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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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[…] sélections au cours <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> <strong>les</strong> mala<strong>de</strong>s doivent donner la preuve <strong>de</strong> leur aptitu<strong>de</strong><br />

à marcher en parcourant plusieurs mètres <strong>de</strong>vant le mé<strong>de</strong>cin 2478 .<br />

Le livre <strong>de</strong> l’Amicale <strong>de</strong>s déportées <strong>de</strong> Ravensbrück confirme ces <strong>pratiques</strong>. Lors <strong>de</strong>s<br />

sélections <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers mois, si <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins jugent <strong>les</strong> déportées à leurs jambes dénudées, ils<br />

leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt aussi <strong>de</strong> courir : « Quelques pas <strong>de</strong> course <strong>et</strong> l’on est mis dans le rang <strong>de</strong><br />

droite ou <strong>de</strong> gauche. » 2479 Cel<strong>les</strong> qui sont jugées « inaptes » rejoignent le Jugendlager ou sont<br />

envoyées directement dans la chambre à gaz du camp<br />

Vers le début <strong>de</strong> l’année 1945, le Dr Winkelmann ne se contentant plus <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

sélections dans le Revier, en faisaient également dans <strong>les</strong> Blocs ; toutes <strong>les</strong> détenues<br />

<strong>de</strong>vaient faire l’appel, <strong>les</strong> pieds nus, <strong>et</strong> montrer leur poitrine <strong>et</strong> leurs jambes. Toutes cel<strong>les</strong><br />

qui étaient trop âgées, mala<strong>de</strong>s, trop maigres, ou qui avaient <strong>les</strong> jambes gonflées<br />

d’œdème, étaient mises <strong>de</strong> côté puis envoyées dan ce Jugendlager à un quart d’heure du<br />

camp <strong>de</strong> Ravensbrück 2480 .<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Jusqu’à la libération <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> concentration, <strong>les</strong> nazis utilisent ainsi <strong>les</strong> <strong>pratiques</strong><br />

<strong>corporel<strong>les</strong></strong> comme indicateur pour conduire à la mort <strong>de</strong>s détenus ou comme moyen pour<br />

parvenir à c<strong>et</strong>te fin.<br />

Conclusion<br />

Des « punching-ball humains » aux combats <strong>de</strong> boxe codifiés, <strong>de</strong>s jeux sadiques aux<br />

matchs <strong>de</strong> football sur la place d’appel, <strong>de</strong>s heures passées à « piquer » aux promena<strong>de</strong>s, <strong>les</strong><br />

exercices corporels font partie du quotidien <strong>de</strong>s déporté(e)s. Pour la plus gran<strong>de</strong>, pour<br />

l’écrasante majorité <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes qui vivent l’expérience concentrationnaire,<br />

ces exercices sont synonymes <strong>de</strong> brima<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> tortures. Pour une infime minorité<br />

appartenant aux sphères extrêmement protégées, il s’agit ni plus ni moins que <strong>de</strong> distractions.<br />

Dans un univers ou la violence subie est potentiellement extrême <strong>et</strong> où l’espoir <strong>de</strong> libération<br />

est nul, <strong>les</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>corporel<strong>les</strong></strong> s’avèrent être un marqueur particulièrement significatif <strong>de</strong>s<br />

places occupées par <strong>les</strong> uns <strong>et</strong> <strong>les</strong> autres dans la société concentrationnaire. Dans ce cadre, <strong>les</strong><br />

quelques Proéminents <strong>de</strong>s camps ont la possibilité <strong>de</strong> s’adonner à <strong>de</strong>s loisirs sportifs divers<br />

tandis que ceci est totalement inconcevable pour la plupart. A l’inverse, <strong>les</strong> détenus porteurs<br />

<strong>de</strong> brassard échappent aux brima<strong>de</strong>s <strong>corporel<strong>les</strong></strong> alors que ces <strong>de</strong>rnières sont le lot quotidien<br />

<strong>de</strong>s déportés. Plus encore, <strong>les</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>corporel<strong>les</strong></strong> sont révélatrices d’une autre logique<br />

2478 Bernhardt Strebel, Ravensbrück, op. cit., p. 444. L’auteur se réfère au témoignage d’une femme mé<strong>de</strong>cin,<br />

détenue polonaise.<br />

2479 Amicale <strong>de</strong> Ravensbrück <strong>et</strong> Association <strong>de</strong>s déportées <strong>et</strong> internées <strong>de</strong> la Résistance, Les Françaises à<br />

Ravensbrück, op. cit., p. 190.<br />

2480 TMI, Vol. VI. Témoignage <strong>de</strong> Marie-Clau<strong>de</strong> Vaillant Couturier, 28 janvier 1946, p. 234.<br />

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