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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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soit individuellement, <strong>et</strong> ce, pour <strong>de</strong>s raisons aussi variées qu’un mégot ramassé au sol, un<br />

alignement imparfait lors <strong>de</strong> l’appel, un plancher mal n<strong>et</strong>toyé 249 ou encore un lit mal fait 250 .<br />

Pour un délit collectif, le groupe tout entier était habituellement soumis à <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong><br />

« gymnastique » punitive. Si, par exemple, lors <strong>de</strong> fouil<strong>les</strong> à corps, quelqu’un rej<strong>et</strong>ait un<br />

obj<strong>et</strong> illicite pour s’en débarrasser, le SS arrachait l’aveu par la force en faisant faire à<br />

tout le groupe, <strong>et</strong> jusqu’à l’épuisement, <strong>de</strong>s génuflexions tout en n’épargnant pas <strong>les</strong><br />

coups <strong>de</strong> pieds. Si cela n’aboutissait pas, il notait tous <strong>les</strong> matricu<strong>les</strong> 251 .<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

De ces énumérations, il est simplement possible <strong>de</strong> conclure que la punition sous forme<br />

d’exercices corporels est imposée <strong>de</strong> manière totalement arbitraire pour <strong>de</strong>s raisons parfois<br />

totalement fantaisistes, ce qui laisse aux SS la possibilité <strong>de</strong> contraindre <strong>les</strong> détenus à <strong>de</strong> tel<strong>les</strong><br />

séances aussi fréquemment qu’ils le souhaitent.<br />

Les survivants insistent sur <strong>les</strong> souffrances que <strong>de</strong> tels traitements occasionnent. Les<br />

séances punitives s’effectuent à l’extérieur <strong>et</strong> au comman<strong>de</strong>ment. El<strong>les</strong> reposent<br />

prioritairement sur <strong>de</strong>s déplacements <strong>de</strong> différentes natures (courir, marcher, marcher à quatre<br />

pattes, marcher accroupi mains sur la nuque) auxquels sont associés différents ordres (se<br />

m<strong>et</strong>tre allongé, se relever, sauter, faire <strong>de</strong>mi-tour). Les détenus doivent obligatoirement suivre<br />

la ca<strong>de</strong>nce imposée <strong>et</strong> exécutent tous <strong>les</strong> mêmes mouvements <strong>de</strong> façon synchronisée. Aucune<br />

différenciation n’est faite par rapport à l’âge ou à l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s détenus. La durée n’est<br />

pas spécifiée <strong>et</strong> peut s’échelonner d’une <strong>de</strong>mi-heure à plusieurs heures. Stanislav Zamecnik<br />

précise que, généralement, <strong>les</strong> séances prennent se déroulent le soir après l’appel <strong>et</strong> durent<br />

« une <strong>de</strong>mi-heure, voire une heure ». Si <strong>les</strong> SS sont souvent à l’origine <strong>de</strong> ces châtiments, il<br />

n’est pas rare non plus que <strong>les</strong> détenus à responsabilité en soient à l’origine. A Dachau, le<br />

doyen du camp <strong>les</strong> appréciait tout particulièrement.<br />

Le doyen du camp Kapp faisait fréquemment faire <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong> gymnastique punitive<br />

après l’appel du soir à l’effectif <strong>de</strong> quelques Blocks. Il fallait courir, sauter en position<br />

accroupie <strong>et</strong> accomplir d’autres exercices épuisants. Kapp infligeait ses sanctions pour un<br />

alignement imparfait à l’appel ou pour ne pas avoir chanté assez suffisamment fort sur le<br />

chemin <strong>de</strong> l’appel, <strong>et</strong>c. Les détenus plus âgés ou physiquement ruinés s’effondraient<br />

souvent lors <strong>de</strong> ces exercices 252 .<br />

Tous <strong>les</strong> détenus sont confrontés à ces sévices, mais certains d’entre eux, notamment <strong>les</strong><br />

Juifs, y sont davantage exposés. Les rescapés <strong>de</strong> Dachau font état <strong>de</strong>s traitements inhumains<br />

249 Stanislav Zamecnik, C’était ça, Dachau, op. cit., p. 156.<br />

250 Falk Pingel, Häfltlinge unter SS-Herrschaft. Wi<strong>de</strong>rstand, Selbstbehauptung und Vernichtung im<br />

Konzentrationslager, op. cit., p. 48 : „Die SS kontrollierte <strong>de</strong>n B<strong>et</strong>tenbau sehr genau und nahm<br />

unvoschriftesmässig gericht<strong>et</strong>e B<strong>et</strong>ten zum Anlass, um über <strong>de</strong>n gesamten Block Strafen wie z.B „Sportübungen<br />

o<strong>de</strong>r Exerzieren zu verhängen“.<br />

251 Stanislav Zamecnik, C’était ça, Dachau, op. cit., p. 144-145.<br />

252 Stanislav Zamecnik, C’était ça, Dachau, op. cit., p. 138.<br />

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