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La Grève du Creusot - Presse régionale

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Organe Cfu.o'fciciieix ci© IDéFertso Sociale ©t 3FI © li cri<br />

o u. s ©<br />

U 3 CEMTIMES RÉDACTION ET ADMINISTRATION s Toulouse, rue Roquelaine, 25<br />

CE NUMÉRO 5 CENTIMES<br />

'<br />

~ Trou mou<br />

gm»«aronn« et département» limitrophe»<br />

».<br />

fir.<br />

Six moto<br />

Il<br />

fir.<br />

14 fr.<br />

M fr.<br />

^3p«rtementB non limitrophe» *<br />

r/fttageT (Union postale) • • • **<br />

\M abonnements partent dn 1" »t \% *» Atq» P»yaM« 9vnam<br />

VavU Otmatid* À* eJumçemtnl tVn&rtss* 4aU tm aecompagnU tU » tenlimes<br />

Dm<br />

80 fir.<br />

M<br />

fir.<br />

«0 3t.<br />

ÉDITIONS RÉGIONALES<br />

Lof, Aveyron, Corrèze Cantal<br />

Qfcrs, Htes-Pyrénées, Basses-Pyrénées, <strong>La</strong>ndes<br />

Tarn-et-Garonne, Lot-et-C^^nno<br />

Tarn, Aude, Hérault, Pyrénées-Orientales<br />

Haute-Garonne, Arihgo<br />

Edition <strong>du</strong> matin soéc/a/e à TOU'AMSÔ<br />

ANNONCES & RÉCLAMES, FAITS DIVERS & LOCALES 4<br />

Les annonces et réclames, faits divers et locales sont reçus «an» nos bureaux,<br />

K, rue Roquelaine ; A l'Agence Canet, M,*ue Alsace-Lorraine, à Toulouse ; chez nos correspondants,<br />

ainsi que dans toute» les agences do publicité de Paris, des département»<br />

«t tir. ; étranger<br />

FIL TÉLÉGRAPHIQUE SPÉCIAL Lundi 9 Octobre 1899. -1 9 e Année, — M° 2,7211. Bureaux à Paris : 26, rue Feydeau<br />

L'Arbitrage le Waldeck<br />

En somme, une seule question importante<br />

était posée par les grévistes<br />

<strong>du</strong> <strong>Creusot</strong> ou plutôt par les chambardeurs<br />

qui vivent des grèves pendant que<br />

les ouvriers crèvent de faim.<br />

Et cette question était celle-ci :<br />

Les patrons seront-ils contraints de<br />

traiter avec les syndicats, intermédiaires<br />

obligatoires entre eux et leurs<br />

employés ?<br />

"Waldeck-Rousseau a bien compris<br />

qvïe s'il répondait affirmativement, c'était<br />

à bref délai la disparition <strong>du</strong> patronat<br />

et la mort de la grande, de la<br />

moyenne et de la petite in<strong>du</strong>strie.<br />

Et voici ce qu'il a répon<strong>du</strong> :<br />

« On pourra accepter l'intervention<br />

des syndicats ; cette acceptation ne sera<br />

pas obligatoire. »<br />

Pour bien comprendre quel rôle prétendent<br />

jouer les syndicats dans le<br />

monde <strong>du</strong> travail, je vais rappeler un<br />

fait qui se passa, il y a quelque temps,<br />

dans nos ateliers :<br />

Il faut dire tout d'abord que nous<br />

n'avons jamais cessé à l'administration<br />

aussi bien qu'à la rédaction, de vivre<br />

en parfaite harmonie avec nos typographes.<br />

Plusieurs sont même de vieux amis<br />

pour moi et veulent bien se rappeler que<br />

je rendis jadis quelques services à la<br />

typographie, soit à Montpellier, soit à<br />

Agen, soit à Montauban et ailleurs.<br />

L'administration professe les mêmes<br />

sentiments.<br />

Aussi, jadis, lorsque nos typos<br />

avaient à formuler une réclamation<br />

quelconque, ils venaient simplement<br />

la bonne franquette nous la présenter.<br />

On examinait l'affaire en commun et<br />

l'on s'entendait toujours ou [presque<br />

toujours<br />

Mais la création des syndicats et leur<br />

fédération avait modifié cette<br />

situation.<br />

Ce n'étaient plus nos typos qui se<br />

plaignaient, c'étaient des inconnus ve<br />

nus de Paris qui se substituaient<br />

i<br />

eux et qui prétendaient imposer leurs<br />

volontés aux uns et aux autres.<br />

Si bien qu'un jour, nous vîmes arriver<br />

chez nous, un délégué parisien,<br />

voyageant, cela va sans dire, aux<br />

, frais de la Princesse — et la Princesse<br />

c'étaient les ouvriers, qui nous somma<br />

d'avoir à réaliser certaines réformes<br />

dans les quarante-huit heures, sous<br />

peine de voir nos compositeurs déserter<br />

l'atelier.<br />

Cela fut dit brutalement et pose en un<br />

ultimatum sur lequel il n'y avait pas à<br />

revenir.<br />

L'administration d'alors, effrayée par<br />

l'assurance <strong>du</strong> délégué, céda dès la<br />

première sommation.<br />

Je ne cachai pas au délégué parisien<br />

que si j'avais été le maître, mon premier<br />

mouvement eût été de le flanquer<br />

à la porte.<br />

Et que j'eusse suivi mon premier<br />

mouvement.<br />

Comment ! nous vivions là tranquilles<br />

côte à côte, et on peut bien le<br />

dire, en famille et un inconnu, un<br />

étranger , un monsieur<br />

quelconque<br />

s'arrogeait le droit de dire aux ouvriers<br />

:<br />

« Je vais réclamer cela pour<br />

vous »; et à l'admiaistration : « Je vous<br />

impose cela au nom des ouvriers?»<br />

Mais alors ouvriers et patrons deviendrez<br />

les esclaves, les domestiques<br />

de ce monsieur et des trois ou quatre<br />

farceurs qui se délèguent à tour de<br />

rôle en province, dans le Midi en hiver<br />

et dans le Nord en été ?<br />

Les ouvriers comprennent bien que<br />

les syndicats les compromettent souvent<br />

plus qu'ils ne les servent,<br />

Mais ils n'osent pas s'affranchir de<br />

cette tyrannie qui est terrible.<br />

A*ec un patron, en effet, à moins que<br />

ce ne soit une brute, on s'entend presque<br />

toujours.<br />

Avec un syndicat, jamais. C'est l'être<br />

impersonnel, sans entrailles et sans<br />

cœur. Ce qu'il commande il faut le faire<br />

sous peine d'être marqué au front comme<br />

un traître et traité en pestiféré que<br />

l'on chasse impitoyablement de tous les<br />

gites.<br />

Vous quittez un patron pour incorn<br />

patibihté d'humeur. Soit.<br />

Vous rentrez le lendemain chez<br />

autre.<br />

Avec le syndicat, malheur à l'ouvrier<br />

qui se permet la moindre opposition, la<br />

moindre critique, la moindre résistance.<br />

Il n'y a pas deux syndicats ; il n'y en<br />

* qu'un qui vous poursuivra partout et<br />

Je vous laissera pénétrer nulle part, là<br />

fc u son influence sera prépondérante.<br />

C est la plus épouvantable des tyrannies.<br />

Et la discipline militaire paraît<br />

«ouce comparée à ces tenailles d'acier<br />

sui vous saisissent et vous broientltout<br />

»e long de notre existence.<br />

svnd^P^ à 1,incident <strong>du</strong> <strong>Creusot</strong>, les<br />

| Jnaicats émettaient mit» nriiw;<br />

qu'il serait désormais impossible de {<br />

traiter sans leur intermédiaire, c'est-à- '<br />

dire sans l'intervention le plus souvent<br />

d'un Jaurès, d'un Viviani ou Quillici<br />

quelconque qui arrivent de Marseille ou<br />

de Paris pour jeter, sur un simple commandement,<br />

des milliers de travailleurs<br />

sur le pavé.<br />

Il fallait que cette prétention eut désormais<br />

force de loi.<br />

M. Waldeck-Rousseau n'a pas osé<br />

commettre cet attentat monstrueux contre<br />

le travail national.<br />

Nous devons l'en féliciter.<br />

Mais sa sentence sera-t-elle acceptée,<br />

nous ne dirons pas par les grévistes —<br />

qui ne savent pas ce qu'ils veulent, —<br />

mais par les meneurs qui le savent très<br />

bien et pour lesquels cette sentence est<br />

un échec ?<br />

On nous permettra d'en douter jusqu'à<br />

nouvel ordre.<br />

Et il se pourrait bien que les pommes<br />

cuites préparées pour M. Schneider,<br />

servissent à lapider le président <strong>du</strong> conseil.<br />

Les vrais socialistes ne manqueront<br />

pas de malmener également Millerand,<br />

fort empressé sans doûte à se rallier à<br />

un solution qui lui évite la douloureuse<br />

tâche de faire tirer sur les frères, en<br />

marche sur Paris, et contre lesquels —<br />

ce qui ne s'était jamais vu — on avait<br />

déjà mobilisé un corps d'armée, soit<br />

trente mille hommes au bas mot.<br />

Bon frère Millerand !<br />

Remarquons, enfin, que parmi les<br />

griefs présentés par les grévistes, il n'a<br />

été nullement question d'atteintes portées<br />

à la liberté de conscience.<br />

Une fois de plus, nous prenons donc<br />

les loges en flagrant délit de mensonge,<br />

En résumé, les grévistes auront<br />

chômé pendant un mois environ ; per<strong>du</strong><br />

plusieurs centaines de milliers de francs<br />

de salaires pour aboutir, à quoi ? A<br />

rien.<br />

Cet hiver la tristesse et la misère pénétreront<br />

dans des milliers de foyers où<br />

régnaient hier l'abondance et la joie.<br />

Dans les ateliers, la défiance aura fait<br />

place à la camaraderie.<br />

Les ouvriers estimerontun peu moins<br />

leur patron. Le patron songera un peu<br />

moins à ses ouvriers.<br />

Mais la popularité de quelques forbans,<br />

vivant de montages de coups se<br />

sera accrue,<br />

Et n'est-ce pas là un résultat suffisant,<br />

amis travailleurs, si prompts à<br />

vous emballer à l'appel de quelques fumistes<br />

et à vous incliner servilement<br />

devant toutes les fantaisies de vos syndicats<br />

parisiens ?<br />

J. RlBÈS-MÉRY.<br />

Pendant que se déchaînait sur notre<br />

pauvre pays le cyclone <strong>du</strong> dreyfusisme,<br />

tout le monde ecclésiastique, sauf une imperceptible<br />

minorité, a su joindre, selon<br />

l'expression de l'Evangile, la prudence <strong>du</strong><br />

serpent à la douceur de la colombe. Séculiers<br />

et réguliers, prévoyant avec raison un<br />

prochain redoublement d'injustes attaques,<br />

se sont absorbés dans l'exercice de ileur<br />

ministère et dans la pratique de leurs bonnes<br />

œuvres. Sans doute ils ont été torturés,<br />

comme nous tous, par la cruelle épreuve<br />

que subissait la nation ; mais ils ont eu le<br />

courage de s'interdire toute manifestation<br />

extérieure de leurs souffrances patriotiques,<br />

et ils les ont seulement exhalées dans leurs<br />

prières.<br />

Pourquoi donc le parti dreyfusiste; qui,<br />

grâce au courage des juges militaires, est<br />

aujourd'hui moralement vaincu, mais qui<br />

détient encore le pouvoir, tourne-t-il contre<br />

l'Eglise ses fureurs expirantes? C'est parce<br />

que, son atroce campagne contre nos chefs<br />

militaires, qui révolta l'instinct des Français,<br />

ayant échoué en définitive, ce parti<br />

antinational prétend la reprendre et la continuer<br />

en essayant d'y mêîer et d'y compromettre<br />

le clergé qui, malheureusement et<br />

fort injustement, est loin d'être aussi populaire<br />

que l'armée.<br />

Il faut bien l'avouer. Quand les journalistes<br />

et les orateurs <strong>du</strong> syndicat affirment<br />

que nos officiers sont des scélérats et des<br />

faussaires, la masse <strong>du</strong> public hausse les<br />

épaules ; mais quand ces mêmes calomniateurs<br />

accusent l'état-maj or de cléricalisme<br />

et assurent qne c'est le Père <strong>du</strong> <strong>La</strong>c qui<br />

dresse le tableau d'avancement, ils font avaler<br />

cette énormité à un grand nombre d'imbéciles.<br />

N'en doutez pas. C'est protégés par ce<br />

mensonge, que nos tyranneaux, obéissant<br />

au complot international contre la France,<br />

vont poursuivre leur double besogne et<br />

essayer de détruire toujours davantage l'esprit<br />

militaire et le sentiment religieux, et<br />

ils se vengeront d'abord sur les prêtres de<br />

n'avoir pas pu faire assez de mal aux soldats.<br />

On fermera les écoles chrétiennes où<br />

l'on enseigne la crainte de Dieu, parce qu'on<br />

n'est pas encore parvenu à chasser des casernes<br />

la discipline et le respect des chefs ;<br />

on exilera les moines parce qu'on n'a pas<br />

pu emprisonner les généraux.<br />

vers Texil. Ils savent oe que vous ne savez<br />

plus, que Dieu est partout et que l'Eglise est<br />

éternelle 1<br />

Commettra-t-on une fois de plus eette infâmie?<br />

Va-t-on jeter encore cette honte sur<br />

la France?...<br />

Mais, au moment où l'indignation m'étreint<br />

le cœur et me monte au cerveau, voici<br />

que j'entends tinter la cloche de mes voisines,<br />

les religieuses cloîtrées. Elles appartiennent<br />

à l'ordre des Bénédictines, pieuses<br />

et lettrées, qui savent le latin et lisent le<br />

bréviaire. <strong>La</strong> plupart d'entre elles, m'a-t-on<br />

dit, sont des Allés bien nées, d'exquise é<strong>du</strong>cation,<br />

musiciennes excellentes, et, quelquefois,à<br />

leur messe <strong>du</strong> dimanche, j'aperçois<br />

vaguement, à travers la grille, leurs<br />

coiffes blanches et je les entends mo<strong>du</strong>ler,<br />

de leurs voix suaves, le pur chant grégorien.<br />

<strong>La</strong> cloche tinte, argentine et claire. Elles<br />

vont prier, comme elles le font àtoute heure<br />

<strong>du</strong> jour. Elles vont redire les paroles<br />

qu'elles ont répétées des milliers et des milliers<br />

de fois, les sublimes paroles qui ont<br />

retenti sur la montagne, il y a dix-neuf siècles<br />

et elles pardonneront d'avance à leurs<br />

ennemis, à leurs persécuteurs de demain.<br />

Chrétien très imparfait et très indigne,<br />

j'unis ma prière à leur prière, et je songe à<br />

vous avec pitié, tyrans et malfaiteurs d'un<br />

jour, qui vous acharnez à votre œuvre d'injustice<br />

et de néant et qui ne songez pas que<br />

des empires et des républiques disparaîtront,<br />

et d'autres empires et d'autres républiques<br />

encore, avant que soit effacée de la<br />

mémoire des hommes une seule des paroles<br />

tombées des lèvres divines de Jésus-<br />

Christ 1<br />

François COPPÉE.<br />

UNE INIQUITÉ<br />

Le Journal de Chartres a reçu la<br />

lettre suivante :<br />

Monsieur le Rédacteur,<br />

Permettez-moi de signaler à l'attention de<br />

vos lecteurs un fait odieux qui vient de se<br />

passer dans la commune d'Lînverre.<br />

Chaque famille* ayant des secours au bureau<br />

de bienfaisance a reçu la note suivante<br />

:<br />

« MAIRIE D'UNVERRE<br />

« Noie<br />

K Dans sa séance <strong>du</strong><br />

15 août dernier, le<br />

conseil municipal d'Unverre a décidé que les<br />

familles qui reçoivent <strong>du</strong> pain de la commune<br />

devront dorénavant envoyer leurs enfants<br />

dans une école publique, faute de quoi<br />

le secours sera supprimé.<br />

« Dont notification.<br />

« Cachet « Le Maire,<br />

de la Mairie.<br />

« CHEVALLIER. •<br />

En envoyant cette circulaire, le conseil<br />

municipal commet une iniquité et<br />

une lâcheté, car il retire aux parents le<br />

droit de faire élever leurs enfants dans<br />

une école dirigée par les soeurs, et il<br />

s'attaque aux pauvres, à des personnes<br />

qui ne peuvent se défendre, et qui ont<br />

besoin, pour vivre, <strong>du</strong> pain qu'on leur<br />

donnait.<br />

C'est probablement au nomdesgrands<br />

principes de 89, au nom de la liberté,<br />

de l'égalité et de la fraternité qu'on refuse<br />

aux pauvres ce pain qui leur est<br />

indispensable et qu'on les force à<br />

mettre leurs enfants à l'école laïque.<br />

UN ARTICLE DE COPPÉE<br />

un<br />

émettaient cette prétention J irréprochabI».<br />

LesPersécutions de demaio<br />

En vérité, la raison demeure confon<strong>du</strong>e<br />

devant tant de criminelle démence. L'histoire<br />

universelle est là, qui nous enseigne<br />

qu'aucune nation n'a jamais vécu sans<br />

armée et sans religion, sans patriotisme et<br />

sans foi, et que leur déclin a toujours été<br />

un signe fatal de décadence et de mort<br />

Cependant, les odieux maîtres que notre<br />

infortuné pays s'est donnés affichent cyniquement<br />

ce programme, qui n'est encore<br />

qu'une étape dans leur œuvre de destruction<br />

: l'église à peu près déserte et une misérable<br />

milice autour d'un drapeau non<br />

teux 1<br />

Oui, j'entends bien les prophéties de certains<br />

« intellectuels » :<br />

- o Le genre humain, disent-ils avec un<br />

ton de pédantisme et de supériorité qui<br />

fait pitié, est encore dans un état d'enfance<br />

et de barbarie. Les frontières qui séparent<br />

les peuples vont bientôt disparaître, et nous<br />

rendrons les hommes parfaits à l'aide d'une<br />

morale indépendante de toute révélation<br />

divine et qui pourra se passer de sanction<br />

surnaturelle ».<br />

Je n'en crois rien. Mais, en acceptant<br />

pour un instant leur chimère, dans "quel<br />

lointain et mystérieux avenir pourrait-elle<br />

se réaliser ? Qu'ils regardent d'abord autour<br />

d'eux. Partout corruption et faiblesse.<br />

Un peuple rongé de vice, d'envie et de misère,<br />

et une armée profondément attristée<br />

et baissant le front sous les outrages. En<br />

attendant le nouvel Age d'Or promis, voilà<br />

le présent; il est hideux.<br />

Un des plus scandaleux spectacles qull<br />

nous réserverait pour demain, si l'on en<br />

croit les confidents de nos mauvais maîtres,<br />

ce serait oe lâche attentat contre des<br />

moines innocents et de pures religieuses.<br />

Est-il un droit plus sacré que le leur ? Us<br />

ne sont associés que pour pratiquer les<br />

plus hautes vertus. A qui nuisent-ils donc<br />

dans cette société moderne si sottement<br />

fière d'elle-même, ces ordres enseignants,<br />

hospitaliers, contemplatifs? Ils ne font que<br />

<strong>du</strong> bien. Ils élèvent des enfants dans la loi<br />

d'espérance et d'amour, ils pansent toutes<br />

les plaies de l'humanité avec des mains<br />

doucement fraternelles, et ils prient Dieu<br />

E our tant d'impies et d indifférents qui le<br />

lasphèment et l'oublient.<br />

Qu'est-ce qui vous choque le plus dans<br />

ces saintes gens, ô esprits forts, mes contemporains?<br />

Leurs vœux éternels? En<br />

effet, vous trouvez là, je pense, un contraste<br />

insultant et une cruelle satire de votre vie.<br />

Ils sont pauvres, quand vous vous ruez aux<br />

pieds <strong>du</strong> Veau d'Or ; ils sont chastes, quand<br />

vous vous exténuez de débauches ; ils sont<br />

humbles et obéissants,quadd vous êtes fous<br />

d'orgueil et toujours prêts à la révolte.<br />

DEVOIR MILITAIRE<br />

Ce que peut le sentiment <strong>du</strong> devoir<br />

militaire.<br />

On lit dans le Gaulois :<br />

Un de nos lecteurs de Bretagne nous signale<br />

un acte d'énergie, qu'on pourrait presque<br />

Qualifier acte o'néroïsme, à l'actif d'un<br />

hussard <strong>du</strong> 13e régiment, en garnison à Dinan.<br />

C'était au cours des dernières manœuvres<br />

exécutées sous la haute direction <strong>du</strong> général<br />

Brugère.<br />

Le cavalier Leray, <strong>du</strong> 13e hussards, chargé<br />

par son capitaine de porter une dépèche annonçant<br />

une position prise par l'ennemi, fut<br />

sur le point d'être pris par des cavaliers<br />

ennemis.<br />

Leray, un solide gaillard breton, fait demitour;<br />

mais, dans ce changement brusque de<br />

direction, son cheval le jette le long d'un<br />

mur.<br />

Souffrant horriblement , Leray contina<br />

son chemin et apporta la dépêche à son<br />

chef, s'excusant de ne pouvoir mettre pied<br />

à terre parce qu'il avait la jambe cassée.<br />

Le cavalier avait parcouru près de deux<br />

kilomètres au gaioo depuis son accident.<br />

L'officier, stupéfait d'un si grand courage<br />

et d'une aussi fôrte énergie, envoya un lieutenant<br />

requérir une voiture afin de transporter<br />

ce brave a l'hôpital.<br />

Le général Brugère a-t-il été informé de<br />

ce fait extraordinaire?<br />

Non, sans doute, puisque le hussard Leray<br />

n'a encore reçu aucune récompense. Mais il<br />

est toujours temps.<br />

Sous ce titre, François Coppée publie<br />

dans le Gaulois un article que nous repro<strong>du</strong>isons<br />

dans sa plus grande partie :<br />

Les sectaires <strong>du</strong> ministère actuel qui, par<br />

une contradiction bizarre, sont pleins de<br />

bienveillance pour la synagogue et le tem<br />

pie protestant, vont de nouveau faire une<br />

guerre impitoyable à l'Eglise catholique, et<br />

rouvrir, pour les prêtres et pour les moines,<br />

1ère des persécutions.<br />

Elles paraîtront d'autant plus iniques<br />

que, pendant la crise que nous venons de<br />

traverser et qui n'est pas encore close,<br />

hélas 1 le clergé, seul de toutes les classes<br />

sociales, a su garder un admirable saugfroid<br />

et une attitude parfaite de correction<br />

et de réserve. Sa tenue fut, on peut le dire,<br />

î<br />

Oui, voilà bien la cause, la vraie oause de<br />

votre colère et de votre haine contre ces<br />

serviteurs et ces servantes de Dieu. Leur<br />

exemple vous est insupportable, et, ne pouvant<br />

les imiter, vous demandez qu on les<br />

chasse, qu'on les disperse, espérant perdre<br />

ainsi jusqu'au souvenir de leurs vertus, qui<br />

vous mettent la rougeur au front.<br />

Soit, vous les chasserez. Quand ils verront<br />

arriver vos agents de police avec leur<br />

trousse de cambrioleurs, pour forcer la serrure<br />

des couvents, ils ne feront aucune résistance.<br />

Les hommes ceindront leurs reins<br />

et mettront leur manteau, les femmes baisseront<br />

leur voilo. Ils partiront, les mMs<br />

vides et nues, n'emportant que le cruciiix<br />

le rosaire qui battent les plis de leur<br />

~ de<br />

et<br />

robe. Us partiront, et vous serez surpris<br />

leur muette résignation et de leur calme impassible,<br />

quand ils feront les premiers pas<br />

L'Arbitrage. — Sentence<br />

M. Waldeck-Rousseau a ren<strong>du</strong> la<br />

seatence suivante au sujet <strong>du</strong> conflit<br />

survenu entre les ouvriers <strong>du</strong> <strong>Creusot</strong><br />

et la société métallurgique :<br />

<strong>La</strong> société et les ouvriers <strong>du</strong> <strong>Creusot</strong><br />

j &nt, flans un sentiment à l'élévation <strong>du</strong>quel<br />

l'arbitre tient à rendre hommage, sollicité<br />

sa médiation en vue de fixer les conditions<br />

auxquelles le travail sera repris et<br />

s'étant engaeés à exécuter sa sentence, le<br />

octobre 1S99, MM. Devin, avocat à la Cour<br />

de cassation, Lichtenberger, Saladin, Toussaint,<br />

<strong>La</strong>pret et Saint-Girons se sont présentés<br />

ati nom de la société; MM. Viviani,<br />

député, avocat à la cour d'aupel, Charieux,<br />

Renaud, <strong>La</strong>cour, Jussot, Montel, président,<br />

secrétaire et membres <strong>du</strong> comité de la grève;<br />

MM. Maxence Roldes, Gallot, député, et<br />

Turot. délégués suppléants, se sont présentés<br />

au nom des ouvriers.<br />

L'arbitre soussigné, après avoir énuméré<br />

les diverses questions qui se dégagent des<br />

documents et* des faits de grève, après avoir<br />

invité les deux parties à lui faire connaître<br />

toutes autres questions qui lui paraîtront<br />

devoir être soumises à sa décision et après<br />

avoir enten<strong>du</strong> contradictoirement leurs représentants<br />

dans leurs explications, a ren<strong>du</strong><br />

îa sentence suivante :<br />

SENTENCB<br />

Sur la première question, paragraphe premier<br />

: « Exécution des conventions intervenues<br />

entre la socité et les ouvriers le 2 juin<br />

1899, augmentation des salaires dans la pro<br />

portion de 0 fr. 15 à 0 fr. 25, suivant l'âge<br />

des ouvriers »;<br />

« Considérant que les salaires sur lesquels<br />

l'augmentation ci-dessus a été consentie sont<br />

de deux sortes, salaire fixe à la journée, salaire<br />

variable aux pièces dit marchandage ;<br />

considérant qu'aucune discussion n'est élevée<br />

sur l'exécution de la convention relativement<br />

au salaire fixe des ouvriers travaillant<br />

à la journée, mais qu'un débat s'est<br />

engagé sur le point de savoir si dans la détérmination<br />

<strong>du</strong> prix <strong>du</strong> travail à la pièce il<br />

avait été toujours tenu compte de la majoration<br />

convenue que l'arbitre<br />

"'"J<br />

r,nlA ainsi oue l'ont reconnu les patties, a<br />

rearêssêr le* comnte des pris antér.eurement<br />

établis et qu'il " aurait pas les éléments pour<br />

f faire qu'il »<br />

*té déclare oar la société<br />

ou'elie offre actuellement les mêmes majorations<br />

qu'elle avait offertes au mois de<br />

juin ;<br />

» Considérant que si le prix <strong>du</strong> contrat de<br />

travail ne peut être irrévocablement fixé, il<br />

ne peut être modifié oue par un accord nouveau<br />

entre les parties:<br />

« Considérant, d'ailleurs, que les rénrésen<br />

taats de la société ont déclaré qu'elle<br />

point enten<strong>du</strong> et n'entend pas faire supporter<br />

aux salaires tels qu'ils ont été fixés le<br />

2 juin une diminution indirecte à raison des<br />

conditions dans lesquelles elles dépasseront<br />

avec les tiers ses propres marchés :<br />

» Décide :<br />

11 sera tenu compte, par la compagnie,<br />

dans l'établissement, soit <strong>du</strong> salaire à la<br />

journée, soit des marchandages, des augmentations<br />

promises au mois de juin 1899,<br />

sans que les prix ainsi déterminés puissent<br />

être modifiés à raison des marchés passés<br />

par la compagnie avec ses fournisseurs ou<br />

ses clients. »<br />

Sur la première question, paragraphe 2 :<br />

« Entravés apportées à la liberté syndicale,<br />

ingérence dans les actes accomplis par les ouvriers<br />

en dehors des ateliers » :<br />

« Considérant que le respect de la loi de<br />

1884 exclut toute' distinction de traitement<br />

suivant que les ouvriers sont ou ne sont pas<br />

syndiqués, qu'il a été déclaré par le représentant<br />

de la société qu'il n'entend ni faire<br />

distinction de ce genre, ni s'immiscer dans<br />

les actes accomplis en dehors de l'atelier et<br />

qui toucheraient'à la liberté politique ou religieuse,<br />

» Décide :<br />

» Qu'il y a lieu de donner acte à la compagnie<br />

de ses déclarations et spécialement de<br />

ce qu'elle ne prétend établir aucune différence<br />

entre les ouvriers syndiqués ou non<br />

syndiaués. <strong>La</strong> gérance recommandera à ses<br />

chefs de service et contremaîtres d'observer<br />

dans leurs relations avec les ouvriers la plus<br />

entière neutralité. »<br />

Sur la deuxième question :<br />

« Reconnaissance<br />

<strong>du</strong> syndicat professionnel des ouvriers<br />

<strong>du</strong> <strong>Creusot</strong> « :<br />

« Considérant que les syndicats régulièrement<br />

formés sont reconnus par la loi, qu'il<br />

n'appartient aux tiers ni de les méconnaître,<br />

ni dê les reconnaître; qu'aux termes de l'article<br />

3 de la loi de 1884"ils ont exclusivement<br />

pour objet l'étude et la défense des intérêts<br />

économiques, in<strong>du</strong>striels, commerciaux et<br />

agricoles", que la défense ou l'amélioration<br />

des salaires rentrent dans la catégorie des<br />

intérêts économiques,<br />

qu'il appartient en<br />

conséquence aux syndicats d'organiser entre<br />

leurs membres toute action et toute entente<br />

qu'ils jugent utile pour conserver ou améliorer<br />

les salaires de la profession, mais que<br />

telle n'est pas ainsi qu'il est résulté des observations<br />

des parties, la question actuellement<br />

pendante ;<br />

Qu'il s'agit de savoir si des réclamations<br />

venant à être formulées et les ouvriers syndiqués<br />

en ayant saisi le syndicat, la société<br />

devra les débattre avec celui-ci ;<br />

Considérant que si les syndicats consti<br />

tuent un intermédiaire qui peut logiquement<br />

et utilement intervenir dans les difficultés<br />

qui s'élèvent entre patrons et ouvriers, nul<br />

rie peut être contraint d'accepter un intermédiaire,<br />

qu'un patron ne saurait exiger des<br />

ouvriers, qu'ils portent leur réclamation au<br />

syndicat patronal dont il ferait partie, que<br />

lès ouvriers ne sauraient davantage lui îm<br />

poser de prendre pour juge des difficultés<br />

pendantes entre eux et lui le syndicat ou<br />

vrier auquel ils ap partiennent.<br />

« Décide :<br />

« L'intermédiaire <strong>du</strong> syndicat auquel appartient<br />

l'une des parties peut être utilement<br />

employé si toutes les deux y consentent; il<br />

ne "peut être imposé. »<br />

Sur ta troisième question : « Nomination<br />

des délégués par ateliers et par corporation<br />

» :<br />

« Considérant que, au cours de la grève<br />

actuelle, le comité a demandé, par sa lettre<br />

<strong>du</strong> 26 septembre, qu'afin d'éviter les causes<br />

de conflit, les ouvriers puissent tous les<br />

mois, hors le cas d'urgence, faire valoir<br />

leurs réclamations, soit auprès <strong>du</strong> gérant,<br />

soit auprès de ses représentants ;<br />

» Considérant que d'après les explications<br />

verbales fournies, cette mesure comnortela<br />

nomination de délégués par les ateiiers à<br />

raison d'un délégué par corporation que la<br />

compagnie ne fait nas obstacle à cette proposition,<br />

que même son directeur général en<br />

avait au cours de la grève soumis une analogue<br />

au représentant <strong>du</strong> gouvernement, que<br />

le désaccord existe seulement sur le mode<br />

de nomination ;<br />

Considérant que chaque atelier occune<br />

des syndiqués et des non syndiqués; qu'admettre<br />

que chaque catégorie nommât des<br />

délégués différents, ce serait organiser le<br />

conflit et créer entre les uns et les autres<br />

une distinction qui ne saurait être admise.<br />

» Décide :<br />

» Les délégués seront nommés par l'atelier<br />

à raison d'un délégué par corporation. Sauf<br />

le cas d'urgence, ils conféreront tous les<br />

deux mois avee les représentants, et au besoin<br />

avec la direction de la société. »<br />

Sur la quatrième question<br />

: « Fait de<br />

grève » :<br />

» Considérant qu'il a été déclaré devant<br />

l'arbitre par les représentants de la société<br />

qu'elle n'entend se prévaloir contre les ouvriers<br />

ni de ce qu'ils se seraient mis en<br />

grève, ni des actes qu'ils auraient accomplis<br />

pendant la grève, ni <strong>du</strong> fait qu'ils l'auraient<br />

dirigée comme membres <strong>du</strong> comité<br />

grève.<br />

Donne acte à la société de sa déclaration<br />

et décide au'auctin renvoi n'aura lieu<br />

pour fait de grève ou pour fait accompli au<br />

cours de la grève. »<br />

Sur la cinquième question :<br />

« Chômage<br />

éventuel » :<br />

« Considérant qu'il a été exnosé par les<br />

représentants de la société qu'à la suite de<br />

la grève la nerte ou l'extinction d'un hautfourneau<br />

pourrait avoir pour conséquence<br />

de laisser inoccupé le personnel utilisé par<br />

ce haut-fourneau ou par les services qui en<br />

dépendent, qu'il s'agit exclusivement "d'an<br />

prècier les conséquences d'un fait pouvant<br />

résulter de la grève et de les régler de façon<br />

à ce qu'elles soient aussi peu dommageables<br />

oue possible et ou'elles ne pèsent :;as<br />

une catégorie d'ouvriers à l'exclusion<br />

autres ;<br />

,, Décide :<br />

» Au cas où se pro<strong>du</strong>irait ce chômage<br />

éventuel, ii sera établi un roulement entre<br />

les ouvriers de même catégorie, le chômage<br />

sera réparti entre les ouvriers syndiqués ou<br />

non syndiqués, proportionnellement à leur<br />

nombre dans l'ensemble des ateliers<br />

de<br />

même nature. Il sera tenu comnte, dans la<br />

répartition <strong>du</strong> chômage, de la situation et<br />

des charges de lamille des ouvriers. »<br />

Les différends soumis à l'arbitre étant ré<br />

glés par la présente sentence, le travail sera<br />

repris au <strong>Creusot</strong> aux conditions ci-dessus<br />

établies dans le nlus bref délai.<br />

Fait à Paris, le' 7 octobre 1899.<br />

WAI.PKfiK-RorSPEAU.<br />

LETTRE DE PMIIS<br />

iraient<br />

de cette<br />

sur<br />

des<br />

p a<br />

<strong>La</strong> commission <strong>du</strong> budget et l'ambas<br />

sade <strong>du</strong> Vatican. — Intolérance d©<br />

Jacobins. — Comme sous le Direo<br />

toire.<br />

— Interdiction de dansa<br />

le jour <strong>du</strong> décadi. — Deux poids e<br />

deux mesures. — Interdiction de 11<br />

cérémonie de Fontgombaud et permission<br />

accordée à la réunion clan'<br />

destine d'une Société secrète. —<br />

M. Bérenger et le complot. — Mau<br />

vaise posture.<br />

Paris, 7 octobre.<br />

Vous avez vu que la Commission <strong>du</strong> Budget<br />

s'est prononcée — à une forte majorité<br />

contre le maintien de l'ambassade <strong>du</strong> Vatican.<br />

Cette décision n'a eu rien d'inatten<strong>du</strong> f<br />

le Convent maçonnique qui vient de siéger &<br />

Paris avait réclamé cette mesure. Il était<br />

bien naturel que la Commission <strong>du</strong> Budget<br />

se soumit aux' ordres des Loges. On devait<br />

également s'attendre à voir nos adversaires<br />

— pour se venger de notre inertie — redoubler<br />

de rigueurs et de persécutions. Tout cela<br />

est dans l'ordre. Plus' les rénub'.icains ont<br />

peur, plus ils veulent sévir. Il n'existe pas<br />

de loi historique qui ait reçu moins de "démentis<br />

que celle-là. Après Fructidor, pendant<br />

les'deux années qufprécédèrent le 18Brumaire,<br />

la Francs subit lè fléau <strong>du</strong>ne Terreur<br />

qui ne recula pas devant les exécutions les<br />

plus sanglantes. Plus de cent malheureux<br />

citoyens qui — sur la foi des traités —<br />

avaient franchi la frontière et réintégré leur<br />

domicile, furent condamnés à mort nar des<br />

commissions de justice dont le seul rôle fut<br />

de faire fusiller ces malheureux sur la simple<br />

constatation oe leur identité.<br />

Mais ce fut dans le domaine religieux surtout<br />

que se déchaîna la fureur des gens <strong>du</strong><br />

Directoire. Le 21 Brumaire an VII, Briot, l'un<br />

des plus enragés persécuteurs de l'Assemblée<br />

des Cinq-Cents, vint,|au nom d'une commission,<br />

présenter un projet de loi destiné â<br />

interdire toute liberté <strong>du</strong> culte. Ce projet de<br />

loi avait pour but de légaliser les innombrables<br />

ukases que les municipalités jacobines<br />

dirigeaient alors contre les croyances de la<br />

majorité des Français. Vous vous rappelea<br />

que la principale entreprise <strong>du</strong> Diretoire fut<br />

de supprimer le dimanche et d'établir le décadi.<br />

Le peuple ne put jamais s'hao"ituer à<br />

cette substitution. Outré d'une telle résistance,<br />

le Directoire adressa, le 19 "Germinal<br />

an VII, un Message aux Cinq-Cents nour Pinv<br />

ter à faire célébrer le culte décadème dans<br />

toutes les églises et à le faire pénétrer de<br />

force dans les moindres hameaux. Défense<br />

fut faite de travailler le jour <strong>du</strong> décadi, défense<br />

de tenir les foires et marchés ce jourlà,<br />

défense de folâtrer le<br />

dimanche. Le<br />

20 thermidor an VI, le commissaire de<br />

Choisy-sur-Marne écrit au directeur<br />

<strong>La</strong><br />

Revellière qu'à Ablon les habitants ont scandaleusement<br />

célébré une fête de la Vierge.<br />

Dans une autre commune, autre monstruosité:<br />

n'a-t-on pas osé danser le jour de<br />

la fête de saint Pierre et de saint Paul ?<br />

Heureusement, l'autorité veille.<br />

Ainsi, le président de l'administration centrale<br />

<strong>du</strong> département de Seine-et-Oise, écrit<br />

que deux bais viennent d'être fermés à cause<br />

<strong>du</strong> mauvais esprit de l'imprésario qui se<br />

vante de ne pas assister au décor. Le chef<br />

de la police est très occupé à faire danser<br />

les gens les jours qui ne leur conviennent<br />

pas. Malheur aux mauvais français que la<br />

pochette <strong>du</strong> maître à danser ne met pa3 en<br />

branle le décadi! On augmente leurs contributions.<br />

S'il faut en croire certaines confidences,"<br />

le dernier convent n'aurait pas précisément<br />

proposé le rétablissement <strong>du</strong> décadi, mais<br />

il aurait fait entendre que des fêtes civiles<br />

seraient instituées et que les récalcitrants<br />

qui ne voudraient pas y prendre part seraient<br />

très mal notés. Et d'abord, injonction serait<br />

faite à tous les fonctionnaires de participer<br />

à toutes les cérémonies civiles : les<br />

éfractaïres seraient désormais tenus pour<br />

des séditieux.<br />

Bien enten<strong>du</strong>, les mêmes personnages qui<br />

veulent organiser une sorte" de culte civil<br />

sont opposés à la célébration des fêtes catholiques.<br />

Avant-hier, M. Waldeck-Rousseau<br />

fait interdire une fête qui devait avoir<br />

lieu à l'abbaye de Fontgombaud, dans le<br />

Berry, pour la bénédiction d'une nouvelle<br />

basilique.<br />

Des évêques avaient été convoqués ; toutes<br />

les populations des environs avaient été<br />

invitées. Dans un immense charnu qui entoure<br />

l'abbaye, d'innombrables tentes étaient<br />

dressées pour nourrir et abriter les fidèles:<br />

des trains spéciaux étaient organisés ; bref,<br />

30,000 paysans et citadins se félicitaient d'avance<br />

d'assister à cette solennité religieuse.<br />

Un édit <strong>du</strong> consul Waldeck-Rousseau a soudainement<br />

tout emnêché.<br />

Il y a quatre ans, sous le ministère de MM.<br />

Ribot et Trarieux, une cérémonie analogue<br />

fut célébrée à la Grands-Trauue, près Mortagne,<br />

et ne souleva aucune, protestation. <strong>La</strong><br />

ministère actuel se montre plus intolérant<br />

que MM. Ribot et Trarieux. Nott-z que le même<br />

Waldeck-Rousseau a permis aune Société secrète,<br />

au Grand-Orient, de tenir, il y a quelques<br />

jours, une réunion clandestine à Paris.<br />

Vers la fin <strong>du</strong> mois d'octobre, le conseil municipal<br />

de Paris, aura licence de goberger toute<br />

la bande dreyfusarde à l'aide de subsides puisés<br />

dans nos poches : on parle d'une centaine<br />

de mille francs. Mais ce système da<br />

deux poids et de deux mesures fait précisément<br />

le plus bel ornement <strong>du</strong> régime répu-<br />

^<strong>La</strong>'commission <strong>du</strong> budget ne s'est pas seulement<br />

siçrnalée par la suppression de I ambassade<br />

<strong>du</strong> Vatican.<br />

lille a suimrimé les traitements des aumôniers<br />

des prisons et spécialement des prêtres<br />

qui assistent les condamnés à mort.<br />

C'est la majorité protestante de la commission<br />

qui a poussé, parait-il, à cette suppression.<br />

Même sous la Terreur, les républicains<br />

n'avaient pas osé aller jusotie-là;<br />

Louis XVI et les Girondins eurent des prêtres<br />

nour les con<strong>du</strong>ire au dernier sunnlice.<br />

M. Albert Rabeau raconte qu'en Champagne,<br />

à Troyes, les républicains rie l'endroit n'osèrent<br />

pas refuser un aumônier aux victimes<br />

<strong>du</strong> tribunal révolutionnaire. Ils tournèrent:<br />

la difficulté en permettant à « deux consolateurs<br />

» d'assister les condamnés, mais à la<br />

condition que les « deux consolateurs<br />

» ne<br />

portassent'aueun signe religieux. Leministra<br />

de la police s'émut de cettft tolérance, mais,<br />

les autorités le rassurèrent en lui annonçant!<br />

que les « deux consolateurs » arboraient dnsj<br />

Wttments de couleur uo oouiuur et, »ar cou-»<br />

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