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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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Figure 28 : Les marches <strong>de</strong> la mort, selon <strong>les</strong> souvenirs <strong>de</strong> Serge Smulevic<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Quelque soit le témoignage analysé, <strong>les</strong> souvenirs <strong>de</strong>s déportés se recoupent. Les SS<br />

j<strong>et</strong>tent sur <strong>les</strong> routes <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes déjà fortement affaiblis par <strong>les</strong> mois passés<br />

dans le système concentrationnaire. Il ne leur est donné que quelques grammes <strong>de</strong> pain pour<br />

se nourrir, <strong>et</strong> ils ne touchent aucun vêtement supplémentaire, si ce n’est une couverture. Les<br />

routes sont enneigées, le froid glacial, <strong>et</strong> pendant <strong>de</strong>s heures <strong>et</strong> <strong>de</strong>s heures, <strong>les</strong> hommes<br />

marchent sans pouvoir se reposer. Toute faib<strong>les</strong>se, toute halte non autorisée signifie<br />

l’exécution sommaire, <strong>les</strong> SS ayant reçu l’ordre d’éliminer tous ceux qui ralentissent la<br />

procession 2430 . Les coutumes initiées dans <strong>les</strong> camps se maintiennent : <strong>les</strong> gardiens imposent<br />

<strong>de</strong>s appels nominatifs, frappent <strong>et</strong> tuent pour la moindre futilité. Les <strong>de</strong>stinations sont<br />

multip<strong>les</strong> : d’aucuns, comme Alfred Nakache, sont transférés à Buchenwald, d’autres ont<br />

envoyés à Sachsenhausen, à Ravensbrück, à Flössenburg ou encore, comme c’est le cas <strong>de</strong><br />

Serge Smulevic, à Dachau. Suivant son statut dans le camp, le déporté est plus ou moins<br />

préparé à l’épreuve : ceux qui étaient correctement nourris, ceux qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s vêtements<br />

se trouvent dans une situation beaucoup moins critique que <strong>les</strong> hommes qui sont déjà à bout<br />

<strong>de</strong> forces lorsqu’ils s’engagent sur <strong>les</strong> routes. Tel est le sens <strong>de</strong>s propos <strong>de</strong> Moshé Garbarz.<br />

Entre la tête <strong>et</strong> la queue du cortège, c’est le jour <strong>et</strong> la nuit. En tête avancent à gran<strong>de</strong>s<br />

enjambées <strong>de</strong>s hommes bien nourris, presque <strong>de</strong>s athlètes : <strong>les</strong> princes, pas seulement<br />

ceux qui matraquent mais <strong>les</strong> autres, <strong>les</strong> administratifs, ceux qui volent nos colis <strong>et</strong> se<br />

goinfrent <strong>de</strong> nourriture […]. En queue, se traînent <strong>de</strong>s faib<strong>les</strong>, surtout <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s<br />

couverts <strong>de</strong> bandages à la tête ou aux mains. En fin <strong>de</strong> colonne, une quarantaine<br />

d’hommes titubaient en progressant à peine 2431 .<br />

2430 Daniel Blatman, Les marches <strong>de</strong> la mort, op.cit., p. 96.<br />

2431 Moshé Elie Garbarz, Un survivant, op.cit., p. 250.<br />

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