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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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[…] le mot signifie être placé au piqu<strong>et</strong>, au premier poteau <strong>de</strong> l’enceinte barbelée, à côté<br />

du poste <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. On est am Draht comme l’on était au piqu<strong>et</strong> à l’école primaire. C’est<br />

une sanction. D’une gravité différente selon la durée jamais connue. Trois jours dans le<br />

froid sans manger, ce peut être la mort 1767 .<br />

Pierre <strong>de</strong> Froment est soumis à c<strong>et</strong>te brima<strong>de</strong> assez fréquemment dans <strong>les</strong> Kommandos<br />

dépendant <strong>de</strong> Mauthausen. Pour lui, « bien <strong>de</strong>s morts résultèrent <strong>de</strong> ces vexations 1768 ». M.<br />

Malatre, déporté à Buchenwald, se souvient du calvaire d’un <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s.<br />

Un <strong>de</strong> nos camara<strong>de</strong>s était là <strong>de</strong>bout, au gar<strong>de</strong>-à-vous, il est condamné à rester dans c<strong>et</strong>te<br />

position pendant soixante-douze heures sans pouvoir la quitter pour aucun motif ; à<br />

chaque passage nous voyions sur son visage <strong>les</strong> traces <strong>de</strong> fatigue s’accentuer, le troisième<br />

jour, alors qu’il avait déjà effectué soixante-sept heures <strong>de</strong> ce supplice, nous pensions le<br />

voir subir l’épreuve avec succès ; nous ne comptions pas sur l’horrible machiavélisme <strong>de</strong>s<br />

SS qui, voyant leur victime capable <strong>de</strong> tenir jusqu’au bout, allèrent jusqu’à lui fixer <strong>de</strong>s<br />

menottes. Main au dos, une mus<strong>et</strong>te pleine <strong>de</strong> cailloux, le supplicié a dû tenir encore ½<br />

heure environ, mais a succombé sous la charge car il n’était plus là à notre r<strong>et</strong>our 1769 .<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

A Auschwitz, en plus <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> brima<strong>de</strong>s, <strong>les</strong> déportés peuvent être condamnés à la<br />

« peine <strong>de</strong> cellule verticale » autrement nommée Stehbunker 1770 ou Stehzelle 1771 . C<strong>et</strong>te forme<br />

<strong>de</strong> punition est établie par le Lagerführer Hans Aumeier au cours <strong>de</strong> l’année 1942. Elle<br />

consiste à placer quatre détenus dans une cellule très étroite <strong>de</strong> moins d’un mètre carré pour<br />

une durée non définie. Durant la journée, <strong>les</strong> punis sont conduits au travail avec tous <strong>les</strong> autres<br />

déportés. Le soir, ils rejoignent le Stehbunker <strong>et</strong> restent <strong>de</strong>bout, immobi<strong>les</strong>, plongés dans le<br />

noir, ne pouvant respirer que grâce à une p<strong>et</strong>ite ouverture <strong>de</strong> cinq centimètres sur cinq<br />

centimètres. Extrêmement craintes, ces punitions peuvent être endurées <strong>de</strong> une à trois<br />

semaines. N’existant qu’à Auschwitz I initialement, <strong>de</strong>s cellu<strong>les</strong> vertica<strong>les</strong> sont par la suite<br />

créées en 1943 1772 dans <strong>les</strong> autres camps <strong>et</strong> annexes d’Auschwitz, dont Birkenau 1773 . Wieslaw<br />

Kielar la subit courant 1943. Durant la première <strong>de</strong>s vingt <strong>et</strong> une nuit qu’il y passe, il assiste à<br />

la mort <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s trois autres détenus <strong>de</strong> la cellule. Il consacre trois pages <strong>de</strong> son ouvrage à<br />

la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s douleurs ressenties durant ces nuits terrib<strong>les</strong>.<br />

1767 Pierre Saint-Macary, Mauthausen : percer l’oubli, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 88.<br />

1768 Pierre <strong>de</strong> Froment, Un volontaire <strong>de</strong> la nuit dans l’enfer <strong>de</strong>s camps nazis, op. cit., p. 104.<br />

1769 AN, 72aj/323. Témoignage <strong>de</strong> M. Malartre transmis au Comité d’histoire <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale par<br />

M. Ruby, sd.<br />

1770 Irena Strzelecka, « Les punitions <strong>et</strong> la torture », in Ta<strong>de</strong>usz Iwasko, Helena Kubica, Francizek Piper, Irena<br />

Strzelecka, Andrej Strzelecki, Auschwitz 1940- 1945. Volume 2. Les détenus, la vie <strong>et</strong> le travail, op. cit., p. 454.<br />

1771 Terme employé par Franciszek Piper : Franciszek Piper, « Extermination », in Auschwitz, camp hitlérien<br />

d’extermination, op. cit, p. 105.<br />

1772 Selon Franciszek Piper, leur construction fait suite à un ordre du commandant du KL datant du 16 septembre<br />

1943. Franciszek Piper « Extermination », in Auschwitz, camp hitlérien d’extermination, op. cit, p. 105.<br />

1773 Irena Strzelecka, « Les punitions <strong>et</strong> la torture », in Ta<strong>de</strong>usz Iwasko, Helena Kubica, Francizek Piper, Irena<br />

Strzelecka, Andrej Strzelecki, Auschwitz 1940-1945. Volume 2. Les détenus, la vie <strong>et</strong> le travail, op. cit., p. 454.<br />

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