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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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el<strong>les</strong> se faisaient une joie <strong>de</strong> frapper à chaque passage <strong>les</strong> femmes que l’on exposait<br />

ainsi 1942 .<br />

Alors qu’elle r<strong>et</strong>ranscrit sommairement ses journées sur un p<strong>et</strong>it carn<strong>et</strong> en déportation, elle<br />

indique à la date du 22 octobre : « Dimanche, travail <strong>de</strong> 6 à 11h30. Donné soupe à Michelle.<br />

L’après-midi appel <strong>et</strong> Strafstehen. Rien mangé ». Une semaine plus tard, elle décrit le même<br />

emploi du temps : « Dimanche. Travail <strong>de</strong> 6 à 11. Long appel 1943 ». C’est en chanson que<br />

Germaine Tillion dénonce ce registre <strong>de</strong> <strong>pratiques</strong> dans son opér<strong>et</strong>te, utilisant pour ce faire le<br />

terme « poser 1944 ». Elle précise en note <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> page que « la punition consiste à laisser <strong>les</strong><br />

femmes <strong>de</strong>bout 2 heures, 4 heures, 6 heures, <strong>et</strong> jusqu’à 24 heures <strong>de</strong> suite 1945 ». Geneviève De<br />

Gaulle 1946 comme Wenda Dubaczensker mentionnent toutes <strong>de</strong>ux l’existence <strong>de</strong> ce premier<br />

niveau <strong>de</strong> punition dans leur témoignage.<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Le gar<strong>de</strong>-à-vous sur la place principale pendant plusieurs heures. On appliquait c<strong>et</strong>te<br />

peine individuellement ou bien au bloc tout entier (responsabilité collective). C<strong>et</strong>te peine<br />

était appliquée pour bris <strong>de</strong> vitre, pour <strong>de</strong> légers dommages matériels. Pendant <strong>les</strong> grands<br />

froids ou bien <strong>les</strong> journées chau<strong>de</strong>s, c<strong>et</strong>te peine était terrible 1947 .<br />

Utilisée dans le camp, c<strong>et</strong>te brima<strong>de</strong> apparaît aussi sur le lieu <strong>de</strong> travail. Dans le chapitre qu’il<br />

consacre au travail <strong>de</strong>s femmes pour Siemens, Bernhard Strebel précise en eff<strong>et</strong> que « la<br />

station <strong>de</strong>bout prolongée <strong>et</strong> obligatoire après le travail était un autre moyen d’inculquer la<br />

discipline aux femmes 1948 ».<br />

Toutes <strong>les</strong> femmes supportent extrêmement difficilement ces châtiments répétés. Le fait<br />

d’avoir pratiqué <strong>de</strong>s activités sportives semble toutefois être un atout pour supporter ce<br />

registre d’épreuve. Mme Pequ<strong>et</strong>, interrogée par le Comité d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre<br />

mondiale, affirme y avoir résisté grâce à son entraînement physique qui lui a permis <strong>de</strong><br />

suffisamment développer sa force 1949 .<br />

Les appels constituent à Ravensbrück la forme la plus commune <strong>et</strong> systématique <strong>de</strong><br />

brima<strong>de</strong>s : qu’ils soient fonctionnels ou répressifs, ils scan<strong>de</strong>nt chaque jour <strong>de</strong> vie au camp,<br />

1942 Francine Maurel, Un camp très ordinaire, op. cit., p. 86.<br />

1943 Ibid., p. 123.<br />

1944 Germaine Tillion, Une opér<strong>et</strong>te à Ravensbrück, op. cit., p. 68.<br />

1945 Ibid., note n° 2.<br />

1946 AN, 72aj/333. Témoignage <strong>de</strong> Mme Anthonioz née Geneviève De Gaulle recueilli par Mlle Routis le 25<br />

janvier 1952, p. 27.<br />

1947 AN, 72aj/333. Wenda Dubaczensker, Les femmes à Ravensbrück, témoignage traduit par Mme Fail <strong>et</strong> remis<br />

au Comité d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale.<br />

1948 Bernhard Strebel, Ravensbrück, op. cit., p. 397.<br />

1949 AN, 72aj/333. Témoignage <strong>de</strong> Mme Pequ<strong>et</strong> remis au Comité d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, 2<br />

avril 1952, p. 17.<br />

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