiévale (une première pour<br />
la troupe!): Le Jeu de la Feuillée, d'Adam de la<br />
Halle, la première pièce totalement profane<br />
de la littérature vernaculaire occidentale. Ici<br />
encore, une traduction inédite par le groupe<br />
des philologues médiévistes chapeauté par<br />
Alain Corbellari. L'histoire d'Adam, un habitant<br />
d'Arras (devenu Neuchâtel), qui n'en peut plus<br />
de végéter au bistrot avec ses amis et décide<br />
de partir étudier à Paris… La traduction est le<br />
produit d’un travail titanesque : il a notamment<br />
fallu remplacer les références aux personnalités<br />
oubliées de l'époque et du lieu par des allusions<br />
compréhensibles au public contemporain, afin<br />
de coller au plus près de la (l’im)pertinence réelle<br />
de la pièce. Le résultat, c’est une farce au cours de<br />
laquelle se succéderont personnages burlesques<br />
ou surnaturels, qui tour à tour feront la satire de<br />
la société de leur époque, de la nôtre, à n’y plus<br />
retrouver son siècle. Jamais le théâtre ancien<br />
n’aura été si contemporain.<br />
Pour honorer ce bel anniversaire et témoigner de<br />
l’importance du travail du GTA, le hall du théâtre<br />
du Pommier proposera une rétrospective des<br />
vingt ans de la troupe. Seront exposés : des photos,<br />
des films, des traductions, des récompenses,<br />
ainsi que ces décors féliniens et ces costumes<br />
improbables qui vous auront marqués. <br />
Le spectacle en deux parties sera présenté au<br />
théâtre du Pommier à Neuchâtel<br />
du 5 au 15 mai 2011<br />
(me-je 20h00 - ve-sa 20h30 – di 17h00)<br />
Un seul billet pour les 2 pièces d’1 heure<br />
Le GTA, c’est quoi ?<br />
Le Groupe de théâtre antique de l’Université de Neuchâtel est une association hyperactive<br />
pour l’image et le rayonnement de l’Université. Dans le monde scientifique, les traductions<br />
du GTA ont été saluées par de nombreux intellectuels libres, philologues, antiquisants<br />
et professeurs de renom. Elles sont régulièrement reprises dans la francophonie pas<br />
des troupes d’amateurs et de professionnels. Dans le monde en général, les autres, les<br />
néophytes, les spectateurs à qui l'on n'a d'abord pas tout dit pour les faire venir (« tu<br />
verras, c'est sympa, y a du rap et du catch! »), ils se disent « déçus en bien » par l’Antiquité<br />
et le travail universitaire, pensent qu'ils mourront moins bêtes, sortent décoiffés par la<br />
mise en scène truffée de trouvailles, et, même s'ils n'ont pas compris toute l'histoire,<br />
avouent qu'ils y ont passé un sacré moment !<br />
La troupe offre une image positive et dynamique de l'Université : elle est portée depuis<br />
ses débuts par des assistants et des étudiants venant de toutes les disciplines. Ses<br />
traductions sont le fruit d’un travail philologique hautement rigoureux, respectant les<br />
textes tout en les rendant accessibles à un large public.<br />
LA BELLE GUEULE DU GTA (ou variation sur la thématique trop bon, trop con)<br />
Ton aura, UNINE, voyage avec moi gratis de Paris à Varsovie, en passant par Liège et<br />
Istanbul. Ton nom, UNINE, est porté par mes lèvres dans tous mes échanges, dans tous<br />
les théâtres, dans toutes les Universités accueillantes, sur tous les prospectus des festivals<br />
dont je collectionne les prix... Beau travail de promotion, moi pour toi. Personne d’autre<br />
nulle part ne sait faire ce que je fais, le savais-tu, UNINE ? Je suis unique, aucun GTA nulle<br />
part ailleurs. Elle est pas belle mon exclusivité pour toi ? Mon émulation scientifique,<br />
mon budget bien ficelé, ma grosse gestion administrative, mes stimulations incessantes<br />
des soft skills, ma grosse niche, mon beau pôle de compétence ? Il est pas musclé mon<br />
personnel qui encadre tes étudiants ? Je m’appelle GTA ! Tu te rappelles de moi ? Lorsqu'il<br />
a été question l’été passé de m’intégrer réellement au sein de ta structure académique<br />
(entendre par là notamment des choses aussi absurdes que salarier les enseignants),<br />
tes (très) hauts responsables m'ont paru ...frileux... Tu es contente de m’exhiber à tes<br />
cérémonies et de profiter de ma vitrine alléchante. Et après ? Ça te fait si peur que ça,<br />
l’idée qu’un mignon, que tu nourris juste ce qu’il faut pour qu’il survive et te grattouille,<br />
te demande une reconnaissance ? Attention, Université, je pourrais te faire une scène.
43<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Ta voix au milieu du brouillard<br />
Par Sandrine Gerber<br />
La densité des nuages et cette vapeur qui<br />
obscurcit l’air m’empêchent de voir plus loin que<br />
le bout de mon nez. Sans rien voir, je me fraye<br />
un chemin, mais pour arriver à bon port, j’ai<br />
besoin d’entendre ta voix, d’être guidée comme<br />
un aveugle qui met sa confiance dans la voix<br />
bien-aimée ! J’ai soudainement l’impression<br />
de l’entendre, et pourtant, elle n’est pas douce<br />
comme la tienne. Tu n’y arriveras pas, me dit-elle.<br />
C’est faux, je t’assure que tout te tombera du ciel. Et<br />
si tu prenais l’avion pour… Je t’ai déjà dis mille fois<br />
que ce n’est pas la solution. Tire un trait sur le passé,<br />
elle ne t’apporte rien dans la vie que des problèmes.<br />
Personne ne t’aime. Ne pense pas comme ça, quelle<br />
personne égoïste. Mais le train serait peut-être<br />
plus sûr… STOP. Ces voix qui s’entremêlent, qui<br />
m’entraînent et me perdent dans des réflexions<br />
inutiles, je ne veux plus les entendre. Elles me<br />
donnent mal au cœur et font sombrer mon<br />
humeur comme le brouillard qui pèse sur la ville.<br />
Dans ce brouhaha de préoccupations futiles, j’ai<br />
perdu le fil de ta voix. Comment pourrais-je la<br />
retrouver pour rejoindre l’autre rive ?<br />
Tu es à moi et je suis à toi. Dans ses cinq lettres,<br />
j’attrape un rayon qui s’échappe de cet épais<br />
manteau de grisaille. Ta voix au milieu du<br />
brouillard est mon logis.<br />
Ne t’inquiète pas, je suis là.<br />
Dans mes bras, tu es en sécurité. <br />
Nouvelle: Soldat Blessé<br />
Par Alexandre Wälti<br />
Sur le pont il se penche. Convaincu par son<br />
assurance, il se lance dans l’épanchement<br />
merveilleux de ses manches. Il les retrousse.<br />
S’affirmant comme le pion libéré, l’imbécile du<br />
village, assumant même sa maladresse.<br />
Il lance d’abord une pierre pour vérifier la hauteur<br />
qui le sépare de la rivière qu’il hésite à franchir.<br />
Quelques bombardiers survolent le silence volé<br />
par l’effroyable guerre, les ruines de son village<br />
derrière, la colère de son combat devant.<br />
Il n’est pas certain de vouloir tomber. Son regard<br />
s’épuise dans le rêve de bâtir un fort par dessus les<br />
cendres de son oubli. Il s’efface un peu du bord,<br />
recule sur la route, marche quelques pas hésitants.<br />
Il voudrait sauter et s’écraser. Un cycliste passe,<br />
maladroit, le renverse presque. Il bascule dans le<br />
vide. Il parvient à attraper le petit rebord du pont ;<br />
mais il reste un moment suspendu avec la pensée<br />
de mourir vite et sans douleur, en tombant certes,<br />
mais pas sous les balles ennemies, avec noblesse<br />
et élégance.<br />
Le vent souffle violemment dans la vallée sous<br />
ses pieds, emporte l’odeur de poudre noire,<br />
le tire vers le bas ; le décroche presque. Mais il<br />
s’accroche malgré tout à la vie sans vraiment se<br />
projeter dans le futur détruit de son pays. Il lâche<br />
une main. Il joue avec l’adrénaline, juste pour<br />
voir ce que cela fait. Il se balance pour tester les<br />
limites de ses forces. Son bras accroché au rebord<br />
du pont souffre, une blessure, vilaine plaie laissée<br />
par un terroriste. Il arbore un sourire sadique, un<br />
rire transperce les bruits de la guerre ; sa haine.<br />
Est-ce une bataille ? Doit-il vaincre la mort ou<br />
s’amuser avec elle, dans la solitude d’un soldat<br />
au bord du monde ? Sa vie défile devant ses<br />
yeux fermés ; une enfance volée par un père<br />
alcoolique, violent, une mère morte à sa naissance<br />
et maintenant la disparition de sa femme et de<br />
ses enfants dans cet attentat. Mais il est rêveur,<br />
résistant, survivant. Il veut changer l’Histoire, le<br />
monde.<br />
Alors il s’accroche, nourri par la haine qu’il<br />
éprouve pour son destin. Sa deuxième main<br />
se lève, s’accroche aussi sur le rebord du pont.<br />
Il jette un dernier œil dans le vide. Il remonte<br />
péniblement la façade. Glisse ! Tombe ! S’accroche<br />
dans un dernier effort. Son bras saigne.<br />
La cicatrice s’est ouverte. Il sent se déchirer sa peau.<br />
Remonte difficilement pendant qu’il commence<br />
à pleuvoir. La pluie fait suinter sa plaie, elle<br />
s’ouvre rapidement, comme s’il perdait un bras.<br />
La douleur est insupportable mais il ne lâche<br />
rien, au contraire, il grimpe, les dents serrées,<br />
le corps désarticulé par les chutes, les cheveux<br />
deviennent lourds sous la pluie.<br />
Il monte ne sachant pas trop pourquoi. Il insiste<br />
pour remonter à la vie même si sa maison est<br />
détruite. Son bras blessé s’affaiblit. Il n’a plus<br />
aucune sensation. Glisse ! Retombe ! Toujours<br />
plus bas dans le vide, il s’accroche ! Il sent la mort<br />
humide l’attirer dans le gouffre. Elle le tire mais il<br />
grimpe plus vite. Il ne ressent plus rien, froid, gris,<br />
pâle. Il grimpe en oubliant ses blessures. Dépasse<br />
l’arc. Arrive au sommet.<br />
Là il s’assied au bord du vide, livide, au bord de<br />
l’essoufflement ; un haut-le-cœur. Regarde en bas<br />
en écoutant des avions volés. Le regard vidé par<br />
l’envie, gonflé par le désir ardent de vivre.<br />
Il reste là, assis au bord de la vie, toute la nuit<br />
attendant que la guerre cesse, que les voix dans<br />
sa tête cessent, qu’il reprenne vie. Il attend au<br />
milieu du désert, non loin de la capitale, sur la<br />
route à sa gauche, une carcasse de voiture. Et<br />
un rayon de soleil qui la transperce comme un<br />
mirage. Il attend au bord de sa vie sur un pont<br />
éméché par les combats, l’envie de sauter mais<br />
surtout le temps de contempler, de réfléchir.
44<br />
UNIVERSITÉ<br />
SOCIÉTÉ<br />
LOISIRS<br />
Bienvenue en enfer !<br />
Par Ugo Curty, Athènes<br />
12 comme suspendu. L’arbitre vient<br />
janvier 2011, 21h00, OAKA Olympic<br />
Sport Hall, Athènes. Le temps semble<br />
d’appeler les joueurs au centre du terrain et<br />
s’apprête à donner le coup d’envoi du match le<br />
plus attendu de l’année dans le championnat<br />
grec de basketball: le derby athénien entre le<br />
Panathinaikos et l’Olympiakos. Cette rencontre<br />
est réputée comme étant l’une des plus chaudes<br />
du monde tant les antécédents sont nombreux<br />
entre ces deux frères ennemis qui dominent<br />
outrageusement toutes les compétitions<br />
nationales depuis près de 20 ans. La salle est<br />
comble comme rarement auparavant et la tension<br />
atteint sont paroxysme lorsque que les joueurs du<br />
Pana récupèrent la première possession. Let the<br />
show begin !<br />
« Ce soir, tu verras des choses que tu n’a jamais<br />
vues dans ta vie ! ». Malgré les nombreuses<br />
mises en garde et l’intense échauffement<br />
psychologique effectué avant la rencontre, peu<br />
de choses peuvent préparer un être humain<br />
normalement constitué à vivre de l’intérieur un<br />
événement aussi mythique. Le bruit est déjà<br />
assourdissant à une heure du début de la partie<br />
et les slogans provocateurs sont repris par une<br />
foule immense habillée exclusivement de vert,<br />
légendaire couleur du Pana. Officiellement la<br />
capacité du complexe olympique, considéré<br />
comme le plus grand d’Europe dédié au<br />
Basketball, est de 18'000 places mais ils sont<br />
ce soir 2'000, peut être plus, à être rentrés sans<br />
billets pour s’agglutiner sur les escaliers entre<br />
les tribunes grâce à la bienveillance d’instances<br />
dirigeantes plus passionnées que responsables.<br />
Il faut dire que l’attente en ville est immense.<br />
Tous les billets sont vendus depuis des jours et<br />
la presse spécialisée en a fait ses gros titres. Ce<br />
derby de Janvier 2011 est spécialement classé à<br />
risque par les autorités pour différentes raisons.<br />
Tout d’abord la dernière confrontation entre les<br />
deux équipes n’a pu arriver à son terme ; la faute<br />
aux supporters de l’Olympiakos le Pirée (port de<br />
la ville) qui ont forcé la Fédération à interrompre<br />
définitivement les débats afin d’assurer la sécurité<br />
des acteurs. Et surtout parce que la pause estivale<br />
a vu Vassilis Spanoulis, ancienne star du PAO avec<br />
lequel il a tout gagné, tant sur la scène grecque<br />
qu’européenne, rejoindre l’ennemi juré, attiré<br />
par les nombreux zéros d’un contrat plus que<br />
fructueux. Il effectuait ce soir là son premier retour<br />
dans son ancien jardin attendu par un public<br />
n’ayant toujours pas digéré son départ en catimini.<br />
L’entrée de l’équipe rouge, sur le parquet a<br />
été accueillie par une pluie de sifflets (et de<br />
divers objets) impressionnante. Au bout de<br />
quelques minutes, des fusées pyrotechniques<br />
ayant « échappé » aux contrôles de sécurités<br />
sont lancées sur les joueurs adverses depuis<br />
la « Porte XIII » où se situent les supporters<br />
les plus violents. Ce déferlement de violence<br />
faisait échos aux pétards régulièrement jetés<br />
en direction des forces de l’ordre en tenue antiémeute<br />
qui séparaient les ultras du terrain pour<br />
éviter toute invasion. Comme à chaque fois,<br />
aucun partisan de l’autre camp n’a été autorisé<br />
à faire le déplacement car leur sécurité ne peut<br />
être suffisamment assurée. Dans cette situation<br />
plus que particulière, on comprend pourquoi cet<br />
évènement dépasse le simple cadre sportif.<br />
Et le basket dans tout ça ? Dès les premières<br />
possessions de balle, les joueurs ne se font pas<br />
de cadeaux. Même si les contacts sont fortement<br />
limités par le règlement, un défi physique<br />
résultant de l’intensité du spectacle proposé se<br />
met rapidement en place. Malheureusement<br />
l’enjeu de la rencontre et les nombreuses fautes<br />
commises entrecoupent trop souvent le cours<br />
du jeu. Les deux équipes se marquent de près et<br />
terminent le 1er quart temps dos à dos (18-18). A<br />
la reprise, le chassé-croisé continue. Aucune des<br />
deux formations ne parvient à faire clairement la<br />
différence. Peu à peu, les défenses prennent le<br />
pas sur les velléités offensives. L’issue du match<br />
est plus que jamais incertaine. A une poignée<br />
de secondes de la mi-temps, les joueurs de<br />
l’Olympiakos marquent un panier à 2 points qui<br />
leur permettront de rentrer au vestiaire avec un<br />
léger avantage (34-36) au grand dam d’un public<br />
local dont l’engouement démesuré semble avoir<br />
descendu d’un cran.<br />
A la reprise, le Panathinaikos commence<br />
à commettre de plus en plus d’erreurs tant<br />
individuelles que collectives sur des actions en<br />
apparence faciles. Ce n’est que grâce à certains<br />
joueurs, notamment l’ailier américain Andrew<br />
Nicholas, auteur d’un 3ème quart remarquable,<br />
que le club, 31 fois champion de Grèce, parviendra<br />
à rester au contact d’adversaires nullement<br />
impressionnés par une atmosphère pesante<br />
et hostile à leur égard. Néanmoins les visiteurs<br />
négocient avec plus de calme les moments clés.<br />
Alors qu’ils étaient menés, ils parviendront de<br />
nouveau à scorer, cette fois d’un shoot primé (3<br />
points) sur le « buzzer ». Même si la différence<br />
n’est pas encore faite au tableau d’affichage (49-<br />
51), ils prennent un ascendant psychologique<br />
qui se révélera décisif face à une équipe trop<br />
brouillonne à l’approche de la raquette et qui<br />
souffre du manque de rendement de leur meneur<br />
de jeu vedette, Dimitris Diamantidis, diminué par<br />
un virus depuis le début de la semaine. Malgré<br />
les efforts fournis, les nombreux temps morts<br />
et les consignes du fameux coach serbe, Zeljko<br />
Obradovic, grand artisan des nombreux trophées<br />
remportés depuis son arrivée (en 1999), rien n’y<br />
fera. Ce premier derby athénien de l’année semble<br />
inexorablement se refuser au Panathinaikos. Dans<br />
les dernières minutes, les ultimes échecs depuis<br />
la ligne des 3 points sont à l’image du manque<br />
de précision des piliers de l’équipe sur l’ensemble<br />
de la partie. L’écart est malheureusement devenu<br />
trop important. La messe est dite.<br />
Il est inutile de préciser que le déroulement<br />
du match faisait craindre des débordements à<br />
l’approche du coup de sifflet final. A ce moment<br />
là, la foule s’est levée comme un seul homme et<br />
a commencé à chanter à la gloire du Pana en<br />
frappant dans ses mains. Ce club qui compte<br />
parmi les meilleurs d’Europe, avec 5 titres<br />
continentaux remportés, jouit d’un statut qui est<br />
difficile à imaginer pour une personne venant de<br />
l’extérieur. La salle reprend en cœur : « PAO plus<br />
qu’un club, une religion ! ». La défaite de ce soir<br />
n’y changera rien. S’il faudra aller s’imposer dans<br />
l’antre de l’Olympiakos pour remporter un énième<br />
titre, cela ne pose de problème à personne ici.<br />
Une ovation pour des joueurs qui étaient sur le<br />
point de laisser filer le match le plus important de<br />
la saison à domicile est un scénario impensable<br />
dans la grande majorité des stades européens,<br />
tous sports confondus. Cette démonstration de<br />
ferveur, qui trop souvent conduit à des excès<br />
condamnables, témoigne de l’importance du<br />
sport et plus particulièrement du basket dans le<br />
quotidien des Grecs. Même si les vainqueurs ont<br />
immédiatement dû se mettre à l’abri à la fin de la<br />
rencontre pour éviter à nouveau la vague de feux<br />
d’artifice digne de Star Wars qui leur était destinée,<br />
le comportement « exemplaire » des supporters<br />
au vu du contexte dans lequel s’est déroulé<br />
cette partie a été par ailleurs souligné dans<br />
plusieurs journaux athéniens parus le lendemain.<br />
Dans l’histoire du sport, certains derbys<br />
dépassent de loin le simple enjeu sportif et<br />
cela pour différentes raisons. Dans la Liga<br />
espagnole, le légendaire « Clasico » entre le Real<br />
Madrid et le Barca qui oppose deux institutions<br />
mythiques à la rivalité historique et politique<br />
est considéré comme une des plus belles<br />
oppositions du football moderne. A Buenos<br />
Aires, le « Superclassico » entre le club du peuple,<br />
Boca Juniors, et celui des riches, River Plate,<br />
véritable choc des classes sociales, déchaine les<br />
passions en Argentine. Enfin l’ « Old Firm » entre<br />
le Celtic et les Rangers de Glasgow stigmatise<br />
les fortes tensions religieuses entre catholiques<br />
et protestants qui ont longtemps paralysé la<br />
région. Ces matchs, qui ont pour les amateurs de<br />
sport, une saveur toute particulière prennent une<br />
ampleur démesurée. Le derby d’Athènes entre le<br />
Panathinaikos et l’Olympiakos est un évènement<br />
extraordinaire dont l’ambiance et l’antagonisme<br />
constituent un spectacle hors du commun.
45<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
Les Bearkats et les Globetrotters<br />
font le show à Huntsville, Texas<br />
Par Raphaël Iberg<br />
Incursion dans les travées de la salle du champion en titre de<br />
la Southland Conference de NCAA (National Collegiate Athletic<br />
Association). On se prend rapidement au jeu du basket à la sauce<br />
US, que cela soit le très sérieux championnat universitaire ou la<br />
franche rigolade de la troupe des Harlem Globetrotters.<br />
Ayant souvent ouï dire depuis notre vieille<br />
Europe que le college basketball ou basket<br />
universitaire était le sport le plus populaire<br />
aux Etats-Unis, et étant en échange à Sam<br />
Houston State University dans la sympathique<br />
bourgade texane de Huntsville, caractérisée par<br />
ses 35'000 habitants (Neuchâtel en somme), son<br />
campus, ses 6 établissements carcéraux et sa<br />
chambre d'exécution, l'occasion était trop belle<br />
pour ne pas aller faire un tour dans le Bernard G.<br />
Johnson Coliseum un soir de match. Les Bearkats<br />
locaux y accueillent en ce samedi 29 janvier les<br />
Roadrunners de l'Université du Texas à San<br />
Antonio (UTSA). En fait de popularité, on repassera.<br />
L'imposante enceinte n'est que très peu garnie, ce<br />
qui ne nous surprend guère étant donné que la<br />
majorité des étudiants rentrent chez eux le weekend.<br />
Huntsville nous présente l'image d'une ville<br />
fantôme sortie tout droit d'un bon vieux Lucky<br />
Luke en guise de Saturday Night Fever. Qu'importe,<br />
les hauts faits (ou les clichés, comme vous voudrez)<br />
de la culture américaine sont au rendez-vous.<br />
En effet, pour le spectateur non averti, le<br />
spectacle qu'offrent tour à tour une vibrante<br />
interprétation de l'hymne national, l'exubérante<br />
mascotte Sammy, les cheerleaders, la fanfare ou<br />
encore les commercial breaks durant lesquels les<br />
participants aux animations peuvent gagner par<br />
exemple un an de Whattaburger au fast-food du<br />
coin a presque plus d'intérêt que ce qui se passe<br />
sur le parquet. L'entraîneur des Bearkats, lui, se<br />
prend très au sérieux et semble verser plus de<br />
sueur que son cinq de base tant il gesticule. Son<br />
équipe, après un départ un peu poussif, finit par<br />
passer assez aisément l'épaule face aux "voisins"<br />
(à l'échelle du Texas s'entend) de San Antonio (88-<br />
67). Les étudiants de Sam Houston se relancent<br />
par là même au classement de la conférence,<br />
puisqu'ils restaient sur trois défaites consécutives<br />
jusque-là.<br />
Il n'est par contre plus du tout question de sérieux<br />
lorsque les Harlem Globetrotters entrent dans<br />
l'arène deux jours plus tard pour y "affronter"<br />
leurs adversaires habituels, et perdants de<br />
métier, les Washington Generals, contre lesquels<br />
ils n'ont plus connu la défaite depuis 1971, leur<br />
seule déconvenue (certainement aussi largement<br />
mise en scène que leurs victoires) en 85 ans<br />
d'existence. Pour le plus grand bonheur des petits<br />
et grands, les "Trotters" accumulent les prouesses<br />
pendant 40 minutes de jeu au cours desquelles<br />
on ne s'ennuie pas une seconde et dont le point<br />
d'orgue est le fameux et très attendu panier à 4<br />
points effectif dans les trois dernières minutes<br />
de chaque période. Si le score n'a que très peu<br />
d'importance, il est à noter, pour rassurer tous<br />
les lecteurs, que les Harlem Globetrotters ont<br />
préservé leurs 40 ans d'invincibilité lundi soir à<br />
Huntsville. C'est en tout cas le genre de soirée qui<br />
nous fait oublier pour quelques heures que les<br />
relations entre peuples ne sont pas toujours aussi<br />
chaleureuses que la communion qui peut avoir<br />
lieu entre une troupe de comédiens-basketteurs<br />
et leur public.<br />
Rafraîchissant.
46<br />
CULTURE<br />
COIN CRÉATIF<br />
SPORT<br />
La passion du derby malgré la peur<br />
Par Raphaël Iberg<br />
En ce 20 novembre 2010, le HC Lugano et le HC Ambrì Piotta, deux équipes à la recherche de leur<br />
gloire passée, s'affrontaient pour la troisième fois de la saison 1 dans ce qui était annoncé comme le<br />
"derby della paura" par le Corriere del Ticino. Ambiance au milieu de la Curva Nord de la patinoire de la<br />
Resega, dans l'antre des fans luganais les plus enthousiastes.<br />
La partie débute par les traditionnelles trente<br />
minutes de quolibets réglementaires, lancés<br />
de la partie nord (luganaise) à la partie sud<br />
(léventine) des gradins de la Resega et vice<br />
versa. Cet échauffement des cordes vocales a<br />
pour unique but de tester l'acoustique des lieux,<br />
naturellement. Alors que les ténors de la Curva<br />
Nord montent en puissance, entre une annonce<br />
de prévention sanitaire (Sentite i contadini ? No, no<br />
! Si sente solo la puzza, solo la puzza. Ci vuole acqua<br />
e sapone, acqua e sapone 2 ) et quelques précisions<br />
géographiques (Noi non siamo leventinesi 3 ), un<br />
joueur d'Ambrì particulièrement courageux,<br />
ou inconscient, c'est selon, entre sur la glace<br />
en survêtement et baskets, crosse à la main,<br />
écouteurs aux oreilles, histoire de faire le plein<br />
de noms d'oiseaux et de pièces de monnaie (il<br />
faut bien payer le train du retour) lancées sur la<br />
surface de jeu en guise de bienvenue de la part<br />
des supporters locaux. Le décor est donc planté,<br />
le derby peut commencer.<br />
Vous l'aurez compris, le spectacle est souvent plus<br />
intéressant au sein du public que dans l'arène<br />
elle-même. La faute aux joueurs en premier lieu,<br />
puisque la partie a beaucoup de peine à décoller,<br />
la tension étant énorme dans les deux camps<br />
au vu du besoin impératif des deux équipes de<br />
récolter quelques points précieux, qui plus est,<br />
lors du derby. Les deux premiers tiers-temps,<br />
qui voient un Lugano largement supérieur à son<br />
rival cantonal prendre deux longueurs d'avance<br />
(Genoway, 32e, 1-0; Bourque, 39e, 2-0), sont<br />
soporifiques. Le moment paraît donc bien choisi<br />
pour les Ragazzi della Nord d'entonner en choeur<br />
un vibrant Ma che c**** ci fa l'Ambrì Piotta in A ? 4 .<br />
Il faut bien avouer qu'à l'heure du deuxième thé,<br />
on n'est pas loin de se poser la même question,<br />
même si les termes qui nous viennent à l'esprit<br />
ne sont peut-être pas aussi fleuris. Car si la rage<br />
de vaincre semble au rendez-vous côté léventin,<br />
les faiblesses de cet effectif, porté à bout de bras<br />
par le top scorer canadien Yanick Lehoux4 et le<br />
mythique capitaine du cru Paolo Duca, semblent<br />
tout de même criardes. Le score aurait d'ailleurs pu<br />
prendre une toute autre ampleur que ce 3-0 (Jörg,<br />
44e) à l'entame de l'ultime période si les Luganais<br />
avaient été un peu plus inspirés au moment<br />
d'entrer dans la zone du voisin honni. Car les<br />
hommes de Philippe Bozon5 ne respirent pas non<br />
plus la confiance, eux qui restent sur 5 défaites<br />
consécutives et quelques belles casquettes (9-1<br />
à Langnau, 8-0 à Zoug, scores historiques). Et cela<br />
se confirme en seconde partie de confrontation<br />
lorsqu'Ambrì revient à 3-2 en inscrivant deux buts<br />
en 25 secondes par Lehoux en double supériorité<br />
numérique (46'30''), puis Botta (46'55''). On sent<br />
tout de suite que cela commence à gamberger<br />
sous les casques des coéquipiers du capitaine<br />
Julien Vauclair, sorti sur blessure à la 32e minute,<br />
ce qui n'arrange pas les affaires des locaux. Alors<br />
que les biancoblu n'avaient quasiment pas mis<br />
un patin au-delà de la ligne bleue au cours de<br />
la troisième période, voilà que la cage de David<br />
Aebischer, préféré à Sébastien Caron pour<br />
l'occasion, se trouve soudain assiégée pendant<br />
quelques minutes qui semblent tout à coup bien<br />
longues aux yeux des ultras luganais. Le mani su! 7<br />
hurle le préposé au mégaphone de la courbe<br />
nord de la patinoire, mouvement pas forcément<br />
suivi par tout le monde au grand dam de celui-ci,<br />
qui le manifestera d'ailleurs dans un langage<br />
châtié que nous aurons la pudeur de ne pas<br />
reproduire ici. Les émotions, il y en aura encore<br />
(il était temps!) puisque le portier fribourgeois<br />
du HC Lugano retiendra encore un penalty de<br />
Lehoux, encore lui, à la 59e minute, avant le but<br />
de la sécurité de Hnat Domenichelli dans la cage<br />
vide (60e). Le soulagement est palpable chez<br />
les 7'243 spectateurs moins la Curva Sud. Il s'en<br />
est fallu de peu en effet pour que leurs protégés<br />
ne transforment une victoire facile en un revers<br />
mortifiant.<br />
Si le Tessin était bianconero à l'issue de ce 176e<br />
derby, il n'en reste pas moins que les deux frères<br />
ennemis sont dans la même galère. Ceux qui<br />
s'étaient retrouvés en finale du championnat en<br />
1999 semblent d'ores et déjà condamnés à des<br />
play-out de tous les dangers 8 , qui pourraient bien<br />
mener l'un d'eux jusqu'en avril et un barrage de<br />
tous les dangers face au champion de LNB qui,<br />
selon toute vraisemblance, au mois de novembre,<br />
semblait devoir être l'ogre de la catégorie, à savoir<br />
le Lausanne Hockey Club, double champion en<br />
titre et grandissime favori à sa propre succession.<br />
Cependant, depuis Noël, les hommes de John Van<br />
Boxmeer sont tout simplement à côté de leurs<br />
patins dans une petite ligue qui ne sait plus à quel<br />
saint se vouer. Quoi qu'il en soit, toute la Suisse<br />
méridionale espère que le Hockeygott Kevin<br />
Schläpfer et le HC Bienne se dévoueront, comme<br />
ils en ont pris l'habitude ces dernières années,<br />
pour endosser le rôle redouté de barragiste. Car<br />
s'il y a bien un point sur lequel Lugano et Ambrì<br />
Piotta sont d'accord, c'est que les deux clubs<br />
doivent impérativement conserver leur place<br />
dans l'élite. Car le derby, c'est sacré, parole de<br />
Tessinois. <br />
1- Les quatrième, cinquième et sixième duels ont depuis eu lieu, se soldant par deux victoires d'Ambrì et une de Lugano. Il est à noter que les bianconeri avaient également<br />
remporté les deux premières confrontations.<br />
2- Vous entendez les paysans ? Non, non ! On sent seulement la puanteur, seulement la puanteur. Il faut de l'eau et du savon, de l'eau et du savon.<br />
3- Nous ne sommes pas léventins.<br />
4- Mais que diable fait Ambrì Piotta en ligue A ? (version française édulcorée)<br />
5- Lehoux a quitté le club au début du mois de janvier pour rejoindre la formation suédoise de Södertälje. Son départ a été compensé par le retour de l'Américain Erik<br />
Westrum après une longue absence pour blessure.<br />
6- Bozon a depuis été limogé et remplacé par l'entraîneur des juniors élites Mike McNamara, sans grands résultats.<br />
7- Les mains en l'air !<br />
8- Ce constat se confirme à l'heure actuelle puisqu'au moment de mettre sous presse, le 12 février, les deux clubs sont mathématiquement éliminés de la course aux play-off.
47<br />
Le Cafignon vous recommande vivement le dernier numéro de l’Uninews « De l’Uni<br />
à la vie active » consacré au Forum entreprises UniNE qui a eu lieu le 8 mars dans la<br />
Faculté des sciences. À cette occasion, les rédacteurs de l’Uninews ont rencontré les<br />
diplômées de notre Université afin de vous présenter leurs parcours professionnels<br />
après les études. Il ne faut pas vous étonner du fait qu’on y parle que des filles, c’est<br />
en honneur de la Journée Internationale de la Femme.