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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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exercices corporels comme premier niveau <strong>de</strong> brima<strong>de</strong> dans l’échelle tacite <strong>de</strong>s punitions en<br />

vigueur au camp. Maisie Renault l’exprime très clairement dans son témoignage :<br />

Les punitions se succè<strong>de</strong>nt sans que nous connaissions le motif <strong>de</strong>s délits. Les blocs avant<br />

l’appel « posent » à tour <strong>de</strong> rôle, ce qui prolonge celui-ci <strong>de</strong> plus d’une heure 1909 .<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Les <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong>s souffrances inhérentes aux stations immobi<strong>les</strong> sont systématiques<br />

dans <strong>les</strong> témoignages <strong>de</strong> femmes, ce qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> repérer plusieurs types d’appel. Le langage<br />

du camp <strong>de</strong> Ravensbrück possè<strong>de</strong> d’ailleurs un terme pour qualifier ces heures d’immobilité :<br />

<strong>les</strong> femmes sont « piquées », comme s’en souvient Francine Briand : « nous « piquons »<br />

<strong>de</strong>bout <strong>de</strong>s heures entières, alignées, attendant l’autorisation <strong>de</strong> pouvoir remuer <strong>et</strong><br />

marcher 1910 ». Les stations <strong>de</strong>bout prolongées possè<strong>de</strong>nt une pluralité <strong>de</strong> fonctions, ce qui <strong>les</strong><br />

rend omniprésentes dans la vie quotidienne <strong>de</strong>s déportées : fonction administrative,<br />

perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> comptabiliser la population concentrationnaire, <strong>de</strong> vérifier <strong>les</strong> « colonnes » <strong>de</strong><br />

travail 1911 ou <strong>de</strong> préparer un transport, fonction répressive à l’encontre d’un groupe ou d’un<br />

individu, fonction « d’occupation-brima<strong>de</strong>s », enfin, où durant <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> repos, <strong>les</strong> SS<br />

contraignent <strong>les</strong> femmes à rester dans la cour en rangs <strong>et</strong> en colonnes.<br />

Des appels, <strong>les</strong> femmes préservent un souvenir plus que douloureux, qu’el<strong>les</strong> expriment<br />

avec difficulté. Anne Fernier emploie cyniquement l’adjectif « grandiose 1912 », précisant<br />

quelques lignes plus loin que l’appel est surtout un moment « colossal <strong>et</strong> tragique 1913 ». Mme<br />

Hervé indique qu’il s’agit <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s fac<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> la captivité <strong>de</strong>s plus « diffici<strong>les</strong> à<br />

supporter 1914 ». Pour Marguerite Chabiron 1915 , arrivée à Ravensbrück en septembre 1944, <strong>les</strong><br />

appels constituent à eux seuls un « véritable supplice 1916 ». Qualifié d’« immobilité<br />

monstrueuse 1917 », dans le livre rédigé par l’Amicale <strong>de</strong>s anciens <strong>de</strong> Ravensbrück, l’appel est<br />

décrit en ces termes :<br />

1909 Maisie Renault, La gran<strong>de</strong> misère, op.cit., p. 91.<br />

1910 AN, 72aj/333. Témoignage <strong>de</strong> Melle Francine Briand transmis au Comité d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre<br />

mondiale par Mr Wimbee en janvier 1952.<br />

1911 Dans le langage du camp, la colonne correspond à un Kommando <strong>de</strong> travail. Simone Saint-Clair en énumère<br />

quelques-uns : colonnes du <strong>de</strong>ssèchement <strong>de</strong>s marais, colonnes <strong>de</strong> la forêt, colonnes du sable, <strong>et</strong>c. (Simone Saint-<br />

Clair, Ravensbrück, op. cit., p. 109-110.<br />

1912 Anne Fernier, « L’appel général » in Olga Wormser, Henri Michel, Tragédie <strong>de</strong> la déportation, op.cit., p. 86.<br />

1913 Anne Fernier, « L’appel général » in Olga Wormser, Henri Michel, Tragédie <strong>de</strong> la déportation, op.cit., p. 86.<br />

1914 AN, 72aj/333. Témoignage <strong>de</strong> Mme Hervé recueilli par Melle Routis le 10 octobre 1941 pour le Comité<br />

d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, p. 2.<br />

1915 Marguerite Chabiron fait partie du convoi qui a quitté Belfort le 1 er septembre 1944 en direction <strong>de</strong><br />

Ravensbrück. Il comprenait 190 femmes. (Livre-Mémorial, fiche n° I. 282).<br />

1916 AN, 72aj/333. Témoignage <strong>de</strong> Mme Chabiron remis au Comité d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale,<br />

sd, p. 3.<br />

1917 Amicale <strong>de</strong> Ravensbrück <strong>et</strong> Association <strong>de</strong>s déportées <strong>et</strong> internées <strong>de</strong> la Résistance, Les Françaises à<br />

Ravensbrück, op. cit., p. 95.<br />

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