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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Ministère <strong>de</strong>s Anciens Combattants en 1955 472 perm<strong>et</strong> d’estimer à 70 000 le nombre total<br />

d’évadés durant la guerre, dont 16 000 en 1941 <strong>et</strong> 19 000 en 1942 473 . Beaucoup <strong>de</strong> candidats à<br />

l’évasion sont cependant repris <strong>et</strong> n’entrent donc pas dans ces statistiques. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

estimations que <strong>les</strong> <strong>prisonniers</strong> font lors <strong>de</strong> leur rapatriement sur le nombre <strong>de</strong> tentatives ayant<br />

eu lieu dans leur camp, seul un document daté <strong>de</strong> mars 1942 perm<strong>et</strong> d’avoir une vue générale<br />

du phénomène : le chiffre <strong>de</strong> 30 000 tentatives y est explicitement cité.<br />

Le profil <strong>de</strong> ceux qui ont tenté c<strong>et</strong>te aventure est très hétéroclite. Francis Ambrière en<br />

donne la mesure dans un paragraphe qu’il consacre à la population <strong>de</strong>s baraques<br />

disciplinaires : « El<strong>les</strong> offraient un mélange <strong>de</strong> mauvais garçons, <strong>de</strong> têtes brûlées, <strong>de</strong> paysans,<br />

d’ouvriers <strong>et</strong> d’intellectuels 474 . » C<strong>et</strong>te diversité apparaît d’ailleurs très n<strong>et</strong>tement si l’on s’en<br />

tient au seul mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sports. Tout semble ainsi séparer le jeune br<strong>et</strong>on René Legoff né en<br />

1918 <strong>et</strong> champion <strong>de</strong> sa région en cross du très mondain journaliste parisien <strong>de</strong> L’Auto<br />

Jacques <strong>de</strong> Ryswick 475 . Pourtant l’un comme l’autre tentent d’échapper à leur statut <strong>de</strong><br />

Gefang, le premier en décembre 1941, le second en 1942. René Legoff, bien qu’il soit plus<br />

proche <strong>de</strong> la frontière française échoue dans son proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> est reconduit au Stalag, tandis que<br />

Jacques <strong>de</strong> Ryswick, décidé selon ses dires à rejoindre Marseille pour assister au match <strong>de</strong><br />

football opposant la France à la Suisse 476 fausse définitivement compagnie à ses gardiens<br />

berlinois.<br />

Le sort <strong>de</strong> ceux qui sont repris avant d’atteindre la France est très variable <strong>et</strong> dépend en<br />

premier lieu <strong>de</strong>s Allemands qui procè<strong>de</strong>nt à leur arrestation. Certains sont malmenés, passés à<br />

tabac, d’autres rencontrent une certaine forme <strong>de</strong> compréhension, voire d’admiration, <strong>et</strong> sont<br />

simplement ramenés dans leur Stalag 477 . S’en suit une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> « prison » ou <strong>de</strong> « baraque<br />

disciplinaire » <strong>de</strong> quinze jours (portée rapi<strong>de</strong>ment à vingt <strong>et</strong> un jours) durant laquelle le<br />

prisonnier est censé être placé à l’isolement <strong>et</strong> recevoir le strict minimum <strong>de</strong> nourriture. Des<br />

472 Voir : Comité d’Histoire <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième guerre mondiale, n° 34, juin- juill<strong>et</strong> 1955.<br />

473 J.M D’hoop reprend <strong>et</strong> présente l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> M. Boudot dans un article publié dans la Revue d’Histoire <strong>de</strong> la<br />

2 ème Guerre mondiale en 1957 : Jean-Marie d’Hoop, « Note sur <strong>les</strong> évasions », Revue d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong><br />

Guerre Mondiale n° 25, janvier 1957, p. 77.<br />

474 Francis Ambrière, Les gran<strong>de</strong>s vacances, op. cit., p. 174.<br />

475 Jacques Perr<strong>et</strong> évoque à plusieurs reprises dans son ouvrage le journaliste : Jacques Perr<strong>et</strong>, Le caporal<br />

épinglé, op. cit., p. 106 <strong>et</strong> p. 164.<br />

476 Jacques <strong>de</strong> Ryswick évoque sa captivité dans un ouvrage qu’il consacre à la place du football dans son<br />

existence. Il écrit : « Si j’ai délibérément rompu avec l’état <strong>de</strong> « Kriegsgefang » en fin <strong>de</strong> l’hiver 1942, je le dois<br />

en premier lieu au football. Alors que j’errais <strong>de</strong> Kommando en Kommando <strong>de</strong>puis août 1940 dans la région<br />

berlinoise, sous la double tutelle Wehrmacht- reichsbahn, une coupure <strong>de</strong> journal m’apprit un jour qu’un match<br />

France- Suisse allait être joué à Marseille le 8 mars. […] l’information […] eut don <strong>de</strong> faire se préciser dans<br />

mon esprit <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d’évasion qui avaient germé <strong>de</strong>puis un certain temps ». Jacques <strong>de</strong> Ryswick, 100 000<br />

heures <strong>de</strong> football, Paris, La table ron<strong>de</strong>, 1962, p. 128.<br />

477 Francis Ambrière donne une <strong>de</strong>scription précise <strong>de</strong>s différents cas qu’il a rencontrés lors <strong>de</strong> sa captivité,<br />

Francis Ambrière, Les gran<strong>de</strong>s vacances, op. cit., p. 156-157.<br />

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