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DOSSIER SPÉCIAL: Développement durable MILLÉNAIRE DE ...

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<strong>DOSSIER</strong> SPÉCIAL: Développement <strong>durable</strong><br />

MILLÉNAIRE <strong>DE</strong> NEUCHÂTEL: Hommage à notre ville<br />

SOCIÉTÉ: Les joies de la colocation<br />

SPORT: Les Bearkats et les Globetrotters<br />

font le show à Huntsville, Texas


3<br />

ANNONCE<br />

LAURENT<br />

I M P R E S S U M<br />

N° 135 - Mars 2011<br />

Rédac’Chef: Ania Strzesniewska<br />

Co-Rédac’Chef: Fabien Grenon<br />

Maquettiste: Lila Bonhomme<br />

Correcteurs: C. Roch, L. Ding & J. Vial<br />

Distribution: Monstres & Cie<br />

Responsables de rubriques:<br />

Diego Campisi<br />

David Campisi<br />

Isabelle Lapotre<br />

Alicia Richon<br />

Jessica Vial<br />

Editeur:<br />

Fédération des Etudiants Neuchâtelois<br />

(FEN)<br />

Impression:<br />

Centre Unimage<br />

Délai rédactionnel<br />

pour le prochain numéro:<br />

1 mai 2011<br />

Rédacteurs:<br />

Cendrine Barré<br />

Cathy Burki<br />

David Campisi<br />

Muriel Chiffelle<br />

Ugo Curty<br />

Guillaume De Schepper<br />

Raphaël Iberg<br />

Anastasia Liechti<br />

Noémie Matos<br />

Ekim Sarçlar<br />

Alexandre Wätli<br />

Léa Zaretti<br />

Freelance:<br />

Hugo Babel<br />

Nadia Barth<br />

Sandrine Gerber<br />

Fabienne Morand<br />

Dimitri Paratte<br />

ABONNEMENTS <strong>DE</strong> SOUTIEN:<br />

Au moins 20.- /année pour les étudiants<br />

& 30.- /année pour les non étudiants<br />

Envoyez vos demandes d'abonnement<br />

par e-mail ou par la poste, en mentionnant<br />

l’adresse à laquelle vous désirez recevoir<br />

Le Cafignon<br />

CONTACT:<br />

journal.lecafignon@unine.ch<br />

Journal Le Cafignon<br />

Avenue du 1er Mars 26<br />

Bureau D 57.2<br />

2000 Neuchâtel<br />

ARCHIVES & TARIFS PUBLICITAIRES:<br />

www.unine.ch/cafignon<br />

Couverture:<br />

Festi’neuch


4<br />

UNIVERSITÉ<br />

6<br />

6<br />

15<br />

16<br />

18<br />

Dossier spécial: Le Développement Durable<br />

Une page se tourne à la FEN… une nouvelle s'ouvre<br />

Festi'Neuch, festival responsable<br />

Le nouveau plan d'étude le la HEP-Bejune<br />

SOCIÉTÉ<br />

20<br />

22<br />

Hommage à notre ville<br />

Téléphone mobile vs l’orthographe<br />

20<br />

23<br />

24<br />

26<br />

27<br />

28<br />

We are Anonymous<br />

D'Hiroshima à Mühleberg II<br />

Les joies de la colocation<br />

Le bouc émissaire, une autre catégorie d'humain?<br />

Coin culinaire<br />

LOISIRS<br />

32<br />

High Tech<br />

28<br />

CULTURE<br />

34<br />

36<br />

Le Coin Littéraire<br />

Stéréochronique<br />

34<br />

40<br />

42<br />

Cinéma<br />

Le GTA a 20 ans !<br />

COIN CRÉATIF<br />

43<br />

43<br />

Ta voix au milieu du brouillard<br />

Soldat blessé<br />

43<br />

SPORT<br />

44<br />

45<br />

44<br />

46<br />

Bienvenue en enfer !<br />

Les Bearkats et les Globetrotters font le show à Huntsville, Texas<br />

La passion du derby malgré la peur


5<br />

L'orthographe, ce prédateur<br />

http://ecrivainpubliclyon.fr<br />

La feuille de papier, matériau sylvestre et<br />

sacré, arraché à la nature pour permettre<br />

l’écriture. Lorsque, agilement, le poignet<br />

humain y dessine des lettres, des notes de<br />

musique formant un ensemble de mots,<br />

cette partition prend vie, l’harmonie se<br />

révèle, la phrase prend sens mais s’exprime<br />

sans dire mot.<br />

Parfois, des lettres sont superflues. Les<br />

prédateurs : gommes, effaceurs, correcteurs,<br />

font alors disparaître ces pauvres êtres<br />

dont l’existence n’est permise que par l’acte<br />

d’écriture. La disparition au nom d’un idéal :<br />

l’orthographe.<br />

Cette tyrannie rôde sur chaque copie, une<br />

fois la feuille blanche remplie, petites lettres<br />

superflues faites attention ! Les serviteurs de<br />

l’idéal, avec leurs armes vous traqueront ;<br />

pour que l’écriture dans sa pureté perdure,<br />

il n’y aura pas d’exception.<br />

Janek Tarkowski<br />

Dédicace au correcteur anonyme.<br />

http://www.qctop.com/articles/correcteur.htm<br />

A travers ce poème tout est dit, l’erreur<br />

est humaine. Malgré les longues heures<br />

de rédaction des articles, les nombreuses<br />

lectures et relectures, le travail des<br />

correcteurs,…, de rares « coquilles »<br />

passent et passeront toujours entre<br />

les mailles du filet. Le Cafignon, sans<br />

prétention, t’invite donc toi, le lâche<br />

correcteur qui n’ose s’annoncer, à venir<br />

corriger nos lignes. Et si tu veux encore<br />

plus de travail, tiens, en voici d’autres :<br />

Article du Figaro du 23 avril 2009,<br />

« Rachida Dati en difficulté lors d’un<br />

meeting »<br />

La faute : "Elle avait finalement céder à la<br />

demande express de Nicolas Sarkozy"<br />

http://www.lefigaro.fr/elections-<br />

europeennes-2009/2009/04/23/01024-<br />

20090423ARTFIG00442-rachida-dati-endifficulte-lors-d-un-meeting-.php<br />

Article de La Libération du 2 novembre<br />

2009, « Après le dérapage, Louis Nicollin à<br />

la case rattrapage »<br />

La Faute : « Mais Pedretti à décider de<br />

passer l’éponge. »<br />

http://www.liberation.fr/<br />

sports/0101600766-apres-le-derapagelouis-nicollin-a-la-case-rattrapage<br />

Article du 20minutes du 4 novembre<br />

2009, « Notre Choix, le nouveau testament<br />

d’Al Gore pour résoudre la crise du climat »<br />

La faute : « Al Gore dresse un classique<br />

pour et contre: un meilleur bilan carbone<br />

que les centrales charbon, mais cependant<br />

bien plus élevé que celui des énergies<br />

alternatives –en contant la construction<br />

des usines et le transport des matériaux,<br />

sans parler du problème du stockage des<br />

déchets. »<br />

http://www.20minutes.fr/article/360649/<br />

Monde-Notre-Choix-le-nouveautestament-d-Al-Gore-pour-resoudre-lacrise-du-climat.php<br />

(…)<br />

ABE, Le Cafignon


6<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

L’Université de Neuchâtel sur la route du vert<br />

Par Fabienne Morand<br />

En 2010, le rectorat a collaboré avec<br />

l’association Ecoparc pour valoriser et<br />

améliorer ses actions et son comportement<br />

en terme de développement <strong>durable</strong> (DD). Ce<br />

travail été mené à bien pendant six mois grâce<br />

à l’investissement d’une stagiaire, ancienne<br />

étudiante de l’UniNE dont les collaborations<br />

passées avec le Cafignon ont permis la<br />

réalisation de ce dossier dédié au DD. Au fil des<br />

pages, découvrez ce que l’UniNE a déjà fait et<br />

ce qu’elle projette de faire, ainsi que l’avis du<br />

rectorat, des étudiants et des enseignants sur<br />

ce sujet d’actualité. Avant de débuter la lecture,<br />

demandez-vous si vous seriez capable de définir<br />

le DD en quelques mots.<br />

Deux actions en cours<br />

En ce mois de mars, deux actions ont été mises<br />

en place: l’action « l’écologie au bureau» qui<br />

concerne les collaborateurs de la Faculté de droit<br />

(Breguet 1) et l’action « déchets ». Les utilisateurs<br />

de Breguet 1 ont vécu deux semaines d’écologie<br />

au bureau, en portant une attention particulière<br />

à l’utilisation de l’énergie (ordinateurs et lumières)<br />

et à la consommation de papier. Concernant les<br />

déchets, quatre centres de tri ont été aménagés<br />

dans trois grands bâtiments universitaires<br />

et un travail a été fait sur la signalétique et<br />

l’uniformisation des poubelles ; on compte sur<br />

vous pour jeter vos ordures dans la poubelle<br />

adéquate.<br />

Un nouveau site Internet<br />

A la fin de ce mois, le nouveau site Internet<br />

de l’UniNE sera accessible à tous et parmi les<br />

nouveautés il y aura des pages dédiées au<br />

développement <strong>durable</strong>. Vous pourrez découvrir,<br />

entre autre, le résultat des actions, trouver un<br />

cours qui parle ou qui fait des liens avec le DD,<br />

mais également une sélection non exhaustive<br />

de mémoires ou de thèses qui abordent le DD,<br />

que ce soit sous l’angle juridique, économique<br />

ou géographique, par exemple.<br />

Qu’en pensent les étudiants?<br />

Lors des micros-trottoirs, la préoccupation des<br />

conséquences sur le futur, l’importance d’avoir<br />

une vision à long terme et le tri des déchets<br />

semblent être des éléments essentiels du<br />

développement <strong>durable</strong> pour les étudiants. A<br />

l’inverse, peu d’entre eux connaissent la durée<br />

de vie d’un déchet jeté dans la nature, ni à quoi il<br />

sert une fois recyclé.<br />

Dans quelle(s) branche(s) étudie-t-on le<br />

DD?<br />

Quand on pense développement <strong>durable</strong> et<br />

études, on y associe souvent la géographie,<br />

mais chaque matière peut l’analyser selon<br />

son approche. Ci-après, découvrez comment<br />

un sociologue, une juriste, une théologienne,<br />

un économiste et une géologue conçoivent<br />

le développement <strong>durable</strong>. Dans le prochain<br />

numéro de l’Uninews qui sortira à la fin du mois,<br />

des professeur-e-s présenteront leur recherche<br />

liée au DD.<br />

Nous empruntons la terre<br />

Il y a de nombreuses années, l’auteur du<br />

Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, avait<br />

dit « Nous n’héritons pas la terre de nos<br />

parents, nous l’empruntons à nos enfants ».<br />

Bonne lecture ! <br />

L’UniNE, verte et multicolore<br />

Depuis trois siècles au moins, la passion pour les<br />

savoirs naturalistes s’est illustrée en pays neuchâtelois,<br />

révélant l’intérêt des chercheurs et savants pour leur<br />

environnement naturel. Aujourd’hui, à l’échelle<br />

cantonale et communale, un grand nombre<br />

d’institutions publiques et d’entreprises neuchâteloises<br />

se préoccupent de développement <strong>durable</strong>, en<br />

encourageant les technologies et les bonnes pratiques<br />

visant à contrôler et limiter l’utilisation des ressources,<br />

qu’elles soient renouvelables ou non renouvelables.<br />

L’Université, hébergée dans une ville pourvue du label<br />

« Cité de l’énergie », n’est pas en reste et le rectorat a<br />

pris l’initiative de le faire savoir.<br />

Dans ses missions de recherche et d’enseignement,<br />

l’UniNE intègre des aspects de responsabilité<br />

environnementale. Des projets en géothermie, en<br />

informatique, en étude des migrations liées aux<br />

changements climatiques, par exemple, contribuent<br />

à la recherche de technologies ou de solutions <strong>durable</strong>s<br />

en matière de développement social et économique.<br />

Des cursus de formation de tous niveaux – en biologie,<br />

géographie, économie, gestion des sites pollués,<br />

notamment – dispensent les savoirs, méthodes et<br />

techniques qui promeuvent l’innovation <strong>durable</strong>,<br />

qu’elle concerne l’économie, les pratiques sociales ou<br />

la préservation des ressources.<br />

Promouvoir le développement <strong>durable</strong> dans la<br />

réflexion académique, la recherche et la formation,<br />

c’est l’un des rôles-clés d’une université aujourd’hui.<br />

L’UniNE veut faire plus : le promouvoir dans sa<br />

gestion des ressources et de l’énergie ; l’intégrer<br />

dans les comportements et pratiques quotidiennes<br />

des membres de sa communauté. Dans ce but, elle<br />

ouvre un site consacré au développement <strong>durable</strong>, et<br />

lance, avec la collaboration de l’Association Ecoparc,<br />

des actions concrètes en vue d’améliorer l’utilisation<br />

responsable de ses ressources.<br />

Sans dogmatisme, en optant pour des solutions<br />

pragmatiques, en diversifiant les pistes de réflexion<br />

sur les rapports entre les besoins humains et<br />

l’environnement, l’UniNE s’engage sur la voie du vert,<br />

mais en restant multicolore !<br />

Source: http://www.ecoloinfo.com/2009/04/01/le-developpement-<strong>durable</strong>-en-6-piliers/<br />

Claire Jaquier<br />

Vice-rectrice


7<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Déchets, énergie, mobilité,<br />

responsabilité sociale<br />

et bien d’autres encore<br />

Par Fabienne Morand<br />

Dès la fin de ce mois, vous pourrez découvrir<br />

une nouvelle version du site Internet de<br />

l’UniNE. En plus d’un rafraîchissement du<br />

design, le site Internet offre quelques nouveautés,<br />

dont des pages dédiées au développement<br />

<strong>durable</strong>. Par l’onglet Université et par l’accès<br />

Collaborateurs et Etudiants il vous sera possible<br />

d’en savoir plus sur ce que l’UniNE fait pour vous<br />

et ce que vous pouvez faire pour améliorer la<br />

durabilité de l’université.<br />

Le DD à l’Université<br />

Dans cet espace du site Internet, de nombreuses<br />

informations réparties en plusieurs thèmes<br />

s’offrent à vous :<br />

Déchets<br />

Onze, c’est le nombre de type de déchets triés<br />

et recyclés à l’Université de Neuchâtel. En 2010,<br />

plus de 53 tonnes de déchets incinérables et de<br />

4.3 tonnes de papier et carton ont été récoltés<br />

à l’UniNE. Ces chiffres nous montrent qu’il reste<br />

un gros effort à faire sur la consommation et le<br />

recyclage.<br />

Energie<br />

Du point de vue de l’énergie, des programmes<br />

visant à réduire la dépense énergétique<br />

des bâtiments sont en place depuis 5 ans.<br />

Actuellement, une majorité de bâtiments de<br />

l’Université de Neuchâtel sont concernés par<br />

deux programmes d’économies d’énergie :<br />

Energho et Holistic. Grâce à différents réglages,<br />

plus de 30% d’économies d’énergie ont ainsi pu<br />

être réalisées à la Faculté des sciences. Tandis<br />

que la rénovation du bâtiment principal, permet<br />

d’économiser 150 MWh/année.<br />

Mobilité<br />

La mobilité est un élément essentiel du DD. En<br />

effet, les Suisses aiment leur voiture et pour<br />

certains il est difficile d’envisager un autre<br />

moyen de transport. La localisation des sites<br />

universitaires offre une grande accessibilité par<br />

les transports publics et depuis le printemps<br />

2010, NeuchâtelRoule et l’UniNE ont établit<br />

un partenariat pour offrir aux étudiants l’accès<br />

gratuit aux vélos.<br />

Achats responsables<br />

Travailler sur la consommation est important,<br />

mais la provenance et la nature des produits<br />

jouent également un rôle. Plusieurs actions<br />

telles que l’achat de papier recyclé, l’impression<br />

de documents de la Faculté de droit avec des<br />

encres végétales ou encore l’utilisation de<br />

certains produits de nettoyage plus « verts » sont<br />

d’excellentes initiatives individuelles prises par<br />

des membres de la communauté universitaire.<br />

Responsabilité sociale<br />

Quand on parle de DD, on oublie souvent un<br />

élément: la responsabilité sociale qu’a une<br />

institution face à ces utilisateurs. Par exemple,<br />

depuis le printemps 2010, les étudiants ont la<br />

possibilité de bénéficier d’un accès à easyswap<br />

(site d’échanges) avec quelques avantages.<br />

Easyswap permet de valoriser vos savoirs et<br />

compétences ou d’acquérir des biens ou services<br />

et ce grâce à une monnaie virtuelle, le swap.<br />

Les étudiants et collaborateurs de l’UniNE et le<br />

DD<br />

Cette partie du site Internet offre des informations<br />

plus pratiques aux membres de la communauté<br />

universitaire. Par exemple, un calcul a été fait sur<br />

le temps moyen qu’il faut pour accéder à pied<br />

ou à vélo aux différents sites universitaires et ce<br />

depuis la gare CFF. Bien entendu, les transports<br />

publics restent un moyen pratique et rapide<br />

pour se déplacer, mais la marche, ou le vélo, sont<br />

meilleurs pour l’environnement.<br />

Certains d’entre vous se demandent si mettre son<br />

ordinateur en veille ou le laisser allumé durant sa<br />

pause change quelque chose. L’étude faite par<br />

le SITEL a montré que la mise en veille permet<br />

d’économiser 18% d’énergie. Elle a également<br />

montré que même si l’ordinateur est éteint,<br />

il continue de consommer des watts. Seule<br />

l'installation et l'utilisation d'une multiprise avec<br />

interrupteur permet une consommation zéro<br />

lorsque la multiprise est sur off. (Si possible,<br />

mettre ici le tableau de la consommation d’un<br />

ordi).<br />

Rendez-vous sur la toile à la fin de ce mois pour<br />

découvrir encore bien d’autres informations et<br />

astuces... <br />

Modélisation des économies de chauffage dans<br />

le cadre du projet Holistic<br />

Quelques références<br />

www.unine.ch > Université > Développement <strong>durable</strong>.<br />

www.energie-environnement.ch : le plus sympathique, drôle et attachant, créé par les cantons romands<br />

www.easyswap.org : plateforme d’échanges de biens et de services<br />

www.neuchatelroule.ch : prêt gratuit de vélos.<br />

Qu’est-ce que le DD?<br />

Le DD, c’est permettre aux générations présentes de satisfaire leurs besoins de manière confortable, sans prétériter les<br />

besoins des générations futures.<br />

Comparaison de la consommation en énergie de<br />

chauffage, avant et après les interventions faites sur le<br />

bâtiment principal (1er Mars-26). Au final, 150 MWh/<br />

année seront économisés. Source : www.holistic-ne-ch


8<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Micro trottoir :<br />

Que pensent les étudiants du DD?<br />

Par Fabienne Morand<br />

Durant le mois de décembre 2010, des étudiants de chaque faculté ont répondu à quatre<br />

questions tirées au hasard. Il leur a également été demandé de dire quelle est la première<br />

image qui leur vient à l’esprit quand ils entendent parler de DD.<br />

Eric, 24 ans, Master en théologie<br />

Selon toi, qu’est-ce qui est contraire au DD ?<br />

Le contraire du développement <strong>durable</strong> est une forme<br />

d’investissement économique, qui est de dégager le plus de<br />

profit possible sans penser aux conséquences écologiques.<br />

Arrives-tu à expliquer en quelques mots, ce qu’est le DD ?<br />

C’est de penser qu’on n’est pas unique sur cette terre. L’idée<br />

du <strong>durable</strong> pour moi, c’est qu’il faut essayer de penser aux<br />

conséquences sur le futur de nos agissements actuels. L’idée<br />

de développement part du principe que la société peut<br />

s’améliorer, donc aller vers quelque chose de plus propre<br />

et de plus équitable. Parce que c’est facile de donner nos<br />

vieilles usines polluantes à la Chine et à l’Inde, mais ça ne<br />

va pas résoudre les problèmes. Le DD, c’est aussi que les<br />

pays les plus pauvres puissent profiter du développement<br />

technologique industriel, pour essayer d’éviter toutes les<br />

étapes par lesquelles on est passé.<br />

Que fais-tu en faveur du DD ?<br />

J’essaie de penser local lors de mes achats, je fais attention<br />

aux transports que je fais, à savoir que j’essaie un maximum<br />

de prendre les transports publics, de me déplacer à pied ou<br />

à vélo. Je trie mes déchets. Je suis engagé en politique et<br />

j’essaie de rendre attentif les autres, d’être cohérent et de ne<br />

pas être que dans la logique économique.<br />

Quelle est la nouvelle vie du PET, après recyclage et<br />

transformation en flocons de PET ?<br />

Ca peut être des vestes polaires, des bouteilles en PET et puis<br />

d’autres plastiques.<br />

Photo: FM<br />

Raphael, 23 ans, Bachelor en lettres<br />

(philosophie et français)<br />

et Samantha, 19 ans, Bachelor en lettres (philosophie<br />

et psychologie)<br />

Avez-vous déjà entendu parler de DD dans vos études ?<br />

Raphael : Dans mes propres cours, non.<br />

Samantha : Dans le cours de statistique, le professeur donne<br />

dès fois des exemples.<br />

Qu’est ce que vous aimeriez que l’UniNE mette en place<br />

pour les étudiants et qui soit <strong>durable</strong> ?<br />

Samantha : Une cafétéria assez grande, la véranda ne sert à<br />

rien, les doubles portes s’ouvrent en même temps, ce qui fait<br />

que le froid entre quand même.<br />

Raphael : Avec cette cafétéria, on a une énorme perte<br />

d’énergie, en été comme en hiver. Finalement, on ne se sent<br />

pas bien ici.<br />

Pensez-vous que l’UniNE est <strong>durable</strong> ?<br />

Raphael : La faculté des lettres est un gros problème, il faudrait<br />

que ça change. Après <strong>durable</strong>, si on pense aux matières qui<br />

sont données, il y a pleins de cours qui sont de qualité.<br />

Samantha : Je pense que l’atout de l’UniNE, c’est que c’est<br />

une petite université.<br />

Triez-vous vos déchets ?<br />

Samantha et Raphael : Oui ; le verre, l’alu, le carton et le PET.<br />

Source: http://www.paysdecorlay.com/<br />

pagephp?id=69&idPartie=10<br />

Gaetan, 22 ans,<br />

Bachelor en mathématiques et géographie<br />

Arrives-tu à expliquer en quelques mots ce qu’est le DD ?<br />

Pour moi le DD c’est voir ce qu’on a maintenant pour<br />

l’avenir. Je prendrais le cas de l’énergie ; on a beaucoup<br />

d’énergie nucléaire et ce serait bien de passer à une énergie<br />

renouvelable.<br />

Qu’est-ce que tu aimerais que l’UniNE mette en place<br />

pour les étudiants et qui soit <strong>durable</strong> ?<br />

Je pense que l’Université de Neuchâtel est bien et doit rester<br />

une université plus petite et non pas une usine à étudiants,<br />

comme c’est le cas à Lausanne. Si je compare les cours de<br />

maths, à l’EPFL ils sont 200-300 ans par cours et on est 30<br />

ici. Elle est là, la différence. Ici c’est beaucoup plus convivial,<br />

on connaît tout le monde et puis on a un meilleur contact<br />

avec le professeur.<br />

Quelles sont les priorités d’actions (à l’UniNE, en Suisse<br />

et/ou dans le monde) ?<br />

Le tri des déchets et réduire l’émission de CO2. On doit<br />

prévoir que dans quelques années on aura trop de déchets<br />

et il faudrait commencer par les recycler sans trop polluer.<br />

Quelle est la nouvelle vie du PET, après recyclage et<br />

transformation en flocons de PET ?<br />

(Longue réflexion) Aucune idée.<br />

Réponse : nouvelles bouteilles en PET, matelas, veste polaire,<br />

etc.


9<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Konan Lambert, 28 ans,<br />

Master en hydrogéologie<br />

Photo: FM<br />

Que signifie le DD pour toi ?<br />

Le DD c’est toutes les utilisations qui concourent au bien être<br />

social, économique et humain. Il faut avoir un environnement<br />

sain, une économie suffisante et puis vivre dans une<br />

communauté où il y a l’équité qui règne.<br />

Penses-tu que l’UniNE est <strong>durable</strong> ?<br />

En mon sens oui, je trouve que c’est vraiment un exemple.<br />

C’est la première fois que je sors de mon pays (Côte d’Ivoire)<br />

et du point de vue culturel, c’est complètement différent. Les<br />

engagements que les gens prennent ici sont plus <strong>durable</strong>s,<br />

c’est un exemple de communauté de DD.<br />

Penses-tu qu’il faudrait en faire plus ? Moins ?<br />

Ici ou chez moi ?<br />

Les deux<br />

De façon globale je crois qu’il y a toujours des choses à revoir.<br />

Ce qui me frappe fort ici, c’est que les gens vivent un peu seul.<br />

Chez nous, c’est très compliqué de s’insérer dans la société, il<br />

faut sortir du pays pour voir un peu comment les choses se<br />

passent ailleurs, pour prendre ce qui est bon et amener cet<br />

apport de connaissance à notre retour. Par exemple, chez nous<br />

la femme travaille plus qu’elle ne le devrait. Je crois qu’ici les<br />

choses sont partagées, mais chez nous, même si la femme<br />

travaille, c’est à elle de tout faire à la maison. Ca me fait très<br />

mal parce qu’au pays, je ne savais rien faire en cuisine et en<br />

ménage. Ici, je dois le faire et je suis très content parce que<br />

je sens que c’est une chose assez compliquée et je le fais<br />

avec plaisir. Je pense qu’au retour, c’est un élément que je<br />

vais essayer de revoir pour faciliter un peu les choses dans<br />

la famille.<br />

Penses-tu que mettre ton ordinateur en veille lors<br />

d’une inutilisation de plus de 20 minutes sert à<br />

quelque chose ?<br />

Ca dépend de ce que tu fais avec ton ordinateur. Si tu es<br />

entrain de faire un travail très particulier comme nous, en<br />

hydrogéologie, les modélisations à faire prennent du temps.<br />

Du coup, si tu éteins ton ordinateur et que tu veux retravailler<br />

un peu sur le fichier, je crois que 20 minutes c’est trop court<br />

pour l’éteindre. Si non, si c’est quelque chose de rapide, il vaut<br />

mieux l’enregistrer, éteindre l’ordinateur et le rallumer après.<br />

Photo: FM<br />

Caroline (prénom d’emprunt), 21 ans,<br />

Bachelor en droit<br />

Quel(s) mot(s) associes-tu au DD ?<br />

La non pollution et l’écologie<br />

Comment vois-tu le DD selon ta branche d’étude ?<br />

Les lois anti-pollution ou l’interdiction de certaines choses,<br />

par exemple.<br />

Quel est ton moyen de transport pour venir à l’UniNE,<br />

penses-tu qu’il en existe un plus <strong>durable</strong> ?<br />

Je viens en bus et à pied quand je n’ai plus d’abonnement de<br />

bus. La marche à pied, ou le vélo, sont plus <strong>durable</strong>s que le bus.<br />

Peux-tu classer le mégot de cigarette, la bouteille<br />

en verre, la cannette en aluminium et la bouteille<br />

en PET, du plus lent au plus rapide en terme de<br />

décomposition ?<br />

Cannette, PET, verre et cigarette<br />

Réponse : Le verre met 3000 à 4000 ans, le PET plus de 500<br />

ans, la canette entre 100 et 200 ans et le mégot entre 1 et<br />

2 ans.<br />

Photo: FM<br />

Arthur et Jean (prénoms d’emprunt),<br />

Bachelor en sciences économiques<br />

Quel(s) mot(s) associez-vous au DD ?<br />

Arthur : Solidité.<br />

Jean : Pérennité<br />

Selon vous, est-ce utile de parler de DD ?<br />

Jean : C’est utile, car avoir une vision d’avenir c’est important<br />

Que pourrait faire l’UniNE pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />

Jean : Toujours avoir une vision d’avenir et qu’elle essaie de<br />

s’agrandir et arrêter de supprimer des facultés. Il faudrait que<br />

l’Etat lui accorde plus de moyens.<br />

Arthur: Oui, mais ça devrait être quelque chose de plus<br />

fédéral, c’est-à-dire que la Suisse devrait accorder plus de<br />

crédits aux cantons qui eux le verserait aux universités.<br />

Que comprenez-vous quand on parle d’agir pour le DD?<br />

Jean : C’est avoir une vision à long terme.<br />

Arthur: C’est faire des actions, comme arrêter la déforestation,<br />

mais surtout une meilleure sensibilisation, tant au niveau<br />

scolaire que grand public. Plus il y aura d’information, mieux<br />

ce sera, car il faut comprendre pour agir.<br />

Julie, 22 ans,<br />

Master en anthropologie<br />

Que penses-tu du DD?<br />

Je pense que c’est une bonne chose, mais on est encore loin<br />

du compte si on veut vraiment avoir un impact.<br />

Quelle est la branche d’étude la plus concernée par le<br />

DD et pourquoi ?<br />

Je dirais la géographie et le droit aussi. En réalité, il y a plein<br />

d’autres branches qui sont concernées, mais pas forcément<br />

de manière directe.<br />

Combien de temps met un mégot de cigarette pour<br />

se décomposer ?<br />

Je dirais 6 mois à 1 an.<br />

Réponse : 1 à 2 ans<br />

Qui consomme le plus d’énergie en Suisse, l’industrie<br />

ou les ménages ?<br />

L’industrie.<br />

Réponse : 20% pour l’industrie contre 28% pour les ménages.


10<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Source: http://anniegreenjeans.com/world-fair-tradeday-%E2%80%93-may-10-2008/<br />

Elodie, 19 ans, Bachelor en droit<br />

Selon toi, qu’est-ce qui est contraire au DD ?<br />

La pollution.<br />

Que pourrait faire l’UniNE pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />

Elle devrait améliorer le recyclage ou en tout cas l’encourager,<br />

car on n’est pas porté à le faire et les poubelles ne sont pas<br />

assez visibles.<br />

Que fais-tu en faveur du DD ?<br />

Je trie tous mes déchets, ce qui est une habitude prise<br />

au Canada, je prends les transports publics et je suis<br />

végétarienne.<br />

Qui consomme le plus d’énergie en Suisse entre<br />

l’industrie et les ménages ?<br />

L’industrie<br />

Réponse : 20% pour l’industrie contre 28% pour les ménages.<br />

Aurélie, 23 ans,<br />

Bachelor en biologie<br />

Est-ce que tu penses que c’est utile de parler de DD ?<br />

Oui ça peut l’être. Disons que sur le long terme, niveau<br />

écologie, ça pourrait être mieux, mais je ne sais pas trop quoi<br />

dire de plus.<br />

Est-ce que l’UniNE en fait assez, trop ou pas assez pour<br />

le DD ?<br />

Je ne peux pas répondre, je n’en ai aucune idée de ce qu’elle<br />

fait.<br />

Tries-tu tes déchets ? Lesquels ?<br />

Pas tous, je trie le verre et le PET, quand c’est possible.<br />

Combien de fois le papier se recycle-t-il ?<br />

Je ne sais pas, je dirais 3 fois peut être<br />

Réponse : 7 à 10 fois<br />

Photo: FM<br />

Mathilde, 19 ans, Bachelor en lettres<br />

(français et philosophie)<br />

Penses-tu qu’il faudrait en faire plus ou moins pour<br />

le DD ?<br />

Je trouve qu’il n’y a pas forcément besoin d’en faire plus, bien<br />

que ça serait bien.<br />

Est-ce que l’UniNE en fait assez, trop ou pas assez pour<br />

le DD ?<br />

Je pense que l’UniNE a très bien su combiner son<br />

développement. Par exemple, la gestion de son futur ; les<br />

présentations pour les futurs étudiants sont biens et la<br />

connexion entre les universités est bien coordonnée.<br />

Quelle est ton action en faveur du DD ?<br />

Je prends toujours les transports publics, je trie mes déchets,<br />

je fais attention à la lumière et à l’eau, pour ne pas l’utiliser<br />

inutilement.<br />

Combien de fois le papier se recycle-t-il ?<br />

Je pense 2 à 4 fois, mais peut être plus.<br />

Réponse : 7 à 10 fois.<br />

Source: http://www.ponts-formation-edition.fr/<br />

environnement.php3<br />

Mélanie, 22 ans,<br />

Bachelor en sciences économiques<br />

Que penses-tu du DD ?<br />

Je pense que c’est essentiel, qu’il faut croître l’amélioration<br />

du bien être.<br />

Comment vois-tu le DD selon ta branche d’étude ?<br />

En économie, on en parle tout le temps, c’est la base de la<br />

croissance.<br />

Quelles sont les priorités d’actions (à l’UniNE, en<br />

Suisse, dans le monde) ?<br />

C’est difficile à dire, mais je dirais de prioriser sur l’énergie,<br />

l’écologie et les ressources propres.<br />

Est-il mieux d’aérer en grand une pièce quelques<br />

minutes par jour ou de laisser la fenêtre entre<br />

ouverte ?<br />

D’aérer.<br />

Réponse juste


11<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Points de vue et avis de professeur-e-s<br />

sur le développement <strong>durable</strong><br />

Par Fabienne Morand<br />

Le développement <strong>durable</strong> n’est pas un sujet d’étude réservé aux géographes, mais s’étudie aussi bien en économie qu’en théologie.<br />

Afin d’avoir un regard croisé de différents domaines d’études, cinq professeur-e-s de l’Université de Neuchâtel se sont prêtés au jeu<br />

de l’interview, chacun d’eux représente une des cinq facultés que compte l’UniNE. Tous devaient également choisir un objet ou une<br />

image, synonyme ou antonyme de développement <strong>durable</strong>, pour illustrer l’interview. Découvrez ici un très court extrait des entretiens<br />

et rendez-vous à la fin du mois sur le site Internet de l’université où les interviews complètent seront disponibles.<br />

Milad Zarin-Nejadan est professeur ordinaire<br />

d’économie politique.<br />

1. A titre personnel, quelle est votre<br />

définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />

Comment est-ce que je peux vivre tout en me<br />

privant le moins possible pour faire en sorte que<br />

les ressources naturelles ne soient pas affectées<br />

de telle façon qu’il y en ait moins pour ceux qui<br />

viennent après ? A chaque décision que je dois<br />

prendre, je mets en balance mes intérêts propres<br />

et les intérêts de mes enfants et de leurs enfants.<br />

C’est un peu un leitmotiv.<br />

2. Comment conçoit-on le développement<br />

<strong>durable</strong> dans votre domaine d’étude ? En<br />

d’autres termes, sous quelle approche est-il<br />

ou pourrait-il être étudié ?<br />

Je regarde ça de manière très pratique, au-delà<br />

des grandes idées qu’on connaît d’après les<br />

définitions.<br />

Par exemple, l’OC<strong>DE</strong> (l’organisation de<br />

coopération et de développement économique)<br />

a eu le mérite de développer une check liste<br />

pratique pour voir si on est sur la trajectoire du<br />

développement <strong>durable</strong> ou pas. Sur cette check<br />

liste, il y a trois questions relativement concrètes.<br />

De l’eau du robinet, ça ne coûte presque rien, elle est<br />

d’excellente qualité en Suisse et ça ne produit pas de<br />

déchets.<br />

La première : Est-ce qu’il y a une rupture entre<br />

la croissance économique et la pollution? Si<br />

on veut atteindre l’objectif de développement<br />

<strong>durable</strong>, la première condition sine qua non, c’est<br />

qu’il y ait une cassure ; que le PIB du pays puisse<br />

continuer à croître, mais que les dégâts affligés à<br />

l’environnement décroissent.<br />

La deuxième : Est-ce que les préoccupations<br />

environnementales sont présentes dans tous<br />

les domaines de la politique économique ?<br />

Chaque fois qu’on prend une décision pour tracer<br />

une route, par exemple, est-ce qu’on pense à<br />

l’environnement ?<br />

La troisième question : Est-ce que les<br />

considérations économiques sont présentes<br />

dans la politique de l’environnement ? Pour<br />

que finalement, les objectifs de développement<br />

<strong>durable</strong> soient atteints à moindre coût possible<br />

pour les individus.<br />

L’OC<strong>DE</strong> a utilisé ces critères et continue de les<br />

utiliser pour évaluer les performances des pays<br />

membres. Ces critiques externes nous obligent à<br />

voir comment on peut s’améliorer. En Suisse, on<br />

a cette approche saine, de regarder surtout les<br />

mauvais points, pour essayer de voir comment on<br />

peut les améliorer pour la prochaine fois.<br />

3. Faites-vous ou aimeriez-vous faire passer<br />

cette notion de développement <strong>durable</strong><br />

dans vos cours ? Si non, pourquoi ?<br />

Comme vous avez senti, je suis un mordu de<br />

la chose. Par exemple, j’essaie de montrer aux<br />

étudiants comment une taxe écologique nous<br />

permet de respecter le principe de pollueurpayeur.<br />

Non seulement cela contribue à réduire<br />

la pollution, mais les recettes de cette taxe,<br />

peuvent contribuer à financer les programmes<br />

d’assainissement. Elles pourraient même être<br />

restituées à la population, par exemple comme<br />

en Suisse via une contribution à leurs primes<br />

d’assurances maladies. On peut aussi financer<br />

des campagnes d’informations, d’éducation, etc.<br />

4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />

lecteurs du Cafignon ?<br />

En fait, le conseil que je donnerais c’est que<br />

chaque fois qu’on doit prendre une décision,<br />

on y intègre automatiquement une réflexion<br />

par rapport à l’environnement, par rapport aux<br />

générations futures. Quand on doit décider de<br />

notre moyen de locomotion, de construire ou non<br />

un bâtiment, qu’on prenne le temps de réfléchir<br />

aux conséquences écologiques. En fait, le souci<br />

de développement <strong>durable</strong> doit influencer notre<br />

manière de penser et d’agir, ne serait-ce que pour<br />

nous même.<br />

5. Selon vous, dans quel domaine l’UniNE<br />

devrait-elle s’améliorer pour être plus<br />

<strong>durable</strong> ?<br />

Je pense qu’il y a beaucoup de choses. Nous<br />

professeurs, nous nous déplaçons beaucoup,<br />

pour aller à des conférences et jusqu’ici il n’y a<br />

pas cette réflexion de développement <strong>durable</strong>,<br />

plus précisément en terme de CO2.<br />

Je propose de créer un fond de compensation de<br />

CO2 pour que chaque fois qu’on prend l’avion, on<br />

soit obligé de compenser. Ca va aussi contribuer<br />

à sensibiliser les gens.


12<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Une photo d’un chêne illustrant l’anecdote définissant<br />

le développement <strong>durable</strong>.<br />

Christine Guy-Ecabert est professeure<br />

extraordinaire à la Faculté de droit<br />

1. A titre personnel, quelle est votre<br />

définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />

J’aimerais vous répondre en racontant une<br />

petite anecdote. Au 14e siècle, des menuisiers<br />

ont été chargés de construire au Royaume-Uni<br />

un bâtiment qui faisait partie d’un des grands<br />

complexes universitaires de l’époque. Quand<br />

ils l’ont construit, ils ont plantés cent chênes. Ils<br />

les ont plantés juste à côté parce qu’ils avaient<br />

pris conscience que les poutres neuves qu’ils<br />

mettaient en place allaient se détériorer avec<br />

le passage du temps et qu'il fallait déjà prévoir<br />

sur place les matériaux de remplacement. Je<br />

trouve que c’est une très jolie définition du<br />

développement <strong>durable</strong>.<br />

2. Comment est-ce que vous concevez<br />

le développement <strong>durable</strong> dans votre<br />

domaine d’étude ?<br />

Pour les juristes, c’est un principe qui est<br />

extrêmement important, on peut même dire un<br />

principe fondamental, puisque le développement<br />

<strong>durable</strong> est inscrit dans deux articles de la<br />

Constitution fédérale : dans l’article 2, en tant que<br />

but de l’activité de l’Etat, et dans l’article 73 qui<br />

en fait un principe constitutionnel, au même titre<br />

que l’égalité entre hommes et femmes.<br />

Ce qu’on peut dire aussi, d’un point de vue<br />

juridique, c’est qu’une personne ne peut pas<br />

se fonder directement sur l'article 73 de la<br />

Constitution fédérale pour obtenir une décision<br />

de justice. Elle ne peut pas faire valoir le droit au<br />

développement <strong>durable</strong> comme elle peut faire<br />

valoir le droit à l’égalité de traitement. Il faut que<br />

ce principe soit intégré et précisé par les lois.<br />

L'article 73 de la Constitution fédérale commence<br />

néanmoins à être appliqué par les tribunaux. Il<br />

y a notamment une jurisprudence intéressante<br />

en matière de gravières où le Tribunal fédéral<br />

s'est fondé sur ce principe du développement<br />

<strong>durable</strong> pour dire qu’on ne pouvait pas<br />

indéfiniment puiser dans des réserves naturelles<br />

de gravier et qu’on devait essayer de trouver<br />

des solutions de remplacement avec d’autres<br />

matériaux de construction pour préserver<br />

ce patrimoine naturel.<br />

3. Est-ce que vous faites ou aimeriez<br />

faire passer un peu plus cette notion de<br />

développement <strong>durable</strong> dans vos cours ?<br />

Personnellement, je suis très sensible à la<br />

transmission de ce principe, justement<br />

dans la perspective d’une responsabilité<br />

intergénérationnelle. Pour moi c’est, en tant<br />

qu’enseignante, une chose importante de transmettre<br />

ce principe à ceux qui nous succéderont,<br />

parce que c’est un des principes qui pourrait nous<br />

aider à garder une planète viable. Or, une planète<br />

viable ne l'est pas seulement du point de vue<br />

écologique, social et économique. C’est aussi une<br />

planète dans laquelle on apprend à s’exprimer,<br />

à interagir, à refuser les idéologies, à quitter la<br />

logique du « j’ai raison, les autres ont tort », à<br />

entrer dans une logique de partage, de respect,<br />

de confiance mutuelle. J’ai cette grande chance<br />

de donner un cours de médiation dans lequel,<br />

précisément, je m’efforce de transmettre ces valeurs<br />

à mes étudiants. Pour moi, c’est une dimension<br />

qui fait aussi partie du développement <strong>durable</strong>.<br />

4. Et votre petit conseil Eco geste pour les<br />

lecteurs du Cafignon ?<br />

Je leur dirais qu’on pourrait tous ensemble<br />

planter des chênes ; planter des chênes… dans la<br />

ville. Parce que c’est aussi l’aspect que je trouvais<br />

joli dans l’anecdote anglaise. Les menuisiers<br />

auraient pu penser à planter des chênes dans<br />

la forêt voisine, mais ils ont eu cette idée du lien<br />

géographique et fonctionnel dans la perspective<br />

d'un approvisionnement futur.<br />

5. Selon vous, dans quel domaine<br />

l’Université de Neuchâtel devrait-elle<br />

s’améliorer pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />

Je répondrai en rappelant que l’Université de<br />

Neuchâtel a, paradoxalement, un atout majeur<br />

pour durer, c’est sa petitesse. En matière de<br />

développement <strong>durable</strong>, c’est un atout essentiel,<br />

parce qu’il offre une grande facilité d’entrer en<br />

lien et de consolider ces liens. J’ai par exemple<br />

beaucoup de contacts individuels avec les<br />

étudiants et je connais bien presque tous les<br />

assistants de notre Faculté. L’Université de<br />

Neuchâtel doit encore davantage mettre en<br />

valeur cet atout presque unique en Suisse. C'est<br />

aussi une façon de planter des chênes à proximité<br />

de l'institution! <br />

Lytta Basset est professeure ordinaire et vicedoyenne<br />

de la Faculté de Théologie<br />

1. A titre personnel, quelle est votre<br />

définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />

J’associe le développement <strong>durable</strong> au<br />

développement personnel. Je dirais que le<br />

développement <strong>durable</strong> implique autant la<br />

personne individuelle que la société dans<br />

laquelle elle vit. On ne peut plus aujourd’hui dire<br />

« je m’occupe de mes petites affaires et puis la<br />

planète je m’en fiche ».<br />

Je crois qu’on n’est plus dans cette idée que<br />

tout va s’améliorer tout seul. Il y a cette notion<br />

d’un développement qui vient de l’intérieur, et<br />

je ne peux pas dissocier le développement de<br />

la personne du développement de l’humanité.<br />

On ne peut pas sacrifier l’un pour l’autre. Nous<br />

sommes tous concernés par le développement<br />

<strong>durable</strong>, quel que soit l’endroit de la planète où<br />

nous habitons.<br />

2. Comment conçoit-on le développement<br />

<strong>durable</strong> dans votre domaine d’étude ?<br />

J’enseigne la théologie pratique, avec des<br />

outils assez spécifiques concernant la manière<br />

d’accompagner quelqu’un dans sa recherche<br />

de sens. Les gens aujourd’hui sont énormément<br />

en quête de pistes pour avancer dans leur vie<br />

personnelle. C’est un domaine qui, pour moi,<br />

est un terreau tout à fait fertile pour réfléchir au<br />

développement <strong>durable</strong>. Déjà, en commençant<br />

par le petit rayon où l’on habite, on peut vivre de<br />

façon à ce que ce soit viable à long terme - et non<br />

seulement viable, mais agréable à vivre.<br />

De nombreux textes bibliques permettent de<br />

faire le lien avec ce qu’est le développement<br />

<strong>durable</strong>. Parce qu’on a quand même massacré<br />

cette planète, un peu comme on a aussi massacré<br />

l’être humain. Je dirais que la prise de conscience<br />

qu’il faut protéger les droits de l’enfant est<br />

relativement récente. Je vois donc un parallèle<br />

entre la prise en compte des plus menacés<br />

dans l’humanité et celle des espèces menacées.<br />

Finalement, on se rend compte que tout cela<br />

émane de la même volonté de domination et de<br />

prise de pouvoir, qui amène à la destruction. On<br />

est complètement au cœur du travail théologique,<br />

tel que l’on peut le faire dans cette Faculté.


13<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Les livres « La Chair et le Souffle » parle de<br />

développement personnel<br />

Je dirais que ce sont deux produits à prohiber ; le soja<br />

que l’on donne aux animaux et l’huile de palme que<br />

l’on utilise pour les humains. Parce que ce sont deux<br />

produits, qui on le sait, génèrent de fortes atteintes<br />

à l’environnement, tout particulièrement à la<br />

biodiversité. Il faut conscientiser ceux qui les utilisent<br />

ou qui y ont recours. On pourrait presque encore<br />

rajouter la canne à sucre puisque je rentre de l’Etat<br />

de Sao Paulo, c’est une monoculture à perte de vue<br />

absolument effrayante : un vrai désert vert !<br />

3. Faites-vous ou aimeriez-vous faire passer<br />

cette notion de développement <strong>durable</strong><br />

dans vous cours ? Si non, pourquoi ?<br />

Oui, j’aimerais en faire davantage et, en fait,<br />

rien ne m’empêche de le faire. Il y a différentes<br />

branches en théologie, mais en théologie<br />

pratique, on a peut-être un avantage énorme à<br />

cet égard, car notre travail consiste à faire le lien,<br />

constamment, avec les réalités d’aujourd’hui.<br />

La fresque biblique qui raconte la Création<br />

sous la forme d’un récit mythique montre les<br />

implications directes de notre manière de<br />

nous comporter. Une responsabilité énorme<br />

est reconnue à l’individu : « soumettez la terre,<br />

dominez-la », mais dans le sens de la respecter,<br />

non de l’anéantir. Les nouveaux comportements<br />

s’acquièrent progressivement et je pense que<br />

les professeurs d’université, dans la mesure où<br />

ils sont bien informés, peuvent sensibiliser les<br />

étudiants.<br />

4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />

lecteurs du Cafignon ?<br />

Souvent, je me pose la question « est-ce que tu<br />

as vraiment besoin de ça ? Ce n’est pas parce que<br />

les autres ont tous acheté la même chose que toi<br />

tu en a aussi besoin ».<br />

Pour en revenir à la question, il y aurait beaucoup<br />

de choses à dire. Disons que je suis effarée par<br />

les sacs en plastic et les dégâts qu’ils font, donc<br />

on pourrait arrêter de les utiliser et prendre des<br />

sacs qui se plient dans une petite poche et sont<br />

réutilisables.<br />

5. Selon vous, dans quel domaine l’UniNE<br />

devrait-elle s’améliorer pour être plus<br />

<strong>durable</strong> ?<br />

Je suis effarée par le gaspillage de l’électricité,<br />

il y a un gros problème d’habitude. L’Université<br />

pourrait installer des détecteurs de mouvements,<br />

par exemple. J’ajouterais la nécessité du tri<br />

généralisé des déchets, même si cela se fait déjà<br />

avec le papier. <br />

François Hainard est professeur ordinaire,<br />

directeur de l’institut de sociologie et président<br />

du Sénat.<br />

1. A titre personnel, quelle est votre<br />

définition du développement <strong>durable</strong> ?<br />

Les quatre axes qui apparaissent dans la définition<br />

du développement <strong>durable</strong> sont intéressants,<br />

mais qui selon moi, sont souvent contradictoires,<br />

en particulier parce qu’on n’inclut pas vraiment<br />

les inégalités et les rapports de force, dans le sens<br />

que la durabilité souvent peut coûter cher. On<br />

peut prendre l’exemple de Minergie, qui permet<br />

seul aux gens aisés d’avoir ce type de logement.<br />

De même le rapport de force inégalitaire entre<br />

le Nord et le Sud n’est que peu considéré : on<br />

continue aujourd’hui de prélever, on pourrait<br />

presque dire piller, les réserves naturelles, ou<br />

les biens des ressources non renouvelables,<br />

dans l’hémisphère sud paradoxalement pour<br />

se donner bonne conscience ici en faisant de la<br />

durabilité.<br />

J’ajouterais encore qu’on se moque totalement<br />

des générations futures.<br />

Pouvez-vous donner un exemple concret quand<br />

vous parler de se moquer des générations futures?<br />

La définition rappelle qu’il faut agir aujourd’hui<br />

pour préserver les générations futures.<br />

Actuellement nous n’arrivons pas à trouver<br />

les dispositifs pour l’enrayer ou nous ne nous<br />

donnons pas les moyens pour trouver ces<br />

dispositifs de sorte à enrayer cette perte<br />

irrémédiable.<br />

2. Comment conçoit-on le développement<br />

<strong>durable</strong> dans votre domaine d’étude ?<br />

Je crois qu’il y a tout d’abord la question des<br />

valeurs, des représentations collectives ou<br />

d’une manière générale la prise en compte des<br />

cultures, si vous voulez. On sait que valeurs,<br />

savoirs et représentations sont des éléments qui<br />

vont avoir une incidence très importante sur les<br />

comportements et les pratiques individuelles et<br />

collectives. On doit donc savoir que ces aspects<br />

là sont des éléments déterminants. On doit<br />

aussi savoir que les comportements quotidiens<br />

qui interfèrent avec l’environnement, sont<br />

étroitement liés à la position que l’on occupe dans<br />

la hiérarchie sociale, mais aussi à la formation<br />

acquise, au revenu. Donc il faut savoir prendre<br />

en compte les aspects sociaux, économiques<br />

et culturels, tout en étant à même d’avoir une<br />

lecture critique de la réalité.<br />

3. Faites-vous ou aimeriez-vous faire passer<br />

cette notion de développement <strong>durable</strong><br />

dans vous cours ?<br />

Alors oui dans les cours je recours parfois à<br />

cette notion, mais de manière irrégulière.<br />

Je traite parfois directement la question de<br />

l’environnement dans les aspects de changement<br />

social. Alors quand je peux le faire, je le fais.<br />

Parfois j’ai une thématique spécifique qui me<br />

permet de faire des liens, mais de manière<br />

irrégulière. Cela dépend du sujet enseigné.<br />

4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />

lecteurs du Cafignon ?<br />

C’est d’abord qu’ils recyclent leur journal, qu’ils<br />

ne le mettent pas dans la poubelle générale.<br />

Et la suggestion que je ferais, et que je me fais<br />

aussi à moi sachant que ce n’est pas facile, c’est<br />

d’être cohérent entre les propos et les discours<br />

que l’on tient avec les pratiques que l’on a. Parce<br />

que si le discours écolo ou environnementaliste<br />

est souvent facile à tenir, par contre, la mise en<br />

acte est beaucoup plus difficile et moi-même je<br />

me surprends parfois à être tout à fait incohérent,<br />

même sur des choses qui m’interpellent !<br />

5. Selon vous, dans quel(s) domaine(s)<br />

l’UniNE devrait-elle s’améliorer pour être<br />

plus <strong>durable</strong> ?<br />

Il y a des questions certainement énergétiques,<br />

des questions qui sont déjà prises en compte<br />

et qui devraient certainement être améliorées.<br />

Quand vous arrivez dans la cafétéria de la Faculté<br />

des lettres et qu’en hiver vous devez rester avec<br />

le manteau et le bonnet sur la tête parce que la<br />

porte est juste dans l’axe de la bise, je m’interroge<br />

sur les compétences de l’architecte…<br />

Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose ?<br />

Oui, il y quelque chose que j’avais oublié de<br />

vous dire au début à propos du développement<br />

<strong>durable</strong>, les consignes sont très floues je trouve.<br />

Par exemple, il me semble que l’on ne tient jamais<br />

compte de l’énergie grise quand on met en place<br />

des programmes de réduction énergétique, il<br />

faudrait le faire.


14<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Eva Schill est professeure ordinaire en<br />

géothermie<br />

1. A titre personnel, comment définiriezvous<br />

le développement <strong>durable</strong>?<br />

Je vois les choses un peu plus techniques. Ici<br />

on s’occupe de la géothermie et pour nous<br />

le développement <strong>durable</strong> c’est d’utiliser les<br />

ressources renouvelables pour produire de<br />

l’énergie et ce qui est très important, c’est de<br />

gérer ces ressources renouvelables d’une manière<br />

<strong>durable</strong>. Parce qu’on pourrait faire comme<br />

avec d’autres choses de la terre, les mines par<br />

exemples, où on récupère le matériel et après<br />

c’est fini. Avec la géothermie, on essaie vraiment<br />

de développer le système de manière <strong>durable</strong>.<br />

2. Et au niveau du développement <strong>durable</strong><br />

dans votre domaine d’étude, est-ce<br />

que vous pouvez un peu le développer,<br />

l’expliquer ?<br />

On essaie de développer des techniques pour<br />

la géothermie, qui nous permettent d’utiliser<br />

les ressources. Aujourd’hui, on pense qu’une<br />

ressource géothermique à une durée de vie de<br />

30 ans en moyenne. En fait, nous on travaille avec<br />

des forages profonds et on essaie de récupérer la<br />

chaleur de la terre en faisant monter l’eau chaude<br />

dans en forage et dans l’autre forage on réinjecte<br />

l’eau froid pour que l’eau puisse se réchauffer.<br />

Un de nos buts dans le recherche, c’est d’essayer<br />

d’équilibrer le système d’une manière que ça<br />

puisse augmenter la durée de vie à 50 ans ou plus.<br />

Au niveau de la Suisse, il y a des zones ou c’est<br />

plus facile d’utiliser de la géothermie ou c’est par<br />

rapport au terrain qui est très variable ?<br />

C’est surtout les zones alpines qui sont très<br />

prêtées pour la géothermie. On a plusieurs<br />

sites avec des sources thermales. Aujourd’hui,<br />

ce sont des zones qu’on connaît très bien et<br />

là on a des températures maximales autour<br />

des 100 degrés qui peuvent être utilisées pour<br />

chauffer des bâtiments ou des bains. Plus en<br />

profondeur on a des températures plus hautes.<br />

Due à la perméabilité et à des températures plus<br />

favorables, les zones de Genève et du Nord-Est de<br />

la Suisse montrent un grand potentiel.<br />

La recherche en géothermie, c’est quelque chose<br />

qui est assez récent ?<br />

C’est quelque chose qui vient et va. La fluctuation<br />

va avec le prix du pétrole. Si le prix du pétrole<br />

est haut, les gens pensent que ça va finir<br />

vite et il faut faire quelque chose. Je pense<br />

qu’il y a aussi une certaine renaissance de la<br />

géothermie maintenant. La Suisse avait un grand<br />

programme de géothermie dans les années 1980.<br />

Maintenant, avec toute la discussion des énergies<br />

renouvelables et le prix du pétrole qui est très haut,<br />

ils ont retrouvé un peu l’esprit pour la géothermie.<br />

3. D’accord. Et est-ce que vous faites,<br />

dans vos cours, passer cette notion de<br />

développement <strong>durable</strong> ?<br />

Oui, exactement. C’est un des sujets principaux.<br />

4. Quel est votre conseil Eco geste pour les<br />

lecteurs du Cafignon ?<br />

Je trouve cette question très jolie, parce que mon<br />

conseil n’a rien à faire avec la géothermie. Mon<br />

conseil est que je pense que c’est très important<br />

de consommer moins. Parce que ce que je ne<br />

consomme pas, je ne dois pas le produire, alors<br />

c’est clair c’est un calcul facile à faire, que c’est<br />

meilleur de consommer moins. Produire de<br />

l’énergie <strong>durable</strong>, ça aussi c’est aussi important,<br />

je pense qu’au niveau de l’économie de l’énergie,<br />

c’est plus important de consommer moins. Et à<br />

l’université, je dirais que vous devez isoler les<br />

bâtiments. C’est là qu’on peut gagner vraiment<br />

beaucoup.<br />

5. J’ai justement gardé une dernière<br />

question, qui rejoins un peu ce que vous<br />

venez de dire, c’est dans quel domaine<br />

l’université de Neuchâtel devrait s’améliorer<br />

pour être plus <strong>durable</strong> ?<br />

Avec chaque rénovation de bâtiment, il faudrait<br />

isoler les bâtiments, pour moi c’est là, la première<br />

chose à faire. Pas seulement pour l’Université,<br />

mais pour tous les bâtiments.


15<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Une page se tourne<br />

à la FEN…<br />

une nouvelle s'ouvre<br />

Par Matthieu Lavoyer<br />

Eh oui, ça bouge à la Fédération des<br />

étudiants neuchâtelois! Après 22 mois de<br />

bons et loyaux services, Baptiste Hurni a<br />

quitté sa fonction de secrétaire général (SG)<br />

pour relever de nouveaux défis professionnels.<br />

Fort heureusement, son nouvel engagement<br />

au sein de l'entreprise Cité Al'FEN qui gère les<br />

logements estudiantins restera au service de<br />

la communauté universitaire. Actif de longue<br />

date au sein des associations d'étudiants, mais<br />

aussi de la politique universitaire et cantonale,<br />

Baptiste a su défendre les intérêts des étudiantEs<br />

et concrétiser nombre de projets. Ces deux<br />

dernières années ont ainsi vu se mettre sur pied<br />

la bourse aux livres informatisée, la pétition<br />

contre les prix prohibitifs de la cafétéria ou<br />

encore le lancement de l'initiative de l'UNES<br />

pour les bourses d'études (que vous avez bien<br />

sûr déjà signée). Ces grands projets ne sont<br />

que la pointe de l'iceberg, puisqu'en coulisse le<br />

secrétaire général de la FEN travaille activement<br />

pour la communauté estudiantine en étant à son<br />

écoute et en la représentant face au canton, au<br />

rectorat, aux facultés, etc. Le comité remercie<br />

donc Baptiste pour son action et lui souhaite<br />

pleine réussite pour la suite.<br />

Que ferions-nous sans SG ? Pour éviter de devoir<br />

répondre à cette effroyable question, le comité<br />

a déniché une nouvelle perle rare pour servir au<br />

mieux les étudiantEs. Il s'agit d'Anne Goumaz,<br />

25 ans, doctorante en droit public. Détentrice<br />

d'un Bachelor en droit à Neuchâtel, suivi d'un<br />

Master en droit de l'administration publique<br />

à Berne, Anne a déjà œuvré au sein de l'ANED<br />

et de l'ELSA. En parallèle de la rédaction de sa<br />

thèse, elle occupe donc depuis le 1er janvier le<br />

poste de secrétaire générale. A peine revêtue<br />

de ses nouvelles fonction, elle démarre déjà<br />

sur les chapeaux de roues en coordonnant la<br />

contestation de la nouvelle politique de la HEP-<br />

BEJUNE, contraignante pour les étudiantEs. Les<br />

membres du comité de la FEN lui souhaitent une<br />

cordiale bienvenue et se réjouissent de relever de<br />

nouveaux défis avec elle.<br />

La création d'un centre de langues au sein de<br />

notre Université, la poursuite des récoltes de<br />

signatures pour l'harmonisation des bourses<br />

d'études, les discussions avec la HEP-BEJUNE,<br />

la tenue d'un Forum entreprise, l'opposition<br />

aux velléités d'augmenter les taxes d'études…<br />

L'année 2011 s'annonce d'ores et déjà chargée<br />

mais prometteuse.<br />

Étudiantes et étudiants !<br />

Il ne manque plus que vous pour créer le débat,<br />

pour se faire entendre, pour défendre la condition<br />

estudiantine, pour proposer des projets… bref<br />

pour participer à la bonne marche de notre petit<br />

monde universitaire.


16<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Festi'Neuch, festival reponsable<br />

Par Jessica Vial<br />

Depuis son déplacement aux Jeunes-Rives en 2005, Festi'Neuch,<br />

évènement culturel majeur de la région neuchâteloise, a pris le<br />

virage du développement <strong>durable</strong>. Grâce à un secteur entièrement<br />

dédié à la cause, le festival s'engage pour assurer sa responsabilité<br />

écologique et sociale.<br />

Ecoparc, l'association mentionnée dans les précédents<br />

articles est basée à Neuchâtel et « a pour vocation de<br />

faciliter l’essor de projets urbains ou d’entreprise qui<br />

intègrent les principes du développement <strong>durable</strong>,<br />

soit l’efficacité économique, la solidarité sociale et la<br />

responsabilité écologique. Elle est apolitique et sans<br />

but lucratif. » www.ecoparc.ch<br />

Quatre soirs de concerts et des milliers<br />

de festivaliers qui débarquent sur<br />

les rives du lac de Neuchâtel, c'est<br />

évidemment un rassemblement festif autour<br />

des tendances musicales d'aujourd'hui, mais<br />

cela engendre aussi des besoins en eau et en<br />

éléctricité accrus, des tonnes de déchets, des<br />

moyens de transports à adapter, des fêtards un<br />

peu émêchés... et tant d'autres problèmes qui<br />

pourraient mettre en péril la durabilité d'une<br />

manifestation de grande ampleur, ou avoir<br />

un impact environnemental trop important.<br />

Voilà environ 6 ans que l'organisation du<br />

Festi'Neuch se penche sur les questions<br />

écologiques et sociales liées à un tel évènement,<br />

et propose chaque année de nouveaux<br />

aménagements pour préserver son avenir, et<br />

celui de la planète !<br />

Meilleur bilan écologique<br />

Depuis 2008, Festi'Neuch comporte un secteur<br />

entièrement dédié au DD, coordonné par<br />

Laetitia Estève, collaboratrice de l'association<br />

Ecoparc et bénévole depuis plusieurs années<br />

au sein du festival. Actuellement, ses champs<br />

d'action prioritaires sont la mobilité, les déchets,<br />

la santé sociale ainsi que l'accueil des personnes<br />

handicapées. Et l'engagement porte ses fruits !<br />

« En 2010, 2100 personnes ont pris nos navettes<br />

pour rentrer du festival, contre 700 en 2009. Notre<br />

but serait que les festivaliers n'aient plus besoin<br />

de prendre la voiture », explique la responsable.<br />

Un partenariat avec Neuchâtel'Roule, qui propose<br />

des vélos en libre-service, pousse également de<br />

plus en plus de mélomanes à laisser leurs engins<br />

à moteur au garage. Du côté des déchets aussi, un<br />

large progrès a été réalisé avec la mise en place<br />

d'un système de gobelets réutilisables en 2010:<br />

« Nous sommes arrivés à 42% de tri des déchets.<br />

Nous nous rapprochons de la moyenne suisse,<br />

qui est à 50% ».<br />

Responsabilité sociale<br />

Du côté de la santé sociale, divers stands<br />

d'entreprises ou d'associations spécialisées<br />

prennent place sur le site de la manifestation pour<br />

sensibiliser le public aux différents problèmes liés<br />

à la fête, comme la prévention contre le SIDA ou<br />

la conduite en état d'ivresse. L'association « Be<br />

My Angel » par exemple, offre des bons pour<br />

des boissons non-alcoolisées aux conducteurs.<br />

Festi'Neuch désire également permettre aux<br />

personnes à mobilité réduite de profiter des<br />

concerts « comme tout le monde ». Grâce à une<br />

équipe d'encadrement formée par ProInfirmis et<br />

à l'aménagement de l'accès aux différents sites,<br />

les festivaliers handicapés peuvent aujourd'hui<br />

profiter de la fête: «Nous avons de la chance car<br />

le site des Jeunes-Rives est totalement à plat !»,<br />

précise Laetitia Estève. Quant à la journée des<br />

familles organisée le dimanche, elle permet<br />

d'ouvrir le festival à un public plus large, dans un<br />

cadre adapté.<br />

Pragmatisme de mise<br />

Toutefois, malgré les progrès réalisés notamment<br />

au niveau environnemental, la responsable du DD<br />

se montre réaliste: «Il faut rester pragmatique.<br />

Un tel évènement a de toute manière un impact<br />

environnemental et il est difficile de le rendre<br />

complètement écolo... on ne peut pas éclairer<br />

les concerts à la bougie ! ». Selon elle, les points<br />

où l'amélioration est encore possible en matière<br />

d'écologie sont le tri des déchets et la mobilité<br />

mais aussi la diminution de l’énergie grise. De<br />

plus, même si l’organisation du Festi'Neuch<br />

repose essentiellement sur un travail bénévole,<br />

il y a une limite à ce qu’on peut demander aux<br />

gens, malgré beaucoup de bonne volonté.<br />

Malgré cela, Laetitia Estève y voit un potentiel de<br />

développement encore riche: « Nous pouvons<br />

encore améliorer les navettes grâce à une bonne<br />

information. Il manque réellement de places de<br />

parc en ville ! Il y a également encore à faire du<br />

côté de la sensibilisation. Il faudrait pouvoir faire<br />

un vrai bilan, secteur par secteur, pour mieux<br />

orienter notre action.»<br />

Popularité en hausse<br />

Autre point positif, l'image positive dont jouit<br />

désormais le DD auprès du grand public. « Il y a<br />

10 ans, c'était encore un truc d'écolos.<br />

Aujourd'hui, cela parle aux gens... mieux encore,<br />

cela peut commencer à devenir gênant si l'on ne<br />

s'en préoccupe pas ! », s'enthousiasme Laetitia<br />

Estève.<br />

Festi'Neuch n'entend donc rien révolutionner,<br />

mais veut avant tout s'inscrire dans une<br />

optique de durabilité et de responsabilité au<br />

niveau écologique et social. Et si l'association<br />

Ecoparc n'est pas directement mandatée<br />

par la manifestation, la présence de l'une<br />

de ses collaboratrices au sein de l'équipe de<br />

bénévoles est un intérêt dans les deux sens:<br />

Festi'Neuch bénéficie de ses connaissances en<br />

développement <strong>durable</strong>, et Ecoparc, au travers<br />

de l'expérience de Laetitia Estève sur les Jeunes-<br />

Rives, gagne une expérience certaine dans la<br />

collaboration avec les manifestations.


17<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

CONCOURS PHOTO<br />

3x3 billets pour une soirée<br />

à Festi'Neuch<br />

Envie de passer une soirée entre amis au<br />

festival ? A vos flashes, voici la marche<br />

à suivre:<br />

Trouve deux potes motivés. Faites-vous<br />

prendre en photo dans la même pose<br />

que sur l'affiche Festi'Neuch ci-dessous.<br />

Envoyez-nous votre cliché à l'adresse<br />

suivante: journal.lecafignon@unine.ch .<br />

Un jury cafignoneux-festineuchien<br />

choisira les trois meilleures photos et<br />

récompensera les 9 modèles d'une<br />

entrée au festival chacun !<br />

Dernier délai pour l'envoi:<br />

30 avril 2011.<br />

prŽ sente<br />

Main sponsor<br />

festi<br />

neuch<br />

.ch<br />

Concept et crŽ ation: www.cosmic.ch, photographie: www.chouchoux.ch<br />

CONCOURS MERCHANDISING<br />

gagne des produits griffés Festi'Neuch (valeur: 39 CHF)<br />

Pour remporter un t-shirt (homme ou femme) ou des lunettes à l'effigie du festival,<br />

répondez aux trois questions suivantes, liées à l'article « Festi'Neuch,<br />

festival responsable » et envoyez vos réponses à l'adresse journal.lecafignon@unine.ch<br />

Premier prix: Un t-shirt homme ou femme Festi'Neuch<br />

Deuxième prix: Une paire de lunettes de soleil Festi'Neuch<br />

En quelle année le Festival a-t'il été déplacé aux Jeunes-Rives ?<br />

Quel est le pourcentage de déchets triés sur le site de Festi'Neuch ?<br />

Quelle association est présente sur le site du festival pour faire de la prévention contre<br />

l'alcool au volant ?<br />

Dernier délai pour l'envoi: 30 avril 2011


18<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Le nouveau plan d'étude<br />

de la HEP-Bejune;<br />

une affaire qui n'a pas fini<br />

de faire parler d'elle<br />

Par Cathy Bürki<br />

La HEP-Bejune a beaucoup fait parler d'elle ces derniers temps<br />

dans les couloirs de l'Unine. Au centre des discussions, l'entrée en<br />

vigueur du nouveau plan d'étude de l'institution pour la rentrée<br />

2011, laquelle ne fait pas que des heureux, loin s'en faut. En cause,<br />

l'apparition de nombreux désagréments pour les étudiants, dont<br />

notamment un prolongement des études. Suite à la publication<br />

de ces informations au début du mois de décembre 2010, un<br />

petit groupe d'étudiants s'est rassemblé pour protester contre<br />

ces changements. Julien Beuret, étudiant en deuxième année de<br />

Master à l'Unine et instigateur du mouvement, nous expose les<br />

principaux éléments de l'affaire.<br />

Julien Beuret, peux-tu tout d'abord nous<br />

expliquer quelles sont les formations<br />

proposées par la HEP-Bejune?<br />

Pour les étudiants sortant de l'université, la<br />

HEP-Bejune propose deux formations; soit la<br />

formation secondaire 1 qui permet d'enseigner<br />

dans les écoles secondaires, soit la formation<br />

secondaire 1 et 2 qui permet d'enseigner dans<br />

les écoles secondaires et dans les écoles de<br />

maturité comme le lycée par exemple. La HEP-<br />

Bejune ne propose donc pas, au contraire de bien<br />

d'autres HEP en Suisse, de formation uniquement<br />

en secondaire 2, laquelle dure une année. C'est<br />

un inconvénient car l'étudiant qui se destine à<br />

enseigner dans une école de maturité n'a d'autres<br />

choix que de suivre la voie secondaire 1 et 2, qui<br />

est plus longue que la voie secondaire 2.<br />

Quels sont les principaux changements<br />

occasionnés par l'introduction du nouveau<br />

plan d'étude de la HEP-Bejune?<br />

Le changement le plus conséquent concerne<br />

la durée des études. Avec l'ancienne formule,<br />

la formation secondaire 1 durait un an et demi<br />

et valait 90 crédits. Avec le nouveau règlement,<br />

la formation passe à deux ans à temps complet<br />

et vaut 108 crédits. Pour ce qui est de la voie<br />

combinée secondaire 1 et 2, on passe à deux<br />

ans à temps complets ou trois ans à mi-temps<br />

alors qu'avant on était à deux ans de formation,<br />

dont une année à mi-temps. La durée des études<br />

est donc sensiblement rallongée. De plus,<br />

l'ancien système permettait aux étudiants de<br />

commencer la formation combinée secondaire<br />

1 et 2 tout en terminant des crédits de Master.<br />

Puisque la formation était à mi-temps, c'était<br />

tout à fait possible. Maintenant, ça ne l'est<br />

plus, à moins de prolonger la formation d'une<br />

année. Autre point non négligeable, avec<br />

l'ancienne formule les étudiants pouvaient<br />

facilement avoir un travail à côté des études.<br />

Le nouveau règlement rend cela très difficile.<br />

Un autre changement important concerne les<br />

exigences en matière de langues étrangères.<br />

Désormais, les étudiants devront détenir un<br />

certificat de niveau C1, comme par exemple<br />

l'Advanced pour l'anglais, dans la langue qu'ils<br />

désirent enseigner. Le problème, c'est que de<br />

tels examens et les cours de préparations qu'ils<br />

nécessitent sont onéreux. Pour ma part, je ressens<br />

également cela comme une dévalorisation du<br />

travail qui est fait à l'université. Un étudiant qui<br />

suit un cursus de cinq ans à l'université, lequel<br />

comprend des dissertations, des présentations<br />

orales et encore bien d'autres activités, me<br />

semble déjà suffisamment compétent. De plus,<br />

le certificat de niveau C1 est requis tant pour le<br />

niveau secondaire 1 que pour le secondaire 2.<br />

Il est étrange qu'on demande exactement les<br />

mêmes compétences pour enseigner dans deux<br />

niveaux différents.<br />

Le nouveau plan d'étude entrera<br />

normalement en vigueur dès la rentrée<br />

2011. Quand est-ce que les changements<br />

concernant ce dernier ont-ils été<br />

communiqués?<br />

Le nouveau plan de formation a été publié sur<br />

internet au début du mois de décembre 2010.<br />

C'est tout simplement inadmissible que la HEP<br />

n'ait pas communiqué ces informations plus tôt.<br />

Avec le nouveau règlement, nombreux sont les<br />

étudiants qui se retrouvent coincés car ils avaient<br />

par exemple prévu de terminer des crédits de<br />

Master à la HEP. Ils n'ont donc d'autres choix que<br />

de rallonger d'une année leur formation à la HEP<br />

alors qu'ils auraient probablement pu s'arranger<br />

autrement s'ils avaient eu connaissance plus vite<br />

de l'introduction du nouveau plan d'étude.<br />

Autre élément à prendre en compte, la HEP<br />

introduit ces modifications pour répondre aux<br />

nouvelles exigences de la CDIP, la Conférence<br />

suisse des directeurs cantonaux de l'instruction<br />

publique, lesquelles ont été établies en 2005. La<br />

HEP a donc eu plus de cinq ans pour appliquer ces<br />

nouvelles mesures en douceur, en installant un<br />

régime transitoire et en informant correctement<br />

les personnes concernées. Mais rien de tout cela<br />

n'a été fait.<br />

Face à ces changements jugés inadmissibles,<br />

tu as décidé de réagir. De quelle façon t'es<br />

-tu organisé?<br />

L'élément déclencheur a été la publication du<br />

nouveau plan d'études sur internet au début<br />

du mois de décembre. J'étais vraiment révolté


19<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

lorsque j'ai vu cela. J'en ai donc discuté avec<br />

plusieurs personnes, dont Leslie Raval qui fait un<br />

Bachelor à l'Unine et qui était aussi consternée<br />

que moi. On a alors décidé de réagir et on s'est<br />

adressé à la FEN qui nous a beaucoup aidés dans<br />

nos démarches. Une séance d'information a<br />

rapidement été organisée le 21 décembre. Une<br />

quarantaine d'étudiants ainsi que des professeurs<br />

et des membres de la direction de l'UNINE ont<br />

répondu à notre appel. Après ces discussions,<br />

nous sommes passé aux choses sérieuses et avons<br />

rédigé une lettre adressée à la direction de la HEP.<br />

Nous y avons dénoncé tant le prolongement<br />

des études que le manque de communication<br />

et l'absence de régime transitoire. Nous avons<br />

conclu en demandant une non-entrée en vigueur<br />

du nouveau plan d'étude ou alors, au pire des cas,<br />

un report de deux ans. Parallèlement, nous avons<br />

contacté Philippe Gnaegi, Conseiller d'Etat du<br />

canton de Neuchâtel en charge du département<br />

de l'éducation ainsi que son homologue pour<br />

le canton du Jura, Elisabeth Baume-Schneider.<br />

Tous deux ont affirmé prendre en compte nos<br />

revendications et s'intéresser au problème.<br />

Papier Hallu, Journal N°18 du cinéclub halluciné<br />

FILMER TUE<br />

8 films sur la fumée<br />

Avec la restriction de la cigarette dans les lieux<br />

publics, on la voit de moins en moins souvent.<br />

Mauvaise pour la santé, elle est également de<br />

moins en moins tolérée sur le grand écran. Pourtant,<br />

Halluciné souhaite rappeler qu’au cinéma, la<br />

fumée peut également être de la poésie. Ainsi, le<br />

cycle du printemps 2011 sera composé de 8 films<br />

dans lesquels la fumée brouille encore l‘écran.<br />

22 mars au cinéma Bio<br />

Rusalka (Mermaid)<br />

d‘Anna Melikian<br />

Russie_2008_118 min<br />

avec M. Shalaeva et Y. Tsyganov<br />

Rusalka est un film poétique et surprenant sur une jeune<br />

femme russe qui grandit au bord de la mer, puis déménage à<br />

Moscou après une tempête dévastatrice qu‘elle a provoquée<br />

pour fuir sa vie ennuyeuse entre une grand-mère gâteuse et<br />

une mère volage. Elle se balade dans la ville déguisée en téléphone<br />

portable pour gagner un peu d‘argent et rencontre<br />

son prince charmant en la personne d‘un vendeur de terrain<br />

sur la lune suicidaire.<br />

Anna Melikian a écrit son deuxième long métrage spécialement<br />

pour Masha Shalaeva qui interprète le rôle d‘Alisa. Avec<br />

son aura „lunaire“, elle enchante le film et jusqu‘aux scènes<br />

les plus crues comme quand elle débarque chez un jeune<br />

homme avec des capotes et de la vodka.<br />

22 février au cinéma Bio<br />

Nikotina<br />

de Hugo Rodriguez<br />

Mexique_2003_92 min<br />

avec D. Luna, L. Crespi, D. Gimenez Cacho et J. Ochoa<br />

À 21h17 en ville de Mexico, une chaîne catastrophique débute<br />

et finit exactement une heure et demie après. Nikotina<br />

raconte, en temps réel et à une vitesse folle, l’histoire de Lolo<br />

(Diego Luna), un pirate informatique introverti qui observe<br />

sa jolie voisine Andrea grâce à des caméras cachées. Il pénètre<br />

le serveur d‘une Banque cantonale de Suisse pour son<br />

ami criminel Nene. Mais du coup, par une méprise banale<br />

des CDs, les événements se précipitent et une tuerie à la<br />

Tarantino prend son chemin.<br />

Nikotina, couronné par plusieurs prix, est un thriller comique<br />

mexicain en rose et noir. Hugo Rodriguéz met en scène un<br />

télescopage de trajectoires, ponctué de dialogues philosophiques<br />

sur la meilleure façon de fumer une cigarette ou de<br />

mourir entre Nene un fumeur passionné et son ami Tomson<br />

non-fumeur.<br />

5 avril au cinéma Bio<br />

Smoke<br />

de Wayne Wang<br />

USA_Allemagne_1995_110 min<br />

avec H. Keitel, W. Hurt et S. Channing<br />

Smoke, inspiré d’une nouvelle de Paul Auster, est une ode à<br />

Brooklyn, le quartier de New York. Tandis qu’un métro aérien<br />

serpente entre des immeubles gris, des clients échangent des<br />

anecdotes dans un magasin de cigares. Deux plans, quelques<br />

secondes à peine, et, soudain, on éprouve l‘impression<br />

étrange d‘être né ici et d‘avoir toujours vécu dans la boutique<br />

de cigares d‘Auggie, au coin de la 3e et de la 7e Rue. Auggie, à<br />

première vue, est un mec trapu et vaguement bourru. Seulement,<br />

comme tous les héros de Smoke, Auggie n‘est pas celui<br />

qu‘il parait être. Il a un secret. C‘est ce que découvre Paul, un<br />

écrivain déglingué depuis la mort de sa femme, qui vient régulièrement<br />

lui acheter deux paquets de Schimmelpenninck,<br />

sans lesquels la vie lui serait encore plus intolérable. Sinueux<br />

comme les volutes de fumée d’une cigarette, ce film rassemble<br />

des tranches de vies de plusieurs personnages new-yorkais<br />

subtils et attachants.<br />

8 mars au cinéma Bio (journée des femmes)<br />

Smoking (Smoking / No Smoking)<br />

d‘Alain Resnais<br />

France_1993_140 min<br />

avec S. Azéma et P. Arditi<br />

Un village du Yorkshire. Celia Teasdale, femme du directeur<br />

de l’école, fait le ménage de printemps dans son cottage.<br />

Lors d’une pause, sur la terrasse, elle hésite… puis prend<br />

une cigarette. Arrive alors Lionel Hepplewick, le gardien de<br />

l’école, qui doit s’occuper du jardin…<br />

Salué par la critique, récoltant de nombreuses récompenses,<br />

le film de Resnais nous invite à prendre part à un jeu de<br />

rôles drôle et subtil, où neuf personnages sont interprétés<br />

admirablement par deux comédiens en état de grâce!<br />

L‘origine du titre réside dans le choix que fait un personnage<br />

au début de l‘histoire : fumer une cigarette ou non. Conçu<br />

comme un arbre à plusieurs ramifications, le récit revient<br />

régulièrement en arrière pour montrer ce qu‘il serait advenu<br />

aux personnages s’ils avaient agit autrement! «Ou bien», «ou<br />

bien»… à ne pas manquer !<br />

19 avril au cinéma Bio<br />

Good Night, and Good Luck<br />

de George Clooney<br />

USA_2005_93 min<br />

avec G. Clooney, P. Clarkson et D. Strathaim<br />

Good Night, and Good Luck revient sur ce qui a fait chuter<br />

le sénateur Joseph McCarthy en 1958 en pleine période<br />

de chasse aux communistes, notamment grâce à l‘équipe<br />

journalistique de Edward R. Murrow sur la chaîne CBS. Le<br />

titre du film reprend la formule qu‘Ed R.Murrows employait<br />

systématiquement pour conclure ses émissions de radio et<br />

de télévision.<br />

« Good night, and good luck propose, en même temps qu‘une<br />

antidote à l‘instrumentalisation du grand écran par le docucoup-de-poing,<br />

le versant jazzy et enfumé de l‘utopie rossellinienne:<br />

faire tenir un énorme désir de démocratie dans un<br />

tout petit poste de télé » (Cahiers du cinéma)<br />

« George Clooney vient donc de réaliser un grand film<br />

politique...de gauche. Et ça, à l‘heure actuelle, ça demande le<br />

respect.» (Rolling Stone)<br />

Est-ce que tu penses que votre démarche<br />

va aboutir?<br />

Nous avons reçu une réponse de la HEP qui<br />

nous propose d'organiser une rencontre entre<br />

la direction de l'institution et notre groupe<br />

de protestation afin de discuter du problème.<br />

On attend donc ce rendez-vous, qui aura<br />

normalement lieu au début du mois de mars, pour<br />

savoir à quoi s'en tenir. D'autre part, des discussions<br />

au niveau politique vont également avoir lieu<br />

prochainement. L'objectif sera donc de trouver<br />

un bon compromis qui satisfasse tout le monde.<br />

Mais pour l'instant, il faut être un peu patient.<br />

Si le nouveau plan d'étude est tout de même<br />

appliqué à la rentrée 2011, n'y a-t-il pas un risque<br />

que les étudiants ne décident d'aller suivre leur<br />

formation d'en d'autres HEP de Suisse?<br />

Alors ça c'est sûr. Lors de notre séance<br />

d'information le 21 décembre, plusieurs étudiants<br />

nous ont dit qu'ils s'étaient organisés et étaient<br />

déjà inscrits dans d'autres HEP, comme Lausanne<br />

ou Fribourg. Cela dit, rien n'est encore perdu, il ne<br />

faut pas lâcher le morceau. <br />

3 mai au cinéma Bio<br />

Hans im Glück<br />

de Peter Liechti<br />

Suisse_2003_90 min<br />

«Mes rêves vont de mal en pire (...). Cette nuit, j‘ai rêvé du<br />

Maroc. Précisément du Maroc qui ne m‘avait encore jamais<br />

intéressé. (...) Ma copine me quitte pour un Marocain, un ami<br />

vient me voir, mais il ne veut pas rester, non, il loge chez un<br />

Marocain. (...) Je me réveille, la bouche sèche et je comprends:<br />

La vengeance de ma cigarette... Marocaine!! Marocaine Extra!»<br />

Peter Liechti choisit un moyen peu commun pour arrêter de<br />

fumer: il se met en route à pied pour une sorte de pèlerinage<br />

de Zurich, où il habite, à Saint Gall, où il a grandi. Il répète par<br />

trois fois cet exercice en raison de rechutes. Dans ses bagages,<br />

il emmène une caméra et un appareil enregistreur et il tire<br />

de ce retour aux sources à visée thérapeutique un film peu<br />

commun. Ce «road movie piéton» accompagne le réalisateur<br />

dans ses pérégrinations, documente les effets de l‘abstinence,<br />

les rencontres qu‘il fait avec des fumeurs comme avec des<br />

non-fumeurs et la beauté des paysages de la Suisse orientale.<br />

17 mai au cinéma Bio<br />

Smoke Signals (Phoenix, Arizona)<br />

de Chris Eyre<br />

USA_1998_89 min<br />

avec A. Beach, E. Adams, I. Bedard et G. Farmer<br />

Smoke signals est le premier film de l’histoire du cinéma<br />

entièrement réalisé et interprété par des Indiens d’Amérique.<br />

Pour Chris Eyre, le réalisateur, le film est marqué par l’idée du<br />

retour à la maison : « Pour moi, c’est un thème obsédant : voici<br />

un type, Arnold, qui a toujours voulu rentrer chez lui et demander<br />

pardon à son fils et qui, au lieu de cela, meurt tout seul,<br />

comme un chien, à des milliers de kilomètres […] ».<br />

Sous la forme d’un road movie assez cocasse, le spectateur<br />

suit l’histoire de Victor, le fils d‘Arnold, alors âgé d’une vingtaine<br />

d’année, et de son ami Thomas, qui quittent la réserve<br />

d’Indiens de l’Idaho pour ramener les cendres de son père<br />

mort en Arizona.<br />

Remarqué au célèbre festival du cinéma indépendant américain<br />

de Sundance, le film de ce jeune réalisateur de 28 ans,<br />

dépeint la psychologie sociale actuelle d’un peuple déraciné<br />

sur sa propre terre.<br />

Ve 10 juin OPEN AIR, Faculté des Lettres<br />

Ces merveilleux fous volant<br />

dans leurs drôles de machines<br />

de Ken Annakin<br />

Grande Bretagne_1965_138 min<br />

avec S. Whitman, S. Miles et J. Fox<br />

En 1910 les plus grands aviateurs du monde veulent se mesurer<br />

à l’occasion d’une course Londres-Paris. Séduit par cette idée,<br />

Lord Rawsley, directeur d’un grand journal londonien, parraine<br />

cette traversée de la Manche même si l’aspect international<br />

ne semble pas l’enthousiasmer plus que ça: “The trouble with<br />

these international affairs is they attract foreigners.”<br />

Les concurrents vont rivaliser d’acrobaties pour une prime<br />

extraordinaire et les beaux yeux de la fille du mécène, fiancée<br />

au favori anglais de la compétition.<br />

A noter que le film a été tourné avec des répliques d’avions<br />

d’époque équipés de moteurs modernes. Les aventures et<br />

mésaventures des pilotes venus des quatre coins de la planète<br />

ne manqueront pas de vous enchanter.<br />

Ve 6 - Sa 7 mai à l‘Aula des Lettres<br />

Les très courts (< 3min)<br />

Le festival des très courts, c’est la projection d’une cinquantaine<br />

de films en sélection internationale.<br />

Ces projections sont organisées simultanément dans<br />

près d’une cinquantaine de villes en France mais aussi<br />

tout autour du monde...<br />

La projection dure un peu plus de deux heures avec<br />

une pause au milieu.<br />

pour plus d‘informations consultez notre site web:<br />

www.halluciné.ch<br />

Lieux: Cinéma Bio, Fbg. du Lac 27, Neuchâtel<br />

ou Aula des Lettres, Unine<br />

Heure: Bar dès 20h, Film à 20h30<br />

Prix: 8 CHF, membres 5 CHF<br />

Contact: hallucine.info@unine.ch<br />

Aryan Martin: 079 569 40 92


20<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

HOMMAGE À NOTRE VILLE<br />

Par Isabelle Lapotre<br />

Personne n’est sans savoir que la ville de Neuchâtel est le chef lieu<br />

du canton de Neuchâtel. Elle fête également ses mille ans cette<br />

année. Retour sur mille ans de vie et zoom sur une année riche en<br />

célébrations.<br />

Piqûre de rappel historique :<br />

A l’occasion des mille ans de la ville de Neuchâtel,<br />

il est nécessaire que chacun d’entre nous<br />

puisse faire un point sur son histoire. Le nom<br />

de « Novum Catellum » apparaît pour la toute<br />

première fois le 24 avril 1011, dans une donation<br />

du roi de Bourgogne Rodolphe III à son épouse<br />

Irmengarde.<br />

« Au nom de la très Sainte et Indivise<br />

Trinité, Rodolfe, Roi par la Clémence<br />

de Dieu ; qu'il soit connu de tous les<br />

hommes, nés ou à naître, que, poussé par<br />

amour conjugal et conseillé par les grands<br />

de mon royaume, je donne à ma très<br />

chère épouse Irmengarde, [...] la résidence<br />

royale de Neuchâtel, avec ses esclaves,<br />

servantes et toutes ses dépendances. »<br />

La ville s’étend ensuite et la charte, signée par<br />

les seigneurs de Neuchâtel en 1214, aide la<br />

bourgeoisie à prospérer. Le commerce et les<br />

banques y sont déjà monnaie courante pour vivre<br />

une vie aisée. Neuchâtel est florissante.<br />

De 1707 à 1806 et de 1813 à 1848, le canton de<br />

Neuchâtel est dirigé par la Prusse depuis Berlin.<br />

Le statut du canton se complique grandement<br />

en 1815. Trois nouveaux cantons rejoignent la<br />

Confédération des cantons : Valais, Genève et<br />

Neuchâtel. Ainsi, le canton de Neuchâtel est-il<br />

prussien ou suisse ?<br />

C’est le premier mars 1848, qu’une nouvelle<br />

page se tourne non seulement pour la ville<br />

mais aussi pour le canton. Les montagnards<br />

venus du Locle et de la Chaux de Fonds<br />

descendent fusil à l’épaule pour reprendre le<br />

château de Neuchâtel des mains des Prussiens.<br />

A leur tête, Fritz Courvoisier. Cette désormais<br />

appelée « Révolution Neuchâteloise » se déroulera<br />

sans effusion de sang mais son message reste<br />

fort : Neuchâtel est suisse. L’Indépendance<br />

neuchâteloise est remportée. La République est<br />

proclamée dans la foulée, le 2 mars, de la bouche<br />

d’Alexis-Marie Piaget. Aux yeux de l’Europe,<br />

l’affaire se conclut le 26 mai 1857 avec le traité de<br />

Paris, qui officialise la séparation entre Neuchâtel<br />

et la Prusse.<br />

Jusqu’à aujourd’hui, de plus petits évènement<br />

ont fait de la ville ce qu’elle est maintenant. Le<br />

recul n’est pas assez grand pour savoir s’ils ont<br />

bouleversé l’Histoire. Neuchâtel est toujours<br />

enviée pour son beau lac paisible et ses<br />

bâtiments en pierres jaunes de Hauterive - dont<br />

notre Université fait partie -. Peut-être pas, en<br />

revanche, pour être le chef-lieu d’un des cantons<br />

où les impôts sont les plus élevés de Suisse.<br />

Célébrations à foison :<br />

La célébration du Millénaire de Neuchâtel ne<br />

se fera pas sur l’unique journée du 24 avril. Elle<br />

s’étendra, en effet, du mois d’avril au mois de<br />

septembre. C’est pour cette raison que le projet<br />

avait déjà été lancé en octobre 2009. La ville faisait<br />

appel à toutes les personnes et surtout à toutes<br />

les associations intéressées par l’organisation<br />

d’un petit évènement pour la commémoration.<br />

Les réponses furent nombreuses puisque 110<br />

projets avaient été remis. Les évènements<br />

sont organisés par trois organismes distincts<br />

– bien que tous en collaboration - : les<br />

productions du Millénaire, du Musée d’art et<br />

d’histoire et les programmations associées<br />

(associations socioculturelles et sportives).<br />

L’alliance des trois nous offre une année 2011<br />

chargée en hommages, dont voici un aperçu.<br />

Un des évènements phares de ces festivités sera<br />

le lancement du Batz. Le Batz est une monnaie<br />

neuchâteloise qui circulait notamment durant le<br />

18ème siècle. Ce lancement a pour but de faire<br />

revivre une ancienne monnaie neuchâteloise<br />

mais aussi un savoir-faire. C’est pour ces deux<br />

raisons que le Batz sera accompagné de la mise<br />

en service d’un atelier monétaire au sein de<br />

la ville de Neuchâtel. Cela permettra au grand<br />

public d’aller observer ce savoir-faire peu connu<br />

et peut-être même de frapper une ou deux<br />

pièces. Même si la date précise du lancement<br />

n’est pas établie, le projet est ambitieux. La ville<br />

a invité tous les commerçants à s’inscrire sur<br />

une liste afin de signaler s’ils sont prêts ou non<br />

à accepter le payement en Batz. Cette inscription<br />

n’était possible que jusqu’au 11 février. Le pari est<br />

risqué pour la ville car cette monnaie ne pourra<br />

se dépenser en dehors de la ville-même. Elle ne<br />

restera peut-être qu’une simple pièce de monnaie<br />

souvenir comme on en trouve aux pieds de<br />

certains grands monuments touristiques. L’autre<br />

possibilité, et il s’agit là de celle défendue par la<br />

ville, serait de « sensibiliser aux modes d'utilisation<br />

de la monnaie à différentes époques de la ville et<br />

par conséquent aux poids et mesures qui géraient<br />

la vie quotidienne ».<br />

A partir du samedi 2 avril, une mise en bouche<br />

sera déjà disponible, les festivités ne commençant<br />

réellement que vingt jours plus tard. Il s’agit de<br />

vous mettre au point, si vous ne l’êtes toujours<br />

pas, sur l’Histoire de Neuchâtel et du canton<br />

entier. Vous pourrez vous rendre au Musée d’art<br />

et d’histoire de Neuchâtel. L’exposition s’intitulera<br />

« Neuchâtel : une histoire millénaire ». Elle<br />

retracera l’histoire de la ville de Neuchâtel, mise<br />

en relation avec le monde et la Suisse. La relation<br />

avec les habitants sera également présente,<br />

au travers de portraits personnels de certains<br />

citoyens neuchâtelois, le but de l’exposition, et<br />

plus globalement du Millénaire étant de faire<br />

découvrir la ville sous un angle différent et de<br />

manière ludique.<br />

Ce sera le vendredi 22 avril, deux jours avant les<br />

mille ans officiels de la ville, que la célébration<br />

commencera.


21<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Informations supplémentaires<br />

sur les évènements<br />

Le site officiel :<br />

www.1000ne.ch<br />

Pour le programme :<br />

http://live.event1000ne.ch/<br />

Pour être un « allumeur » :<br />

http://www.1000ne.ch/index.php/fr/<br />

participes/allumeurs-de-la-fete-du-millenaire<br />

Le dimanche 24 avril, la nuit neuchâteloise<br />

s’illuminera de 100 000 bougies, un projet<br />

bien ambitieux qui se déroulera au centre ville.<br />

Pour cela, l’artiste Muma sera encadré de 1 000<br />

allumeurs bénévoles - et volontaires -. Ceux<br />

qui le souhaitent peuvent faire partie des 1 000<br />

allumeurs en remplissant un formulaire sur le<br />

site internet du Millénaire. Le terme en lui-même<br />

prête à sourire, mais la « mise à feu » le jour-J<br />

promet d’être un moment magique. Ce n’est pas<br />

un hasard si cette illumination se déroulera le<br />

jour exact des 1’000 ans, la ville veut marquer les<br />

esprits. Il ne reste plus qu’à espérer que le temps<br />

ne sera pas caractériel ce jour-là.<br />

Les plus courageux auront déjà ouvert la marche<br />

avec « La chasse au trésor en ville de Neuchâtel ».<br />

Les guides interprètes indépendantes proposent<br />

de se balader en ville en suivant un plan – une<br />

sorte de carte au trésor – qui révèle les merveilles<br />

que cache notre ville. Il est facile de passer devant<br />

un monument sans y faire attention et ces guides<br />

se proposent de diriger le regard des marcheurs.<br />

Pour cela, elles ont ponctué la chasse au trésor<br />

de vingt questions qui pimenteront un peu la<br />

balade. Il faudra lever les yeux, en prenant garde<br />

à ne pas être éblouis par le soleil.<br />

En effet, les beaux jours reviendront vite après<br />

ce début de fête. Pour cela, du dimanche 15 mai<br />

au dimanche 28 août, le projet « Les chemins de<br />

la ville aux mille histoires » se propose de faire<br />

bouger la population. Le but est surtout de faire<br />

redécouvrir des lieux que les neuchâtelois ne<br />

© Ania<br />

regardent plus du tout, ou qu’ils n’ont jamais<br />

connus. Les guides seront « plus ou moins<br />

officiels et plus ou moins honnêtes dans ce qu’ils<br />

vont raconter » selon la vidéo publiée sur le<br />

site internet du Millénaire. Il s’agit d’une bonne<br />

occasion pour sortir et, encore une fois, poser un<br />

regard nouveau sur ce qui nous entoure.<br />

Le samedi 10 septembre, il faudra que toute la<br />

population de Neuchâtel se mette sur son trente<br />

et un. Le Château de Neuchâtel, lieu tant chargé<br />

d’histoire, accueillera tous ceux qui le voudront<br />

pour danser toute la nuit. Ce bal en tenue de<br />

soirée a été organisé par deux associations : la<br />

Société des Anciens de la Junior Entreprise (SAJE)<br />

et la Société d’Etudiants Belles-Lettres. Ces deux<br />

associations faisant partie de l’Université de<br />

Neuchâtel, ce sera un peu le bal des étudiants<br />

après tout. Les musiques seront tirées de toutes<br />

les époques pour que des générations entières<br />

puissent s’amuser tous en cœur et chanter tous<br />

en chœur.<br />

Le dimanche 25 septembre, il faudra faire la<br />

clôture de cette année riche en célébrations.<br />

Et quoi de mieux pour boucler la boucle que<br />

de se greffer à une fête déjà bien connue des<br />

Neuchâtelois. Cette célébration n’est autre que<br />

la fête des Vendanges ! Un corso fleuri intitulé<br />

« dans le mille » défilera dans les rues. Il sera<br />

ensuite peu probable que la fête des Vendanges<br />

ne soit pas bondée cette année encore.<br />

Cette liste n’est pas exhaustive, bien sûr. Bien<br />

d’autres évènements sont présentés sur le site<br />

internet du Millénaire. Malheureusement, pour<br />

le moment certaines descriptions ne sont pas<br />

présentes et d’autres mériteraient d’être plus<br />

exhaustives. Les quelques vidéos postées en<br />

accompagnement expliquent mieux l’angle<br />

abordé par les différents acteurs. Il s’agit là d’un<br />

avantage du Millénaire : c’est avant tout une<br />

occasion pour certaines associations de se faire<br />

connaître grâce à leur participation. Ainsi, il est<br />

possible de parrainer un arbre ou encore de<br />

participer à la fête des voisins. Le Millénaire n’est<br />

pas un évènement unique mais l’addition d’une<br />

multitude de petits évènements. L’inconvénient<br />

possible est que finalement les visiteurs ne<br />

sachent plus vraiment qui a organisé tel ou tel<br />

évènement. Mais ils leur feront découvrir la<br />

ville sous un autre angle, qu’il soit économique,<br />

culturel ou historique, le lien entre les projets<br />

étant parfois ténu. Celui avec le Millénaire l’est<br />

aussi également. Le projet du Millénaire est<br />

un projet d’envergure qui se veut ludique et<br />

centré sur la (re)découverte de la ville. L’absence<br />

de l’alliance avec la Marche du Premier Mars<br />

est d’ailleurs étrange puisque l’année 1848<br />

marque un tournant dans l’histoire du canton.<br />

Malgré tout, si vous ne pouvez pas attendre<br />

jusqu’au 2 avril, vous pouvez d’ores et déjà vous<br />

plonger dans l’ouvrage de Jean Pierre Jelmini.<br />

Cet historien avait lancé le Millénaire en avantpremière<br />

en publiant son livre « Neuchâtel 1011-<br />

2011 » en décembre 2010. Dans celui-ci, il répond<br />

à mille et une questions sur la ville au travers de…<br />

mille articles.


22<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

TÉLÉPHONE MOBILE VS ORTHOGRAPHE<br />

Par Isabelle Lapotre<br />

C’est d’un long combat que nous allons traiter aujourd’hui. Depuis<br />

une dizaine d’années déjà, les jeunes et les moins jeunes sont<br />

accusés de saborder leur orthographe. Alors, à qui la faute ?<br />

L’orthographe n’est pas une chose acquise, il<br />

faut la travailler. C’est pour cela qu’il y a dix<br />

ans, les grammairiens pointaient du doigt<br />

le langage dit « SMS». Cela consistait, et consiste<br />

toujours, à ne pas écrire les mots dans leur<br />

intégralité. Il faut les raccourcir pour gagner du<br />

temps - et de l’argent par la même occasion -. Ainsi,<br />

MSN et le succès interplanétaire du SMS étaient<br />

désignés comme coupables sans même avoir<br />

été présumés innocents. MSN, bien qu’il n’ait pas<br />

encore disparu, a cessé d’éveiller un engouement<br />

chez les jeunes. Il a été remplacé par Facebook,<br />

Twitter et autres réseaux sociaux. Le SMS, lui,<br />

continue son petit bonhomme de chemin.<br />

Comme l’expression « je te le dis texto » nous le<br />

rappelle, il s’agit d’un message bref qui va droit<br />

au but. Le langage SMS porte bien son nom. Un<br />

SMS vaut 160 caractères, c'est-à-dire 160 lettres,<br />

espaces compris. Il est devenu le moyen de<br />

communication privilégié par beaucoup et nous<br />

ne sommes pas les seuls à l’avoir compris.<br />

Ainsi, nous avons vu apparaître des avantages<br />

“jeunes“ sur les SMS. Les forfaits sont centrés<br />

autour de lui pour que l’on puisse communiquer<br />

plus rapidement. L’outil dictionnaire permet<br />

de parer à la mauvaise orthographe en nous<br />

proposant des mots déjà entrés dans la mémoire<br />

du téléphone. Personne ne perd de temps, mais<br />

à quel prix ?<br />

Avec les derniers natels sortis, un « nouveau »<br />

phénomène a été porté à la lumière du jour.<br />

Les téléphones font profiter les opérateurs de<br />

quelques surcoûts sur la facture de leurs clients<br />

grâce à une chose toute simple : toutes les<br />

lettres ne décomptent pas le même nombre de<br />

caractères. Il ne faut pas croire à un problème<br />

lié uniquement à votre téléphone, il s’agit bien<br />

là de quelque chose de normal. L’explication ne<br />

vient pas des opérateurs mais des fabricants<br />

de téléphone. Un message de 160 caractères<br />

correspond à 1'120 bits. Chaque signe est<br />

encodé pour représenter 7 bits, 7 multiplié par<br />

160 nous donnant 1 120 bits. Cependant, certains<br />

caractères n’ont pas été encodés de cette manière<br />

et pèsent plus de 7 bits, ce qui réduit le nombre<br />

de caractères possibles.<br />

Le Nokia 7230, vendu 1.- pour l’achat d’un<br />

abonnement Swisscom, en est un premier<br />

exemple. Les smileys coûtent trois signes, rien<br />

de plus normal puisqu’ils comprennent bien trois<br />

lettres : « :-) ». Lorsque l’on écrit le mot « pates »<br />

- orthographiquement incorrect si l’on parle de<br />

l’aliment -, il nous reste 155 sur les fameux 160<br />

caractères. Admettons que l’on s’applique à<br />

écrire « pâtes » il ne nous reste alors que 65/160<br />

caractères. Conclusion, un accent circonflexe<br />

ne vaut pas moins de 90 signes. Si le message<br />

comporte une ou deux fois le mot « même », il est<br />

facile d’envoyer deux ou trois SMS à la fois alors<br />

qu’il comprend en soit moins de 160 caractères.<br />

Sans un peu d’attention, la facture peut être<br />

salée. La manœuvre est aussi démontrable avec<br />

le « ç », le « ë » ou le « œ ». La prochaine question<br />

à se poser est la suivante : ce natel est-il une<br />

exception ? « Non, plusieurs marques se mettent<br />

à le faire », répond un employé de chez Swisscom,<br />

à Lausanne.<br />

Et ce n’est pas une affirmation faite à la légère.<br />

En creusant un peu sur les forums internet,<br />

le constat est qu’il ne s’agit même pas d’un<br />

phénomène nouveau. Le LG Chocolate sorti en<br />

2006 subtilisait déjà 90 signes pour un accent<br />

circonflexe. Le Sonix XP1 ainsi que le HTC desire<br />

ne font pas exception à la règle. Et si l’on demande<br />

quelle solution s’offre à nous, s’il y a possibilité<br />

de « réparer » cette anomalie, la réponse est la<br />

suivante : « La seule solution est d’arrêter d’écrire<br />

correctement. » Un petit panel de solutions s’offre<br />

maintenant aux accros des textos. Dans tous les<br />

cas, on ne peut pas être économe et regardant<br />

sur l’orthographe. Il faut choisir. La première<br />

alternative serait d’opter pour l’écriture lettre<br />

par lettre ou encore pour les 500 SMS proposés<br />

gratuitement aux jeunes sur X-trazone. Si vous<br />

ne voulez pas abandonner votre mode T9 (ou<br />

dictionnaire), il vous faudra prendre votre mal en<br />

patience et y entrer chaque mot piège comme<br />

si le mot n’existait pas. Ainsi, il est possible de<br />

créer un dictionnaire personnalisé. Le dernier<br />

conseil serait d’éviter d’écrire de trop longs SMS<br />

de « Joyeux Noël » ou de longues invitations à vos<br />

« fêtes ». Il est tellement facile de se faire avoir. <br />

Lapotre Isabelle<br />

La dictée<br />

Source: http://mooloozone.wordpress.com<br />

Informations sur l’enquête :<br />

Test effectué sur les marques suivantes :<br />

Nokia, LG, HTC, Sonim.


23<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

« We are Anonymous.<br />

We are Legion, We do not forget.<br />

We do not forgive. Expect us. »<br />

Décryptage d'un phénomène difficilement<br />

descriptible, mais dont les actions ont des<br />

conséquences non-négligeables actuellement,<br />

Anonymous.<br />

Par Hugo Babel<br />

A<br />

l'origine, il y a “4chan“, un forum créé en<br />

2003 par un étudiant de 15 ans et alter-ego<br />

américain du forum japonais “2chan“. Bien<br />

qu'il soit possible d'y utiliser un pseudonyme,<br />

la majorité des posts (messages) de la section<br />

Random (/b/) ont pour auteur "anonymous".<br />

Anonymous devient alors progressivement le<br />

nom englobant les utilisateurs du forum, comme<br />

entité.<br />

Les règles principales du /b/ sont que rien n'est<br />

sacré ni hors-limite. Les posts sont souvent<br />

accompagnés d'images, qui en explicitent le<br />

sens. /b/ a aussi son propre langage, hermétique<br />

pour quiconque ne l'a pas côtoyé suffisamment<br />

longtemps.<br />

Les premières mentions de l'existence<br />

d'Anonymous ont été le fait de Fox News Los<br />

Angeles. La chaîne de télévision a illustré en 2007<br />

les dangers du groupe par une vidéo montrant<br />

l'explosion d'un van, les décrivant comme des<br />

hackers carburant aux stéroïdes et les accusant<br />

de poster des menaces sur MySpace.<br />

Premières actions<br />

En janvier 2008, suite à une fuite, une vidéo<br />

provenant de l'Eglise de Scientologie est publiée<br />

sur internet; on y voit l'acteur et adhérent Tom<br />

Cruise glorifier ce mouvement. Les avocats de la<br />

Scientologie exigent des différentes plateformes<br />

de partage le retrait immédiat de la vidéo. Un<br />

des sites refuse et publie même cette requête.<br />

Dénonçant ce qu'ils estiment être une forme<br />

de censure, Anonymous déclare la « guerre à la<br />

Scientologie ». Diverses actions se succèdent,<br />

canulars par téléphone ou par fax, “attaque<br />

par déni de service“, dont le but est de rendre<br />

indisponible un service, dans le cas présent un<br />

site internet, en les surchargeant de requêtes<br />

spécifiques.<br />

Ces actes sont désapprouvés tant par les<br />

utilisateurs de 4chan que par les opposants<br />

de longue date à la Scientologie. Prenant en<br />

compte les critiques, Anonymous change alors<br />

de tactique et s'oriente vers une opposition<br />

pacifique et légale, en appelant ses membres<br />

à manifester. Les opposants à la Scientologie<br />

sont invités à manifester, avec un masque,<br />

devant les bâtiments de la Scientologie dans le<br />

monde entier. C'est à partir de ce moment que<br />

se popularise le masque de Guy Fawkes, apparu<br />

dans le film « V pour Vendetta », comme symbole<br />

d'Anonymous.<br />

Pour un internet libre<br />

En 2010, plusieurs compagnies de l'industrie<br />

cinématographique de Bollywood, mandatent<br />

Airplex Software pour attaquer, via déni de<br />

service, les sites d'hébergement qui ne se<br />

conforment pas aux demandes de suppression de<br />

fichiers. Se positionnant comme défenseurs d'un<br />

« internet libre et ouvert à tous », les activistes<br />

lancent « Operation Payback », qui s'attaque aux<br />

adversaires du piratage.<br />

En décembre 2010, Wikileaks est mis sous pression<br />

après le “cablegate“, durant lequel plus de<br />

200'000 télégrammes diplomatiques américains<br />

secrets sont divulgués au grand public. Amazon,<br />

PayPal, PostFinance refusent de transmettre<br />

les donations faites à Wikileaks. Anonymous<br />

s'attaque alors au site internet des différentes<br />

entreprises en les rendant inaccessibles. De son<br />

côté, Wikileaks dément toute responsabilité dans<br />

ces attaques. Suite à l'arrestation d'un jeune<br />

Néerlandais qui avait lancé une attaque par déni<br />

de service contre Visa et Mastercard, Anonymous<br />

décide de changer de stratégie: ils passent d'une<br />

action de représailles, à un système de diffusion<br />

efficace de l'information, Operation Leakspin. Le<br />

but est « de faire participer tous les internautes<br />

qui le souhaitent au partage et à l'analyse des<br />

câbles diplomatiques américains » publiés.<br />

Contre la censure<br />

Lors des révolutions en Tunisie et en Egypte, les<br />

gouvernements de ces pays ont tenté de limiter<br />

les informations ainsi que l'accès à internet.<br />

« Attristés » et « enragés » par le traitement<br />

réservé aux citoyens, les « hacktivistes »<br />

d'Anonymous se sont engagés, au nom de la<br />

lutte contre la censure, aux côtés des militants<br />

pour la démocratie. Durant les manifestations,<br />

ils ont rendu inaccessibles plusieurs sites du<br />

gouvernement Tunisien et Egyptien, ainsi que le<br />

site du parti au pouvoir en Egypte.<br />

Une chose est certaine, Anonymous ne peut<br />

laisser indifférent. Leur manière d'agir est sous<br />

le feu des critiques mais ils sont néanmoins<br />

soutenus par une partie de la population qui,<br />

contrairement à ce que certains veulent faire<br />

croire, n'est pas composée que d’asociaux, de<br />

cyber-dépendants ou de hackers.<br />

A l'heure où des spécialistes parlent d'une cyberguerre<br />

au cours des prochaines années, ne<br />

sommes-nous pas en train de vivre une ébauche<br />

des affrontements à venir?


24<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

D'Hiroshima à Mühleberg II<br />

Par Dimitri Paratte<br />

L'énergie nucléaire refait surface dans le monde médiatique et<br />

politique helvétique depuis l'arrivée de la conseillère fédérale<br />

pro-nucléaire Doris Leuthard à la tête du Département Fédéral<br />

de l'Energie, des Transports, de l'Environnement et de la<br />

Communication (<strong>DE</strong>TEC). C'est l'occasion de faire le point sur cette<br />

énergie coûteuse et dangereuse alors que nous serons amenés<br />

à nous prononcer d'ici 2 à 3 ans sur la construction de nouvelles<br />

centrales nucléaires en Suisse.<br />

Le lobby en Suisse<br />

La Suisse connaît plusieurs groupes de pression<br />

favorables à l’utilisation de l’énergie contenue<br />

dans la matière. L’association faîtière qui les<br />

regroupe tous s’est appelée Forum Nucléaire<br />

Suisse. Cette dénomination banale tente<br />

d’exprimer l’idée de transparence, qualité absente<br />

du milieu nucléaire. Ce dernier bénéficie d’un<br />

budget annuel dépassant les 3 millions. Il est<br />

constitué par les principaux électriciens (Alpiq,<br />

Axpo, Alstom, FMB), des physiciens enseignant à<br />

l'Institut Paul Scherrer et dans les EPFs ainsi que<br />

des politiciens. Mme Leuthard en est membre<br />

d'honneur... Il tente de véhiculer certains mythes<br />

relatifs à l’énergie nucléaire : sa faible émission<br />

de CO2, le bas prix de reviens de son kWh, son<br />

innocuité et la gestion <strong>durable</strong> de ses déchets.<br />

Un coût incalculable<br />

On sait que la construction des centrales<br />

nucléaires (CN) coûte très cher: les frais<br />

d'équipement pour la CN de Leibstadt (la plus<br />

puissante du pays) s'élevaient à 5,9 milliards en<br />

1985. Pour le reste, l'opacité est totale. Le rapport<br />

du <strong>DE</strong>TEC<br />

« Coûts réels de l’énergie nucléaire », qui répond<br />

à un postulat de la conseillère aux Etats Gisèle<br />

Ory, stipule explicitement qu'il « n’est pour l’heure<br />

pas possible d’effectuer un calcul sérieux du coût<br />

«réel» du nucléaire ». Après plus de 40 ans de<br />

fonctionnement des CN, on peut se demander :<br />

Quand sera-t-il l’heure ? On apprend aussi dans<br />

ce rapport que la recherche nucléaire est financée<br />

par la Confédération dans les mêmes proportions<br />

que la recherche pour les énergies renouvelables.<br />

Vive l'avenir !<br />

Des centrales mal assurées<br />

Un autre rapport de l'Office fédéral de la<br />

protection civile cette fois, évalue le risque<br />

humain et financier d'un accident majeur. Bilan:<br />

dégâts matériels se chiffrant à plus de 4000<br />

milliards de nos francs, contamination radioactive<br />

de la moitié du pays, 100'000 déplacés. On essaie<br />

de nous rassurer en affirmant que les électriciens<br />

sont assurés contre le risque nucléaire à hauteur<br />

de... 1,5 milliards. En cas de défaut de paiement<br />

ce serait aux contribuables de passer à la caisse!<br />

Un comble quand on sait que la Confédération<br />

refusait jusqu'à récemment d'assurer le risque<br />

géologique lié à la géothermie!<br />

Des gaz à effet de serre pour le climat<br />

L'extraction d'uranium est destructrice et très<br />

énergivore. Les concentrations sont de l'ordre<br />

de 1 à 5 g/kg. L'extraction de l'élément produit<br />

des déchets miniers radioactifs très volumineux<br />

souvent déposés à l'air libre et l'enrichissement<br />

isotopique fait intervenir de nombreux processus<br />

physico-chimiques très gourmands en énergie.<br />

L'extraction, l'enrichissement et le transport<br />

de l'uranium rend toute la filière nucléaire très<br />

largement émettrice de CO2. On démontre ainsi<br />

le mensonge d’une énergie prétendue propre<br />

pour le climat.<br />

Les radiations émises par les CN et leurs déchets<br />

sont nocives pour n'importe quel organisme<br />

vivant. Les radiations détruisent l'ADN, favorisent<br />

les mutations génétiques spontanées et les<br />

cancers.<br />

Le cauchemar des déchets<br />

La première CN a été mise en fonctionnement<br />

en URSS en 1954. Les déchets de la fission de<br />

l'uranium s'accumulent depuis lors. Le plutonium<br />

est certainement le plus connu d'entre eux,<br />

notamment à cause de sa demi-vie de 24'000 ans,<br />

son extrême toxicité (1μg/kg d'humain serait létal<br />

en cas d'ingestion) et sa radioactivité très élevée.<br />

C'est aussi un élément utilisé à des fins militaires<br />

dans les bombes. Il a été nommé selon le nom du<br />

roi des Enfers de la mythologie latine.<br />

La NAGRA, organisme scientifique chargé<br />

de trouver des solutions pour le stockage<br />

des déchets nucléaires, est financée par les<br />

exploitants des CN. Elle a établi un rapport pour<br />

le Conseil Fédéral dans lequel elle explique que<br />

les solutions proposées isoleront les déchets<br />

radioactifs de la biosphère pendant « très<br />

longtemps ». Merci pour la précision ! La géologie<br />

est très complexe, parfois compréhensible, mais<br />

jamais prévisible!<br />

La santé publique en jeu<br />

Presque 25 ans après la catastrophe de<br />

Tchernobyl, la mortalité due à l'accident nucléaire<br />

le plus grave de l'histoire est toujours sujette à de<br />

vives controverses. L'OMS reconnaît 4'000 morts<br />

liés à l'accident alors que Greenpeace avance le<br />

nombre de 100'000 morts. Il faut peut-être voir<br />

dans ce positivisme béat une conséquence du<br />

lien juridique qui lie l'Organisation Mondiale de<br />

la Santé et l’Agence Internationale de l’Energie<br />

Atomique. En effet, ces deux organisations<br />

onusiennes ont signé un accord qui assure une<br />

« coopération mutuelle » dans les questions<br />

relatives à la santé et au nucléaire...<br />

D'Hiroshima...<br />

L'industrie nucléaire est née lorsque les Etats<br />

militarisés tels que les USA, l'URSS et la France<br />

ont voulu amortir les sommes faramineuses<br />

investies dans l'armement nucléaire. Ces<br />

armes des puissants ont été utilisées dès leur<br />

conception comme une marque de pouvoir et<br />

de supériorité absolue. L'apogée de la dissuasion<br />

nucléaire fut liée au triomphe des blocs. L'OTAN


25<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

ou les troupes du Pacte de Varsovie imposent<br />

alors leur chape de plutonium sur l'ensemble<br />

des peuples. Aujourd'hui, ce sont environ 20'000<br />

ogives nucléaires qui sont prêtes à accomplir leur<br />

but mortel.<br />

Les USA investirent plus de 20 milliards de<br />

dollars dans le Manhattan Project, programme<br />

de recherche nucléaire initié par l'impulsion<br />

d'Einstein. Le 6 août 1945, 70’000 personnes<br />

moururent explosées, brûlées, cuites ou encore<br />

irradiées par Little Boy. Au total, le bombardement<br />

d'Hiroshima fit environ 140'000 morts. Nagasaki<br />

vit son nom lié pour l'éternité à celui d’Hiroshima<br />

le 9 août 1945.<br />

... à Mühleberg II<br />

65 ans plus tard l'industrie nucléaire s'est civilisée.<br />

Les électriciens souhaiteraient construire trois<br />

nouvelles CN dans notre pays. C’est notamment<br />

le projet de la construction d’une deuxième<br />

CN à Mühleberg. Le conseil fédéral et son<br />

administration ne veulent pas faire les choix<br />

nécessaires pour enfin dépasser cette ère des<br />

blocs où la maîtrise nucléaire était synonyme de<br />

puissance. Si l'information à la population n'était<br />

pas contrecarrée par les campagnes massives<br />

et mensongères du forum nucléaire, il serait<br />

aujourd'hui évident pour tous que le nucléaire<br />

est une technologie qui menace notre existence,<br />

celle des générations futures et qui pollue notre<br />

environnement de manière globale.<br />

Une orientation vers une économie plus propre,<br />

avec moins de gaspillage, plus de production<br />

énergétique locale et renouvelable et sans<br />

nucléaire est la clef de notre avenir. L'emploi, la<br />

recherche, l'environnement et l'économie toute<br />

entière sortiront renforcés de cette mutation<br />

nécessaire vers une société <strong>durable</strong>. Seule la<br />

volonté politique est pour l'instant trop faible<br />

pour faire les choix d'avenir qui s'imposent. Peutêtre<br />

que le peuple saura refuser la construction<br />

de nouvelles CN, lorsqu'on le consultera à ce sujet<br />

en 2013 ou 2014.<br />

J'invite toute personne intéressée par la<br />

thématique à venir participer à la projectiondébats-apéro<br />

sur le thème des déchets radioactif<br />

organisé dans le cadre du cycle de documentaires<br />

Gaïadoc à l'unimail, le mercredi 13 avril à 17h30.<br />

Enfin, si tu te sens concerné-e et que tu as envie<br />

de t'impliquer dans l'organisation de la campagne<br />

contre le nucléaire dans l'optique des votations,<br />

n'hésite pas à me contacter!<br />

Dimitri Paratte,<br />

étudiant hydrogéologue<br />

et délégué à l'Alliance neuchâteloise<br />

non au nucléaire.<br />

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*In Italian. All other programmes are held in English.


26<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Les joies de la colocation<br />

Par Muriel Chiffelle<br />

De nos jours, la part d’étudiants en<br />

recherche d’un logement plus près de<br />

leur lieu d’études demeure élevée et<br />

semble s’accroître. Les différentes options qui se<br />

présentent aux étudiants se réduisent bien vite<br />

aux choix les moins coûteux, faute de budget<br />

plus conséquent. Figurant parmi les solutions<br />

les plus prisées dans le domaine du logement, la<br />

colocation est devenue un mode de vie dont on<br />

commence à beaucoup parler.<br />

La vie en colocation suscite continuellement de<br />

nombreuses réactions. De plus, des sites internet<br />

consacrés à ce thème fleurissent un peu partout<br />

sur le web. Bien sûr, rien n’est comparable aux<br />

conseils avisés d’amis vivant en colocation ou<br />

même aux expériences personnelles dans ce<br />

domaine. Pourtant, grâce à des sites tels que<br />

colocation.fr, on se retrouve vite avec de nouvelles<br />

pistes à explorer, ainsi que de nombreux<br />

conseils pratiques. Ce qui nous fait dire que bien<br />

organisée, une colocation peut être une réussite,<br />

ou du moins une expérience enrichissante dont<br />

on risque de se souvenir toute une vie durant.<br />

Petit détour parmi les conseils et règles distribués<br />

par colocation.fr concernant la vie en colocation.<br />

Commençons par la rubrique « règles de survie ».<br />

Et bien oui, des règles il en faut, même si elles<br />

peuvent paraître quelques peu rébarbatives.<br />

La première s’intitule « Courage » et concerne<br />

principalement la collaboration de chacun dans<br />

le rangement et nettoyage des affaires qu’il ou<br />

elle a utilisé. Cela paraît naturel, mais il vaut<br />

mieux que chacun soit au clair sur cette question<br />

dès le départ, afin d’éviter des tensions inutiles.<br />

Pour les « corvées », il en va de même, partage<br />

et répartition étant les mots d’ordre. On le dit<br />

souvent : effectuer une corvée à plusieurs rend la<br />

tâche moins pénible. D’autant plus que certains<br />

arrangements sont possibles pour le ménage,<br />

qui peut être effectué en alternance ou même<br />

en commun. Cette dernière solution présente<br />

surtout l’avantage d’une atmosphère de travail<br />

assez détendue. En ce qui concerne la chambre<br />

de chacun des colocataires, il vaut peut-être<br />

mieux que cela reste une affaire personnelle, une<br />

chambre étant en général le seul lieu d’intimité<br />

que l’on possède lorsque l’on vit à plusieurs.<br />

Des conseils sont également donnés quand à la<br />

gestion de la nourriture. Lorsqu’il s’agit de faire<br />

les courses ou des achats en commun, certaines<br />

inégalités d’ordre financier peuvent s’installer,<br />

c’est pourquoi le site colocation.fr recommande<br />

de définir certaines règles. Plusieurs options<br />

sont possibles, parmi lesquelles la création d’une<br />

bourse commune destinée à l’achat de biens de<br />

première nécessité (produits d’entretiens, de base<br />

tel que le sel, le sucre…). Quant à l’espace destiné<br />

aux biens de consommation, il peut être utile<br />

d’attribuer à chaque personne une place bien<br />

définie, car les malentendus arrivent vite.<br />

Colocation.fr distille également des conseils<br />

concernant la vie en communauté, proposant<br />

ainsi trois autres règles : « le code de conduite »<br />

impliquant « le respect », « la tolérance » et « la<br />

démocratie ». En effet, une bonne conduite envers<br />

chacun des colocataires se révèle nécessaire et<br />

l’adage que l’on peut souligner est : « Ne fais pas à<br />

autrui ce que tu n’aimerais pas qu’il te fasse ». Plus<br />

facile à dire qu’à faire ? Peut-être, mais en tant<br />

qu’étudiant, on ne peut nier le besoin « vital » de<br />

silence lorsque l’on veut vraiment se concentrer et<br />

il n’y a rien de pire que d’être privé de tranquillité<br />

dans ces moments là. La tolérance envers l’autre<br />

demande également des efforts, car il arrive à<br />

chacun de se tromper de temps en temps ou<br />

d’être d’une humeur « massacrante ». Enfin, la<br />

démocratie se doit d’être exercée lorsque des<br />

décisions concernant l’ensemble des colocataires<br />

doivent être prises, tel que le choix d’un nouveau<br />

colocataire par exemple.<br />

La question du loyer est également abordée par<br />

le site français de colocation. Celui-ci propose<br />

quelques pistes à suivre. Premièrement, le<br />

montant d’un loyer devrait être divisé par le<br />

nombre de colocataires et non pas en fonction de<br />

la taille des chambres. Ensuite, il est recommandé<br />

à l’ensemble des colocataires d’un même<br />

appartement de contracter une assurance civile<br />

(RC) recouvrant les potentiels dégâts matériels.<br />

De plus, afin de veiller au respect de touts ces<br />

règles, le site propose un modèle de charte que<br />

tous les colocataires peuvent signer.<br />

Quant au côté humain de la colocation, de<br />

précieux conseils sont donnés. La cohabitation<br />

à trois personnes est ainsi montrée du doigt<br />

comme étant la source de nombreux problèmes,<br />

ainsi que la colocation entre amis, avec lesquels<br />

les exigences sont plus élevées. Cependant, des<br />

solutions existent pour tenter de trouver un<br />

bon colocataire. Colocation.fr cite par exemple<br />

le genre de questions à poser à son/sa future<br />

colocataire et conseille de découvrir le mode<br />

de vie de l’autre afin de voir s’il correspond au<br />

nôtre. Tout est question de « feeling » comme on<br />

a l’habitude de dire.<br />

Le témoignage d’un colocataire sur le sujet<br />

se révèle intéressant. C’est le cas de Romain,<br />

un jeune homme qui partage son histoire<br />

sur colocation.fr. Habitué à la colocation, il a<br />

pourtant eu quelques problèmes lorsqu’il a voulu<br />

reformer sa propre colocation. En recherche de<br />

colocataires, Romain a alors eu l’idée de créer une<br />

colocation virtuelle : le but était de rencontrer<br />

des candidats potentiels satisfaisant à certains<br />

critères. Après de nombreuses rencontres,<br />

Romain a enfin découvert les colocataires<br />

qu’il cherchait. Ensemble, ils ont dû batailler<br />

pour trouver un appartement. C’est dire si les<br />

recherches d’appartement pour une colocation<br />

sont ardues. La vie en colocation ? Une entreprise<br />

qui semble difficile à mener mais qui peut se<br />

révéler étonnante de surprises.<br />

Et vous, avez-vous déjà vécu en colocation ou<br />

le faites-vous actuellement ? Alors faites-nous<br />

part de vos réflexions sur cette mode touchant<br />

beaucoup d’étudiants ! <br />

Colocation.fr :<br />

http://www.colocation.fr/homepage.php


27<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Le bouc émissaire,<br />

une autre catégorie d'humain?<br />

Par Nadia Barth<br />

Sorcières, étrangers, arabes, juifs, gitans, noirs... les mots sont<br />

différents et pourtant à travers l'histoire, ils n'ont cessé d'inspirer les<br />

mêmes paranoïas. Tout le monde connaît le mécanisme ancestral<br />

du «bouc émissaire» qui consiste à accuser un individu ou un groupe<br />

minoritaire d’être à l’origine des maux dont peut souffrir la société<br />

dans son ensemble. De la Bible aux “Lettres persanes“ de Montaigne<br />

en passant par “L'étranger“ d'Albert Camus, cette persécution<br />

quasi-nécessaire a donné naissance à une large littérature.<br />

Pourtant, le mécanisme ne cesse de se reproduire, changeant<br />

de forme et de victime. Aurait-il donc une fonction régulatrice<br />

si primordiale que les communautés ne puissent s’en passer?<br />

Selon le philosophe René Girard, l’ordre<br />

social est fondé sur la différence, à chacun<br />

sa place et sa fonction. Le désir mimétique<br />

met à mal cet ordre social: lorsqu’un certain<br />

seuil d’indifférenciation est atteint, il conduit à<br />

la violence et menace de détruire le groupe. La<br />

société moderne vit une crise d’indifférenciation<br />

généralisée: fin de la différence entre les<br />

peuples, les classes, les rôles et les sexes. Cette<br />

globalisation nouvelle est insupportable à la<br />

société. A l'ouverture des frontières va peu<br />

à peu s'opposer la volonté de se différencier<br />

(nationalisme, montée en flèche de l'extrême<br />

droite...). C’est là que le bouc émissaire va alors<br />

jouer son rôle. Il permettra de transformer cette<br />

violence autodestructrice de «tous contre tous»<br />

en une violence de «tous contre un», fondatrice<br />

d’un nouvel ordre. «Le sacrifice» du bouc<br />

émissaire va donc renforcer la cohésion sociale.<br />

Ainsi, l'instrumentalisation des boucs émissaires<br />

n'a cessé de sculpter le visage du XXème siècle.<br />

Les campagnes de propagande à l'encontre des<br />

étrangers ou de «ce qui est différent» ont entraîné<br />

les dérives les plus graves. Au cours de l’Histoire<br />

des hommes, les exemples ne manquent pas<br />

d’atrocités. L’Allemagne nazie s’est notamment<br />

construite sur l’idée que toutes les souffrances<br />

que son peuple devait endurer depuis la fin<br />

de la première guerre mondiale étaient dues<br />

à un complot planétaire dont les Juifs étaient<br />

les principaux instigateurs. Dans ce contexte,<br />

cette violence intestine sera redirigée vers des<br />

boucs émissaires tels que les homosexuels, les<br />

communistes, les Tsiganes et vers les Juifs. Le<br />

mécanisme du bouc émissaire est alors au cœur<br />

de la déshumanisation. Le cas de la Shoah est<br />

extrême et même si notre époque est bel et<br />

bien différente, les processus de désignation du<br />

«coupable» semblent être, toutes proportions<br />

gardées, les mêmes. «L'ère du 11 septembre»<br />

dans laquelle notre époque puise sa force<br />

consensuelle, a ravivé les craintes. En France<br />

ou en Suisse, les récentes campagnes de<br />

propagande sont tout à fait éloquentes à ce sujet.<br />

Elles révèlent un pouvoir de coercition énorme<br />

qui touche aux limites de la démocratie. La loi<br />

sur le port du voile, celle sur les minarets ou sur<br />

le renvoi des criminels étrangers monopolisent<br />

l'attention du peuple et laissent place aux<br />

dérives les plus dangereuses. Il semble clair que<br />

notre société a tendance à apaiser ses tensions<br />

internes en continuant à jeter l’anathème sur<br />

des boucs-émissaires tout désignés. Des partis<br />

peu scrupuleux en ont même fait leur cheval de<br />

Troie et prétendent répondre aux crises par un<br />

nationalisme exacerbé. Le cercle infernal de la<br />

persécution semble bel et bien être un huis clos...<br />

A moins que certains d'entre nous ne se décident<br />

à faire un pied de nez à la fatalité.


28<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Un dîner (végétarien) presque parfait…<br />

Par Fabien Grenon<br />

Pour continuer notre rubrique culinaire débutée dans le numéro<br />

précédent, nous allons cette fois-ci vous faire découvrir une<br />

habitude alimentaire particulière, sûrement déjà pratiquée par<br />

certains d’entre vous, mais inconnue par d’autres ; le végétarisme.<br />

Dans ses grandes lignes, le végétarisme se<br />

définit au travers du refus de consommer<br />

de la chair animale, bien qu’il existe parfois<br />

des exceptions pour le poisson et la volaille.<br />

En outre, il existe des formes plus extrêmes de<br />

végétarisme, comme le végétalisme, qui excluent<br />

non seulement toute chair animale, mais aussi<br />

tout produit dérivé (lait, oeufs, miel, …).<br />

Cette pratique alimentaire semble s’imposer<br />

naturellement pour certains, mais paraître<br />

totalement aberrante et inutile pour d’autres.<br />

Ainsi, nous nous sommes penchés sur les raisons<br />

et les motivations qui poussent certains à bannir<br />

la viande de leur alimentation, pourtant riche en<br />

protéines et en fer, des composants nutritionnels<br />

primordiaux.<br />

«Nous arrivons à manger de la chair animale,<br />

uniquement parce que nous ne pensons pas à la<br />

cruauté de cet acte» [Rabîndranâth Tagore, prix<br />

Nobel de littérature en 1913].<br />

Il y a les «végétariens éthiques» qui pensent que<br />

la consommation de viande ne se fait que par<br />

habitude, commodité ou tradition. Pour eux, la<br />

souffrance et la cruauté liées à la production et à<br />

la consommation de viande sont des arguments<br />

suffisants pour expliquer le végétarisme. Certains<br />

ont même poussé la réflexion plus loin en<br />

qualifiant la production et la consommation de<br />

viande de discrimination envers les animaux, au<br />

même titre que le racisme ou le sexisme.<br />

«Qui torture un chien peut torturer un homme»,<br />

Alain Delon.<br />

D’autres s’adonnent au végétarisme par simple<br />

respect du droit en tant qu’«ensemble de règles<br />

qui régissent la conduite de l'homme en société,<br />

les rapports sociaux», ceci bien-sûr appliqué aux<br />

droits des animaux. Contrairement à ce que l’on<br />

pourrait penser, la question du droit animal n’est<br />

pas une obsession contemporaine propre au<br />

XXème siècle motivée par une sorte de courant<br />

«néo-hippie» prônant un pacifisme et un respect<br />

extrême de la nature et de tout ce qu’elle peut<br />

nous offrir. En effet, déjà au VIème siècle avant<br />

J-C, la question taraudait un certain Pythagore<br />

que l’on a qualifié souvent de «premier philosophe<br />

des droits des animaux». Par conséquent, il n’est<br />

pas anodin qu’aujourd’hui encore dans nos<br />

sociétés, des militants lancent des initiatives pour<br />

que les bêtes puissent avoir droit à un avocat au<br />

même titre qu’eux.<br />

«Aucune civilisation n'a jamais infligé d'aussi dures<br />

souffrances aux animaux que la nôtre, au nom de<br />

la production rationnelle «au coût le plus bas». (...)<br />

N'ayons pas peur des mots: la France est couverte<br />

de camps de concentration et de salles de torture.<br />

(...) Pour ces millions, pour ces milliards d'animaux,<br />

le simple fait de vivre, depuis la naissance jusqu'à<br />

la mort, est un supplice de chaque seconde (...)»,<br />

Armand Farrachi, Pitié pour la condition animale.<br />

Le végétarisme peut se révéler être aussi une<br />

réaction et un boycott face à la dégradation de<br />

la condition animale que l’on compare parfois à<br />

celle des juifs pendant le régime nazi. Gavage,<br />

amassement, élevage en batteries, abattages à<br />

la chaîne, sont tant d’arguments qui découragent<br />

la consommation de viande.<br />

« L’élevage mondial émet plus de gaz à effet de<br />

serre que tous les transports (terre, air, mer) dans<br />

le monde. Si on prend en compte toute la chaîne<br />

de production de la viande, cela représente 18%<br />

des émissions de ces gaz produits par l’homme...<br />

Une des causes majeures du réchauffement<br />

climatique.», rapport de la FAO (agence de l’ONU<br />

pour l’agriculture).<br />

Il y a aussi les «végétariens-écolos» soucieux des<br />

intérêts environnementaux. En effet, pour eux<br />

la consommation de viande est incompatible<br />

avec une vision de développement <strong>durable</strong>. Tout<br />

d’abord, l’élevage et la production de viande<br />

consomment des quantités énormes d’eau, une<br />

ressource déjà bien trop rare dans certaines<br />

régions du monde. Ensuite, les céréales destinées<br />

à l’engraissement et au gavage de certains<br />

animaux doivent être cultivées sur de vastes<br />

étendues. Par conséquent, l’élevage d’animaux,<br />

en vue de produire de la viande, participerait<br />

grandement à la déforestation; déjà 38% des<br />

forêts de l’Amazonie aurait été détruites pour<br />

l’engraissement des bovins. Enfin, le régime<br />

végétarien serait une solution aux problèmes de<br />

réchauffement climatique. Des animaux tels que<br />

la vache produisent 100 g/jour de méthane qui est<br />

un gaz à effet de serre 26 fois supérieur au CO2 .<br />

«(…) une alimentation sans viande est clairement<br />

un facteur contribuant à réduire le taux de morbidité<br />

et de mortalité de plusieurs maladies dégénératives<br />

chroniques», Association diététique américaine.<br />

Il y a ensuite les individus convaincus qu’un<br />

régime sans viande les préservera de certaines<br />

maladies, dont l’Association diététique<br />

américaine s’est tâchée de dresser une longue<br />

liste effrayante; cancers, ostéoporose, asthme,<br />

arthrite, diabète, obésité, maladie d’Alzheimer,<br />

et j’en passe… Bien que leurs études ne soient<br />

que peu exhaustives, elles ont sûrement réussi<br />

à en décourager plus d’un de consommer de la<br />

viande.


29<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

http://recettessimples.fr<br />

Interwiew d’une végétarienne, Valentine,<br />

22 ans, étudiante à l’université de Fribourg :<br />

1)Quelles sont les raisons qui te poussent à<br />

être végétarienne ?<br />

Au début, c'était simplement parce que j'aimais<br />

les animaux (j'avais environs 13 ans quand j'ai<br />

décidé de devenir végétarienne) et puis avec<br />

le temps, d'autres raisons se sont ajoutées à<br />

celle-ci. Par exemple, je n'approuve pas les<br />

conditions d'élevage à l'échelle industrielle (les<br />

poules en batterie, les bœufs dans des espèces<br />

de parking sur plusieurs étages, le transport des<br />

moutons entassés dans des camions beaucoup<br />

trop petits). Par contre je n'ai absolument rien<br />

contre les petits élevages, ceux qui ont gardé<br />

une dimension humaine. Une autre raison<br />

pour laquelle j'ai décidé de continuer à être<br />

végétarienne est une raison plus écologique. En<br />

effet, il est beaucoup plus couteux en énergie<br />

(et donc plus polluant) de produire un kilos<br />

de viande qu'un kilo de céréales par exemple.<br />

De plus, on pourrait nourrir plus de gens si on<br />

cultivait des céréales plutôt que d’élever du bétail.<br />

2) As-tu toujours été végétarienne ? Si<br />

non, pourquoi avoir décidé de le devenir ?<br />

Donc non, je n'ai pas toujours été végétarienne<br />

mais j’ai décidé de le devenir et de maintenir mon<br />

choix pour les raisons mentionnées ci-dessus.<br />

3) D’autres membres de ta famille sont-ils<br />

végétariens ?<br />

Non, ma famille n'est pas végétarienne mais ils<br />

mangent peu de viande<br />

4) Incites-tu les autres à le devenir ?<br />

Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?<br />

Non, je pense que c'est un choix personnel et qu'il<br />

faut être convaincu du pourquoi on est végétarien<br />

et du pourquoi on veut le rester. Si j'avais une<br />

remarque à faire, ce serait que la plupart d'entre<br />

nous consomme, de façon générale, trop de<br />

viande. Il n'est pas nécessaire d'en manger tous<br />

les jours, contrairement à certaines croyances.<br />

5) Parfois, es-tu embêtée, gênée par ton<br />

végétarisme en société (souper chez des<br />

amis, …) T’es tu déjà forcée à manger de la<br />

viande ? Si oui, qu’est-ce que tu ressens ?<br />

Non, en général je préviens à l'avance, non<br />

pas pour qu'on me cuisine quelque chose de<br />

particulier mais plutôt pour qu'on évite d'acheter<br />

de la viande pour moi (il ne faut pas oublier que<br />

cela reste une denrée chère). Je ne me suis jamais<br />

forcée à manger de la viande. Il m'arrive parfois<br />

cependant, si l'envie m'en prend, de goûter une<br />

spécialité culinaire étrangère même s'il y a de la<br />

viande... Je pense qu'il ne faut pas être extrémiste<br />

non plus.


30<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Le dîner presque parfait…<br />

Par Fabien Grenon<br />

Le printemps arrive gentiment, les arbres bourgeonnent, l’herbe verdit et l’envie de<br />

jardiner titille… C’est pour ces raisons que nous avons voulu faire honneur à la nature<br />

pour ce dîner presque parfait spécial végétariens. Nous avons troqué nos couteaux<br />

à viande contre notre panier à légumes pour pouvoir vous concocter, de l’entrée au<br />

dessert, un repas typiquement végétarien.<br />

Ambiance/Animation<br />

L’animation que nous avons choisie reste dans<br />

notre thématique: la découverte du Tofu. Dans<br />

notre groupe d’amis réunis ce soir pour notre<br />

repas presque parfait, seule une personne<br />

pratique avec ardeur le végétarisme. Elle nous a<br />

alors initié à ses plaisirs en organisant un petit<br />

atelier cuisine sur l’ingrédient végétarien phare.<br />

Mais qu’est-ce que le tofu exactement ?Le tofu est<br />

une pâte blanche issue du caillage du lait de soja,<br />

grâce notamment à du jus de citron, du sel ou du<br />

vinaigre. D’abord un aliment d’origine chinoise,<br />

le tofu est désormais en vogue dans les pays<br />

occidentaux, notamment chez les végétariens<br />

comme substitut à la viande ou au poisson.<br />

Avis: l’animation était très intéressante.<br />

Nous avons appris beaucoupá de choses<br />

sur le tofu. Maintenant, nous savons ce<br />

que c’est, comment c’est fait, et surtout<br />

comment le cuisiner… Toutefois, bien que<br />

très enrichissant, c’était un peu ennuyeux.<br />

Note: 6.8/10<br />

Décoration<br />

Végétarisme rime avec légumes, fruits, verdure...<br />

il nous fallait une décoration colorée et surtout<br />

naturelle. Cela a été chose faite; nappe rouge,<br />

dessous de table en forme de feuille d’arbre et<br />

des ardoises comme dessous de plat… Comme<br />

nous n’avons pas pu aller dans la nature, c’est la<br />

nature qui est venue à nous.<br />

Avis: la décoration était cohérente et respectait<br />

bien le thème. Toutefois, elle était trop sobre<br />

à mon goût, il aurait pu y avoir plus de feuilles<br />

d’arbre ou de fleurs.<br />

Note: 6.5/10<br />

Repas<br />

Maintenant, le clou de la soirée; le repas<br />

végétarien. Nous nous sommes partagé les<br />

tâches et chacun de nous devait préparer un plat<br />

ou s’occuper des boissons. Nos exigences étaient<br />

de vous proposer des recettes plutôt simples à<br />

réaliser, et de rester dans un budget abordable<br />

pour les étudiants.<br />

Entrée :<br />

« Champignons farcis à la mode de chez nous »<br />

INGREDIENTS : ?- 12 gros champignons de Paris<br />

(pour 4 personnes)- 80 g de beurre ramolli<br />

- 3 grosses échalotes<br />

- 2 gousses d'ail<br />

- du persil frais<br />

- sel, poivre<br />

- du parmesan rapé<br />

Préchauffer le four à 200°C.<br />

Nettoyer les champignons et les brosser<br />

légèrement pour enlever la terre.Enlever les<br />

queues des champignons.Emincer les échalotes<br />

et les gousses d'ail.<br />

Passer les queues de champignons, l'ail et les<br />

échalotes, le persil frais ainsi que le beurre ramolli<br />

au mixer.<br />

Garnir un plat avec les têtes des champignons.<br />

Farcir les têtes des champignons avec la<br />

préparation, saupoudrer de parmesan.<br />

Faire cuire au four 20 minutes environ.<br />

Avis : on ne pense pas souvent à farcir les<br />

champignons de cette manière, mais c’est<br />

une très bonne idée que je conseille pour<br />

des apéros par exemple.<br />

Note : 9.2/10<br />

Plat principal :<br />

«Chili con Tofu»<br />

INGREDIENTS:? - 1 bloc de tofu mi-ferme<br />

bio coupé en cube d’un cm de côté<br />

(pour 4 personnes)- 1 chopine de<br />

champignons de Paris bio coupés en dès<br />

- 1 poivron rouge bio coupé en dès<br />

- 1 oignon bio coupé en dès<br />

- 2 branches de céleri bio coupé en dès<br />

- 1 boîte de tomates italiennes bio<br />

- 1 boîte de haricot rouge<br />

- 3 cuillères à soupe de poudre de chili<br />

- 1 cuillère à soupe de cumin moulu<br />

- 1 cuillère à soupe de paprika<br />

- 1 cuillère à soupe de persil frais bio, haché<br />

finement<br />

- 2 cuillères à soupe d’huile extra-vierge<br />

Faire revenir le tofu dans un peu d’huile d’olive.<br />

Ajouter les oignons et les laisser fondre, puis le<br />

céleri, les champignons et le poivron.<br />

Ajouter les épices et brasser.<br />

Avec vos mains, écraser les tomates et les ajouter<br />

avec leur jus.<br />

Saler et poivrer.<br />

Laisser mijoter une demi-heure.<br />

Ajouter les haricots rouges, que vous avez<br />

préalablement rincés.<br />

Parsemer le persil frais juste avant de servir.<br />

Vous pouvez servir ce plat sur du riz entier, des<br />

pâtes courtes ou dans un pain rond dont vous<br />

aurez vidé le centre. Ajouter de la crème et du<br />

fromage râpé au centre de la table, afin que<br />

chacun en ajoute sur son plat.<br />

Avis: Très intéressant de goûter cette variante<br />

de «chili con carne» mais sans viande. J’étais<br />

très impatient de goûter enfin le tofu et j’ai<br />

été surpris en bien.<br />

Note: 9.1/10<br />

Dessert :<br />

«Papillote de Bananes au chocolat»<br />

INGREDIENTS :?- 4 bananes<br />

(Pour 4 personnes)?- 1 plaque de chocolat au lait<br />

Faire une incision sur le dessus de la banane en<br />

laissant la peau.<br />

Glisser 3 ou 4 carré de chocolat dans la fente.<br />

Envelopper la banane dans du papier<br />

d’aluminium et mettre le tout dans le four à 220°<br />

pendant 15 minutes, le temps que le chocolat soit<br />

bien fondu.<br />

Avis: Très simple et très bon… Petit bémol, il<br />

faut choisir des bananes bien mûres, ce qui<br />

n’était pas le cas ici.<br />

Note: 7.2/10


31<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Halluciné<br />

Printemps<br />

2011<br />

Filmer<br />

Programme<br />

tue<br />

22 février<br />

Nikotina<br />

de Hugo Rodriguez, Mexique_2003<br />

8 mars<br />

Smoking<br />

d‘Alain Resnais, France_1993<br />

22 mars<br />

Rusalka<br />

d‘Anna Melikian, Russie_2008<br />

5 avril<br />

Smoke<br />

de Wayne Wang, USA et Allemagne_1995<br />

19 avril<br />

Good Night and Good Luck<br />

de George Clooney, USA_2005<br />

3 mai<br />

Hans im Glück<br />

de Peter Liechti, Suisse_2003<br />

Ve-Sa 6-7 mai<br />

Les très courts (à l’Aula de Lettres)<br />

17 mai<br />

Smoke Signals<br />

de Chris Eyre, USA_1998<br />

Ve 10 juin OPEN AIR<br />

Ces merveilleux fous volant<br />

dans leurs drôles de machines<br />

de Ken Annakin, Grande Bretagne_1965<br />

Tous les films au cinéma Bio à 20h30 sauf indication contraire. Prix: 8.-/ 5.-<br />

www.halluciné.ch


32<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

HIGH TECH<br />

Par Jessica Vial, Ekim MacKebab & Ania Strzesniewska<br />

LES FILTRES SUR<br />

L’OBJECTIF :<br />

POUR OU CONTRE ?<br />

Cette fois, le Cafignon s‘adresse aux amateurs de<br />

photo et plus précisément aux utilisateurs d’appareils<br />

reflex. Nous avons fait une petite recherche pour vous<br />

sur ce sujet, dont voici le résultat : pas de réponse<br />

unanime à cette question. Les utilisateurs des reflex<br />

sont partagés. D’une part, ceux qui sont contre disent<br />

qu’aujourd’hui les objectifs sont déjà bien protégés en<br />

soi et qu’il n’y a pas besoin d’y ajouter une protection<br />

supplémentaire. D’autre part, ceux qui votent pour<br />

pensent qu’il n’est jamais assez de protéger leurs<br />

« joujou bijou » par le plus basique du genre : le filtre<br />

de protection tout simple. Dans le meilleur des cas, il<br />

peut éviter toute poussière sur l’objectif et, dans le pire<br />

des cas, les rayures accidentelles.<br />

Le Cafignon ne veut pas vous donner de raison pour ou<br />

contre l’utilisation de ces filtres, il a juste envie de vous<br />

présenter ce qui se fait et à quoi cela sert.<br />

Ainsi nous vous proposons une présentation rapide<br />

de quelques filtres disponibles sur le marché, et nous<br />

vous laissons libres de choisir la suite de vos aventures<br />

photographiques.<br />

Commençons par le classique : le filtre UV. C’est un filtre<br />

qui est utilisé souvent à la montagne, autrement dit,<br />

là où il y a le plus de rayon UV. Il rend la couleur du ciel<br />

plus bleue en comparaison avec la photo sans filtre. En<br />

même temps, ce filtre est utilisé comme protection,<br />

c’est pourquoi il est recommandé d’investir un peu<br />

plus dans un filtre de qualité. Petite astuce pour les<br />

amateurs de photo à contre-jour : un pare-soleil qui<br />

peut être utilisé en association à ce filtre UV.<br />

Le filtre ND (Neutral Density) donne un effet<br />

comparable à celui des lunettes de soleil en limitant<br />

la quantité de lumière qui entre dans l’objectif. Il<br />

permet ainsi de contrôler le temps d’exposition. Ce<br />

filtre est utilisé le plus souvent pendant les pauses<br />

de longue durée lorsqu’il y a beaucoup de lumière. Il<br />

permet d’atteindre le résultat des trainées que laissent<br />

les voitures dans la rue, ou encore un filet d’eau d’une<br />

rivière.<br />

Le filtre polarisant dont on peut changer le niveau de<br />

polarisation grâce à son anneau externe représente le<br />

filtre « numéro un » pour les photographes. Il permet<br />

de diminuer ou même d’éliminer les reflets sur les<br />

différentes surfaces non-métalliques (l’eau, le verre).<br />

L’atténuation de réflexion est pratique quand on prend<br />

des photos à l’extérieur. Grâce à ce filtre, notre ciel aura<br />

une couleur plus accentuée et les nuages garderont<br />

leur luminosité. De même pour les feuilles ou les fleurs.<br />

Si vous êtes amateurs des photo en mode macro,<br />

cette série de filtres vous plaira : les filtres macro, les<br />

bonnets macro ou encore les « close-up ». En réalité,<br />

ce ne sont pas des filtres comme les autres. On peut<br />

les qualifier plutôt d’objectifs supplémentaires. Ils se<br />

vissent sur votre objectif comme les autres et, grâce<br />

à eux, vous pouvez photographier de près les visages,<br />

les petits animaux ou les fleurs. Le grossissement des<br />

objets varie selon le type de filtre que vous choisissez.<br />

Vous pouvez améliorer leur performance en ajoutant<br />

d’autres filtres et en les superposant. Une autre astuce :<br />

le tube allongé ou le multiplicateur de focale. Ce<br />

dernier est aussi appelé « extender », une nomination<br />

propre à Canon.<br />

En effet, il est évident que rien ne remplacera un vrai<br />

objectif macro, mais pas tout le monde peut se le procurer.<br />

Le filtre infrarouge (IR) ne laisse passer que la lumière<br />

infrarouge. Mais attention, souvent ce filtre n’est pas<br />

compatible avec les différents appareils numériques. Il<br />

est donc important de lire le mode d’emploi de votre<br />

appareil avant l’utilisation.<br />

La dernière série de filtres dont nous aimerions vous<br />

parler sont les filtres de couleurs. Ils sont utilisés<br />

relativement rarement. Au départ, ils servaient pour<br />

des photos en noir et blanc, mais désormais nous<br />

disposons de logiciels qui nous permettent de faire<br />

tous ces changements en post traitement des images.<br />

Nous avons fait le tour du sujet. Si vous avez des<br />

questions, Le Cafignon vous propose de taper tout<br />

simplement dans la recherche Google trois mots :<br />

« filtres pour objectifs ». Vous y verrez la liste de<br />

pages qui, d’une part, proposent la vente de ces<br />

bijoux et, d’autre part, expliquent plus en détail leur<br />

fonctionnement. Nous vous invitons aussi à lire ce<br />

qui se dit sur les forums à ce sujet. On peut toujours<br />

y apprendre quelque chose. Ah oui, le prix… cela<br />

commence déjà autour de 20 CHF par filtre, mais plus<br />

la gamme est haute, plus le prix monte. Vous allez<br />

aussi trouver les packs de plusieurs filtres pour un prix<br />

assez intéressant. Cherchez…<br />

http://farm4.static.flickr.com/3274/2593109117_55<br />

cb022d6d_b.jpg<br />

http://farm4.static.flickr.com/3250/2593110261_83<br />

e176d57c_b.jpg<br />

http://www.biglens.be/filtres/hoya/polarisantscirculaires/hoya-filtre-pcdigitalhoya-diam-77mm.<br />

html (l’image qui se trouve à gauche de la page : boîte<br />

avec un filtre dessus)<br />

Ania Strzesniewska


33<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

LE SITE À VISITER<br />

mx3.ch<br />

LE PORTAIL <strong>DE</strong>S TALENTS <strong>DE</strong> CHEZ NOUS<br />

L'ASTUCE<br />

COMMENT ET OÙ STOCKER SES FICHIERS <strong>DE</strong><br />

GRAN<strong>DE</strong> TAILLE QUI SONT SOUVENT TRÈS<br />

PRÉCIEUX ?<br />

LE JEU<br />

Machinarium<br />

AMANITA <strong>DE</strong>SIGN<br />

2009<br />

Qui a dit que musique suisse rimait forcément avec<br />

ringard ? Et qu'il n'y avait qu'aux « Coups de Coeur<br />

d'Alain Morisod » que l'on dénichait les nouveaux<br />

talents helvétiques ?<br />

Jetez plutôt un oeil au site mx3.ch, « The swiss music<br />

portal », conçu sur un principe relativement similaire<br />

aux profils Myspace. Les groupes et artistes suisses<br />

peuvent s'y enregistrer et uploader leurs morceaux,<br />

afin que les internautes y aient accès en écoute directe.<br />

Et il y en a pour tous les goûts : de la chanson au métal<br />

en passant par le pop/rock ou le reggae, et ce dans<br />

toutes les langues, y compris le suisse-allemand et<br />

le romanche. Plus de 15'000 profils d'artistes sont à<br />

consulter sur mx3: toute une manne de jeunes talents<br />

qui cherchent à se lancer attendent d'être écoutés,<br />

mais la présence d'artistes confirmés à l'instar de<br />

Sophie Hunger, des Lovebugs ou des neuchâtelois The<br />

Rambling Wheels est à dénoter !<br />

Alors que les artistes y trouvent un moyen idéal d'être<br />

repérés par les radios (le site fonctionne en partenariat<br />

avec Couleur 3, DRS 3 et RSI Rete 3, notamment) ou<br />

d'être bookés pour des concerts, les internautes y ont<br />

aussi leur mot à dire ! En créant un compte sur le site,<br />

il y a possibilité non seulement d'interagir avec les<br />

groupes, mais également de composer des playlists<br />

à partir de ses morceaux favoris, ou de créer sa propre<br />

radio, programmée selon ses goûts musicaux, la<br />

langue des interprètes ou leur canton d'origine.<br />

Quant aux radios partenaires, elles établissent<br />

régulièrement des séléctions de coups de coeur. Mx3<br />

relaie également les dates de concerts des inscrits ainsi<br />

que la programmation des clubs et des festivals. Le<br />

site s'impose donc comme LA référence en matière<br />

de musique helvétique et éclectique ! Finis les clichés,<br />

il y a une relève musicale en Suisse, vous pouvez<br />

désormais laisser Stefan Eicher « Déjeuner en paix »...<br />

Comme tout étudiant, vous souhaitez sauvegarder et<br />

stocker vos fichiers. Ceci pour l’uni, mais aussi pour<br />

d’autres raisons personnelles. Afin de vous aider,<br />

le Cafignon vous conseille quelques sites vérifiés<br />

sur le Web où vous pouvez déposer, sans autre, vos<br />

documents, images ou encore vidéos.<br />

Le plus populaire dernièrement, Dropbox, est un<br />

service de stockage et de partage de fichiers en ligne.<br />

Grâce à ce site, vous pouvez stocker jusqu’à 2 Go (ou<br />

plus*) de données en utilisant la version gratuite, et<br />

jusqu’à 50 ou 100 Go en version payante. De plus, vous<br />

pouvez synchroniser vos fichiers stockés sur différents<br />

ordinateurs, les sauvegarder. Ces synchronisations se<br />

font de manière automatique et grâce à elles vous<br />

pouvez accéder à des copies et des versions successives<br />

de vos fichiers. Cela ne vous suffit pas ? Vous pouvez<br />

aussi accéder par ce biais là à des copies de fichiers<br />

détruits.<br />

Désormais, vous trouverez beaucoup d’autres sites qui<br />

offrent ce même service. En voici quelques exemples :<br />

Rapidshare, SkyDrive ou encore Megaupload… la liste<br />

est longue. Si vous souhaitez partager vos photos, rien<br />

de plus simple sur Flickr ou Picassa. Il y a de quoi faire<br />

son choix.<br />

Un truc en plus : en tant qu’étudiant vous avez l’accès à<br />

WebAccess UniNE qui permet de stocker vos fichiers. Il<br />

suffit de se rendre sur le site : www.webaccess.unine.<br />

ch et de se loguer en utilisant le même identifiant et<br />

mot de passe que pour votre boîte mail, et le tour est<br />

joué. Vous disposez d’une place pour vos documents.<br />

Rien de plus pratique quand on rédige son mémoire et<br />

qu’on souhaite ne pas le perdre.<br />

* consulter le site officiel de Dropbox pour plus<br />

d’informations : www.dropbox.com<br />

Après l’effort, le réconfort. Les examens sont terminés<br />

et la prochaine session étant dans plusieurs mois, il a<br />

bien fallu vous trouver quelque chose à faire pendant<br />

les cours…Hum, votre temps libre.<br />

Attention, les lignes qui vont suivre ne vous proposent<br />

pas un divertissement sanglant où le crime, la violence,<br />

le sexe et la drogue envahissent votre écran, sans<br />

vous demander une once de réflexion. Non, ce que<br />

le Caf’ vous propose, c’est un jeu en « point & click »<br />

demandant au cerveau du joueur de se remettre en<br />

marche !<br />

Il est issu du talent de sept développeurs tchèques<br />

qui, pendant trois ans, ont financé ce projet avec<br />

leurs propres moyens. A noter également que ce jeu a<br />

remporté plusieurs prix, dont le Excellence in Visual Art<br />

à l’Independant Games Festival de 2009.<br />

Machinarium c’est l’histoire d’un petit robot très<br />

attachant, nommé Josef (hommage des créateurs à<br />

Josef Čapek, inventeur du mot « robot ») qui, après<br />

avoir été expulsé d’une grande ville de robots, cherche<br />

à y retourner, à déjouer un attentat et à sauver sa<br />

petite-amie des boulons maléfiques d’une bande de<br />

méchants.<br />

L’univers graphique est superbe et démontre qu’on a<br />

pas forcement besoin de lunettes 3D pour apprécier un<br />

divertissement! L’intrigue et l’histoire sont excellentes.<br />

Le jeu passe d’énigmes en casse-tête, demandant au<br />

joueur un bon sens de l’observation, de la logique, de<br />

la mémoire, mais également de la curiosité !<br />

La difficulté du jeu est bien dosée et un système<br />

d’indice permet aux moins patients de ne pas se<br />

décourager trop vite.<br />

En bref, Machinarium est un très bon jeu, autant par<br />

ses qualités esthétique que par sa trame et les énigmes<br />

rythmant la partie. Un très bon investissement (et peu<br />

onéreux) que vous soyez sur Linux, Mac ou Windows!<br />

Jessica Vial<br />

Ania Strzesniewska<br />

Ekim MacKebab


34<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

LE COIN LITTÉRAIRE<br />

Par Isabelle Lapotre, Noémie Matos, Jessica Vial & Alexandre Wälti<br />

Les examens de la session hivernale appartiennent déjà au passé,<br />

et les pavés de lecture académiques occasionnés également...<br />

du moins pour quelques semaines de répit ! Pourquoi ne pas en<br />

profiter en piochant dans la séléction de livres du Caf' pour ce<br />

printemps ?<br />

PIÈGE NUPTIAL<br />

Douglas Kennedy<br />

Editions Pocket, Collection Best, 2009 (réédition)<br />

250 pages<br />

LE LIÈVRE <strong>DE</strong> VATANEN<br />

Arto Paasilinna<br />

Editions Gallimard, 1993<br />

203 pages<br />

La littérature scandinave est essentiellement connue<br />

pour ses polars noirs et efficaces qui tiennent le lecteur<br />

en haleine, Stieg Larsson en tête, mais le nord regorge<br />

encore d'autres talents. Arto Paasilinna fait notamment<br />

partie de ces écrivains capables d'emporter dans un<br />

souffle de phrases le lecteur dans les lieux les plus<br />

inhospitaliers en les rendant enviables, accueillants,<br />

même beaux."Le lièvre de Vatanen" illustre ce goût pou<br />

la liberté, le voyage.<br />

C'est l'histoire d'une amitié inattendue, soudaine,<br />

surprenante qui se transforme en voyage à travers<br />

la Finlande, orchestrée de manière merveilleuse<br />

par l'écrivain finlandais. Amateurs de grandes<br />

étendues, je vous conjure de voyager avec cette<br />

paire touchante! Vatanen, journaliste en mal de<br />

vie, revient d'un reportage avec un photographe.<br />

Sur une route, Vatanen heurte un lièvre, sort retrouver<br />

l'animal dans la forêt en bordure et ne revient plus!<br />

Dans ses vagabondage, il découvre ensuite des<br />

personnages farfelus: un alcoolique dans un buisson<br />

qui apprendra a nager pour repêcher et revendre de<br />

la ferraille de la seconde guerre mondiale, un corbeau<br />

voleur et gourmand dans un marécage, des diplomates<br />

poursuivis dans la neige par un ours et bien d'autres.<br />

Au final, c'est une découverte de la Finlande au<br />

travers des saisons que nous offre Arto Paasilinna,<br />

rappelant Kerouac et ses étendues américaines. Une<br />

aventure tendre et touchante où l'affection, l’amitié,<br />

la camaraderie est au centre de l'histoire. Un itinéraire<br />

sans destination mais avec un chemin attachant. Ouvrir<br />

ce livre, c'est toucher un peu de Scandinavie, la liberté<br />

des grands espaces, l’impression de vivre une aventure<br />

humaine avec seulement quelques mots; sans retour<br />

peut-être.<br />

Alexandre Wälti<br />

Nick est un journaliste américain sans grande<br />

ambition, dégoûté de son train-train quotidien.<br />

Un beau jour, il décide de changer radicalement de<br />

décor et part pour Darwin, en Australie. Sur place, il<br />

fait l'acquisition d'un camping-car et commence le<br />

road trip qui aurait pu être le rêve de sa vie. Mais une<br />

nuit, en voyageant à travers l'outback, Nick heurte un<br />

kangourou. Forcé à trouver la première âme humaine<br />

venue dans ce paysage désertique, il tombe sur une<br />

autochtone au caractère bien trempé, Angie. Il lui<br />

propose d'embarquer avec elle, mais sans savoir qu'elle<br />

n'allait pas tarder à lui mettre le grappin dessus, qui<br />

plus est de manière assez musclée ! Et l'aventure un<br />

peu originale avec une australienne « pure souche »<br />

qu'il croyait être sans lendemain se transforme en<br />

cauchemar. Drogué et pris en otage, le journaliste<br />

se retrouve marié de force dans un village rayé de la<br />

carte, prisonnier d'une communauté en autarcie et<br />

dégénérée.<br />

Piège nuptial, paru en 1994, est le roman qui a révélé<br />

Douglas Kennedy, auteur actuellement très populaire<br />

(L'homme qui voulait vivre sa vie, Quitter le monde)<br />

et qui n'a de cesse d'occuper les présentoirs des<br />

librairies. Mais avis à ceux qui ont l'habitude d'éviter<br />

les best-sellers: ce polar est vraiment incontournable.<br />

Le langage brut et viril de la narration rappelle les<br />

étendues arides où les protagonistes évoluent et<br />

l'absence de civilisation à Wollanup, village de 54<br />

habitants issus de 4 familles, où Nick se trouve pris au<br />

piège. Le titre français original du livre, « Cul-de-sac »<br />

résume la sensation claustrophobique que ressent le<br />

lecteur en voyant le personnage échafauder des plans<br />

d'évasion et de toujours se cogner aux frontières de la<br />

petite communauté. Un roman haletant, court mais<br />

intense, qui donne une image différente de l'Australie<br />

paradisiaque à laquelle nous sommes habitués.<br />

Jessica Vial


35<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

MEURTRIER SANS VISAGE<br />

Henning Mankell<br />

Christian Bourgois éditeur, Coll. Points, 1994<br />

(2001 pour la traduction française)<br />

386 pages<br />

Premier volet de la série policière consacrée aux<br />

enquêtes du commissaire Wallander, « Meurtriers sans<br />

visage » donne le ton dès la première scène : dans une<br />

ferme isolée en Suède, un couple de personnes âgées<br />

se fait attaquer d’une manière particulièrement gore.<br />

L’homme décède dans un bain de sang et la femme<br />

meurt à l’hôpital. Les seuls indices : un étrange nœud<br />

coulant autour du cou du vieil homme et le dernier mot<br />

prononcé par la femme : « étranger ». Cette parole,<br />

relayée par la presse suédoise, ne tarde pas à mettre<br />

le feu aux poudres dans le pays. Une vague de violence<br />

xénophobe s’empare de la population. Le commissaire<br />

Wallander tente de remonter les fils de cette enquête<br />

compliquée, tout en essayant de ne pas céder à la<br />

montée de racisme ambiant.<br />

Ce qui fait toute l’originalité de ce polar écrit par<br />

Henning Mankell, c’est l’accent placé sur la psychologie<br />

du policier Wallander, loin d’être dépeint en superhéros.<br />

C’est un homme comme un autre. Il a ses<br />

propres problèmes à régler : sa femme l’a quitté, son<br />

père devient sénile, sa fille ne lui parle plus, il boit<br />

trop et ne sait quel sens donner à sa vie. On devine<br />

ses doutes, son manque de confiance face à l’immense<br />

responsabilité placée entre ses mains.<br />

Henning Mankell propose en parallèle une véritable<br />

réflexion sur la société suédoise, sa politique d’accueil<br />

à l’égard des requérants d’asile (les camps de réfugiés<br />

faisant parfois penser aux camps de concentration), sur<br />

le racisme latent. Un polar glaçant, à l’image des rudes<br />

hivers suédois, écrit d’une manière simple et réaliste,<br />

pleine de suspense et d’émotions.<br />

Ce roman, ainsi que les suivants, ont été adaptés pour<br />

la télévision par Arte, avec un succès certain.<br />

Noémie Matos<br />

LABYRINTHE<br />

Kate Mosse (trad. Gérard Marcantonio)<br />

Éditions JC Lattes, Paris, 2006<br />

592 pages<br />

L’histoire commence avec Alice Tanner. Cette jeune<br />

femme s’est engagée comme volontaire sur des fouilles<br />

archéologiques dans le sud de la France. Loin des<br />

regards, elle découvre une grotte. Elle y trébuche sur<br />

deux squelettes puis aperçoit un labyrinthe gravé sur<br />

l’un des murs. Cette situation lui semble étrangement<br />

familière. Tout cela doit rester secret, elle le sait... C’est<br />

huit cent ans auparavant que tout débute réellement.<br />

Alaïs Dumas, née Lepelletier, vit à Carcassonne. A<br />

cette époque, les tensions religieuses laissent penser<br />

qu’une guerre va éclater. Les menaces contre la ville<br />

de Carcassonne obligent le père d’Alaïs à privilégier<br />

son rôle d’intendant. Il se doit d’oublier le rôle de<br />

protecteur qu’il tenait par le passé. Il lui confie alors<br />

un livre contenant le secret du Graal. Alaïs sait que cet<br />

ouvrage ne doit pas tomber entre de mauvaises mains.<br />

Le protègera-t-elle, au péril de sa vie ?<br />

Dans ce livre, Kate Mosse démontre une capacité<br />

infinie à nous faire ressentir une palette d’émotions<br />

fortes au travers de ses personnages. Qu’il s’agisse<br />

de joie, de peur ou encore de passion, tout y est.<br />

Les personnages sont plus vivants que jamais. Le<br />

mélange des temporalités, quant à lui, nous lance<br />

dans un suspense incomparable. Deux destins bien<br />

lointains finissent par se rejoindre subtilement à la<br />

pointe de la fine plume de l’auteure. Fiction et réalité<br />

s’entremêlent, laissant au lecteur la tâche ardue de<br />

distinguer le vrai du faux. C’est telle une magicienne<br />

que l’auteure nous mène par le bout du nez. Une<br />

histoire poignante et prenante.<br />

Isabelle Lapotre<br />

ALABAMA SONG<br />

Gilles Leroy<br />

Editions Gallimard, Collection Folio, 2009<br />

229 pages<br />

Le couple mythique formé par Zelda et Francis Scott<br />

Fitzgerald a été la coqueluche de la vie mondaine newyorkaise<br />

des Années Folles, juste après la Première<br />

Guerre Mondiale. Lui, le lieutenant qui s'était juré de<br />

devenir écrivain, et elle, sa source d'inspiration, la Belle<br />

du Sud impertinente et libérée, étaient promis à un<br />

avenir couronné de gloire. En quittant son Alabama<br />

natal pour suivre un homme qu'elle ne connaissait<br />

que peu, Zelda Sayre s'est retrouvée propulsée sous<br />

des projecteurs ou tous deux n'ont pas tardé à se brûler<br />

les ailes. Alors que Scott était couronné de succès pour<br />

son premier roman et que son épouse multipliait les<br />

frasques, la jalousie et la soif de reconnaissance ont<br />

peu à peu gangréné leur relation. Comment peut-on<br />

passer d'une passion dévorante à une guerre froide<br />

de la sorte ? Comment une femme blessée peut-elle<br />

sombrer dans la folie ?<br />

Gilles Leroy se glisse dans la peau de l'exubérante Zelda<br />

Fitzgerald et dresse une autobiographie romancée<br />

de cette icône des années 20. Tantôt cruelle, tantôt<br />

poétique, la protagoniste raconte sa jeunesse, où elle<br />

s'amusait à choquer les notables bien-pensants de<br />

Montgomery, ses années sous les feux de la rampe,<br />

mais surtout sa douleur d'être toujours restée une<br />

« femme de... » sans jamais réussir à se réaliser en<br />

tant qu'artiste. De la jeune femme flamboyante, ne<br />

reste plus au crépuscule de sa vie qu'une fleur fanée,<br />

tentant de remettre en ordre ses souvenirs.<br />

La facilité de l'écrivain à adopter un ton à la fois féminin<br />

et libéré et à raconter la tragédie d'une femme rebelle<br />

condamnée à toujours rester dans l'ombre de son<br />

mari lui a valu le Prix Goncourt en 2007. Entre fiction<br />

et réalité, ce roman est poignant de par ses fréquents<br />

passages de l'humour à la violence des mots. Difficile<br />

même de ne pas lire « Alabama Song » comme une<br />

simple fiction et pas comme une biographie de Zelda<br />

Fitzgerald.<br />

Jessica Vial


36<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

CINÉMA<br />

De «La vallée d’Elah» à «Démineurs»,<br />

retour sur l’Irak à Hollywood<br />

Par Léa Zaretti<br />

L’Amérique et son public aiment la guerre. Ils<br />

ne rechignent pas à la montrer telle qu’elle<br />

est, violente et dure. Et pourtant un film<br />

de guerre Hollywoodien vous laisse rarement<br />

une impression de dégoût et de malaise après<br />

le visionnage. Souvenez-vous d’Il faut sauver le<br />

soldat Ryan, qui commence en puissance avec la<br />

scène du débarquement – l’une des meilleures<br />

reproductions jamais réalisées. Cette scène pose<br />

un décor sans équivoque: Spielberg ne fera pas<br />

une apologie de la guerre. Mais de ses valeurs<br />

sous-jacentes, oui… Car comme la plupart des<br />

films sur fond de conflit armé qui ont été des<br />

succès à la fois critiques et commerciaux, il suit<br />

l’histoire fictionnelle de figures héroïques. Le<br />

courage, le sacrifice, la fraternité indéfectible<br />

qui nait au combat. Semper fidelis, la devise<br />

des Marines. Le héros est un symbole cher à<br />

Hollywood, cher à la culture américaine des<br />

comic’s, cher à un pays quasi-perpétuellement<br />

en guerre en dehors de ses frontières.<br />

En 2010, la cérémonie des Oscars récompensait<br />

en grande pompe un film sur l’Irak. Six oscars,<br />

dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur<br />

(réalisatrice, pour la première fois) et meilleur<br />

scénario original. Une oeuvre qui met un décor<br />

sur une guerre dont on entend parler tout les<br />

jours, mais dont nous parviennent très peu<br />

d’images. C’est en cela que réside l’engagement<br />

de Démineurs, un concentré de réalisme, pur et<br />

épuré, qui maintient le spectateur sous la chape<br />

de plomb d’un danger omniprésent et obsédant.<br />

Un danger, qui est symbolisé par chaque<br />

passant, chaque fenêtre, chaque objet suspect<br />

qui parsème les paysages jaunes, minéraux et<br />

déchirés de l’Irak (en réalité de la Jordanie). C’est<br />

dans le traitement du temps que le réalisatrice fait<br />

de son film une oeuvre réellement marquante. Les<br />

trois soldats qui forment l’équipe de déminage<br />

vivent des moments de danger imminent, qui<br />

ne surviennent cependant qu’après de longues<br />

prises de vue durant lesquelles la réalité semble<br />

se déformer. Ces scènes sont douloureusement<br />

longues, et réussissent un procédé abstrait,<br />

mais très perceptible: la dilatation du temps.<br />

Comparable à un sentiment de ralentissement,<br />

de lourdeur, c’est l’image du «scaphandrier» qui<br />

se déplace péniblement, de l’idée contre-nature<br />

qui voudrait qu’un être humain s’approche<br />

inexorablement de ce qui peut le tuer, au lieu<br />

de le fuir. La tenue du démineur, un scaphandre,<br />

renvoie d’ailleurs à des ambiances que l’on<br />

pourrait qualifier «d’aquatiques»; mouvements<br />

et respirations entravés, atmosphère sourde,<br />

irréelle. Ces instants sont mêlés de prises de<br />

vue plus rapides, des plans de fenêtres depuis<br />

lesquelles des civils observent, des silhouettes<br />

immobiles au sommet des immeubles et des<br />

minarets, concrétisant le principe de la menace<br />

omniprésente. Les explosions sont filmées dans<br />

la même idée; la déflagration est décortiquée, des<br />

gros plans montrent le bouleversement qu’elle<br />

occasionne. Le ralenti qui précède la déflagration<br />

permet au spectateur un ressenti sensoriel de la<br />

puissance qui s’en dégage.<br />

Les protagonistes sont filmés de manière<br />

intimiste, même si la technique n’est pas celle<br />

de la caméra à l’épaule, du cameraman qui<br />

suit son sujet, intrusif. Ce sont les émotions<br />

de ces hommes et la dégradation de leur<br />

état psychologique qui nous sont restitués.<br />

Ils ne sont pas des surhommes, même si c’est<br />

une carapace que certains tentent d’arborer,<br />

comme le sergent William James (Jeremy<br />

Renner), qui par son attitude décuple un danger<br />

déjà insupportable, mais s’attire au passage<br />

l’admiration de ses supérieurs. Ses motivations<br />

sont toutefois différentes, et la citation qui<br />

ouvre le film en est l’allégorie; «la guerre est<br />

une drogue». La prise de drogue est synonyme<br />

d’autodestruction, physique et psychologique,<br />

et c’est avec l’autodestruction que «flirte»<br />

constamment le personnage principal. Cela<br />

est perceptible lorsque le cadre change, et que<br />

nous est montrée la vie civile du sergent James.<br />

Malgré une famille (femme et enfant), le décor est<br />

filmé de manière morne, froide, et le personnage<br />

devient évanescent. Après l’adrénaline de la<br />

guerre, la vie civile est semblable au dégrisement<br />

du toxicomane. C’est le même malaise, la même<br />

et étrange distance que ressent le spectateur<br />

lorsque le sergent James reste hagard devant le<br />

choix d’un paquet de corn flakes sous la lumière<br />

crue d’un néon de supermarché.<br />

Malgré cela, ce sont des héros que filme Kathryn<br />

Bigelow, et elle-même dédiera son oscar «aux<br />

hommes et aux femmes qui risquent leur vie au<br />

quotidien en Irak et en Afghanistan». Car si le film<br />

est un chef-d’oeuvre de réalisation et qu’il a un<br />

intérêt non négligeable en regard de son thème<br />

– la guerre et l’addiction qu’elle peut provoquer<br />

– il est en fait quasi apolitique. Il ne fait que frôler,<br />

montrer sans traiter véritablement, le fait que<br />

la guerre d’Irak n’est pas une guerre ordinaire.<br />

Evidemment, le fait que l’armée américaine<br />

soit confrontée à des ennemis potentiellement<br />

omniprésents et jamais clairement identifiables<br />

– sauf au moment fatidique, lorsqu’il est trop<br />

tard, est au coeur du film. La scène de l’homme<br />

affublé d’explosifs contre son gré entretient<br />

le doute jusqu’au bout, et il est impossible de<br />

dire finalement s’il était une victime civile ou un<br />

terroriste. Si l’oeuvre parle donc de l’Irak comme<br />

d’une guerre psychologiquement éprouvante,<br />

elle reste néanmoins prudente et ne s’érige pas<br />

comme une véritable dénonciation de ce qui se<br />

passe là-bas. Démineurs a réussi là ou d’autres<br />

films ont échoués avant lui, et ce n’est pas par<br />

hasard. La controverse politique a été laissée de<br />

côté, et on ne parlera pas d’exactions (si ce n’est<br />

celles des terroristes, l’enfant «transformé» en<br />

bombe), on n’évoquera pas non plus les civils<br />

massacrés (si ce n’est par un attentat suicide) et<br />

les conséquences engendrées par les difficultés<br />

psychologiques que vivent les soldats ne sont<br />

traitées que sous l’angle de l’addiction. Les trois<br />

soldats qui évoluent dans l’enfer étrange de l’Irak<br />

sont au fond des héros fragiles, tourmentés, mais


37<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

héros malgré tout. Ils n’en sont d’ailleurs que plus<br />

émouvants, emblèmes d’une jeunesse qui porte<br />

les séquelles du terrorisme. Ils représentent la<br />

génération «11 septembre», une Amérique<br />

déstabilisée, qui se bat tant bien que mal.<br />

Démineurs est sans nul doute un énorme succès<br />

critique, mais a produit des recettes commerciales<br />

exceptionnellement basses pour un film oscarisé<br />

(environ 16 millions au box office américain pour<br />

11 millions de budget, contre 759 millions, par<br />

exemple, pour Avatar, sorti la même année).<br />

En 2007, soit trois ans avant, un autre film sur la<br />

guerre d’Irak passait quasiment inaperçu. Entre<br />

Tommy Lee Jones et Charlize Theron, réalisé par<br />

Paul Haggis (Collision, c’était lui), l’affiche avait<br />

de quoi séduire et attirer le public. L’accueil sera<br />

pourtant très froid, et Dans la vallée d’Elah sera<br />

un bide commercial; six millions de recettes au<br />

box-office américain, pour 23 millions de budget<br />

initial. La critique aux Etats-Unis a été très mitigée,<br />

voire même réticente. Et pourtant Dans la vallée<br />

d’Elah est un excellent film. Cette oeuvre se<br />

distingue des autres films de guerre, car elle<br />

ne laisse aucune place aux fantasmes héroïcopatriotiques.<br />

C’est au contraire un malaise<br />

profond qu’elle sème dans l’esprit du spectateur.<br />

Tout d’abord, le réalisateur choisit de traiter<br />

son sujet hors du cadre traditionnel: on ne<br />

verra de l’Irak que quelques images brouillées<br />

et tremblantes, tirées d’un téléphone portable.<br />

L’action prend place dans la vie civile, sur le<br />

territoire américain. Un père (Tommy Lee Jones),<br />

vétéran du Vietnam, apprend que son fils engagé<br />

dans les Marines est de retour d’Irak, mais qu’il est<br />

déclaré absent. Il va apprendre que celui-ci a été<br />

sauvagement assassiné; 42 coups de couteaux,<br />

brûlé et dépecé, laissé aux animaux sauvages.<br />

C’est sur ce crime d’une violence inouïe que le<br />

père va enquêter, aidé d’une inspectrice de la<br />

police (Theron) qui peine à faire ses preuves.<br />

De ce crime, apparemment «simple» fait divers,<br />

Haggis va développer un véritable réquisitoire<br />

contre la guerre et ses effets psychologiques,<br />

en mettant à mal une à une toutes les valeurs<br />

de l’Amérique. Ces valeurs sont incarnées par<br />

le personnage de Tommy Lee Jones, figure<br />

patriarcale déterminée, ancien militaire, qui dans<br />

l’une des premières scènes du film se précipite<br />

pour qu’un drapeau américain ne touche pas le<br />

sol et qu’il soit correctement hissé au mât. «Vous<br />

savez ce que cela signifie, lorsqu’un drapeau flotte<br />

à l’envers? C’est un signe de détresse internationale.<br />

Ca veut qu’on a d’énormes problèmes […]». C’est<br />

une réplique-clé du personnage, qui symbolise<br />

à la fois son patriotisme et sa confiance.<br />

L’Amérique va bien. Ses convictions sont autant<br />

de répliques égrenées tout au long du film,<br />

d’une voix de moins en moins assurée, par une<br />

figure patriarcale qui se fissure inexorablement.<br />

Lorsqu’il rencontre les marines qui ont côtoyé<br />

son fils, ceux-ci en parlent sous le nom de «Doc».<br />

Le spectateur apprendra plus tard qu’il a été<br />

surnommé comme cela parce qu’il torturait<br />

des prisonniers Irakiens, mimant les actes d’un<br />

docteur… car le coup le plus dur pour ce père qui<br />

cherche son enfant, c’est de finalement trouver<br />

un être qu’il ne semble pas connaître. Le fils<br />

chéri, parti «porter la démocratie», est devenu un<br />

bourreau. Les acteurs choisis pour interpréter les<br />

marines de l’unité de «Doc» sont, quant à eux, des<br />

archétypes. Grands, beaux, graves et droits dans<br />

leurs bottes de soldats, le genre qu’on choisirait<br />

pour un spot de promotion de l’armée. La force<br />

vive et fière, la jeunesse qui sert son pays et ses<br />

valeurs. Lorsque les soupçons se portent sur eux,<br />

le père dira que ce ne peut être eux: «[…] on voit<br />

que vous n’avez pas fait la guerre, on ne peut pas<br />

combattre au coté d’un homme et ensuite lui faire<br />

ça.» Malheureusement pour lui, le Semper fidelis<br />

des Marines ne résistera pas non plus au hachage<br />

menu des valeurs qu’a entrepris Paul Haggis.<br />

C’est d’une voix calme et avec une expression<br />

presque douce que l’un de coéquipiers avouera<br />

le meurtre, «[…] on voulait enterrer les morceaux,<br />

mais il était tard et on n’avait pas dîné…».<br />

Le film prend le pari de traiter l’Irak sous un<br />

angle osé, en la dénonçant comme une guerre<br />

d’exactions. Ces exactions «qui aidaient à<br />

tenir le coup», sont, selon les dires de l’un des<br />

protagonistes, le résultat d’une politique de<br />

terrain: « Il y a des consignes permanentes. Vous<br />

êtes en convoi, quelqu’un ou quelque chose se<br />

met devant votre véhicule, vous ne vous arrêtez<br />

pas. Première semaine, en Irak, on roulait […] Doc<br />

touche quelque chose, on entend le bruit que ça fait<br />

dessous. […] un mec a dit que c’était un gamin.» On<br />

entendra encore qu’il «ne faut pas envoyer de héros<br />

en Irak… c’est un foutu merdier». C’est le message<br />

de ce film dérangeant sur le conflit Irakien. C’est<br />

de cette manière-là qu’il différencie cette guerre<br />

des autres; l’Irak ne produit pas de héros. Le<br />

film se clôt sur la l’image d’un drapeau élimé et<br />

déchiré, envoyé d’Irak par «Doc» à son père avant<br />

qu’il ne meure, et que celui-ci hissera… à l’envers.<br />

Démineurs et Dans la vallée d’Elah sont deux<br />

grands films. Ils sont liés par le même contexte,<br />

mais profondément différents dans leur prise<br />

de risque et leurs buts. Si Démineurs est un chef<br />

d’oeuvre de maîtrise et d’une beauté à couper le<br />

souffle, la mise en scène du film de Paul Haggis<br />

est sobre, voire même banale. L’un et l’autre<br />

donnent matière à réflexion, mais Dans la vallée<br />

d’Elah est une dénonciation plus courageuse<br />

et plus aboutie du conflit Irakien. Tommy Lee<br />

Jones aura tout de même obtenu une timide<br />

nomination à l’oscar du meilleur acteur pour<br />

ce rôle, qu’il a porté d’un bout à l’autre du film<br />

avec justesse. Si l’Amérique n’est pas encline à se<br />

plonger dans les dérangeantes vérités de l’Irak,<br />

lui aura incarné à merveille un homme qui voit<br />

toutes ses convictions les plus intimes s’effondrer.<br />

Début février, l’Express publiait un article<br />

sur les règles à respecter pour obtenir un<br />

Oscar. Car c’est bien de cela qu’il s’agit; la<br />

reconnaissance américaine est généreuse, mais<br />

répond à des normes implicites. Hollywood<br />

et la guerre, ce n’est donc pas toujours<br />

une recette gagnante!


38<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

CINÉMA<br />

“Le Discours d’un Roi”, grand favori des Oscars!<br />

Par Alicia Richon<br />

Le 27 février prochain aura lieu la 83ème<br />

cérémonie des Oscars et la date approche à<br />

grands pas. A cette occasion, voici le portrait<br />

d’un des grands favoris de la course : « Le Discours<br />

d’un Roi » de Tom Hooper.<br />

Après avoir littéralement raflé 7 Golden Globes<br />

le 8 février dernier, voici bientôt venu le tour des<br />

statuettes des Oscars ! Le film de Tom Hooper<br />

est en effet nominé 12 fois, notamment dans<br />

la catégorie du meilleur film. Les principaux<br />

interprètes, Colin Firth, Helena Bonham Carter<br />

et Geoffrey Rush sont également nominés pour<br />

recevoir la statuette du meilleur acteur, ainsi que<br />

des meilleurs seconds rôles féminin et masculin.<br />

L’histoire raconte comment George VI, père de<br />

l’actuelle reine Elizabeth II, est propulsé malgré<br />

lui au pouvoir en 1936. Après la mort de son<br />

père George V et l’échec de son frère Edward VIII<br />

(Guy Pierce) en tant qu’héritier du trône, c’est en<br />

effet à « Bertie » (Colin Firth), de son vrai nom, de<br />

prendre la relève. Seulement, il doit faire face à<br />

un problème plutôt fâcheux pour un roi, il souffre<br />

de bégaiements nerveux. Considéré comme<br />

inadéquat pour régner et d’apparence fragile,<br />

George VI tentera de surmonter ce handicap<br />

grâce au soutien permanent de sa femme (Helena<br />

Bonham Carter). Il mettra tout en oeuvre pour<br />

être plus crédible aux yeux de son peuple et se<br />

tournera vers Lionel Logue (Geoffrey Rush), un<br />

orthophoniste marginal mais efficace. Petit à<br />

petit, ils se lieront d’amitié et Lionel fera tout son<br />

possible pour aider le nouveau roi à combattre<br />

ses peurs et retrouver l’assurance de sa voix, afin<br />

qu’il puisse prononcer le discours qui mènera son<br />

pays en guerre contre Hitler et l’Allemagne nazie.<br />

Ce drame de deux heures est donné grand<br />

favori pour cette 83ème cérémonie des Oscars<br />

et ce n’est pas pour rien. Le scénario est d’une<br />

originalité et d’un divertissement exceptionnel.<br />

On ne voit pas le temps passer car l’histoire est<br />

poignante et pleine d’intrigue. Les acteurs sont<br />

tout simplement éblouissants et interprètent leur<br />

rôle à la perfection, que ce soit le roi torturé, sa<br />

femme débordante de bonne volonté et d’amour,<br />

ou encore l’orthophoniste peu conventionnel et<br />

sarcastique, tous méritent leur nomination aux<br />

Oscars. Le jeune Tom Hooper (38 ans) réussit<br />

donc parfaitement son coup avec ce long<br />

métrage qui nous montre une partie méconnue<br />

de l’histoire britannique, durant laquelle le pays<br />

vécut des moments difficiles et extrêmement<br />

importants, à travers la formation d’une amitié<br />

forte et bouleversante entre deux hommes que<br />

tout oppose. Il ne me reste qu’une chose à dire :<br />

courez le voir !<br />

Infos générales :<br />

Réalisation : Tom Hooper<br />

Genre : Drame<br />

Durée : 1h58<br />

Avec : Colin Firth, Helena Bonham Carter,<br />

Geoffrey Rush, Guy Pierce<br />

Trois autres candidats prometteurs à ne pas<br />

manquer !<br />

Aux côtés du chef-d’œuvre de Tom Hooper,<br />

voici les autres films qui lui feront concurrence<br />

et qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte.<br />

N’hésitez pas non plus à aller voir le candidat<br />

suisse « La Petite Chambre » de Stéphanie Chuat,<br />

actuellement en salle.<br />

127 Hours : Le nouveau film de Danny Boyle,<br />

réalisateur de « Slumdog Millionaire », relate<br />

un fait divers réel de l’expérience incroyable<br />

qu’a vécu Aron Ralston, un jeune alpiniste<br />

expérimenté, en 2003. A 26 ans, le jeune homme<br />

décide de partir seul en randonnée dans les<br />

splendides gorges du Canyonland National Park<br />

dans l’Utah. Il se fait malheureusement prendre<br />

au piège par un éboulement qui lui emprisonne<br />

le bras. Livré à lui-même, il va devoir faire face<br />

à des hallucinations, aux risques d’hypothermie<br />

ou encore de déshydratation. Ce week-end<br />

d’exploration se transformera alors en 127 heures<br />

de lutte pour survivre, qui prendront fin avec<br />

l’obligation de prendre une lourde décision. Ce<br />

long-métrage de 1h34 avec James Franco, Aber<br />

Tamblyn et Clémence Poésy a toutes les chances<br />

de plaire aux amateurs de grand frisson. Danny<br />

Boyle quant à lui, réussit encore à réaliser un film<br />

poignant, qui a de grande chances de ne pas<br />

sortir bredouille des Oscars. A aller voir dès le 23<br />

février au cinéma.<br />

Black Swan : Ce thriller de Darren Aronofsky (« The<br />

Wrestler ») avec Natalie Portman, Vincent Cassel,<br />

Mila Kunis, Barbara Hershey et Winona Ryder offre<br />

1h43 de pure émotion au spectateur. Natalie<br />

Portman y est ahurissante en ballerine névrosée<br />

qui vit une véritable descente aux enfers. Elle y<br />

interprète en effet le rôle de Nina, une danseuse<br />

au sein du prestigieux New York City Ballet, qui<br />

est prête à tout pour obtenir le rôle principal du<br />

« Lac des Cygnes » de Tchaïkovski. Son objectif va<br />

très vite se transformer en obsession, renforcé par<br />

la confrontation avec la nouvelle recrue, Lily, tout<br />

aussi belle et douée qu’elle. Pour ce rôle complexe<br />

et une interprétation éblouissante et poignante,<br />

l’Oscar de la meilleure actrice est quasiment déjà<br />

dans les mains de Natalie Portman. La gamine<br />

de « Léon » en 1994 a fait du chemin et s’est<br />

illustrée depuis dans des films variés. Le film<br />

est également nommé dans plusieurs autres<br />

catégories des Oscars, mais une chose est sûre,<br />

c’est que Miss Portman ne va sûrement pas passer<br />

à côté de la statuette tant convoitée. Cette perle<br />

cinématographique est dans les salles depuis le 9<br />

février et est absolument immanquable !<br />

True Grit : Joel et Ethan Coen se lancent dans<br />

le remake du western « 100 dollars pour un<br />

shérif ». Ce film de 1h50 a pour acteur principal<br />

Jeff Bridges qui reprend le rôle qui avait valu un<br />

Oscar en 1970. L’histoire se passe en 1870, une<br />

jeune fille de quatorze ans, Mattie Ross, veut<br />

absolument rendre justice à son père, lâchement<br />

tué par Tom Chaney. Pour parvenir à son but,<br />

elle engage Rooster Cogburn, un vieux Marshal<br />

alcoolique et le suit dans sa traque, quelque<br />

peu entravée par LaBoeuf, un Texas Ranger<br />

bien décidé à capturer Chaney lui aussi. Le trio<br />

incarné par Jeff Bridges, Matt Damon et et Josh<br />

Brolin ne manque pas de faire des étincelles dans<br />

ce film, qui se révèle être un vrai et bon western,<br />

largement aussi bon que son prédécesseur.<br />

Nommé dans dix catégories pour les Oscars, on<br />

peut dire que « True Grit » talonne « Le Discours<br />

d’un Roi » et que la concurrence sera rude. Vous<br />

pourrez le voir dès le 23 février au cinéma, ne le<br />

manquez pas.


39<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Derrière le masque…<br />

Par Cendrine Barré<br />

Il était une fois un petit bonhomme, avec une moustache, une canne et une démarche réinterprétant<br />

la géométrie. Vous l’avez reconnu ? Le personnage de Charlot est connu dans le monde entier et fait<br />

partie des symboles du cinéma en général. Il n’a néanmoins pas survécu à l’arrivée du cinéma parlant.<br />

Mais cela n’a pas empêché Charlie Chaplin d’interpréter d’autres personnages, tout aussi forts, et<br />

parfois assez sombres. Je vous propose d’en découvrir trois.<br />

LE DICTATEUR<br />

Réalisation : Charles Chaplin, 1940<br />

Avec : Charles Chaplin, Paulette Goddard,<br />

Reginald Gardiner, Jack Oakie<br />

Il s’agit du premier film de Chaplin entièrement<br />

parlant. Il y interprète deux personnages, sosies l’un<br />

de l’autre : un barbier juif et un dictateur furieusement<br />

proche d’Hitler, antisémite et avide de conquêtes. Le<br />

film balance entre humour, émotion et une troublante<br />

perspicacité sur les persécutions envers les Juifs et<br />

l’imminence de la seconde guerre mondiale. La scène<br />

finale, où les sosies échangent leurs places, permet<br />

à Chaplin de livrer un message simple mais très<br />

percutant sur les hommes, le monde et la guerre.<br />

MONSIEUR VERDOUX<br />

Réalisation : Charles Chaplin, 1947<br />

Avec : Charles Chaplin, Martha Raye,<br />

Mary Correll, Alison Roddan<br />

C’est certainement le personnage le plus noir de<br />

Chaplin, aux antipodes de Charlot. Inspiré du tueur<br />

français Landru, Henri Verdoux épouse des femmes<br />

fortunées, puis les assassine avant de re-convoler en<br />

justes noces. Mais le film ne manque pas d’humour<br />

(Verdoux manque de se tuer en essayant de supprimer<br />

sa dernière femme, peu résolue à passer l’arme à<br />

gauche). Même si le personnage est assez glaçant, on<br />

finit néanmoins par éprouver une certaine sympathie<br />

quand on découvre ses motivations. Et la scène finale<br />

du procès permet à Chaplin de mettre en avant une<br />

certaine hypocrisie qu’a la société sur la conception<br />

du crime.<br />

LES FEUX <strong>DE</strong> LA RAMPE<br />

Réalisation : Charles Chaplin, 1952<br />

Avec : Charles Chaplin, Claire Bloom,<br />

Buster Keaton, Sydney Chaplin<br />

Chaplin joue ici le rôle de Calvero, une ancienne<br />

vedette du music-hall, qui a perdu l’amour de son<br />

public. Après avoir empêché une jeune danseuse,<br />

Terry, de se suicider, il va tenter de lui redonner goût à<br />

la vie. Peu à peu, il va commencer à croire à ses propres<br />

discours et essayera de retrouver la scène.<br />

C’est un film très personnel, où Chaplin nous livre son<br />

propre ressenti de l’existence et de sa relation avec le<br />

public. Il oscille entre désenchantement et espoir.


40<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

STÉRÉOCHRONIQUE<br />

Salut les mélomanes ! Et oui, le printemps commence à montrer<br />

le bout de son nez, le temps au Cafignon de sortir ses multiples<br />

chroniques fleuries.<br />

N’oubliez pas de participer au concours de « L’album mystère » et<br />

envoyez par mail, le nom de l’artiste et le nom de l’album. Notre<br />

partenaire Vinyl – disquaire à la rue du Seyon 32 à Neuchâtel vous<br />

donne l’occas’ de remporter 3 albums! N’attendez pas et envoyez<br />

votre réponse à journal.lecafignon@unine.ch avant le prochain<br />

numéro. Notre partenaire vous propose également une réduction<br />

de 10% sur ses disques, cd, dvd,…Contre présentation de votre<br />

carte d’étudiant de l’uni ! Merci qui ? Merci Vinyl !<br />

Et comme disait Chuck Berry: “Je ne suis pas le roi du rock’n’roll,<br />

mais le Premier ministre "<br />

L’album recherché de ce numéro du Cafignon pourrait<br />

sortir tout droit d’une éprouvette d’un laboratoire dans<br />

lequel Cupidon officierait. C’est le quatrième opus d’un<br />

groupe faisant dans le rock alternatif, voire le pop-rock,<br />

et portés sur la chimie et les romances. Ils célèbrent cette<br />

année dix ans de carrière au succès sans cesse croissant.<br />

Parcours plutôt banal me direz-vous.<br />

Ce qui est moins banal c’est qu’ils ont mis sur pied un<br />

disque sur lequel les quatre musiciens se prennent pour<br />

Diego Campisi<br />

des super-héros du futur, fraîchement débarqués de<br />

2019, l’espace de 54 minutes. Ils dévient pourtant de<br />

la définition classique des super-héros : les « Fabuleux<br />

Tueurs de Joie » sont des hors-la-loi qui livrent un<br />

combat sans merci aux industries vendant le rêve d’une<br />

vie meilleure (www.betterlivingindustries.jp).<br />

Autre fait marquant qui parlera aux amateurs de jeux<br />

vidéo, un des titres de l’album accompagne les images<br />

de l’intro de Gran Turismo 5.<br />

Originaires du New Jersey, les musiciens ont traversé les<br />

Etats-Unis pour aller enregistrer leur disque en Californie.<br />

Avec plus d’un million de disques vendus à travers le<br />

monde, nos quatre gaillards ont réussi à déloger Kid<br />

Rock de la première place des charts américains albums<br />

rock. Il fallait s’en douter, ils avaient annoncé l’arrivée de<br />

jours dangereux… Na na na !<br />

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -<br />

L’ALBUM MYSTÈRE PRÉCÉ<strong>DE</strong>NT ÉTAIT :<br />

LE MEME SOLEIL<br />

<strong>DE</strong> GREGOIRE<br />

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -<br />

Guillaume De Schepper<br />

Zaz | Zaz<br />

( Sony Music Entertainment, 2010 )<br />

Ce fut la grande révélation de l’été 2010 : la jeune artiste<br />

de Tours était sur tous les postes de radios avec son titre<br />

« Je veux » qui a cartonné partout en Europe.<br />

Zaz nous laisse entrer dans son monde avec 11 titres pour<br />

une durée totale de quarante minutes et séduit avec une<br />

voix désormais reconnaissable entre mille et un style à<br />

la frontière entre la soul et la variété française. Un peu<br />

jazzy, très acoustique, l’album Zaz, tantôt triste, tantôt<br />

rigolo, toujours bon vivant, apporte un agréable vent de<br />

fraîcheur sur la variété française et permet à la jeune Zaz<br />

de se faire un nom dans l’hexagone et ailleurs. Je veux,<br />

premier single tiré de l’album, évoque dans un ton « bon<br />

enfant » le mépris pour la société de consommation<br />

moderne et catalogue Zaz en tant qu’artiste populaire<br />

et proche de son public.<br />

Voix émouvante, séduisante, personnage débonnaire à<br />

l’optimisme survitaminé et au look faussement négligé,<br />

la jeune artiste française sait mêler des styles très<br />

différents, du blues urbain de « Trop sensible» aux accents<br />

réalistes de « Dans ma rue » en passant par la mélancolie<br />

écorchée de « Port Coton », qui trône fièrement au centre<br />

de l’album et qui bouleverse les oreilles et se situe à<br />

l’opposé du single « Je veux » avec des paroles moroses<br />

et un ton sombre et fermé.<br />

Douce évocation des ruelles pavées de Montmartre,<br />

froide promenade au bord de l’océan à contempler les<br />

falaises abruptes fouettées par les vagues, Zaz nous<br />

emporte dans des univers variés où règne toujours<br />

la bonne humeur et nous fait voyager avec sa voix<br />

surprenante et ses rythmes entrainant.<br />

On aime ou on n’aime pas, Zaz ne laisse pas indifférent et<br />

dérange par son arrogante facilité à séduire avec un style<br />

qui lui est propre et un personnage qui fait désormais<br />

partie du folklore musical de la France populaire<br />

David Campisi


41<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Breakwater | Splashdown<br />

( Arista, 1980 )<br />

Originaire de Philadelphie ce groupe ricain formé de<br />

Gene Robinson, James Gee Jones, Linc 'Love' Gilmore,<br />

Steve Green, Vince Garnell, Greg Scott, John 'Dutch'<br />

Braddock, et Kae Williams, Jr, entame des 1971 une<br />

carrière dans le monde féerique de la soul et du funk !<br />

Après un premier album, Breakwater, en 1978,<br />

comportant nottament Work It Out et No Limit et Feel<br />

Your Way, les gars de Philly sortent Splashdown. Mais<br />

que dire de ce dernier album ?<br />

En effet, le groupe et son œuvre a quelque peu été<br />

oublié. Même si après leur dissolution, les membres ont<br />

continué une carrière solo (en particulier Kae Williams,<br />

Jr, hélas décédé en 2008, RIP), leur son a rejoint le monde<br />

des vieilleries oubliées.<br />

Heureusement leur nom et leur son retrouve en 2005<br />

la voie du succès grâce aux deux musiciens français de<br />

… Daft Punk !<br />

Et oui! Souvenez-vous, dans l’album Human After All sorti<br />

en 2005, on retrouve dans Robot Rock le riff légendaire<br />

du morceau original : Release The Beast! Et le titre illustre<br />

exactement le sentiment que vous aurez en (ré)écoutant<br />

l’œuvre de Breakwater, à savoir une envie féroce de<br />

lâcher le monstre du funk qui sommeille en vous.<br />

A savourer absolument sur cette galette: la 1ère piste<br />

du disque, Splashdown Time, la 3ème avec le fameux<br />

et mythique Release The Beast et la 5ème et le très<br />

dynamique You. Et la prochaine fois que Robot Rock<br />

résonnera en club, vous demanderez au DJ d’où vient<br />

le sample !<br />

Ekim MacKebab<br />

Esperanza Spalding |<br />

Chamber Music Society<br />

( Heads Up Records, 2010 )<br />

Esperanza. Un joli nom pour une jolie contrebassiste<br />

qui porte en elle de grands espoirs. Souvent considérée<br />

comme l’incarnation du renouveau du Jazz, Esperanza<br />

Spalding a le don de nous offrir une expérience musicale<br />

inédite, aux marges des courants pop actuels et sans<br />

âme.<br />

Née à Portland, en 1984, Esperanza empoigne<br />

rapidement une contrebasse avant d’entrer dans la très<br />

prestigieuse Berklee College of Music de Boston à l’âge<br />

de 16 ans seulement. A 20 ans, elle devient le plus jeune<br />

professeur de l’école et sort un premier album. Précoce<br />

et talentueuse, Esperanza manie avec délicatesse son<br />

instrument, qu’elle accompagne de sa jolie voix. Fine<br />

compositrice de tous ces morceaux, elle sort plusieurs<br />

albums, dont les très bons « Junjo » et « Esperanza »<br />

respectivement en 2006 et 2008, qui lui ouvriront les<br />

portes des festivals de jazz autour du monde et qui<br />

ont été salués et dignement applaudis par la critique.<br />

Le Jazz d’Esperanza est doux, sensuel et souvent teinté<br />

d’accents latins.<br />

En 2010 sort « Chamber Music Society », son troisième<br />

album en tant que leader. Le disque, très original,<br />

nous entraîne dans le monde pas toujours entraînant<br />

de la musique de chambre. Les compositions, souvent<br />

accompagnées de cordes, sont délicates et feutrées.<br />

L’album tout entier est très intimiste, à l’image des titres<br />

« What a friend » et « Really very small ». Cependant,<br />

certains titres sont plus groove et rythmiques, à l’image<br />

de « Winter Sun », où la belle Esperanza nous offre de<br />

jolies envolées sur le manche de sa contrebasse.<br />

Esperanza porte si bien son nom…<br />

Elle est à découvrir au Cully Jazz Festival, le 30 mars<br />

2011, au Chapiteau !tinue son échappée avec son équipe<br />

d’Anfalsh à l’avenir.<br />

Diego Campisi<br />

The Who | My Generation<br />

( Brunswick, 1965 )<br />

Attention : MONUMENTS du ROCK !!!!!<br />

The Who se sont hissés au sommet du monde du rock,<br />

à l’aide de leur énergie, de leur talent et leur vision<br />

moderne du rock.<br />

Nés au cœur des « Glory Years » (1964), à Londres, le<br />

groupe est fondé par le guitariste Pete Townshend, le<br />

chanteur Roger Daltrey, le bassiste John Entwistle et<br />

le batteur Keith Moon. Formation avant-gardiste, The<br />

Who, en s'inspirant du blues et du rhythm and blues, se<br />

démarque rapidement des ribambelles de groupes de<br />

rock de l’époque par un son lourd, saturé, agressif et déjà<br />

précurseur du mouvement « hard rock ».<br />

En 1965 sort leur premier single à succès « I can’t<br />

explain »…C’est la folie, le succès est immédiatement<br />

au rendez-vous, surtout après leur passage à l’émission<br />

« Ready Steady Go! ». Les Who deviennent alors<br />

rapidement porte-parole du mouvement mod, évoquant<br />

l'inconfort moral des adolescents. La même année sort<br />

« My Generation », album mythique qui aura un effet<br />

gigantesque sur la culture de l’époque, avec des titres<br />

phares comme « My Generation » ou « The Kids Are<br />

Alright »….et tout s’accéléra…Le groupe connait un<br />

succès fou et sort, tout au long de sa carrière, 10 albums<br />

géniaux, dont les très bons « Who’s next » et « The Who by<br />

numbers ». Précurseurs de l’utilisation du synthétiseur,<br />

du concept de « L’opéra rock » et du « mouvement hardrock<br />

», les Who ont laissé une empreinte indélébile.<br />

The Who faisaient par ailleurs partie des groupes les<br />

plus spectaculaires de leur temps sur scène, et ont<br />

contribué à redéfinir le principe du concert de rock : une<br />

débauche d'énergie et de puissance sonore. Les Who<br />

ont longtemps été le groupe le plus bruyant du monde,<br />

toutes catégories confondues, tout en contraste avec les<br />

thèmes profonds abordés par le groupe.<br />

Un groupe mythique, comme on n’en fait plus !<br />

Diego Campisi


42<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Le Groupe de Théâtre Antique<br />

de l’Université de Neuchâtel a vingt ans!<br />

Le GTA pourrait avoir un Bachelor aujourd'hui. Dingue, non? Vingt<br />

années de travail acharné, de traductions démentielles, d'audace<br />

dramaturgique, de festivals et de voyages!<br />

Près d’une centaine d'étudiants de<br />

l'Université se sont relayés depuis 1989<br />

pour donner enfin aux Oreste et Electre<br />

une voix décrassée et réellement adaptée à la<br />

scène ! Neuf spectacles (sans compter les deux<br />

en préparation), des dizaines de festivals, tant<br />

et tant de sketches, d’apparitions, d’animations,<br />

pour des milliers de spectateurs en 20 ans, et<br />

un seul metteur en scène: Guy Delafontaine.<br />

Ce professionnel diplômé (au sens propre !)<br />

du spectacle dirige avec érudition, patience et<br />

amour les acteurs, tous passés par l’UNINE, tous<br />

amateurs et passionnés, pour mener à bien des<br />

projets impossibles. Ce travail a porté ses fruits :<br />

Guy Delafontaine a remporté deux prix de mise<br />

en scène et deux prix du meilleur spectacle avec<br />

le GTA, et l’Université de Neuchâtel a rayonné<br />

dans toute l’Europe.<br />

Afin de marquer son anniversaire, le GTA a décidé<br />

de monter deux pièces. La première est un collage<br />

osé d'épigrammes grecques et latines intitulé :<br />

Emincé d'épigrammes sur son lit de crudités (avec<br />

du miel!). La traduction et l'assemblage émanent<br />

de l’équipe d’étudiants et assistants hellénistes<br />

et latinistes de l’Université, dirigée par Matteo<br />

Capponi. Il a fallu non seulement traduire les<br />

épigrammes, mais encore les rassembler dans<br />

une cohérence dramaturgique. Un double travail<br />

que certains d'entre vous ont pu apercevoir en<br />

quelques extraits lors de la cérémonie de remises<br />

des titres de la Faculté des Lettres, et dont le<br />

propos a été qualifié, à juste titre, d’audacieux.<br />

L'un des objectifs du GTA est de faire entendre<br />

toutes les voix de l'Antiquité. Ces petits poèmes,<br />

coquins voire obscènes, en font partie. Mais il n'y<br />

aura pas que ça! Il y aura aussi de l’humour, de la<br />

tendresse et même de la philosophie...<br />

La seconde création que nous vous présenterons<br />

est une pièce médiévale (une première pour<br />

la troupe!): Le Jeu de la Feuillée, d'Adam de la<br />

Halle, la première pièce totalement profane<br />

de la littérature vernaculaire occidentale. Ici<br />

encore, une traduction inédite par le groupe<br />

des philologues médiévistes chapeauté par<br />

Alain Corbellari. L'histoire d'Adam, un habitant<br />

d'Arras (devenu Neuchâtel), qui n'en peut plus<br />

de végéter au bistrot avec ses amis et décide<br />

de partir étudier à Paris… La traduction est le<br />

produit d’un travail titanesque : il a notamment<br />

fallu remplacer les références aux personnalités<br />

oubliées de l'époque et du lieu par des allusions<br />

compréhensibles au public contemporain, afin<br />

de coller au plus près de la (l’im)pertinence réelle<br />

de la pièce. Le résultat, c’est une farce au cours de<br />

laquelle se succéderont personnages burlesques<br />

ou surnaturels, qui tour à tour feront la satire de<br />

la société de leur époque, de la nôtre, à n’y plus<br />

retrouver son siècle. Jamais le théâtre ancien<br />

n’aura été si contemporain.<br />

Pour honorer ce bel anniversaire et témoigner de<br />

l’importance du travail du GTA, le hall du théâtre<br />

du Pommier proposera une rétrospective des<br />

vingt ans de la troupe. Seront exposés : des photos,<br />

des films, des traductions, des récompenses,<br />

ainsi que ces décors féliniens et ces costumes<br />

improbables qui vous auront marqués. <br />

Le spectacle en deux parties sera présenté au<br />

théâtre du Pommier à Neuchâtel<br />

du 5 au 15 mai 2011<br />

(me-je 20h00 - ve-sa 20h30 – di 17h00)<br />

Un seul billet pour les 2 pièces d’1 heure<br />

Le GTA, c’est quoi ?<br />

Le Groupe de théâtre antique de l’Université de Neuchâtel est une association hyperactive<br />

pour l’image et le rayonnement de l’Université. Dans le monde scientifique, les traductions<br />

du GTA ont été saluées par de nombreux intellectuels libres, philologues, antiquisants<br />

et professeurs de renom. Elles sont régulièrement reprises dans la francophonie pas<br />

des troupes d’amateurs et de professionnels. Dans le monde en général, les autres, les<br />

néophytes, les spectateurs à qui l'on n'a d'abord pas tout dit pour les faire venir (« tu<br />

verras, c'est sympa, y a du rap et du catch! »), ils se disent « déçus en bien » par l’Antiquité<br />

et le travail universitaire, pensent qu'ils mourront moins bêtes, sortent décoiffés par la<br />

mise en scène truffée de trouvailles, et, même s'ils n'ont pas compris toute l'histoire,<br />

avouent qu'ils y ont passé un sacré moment !<br />

La troupe offre une image positive et dynamique de l'Université : elle est portée depuis<br />

ses débuts par des assistants et des étudiants venant de toutes les disciplines. Ses<br />

traductions sont le fruit d’un travail philologique hautement rigoureux, respectant les<br />

textes tout en les rendant accessibles à un large public.<br />

LA BELLE GUEULE DU GTA (ou variation sur la thématique trop bon, trop con)<br />

Ton aura, UNINE, voyage avec moi gratis de Paris à Varsovie, en passant par Liège et<br />

Istanbul. Ton nom, UNINE, est porté par mes lèvres dans tous mes échanges, dans tous<br />

les théâtres, dans toutes les Universités accueillantes, sur tous les prospectus des festivals<br />

dont je collectionne les prix... Beau travail de promotion, moi pour toi. Personne d’autre<br />

nulle part ne sait faire ce que je fais, le savais-tu, UNINE ? Je suis unique, aucun GTA nulle<br />

part ailleurs. Elle est pas belle mon exclusivité pour toi ? Mon émulation scientifique,<br />

mon budget bien ficelé, ma grosse gestion administrative, mes stimulations incessantes<br />

des soft skills, ma grosse niche, mon beau pôle de compétence ? Il est pas musclé mon<br />

personnel qui encadre tes étudiants ? Je m’appelle GTA ! Tu te rappelles de moi ? Lorsqu'il<br />

a été question l’été passé de m’intégrer réellement au sein de ta structure académique<br />

(entendre par là notamment des choses aussi absurdes que salarier les enseignants),<br />

tes (très) hauts responsables m'ont paru ...frileux... Tu es contente de m’exhiber à tes<br />

cérémonies et de profiter de ma vitrine alléchante. Et après ? Ça te fait si peur que ça,<br />

l’idée qu’un mignon, que tu nourris juste ce qu’il faut pour qu’il survive et te grattouille,<br />

te demande une reconnaissance ? Attention, Université, je pourrais te faire une scène.


43<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Ta voix au milieu du brouillard<br />

Par Sandrine Gerber<br />

La densité des nuages et cette vapeur qui<br />

obscurcit l’air m’empêchent de voir plus loin que<br />

le bout de mon nez. Sans rien voir, je me fraye<br />

un chemin, mais pour arriver à bon port, j’ai<br />

besoin d’entendre ta voix, d’être guidée comme<br />

un aveugle qui met sa confiance dans la voix<br />

bien-aimée ! J’ai soudainement l’impression<br />

de l’entendre, et pourtant, elle n’est pas douce<br />

comme la tienne. Tu n’y arriveras pas, me dit-elle.<br />

C’est faux, je t’assure que tout te tombera du ciel. Et<br />

si tu prenais l’avion pour… Je t’ai déjà dis mille fois<br />

que ce n’est pas la solution. Tire un trait sur le passé,<br />

elle ne t’apporte rien dans la vie que des problèmes.<br />

Personne ne t’aime. Ne pense pas comme ça, quelle<br />

personne égoïste. Mais le train serait peut-être<br />

plus sûr… STOP. Ces voix qui s’entremêlent, qui<br />

m’entraînent et me perdent dans des réflexions<br />

inutiles, je ne veux plus les entendre. Elles me<br />

donnent mal au cœur et font sombrer mon<br />

humeur comme le brouillard qui pèse sur la ville.<br />

Dans ce brouhaha de préoccupations futiles, j’ai<br />

perdu le fil de ta voix. Comment pourrais-je la<br />

retrouver pour rejoindre l’autre rive ?<br />

Tu es à moi et je suis à toi. Dans ses cinq lettres,<br />

j’attrape un rayon qui s’échappe de cet épais<br />

manteau de grisaille. Ta voix au milieu du<br />

brouillard est mon logis.<br />

Ne t’inquiète pas, je suis là.<br />

Dans mes bras, tu es en sécurité. <br />

Nouvelle: Soldat Blessé<br />

Par Alexandre Wälti<br />

Sur le pont il se penche. Convaincu par son<br />

assurance, il se lance dans l’épanchement<br />

merveilleux de ses manches. Il les retrousse.<br />

S’affirmant comme le pion libéré, l’imbécile du<br />

village, assumant même sa maladresse.<br />

Il lance d’abord une pierre pour vérifier la hauteur<br />

qui le sépare de la rivière qu’il hésite à franchir.<br />

Quelques bombardiers survolent le silence volé<br />

par l’effroyable guerre, les ruines de son village<br />

derrière, la colère de son combat devant.<br />

Il n’est pas certain de vouloir tomber. Son regard<br />

s’épuise dans le rêve de bâtir un fort par dessus les<br />

cendres de son oubli. Il s’efface un peu du bord,<br />

recule sur la route, marche quelques pas hésitants.<br />

Il voudrait sauter et s’écraser. Un cycliste passe,<br />

maladroit, le renverse presque. Il bascule dans le<br />

vide. Il parvient à attraper le petit rebord du pont ;<br />

mais il reste un moment suspendu avec la pensée<br />

de mourir vite et sans douleur, en tombant certes,<br />

mais pas sous les balles ennemies, avec noblesse<br />

et élégance.<br />

Le vent souffle violemment dans la vallée sous<br />

ses pieds, emporte l’odeur de poudre noire,<br />

le tire vers le bas ; le décroche presque. Mais il<br />

s’accroche malgré tout à la vie sans vraiment se<br />

projeter dans le futur détruit de son pays. Il lâche<br />

une main. Il joue avec l’adrénaline, juste pour<br />

voir ce que cela fait. Il se balance pour tester les<br />

limites de ses forces. Son bras accroché au rebord<br />

du pont souffre, une blessure, vilaine plaie laissée<br />

par un terroriste. Il arbore un sourire sadique, un<br />

rire transperce les bruits de la guerre ; sa haine.<br />

Est-ce une bataille ? Doit-il vaincre la mort ou<br />

s’amuser avec elle, dans la solitude d’un soldat<br />

au bord du monde ? Sa vie défile devant ses<br />

yeux fermés ; une enfance volée par un père<br />

alcoolique, violent, une mère morte à sa naissance<br />

et maintenant la disparition de sa femme et de<br />

ses enfants dans cet attentat. Mais il est rêveur,<br />

résistant, survivant. Il veut changer l’Histoire, le<br />

monde.<br />

Alors il s’accroche, nourri par la haine qu’il<br />

éprouve pour son destin. Sa deuxième main<br />

se lève, s’accroche aussi sur le rebord du pont.<br />

Il jette un dernier œil dans le vide. Il remonte<br />

péniblement la façade. Glisse ! Tombe ! S’accroche<br />

dans un dernier effort. Son bras saigne.<br />

La cicatrice s’est ouverte. Il sent se déchirer sa peau.<br />

Remonte difficilement pendant qu’il commence<br />

à pleuvoir. La pluie fait suinter sa plaie, elle<br />

s’ouvre rapidement, comme s’il perdait un bras.<br />

La douleur est insupportable mais il ne lâche<br />

rien, au contraire, il grimpe, les dents serrées,<br />

le corps désarticulé par les chutes, les cheveux<br />

deviennent lourds sous la pluie.<br />

Il monte ne sachant pas trop pourquoi. Il insiste<br />

pour remonter à la vie même si sa maison est<br />

détruite. Son bras blessé s’affaiblit. Il n’a plus<br />

aucune sensation. Glisse ! Retombe ! Toujours<br />

plus bas dans le vide, il s’accroche ! Il sent la mort<br />

humide l’attirer dans le gouffre. Elle le tire mais il<br />

grimpe plus vite. Il ne ressent plus rien, froid, gris,<br />

pâle. Il grimpe en oubliant ses blessures. Dépasse<br />

l’arc. Arrive au sommet.<br />

Là il s’assied au bord du vide, livide, au bord de<br />

l’essoufflement ; un haut-le-cœur. Regarde en bas<br />

en écoutant des avions volés. Le regard vidé par<br />

l’envie, gonflé par le désir ardent de vivre.<br />

Il reste là, assis au bord de la vie, toute la nuit<br />

attendant que la guerre cesse, que les voix dans<br />

sa tête cessent, qu’il reprenne vie. Il attend au<br />

milieu du désert, non loin de la capitale, sur la<br />

route à sa gauche, une carcasse de voiture. Et<br />

un rayon de soleil qui la transperce comme un<br />

mirage. Il attend au bord de sa vie sur un pont<br />

éméché par les combats, l’envie de sauter mais<br />

surtout le temps de contempler, de réfléchir.


44<br />

UNIVERSITÉ<br />

SOCIÉTÉ<br />

LOISIRS<br />

Bienvenue en enfer !<br />

Par Ugo Curty, Athènes<br />

12 comme suspendu. L’arbitre vient<br />

janvier 2011, 21h00, OAKA Olympic<br />

Sport Hall, Athènes. Le temps semble<br />

d’appeler les joueurs au centre du terrain et<br />

s’apprête à donner le coup d’envoi du match le<br />

plus attendu de l’année dans le championnat<br />

grec de basketball: le derby athénien entre le<br />

Panathinaikos et l’Olympiakos. Cette rencontre<br />

est réputée comme étant l’une des plus chaudes<br />

du monde tant les antécédents sont nombreux<br />

entre ces deux frères ennemis qui dominent<br />

outrageusement toutes les compétitions<br />

nationales depuis près de 20 ans. La salle est<br />

comble comme rarement auparavant et la tension<br />

atteint sont paroxysme lorsque que les joueurs du<br />

Pana récupèrent la première possession. Let the<br />

show begin !<br />

« Ce soir, tu verras des choses que tu n’a jamais<br />

vues dans ta vie ! ». Malgré les nombreuses<br />

mises en garde et l’intense échauffement<br />

psychologique effectué avant la rencontre, peu<br />

de choses peuvent préparer un être humain<br />

normalement constitué à vivre de l’intérieur un<br />

événement aussi mythique. Le bruit est déjà<br />

assourdissant à une heure du début de la partie<br />

et les slogans provocateurs sont repris par une<br />

foule immense habillée exclusivement de vert,<br />

légendaire couleur du Pana. Officiellement la<br />

capacité du complexe olympique, considéré<br />

comme le plus grand d’Europe dédié au<br />

Basketball, est de 18'000 places mais ils sont<br />

ce soir 2'000, peut être plus, à être rentrés sans<br />

billets pour s’agglutiner sur les escaliers entre<br />

les tribunes grâce à la bienveillance d’instances<br />

dirigeantes plus passionnées que responsables.<br />

Il faut dire que l’attente en ville est immense.<br />

Tous les billets sont vendus depuis des jours et<br />

la presse spécialisée en a fait ses gros titres. Ce<br />

derby de Janvier 2011 est spécialement classé à<br />

risque par les autorités pour différentes raisons.<br />

Tout d’abord la dernière confrontation entre les<br />

deux équipes n’a pu arriver à son terme ; la faute<br />

aux supporters de l’Olympiakos le Pirée (port de<br />

la ville) qui ont forcé la Fédération à interrompre<br />

définitivement les débats afin d’assurer la sécurité<br />

des acteurs. Et surtout parce que la pause estivale<br />

a vu Vassilis Spanoulis, ancienne star du PAO avec<br />

lequel il a tout gagné, tant sur la scène grecque<br />

qu’européenne, rejoindre l’ennemi juré, attiré<br />

par les nombreux zéros d’un contrat plus que<br />

fructueux. Il effectuait ce soir là son premier retour<br />

dans son ancien jardin attendu par un public<br />

n’ayant toujours pas digéré son départ en catimini.<br />

L’entrée de l’équipe rouge, sur le parquet a<br />

été accueillie par une pluie de sifflets (et de<br />

divers objets) impressionnante. Au bout de<br />

quelques minutes, des fusées pyrotechniques<br />

ayant « échappé » aux contrôles de sécurités<br />

sont lancées sur les joueurs adverses depuis<br />

la « Porte XIII » où se situent les supporters<br />

les plus violents. Ce déferlement de violence<br />

faisait échos aux pétards régulièrement jetés<br />

en direction des forces de l’ordre en tenue antiémeute<br />

qui séparaient les ultras du terrain pour<br />

éviter toute invasion. Comme à chaque fois,<br />

aucun partisan de l’autre camp n’a été autorisé<br />

à faire le déplacement car leur sécurité ne peut<br />

être suffisamment assurée. Dans cette situation<br />

plus que particulière, on comprend pourquoi cet<br />

évènement dépasse le simple cadre sportif.<br />

Et le basket dans tout ça ? Dès les premières<br />

possessions de balle, les joueurs ne se font pas<br />

de cadeaux. Même si les contacts sont fortement<br />

limités par le règlement, un défi physique<br />

résultant de l’intensité du spectacle proposé se<br />

met rapidement en place. Malheureusement<br />

l’enjeu de la rencontre et les nombreuses fautes<br />

commises entrecoupent trop souvent le cours<br />

du jeu. Les deux équipes se marquent de près et<br />

terminent le 1er quart temps dos à dos (18-18). A<br />

la reprise, le chassé-croisé continue. Aucune des<br />

deux formations ne parvient à faire clairement la<br />

différence. Peu à peu, les défenses prennent le<br />

pas sur les velléités offensives. L’issue du match<br />

est plus que jamais incertaine. A une poignée<br />

de secondes de la mi-temps, les joueurs de<br />

l’Olympiakos marquent un panier à 2 points qui<br />

leur permettront de rentrer au vestiaire avec un<br />

léger avantage (34-36) au grand dam d’un public<br />

local dont l’engouement démesuré semble avoir<br />

descendu d’un cran.<br />

A la reprise, le Panathinaikos commence<br />

à commettre de plus en plus d’erreurs tant<br />

individuelles que collectives sur des actions en<br />

apparence faciles. Ce n’est que grâce à certains<br />

joueurs, notamment l’ailier américain Andrew<br />

Nicholas, auteur d’un 3ème quart remarquable,<br />

que le club, 31 fois champion de Grèce, parviendra<br />

à rester au contact d’adversaires nullement<br />

impressionnés par une atmosphère pesante<br />

et hostile à leur égard. Néanmoins les visiteurs<br />

négocient avec plus de calme les moments clés.<br />

Alors qu’ils étaient menés, ils parviendront de<br />

nouveau à scorer, cette fois d’un shoot primé (3<br />

points) sur le « buzzer ». Même si la différence<br />

n’est pas encore faite au tableau d’affichage (49-<br />

51), ils prennent un ascendant psychologique<br />

qui se révélera décisif face à une équipe trop<br />

brouillonne à l’approche de la raquette et qui<br />

souffre du manque de rendement de leur meneur<br />

de jeu vedette, Dimitris Diamantidis, diminué par<br />

un virus depuis le début de la semaine. Malgré<br />

les efforts fournis, les nombreux temps morts<br />

et les consignes du fameux coach serbe, Zeljko<br />

Obradovic, grand artisan des nombreux trophées<br />

remportés depuis son arrivée (en 1999), rien n’y<br />

fera. Ce premier derby athénien de l’année semble<br />

inexorablement se refuser au Panathinaikos. Dans<br />

les dernières minutes, les ultimes échecs depuis<br />

la ligne des 3 points sont à l’image du manque<br />

de précision des piliers de l’équipe sur l’ensemble<br />

de la partie. L’écart est malheureusement devenu<br />

trop important. La messe est dite.<br />

Il est inutile de préciser que le déroulement<br />

du match faisait craindre des débordements à<br />

l’approche du coup de sifflet final. A ce moment<br />

là, la foule s’est levée comme un seul homme et<br />

a commencé à chanter à la gloire du Pana en<br />

frappant dans ses mains. Ce club qui compte<br />

parmi les meilleurs d’Europe, avec 5 titres<br />

continentaux remportés, jouit d’un statut qui est<br />

difficile à imaginer pour une personne venant de<br />

l’extérieur. La salle reprend en cœur : « PAO plus<br />

qu’un club, une religion ! ». La défaite de ce soir<br />

n’y changera rien. S’il faudra aller s’imposer dans<br />

l’antre de l’Olympiakos pour remporter un énième<br />

titre, cela ne pose de problème à personne ici.<br />

Une ovation pour des joueurs qui étaient sur le<br />

point de laisser filer le match le plus important de<br />

la saison à domicile est un scénario impensable<br />

dans la grande majorité des stades européens,<br />

tous sports confondus. Cette démonstration de<br />

ferveur, qui trop souvent conduit à des excès<br />

condamnables, témoigne de l’importance du<br />

sport et plus particulièrement du basket dans le<br />

quotidien des Grecs. Même si les vainqueurs ont<br />

immédiatement dû se mettre à l’abri à la fin de la<br />

rencontre pour éviter à nouveau la vague de feux<br />

d’artifice digne de Star Wars qui leur était destinée,<br />

le comportement « exemplaire » des supporters<br />

au vu du contexte dans lequel s’est déroulé<br />

cette partie a été par ailleurs souligné dans<br />

plusieurs journaux athéniens parus le lendemain.<br />

Dans l’histoire du sport, certains derbys<br />

dépassent de loin le simple enjeu sportif et<br />

cela pour différentes raisons. Dans la Liga<br />

espagnole, le légendaire « Clasico » entre le Real<br />

Madrid et le Barca qui oppose deux institutions<br />

mythiques à la rivalité historique et politique<br />

est considéré comme une des plus belles<br />

oppositions du football moderne. A Buenos<br />

Aires, le « Superclassico » entre le club du peuple,<br />

Boca Juniors, et celui des riches, River Plate,<br />

véritable choc des classes sociales, déchaine les<br />

passions en Argentine. Enfin l’ « Old Firm » entre<br />

le Celtic et les Rangers de Glasgow stigmatise<br />

les fortes tensions religieuses entre catholiques<br />

et protestants qui ont longtemps paralysé la<br />

région. Ces matchs, qui ont pour les amateurs de<br />

sport, une saveur toute particulière prennent une<br />

ampleur démesurée. Le derby d’Athènes entre le<br />

Panathinaikos et l’Olympiakos est un évènement<br />

extraordinaire dont l’ambiance et l’antagonisme<br />

constituent un spectacle hors du commun.


45<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

Les Bearkats et les Globetrotters<br />

font le show à Huntsville, Texas<br />

Par Raphaël Iberg<br />

Incursion dans les travées de la salle du champion en titre de<br />

la Southland Conference de NCAA (National Collegiate Athletic<br />

Association). On se prend rapidement au jeu du basket à la sauce<br />

US, que cela soit le très sérieux championnat universitaire ou la<br />

franche rigolade de la troupe des Harlem Globetrotters.<br />

Ayant souvent ouï dire depuis notre vieille<br />

Europe que le college basketball ou basket<br />

universitaire était le sport le plus populaire<br />

aux Etats-Unis, et étant en échange à Sam<br />

Houston State University dans la sympathique<br />

bourgade texane de Huntsville, caractérisée par<br />

ses 35'000 habitants (Neuchâtel en somme), son<br />

campus, ses 6 établissements carcéraux et sa<br />

chambre d'exécution, l'occasion était trop belle<br />

pour ne pas aller faire un tour dans le Bernard G.<br />

Johnson Coliseum un soir de match. Les Bearkats<br />

locaux y accueillent en ce samedi 29 janvier les<br />

Roadrunners de l'Université du Texas à San<br />

Antonio (UTSA). En fait de popularité, on repassera.<br />

L'imposante enceinte n'est que très peu garnie, ce<br />

qui ne nous surprend guère étant donné que la<br />

majorité des étudiants rentrent chez eux le weekend.<br />

Huntsville nous présente l'image d'une ville<br />

fantôme sortie tout droit d'un bon vieux Lucky<br />

Luke en guise de Saturday Night Fever. Qu'importe,<br />

les hauts faits (ou les clichés, comme vous voudrez)<br />

de la culture américaine sont au rendez-vous.<br />

En effet, pour le spectateur non averti, le<br />

spectacle qu'offrent tour à tour une vibrante<br />

interprétation de l'hymne national, l'exubérante<br />

mascotte Sammy, les cheerleaders, la fanfare ou<br />

encore les commercial breaks durant lesquels les<br />

participants aux animations peuvent gagner par<br />

exemple un an de Whattaburger au fast-food du<br />

coin a presque plus d'intérêt que ce qui se passe<br />

sur le parquet. L'entraîneur des Bearkats, lui, se<br />

prend très au sérieux et semble verser plus de<br />

sueur que son cinq de base tant il gesticule. Son<br />

équipe, après un départ un peu poussif, finit par<br />

passer assez aisément l'épaule face aux "voisins"<br />

(à l'échelle du Texas s'entend) de San Antonio (88-<br />

67). Les étudiants de Sam Houston se relancent<br />

par là même au classement de la conférence,<br />

puisqu'ils restaient sur trois défaites consécutives<br />

jusque-là.<br />

Il n'est par contre plus du tout question de sérieux<br />

lorsque les Harlem Globetrotters entrent dans<br />

l'arène deux jours plus tard pour y "affronter"<br />

leurs adversaires habituels, et perdants de<br />

métier, les Washington Generals, contre lesquels<br />

ils n'ont plus connu la défaite depuis 1971, leur<br />

seule déconvenue (certainement aussi largement<br />

mise en scène que leurs victoires) en 85 ans<br />

d'existence. Pour le plus grand bonheur des petits<br />

et grands, les "Trotters" accumulent les prouesses<br />

pendant 40 minutes de jeu au cours desquelles<br />

on ne s'ennuie pas une seconde et dont le point<br />

d'orgue est le fameux et très attendu panier à 4<br />

points effectif dans les trois dernières minutes<br />

de chaque période. Si le score n'a que très peu<br />

d'importance, il est à noter, pour rassurer tous<br />

les lecteurs, que les Harlem Globetrotters ont<br />

préservé leurs 40 ans d'invincibilité lundi soir à<br />

Huntsville. C'est en tout cas le genre de soirée qui<br />

nous fait oublier pour quelques heures que les<br />

relations entre peuples ne sont pas toujours aussi<br />

chaleureuses que la communion qui peut avoir<br />

lieu entre une troupe de comédiens-basketteurs<br />

et leur public.<br />

Rafraîchissant.


46<br />

CULTURE<br />

COIN CRÉATIF<br />

SPORT<br />

La passion du derby malgré la peur<br />

Par Raphaël Iberg<br />

En ce 20 novembre 2010, le HC Lugano et le HC Ambrì Piotta, deux équipes à la recherche de leur<br />

gloire passée, s'affrontaient pour la troisième fois de la saison 1 dans ce qui était annoncé comme le<br />

"derby della paura" par le Corriere del Ticino. Ambiance au milieu de la Curva Nord de la patinoire de la<br />

Resega, dans l'antre des fans luganais les plus enthousiastes.<br />

La partie débute par les traditionnelles trente<br />

minutes de quolibets réglementaires, lancés<br />

de la partie nord (luganaise) à la partie sud<br />

(léventine) des gradins de la Resega et vice<br />

versa. Cet échauffement des cordes vocales a<br />

pour unique but de tester l'acoustique des lieux,<br />

naturellement. Alors que les ténors de la Curva<br />

Nord montent en puissance, entre une annonce<br />

de prévention sanitaire (Sentite i contadini ? No, no<br />

! Si sente solo la puzza, solo la puzza. Ci vuole acqua<br />

e sapone, acqua e sapone 2 ) et quelques précisions<br />

géographiques (Noi non siamo leventinesi 3 ), un<br />

joueur d'Ambrì particulièrement courageux,<br />

ou inconscient, c'est selon, entre sur la glace<br />

en survêtement et baskets, crosse à la main,<br />

écouteurs aux oreilles, histoire de faire le plein<br />

de noms d'oiseaux et de pièces de monnaie (il<br />

faut bien payer le train du retour) lancées sur la<br />

surface de jeu en guise de bienvenue de la part<br />

des supporters locaux. Le décor est donc planté,<br />

le derby peut commencer.<br />

Vous l'aurez compris, le spectacle est souvent plus<br />

intéressant au sein du public que dans l'arène<br />

elle-même. La faute aux joueurs en premier lieu,<br />

puisque la partie a beaucoup de peine à décoller,<br />

la tension étant énorme dans les deux camps<br />

au vu du besoin impératif des deux équipes de<br />

récolter quelques points précieux, qui plus est,<br />

lors du derby. Les deux premiers tiers-temps,<br />

qui voient un Lugano largement supérieur à son<br />

rival cantonal prendre deux longueurs d'avance<br />

(Genoway, 32e, 1-0; Bourque, 39e, 2-0), sont<br />

soporifiques. Le moment paraît donc bien choisi<br />

pour les Ragazzi della Nord d'entonner en choeur<br />

un vibrant Ma che c**** ci fa l'Ambrì Piotta in A ? 4 .<br />

Il faut bien avouer qu'à l'heure du deuxième thé,<br />

on n'est pas loin de se poser la même question,<br />

même si les termes qui nous viennent à l'esprit<br />

ne sont peut-être pas aussi fleuris. Car si la rage<br />

de vaincre semble au rendez-vous côté léventin,<br />

les faiblesses de cet effectif, porté à bout de bras<br />

par le top scorer canadien Yanick Lehoux4 et le<br />

mythique capitaine du cru Paolo Duca, semblent<br />

tout de même criardes. Le score aurait d'ailleurs pu<br />

prendre une toute autre ampleur que ce 3-0 (Jörg,<br />

44e) à l'entame de l'ultime période si les Luganais<br />

avaient été un peu plus inspirés au moment<br />

d'entrer dans la zone du voisin honni. Car les<br />

hommes de Philippe Bozon5 ne respirent pas non<br />

plus la confiance, eux qui restent sur 5 défaites<br />

consécutives et quelques belles casquettes (9-1<br />

à Langnau, 8-0 à Zoug, scores historiques). Et cela<br />

se confirme en seconde partie de confrontation<br />

lorsqu'Ambrì revient à 3-2 en inscrivant deux buts<br />

en 25 secondes par Lehoux en double supériorité<br />

numérique (46'30''), puis Botta (46'55''). On sent<br />

tout de suite que cela commence à gamberger<br />

sous les casques des coéquipiers du capitaine<br />

Julien Vauclair, sorti sur blessure à la 32e minute,<br />

ce qui n'arrange pas les affaires des locaux. Alors<br />

que les biancoblu n'avaient quasiment pas mis<br />

un patin au-delà de la ligne bleue au cours de<br />

la troisième période, voilà que la cage de David<br />

Aebischer, préféré à Sébastien Caron pour<br />

l'occasion, se trouve soudain assiégée pendant<br />

quelques minutes qui semblent tout à coup bien<br />

longues aux yeux des ultras luganais. Le mani su! 7<br />

hurle le préposé au mégaphone de la courbe<br />

nord de la patinoire, mouvement pas forcément<br />

suivi par tout le monde au grand dam de celui-ci,<br />

qui le manifestera d'ailleurs dans un langage<br />

châtié que nous aurons la pudeur de ne pas<br />

reproduire ici. Les émotions, il y en aura encore<br />

(il était temps!) puisque le portier fribourgeois<br />

du HC Lugano retiendra encore un penalty de<br />

Lehoux, encore lui, à la 59e minute, avant le but<br />

de la sécurité de Hnat Domenichelli dans la cage<br />

vide (60e). Le soulagement est palpable chez<br />

les 7'243 spectateurs moins la Curva Sud. Il s'en<br />

est fallu de peu en effet pour que leurs protégés<br />

ne transforment une victoire facile en un revers<br />

mortifiant.<br />

Si le Tessin était bianconero à l'issue de ce 176e<br />

derby, il n'en reste pas moins que les deux frères<br />

ennemis sont dans la même galère. Ceux qui<br />

s'étaient retrouvés en finale du championnat en<br />

1999 semblent d'ores et déjà condamnés à des<br />

play-out de tous les dangers 8 , qui pourraient bien<br />

mener l'un d'eux jusqu'en avril et un barrage de<br />

tous les dangers face au champion de LNB qui,<br />

selon toute vraisemblance, au mois de novembre,<br />

semblait devoir être l'ogre de la catégorie, à savoir<br />

le Lausanne Hockey Club, double champion en<br />

titre et grandissime favori à sa propre succession.<br />

Cependant, depuis Noël, les hommes de John Van<br />

Boxmeer sont tout simplement à côté de leurs<br />

patins dans une petite ligue qui ne sait plus à quel<br />

saint se vouer. Quoi qu'il en soit, toute la Suisse<br />

méridionale espère que le Hockeygott Kevin<br />

Schläpfer et le HC Bienne se dévoueront, comme<br />

ils en ont pris l'habitude ces dernières années,<br />

pour endosser le rôle redouté de barragiste. Car<br />

s'il y a bien un point sur lequel Lugano et Ambrì<br />

Piotta sont d'accord, c'est que les deux clubs<br />

doivent impérativement conserver leur place<br />

dans l'élite. Car le derby, c'est sacré, parole de<br />

Tessinois. <br />

1- Les quatrième, cinquième et sixième duels ont depuis eu lieu, se soldant par deux victoires d'Ambrì et une de Lugano. Il est à noter que les bianconeri avaient également<br />

remporté les deux premières confrontations.<br />

2- Vous entendez les paysans ? Non, non ! On sent seulement la puanteur, seulement la puanteur. Il faut de l'eau et du savon, de l'eau et du savon.<br />

3- Nous ne sommes pas léventins.<br />

4- Mais que diable fait Ambrì Piotta en ligue A ? (version française édulcorée)<br />

5- Lehoux a quitté le club au début du mois de janvier pour rejoindre la formation suédoise de Södertälje. Son départ a été compensé par le retour de l'Américain Erik<br />

Westrum après une longue absence pour blessure.<br />

6- Bozon a depuis été limogé et remplacé par l'entraîneur des juniors élites Mike McNamara, sans grands résultats.<br />

7- Les mains en l'air !<br />

8- Ce constat se confirme à l'heure actuelle puisqu'au moment de mettre sous presse, le 12 février, les deux clubs sont mathématiquement éliminés de la course aux play-off.


47<br />

Le Cafignon vous recommande vivement le dernier numéro de l’Uninews « De l’Uni<br />

à la vie active » consacré au Forum entreprises UniNE qui a eu lieu le 8 mars dans la<br />

Faculté des sciences. À cette occasion, les rédacteurs de l’Uninews ont rencontré les<br />

diplômées de notre Université afin de vous présenter leurs parcours professionnels<br />

après les études. Il ne faut pas vous étonner du fait qu’on y parle que des filles, c’est<br />

en honneur de la Journée Internationale de la Femme.

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