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La Justification par la Foi.

Qu'est-ce que la «justification»? Qui est justifié? Pourquoi parler de justification «par la foi» et «par elle seule»? Or la justification est un terme juridique qui signifie proprement «être déclaré juste, droit, intègre» devant Dieu, c'est à dire «être déchargé de toutes culpabilités, être acquitté ou innocenté, être exempté de la peine du châtiment pour nos péchés. Chez les Évangéliques et plusieurs autres, la justification par la foi est comme avoir une patate chaude qui sautille entre leurs mains, ils ne savent pas trop quoi faire avec ni où la mettre, mais ils faut qu'ils fassent vite car elle est brûlante et ils finissent par la déposer au méchant endroit. Donc avant de procéder avec le sujet complexe de la justification par la foi, il importe de savoir c'est quoi exactement la foi. Vu le phénomène de la controverse, les gens ont besoin de savoir que la foi est perçue de deux différentes façons qui n'ont pas la même source, à savoir la foi charnelle et la foi spirituelle, et le manque de discernement à ce niveau est grandement problématique. La confusion sur ce sujet se voit à tous les niveaux de la société et du christianisme moderne. Pour un grand nombre la foi est comme une formule magique et ils la considèrent comme faisant partie des mythes et des légendes, pour d'autres elle est associée à la pensée positive, d'autres la confondent avec le destin et d'autres à une vague croyance quelconque. Au niveau du christianisme, surtout chez les sectes dites Évangéliques, les gens regardent la foi comme «une faculté de la volonté libre de croire» et souvent on les entend parler du «choix de la foi».

Qu'est-ce que la «justification»? Qui est justifié? Pourquoi parler de justification «par la foi» et «par elle seule»? Or la justification est un terme juridique qui signifie proprement «être déclaré juste, droit, intègre» devant Dieu, c'est à dire «être déchargé de toutes culpabilités, être acquitté ou innocenté, être exempté de la peine du châtiment pour nos péchés. Chez les Évangéliques et plusieurs autres, la justification par la foi est comme avoir une patate chaude qui sautille entre leurs mains, ils ne savent pas trop quoi faire avec ni où la mettre, mais ils faut qu'ils fassent vite car elle est brûlante et ils finissent par la déposer au méchant endroit. Donc avant de procéder avec le sujet complexe de la justification par la foi, il importe de savoir c'est quoi exactement la foi.



Vu le phénomène de la controverse, les gens ont besoin de savoir que la foi est perçue de deux différentes façons qui n'ont pas la même source, à savoir la foi charnelle et la foi spirituelle, et le manque de discernement à ce niveau est grandement problématique. La confusion sur ce sujet se voit à tous les niveaux de la société et du christianisme moderne. Pour un grand nombre la foi est comme une formule magique et ils la considèrent comme faisant partie des mythes et des légendes, pour d'autres elle est associée à la pensée positive, d'autres la confondent avec le destin et d'autres à une vague croyance quelconque. Au niveau du christianisme, surtout chez les sectes dites Évangéliques, les gens regardent la foi comme «une faculté de la volonté libre de croire» et souvent on les entend parler du «choix de la foi».

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LA JUSTIFICATION PAR LA FOI<br />

<strong>par</strong> Jean leDuc<br />

1


TABLE DES MATIÈRES<br />

CHAPITRE 1<br />

LE SYNDROME DE LA PATATE CHAUDE<br />

CHAPITRE 2<br />

LA JUSTIFICATION ET LA SANCTIFICATION<br />

DANS LA PENSÉE DE CALVIN<br />

I. Définitions et distinctions<br />

II. Union de <strong>la</strong> justification et de <strong>la</strong> sanctification<br />

III. Réception<br />

A) Œuvre de Dieu: les croyants sont d’abord passifs<br />

B) Re<strong>la</strong>tion intérieure<br />

C) Sanctification active<br />

D) Les œuvres de <strong>la</strong> foi<br />

E) <strong>La</strong> justification du juste<br />

F) L’activité de <strong>la</strong> foi: une grâce<br />

En conséquence du résultat<br />

CHAPITRE 3<br />

LA NATURE DE DIEU<br />

CHAPITRE 4<br />

L'ŒUVRE DE CHRIST DANS L'EXPIATION<br />

3


CHAPITRE 5<br />

LA MALÉDICTION ET LA PROPITIATION<br />

4


CHAPITRE 1<br />

LE SYNDROME DE LA PATATE CHAUDE<br />

Qu'est-ce que <strong>la</strong> «justification»? Qui est justifié? Pourquoi <strong>par</strong>ler<br />

de justification «<strong>par</strong> <strong>la</strong> foi» et «<strong>par</strong> elle seule»? Or <strong>la</strong><br />

justification est un terme juridique qui signifie proprement<br />

«être déc<strong>la</strong>ré juste, droit, intègre» devant Dieu, c'est à<br />

dire «être déchargé de toutes culpabilités, être acquitté ou<br />

innocenté, être exempté de <strong>la</strong> peine du châtiment pour nos<br />

péchés. Chez les Évangéliques et plusieurs autres, <strong>la</strong> justification<br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong> foi est comme avoir une patate chaude qui sautille entre<br />

leurs mains, ils ne savent pas trop quoi faire avec ni où <strong>la</strong> mettre,<br />

mais ils faut qu'ils fassent vite car elle est brû<strong>la</strong>nte et ils finissent<br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong> déposer au méchant endroit. Donc avant de procéder avec<br />

le sujet complexe de <strong>la</strong> justification <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi, il importe de savoir<br />

c'est quoi exactement <strong>la</strong> foi.<br />

Vu le phénomène de <strong>la</strong> controverse, les gens ont besoin de<br />

savoir que <strong>la</strong> foi est perçue de deux différentes façons qui<br />

n'ont pas <strong>la</strong> même source, à savoir <strong>la</strong> foi charnelle et <strong>la</strong> foi<br />

spirituelle, et le manque de discernement à ce niveau est<br />

grandement problématique. <strong>La</strong> confusion sur ce sujet se voit à<br />

tous les niveaux de <strong>la</strong> société et du christianisme moderne. Pour<br />

un grand nombre <strong>la</strong> foi est comme une formule magique et ils <strong>la</strong><br />

considèrent comme faisant <strong>par</strong>tie des mythes et des légendes,<br />

pour d'autres elle est associée à <strong>la</strong> pensée positive, d'autres <strong>la</strong><br />

5


confondent avec le destin et d'autres à une vague croyance<br />

quelconque. Au niveau du christianisme, surtout chez les sectes<br />

dites Évangéliques, les gens regardent <strong>la</strong> foi comme «une<br />

faculté de <strong>la</strong> volonté libre de croire» et souvent on les<br />

entend <strong>par</strong>ler du «choix de <strong>la</strong> foi».<br />

Voici ce qu'en dit un pasteur Évangélique: «À cause des conflits<br />

et des difficultés que nous rencontrons dans le monde<br />

d’aujourd’hui, je souhaiterais proposer un choix unique, un choix<br />

de paix et de protection et un choix qui convient à tous. Ce choix<br />

c’est <strong>la</strong> foi. Soyez conscients de ce que <strong>la</strong> foi n’est pas un don<br />

gratuit offert sans nécessité de réflexion, de désir ou d’effort.<br />

Elle ne vient pas comme <strong>la</strong> rosée tombée du ciel. Le Sauveur a<br />

dit: «Venez à moi» (Matthieu 11:28) et «frappez, et l’on vous<br />

ouvrira» (Matthieu 7:7). Ce sont des verbes d’action: venez,<br />

frappez. Ce sont des choix. Alors je dis: «Choisissez <strong>la</strong> foi.»<br />

Choisissez <strong>la</strong> foi au lieu du doute, choisissez <strong>la</strong> foi de<br />

préférence à <strong>la</strong> peur, choisissez <strong>la</strong> foi au lieu de l’inconnu et de<br />

l’invisible, et choisissez <strong>la</strong> foi au lieu du pessimisme. Oui, <strong>la</strong> foi<br />

est un choix et l’on doit <strong>la</strong> rechercher et <strong>la</strong> développer. Nous<br />

sommes donc responsables de notre foi. Nous sommes<br />

également responsables de notre manque de foi. Le choix vous<br />

ap<strong>par</strong>tient.»<br />

6


Il semblerait que ce soi-disant pasteur n'a jamais lu les passages<br />

suivant dans sa Bible: «Personne ne peut venir à moi, si le<br />

Père qui m'a envoyé ne l'attire...» (Jean 6:44); «Car vous êtes<br />

sauvés <strong>par</strong> grâce, <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi; et ce<strong>la</strong> ne vient pas de vous, c'est<br />

un don de Dieu.» (Éph. 2:8); «Parce qu'il vous a fait <strong>la</strong> grâce,<br />

<strong>par</strong> rapport à Jésus-Christ, non-seulement de croire en lui, mais<br />

encore de souffrir pour lui.» (Phil. 1:29).<br />

Un autre de ces supposés pasteurs déc<strong>la</strong>re: «Jésus nous dit que<br />

si nous avions une foi, tout petit comme un grain de sénevé, nous<br />

serions capables de dép<strong>la</strong>cer des montagnes! Alors pourquoi<br />

dès aujourd'hui, ne pas faire le choix de croire, le choix de<br />

<strong>la</strong> foi, le choix de ne pas douter, le choix de prendre<br />

conscience de l'amour de Dieu pour nous? Bien sûr, avant de<br />

mettre à l'épreuve notre foi, nous devons sonder nos cœurs et<br />

nos intentions, pour que notre foi s'exerce sur des choses qui en<br />

valent <strong>la</strong> peine.»<br />

Cette notion provient évidemment des techniques de <strong>la</strong> pensée<br />

positive. En substance ce pasteur dit: «je peux dép<strong>la</strong>cer une<br />

montagne <strong>par</strong> ma foi, mais seulement si je ne doute pas et que je<br />

pré<strong>par</strong>e mon cœur et mes intentions d'avance en me motivant<br />

correctement.» Il faut se surestimer à l'extrême pour penser<br />

d'une telle façon qui tord complètement le sens des<br />

Écritures <strong>par</strong> rapport à <strong>la</strong> foi. Ce qui est évident dans cette<br />

7


hérésie est que pour les Évangéliques «<strong>la</strong> foi est un choix», et<br />

ce<strong>la</strong> se voit en ce que pour eux il faut prendre une décision<br />

personnelle pour accepter Jésus comme Sauveur.<br />

Un autre Évangélique prétentieux déc<strong>la</strong>re: «A l'origine, tout le<br />

monde a <strong>la</strong> foi. Nous sommes nés croyants et soumis à <strong>la</strong><br />

volonté divine. C'est ensuite, lorsque <strong>la</strong> vie nous attire dans ses<br />

moindres aspects et que l'esprit se <strong>la</strong>isse dicter ses réactions <strong>par</strong><br />

le matériel qu'on perd <strong>la</strong> foi. Au contraire, lorsque le spirituel<br />

est primordial c'est le cœur qui est alimenté et donc <strong>la</strong> foi<br />

augmente. <strong>La</strong> religion est là pour nous rappeler que l'être est né<br />

pour vivre dans toutes les composantes de <strong>la</strong> vie. Nos choix<br />

vont se décider plus surement dès lors que l'on a pleinement<br />

conscience de ses dimensions spirituelles et matérielles. Ceux qui<br />

n'ont pas <strong>la</strong> foi n'ont conscience que de leur aspect matériel.<br />

Leurs choix ne seront donc pas les plus surs. <strong>La</strong> vie présente est<br />

<strong>la</strong> prison du croyant. Il est donc très difficile d'avoir une foi<br />

constante. Elle suit une courbe ascendante mais en dents de scie.<br />

<strong>La</strong> prière est le seule moyen pour se rapprocher de Dieu et<br />

d'augmenter <strong>la</strong> foi. Que Dieu nous guide tous afin de ne pas<br />

perdre <strong>la</strong> foi car c'est le bien le plus précieux.»<br />

Dans un sens il est vrai que «tout le monde a <strong>la</strong> foi» mais il ne<br />

s'agit aucunement de <strong>la</strong> foi spirituelle qui mène au salut, mais<br />

d'une foi purement charnelle issue de <strong>la</strong> nature humaine déchue,<br />

8


une qualité d'une personne qui a une conviction ou connaissance<br />

quelconque en des évènements et des circonstances banales de<br />

<strong>la</strong> vie de tous les jours. Une personne a <strong>la</strong> foi que le soleil va se<br />

lever le lendemain matin ou encore qu'il y a des pyramides en<br />

Égypte sans qu'elle ne les ait jamais vu, mais ce<strong>la</strong> n'est en<br />

aucune façon <strong>la</strong> foi biblique. Elle n'est que <strong>la</strong> prévision de faits<br />

connus qui se rapporte à tous les hommes. Appliquée au niveau<br />

moral et surnaturel d'une spiritualité quelconque, une telle foi<br />

n'est qu'une opinion basée sur <strong>la</strong> présomption et donc du<br />

domaine de <strong>la</strong> supposition, et c'est ce genre de foi qu'ils<br />

amènent avec eux dans leurs églises et leurs dénominations.<br />

Comme nous avons vu, <strong>la</strong> Bible dit c<strong>la</strong>irement que <strong>la</strong> foi est<br />

un don de Dieu et que conséquemment elle ne vient pas de<br />

nous mêmes. L'épître de Paul aux Hébreux affirme que «<strong>la</strong> foi est<br />

une ferme attente des choses qu'on espère, l'évidence de celles<br />

qu'on ne voit point.» (Héb. 11:1), en d'autres mots <strong>la</strong> foi est<br />

une assurance, une certitude qui nous est donnée <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

grâce (Éph. 2:8; Phil. 1:29). Dans l'épître aux Romains, on<br />

apprend que <strong>la</strong> foi nous est transmise <strong>par</strong> <strong>la</strong> Parole de Dieu, c'est<br />

à dire le message de <strong>la</strong> grâce que Dieu nous déc<strong>la</strong>re <strong>par</strong> ses<br />

prophètes et les apôtres (Rom. 10:14-17). <strong>La</strong> foi est donc dérivée<br />

de l'Évangile, elle est le résultat du message de <strong>la</strong> grâce qui <strong>la</strong><br />

produit dans le cœur de ceux qui sont destinés à confesser cette<br />

assurance (Ac. 13:48; Rom. 10:8-10). Il est donc impossible<br />

9


que l'homme soit né avec une telle foi ou quelle soit issue<br />

de notre volonté libre de croire, ce qui veut dire que «le<br />

choix de <strong>la</strong> foi» est une fourberie, une imposture, une<br />

contrefaçon de <strong>la</strong> foi réelle.<br />

Maintenant nous commençons à comprendre que «<strong>la</strong> justification<br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong> foi» est en réalité «<strong>la</strong> justification <strong>par</strong> <strong>la</strong> certitude» et non<br />

une certitude qui provient de nous, mais <strong>la</strong> certitude de Christ<br />

lui-même dans l'accomplissement de son sacrifice <strong>par</strong>fait<br />

sur <strong>la</strong> croix en notre faveur. Si nous avons reçu l'assurance<br />

inébran<strong>la</strong>ble que Christ a payé pleinement <strong>la</strong> rançon pour nos<br />

péchés et que nous sommes en lui avec lui dans sa mort et sa<br />

résurrection, nous avons <strong>la</strong> foi réelle qui ne se perdra jamais car<br />

elle ne provient pas de nos appréhensions, mais de l'assurance<br />

certaine de Christ qui nous <strong>la</strong> transmet dans les mérites de<br />

son sacrifice qui nous sont attribués <strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance de<br />

son Esprit. Pour vous aider à comprendre davantage, chaque<br />

fois que vous lisez <strong>la</strong> Bible et que vous voyez les mots «croire ou<br />

foi», substituez ou changez les dans vos pensées <strong>par</strong> les mots<br />

«certitude ou assurance», et vous réaliserez que <strong>la</strong> foi est <strong>la</strong><br />

confiance certaine de Christ lui-même qu'il nous accorde<br />

<strong>par</strong> sa grâce afin que nous héritions du salut de nos âmes<br />

et obtenions <strong>la</strong> vie éternelle: «Car <strong>par</strong> grâce vous êtes sauvés<br />

à cause de <strong>la</strong> certitude [de Christ]; et ce<strong>la</strong> est le sacrifice de Dieu<br />

et donc pas de vous même; Ce n'est point <strong>par</strong> vos actions, afin<br />

10


que personne ne s'en vante.» (Éph. 2:8,9; Bible de l'Épée 2010);<br />

«Car Dieu a tant renoncé pour cette disposition, qu'il s'est donné<br />

lui-même comme seul Fils engendré, afin que ceux qui ont cette<br />

certitude en lui ne périssent point, mais qu'ils possèdent <strong>la</strong> vie<br />

éternelle.» (Jean 3:16; ibid); «Celui qui a cette certitude dans le<br />

Fils possède <strong>la</strong> vie éternelle; mais celui qui n'a pas [reçu] cette<br />

assurance dans le Fils ne verra point <strong>la</strong> vie, mais <strong>la</strong> colère de Dieu<br />

demeure sur lui.» (Jean 3:36; ibid).<br />

Dans <strong>la</strong> sagesse de Dieu nous avons pris <strong>la</strong> patate chaude avec<br />

les mitaines de <strong>la</strong> grâce pour ne pas nous brûler et nous avons<br />

prit le temps de <strong>la</strong> déposer au bon endroit, à savoir dans Christ<br />

lui-même qui s'est offert en sacrifice sur <strong>la</strong> croix pour nos péchés,<br />

et ainsi nous sommes justifiés <strong>par</strong> cette certitude ou<br />

assurance qui est celle de Christ qu'il nous attribut dans<br />

les mérites de son expiation limitée à ses élus. <strong>La</strong> foi n'est<br />

donc pas <strong>la</strong> condition de <strong>la</strong> justification, car elle est une<br />

conséquence directe du sacrifice de <strong>la</strong> croix qui l'engendre<br />

en «ceux qui ont été destinés à vie éternelle» (Ac. 13:48).<br />

Cette doctrine est tellement importante que ce<strong>la</strong> mérite d'être<br />

répété, afin que <strong>la</strong> lumière de <strong>la</strong> vérité pénètre encore plus<br />

profondément dans vos âmes: c'est <strong>la</strong> foi de Jésus-Christ qui<br />

nous justifie et non <strong>la</strong> foi que nous avons en lui, cette<br />

dernière nous a été donnée de lui afin que nous marchions dans<br />

11


l'assurance de sa puissance qui agit en nous pour <strong>la</strong> gloire de son<br />

nom.<br />

12


CHAPITRE 2<br />

LA JUSTIFICATION ET LA SANCTIFICATION<br />

DANS LA PENSÉE DE CALVIN<br />

Un texte excellent du pasteur calviniste, Pierre Marcel, nous<br />

donne une très bonne représentation du sujet. Puisqu'une telle<br />

information solidement biblique est très rare en français, nous le<br />

reproduisons ici pour l'édification de tous les élus. Nous avons<br />

annoté le texte avec des italiques là où nous avons jugé qu'il était<br />

nécessaire pour but de précision sur l'enseignement donné.<br />

Une juste conception des rapports entre <strong>la</strong> justification et <strong>la</strong><br />

sanctification est bien, comme le dit Calvin, «le principe de toute<br />

<strong>la</strong> doctrine de salut, le fondement de toute religion». <strong>La</strong><br />

sanctification est liée à <strong>la</strong> justification; elle en diffère dans sa<br />

nature, mais elle n’en doit point être sé<strong>par</strong>ée dans le temps. «<strong>La</strong><br />

vraie foi ne peut être arrachée d’avec l’Esprit de régénération.»<br />

Or «<strong>La</strong> sainteté réelle de vie… n’est pas sé<strong>par</strong>ée de l’imputation<br />

gratuite de justice.»<br />

Sur leurs rapports mutuels, il y a toujours eu dans l’Église<br />

chrétienne de profondes différences pour <strong>la</strong> raison que, dans<br />

toutes les religions, le lien entre <strong>la</strong> religion et <strong>la</strong> morale a été<br />

posé de diverses manières. Le nomisme, centrant son intérêt sur<br />

<strong>la</strong> vie morale, fait dépendre <strong>la</strong> justification de <strong>la</strong> sanctification, <strong>la</strong><br />

religion de <strong>la</strong> moralité, nos rapports avec Dieu de nos rapports<br />

13


avec notre prochain. Inversement, l’antinomisme, accordant <strong>la</strong><br />

prééminence aux exigences de <strong>la</strong> vie religieuse, p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong><br />

justification au premier p<strong>la</strong>n, et ne <strong>par</strong>vient souvent pas jusqu’à<br />

<strong>la</strong> sanctification.<br />

En vérité, il est extrêmement difficile, aussi bien dans <strong>la</strong> doctrine<br />

que dans <strong>la</strong> vie pratique, d’établir les justes rapports qui doivent<br />

exister entre <strong>la</strong> religion et <strong>la</strong> morale, <strong>la</strong> justification et <strong>la</strong><br />

sanctification. Avant de les unir, cherchons à les distinguer car,<br />

de même que <strong>la</strong> lumière du soleil n’est jamais sé<strong>par</strong>ée de <strong>la</strong><br />

chaleur, <strong>la</strong> lumière n’en est pas pour autant chaleur.<br />

I. Définitions et distinctions<br />

<strong>La</strong> justification est un acte judiciaire de Dieu <strong>par</strong> lequel, sur <strong>la</strong><br />

base de <strong>la</strong> justice du Christ, Dieu déc<strong>la</strong>re que toutes les exigences<br />

de <strong>la</strong> loi sont satisfaites. «Celui sera dit justifié <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi, lequel<br />

était exclu de <strong>la</strong> justice des œuvres, appréhende <strong>par</strong> foi <strong>la</strong> justice<br />

de Jésus-Christ, de <strong>la</strong>quelle étant vêtu, il ap<strong>par</strong>aît devant <strong>la</strong> face<br />

de Dieu, non pas comme pécheur, mais comme juste. Notre<br />

justice devant Dieu est une acceptation, <strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle, en recevant<br />

en sa grâce, il nous tient pour justes. Nous disons qu’elle consiste<br />

en <strong>la</strong> rémission des péchés, et en ce que <strong>la</strong> justice de Jésus-<br />

Christ nous est imputée.» <strong>La</strong> sanctification est cette opération<br />

gratuite et continuelle du Saint-Esprit, <strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle il délivre le<br />

pécheur justifié de <strong>la</strong> souillure du péché, renouvelle toute sa<br />

14


nature à l’image de Dieu, et le rend capable d’accomplir les<br />

œuvres bonnes. «Ainsi, dit Calvin, nous sommes sanctifiés, c’està-dire<br />

consacrés à Dieu en vraie pureté de vie, en tant que nos<br />

cœurs sont formés en l’obéissance de <strong>la</strong> loi, à ce que notre<br />

principale volonté soit de servir à <strong>la</strong> volonté de Dieu et avancer sa<br />

gloire en toutes sortes.» Que nos cœurs soient formés en<br />

l'obéissance de <strong>la</strong> loi ne signifie aucunement que sous <strong>la</strong><br />

grâce nous retombions aux obligations de l'observance de<br />

<strong>la</strong> loi, mais que nous sommes justifiés <strong>par</strong> le fait que Christ<br />

a observé et remplis toutes les exigences de <strong>la</strong> loi à notre<br />

p<strong>la</strong>ce pour nous en délivrer. Cette distinction n’est pas<br />

arbitraire. Elle trouve sa raison <strong>la</strong> plus profonde en Dieu luimême,<br />

qui est à <strong>la</strong> fois juste et saint. Juste, Dieu veut que toutes<br />

les créatures se trouvent avec lui dans une re<strong>la</strong>tion de justice,<br />

dans <strong>la</strong>quelle il les avait originairement p<strong>la</strong>cées, en dehors de<br />

toute culpabilité et de tout châtiment. Que Dieu veulent une<br />

telle justification ne veut pas dire en aucune façon que<br />

toutes les créatures sont justifiées en Christ, car ce<strong>la</strong> est<br />

réservé aux élus seul. Saint, Dieu exige qu’elles ap<strong>par</strong>aissent,<br />

devant sa face, pures et exemptes de tout péché.<br />

C’est pourquoi le premier homme, créé à l’image de Dieu, dans <strong>la</strong><br />

justice et <strong>la</strong> sainteté, n’avait besoin ni de justification, ni de<br />

sanctification au sens où elles nous intéressent. Mais le péché a<br />

rendu l’homme coupable et impur devant Dieu. Pour être<br />

15


entièrement délivré du péché, il doit donc être affranchi de toute<br />

coulpe, et purifié de sa souillure. C’est ce qui a lieu dans <strong>la</strong><br />

justification et dans <strong>la</strong> sanctification. L’une et l’autre sont tout<br />

aussi nécessaires, et sont prêchées dans l’Écriture avec une égale<br />

insistance.<br />

1. Selon l’ordre logique, <strong>la</strong> justification précède <strong>la</strong> sanctification.<br />

Sur <strong>la</strong> base d’une justice de Dieu (dikaiosunè théou), qui nous est<br />

donnée dans <strong>la</strong> foi, elle annule <strong>la</strong> coulpe du péché et rétablit <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion religieuse authentique de l’homme avec Dieu. Elle<br />

restaure le pécheur dans tous les droits filiaux que comporte<br />

l’état d’enfant de Dieu, y compris l’héritage éternel. <strong>La</strong><br />

sanctification purifie <strong>la</strong> souillure du péché et renouvelle le pécheur<br />

toujours davantage à <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce de l’image de Dieu.<br />

2. <strong>La</strong> justification est un changement extérieur de re<strong>la</strong>tion. Elle<br />

prend p<strong>la</strong>ce en dehors du pécheur au tribunal de Dieu; elle est un<br />

acte juridique (forensique). Elle ne change pas <strong>la</strong> vie<br />

intérieure du pécheur, quoique <strong>la</strong> sentence lui <strong>par</strong>vienne d’une<br />

manière subjective. Elle concerne l’état de l’homme devant Dieu.<br />

<strong>La</strong> sanctification est un changement dans <strong>la</strong> personne, elle prend<br />

p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> vie intérieure de l’homme. Elle se rapporte à sa<br />

condition et affecte graduellement tout son être. Elle est<br />

éthique; elle est un acte de l’efficience divine, «en sorte que le<br />

croyant soit conservé pur et impollu d’esprit, d’âme et de corps».<br />

16


3. <strong>La</strong> justification «est faite pour jamais». <strong>La</strong> sanctification est un<br />

processus continuel qui n’est jamais achevé dans <strong>la</strong> vie présente.<br />

<strong>La</strong> sanctification est donc l'exécution de <strong>la</strong> justification dans <strong>la</strong><br />

démarche chrétienne de tous les jours, elle nous porte à réaliser<br />

que nous sommes justifié devant Dieu en Jésus-Christ,<br />

sanctification sans <strong>la</strong>quelle aucun homme ne peut être<br />

sauvé. Nous devenons peu à peu, personnellement, mais sur le<br />

p<strong>la</strong>n éthique, <strong>par</strong>ticipants et possesseurs de <strong>la</strong> justice de Christ.<br />

4. <strong>La</strong> justification est fondée sur ce que le Christ a fait pour nous.<br />

<strong>La</strong> sanctification, sur ce qu’il fait en nous: œuvre <strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle,<br />

dans un certain sens, le croyant coopère. Toutefois il ne faut pas<br />

comprendre <strong>par</strong> ce<strong>la</strong> que <strong>la</strong> coopération du croyant se fait <strong>par</strong> ses<br />

propres forces ou moyens, qu'elle proviendrait de ses choix, de<br />

ses efforts, ou de son obéissance, car c'est Dieu «qui a<br />

commencé en nous cette gracieuse réalisation, et lui-même en<br />

poursuivra l'accomplissement jusqu'au jour de Jésus-Christ»<br />

(Phil. 1:6), même que «c'est Dieu qui produit en nous et le<br />

vouloir et le faire selon son bon p<strong>la</strong>isir.» (Phil. 2:13). <strong>La</strong><br />

sanctification, qui a débutée à <strong>la</strong> croix, est ainsi<br />

entièrement l'œuvre de Dieu. En d'autres mots, <strong>la</strong><br />

sanctification est <strong>la</strong> justification en action dans tous les<br />

aspects de notre vie, dans lesquels nous sommes déc<strong>la</strong>ré<br />

innocent devant Dieu en Jésus-Christ.<br />

17


5. Si les mérites du Christ sont à toutes deux leur cause<br />

méritoire, <strong>la</strong> cause efficiente est diverse. Dans l’économie de <strong>la</strong><br />

révé<strong>la</strong>tion sur l'essence de Dieu, c’est le Père qui déc<strong>la</strong>re le<br />

pécheur juste, et c’est le Saint-Esprit de sa Présence qui le<br />

sanctifie.<br />

6. Elles ont toutes deux le même moyen d’application: <strong>la</strong> foi de<br />

Christ qui nous est attribuée dans les mérites du sacrifice<br />

de <strong>la</strong> croix.<br />

7. Leurs causes finales sont identiques: <strong>la</strong> gloire de <strong>la</strong> justice et<br />

de <strong>la</strong> bonté de Dieu, car elles sont toutes deux un acte de sa libre<br />

grâce, mais surtout de sa libre élection. Dieu veut que sa gloire<br />

reluise en nous, gloire que nous manifestons quand son image est<br />

restaurée en nous, «à savoir une droiture et innocence de toute<br />

l’âme, en sorte que celui qui est élu d'entre les hommes<br />

représente, comme en un miroir, <strong>la</strong> sagesse, <strong>la</strong> justice et <strong>la</strong> bonté<br />

de Dieu».<br />

<strong>Justification</strong> et sanctification nous apportent donc le Christ dans<br />

sa plénitude. Dans <strong>la</strong> justification, Christ nous est donné au<br />

sens juridique; dans <strong>la</strong> sanctification, au sens éthique. Par<br />

<strong>la</strong> première, nous devenons justice de Dieu en Christ; <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

seconde, il vient lui-même habiter dans nos cœurs, <strong>par</strong> son<br />

Esprit, et nous renouvelle à son image.<br />

18


II. Union de <strong>la</strong> justification et de <strong>la</strong> sanctification<br />

S’il convient de distinguer dans leur nature <strong>la</strong> justification de <strong>la</strong><br />

sanctification, il ne faut jamais perdre de vue le lien étroit qui les<br />

unit sur tous les p<strong>la</strong>ns; les sé<strong>par</strong>er, c’est miner <strong>la</strong> vie morale et<br />

faire servir <strong>la</strong> grâce au péché. Elles sont unies en Dieu. En Dieu,<br />

<strong>la</strong> justice et <strong>la</strong> sainteté ne peuvent être sé<strong>par</strong>ées. Dieu a horreur<br />

de tout péché, non seulement <strong>par</strong>ce qu’il rend coupable, mais<br />

<strong>par</strong>ce qu’il rend impur. Les actes de Dieu dans <strong>la</strong> justification et<br />

dans <strong>la</strong> sanctification sont indissolublement unis: «Ceux qu’il a<br />

justifiés, il les a aussi glorifiés.» (Rom. 8:30). <strong>La</strong> justice<br />

(dikaiosis) apporte avec elle <strong>la</strong> vie (zoé) (Rom. 5:18).<br />

Elles sont unies en Christ, le Chef et le Consommateur de<br />

l’Alliance de grâce. C’est dans l’Alliance, «en <strong>la</strong> personne publique<br />

de tous les siens», que Christ a porté le péché pour les siens<br />

seulement et accompli <strong>la</strong> loi pour eux. En lui, tous les siens<br />

étaient compris. Avec lui et en lui, ils sont morts, ensevelis,<br />

ressuscités, assis dans les lieux célestes. «Au sacrifice de sa<br />

mort… Christ se montra… vrai sacrificateur, en consacrant le<br />

Temple, l’autel, tous les vaisseaux et le peuple, <strong>par</strong> <strong>la</strong> vertu de<br />

son Esprit.» Christ est leur justice (dikaiosunè) en même temps<br />

que leur sanctification (agiasmos, 1 Cor. 1:30), ce qui veut dire<br />

en même temps «leur sainteté» (agiotès ou agiôsunè), car celui<br />

19


qui est déc<strong>la</strong>ré saint (mis à <strong>par</strong>t) est aussi sanctifié<br />

progressivement <strong>par</strong> <strong>la</strong> présence de l'Esprit de Christ en lui.<br />

Elles sont unies dans l’œuvre du Christ. Par son obéissance, ses<br />

souffrances et sa mort, Christ n’a pas seulement acquis <strong>la</strong> justice,<br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle les croyants sont acquittés <strong>par</strong> Dieu, mais <strong>la</strong> sainteté,<br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle il les consacre à Dieu et les purifie des souillures du<br />

péché. Dans l’accomplissement de <strong>la</strong> loi, <strong>la</strong> puissance du péché<br />

est brisée <strong>par</strong> le <strong>par</strong>don et <strong>la</strong> sanctification en est le résultat. «De<br />

justice, nous recueillons sanctification.» (Rom. 6:22).<br />

Mais Christ a tout accompli, tout acquis, pour tout donner. C’est<br />

pourquoi l’acquisition comporte nécessairement son application<br />

chez les siens. Cette application, il l’accomplit dans sa<br />

glorification, <strong>par</strong> son activité prophétique, sacerdotale et royale, à<br />

<strong>la</strong> droite du Père. «Il est mort pour tous les élus, afin que ceux<br />

qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est<br />

mort et ressuscité pour eux.» (2 Cor. 5:15). Acquisition et<br />

application sont, <strong>par</strong> conséquent, si étroitement liées que <strong>la</strong><br />

première n’est ni pensable, ni possible sans <strong>la</strong> seconde, et<br />

inversement. «Nous ne pouvons être gratuitement justifiés <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

seule foi, que nous ne vivions aussi saintement. Car ces grâces<br />

sont attachées l’une à l’autre, comme <strong>par</strong> un lien insé<strong>par</strong>able,<br />

tellement que celui qui s’efforce de les sé<strong>par</strong>er démembre, <strong>par</strong><br />

manière de dire, Jésus-Christ.» «Christ les é<strong>la</strong>rgit toutes deux<br />

20


ensemble et jamais l’une sans l’autre.» C’est pourquoi Christ ne<br />

se donne pas lui-même aux siens dans une justification objective<br />

seulement; il se communique aussi subjectivement dans <strong>la</strong><br />

sanctification; il s’unit lui-même à eux d’une manière spirituelle et<br />

mystique. Il ne donne ses grâces qu’en se donnant lui-même.<br />

Dans l’union mystique, justification et sanctification sont<br />

étroitement liées. Croire en Christ, c’est le recevoir dans<br />

l'assurance de sa puissance.<br />

A <strong>la</strong> différence de Luther qui conçoit l’union mystique sous son<br />

aspect anthropologique, où elle n’ap<strong>par</strong>aît qu’après <strong>la</strong> justification<br />

et <strong>la</strong> régénération dans <strong>la</strong> foi réelle, Calvin p<strong>la</strong>ce son point de<br />

dé<strong>par</strong>t dans le pactum salutis, le pacte du salut. C’est en tant que<br />

Chef et Médiateur de l’Alliance que le Christ s’est incarné et qu’il a<br />

souffert. Toute l’activité de l’Esprit, en tant qu’Esprit du Christ,<br />

provient de l’Alliance et se déploie dans l’Alliance. Notre<br />

incorporation en Christ précède donc de beaucoup <strong>la</strong><br />

réception active du Christ et de ses grâces <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi. Même<br />

les actes les plus élémentaires d’une foi naissante sont des actes<br />

qui supposent <strong>la</strong> vie, et donc l’union mystique dont ils découlent.<br />

Ce qui veut dire que <strong>la</strong> régénération ou nouvelle naissance<br />

est antérieure à <strong>la</strong> foi que nous recevons dans l'Alliance.<br />

Pour Calvin, l’union des croyants au Christ n’est ni un mé<strong>la</strong>nge<br />

panthéiste du Christ avec les croyants ni une union substantielle,<br />

21


comme le conçoit le mysticisme, ancien et moderne. Elle n’est<br />

pas non plus un pur et simple accord, une harmonie des<br />

dispositions de <strong>la</strong> volonté et des intentions, vœu du rationalisme.<br />

Selon l’Écriture, le Christ habite et vit dans les croyants, et les<br />

croyants sont en lui. «Non seulement nous tirons de Christ<br />

vigueur, et comme une moelle divine, mais nous passons<br />

de notre nature à <strong>la</strong> sienne.»<br />

Cette union mystique n’est pas immédiate: elle s’effectue <strong>par</strong> le<br />

Saint-Esprit. C’est aussi dans l’Esprit que se trouve l’étroit rapport<br />

entre <strong>la</strong> justification et <strong>la</strong> sanctification. «Quel Esprit est-ce qu’ils<br />

nous rottent?», dira Calvin des anabaptistes qui, pour obéir à<br />

l’Esprit, disjoignent <strong>la</strong> sanctification de <strong>la</strong> justification.<br />

L’Esprit que Jésus promet à ses disciples et qu’il répand dans <strong>la</strong><br />

communauté des croyants n’est pas seulement l’Esprit<br />

d’adoption, celui qui communique objectivement les grâces du<br />

Christ. Il est aussi celui qui remplit les croyants des bénédictions<br />

éthiques et mystiques du salut. Il est l’auteur d’un Esprit de<br />

renouvellement et de sanctification. C’est cet Esprit qui a qualifié<br />

le Christ pour son œuvre, et qui l’a conduit de sa conception à<br />

son ascension. Christ a été glorifié comme Esprit vivifiant. Et c’est<br />

<strong>par</strong> cet Esprit qu’il forme et qu’il qualifie désormais les siens.<br />

Depuis <strong>la</strong> glorification du Christ, l’Esprit habite personnellement<br />

dans <strong>la</strong> communauté des croyants comme dans son Temple. Dès<br />

22


lors, il établit et maintient <strong>la</strong> communion <strong>la</strong> plus intime entre le<br />

Christ et les siens, et il prend toutes choses de Christ pour les<br />

leur donner.<br />

Les croyants sont justifiés et sanctifiés <strong>par</strong> l’Esprit: «Tout ainsi<br />

que des prémices, <strong>la</strong> bénédiction est répandue sur toute <strong>la</strong><br />

moisson, ainsi l’Esprit de Dieu nous arrose de <strong>la</strong> sainteté de<br />

Jésus-Christ et nous fait <strong>par</strong>ticipant d’icelle.» C’est dans l’Esprit<br />

que les croyants vivent et marchent. Dans et <strong>par</strong> l’Esprit, Christ<br />

lui-même vient chez les siens. Il vit en eux. Les croyants sont en<br />

Christ, vivent, pensent et marchent en Christ. Christ est tout en<br />

tous! Et non seulement Christ, mais le Père lui-même dans lequel<br />

Christ est glorifié et rendu un avec lui, <strong>par</strong> ce même Esprit, vient<br />

habiter en eux, et les remplit de sa plénitude, en sorte que, pour<br />

finir, lui aussi est tout en tous.<br />

III. Réception<br />

Il y a donc une union étroite entre <strong>la</strong> justification et <strong>la</strong><br />

sanctification en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, tant sur le p<strong>la</strong>n<br />

ontologique que sur celui du décret divin, de l’Alliance, de<br />

l’acquisition et de l’application. Voyons à présent le lien<br />

indissoluble qui les unit dans leur réception <strong>par</strong> l’homme, sur le<br />

p<strong>la</strong>n psychologique et dans l’unité de sa personne.<br />

23


A) Œuvre de Dieu: les croyants sont d’abord passifs<br />

Comme <strong>la</strong> justification, <strong>la</strong> sanctification est d’abord un don, une<br />

œuvre de Dieu accomplie <strong>par</strong> le Saint-Esprit. De ce fait et<br />

d’abord, les croyants sont passifs. Ils sont sanctifiés. Ils sont<br />

morts et ressuscités avec Christ. Ils sont un ouvrage, une œuvre<br />

de Dieu, une «création»: «Nous sommes l’œuvre de Dieu: tout ce<br />

qui est bien en nous est sa création.» «<strong>La</strong> grâce de Dieu est<br />

beaucoup plus abondante et puissante en cette seconde création<br />

qu’elle n’a été en <strong>la</strong> première.»<br />

Cette sainteté consiste avant tout en ce que les croyants sont<br />

sé<strong>par</strong>és du monde et p<strong>la</strong>cés dans une re<strong>la</strong>tion <strong>par</strong>ticulière avec<br />

Dieu. «Sanctification signifie choix et sé<strong>par</strong>ation», mais<br />

choix de Dieu et non de l'homme. Dans le Nouveau Testament<br />

comme dans l’Ancien, le concept de «saint» a une signification de<br />

re<strong>la</strong>tion. Bien que le Christ soit sans péché, il est dit qu’il se<br />

sanctifie, c’est-à-dire qu’il s’offre à Dieu en sainte offrande pour<br />

les siens (Jean 17:19) «Tous les fidèles ont pleine et <strong>par</strong>faite<br />

consécration en l’ob<strong>la</strong>tion unique d’iceluy.» «Christ a sanctifié<br />

les fidèles à jamais.» Et ainsi les croyants s’appellent saints<br />

(agioi), <strong>par</strong>ce que, <strong>par</strong> vocation (klétoi agioi, Rom. 1:7; 1 Cor.<br />

1:2), ils se trouvent p<strong>la</strong>cés dans une re<strong>la</strong>tion <strong>par</strong>ticulière avec<br />

Dieu, et qu’ils sont «<strong>la</strong> race élue, le sacerdoce royal, <strong>la</strong> nation<br />

sainte, le peuple que Dieu s’est acquis» (1 Pi. 2:9). «Notre<br />

sainteté procède et découle de <strong>la</strong> source de l’élection de Dieu;<br />

24


elle est le but de notre vocation… <strong>par</strong> <strong>la</strong> vocation de Dieu, nous<br />

sommes saints.»<br />

B) Re<strong>la</strong>tion intérieure<br />

Mais cette re<strong>la</strong>tion n’est pas purement extérieure. Elle ne l’était<br />

déjà pas sous l’Ancien Testament, car, en vertu de cette sainteté,<br />

Dieu s’est engagé à donner à Israël son Alliance et sa loi – pour le<br />

sauver – et Israël était obligé de marcher selon les ordonnances<br />

de Dieu. Accomplie en Christ, ce n’est plus <strong>la</strong> loi qui règle<br />

désormais <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de sainteté entre Dieu et son peuple. Christ<br />

est mis à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> loi; c’est en lui que Dieu règle <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion qui l’unit aux siens, et <strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle, à l’avenir, «il tient<br />

compte du vouloir comme du fait». Les croyants sont sanctifiés<br />

en Jésus-Christ <strong>par</strong> l’Esprit, maintenant appelé «pneuma agion»,<br />

l’Esprit Saint.<br />

<strong>La</strong> justice qui est au fondement de <strong>la</strong> justification, <strong>la</strong> sainteté qui<br />

est à <strong>la</strong> base de <strong>la</strong> sanctification ne sont étrangères à l’homme<br />

que dans un certain sens. Car, dans l’Alliance, elles sont <strong>la</strong> justice<br />

et <strong>la</strong> sainteté de <strong>la</strong> Tête, mais <strong>par</strong>tant aussi des membres. Cette<br />

sainteté prend un sens profondément éthique, donc personnel et<br />

actif. Nouvelles créations, les croyants vivent une vie nouvelle et<br />

dépouillent l’homme ancien pour revêtir l’homme nouveau. Ils<br />

offrent leurs membres à Dieu pour qu’ils soient des instruments<br />

de justice en sanctification (Rom. 6). «En Christ, rien n’est<br />

25


estimé, sinon <strong>la</strong> nouvelle créature.» Dans l’épître aux Ga<strong>la</strong>tes,<br />

«foi» (5:6) et «nouvelle créature» (6:15) sont synonymes.<br />

Cette re<strong>la</strong>tion avec Dieu, en Christ et <strong>par</strong> le Saint-Esprit, implique<br />

que les croyants sont libérés de toute culpabilité et aussi<br />

de toute souillure du péché. C’est pourquoi <strong>la</strong> sainteté consiste<br />

en ce que les croyants deviennent conformes à l’image du Fils, et<br />

ce<strong>la</strong> se fait <strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance de l'Esprit en eux. C’est pourquoi<br />

aussi sainteté et glorification coïncident; <strong>la</strong> glorification<br />

commence à l’instant même de <strong>la</strong> vocation, c'est à dire de l'appel<br />

irrésistible de <strong>la</strong> grâce: ceux qu’il appelle, Dieu les justifie; et<br />

ceux qu’il justifie, il les glorifie au même instant (Rom. 8:30). <strong>La</strong><br />

justification <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi tient le milieu entre l’élection qu’elle<br />

manifeste et <strong>la</strong> sanctification qu’elle annonce. <strong>La</strong> sanctification<br />

tient le milieu entre <strong>la</strong> justification où elle prend sa source et <strong>la</strong><br />

glorification qu’elle instaure. «<strong>La</strong> communication de <strong>la</strong> croix<br />

(c’est-à-dire <strong>la</strong> sanctification) est tellement conjointe avec notre<br />

vocation et justification, bref avec notre gloire, qu’elles ne<br />

peuvent être aucunement sé<strong>par</strong>ées.»<br />

C) Sanctification active<br />

D’abord passive, <strong>la</strong> sanctification prend une signification active.<br />

«Le chrétien se sanctifie <strong>par</strong>ce que Dieu l’a préa<strong>la</strong>blement<br />

sanctifié et qu’il le sanctifie continuellement.» (Lecerf) «<strong>La</strong> foi est<br />

passive quand le <strong>par</strong>don lui est conféré en exécution du décret;<br />

26


elle entre en activité sainte dès qu’elle l’a reçu, et <strong>par</strong>ce qu’elle l’a<br />

reçu.» (Lecerf) «Nous n’enseignons pas que <strong>la</strong> foi qui justifie soit<br />

seule, mais nous affirmons qu’elle est toujours conjointe avec<br />

l’Esprit de régénération» qui l'engendre. <strong>La</strong> sanctification<br />

devient une œuvre dans <strong>la</strong>quelle le croyant coopère <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

foi ou plutôt s'y associe <strong>par</strong> l'assurance qu'il reçoit de<br />

Christ. Non que <strong>la</strong> foi – pour nous dégager de <strong>la</strong> terminologie<br />

aristotélicienne – soit <strong>la</strong> cause instrumentale de <strong>la</strong> sanctification:<br />

elle ne l’est pas de <strong>la</strong> justification. <strong>La</strong> foi ne se trouve pas avec<br />

elles dans les mêmes rapports que l’œil et <strong>la</strong> vue, ou que l’oreille<br />

et l’ouïe: <strong>la</strong> foi est bien plutôt un moyen ou opération du Saint-<br />

Esprit, <strong>par</strong> lequel l’Esprit transmet <strong>la</strong> certitude de Christ et le fait<br />

saisir <strong>par</strong> l’homme, et ainsi il rend témoignage à son esprit qu’il<br />

est enfant de Dieu, et qu’il lui est irrémédiablement consacré.<br />

D) Les œuvres de <strong>la</strong> foi<br />

C’est pourquoi, si <strong>la</strong> foi s’oppose aux œuvres, quand on veut faire<br />

d’elles <strong>la</strong> cause instrumentale ou matérielle de <strong>la</strong> justification, si<br />

elle s’oppose aux œuvres de <strong>la</strong> foi, quand on veut faire d’elles le<br />

fondement, le tout ou <strong>la</strong> <strong>par</strong>tie de cette justice <strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle Dieu<br />

justifie, <strong>la</strong> foi ne s’oppose pas aux œuvres de <strong>la</strong> foi quand cellesci,<br />

fruits de <strong>la</strong> foi, sont produites <strong>par</strong> le moyen du Saint-Esprit,<br />

pour confirmer le croyant dans <strong>la</strong> sincérité de sa foi et de son<br />

salut. Remarquons toutefois que les œuvres de <strong>la</strong> foi sont<br />

exactement ce<strong>la</strong>, des œuvres de foi c'est à dire de<br />

27


confiance en Christ pour toutes choses dans notre vie.<br />

Elles sont les résultats de <strong>la</strong> foi de Christ transmise aux<br />

saints qui en retour se basent sur l'assurance qui est en<br />

Christ même dans son sacrifice sur <strong>la</strong> croix et dans sa<br />

résurrection d'entre les morts.<br />

Dans ce sens, <strong>la</strong> foi ou plus précisément <strong>la</strong> certitude ou<br />

l'assurance elle-même est une œuvre, mais une œuvre de<br />

Dieu et non de l'homme: «Ils lui dirent donc: Que ferons-nous<br />

pour travailler aux œuvres de Dieu? Jésus leur répondit: C'est ici<br />

l'ŒUVRE DE DIEU, que VOUS CROYEZ en celui qu'il a délégué.»<br />

(Jean 6:28,29). Elle est l’œuvre <strong>la</strong> meilleure et le principe de<br />

toute œuvre bonne, de toutes actions agréables et gracieuse,<br />

l’œuvre unique de Christ sur <strong>la</strong> croix <strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle Dieu peut nous<br />

affranchir ici-bas de notre dette et nous assurer de notre justice<br />

en Christ. C’est <strong>la</strong> foi seule qui justifie, <strong>la</strong> foi du Fils de Dieu<br />

et non <strong>la</strong> foi que nous avons en lui, mais, cependant, <strong>la</strong> foi qui<br />

justifie n’est pas seule, elle est accompagnée de l'Esprit qui<br />

<strong>la</strong> transmet aux élus afin qu'ils marchent dans l'assurance<br />

de <strong>la</strong> puissance de Dieu en Jésus-Christ!<br />

Et voilà pourquoi, après avoir <strong>par</strong>lé de <strong>la</strong> justification du pécheur,<br />

Calvin <strong>par</strong>le d’une justification du juste. Nous sommes ici au plein<br />

centre de <strong>la</strong> question. Pour que <strong>la</strong> foi soit le moyen de nous<br />

justifier, il faut qu’elle soit <strong>la</strong> foi justifiante de Christ, <strong>la</strong><br />

28


vraie foi, et non <strong>la</strong> foi historique ou temporaire. <strong>La</strong> foi active dans<br />

les élus n’est pas seulement l’adhésion de l’esprit à <strong>la</strong> vérité<br />

religieuse, une acceptation admirative et joyeuse de l’Évangile,<br />

d’où serait absente <strong>la</strong> préoccupation de <strong>la</strong> gloire de Dieu et qui ne<br />

s’occuperait que des avantages qu’on retire de <strong>la</strong> bonté de Dieu.<br />

Ce<strong>la</strong> ne serait plus <strong>la</strong> foi mais une présomption. Il y a une<br />

foi feinte, <strong>par</strong> <strong>la</strong>quelle le pécheur se déçoit lui-même. «Ce n’est<br />

pas une doctrine de <strong>la</strong>ngue que l’Évangile, mais de vie!» C’est<br />

pourquoi, après avoir répondu à l’accusation d’injustice formulée<br />

<strong>par</strong> Dieu, en saisissant <strong>la</strong> justification <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi ou<br />

l'affranchissement <strong>par</strong> l'assurance de Christ dans son<br />

sacrifice sur <strong>la</strong> croix pour ses élus, le croyant doit aussi répondre<br />

à l’accusation d’hypocrisie consciente ou inconsciente; que cette<br />

accusation qu’il ressent soit un avertissement de Dieu, une<br />

suggestion et une tentation de Satan, une défail<strong>la</strong>nce de <strong>la</strong><br />

conscience mal éc<strong>la</strong>irée ou troublée <strong>par</strong> suite de quelque péché<br />

ou de quelque interdit, une expression de <strong>la</strong> défiance de l’homme<br />

à l’égard d’affirmations qui le dépassent, que sais-je encore? Le<br />

fidèle lui aussi a besoin d’être justifié au tribunal de sa conscience<br />

et devant l’opinion des hommes <strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance de l'assurance<br />

en Christ.<br />

E) <strong>La</strong> justification du juste<br />

<strong>La</strong> justification du fidèle ou du juste <strong>par</strong>donné est <strong>la</strong> certitude<br />

que, <strong>par</strong> le témoignage de sa conduite et de ses œuvres, ce fidèle<br />

29


obtient de <strong>la</strong> preuve de <strong>la</strong> sincérité de sa foi et de <strong>la</strong> réalité de<br />

l’état de grâce justifiante où il se trouve.<br />

C’est dans l’un des quatre sermons sur <strong>la</strong> justification d’Abraham<br />

que Calvin exprime le mieux sa pensée. «Quand Dieu nous<br />

justifie au commencement…, il use d’un <strong>par</strong>don général. Et puis,<br />

quand il nous justifie après…, il nous justifie en nos personnes, et<br />

nous justifie même en nos œuvres <strong>par</strong> <strong>la</strong> pure foi… c’est-à-dire il<br />

(nous) a agréables comme ses enfants, et puis il justifie (nos)<br />

œuvres. Et comment? Quand un vin sera le meilleur du monde,<br />

s’il est en un tonneau punais…, voilà le vin gâté. Ainsi en est-il de<br />

toutes nos œuvres: car d’autant que Dieu nous y conduit et<br />

gouverne <strong>par</strong> son Saint-Esprit, elles sont bonnes et saintes et<br />

louables; mais regardons quels vaisseaux nous sommes, pleins<br />

d’infection et de puantise! Ainsi voilà nos œuvres corrompues, il<br />

faut donc que Dieu les purge et nettoie. Et comment? Par sa pure<br />

grâce, en nous <strong>par</strong>donnant les fautes et imperfections qui y sont.<br />

Par quoi tout ainsi qu’il y a diversité entre un homme fidèle et un<br />

homme que Dieu appelle du commencement à l’Évangile, aussi <strong>la</strong><br />

justification est un peu diverse…» Ailleurs Calvin déc<strong>la</strong>re:<br />

«<strong>Justification</strong> se peut assez proprement étendre au train continuel<br />

de <strong>la</strong> grâce de Dieu depuis <strong>la</strong> vocation jusqu’à <strong>la</strong> mort», «à <strong>la</strong><br />

miséricorde de Dieu qui vient au-devant pour nous absoudre de<br />

rémission de péché assiduelle.» Notion de sanctification aussi<br />

30


éloignée d’une conception purement eschatologique que de <strong>la</strong><br />

possibilité d’une perfection actuelle!<br />

<strong>La</strong> voix du juste, qui garantit au croyant <strong>la</strong> sincérité de sa foi, est<br />

toujours <strong>la</strong> voix de Dieu, mais cette voix siège alors au tribunal<br />

de sa propre conscience. «Elle est une déc<strong>la</strong>ration de justice<br />

devant les hommes, et non de l’imputation de justice quant à<br />

Dieu.» Et c’est <strong>par</strong> ses œuvres de confiance en Christ que le<br />

croyant constate que non seulement <strong>la</strong> justice du Christ lui est<br />

imputée, mais que <strong>par</strong> le Saint-Esprit elle habite effectivement en<br />

lui, qu’elle est aussi «justicia inherens», et qu’ainsi il grandit dans<br />

<strong>la</strong> justice.<br />

Quand il est question de <strong>la</strong> justification du fidèle, nous devons<br />

dire qu’il est justifié non <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi seulement, mais aussi <strong>par</strong> les<br />

œuvres de confiance en Christ, qui sont comme l’achèvement de<br />

<strong>la</strong> foi dans ce sens qu’elles en manifestent <strong>la</strong> fécondité actuelle, <strong>la</strong><br />

sincérité et le sérieux. C’est pourquoi l’Écriture lui ordonne de<br />

s’examiner lui-même pour voir s’il a <strong>la</strong> foi. Ces œuvres ne sont<br />

plus des œuvres légales: elles ne sont pas faites pour mériter <strong>la</strong><br />

justice, mais au contraire pour manifester <strong>la</strong> réalité de <strong>la</strong><br />

miséricorde dont le pécheur <strong>par</strong>donné est l’objet. <strong>La</strong> justification<br />

du fidèle repose elle aussi sur <strong>la</strong> grâce rédemptrice. «Bien que<br />

nous soyons pécheurs, il nous est justice; bien que nous soyons<br />

immondes, il nous est pureté.»<br />

31


Inutile de mettre Jacques en contradiction avec Paul. Paul traite<br />

de <strong>la</strong> justification du pécheur. Jacques a reçu <strong>la</strong> mission de traiter<br />

de <strong>la</strong> justification du fidèle devant le tribunal de <strong>la</strong> conscience<br />

humaine où Dieu siège. Mais tous deux nient avec <strong>la</strong> même<br />

énergie que le fondement de <strong>la</strong> justification se trouverait dans les<br />

œuvres de <strong>la</strong> loi, et tous deux reconnaissent que <strong>la</strong> foi, <strong>la</strong> foi<br />

agissante <strong>par</strong> l’amour ou le renoncement qui comporte et<br />

promeut les œuvres bonnes, est le moyen <strong>par</strong> lequel le Saint-<br />

Esprit nous assure de notre justice en Christ. <strong>La</strong> seule différence,<br />

c’est que Paul combat contre les œuvres mortes et que Jacques<br />

proteste contre une foi morte… «une masque nue et imaginaire<br />

de foi» dit Calvin.<br />

<strong>La</strong> foi qui justifie, c’est cette certitude de notre justice en Christ<br />

que l’Esprit opère en notre cœur. C’est pourquoi elle nous justifie<br />

d’autant plus, non pas qu’elle est passive, mais qu’elle est plus<br />

vivante et plus forte. <strong>La</strong> foi coopère ou s'associe avec les œuvres<br />

de confiance en Christ, et devient <strong>par</strong>faite <strong>par</strong> les œuvres de<br />

cette assurance qui découle de <strong>la</strong> croix (Jac. 2:22). Voilà pourquoi<br />

Calvin peut intituler le chapitre XIV du livre III de l’Institution<br />

«Quel est le commencement de justification et quels en sont les<br />

avancements continuels». <strong>La</strong> justification du juste permet à<br />

Calvin d’affirmer que «notre sainteté… soutient <strong>la</strong> présence de<br />

Dieu», mais spécifions qu'il s'agit toujours de notre sainteté en<br />

Christ. «Nous n’avons pas seulement obtenu l’opportunité de<br />

32


mériter, mais tous les mérites du Christ, car ils nous sont<br />

communiqués» non seulement en justice, mais en œuvres: «Ipsa<br />

hominis bona merita sunt Dei munera». Les mérites même de<br />

l’homme sont des dons de Dieu.<br />

F) L’activité de <strong>la</strong> foi: une grâce<br />

Oui! <strong>La</strong> foi est un don de Dieu, ce qui veut dire que l’homme<br />

n'est pas responsable de son attitude envers <strong>la</strong> vocation ou<br />

l'appel qui lui est adressée, car <strong>la</strong> responsabilité est le<br />

contraire de <strong>la</strong> foi et de <strong>la</strong> souveraineté de Dieu. Mais<br />

comprenons encore une fois que cette innocence imputée aux<br />

élus dans <strong>la</strong> sanctification est du au fait que «c'est Dieu qui<br />

produit en vous et le vouloir et le faire selon son bon p<strong>la</strong>isir.»<br />

(Phil. 2:13), car nous avons tendance à oublier ce fait capital qui<br />

nous porte à négliger que Dieu est le Souverain absolu sur notre<br />

vie. Le royaume est un don accordé <strong>par</strong> Dieu à ses bien-aimés;<br />

mais il est aussi un trésor réalisé dans le service du Seigneur,<br />

c'est à dire que nous devenons propriétaire à titre gratuit du<br />

Royaume de Dieu <strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance de l'Esprit qui agit en nous et<br />

à travers nous.<br />

Les croyants sont les sarments du cep, en dehors duquel ils ne<br />

peuvent rien faire, mais ils sont exhortés à rester en lui, dans sa<br />

<strong>par</strong>ole et dans son amour, ce qu'ils ne peuvent faire sans <strong>la</strong><br />

puissance de l'Esprit. Ils sont élus, mais ils doivent s’appliquer à<br />

33


affermir leur vocation et leur élection, et ils le font <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

confiance qui leur est donné d'avoir en Christ, car seuls ils ne<br />

peuvent rien faire (Jean 15:5). Par le sacrifice du Christ, ils sont<br />

sanctifiés et amenés à <strong>la</strong> perfection, mais ils doivent persévérer<br />

dans <strong>la</strong> foi jusqu’à <strong>la</strong> fin, persévérance de Christ en eux pour les<br />

mener au but. Scripturairement, <strong>la</strong> notion de persévérance<br />

n’implique pas que <strong>la</strong> continuation dans <strong>la</strong> grâce va de soi ou<br />

qu’elle dépend des efforts et de <strong>la</strong> volonté humaines (Jean<br />

1:12,13). Elle n’est pas liée à l’état intérieur de l’âme régénérée.<br />

<strong>La</strong> persévérance provient non pas de <strong>la</strong> personne qui<br />

confesse sa foi mais de Dieu qui montre ainsi sa fidélité. Le<br />

croyant, dans l’état d’imperfection qui est le sien, est tout aussi<br />

susceptible de succomber à <strong>la</strong> tentation qu’Adam avant <strong>la</strong> chute<br />

(Rom. 7:18). <strong>La</strong> persévérance ne doit rien aux efforts<br />

humains et doit tout à l’activité de Christ envers les siens.<br />

Elle est «persévérance des saints», ce dernier mot rappe<strong>la</strong>nt<br />

qu’elle est, avant tout, une œuvre du Saint-Esprit donné <strong>par</strong> le<br />

Christ vivant pour maintenir ses élus dans <strong>la</strong> grâce du salut (Jude<br />

24).<br />

Ils ont revêtu le nouvel homme, mais ils doivent le revêtir sans<br />

cesse <strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance de l'Esprit de Christ qui est en eux. Ils ont<br />

crucifié <strong>la</strong> chair et ses passions, mais ils doivent faire mourir<br />

dans leurs membres ce qui est terrestre, et ce<strong>la</strong><br />

s'accomplit <strong>par</strong> <strong>la</strong> certitude de Christ qu'ils ont reçu d'être<br />

34


crucifié avec lui sur <strong>la</strong> croix. En regardant à <strong>la</strong> croix les<br />

membres du fidèle sont rendus inactifs dans <strong>la</strong> réalisation<br />

qu'ils sont en lui et avec lui dans son sacrifice. Il en est de<br />

même pour le revêtement du nouvel homme. L'homme n'a pas<br />

<strong>la</strong> puissance de naître en ce monde et encore moins de<br />

renaître. <strong>La</strong> régénération ou nouvelle naissance est un processus<br />

graduel qui engendre <strong>la</strong> foi et dont le but final est notre<br />

transformation en l'image de Christ. C'est ce que l'apôtre Paul<br />

signifie en écrivant: «... ayant dépouillé le vieil homme avec ses<br />

œuvres, Et ayant revêtu le nouvel homme, qui est renouvelé,<br />

dans <strong>la</strong> connaissance, à l'image de celui qui l'a créé.» (Col.<br />

3:9,10); «Si donc quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle<br />

créature; les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses<br />

sont devenues nouvelles. Or, toutes ces choses viennent de<br />

Dieu...» (2 Cor. 5:17,18). Puisque «toutes ces choses viennent<br />

de Dieu», il est évident qu'elles ne viennent pas de l'homme ni de<br />

sa capacité de croire et de se repentir qu'il s'attribue pour<br />

glorifier ses efforts et sa dignité au détriment de <strong>la</strong> vérité.<br />

«L’adoption gratuite en <strong>la</strong>quelle consiste notre salut ne peut être<br />

sé<strong>par</strong>ée de cet autre décret et arrêt qui nous assujettit à porter <strong>la</strong><br />

croix et nous sommes en Christ et avec Christ dans l'assurance<br />

qu'il <strong>la</strong> porte pour nous; <strong>par</strong>ce que nul ne peut être héritier des<br />

cieux, sinon qu’au<strong>par</strong>avant il ait été fait conforme au Fils de<br />

Dieu… Christ est le patron, portrait au vif, lequel est proposé pour<br />

35


imitation à tous enfants de Dieu.» Et Calvin souligne «l’affection<br />

véhémente…, <strong>la</strong>quelle nous ravit tout incontinent au ciel pour<br />

l’adorer là, et afin que nos esprits habitent avec lui.» Les<br />

œuvres bonnes ou actions gracieuses de <strong>la</strong> confiance en<br />

Christ conduisent au Royaume, mais elles ne sont point cause<br />

de notre royauté. Et «même ces œuvres sont une <strong>par</strong>tie de sa<br />

grâce».<br />

Dans <strong>la</strong> justification juste, comme dans <strong>la</strong> sanctification du juste,<br />

tout est grâce. Il n’y a aucune re<strong>la</strong>tion de mérite entre ce que fait<br />

le croyant et ce qu’il recevra. Les œuvres de confiance en Christ,<br />

comme leur récompense, ne peuvent être saisies que d’une<br />

manière filiale et dans <strong>la</strong> foi. «Dieu ne nous doit rien à cause<br />

de nos œuvres… Elles sont prises de son trésor, où elles étaient<br />

longtemps au<strong>par</strong>avant gardées, car il justifie et régénère ceux<br />

qu’il a appelés.» Nous avons été appelés, créés en Jésus-Christ<br />

pour les œuvres bonnes de <strong>la</strong> confiance en Christ que Dieu a<br />

pré<strong>par</strong>ées d’avance afin que nous les pratiquions <strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance<br />

de son Esprit qui nous habite, nous garde, et nous dirige, c’est-àdire<br />

pour <strong>la</strong> sanctification qui est l'aspect pratique de <strong>la</strong><br />

justification. «En lui nous avons tout, en nous rien.» «Voilà <strong>la</strong><br />

vraie artillerie pour abattre toute hautesse.» nous dit Calvin.<br />

36


En conséquence du résultat<br />

Ainsi se font, au plus profond du cœur du croyant, «<strong>la</strong> mélodie et<br />

accord entre <strong>la</strong> justice de Dieu et notre obéissance». «<strong>La</strong><br />

connaissance de Christ est une chose pleine d’efficace et une<br />

racine vive, qui ne peut faire qu’elle produise hors de bons<br />

fruits.» «Comment donc se lèvera un courage à reconnaître et<br />

goûter une telle bonté de Dieu, qu’il ne soit <strong>par</strong>eillement<br />

enf<strong>la</strong>mbé à l’aimer? Car une telle abondance de douceur, comme<br />

est celle que Dieu a cachée à ceux qui le craignent, ne se peut<br />

vraiment entendre, qu’elle n’émeuve le cœur.» Nous sommes ici<br />

p<strong>la</strong>cés devant le mystère des rapports de l’éternité et du temps,<br />

de Dieu et de ses créatures. Nous croyons que <strong>la</strong> volonté<br />

éternelle de Dieu, sans cesser d’être éternelle, peut susciter des<br />

actions dans le temps, comme sa pensée éternelle est capable de<br />

contenir des choses temporelles.<br />

Dans <strong>la</strong> justification <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi, ce n’est pas un acquittement<br />

prononcé de toute éternité <strong>par</strong> Dieu qui <strong>par</strong>vient enfin à <strong>la</strong><br />

conscience du pécheur; mais Dieu qui ne change pas agit luimême<br />

lorsqu’il acquitte le pécheur <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi de Christ qu'il a reçu.<br />

C’est aussi de lui – sans qu’il cesse jamais pour ce<strong>la</strong> d’être<br />

l’Éternel – que jaillit l’activité de <strong>la</strong> sanctification qui sera reçue<br />

<strong>par</strong> le fidèle comme une justification <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi et dont il jouira.<br />

37


Entre cette activité plénière de Dieu dans sa grâce justifiante et<br />

sanctifiante, et l’activité propre de l’homme engendrée <strong>par</strong> l'Esprit<br />

Christ qui l'habite que l’Écriture et Calvin maintiennent côte à<br />

côte, nombreux sont ceux qui ont vu là une contradiction et qui<br />

accusent le Christ, Paul, Jean et – pourquoi ne pas le dire? –<br />

Calvin de contradictions internes! Nombreux sont ceux qui, pour<br />

<strong>la</strong> tranquillité de leur raison, suppriment l’un des deux termes.<br />

Mais c’est alors toute <strong>la</strong> religion qui change. L’Écriture, elle, se<br />

p<strong>la</strong>ce bien au-dessus de toutes les conceptions uni<strong>la</strong>térales.<br />

Autant les cieux sont élevés au-dessus de <strong>la</strong> terre, autant mes<br />

pensées sont élevées au-dessus de vos pensées, dit l’Eternel (És.<br />

55). Dieu et l’homme, <strong>la</strong> religion et <strong>la</strong> morale, <strong>la</strong> foi et l’amour, <strong>la</strong><br />

justification et <strong>la</strong> sanctification, <strong>la</strong> prière et les œuvres n’ont, <strong>par</strong><br />

nature, rien de contradictoire. Seul, le péché de l’homme les<br />

oppose. En Christ, notre paix, se trouve leur unité. Dans <strong>la</strong><br />

vie chrétienne, dans le cœur du fidèle, ils sont réconciliés. Ceux<br />

qui sont nés de Dieu deviennent enfants de Dieu, <strong>par</strong>ce qu’ils le<br />

sont <strong>par</strong> <strong>la</strong> volonté de Dieu (Jean 1:12,13). Pour eux, ce<strong>la</strong> a un<br />

sens de dire: «Deviens ce que tu es!» «Je t’ai créé pour ma<br />

gloire!» dit l’Eternel. Il est donc bien raisonnable (il est<br />

nécessaire) que, puisqu’il est l’auteur et <strong>la</strong> source de notre vie,<br />

nous <strong>la</strong> rapportions tout entière à sa gloire. «Nous sommes au<br />

Seigneur: Vivons et mourons pour Luy. Nous sommes au<br />

Seigneur: Que sa volonté donc et sagesse préside en toutes nos<br />

actions. Nous sommes au Seigneur: Que toutes les <strong>par</strong>ties de<br />

38


notre vie soient référées à Luy, comme à leur fin unique. Ô<br />

combien a profité l’homme, lequel, se connaissant n’être pas sien,<br />

a ôté <strong>la</strong> seigneurie et régime de soi-même à sa propre raison,<br />

pour <strong>la</strong> résigner à Dieu.» déc<strong>la</strong>re Calvin. (Fin du texte de Pierre<br />

Marcel).<br />

39


CHAPITRE 2<br />

LA NATURE DE DIEU<br />

Une des plus grandes vérités des Écritures, nous dit William<br />

Webster, est <strong>la</strong> <strong>Justification</strong> <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi. Mais qu'est-ce précisément<br />

<strong>la</strong> justification? Qu'il existe encore dans le christianisme une<br />

grande controverse sur ce sujet est évident. Certains insistent sur<br />

<strong>la</strong> nécessité des œuvres et des sacrements ou ordonnances<br />

comme base de <strong>la</strong> justification. D'autres enseignent l'attribution<br />

de <strong>la</strong> justification <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi seule (so<strong>la</strong> fide). Pour donner une<br />

évaluation équitable de ces deux positions, il est essentiel que<br />

nous comprenions correctement ce que <strong>la</strong> Bible dit sur ce sujet,<br />

et ce<strong>la</strong> doit commencer <strong>par</strong> une bonne compréhension de <strong>la</strong><br />

nature de Dieu. Ce<strong>la</strong> est nécessaire car tout l'enseignement<br />

biblique sur le salut trouve sa racine dans le caractère même de<br />

Dieu.<br />

L'Écriture déc<strong>la</strong>re que Dieu est un Dieu de sainteté. Il est «un<br />

Dieu de lumière en qui il n'y a point de ténèbres.» (1 Jean 1:5). A<br />

cause qu'il est Saint, il est Juste. Il agit toujours justement et en<br />

accord avec sa loi puisque <strong>la</strong> loi est l'expression de son caractère.<br />

Sa sainteté demande un rapport juste avec le péché. L'Écriture<br />

enseigne ainsi que le seul vrai Dieu vivant est un Dieu de<br />

colère et de jugement, précisément à cause qu'il est un<br />

Dieu de sainteté. Comme Léon Morris le dit dans son livre «The<br />

Apostolic Preaching of the Cross»: «L'Ancien Testament présente<br />

40


avec constance un Dieu qui œuvre <strong>par</strong> les moyens de <strong>la</strong> loi. Cette<br />

notion n'est pas l'opinion d'un ou de deux auteurs, car elle est<br />

trouvée <strong>par</strong>tout dans l'Ancien Testament. Yahweh était regardé<br />

comme essentiellement juste dans sa nature, incorporant <strong>la</strong> loi de<br />

<strong>la</strong> justice en son Être même. Conséquemment il œuvrait <strong>par</strong> un<br />

moyen que l'on nomme <strong>la</strong> loi. Inévitablement il punissait <strong>la</strong><br />

méchanceté et récompensait <strong>la</strong> justice. Lui-même agissait<br />

justement et demandait que son peuple agisse de <strong>la</strong> même<br />

façon.»<br />

Ceci est confirmé dans le Nouveau Testament <strong>par</strong> l'apôtre Paul<br />

lorsqu'il déc<strong>la</strong>re que l'expiation de Christ se produisit pour<br />

démontrer <strong>la</strong> justice de Dieu, afin qu'il puisse être trouvé juste en<br />

justifiant les pécheurs: «Car tous ont péché, et sont privés de <strong>la</strong><br />

gloire de Dieu, Et sont justifiés gratuitement <strong>par</strong> sa grâce, <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

rédemption qui est en Jésus-Christ, Que Dieu avait destiné pour<br />

être une propitiation; <strong>par</strong> <strong>la</strong> certitude en son sang [versé], afin de<br />

manifester sa justice <strong>par</strong> <strong>la</strong> rémission des péchés commis<br />

au<strong>par</strong>avant, pendant les jours de <strong>la</strong> tolérance de Dieu; Afin, disje,<br />

de faire <strong>par</strong>aître sa justice dans ce temps-ci, afin d'être<br />

reconnu juste, et comme justifiant celui qui a cette certitude en<br />

Jésus.» (Rom. 3:23-26).<br />

Ces passages nous disent quelque chose de très important à<br />

propos de Dieu et du <strong>par</strong>don. Nous apprenons que Dieu est un<br />

41


Dieu d'amour et de miséricorde, mais qu'il ne peut ni n'exercera<br />

sa miséricorde d'une façon à compromettre sa justice et sa<br />

droiture. Il doit agir en accord avec sa loi, car elle est l'expression<br />

de sa sainteté. Alors le <strong>par</strong>don et <strong>la</strong> justification des pécheurs<br />

doivent être compatibles avec <strong>la</strong> justice et <strong>la</strong> droiture de Dieu, et<br />

ce<strong>la</strong> signifie qu'il doit juger le péché, l'égarement ou <strong>la</strong> déviation<br />

de l'homme <strong>par</strong> rapport au but proposé de <strong>la</strong> gloire de Dieu<br />

(Rom. 3:23). L'homme s'est égaré dans son raisonnement<br />

charnel en désirant être comme Dieu (Gen. 3:5), c'est à dire qu'il<br />

s'est déc<strong>la</strong>ré indépendant et maître de son propre destin <strong>par</strong><br />

l'exercice de son choix. Le résultat est que Dieu lui retira son<br />

Esprit Saint (Gen. 6:3) et il fut rejeté de <strong>la</strong> communion d'avec<br />

Dieu et de <strong>la</strong> vie éternelle (Gen. 3:22-24). Puisque Dieu est <strong>la</strong><br />

vie, ce<strong>la</strong> engendra inévitablement <strong>la</strong> mort (Gen. 2:17) et<br />

conséquemment <strong>la</strong> corruption dans l'âme. <strong>La</strong> nature humaine<br />

devint entièrement déchue et <strong>la</strong> race humaine fut condamnée à <strong>la</strong><br />

perdition éternelle.<br />

Comment donc un pécheur injuste et complètement dégénéré se<br />

tiendra-il devant le jugement d'un Dieu qui est infiniment Saint et<br />

Juste, il ne le peut, ce<strong>la</strong> est impossible. Dieu, dans son amour,<br />

c'est à dire dans le renoncement éternel de son Être, ce qu'on<br />

peut nommer aussi l'amour sacrificiel, désire nous <strong>par</strong>donner et<br />

nous donner sa miséricorde, mais il ne le peut si ce<strong>la</strong> compromet<br />

sa sainteté et sa justice. <strong>La</strong> loi demande <strong>la</strong> mort pour les<br />

42


transgressions et l'obéissance <strong>par</strong>faite pour être accepté de Dieu.<br />

Comment peut-il nous <strong>par</strong>donner et nous accepter, lorsque nous<br />

avons tous transgressé <strong>la</strong> loi et que nous n'avons pas <strong>la</strong> justice<br />

<strong>par</strong>faite qui est demandé de chacun de nous? C'est exactement<br />

pour ce<strong>la</strong> que l'Évangile est le message de <strong>la</strong> grâce de Dieu qu'il<br />

accorde seulement à ses élus, car ils ont été choisis d'entre <strong>la</strong><br />

race humaine dégénérée depuis avant <strong>la</strong> fondation du monde<br />

pour hériter le salut et <strong>la</strong> gloire éternelle. Mais le reste porteront<br />

<strong>la</strong> peine de leurs péchés et seront condamné à <strong>la</strong> perdition<br />

éternelle, tel qu'il fut ordonné dans le décret de <strong>la</strong> réprobation<br />

(Prov. 16:4; És. 45:7; Rom. 9:22; 2 Pi. 2:2-9; Jude 4; Apoc.<br />

20:12-15; 21:8).<br />

Or l'Évangile nous dit que Dieu a pourvu un salut pour ses élus en<br />

son Fils, le Seigneur Jésus-Christ. Il nous donna un moyen d'être<br />

racheté qui est consistant avec <strong>la</strong> sainteté de sa nature et de <strong>la</strong><br />

loi. Il peut ainsi en Christ exercer son amour et nous donner le<br />

<strong>par</strong>don sans compromettre sa sainteté et sa justice. Le message<br />

merveilleux de l'Évangile est que nous pouvons être<br />

justifiés (<strong>par</strong>donnés et acceptés <strong>par</strong> Dieu) <strong>par</strong> <strong>la</strong> grâce, à<br />

travers de <strong>la</strong> foi (<strong>la</strong> certitude, l'assurance) de Christ qu'il<br />

nous transmet <strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance de son Esprit. Le<br />

protestantisme et le catholicisme sont d'accord avec cette<br />

affirmation, mais <strong>la</strong> définissent différemment tellement que l'une<br />

43


s'oppose à l'autre. <strong>La</strong> clé pour comprendre les différentes<br />

interprétations sont les mots qui les décrivent.<br />

Le protestantisme affirme qu'une personne est justifiée <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

grâce seule, <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi seule, et de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t de Christ seul.<br />

Tandis que le catholicisme y ajoute les œuvres et les sacrements,<br />

et <strong>la</strong> majorité des évangéliques modernes font de même en<br />

y ajoutant les œuvres d'efforts personnels issues du choix<br />

de <strong>la</strong> foi. Cette distinction est cruciale pour comprendre<br />

l'enseignement scripturaire sur <strong>la</strong> justification, car le mot «seul»<br />

protège sa signification biblique. Enlevé ce mot important est de<br />

tordre l'enseignement scripturaire sur <strong>la</strong> justification. Toutefois<br />

aucun ne stipule que <strong>la</strong> foi est celle de Christ même et non<br />

<strong>la</strong> foi qu'une personne puisse avoir en Christ, et ce<strong>la</strong> porte<br />

à <strong>la</strong> confusion dans l'esprit de plusieurs qui pensent que <strong>la</strong><br />

foi est une capacité de <strong>la</strong> volonté libre de l'homme, ce qui<br />

contribue à l'é<strong>la</strong>boration d'une fausse doctrine sur le salut<br />

qui rend gloire à l'homme plutôt qu'à Christ. Il y a quatre<br />

concepts clés exprimés dans le sommaire de cette affirmation: <strong>la</strong><br />

justification, <strong>la</strong> grâce, <strong>la</strong> foi, et de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t de Christ. Pour<br />

comprendre les trois premiers, il est impératif que nous<br />

comprenions le dernier qui est «de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t de Christ», car<br />

l'Écriture établit un rapport direct entre <strong>la</strong> justification et l'œuvre<br />

de Christ sur <strong>la</strong> croix. Si nous comprenons c<strong>la</strong>irement l'œuvre de<br />

Christ, nous allons aussi comprendre les significations de <strong>la</strong> foi,<br />

44


de <strong>la</strong> grâce, et de <strong>la</strong> justification. N'importe quelle discussion<br />

significative à propos de <strong>la</strong> justification doit être basée sur <strong>la</strong><br />

pleine compréhension de l'expiation de Christ en notre faveur.<br />

Par <strong>la</strong> foi de Christ nous sommes introduits dans<br />

l'engagement de son expiations, comme nous le voyons aussi<br />

dans cette nouvelle traduction qui suit le Grec original: «Il est<br />

vrai que vous boirez ma coupe, et que vous serez introduits dans<br />

l'engagement que je dois expier...» (Mat. 20:23).<br />

45


CHAPITRE 3<br />

L'ŒUVRE DE CHRIST DANS L'EXPIATION<br />

L'élément le plus important pour comprendre l'expiation est sa<br />

re<strong>la</strong>tion qu'elle détient avec <strong>la</strong> loi. <strong>La</strong> Parole de Dieu affirme que<br />

Christ prit sur lui l'œuvre de l'expiation pour satisfaire <strong>la</strong> pénalité<br />

de <strong>la</strong> loi qui avait été transgressée. Ainsi l'expiation est<br />

naturellement légale à cause qu'elle est juridique dans son<br />

essence. Ceci est confirmé dans les épîtres de Paul aux Ga<strong>la</strong>tes et<br />

aux Romains: «Mais tous ceux qui sont pour les œuvres de <strong>la</strong> loi,<br />

sont sous <strong>la</strong> malédiction, puisqu'il est écrit: Maudit est quiconque<br />

ne persévère pas à faire toutes les choses qui sont écrites dans le<br />

livre de <strong>la</strong> loi! Et que personne ne soit justifié devant Dieu <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

loi, ce<strong>la</strong> est évident, <strong>par</strong>ce que: Le juste vivra <strong>par</strong> l'assurance [de<br />

Christ]. Or, <strong>la</strong> loi n'est pas de cette assurance, mais dit: Le genre<br />

d'homme qui aura fait ces choses, vivra <strong>par</strong> elles. Christ nous a<br />

rachetés de <strong>la</strong> malédiction de <strong>la</strong> loi, quand il a été fait malédiction<br />

pour nous; car il est écrit: Maudit quiconque est pendu au bois.»<br />

(Gal. 3:10-13); «personne ne sera justifié devant lui <strong>par</strong> les<br />

œuvres de <strong>la</strong> loi; car c'est <strong>la</strong> loi qui donne <strong>la</strong> connaissance du<br />

péché. Mais maintenant, <strong>la</strong> justice de Dieu a été manifestée sans<br />

<strong>la</strong> loi, <strong>la</strong> loi et les prophètes lui rendant témoignage; Même <strong>la</strong><br />

justice de Dieu, dis-je, <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi de Jésus-Christ, pour tous ceux<br />

et sur tous ceux qui ont cette assurance; car il n'y a point de<br />

distinction: Car tous ont péché, et sont privés de <strong>la</strong> gloire de<br />

Dieu, Et sont justifiés gratuitement <strong>par</strong> sa grâce, <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

46


édemption qui est en Jésus-Christ, Que Dieu avait destiné pour<br />

être une propitiation; <strong>par</strong> <strong>la</strong> certitude en son sang [versé], afin de<br />

manifester sa justice <strong>par</strong> <strong>la</strong> rémission des péchés commis<br />

au<strong>par</strong>avant, pendant les jours de <strong>la</strong> tolérance de Dieu; Afin, disje,<br />

de faire <strong>par</strong>aître sa justice dans ce temps-ci, afin d'être<br />

reconnu juste, et comme justifiant celui qui a cette certitude en<br />

Jésus. Où est donc <strong>la</strong> vantardise? Elle est exclue. Par quelle loi?<br />

Par <strong>la</strong> loi des œuvres? Non, mais <strong>par</strong> le principe de cette<br />

assurance. Nous concluons donc que l'homme est justifié <strong>par</strong> <strong>la</strong><br />

certitude [de Christ] sans les œuvres de <strong>la</strong> loi.» (Rom. 3:20-28).<br />

L'Écriture nous dit que Christ est devenu une malédiction pour<br />

nous. Ceci est <strong>la</strong> grande vérité de <strong>la</strong> substitution en ce que Christ<br />

est notre remp<strong>la</strong>çant. Le Seigneur Jésus devint une<br />

malédiction en portant les péchés de ses élus seulement,<br />

et non de tous les hommes. Le passage qui dit: «Car c'est lui<br />

qui est <strong>la</strong> propitiation pour nos pêchés; et non-seulement pour les<br />

nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.» (1 Jean 2:2), se<br />

traduit selon l'original «C'est lui qui est <strong>la</strong> satisfaction de <strong>la</strong><br />

ré<strong>par</strong>ation pour nos péchés, dont <strong>la</strong> mortalité se rapporte non<br />

seulement à nous, mais aussi au monde entier.» Il prit leur p<strong>la</strong>ce<br />

comme leur substitut pour souffrir <strong>la</strong> punition de leurs péchés, et<br />

ce<strong>la</strong> en acceptant sur lui <strong>la</strong> condamnation que Dieu exigeait de<br />

l'homme pour avoir brisé <strong>la</strong> loi. Tous nos péchés lui furent<br />

imputés et toute <strong>la</strong> colère du jugement de Dieu se déversa sur lui<br />

47


à notre p<strong>la</strong>ce: «Mais Dieu approuva son renoncement envers<br />

nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ<br />

est mort pour nous.» (Rom. 5:8); «<strong>La</strong> grâce et <strong>la</strong> paix pour vous,<br />

de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t de Dieu, le Père et Seigneur de nous [tous], JÉSUS LE<br />

MESSIE, Qui s'est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous<br />

retirer de ce siècle corrompu, [et ce<strong>la</strong> est] selon <strong>la</strong> volonté de<br />

notre Dieu et Père...» (Gal. 1:3,4); «Lui qui a porté nos péchés<br />

en son corps sur le bois...» (1 Pi. 2:24); «Cependant il a porté<br />

nos faiblesses, et il s'est chargé de nos douleurs; et nous, nous<br />

pensions qu'il était frappé de Dieu, battu et affligé. Mais il était<br />

meurtri pour nos péchés, et frappé pour nos iniquités; le<br />

châtiment qui nous apporte <strong>la</strong> paix est tombé sur lui, et <strong>par</strong> sa<br />

meurtrissure nous avons <strong>la</strong> restauration. Nous étions tous errants<br />

comme des brebis, nous suivions chacun son propre chemin, et<br />

YEHOVAH a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous.» (És. 53:4-<br />

6).<br />

48


CHAPITRE 5<br />

LA MALÉDICTION ET LA PROPITIATION<br />

Tous nos péchés furent attribués à Christ. Il devint ainsi notre<br />

propitiation, c'est à dire «notre sacrifice», prenant sur lui à notre<br />

p<strong>la</strong>ce toute <strong>la</strong> souffrance de <strong>la</strong> pleine colère de Dieu pour nos<br />

péchés. Il donna sa vie en <strong>la</strong> déposant dans <strong>la</strong> mort pour<br />

satisfaire les demandes de <strong>la</strong> loi. Ceci est <strong>la</strong> signification primaire<br />

du mot «propitiation», à savoir «satisfaire <strong>la</strong> colère», acte<br />

sacrificiel offert à Dieu pour le rendre favorable, en vue d'obtenir<br />

l'expiation, le <strong>par</strong>don des péchés. Christ porta <strong>la</strong> colère de Dieu<br />

sur lui comme jugement contre le péché, remplissant pleinement<br />

les exigences pour les transgressions de <strong>la</strong> loi. Ceci souligne le<br />

fait que l'expiation de Christ ressort essentiellement du droit<br />

pénal, c'est à dire qu'elle est re<strong>la</strong>tive aux peines infligées pour<br />

sanctionner les délits, car elle se rapporte à <strong>la</strong> loi de Dieu.<br />

L'Écriture enseigne qu'un des objectifs de l'incarnation de Christ<br />

était relié à <strong>la</strong> loi de Dieu: «Mais, lorsque <strong>la</strong> plénitude des temps<br />

est arrivée [pour l'accomplissement de <strong>la</strong> loi], Dieu a envoyé son<br />

Fils, né d'une femme, né sous <strong>la</strong> loi, Afin qu'il rachetât [ses élus]<br />

qui étaient sous <strong>la</strong> loi, pour que nous recevions l'adoption comme<br />

fils [de Dieu].» (Gal. 4:4,5).<br />

Lorsque l'Écriture fait référence au sang versé pour acquitter <strong>la</strong><br />

dette des péchés commis, elle signifie toujours qu'une vie doit<br />

être donnée en paiement. Le sang versé et <strong>la</strong> mort de <strong>la</strong> victime<br />

49


propitiatoire sont insé<strong>par</strong>able l'un de l'autre. Il y a plusieurs<br />

exemples de ceci dans le Nouveau Testament: «JÉSUS LE<br />

MESSIE, Qui s'est donné lui-même pour nos péchés...» (Gal.<br />

1:3,4); «mais qui l'a livré pour nous tous...» (Rom. 8:32);<br />

«Christ qui s'est sacrifié pour nous, et s'est offert lui-même à<br />

Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice d'odeur<br />

agréable...» (Éph. 5:2); «lorsque nous étions encore des<br />

pécheurs, Christ est mort pour nous.» (Rom. 5:8); «En qui nous<br />

avons <strong>la</strong> rédemption <strong>par</strong> son sang, <strong>la</strong> rémission des péchés, selon<br />

les richesses de sa grâce.» (Éph. 1:7). Toutes ces expressions<br />

nous ramènent au principe des sacrifices dans l'Ancien<br />

Testament, représentations du sacrifice ultime de Christ comme<br />

l'Agneau de Dieu: «Car l'âme de <strong>la</strong> chair est dans le sang; je vous<br />

l'ai donné sur l'autel, pour faire l'expiation pour vos âmes; car<br />

c'est pour l'âme que le sang fait l'expiation.» (Lév. 17:11); «sans<br />

effusion de sang il n'y a point de <strong>par</strong>don.» (Héb. 9:22); «Voici<br />

l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.» (Jean 1:29). Le<br />

mot «monde» dans ce dernier passage porte <strong>la</strong> notion de<br />

«disposition, arrangement, ordonnance» et celle-ci s'applique à <strong>la</strong><br />

loi comme prescription émanant d'une autorité supérieure, un<br />

texte légis<strong>la</strong>tif comportant les règlements qui proviennent du Roi<br />

des rois.<br />

En comprenant l'expiation de Christ sur <strong>la</strong> croix, nous<br />

commençons à saisir <strong>la</strong> signification réelle de <strong>la</strong> justification. Dans<br />

50


les Écritures, <strong>la</strong> justification est reliée directement à l'expiation:<br />

«Alors autant plus étant maintenant justifiés <strong>par</strong> son sang,<br />

serons-nous sauvés <strong>par</strong> lui de <strong>la</strong> colère de Dieu.» (Rom. 5:9).<br />

Être justifié <strong>par</strong> le sang de Christ est d'être justifié <strong>par</strong> sa<br />

mort qui est son œuvre d'expiation. Christ a prit tous nos<br />

péchés sur lui, et ce<strong>la</strong> avant même que nous naissions en ce<br />

monde, ce qui veux dire que tous nos péchés, passés,<br />

présents, et futurs, sont expiés dans le sacrifice de Christ<br />

sur <strong>la</strong> croix. Dans un seul acte d'obéissance, en mourant comme<br />

notre sacrifice propitiatoire, il porta le plein jugement et <strong>la</strong><br />

condamnation de Dieu pour nos péchés, et <strong>la</strong> valeur de ce<br />

sacrifice <strong>par</strong>fait est éternelle. Le Nouveau Testament nous<br />

enseigne que l'expiation a été faite une fois pour toutes et qu'elle<br />

n'est pas renouve<strong>la</strong>ble. Ceci signifie que l'expiation est une œuvre<br />

complète et terminée: «Sachant que Christ ressuscité des morts<br />

ne meurt plus, et que <strong>la</strong> mort n'a plus de pouvoir sur lui. Car en<br />

mourant, il est mort une seule fois pour le péché; mais en vivant,<br />

il vit comme Dieu.» (Rom. 6:9,10); «Or, il nous fal<strong>la</strong>it un tel<br />

Souverain Sacrificateur, saint, innocent, sans souillure, sé<strong>par</strong>é<br />

des pécheurs, et élevé au-dessus des cieux; Qui n'eût pas besoin,<br />

comme les souverains sacrificateurs, d'offrir tous les jours des<br />

sacrifices, premièrement pour ses propres péchés, puis pour ceux<br />

du peuple; car il a fait ce<strong>la</strong> une fois pour toute, en s'offrant luimême.»<br />

(Héb. 7:26,27); «Non pour s'offrir lui-même plusieurs<br />

fois, comme chaque année le souverain sacrificateur entre dans le<br />

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saint des saints avec un sang autre que le sien propre, Puisqu'il<br />

aurait fallu qu'il souffrît plusieurs fois depuis <strong>la</strong> création du<br />

monde; mais à présent, à <strong>la</strong> consommation des siècles, il a <strong>par</strong>u<br />

une seule fois pour abolir le péché, en se sacrifiant lui-même.»<br />

(Héb. 9:25,26); «C'est en vertu de cette volonté que nous<br />

sommes sanctifiés, <strong>par</strong> l'offrande faite une seule fois du corps de<br />

Jésus-Christ.» (Héb. 10:10).<br />

Toutes nos transgressions de <strong>la</strong> loi ont été abolies, clouées à <strong>la</strong><br />

croix. Notre dette a été complètement payée <strong>par</strong> Christ et<br />

nous sommes libérés, non libérés pour faire ce que nous<br />

voulons, ni libérés pour observer <strong>la</strong> loi de nouveau, ce qui<br />

nous remettrait sous <strong>la</strong> condamnation de <strong>la</strong> loi et du péché,<br />

mais libérés du jugement pour nos péchés. Aux yeux de Dieu<br />

toutes nos transgressions ont été cancellées et effacées, car le<br />

jugement que nous devions recevoir pour nos péchés fut infligé<br />

sur le Seigneur Jésus-Christ et il n'y a plus aucune condamnation<br />

pour nous (Rom. 8:1). En fait l'Écriture nous dit que le péché n'a<br />

plus de puissance sur nous: «Car le péché ne dominera pas sur<br />

vous, <strong>par</strong>ce que vous n'êtes point sous <strong>la</strong> loi, mais sous <strong>la</strong> grâce.»<br />

(Rom. 6:14). Puisque nous sommes sous <strong>la</strong> grâce, nous ne<br />

sommes plus redevable à loi qui est <strong>la</strong> puissance du péché, et<br />

nous n'avons plus à nous remettre sous le joug de sa servitude<br />

dans l'observance de ses principes, car Christ est devenu notre loi<br />

en accomplissant toutes ses exigences en notre faveur. Nous<br />

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sommes ainsi justifiés en lui en marchant dans cette assurance<br />

<strong>par</strong> <strong>la</strong> puissance de son Esprit qui nous garde et nous dirige, et<br />

jamais nous ne pourrons être sé<strong>par</strong>é de cette justification car<br />

nous sommes en lui et avec lui sur <strong>la</strong> croix, et même plus car<br />

nous sommes en lui et avec lui dans sa résurrection dans <strong>la</strong>quelle<br />

nous obtenons une nouvelle vie: «Or, le sa<strong>la</strong>ire de celui qui<br />

travaille, est regardé, non comme une grâce, mais comme une<br />

dette. Mais pour celui qui ne travaille point, mais qui a<br />

l'assurance de celui qui justifie le pécheur, sa certitude lui est<br />

attribuée comme justice. C'est ainsi que David décrit le bonheur<br />

de l'homme à qui Dieu attribue <strong>la</strong> justice sans les œuvres; Disant:<br />

Heureux ceux dont les iniquités sont <strong>par</strong>donnés, et les péchés<br />

couverts! Heureux l'homme à qui le Seigneur n'attribuera point le<br />

péché!» (Rom. 4:4-8); «Christ est <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> loi, pour <strong>la</strong><br />

justification de tout croyant.» (Rom. 10:4).<br />

Certains suggèrent que l'apôtre Paul utilise <strong>la</strong> phrase «<strong>par</strong> les<br />

œuvres de <strong>la</strong> loi» non pour signifier <strong>la</strong> loi morale, mais seulement<br />

<strong>la</strong> loi cérémoniale des Juifs. Un grand nombres d'Évangéliques et<br />

de sectes dites chrétiennes supportent une telle notion dans une<br />

tentative de valider le décalogue. Pour eux les dix<br />

commandements sont encore en vigueur et <strong>la</strong> grâce<br />

donnerait à un chrétien <strong>la</strong> capacité de les observer. Ils<br />

affirment que nous devons répudier <strong>la</strong> loi cérémoniale comme<br />

base de justification, mais non <strong>la</strong> loi morale. Ce genre de<br />

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justification est une subversion de <strong>la</strong> grâce et un sérieux<br />

affront au sacrifice de Christ sur <strong>la</strong> croix. Dans l'épître aux<br />

Romains, l'apôtre Paul utilise le mot «loi» pour désigner <strong>la</strong> loi<br />

cérémoniale et <strong>la</strong> loi morale, même que dans Romains 7:7-13,<br />

il répudie spécifiquement <strong>la</strong> loi morale comme base de<br />

justification, car c'est <strong>la</strong> loi morale qui nous condamne<br />

devant Dieu. Or <strong>la</strong> justification est un don de Dieu en Jésus-<br />

Christ qui accomplit toute <strong>la</strong> loi en notre faveur et non seulement<br />

une <strong>par</strong>tie de <strong>la</strong> loi. Le sacrifice de Christ implique surtout <strong>la</strong><br />

loi morale et nous sommes délivré complètement de son<br />

fardeau. Se remettre sous l'observation de <strong>la</strong> loi morale<br />

signifierait que nous sommes disgraciés, rejetés de <strong>la</strong> grâce, et<br />

qu'en fait nous n'aurions jamais connu <strong>la</strong> grâce. C'est de ces gens<br />

que Paul <strong>par</strong>le dans son épître aux Hébreux: «De quel plus grand<br />

supplice pensez-vous que sera jugé digne celui qui foulera aux<br />

pieds le Fils de Dieu, et qui tiendra pour profane le sang de<br />

l'alliance, <strong>par</strong> lequel il avait été sanctifié, et qui outragera l'Esprit<br />

de <strong>la</strong> grâce?... Or, le juste vivra <strong>par</strong> <strong>la</strong> foi; mais, si quelqu'un se<br />

prive [de <strong>la</strong> grâce], mon âme ne prend point de p<strong>la</strong>isir en lui.<br />

Pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se privent [de <strong>la</strong><br />

grâce] pour leur perdition, mais de ceux qui ont <strong>la</strong> foi pour<br />

préserver leur âme.» (Héb. 10:29,38,39).<br />

Puisque <strong>la</strong> justification est complètement dépendante de l'œuvre<br />

de Christ sur <strong>la</strong> croix, elle est <strong>par</strong>faite, inébran<strong>la</strong>ble, et éternelle.<br />

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Une fois qu'une personne est justifiée <strong>par</strong> l'assurance qu'elle<br />

reçoit de Christ en son sacrifice sur <strong>la</strong> croix, elle ne peut pas<br />

perdre cette grâce: «En vérité, en vérité je vous dis, que celui qui<br />

écoute ma <strong>par</strong>ole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, a <strong>la</strong> vie<br />

éternelle, et il ne vient point en jugement, mais il est passé de <strong>la</strong><br />

mort à <strong>la</strong> vie.» (Jean 5:24).<br />

A Christ seul soit <strong>la</strong> Gloire<br />

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