La Grève du Creusot - Presse régionale

ULLfc B IN rINANLlItlf 1 francs d'excéde_nt de recettes par rapport à î
15 "' -
REVUE HEBDOMADAIRE
Paris, 7 octobre.
Bien que la guerre du Transvaal, si elle
éclate, comme c'est malheureusement à
«raindre, ne puisse avoir sur le marché
financier aucun contre-coup bien sensible,
il est certain cependant que la suspension
du travail dans les mines va priver l'Europe
d'une quarantaine de millions d'or par
mois. En tous cas la situation en général
reste bonne et même elle fournit i l'Epargne
quelques occasions avantageuses. Le
groupe des bonnes obligations industrielles
reste très intéressant. La plupart ne dépassent
pas le pair, ou ne le dépassent que de
la valeur de la portion du coupon courue,
d'autre part, des conversions ne pourront
s'effectuer de longtemps, semble-t-il ; enGn
«es titres, dans une période de tassement,
comme celle que l'on vient de traverser et
qui n'est peut-être pas encore complètement
terminée, fléchissent beaucoup moins
que les obligations 3 0[0 ; il y a donc là
d'avantageuses occasions
de placements
rapportant 4 0|0 nets et même 5 0[0.
Les obligations des Chemins de fer Espagnols,
actuellement très rémunératrices,
paraissent toujours intéressantes comme
placements d'appoint et aussi comme valeurs
de spéculation à risques très limités
pour les personnes qui peuvent affronter
quelques aléas. Il semble que la hausse qui
s'est eiïectuée depuis trois mois sur les ac
lions de ces chemins eût pu avoir un peu
plus de répercussion sur les obligations.
Les actions des Chemins de Fer Français
ont naturellement subi l'influence de la fai
blesse générale du marché à la suite des
événements de l'Afrique du Sud et de la
tension monétaire. Elles ont, toutefois, re
hâtivement fait assez bonne contenance.
Nous n'avons pas à revenir sur ce que nous
avons dit souvent de l'amélioration de !à
situation des titres de presque toutes les
compagnies pour des raisons diverses. La
splendide récolte de vin de la région œédi
terranéenne, que nous annoncions depuis
plusieurs mois, commence
à porter ses
fruits, et il est quasi certain que le Midi
sera en excédent de recettes, peut-être
même notable, et non pas en moins-values
à la fin de l'année.
Les valeurs de Suez ou plutôt les actions
ont été très agitées et ont sensiblement fléchi.
Il n'y a aucune cause intrinsèque à
cette baisse ; la situation de l'exercice continue
à se présenter admirablement ; le
l'an dernier. La guerre du Transvaal ne
parait pas de nature à affecter sensiblement
ni même peut-être d'une façon appréciable
le mouvement de trafic. L'augmentation du
dividende apparaît comme quasi certaine et
l'on ne peut guère discuter que sur le
quantum. Il ne semble y avoir que deux
explications à ce soudain recul ; ou bien
les Anglais qui détiennent un certain nombre
de ces titres, en ont effectué des ventes
pour faire face à des besoins ou à des différences
provenant du recul d'autres valeurs
ou plus probablement on aura dénoué précipitamment
une grosse position, ici, à
Paris.
On sait, en effet, que périodiquement il
se forme ici une spéculation à la hausse
qui commence à faire enfler le titre et ensuite
le fait fléchir en se dénouant. L'action
de Suez finit à 3,485, la part de fondateur
moins impressionnable à 1,370, la part civile
à 2,485. Avec l'augmentation de dividende
que l'on entrevoit, l'action de Suez,
qui a encore soixant-dix ans de concession
et en partie de développement, rapporte
3,10 à 3,15 0[0 nets environ et la part de
fondateur au moins 3 li2. Du 5 octobre
1899 les recettes montent à 71,270,000 contre
65,730,000 fr. à la même date de 1898,
soit une plus value de 5,540,000 fr.
U nous reste à parler des valeurs industrielles,
de celles surtout qui n'ont pas assez
d'importance pour solliciter l'attention générale
du public du marché, mais qui cependant
offrent d'excellentes,
occasions
d'appoint à T épargne. Au premier raDg de
ces valeurs à capital modéré, ce qui ne les
empêche pas d'être de premier ordre, figu
rent les actions de la Société des Mines de
Bourbon Saint-Hilaire. Cette affaire, qui
est aujourd'hui en pleine exploitation, assure
à ses intéressés tous le bénéfice de
son développement intégral. Nous fournissons
d'aiileurs
par correspondance tous
renseignements détaillés sur* cette affaire.
DE LAVIGERIE,
Administrai, délégué de la Société Française
22, place Vendôme, Paris.
FOIRES & MARCHES
RAUTE-GAROXNE
octobre.
Ravel.
Cours du marché du
Sur pied, les 50 kil. :
Bœuf. 32 »» : vache. 28 ; veau, 36 70 ; mouton,
39 20; brebis. 34 70 ; porc, 50.
Blé, l'hectolitre, 80" kil., 14»»; seigie, 8 75
TARN
Castres.
Mercuriale du 7 octobre :
Blé, l'hect, 13 fr. 95 ; seigle, 10 Ir. 00; mais,
11 fr. »»; avoine, 9 fr. »».
Prii moyen du blé, 13 fr. 86.
Puylaurens.
Mercuriale dn 7 octobre :
Blé, les 80 kil., 13 fr. 84 ; mais, l'hect. 10 fr.
avoine, 8 »» ; haricots, »» ; fèves, »».
Prix moyen du blé. 13 fr. 86.
Prix du nain
: Pain blanc, le kilogramme.
0.27 ; pain de toute farine, le kilogramme, 0,22 ;
pain bis, le kilogramme, 0,18.
Carmanx.
Mercuriale. — Blé. 15 50 ies 80 kil.; avoine. 16,
les 100 kil.; mais. 13 75 ; graine de trèfle, 100 ies
100 kil.; nommes de terre, 0 60 le comble ; poules.
1 20 ; canards, 1 10 le kil. ; œuf», 0 85 la
douzaine; lapins, 0 S0 le kilogr.
TARN-ET-G ARONNE
Montauban.
Voici la cours du marché dn 7 octobre :
Bourse. — Blé fin supérieur, les 80 kilos, 15 18;
blé tendre moyen, 14 60.
Halle. — Blé Ire oualité, l'hectolitre, 14 50;
2e qualité, 11 18; 3e qualité, 13 58.
Prix moyen, 14 08. '
Prix moyen de l'hectolitre de méteil. »» »»;
seigle, U 00 ; fèves, 12 50; maïs, 9 25; avoine.
9 25; haricots, 23 ; orge, 10 25.
LOT-ET-GARONNE
Nérac.
L» marché de samedi a été relativement bon.
beaucoup de monde nartotit. les nlaces étaient
très bien approvisionnées de denrées provenant
des récoltes du pays.
La vendange rouge se vendait de 14 à 15 fr.
les 100 kil. et la blanche 13 fr.
La volaille se maintient à son prix ordinaire.
Voici le cours de la journée :
Volailles. — Poulets. 2 fr. »» à » fr. • »; Poules
jeunes, 2 fr. 25 à 3 fr. »»; poulardes.
» fr.
» fr. ; canards, 3 fr. à 4 fr. 50 : dindes, 8 fr. 50
a 9 fr. 5C; pigeons.
1 fr. 50. le tout la taire; ner
dreaux. 2 fr.: cailles. 0 40.
Lapin» domestiones. » fr, »» à » fr.
Lièvres. 4 50 et 5 fr.
Giufs, 0 fr. 00 ia douzaine.
Mercuriale. — Blé. 14 fr. 50 les 80 kilos
avoine. 8 fr. à » fr. •» les 50 kiios ; mais, »» ;
14 fr. 50 ies 75 kilos.
257 hect, de blé portés snr olace et 400 sur
échantillons se sont vendus: Ire qualité, 15 41
2e. 14 94: 3e, H 41. Le prix est le même que celni
du précédent marché. Pain ordinaire. 023 ie ki
maïs, 11; avoine, 8 25; fèves, 10 ; nommes oe
terre, 3.
T. J Agen.
Fen damnation dans la matinée, si ce n'e
aux marchés de première main, où les raisins
de vendange se eont vendus lie 9 à 11 fr. le« 50
kilos ; les volailles de
1 35 à 1 50 le demi kilo
les œufs, 0 90 la douzaine.
Dans l'après-midi, il y a en un peu plus d'animation
au marche aux grains, "dont voici les
cours :
Blés fins de Lectoure, 15 25 ; blés du coteau
15 ; biés de Garonne, de 14 50 à 15 les 80 kilos
maïs. 13 ; seigie. 12 les 75 kilos ; fèves,- 11 et 12
les 65 kilos ; avoine, 8 50 et 9 les 50 kilos.
Il y a eu quelques vérités de vins nouveaux
des prix assez élevées mais les cours ne sont
pas encore établis.
; dindindes
, t «• ttt'ejiiUMr» s."»ccorrf«ient » dire que I* ré
coite de cette annie est satisfaisante en quantit
tX qUalité ' GERS Glmont.
Cours du marché :
Poules. 4 »>• à 5 50 ; oouiets, 2 50 à 5
dons, 7 50 à 9 ; pintades, 6 »» à 7 »i
7 à 8; Pigeons, 1 à 1 50. le tout la paire,
(finis, 0 80 la douzaine.
Oies
10 à 14 ; canards. 3 à 4 »» la paire ; lièvres,
4 »» à 5 50 ; lanins, 1 25 i
1 60; perdreaux,
1 75 à 2: cailles, 0 50 le tout la paire.
Bladette, 14 ; mitadin. 13 75; orge, 9.» a » »»;
fèves, 9 50; haricots,13 à »»; maïs. 9 àl0;avoines,
50 a 8; pommes de terre, 3 50
1 Sa '3 i0 ; paille, 1 50 à 2 les 50 kilos.
46 bœufs, û fr. 50 à 0 fr. 60 ; 198 vaches, 0
a 0 50 172 veaux, 0 50 à 0 65 ; 16 porcs gras, 1 a
10, lè tout le kilo ; génisses, 180
agneaux,
•> à »» ; moutons, 18 a 2o
lait, 35 à 45 ; cochons da marcha,
tout la pièce.
le tout
40
à 225 f r. ;
cochons de
à »», le
Foire très animée. Transactions
que à des prix faibles
Riscle.
actives quoi-
Grands bœufs, 700 à 800; bœufs moyens. 600 à
-700- breanx, 250 à 500; bouvillons. 220 a 300.
Vaches de travail, 350 à 400; vaches bretonnes,
lb Bœnfs°de boucherie, 60 les
100 kilos; veaux,
0 65 le kilo, poids vif. .
Chevaux ne travail. 350 à 400; poulains 3 ans.
250 à 300; 2 ans, 150 à 200; 1 an, 120 à 150.
Pors "ras, 60 le quintal; corcs de marche, 60 a
Ï0; porcelets, 25 à 30. ^.^
I e beau temps continue de nlus belle, ce qui
attire une afflùeoce de monde énorme sur nos
l'es affaires, néanmoins, sont limitées, surtout
la Place du bétail a cornes, où les transactions
s'effectuent difficilement. Vendeurs et acheteurs
sont oeu einuressés.
Les petits DOICS de lait continuent a se vendre
très cher avec, même, tendance à la hausse.
Vendus 1,000 jeudi, au prix se cotant par tète
entre 33 à 50.
A la olace aux grains, les transactions restent
absolument calmes. Les affaires sont seules soutenues
sur les avoines qui se vendent facilement
à 8 l'hecto.
L'hectolitre de blé continue à ne valoir que
13 fr.
Tout ie reste du grain est sans changement de
prix.
Dindons, 10, ia paire; poules. 5; poulets, 2 50;
canards. -1 »"».
Giufs, 0 80 la douzaine.
Eauze.
Beaucoup de monde à ce marché, surtout au
marché aux vins, où l'on n'a fait que discuter,
mais où il n'a été établi aucun prix. On a bien
parlé de 7 à 7 50 le degré la barrique d'armagnac,
mais k ce prix on ne connaît pas de vente.
Au foirail aux bestiaux, les affaires ont été
assez courantes, mais toujours à des Drix tien
élevés; ia plus belle oaire de bœufs s'es't vendu»
750.
Halle.
— Bié. 14 à 14 fr. 50 l'hect.; avoine,
8fr. 25 à » »»
; maïs, 13 à 14; pommes de terre,
» fr. à ». -
i
An foirail aux cochons, les affaires se faisaient
à des prix très élèves.
Volailles. — Poules, 2
»»à 3 fr. »» la pair»;
poulets. 4 »» à 5 fr. ; poulardes, » »» à »»»;
dindons, 9 à
10; dindonneaux, » à » fr.
Marchandises albouche,
Saïgon 108 fr.. Telli
MARCHE DK BORDEAUX
Du 8 octobre.
«încres bruK - Cours en baisse. On cote, en
sucres " , o J, Mi va fr.. roux 88- de
^bo
'Ta^té^
sTe^fr^te^
suivant flnesfe. 106 a 107, vergeoise n- 5, 99 fr
" 6, 96, n- 7, 9S. Il a été importe : par steame
commandant Franchetti, arrive de' Bonen, 1.014
caisses sucre raffiné
; par steamer Breton 1UU
caisses sucre raffiné.
Mélasses. — On cote
40 fr. les 1C0 kilos.
Poivres. — On cote .
éhery 68 fr. les 50 kilos entrepôt. Il a ete importé,
par le steamer Thérese-ct-Mane, arrivé
du Havre, 62 sacs de poivre.
Cuirs et peaux — Sans ventes à signaler, par
suite du manque de marchandises, il a «te importé
nar steamer la Plata. de Buenos-Ayres et
Monté'vidéo. 32 balies peaux chevreau et 8 balles
Deaux chèvre, Dar steamer Thérèse-Marie, arrive
dn Havre, 2 balles peaux sèches et
1 grenier
Deaux salées.
" Peaux de mouton. — Affaires très cannes, cours
sans changement : Dar steamer Plaxa. arrive ae
Buenos-Ayres et Montévidéo 1590 balles peaux
de mouton, par steamer Hirondelle il est arrive
de Londres 160 balles peahx de mouton.
Sulfate cuivre. 1— Cours très fermes. On cote :
sur octobre et décembre 66 fr., et sur janvier et
mars 67 fr.. avec tendance à la hausse.
Suifs. — Coure en hausse. On cote : suifs en
branches fr. 63, Plata 72, les 100 kilos.
MARCHE DES VINS
Carcassonne.
Il s'est traité peu d'affaires au marché dn 7
octobre. Le commerce n'offrant que 1 fr. 75, 1 80
ai 1 90 le degré, le propriétaire résiste «t il a
raison, croyons-nous. Après la décuvaison, nos
vins, oui sont, cette année de très belle qualité,
seront recherchés et payés à leur valeur.
Quelques lots titrant au-dessus de 10 degrés se
sont Tendus dans la région à 2 fr. le degré.
AUDE
Carcassonne.
Mercuriale du 7 octobre :
Blé, première qualité, lô »» ; 2e qualité,
14 »»; 3e' »».fr ; seigie, 10 fr.50; maïs, 9 à .. »»;
avoine, 9 et S •» : orge, » »» ; paumelle, S »»
et >>•; fèves, 10 50 et »» »»; vesces, » »».
CBufs, 1 fr. 05 et
» »• la douzaine.
Auzerde 1050, luzerne, 10; foin, 8 | paille,
4 fr. 50.
Pommes de terre, 5 et»; haricots, »» et »»; lentilles.
• » et »».
Farine, Ire oualite, 38 fr.; ïe, 35 »•: 3e, 34.
Pain blanc. Ire oualité, 0 35 bis. 0 30.
Lapin, 2 50 et
»»; perdreaux, 2 50; poulets,
la paire, 2 fr.
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tenue à la disposition du public dans toutes [S
stations des roseaux sus-menlionnés.
Cette demande doit être remise cinq
l'avance, au chef dn la {rare de départ.
(Voir le tarif spécial commun a. V., n»
chapitre II.)
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les voyageurs peuvent se rendre, à prix réduits
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Tarn.Grand s-Causses.Mont,pellier-le-vieux,grotta
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des gorges du Tarn doivent quitter ln chemin de
1er à Mendo ou à Banassac-la-Canourgne et l 8
reprendre à Aguessac ou à Millau. Dans ce cas
la distance par voie de fer qui sépare ces points
n'est pas comprise dans le décompte du prix dn
billet.
Une notice spéciale est envoyée franco à toute
personne qui en fait la demande à la compagnie
du Midi :a Paris, 54, boulevard Haussman; a
Bordeaux, bureau des réexpéditions et correspondances,
rue de ia Gare.
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gare de Clermont-l'Héranlî permet aux voyageurs
de visiter les gorges de Saint-Guilhem-ler
Désert, pendant ia période du 1" juillet au 30
septembre.
Avis important.— En vue des excursions dan
l'Andorre et dans la haute vallée de l'Aude, il
est loisible aux voyageurs, porteurs des billets
du 6* ou du 7' parcours, de remplacer, à l'aller
ou au retour, sôit le trajet Toulouse-Matabiau a
Perpignan on vice-versa, par ceux de Toulouse-
Matabiau à Ax-les-Thermes et de Villefranchedé-Couflent
ou de Prades à Perpignan ou viceversâ,
soit le trajet Carcassonne à Rivesaltes ou
vice-versâ; par celui de Carcassonne à Quillan
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27 Feuilleton du 9 octobre 1899
lu A.
Il 11
Par René BAZIN
XII
L'ENCAN
Les voliges qui fermaient depuis des années
les fenêtres des appartements du rozde-chaussce
avaient été déclouées d'un côté
et pendaient le long des persiennes ouvertes.
Dans
la salle à manger et dans les
deux salons qui se faisaient suite, on avait
entassé presque tous les meubles des chambres,
les ustensiles de cuisine, la vaisselle;
les tableaux, retournés, faisaient lambris le
long des canapés et des fauteuils il y avait
quatre pendules sur les cheminées, des candélabres
dans les foyers, des chenets sur nn
guéridon, des rayons de bibliothèque sur le
drap du billard, des paniers de vins tins
^ans le boudoir cerise de l'ancienne mar-
§îe ,S do «°,S«! nèr ?; d u s P an opbes sur une tad
s a4 a»x e - ?„ U h 1 - des m"fs, pendaient
pareil à celui des éléments d'un corn! dissocies
par la mort. Et, se faufilant dans les
ruelles ménagées entre ces objets entassés,
on voyait des êtres insolents, habitués au
maniement de !a guenille, d'anciens domestiques
renvoyés de la Fromentière, des revendeuses,
des cafetiers, passer la main
iavec une volupté enyiouse sur les sculptures
des bahuts, gratter le cadre des tableaux
pour,juger la matière dont ils étaient faits,
•uvrir les placards et les tiroirs, et rire d'un
gros rire, en désignant quelques intimes
souvenirs produits au grand jour par cette
vente et profanés par elle : photographies,
lettres, missels, chapelets, restes d'âmes
disparues. Plus haut, dans les étages, quelques
gars en sabots faisaient le tour des
chambres, s'asseyaient, les jambes en dehors,
sur l'appui des croisées, se couchaient
sur des matelas laissés encore entre les bois
de lits.
Dans le parc, à mesure que le jour tardif
de février divisait les brumes et les taillait
en lourds copeaux que le vent poussait audessus
des futaies, les cabriolets, les victorias
raccommodées avec des cordes, les tilburys,
quelques calèches séculaires, jadis
armoriées, et tombées au louage, quelques
voitures élégantes se succédaient. On dételait
sur les pelouses. Los chevaux étaient
attachés à des chênes, une botte de foin
sous les naseaux. D'autres paissaient, entravés.
Les carrioles levaient leurs brancards
en diagonale sur les hachures des
taillis. Les environs du château ressemblaient
à un champ de foire. Car déjà les
écuries et les remises avaient été envahies.
Là, des chevaux de charrue, deux ou trois
ensemble, tournaient dans les boxes. Les
conducteurs, palefreniers d'auberge, coiffés
de chapeaux de paille ronds, admiraient
les vastes proportions des dépendances,
restaient hypnotisés devant les boules de
cuivre des stalles, les serrures nickelées,
les barreaux tournes des séparations.
sai7nS. CétaU b3au lùllt du
di-
Hs devinaient, vaguement, la splendeur
w' 6 0 .
d t " , C f dom re. Quelque chose
les arrêtait et les rendait stupidès : comment
un homme avait-il pu perdre une
fortune pareille? comment
se ruine-t-on
quand on a des centaines de mille livres de
rente? Et, naturellement, ils supposaient
des vices qui n'avaient eu qu'une bien fai-
.1
ble part dans le désastre, car ils disaient, en
crachant sur le ciment quadrillé :
— Tas de jouisseurs !
_ Devant le perron, la foule augmentait rapidement,
acheteurs et
ourieux mêlés.
Trois cents personnes, assises sur des bancs
et des chaises, formaient une masse compacte,
circulaire, immobile ; et sur la ligne
de circonférence, au contraire, c'était un vaet-vient
continuel. Après les marchands
d'antiquités et les revendeurs qui occupaient
les premiers rangs, il y avait un lot
considérable de boutiquiers, anciens fournisseurs
du marquis et de rentiers de
Challans avec leurs femmes, les demibourgeoises
habillées comme pour le jour
de Pâques, l'œil animé, parlant haut, et
qui portaient au corsage les premières
fleurs de la Fromentière, qu'elles avaient
été couper elles-mêmes, dès l'arrivée, dans
les serres abandonnées au pillage. Elles se
moquaient, entre elles, du mauvais état des
appartements qu'elles venaient de visiter,
des fenêtres poussiéreuses, des avenues
pleines d'herbes, des fondrières dans les
carrefours du parc. « C'est plus propre que
ça chez nous, disaient-elles. Dieu merci, on
a plus d'honneur que les marquis ruinés. »
Elles rappelaient, en faisant mine d'en savoir
très long, les fêtes d'autrefois. On
voyait derrière elles des paysans de Saint-
Gervais, de Soullans, de Saint-Urbain, mais
des hommes seulement. Il en était venu
très peu de la paroisse même. La vente
n'était noint pour eux. Qu'auraient-ils fait
là? 11 avait semblé à beaucoup de ceux qui
avaient connu la famille, que c'eût été une
injure d'assister à ce spectacle humiliant.
Une dizaine d'anciens de Sallertaine, tout
naient S à„ e v
des plus Importants, se te-
?IS3a
! s ,P n ' osaien i, ? as
du chAtfian ai .Tt » comnl p 81 'e propriétaire
tefaTaS ÏÏ£n, ? or ? deva ? 1 eux > alu '«-
«res, ayant suivi latoule par désœuvrement
de dimanche, ils se souvenaient de quelques
bonnes paroles de « monsieur Henri »,
de saluts, de sourires jeunes de mademoiselle
Ambroisine. Hélas ! de tant d'argent
jeté à profusion, de tant de services rendus,
de beaucoup de cordialité, de politesse, de
vraie bonté dépensée par les marquis de la
Fromentière pendant des siècles, cela seul,
après huit ans, demeurait : le petit regret
inscrit dans le pli de quelques visages de
fermiers .
Il y avait moins de gentilshommes encore.
On ne voyait là, dissimulés parmi les
groupes, que le baron de la Hauvelle, &
qui sa manie de collectionneur faisaient oublier
ses devoirs de solidarité ; le comte
de Buart, gros, bête et rouge, qui venait
pour la cave ; le petit d'Escaron, qui venait
pour une poulinière. Mais le notaire avait
reçu beaucoup de commissions d'enchères
et, les jours précédents, avant l'invasion de
la plèbe et l'exposition publique, des châtelaines
s'étaient fait conduire au château,
des jeunes et des vieilles, des amies et des
habituées de la Fromentière, et, guidées
par le garde-chasse, on les avait vues parcourir
les chambres et les salons avec des
exclamations, déplier le linge et discuter
les tapisseries anciennes. Enfin, un seul
des Lumineau assistait à la vente, Mathurin,
l'infirme pour qui tout spectacle nouveau,
même pénible, était une trêve à la
douleur et à l'ennui. Quand il avait annoncé
: « J'irai », le père avait dit :
— Moi, ça me ferait faire trop de mauvais
sang. Vas-y, puisque tu peux voir des
choses pareilles, et quand ils en seront à
vendre les hardes, prévions-moi, Mathurin,
parce que je veux avoir un souvenir de
monsieur le marquis.
A gauche du perron, assez loin du cercle
que formait la foule, Mathurin Luminean
s'était assis à la lisière d'un massif d'arbres
verts. Enveloppé de sa capote de
laine
brune, plus taciturne, plus songeur que ja- ]
mais, il avait fini par se dissimuler à peu
'
près entre les branches de deux sapins, et,
de là, comme à l'affût, il écoutait, et il promenait
sur la façade du château, sur les
acheteurs et les passants, son regard bleu,
où, par moments, la colère s'allumait.
A huit heures et demie, les enchères
commencèrent. Le crieur, un petit homme
ex^ngue, doué d'une voix formidable,
cria, du haut du perron, aux assistants,
aux bêtes, aux futaies depuis huit années
ailencieuses :
— Le meuble de salon de monsieur le
marquis, six fauseuils, un canapé, quatre
chaises satin vieil
or, bois noir, style
Louis XV, clous dorés, à quinze cents
francs ! On donne les housses par-dessus le
marché. A quinze cents francs I
— Quinze cent vingt, ajouta-t-il, avec un
roulement d'yeux, quinze cent cinquante...
seize cents.
— A seize cents francs, le meuble de
satin vieil or fut adjugé. Et pendant que le
notaire faisait mettre aux enchères les rideaux,
Mathurin put suivre du regard les
fauteuils, le canapé, les chaises qu'il avait
vus une seule fois dans sa vie et par hasard,
un jour de terme, enlevés par les déménageurs,
et rangés dans une voiture, qui emporta
de suite ces premières dépouilles du
château . Après les meubles du salon, on
vendit les tables, les armoires, les lits plus
disputés que le reste, la vaisselle, souillée
de poussière et disposée par piles sur la
balustrade du perron, des pendules, un
billard.
Et la vente, sauf une interruption de dix
heures à midi, remplit la journée entière.
La voix du crieur ne se lassait pas. Des curieux
remplaçaient toujours ceux qui se retiraient.
La poussière sortait à flots, dans
le pâle soleil de février, par toutes les fenêtres
basses. Une cobue emplissait les appartements,
Beaucoup d'acheteurs opéraient
eux-mêmes le déménagement de leur
lot. D'autres, qui ne devaient prendre pos-'
session que plus tard des meubles qu'ils
avaient acquis, inscrivaient leur nom à la
craie sur le côté des bahuts de vieux chêne,
ou sur les boiseries des salons, au-dessus
de petits tas d'objets disparates. Des tentures
déclouées tombaient du haut des corniches,
coulaient sur les barreaux des échelles,
et s'affaissaient dans un nuage.
Cependant, vers quatre heures, le nombre
des spectateurs diminua. Les chevaux entravés
furent sortis des massifs où ils
avaient pénétré. Des voitures de tout genre
reprirent le chemin de la petite ville et des;
bourgs. Mathurin n'avait pasquittéson abri
àl'extrémilé du massif de sapins. Une inquié-J
tude, un soupçon, l'agitait violemment. Par
deux fois, il avait cru reconnaître, là-bas,'
du côté des communs, la silhouette alerte
de Jean Nesmy. Ce petit homme vêtu da
brun, le chapeau rabaissé sur les yeux, qui'
ne s'était pas avancé à découvert," mais que,
Mathurin avait aperçu, tantôt ici et tantô»
là, dans les taillis de l'autre côté de la P»"
louse, ce ne pouvait être que le valet rep
voyé, l'amoureux de Roussille. Et Malhurm
attendait le père, qu'un gamin était allé pW
venir de la fin prochaine de la vente. <
Dans le jour bleui, sur la droite du oh*-
tcau, le vieux Lumineau parut, et Marier
Rose près de lui. Ils avaient un peu honte,
malgré l'ombre qui commençait. R°usSl1]*
n'alla pas bien loin. Elle s'arrcla à plus oe
cent pas de la façade, sur le banc de *
marquise, et tout effarée, contempla cette
scène de deuil qui s'achevait, tandis que i»
père se dirigeait vers le perron, afin d'acheter
un souvenir.
(A ttcivr*') j
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