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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

incessants <strong>de</strong> leurs geôliers tout en étant affectés à <strong>de</strong>s travaux particulièrement éprouvants.<br />

Les exercices corporels sont largement utilisés pour venir à bout <strong>de</strong> leur résistance, qu’il<br />

s’agisse <strong>de</strong>s sauts <strong>de</strong> grenouille, <strong>de</strong>s exercice <strong>de</strong> coucher-lever, <strong>de</strong>s courses éreintantes<br />

imposées nuits <strong>et</strong> jours. Aucune récupération ne leur est permise, aucune lueur d’espoir<br />

accordée, si ce n’est la libération une fois la peine achevée. Dans ce genre d’institution, il va<br />

sans dire que <strong>les</strong> formes <strong>de</strong> <strong>pratiques</strong> sportives distractives sont totalement absentes.<br />

Quant aux déportés, transférés dans le Reich à la suite d’une arrestation sur le sol<br />

français ou allemand en raison <strong>de</strong> leur « race » ou d’actions entreprises à l’encontre du Reich,<br />

leur sort est <strong>de</strong>s plus tragiques. Pendant leur « quarantaine », ils apprennent à déconstruire<br />

leurs repères antérieurs tout en étant dressés à la vie concentrationnaire par l’emploi du<br />

Strafstehen <strong>et</strong> du Sportmachen. Une fois c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> révolue, ils <strong>et</strong> el<strong>les</strong> doivent survivre<br />

dans un système inhumain, profondément inégalitaire dans lequel <strong>les</strong> besoins primaires <strong>les</strong><br />

plus élémentaires ne sont pas couverts. Les exercices corporels participent assurément <strong>et</strong><br />

indéniablement à leur déchéance : le Strafstehen comme le Sportmachen épuisent chaque jour<br />

<strong>les</strong> déportés, <strong>les</strong> vi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur force. Tel<strong>les</strong> ne sont pas <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> occasions <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en jeu<br />

le corps. Lors <strong>de</strong>s « sélections », <strong>les</strong> SS sont susceptib<strong>les</strong> d’avoir recours à <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its tests<br />

reposant sur <strong>de</strong>s critères médicaux ou à travers <strong>de</strong>s « jeux ». Le cynisme <strong>et</strong> le sadisme dont ils<br />

font preuve sont sans égal : dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, ils travestissent <strong>de</strong>s <strong>pratiques</strong> du mon<strong>de</strong> civil (la<br />

mé<strong>de</strong>cine, <strong>les</strong> jeux) pour faire fonctionner l’usine <strong>de</strong> mort. Les <strong>pratiques</strong> <strong>corporel<strong>les</strong></strong> s’avèrent<br />

être un indicateur fiable <strong>de</strong>s positions occupées par <strong>les</strong> détenus dans la société<br />

concentrationnaire. Quand une gran<strong>de</strong> majorité est confrontée aux tourments <strong>de</strong>s exercices<br />

physiques, d’autres ont la possibilité <strong>de</strong> s’adonner à <strong>de</strong>s <strong>pratiques</strong> sportives distractives,<br />

notamment du football <strong>et</strong> <strong>de</strong> la boxe. Le fossé est incommensurable entre ceux dont le corps<br />

progressivement se vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute vitalité <strong>et</strong> ceux qui possè<strong>de</strong>nt du pouvoir dans le camp.<br />

S’il paraît impossible, voire dangereux <strong>de</strong> classer ces différentes situations <strong>les</strong> unes par<br />

rapport aux autres, il est par contre intéressant <strong>de</strong> faire émerger d’éventuel<strong>les</strong> constantes dans<br />

<strong>les</strong> traitements qui sont infligés aux ennemis du Reich. Un constat s’impose ici : quel que soit<br />

le statut <strong>de</strong>s dits « ennemis », déporté, prisonnier, civil, quel<strong>les</strong> que soient <strong>les</strong> instances le<br />

prenant en charge, OKW, Gestapo, SS, <strong>les</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>corporel<strong>les</strong></strong> font systématiquement partie<br />

<strong>de</strong>s moyens répressifs. Plus encore, <strong>les</strong> formes prises par cel<strong>les</strong>-ci sont i<strong>de</strong>ntiques. Le<br />

« dressage » <strong>de</strong>s opposants repose sur un savant mélange <strong>de</strong> privations <strong>et</strong> <strong>de</strong> séances<br />

physiques durant <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> exercices <strong>de</strong> génuflexion, <strong>de</strong> reptation, <strong>les</strong> coucher-lever, <strong>les</strong><br />

courses se r<strong>et</strong>rouvent toujours. Seuls, finalement, l’intensité <strong>et</strong> la durée <strong>de</strong> ce type d’exercices<br />

fluctuent suivant la sévérité du régime. Il paraît ici très clair que <strong>les</strong> exercices du corps sont<br />

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