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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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Les stations <strong>de</strong>bout prolongées font naturellement partie du quotidien <strong>de</strong>s déportés <strong>de</strong>s camps<br />

d’Auschwitz : el<strong>les</strong> servent, comme dans tous <strong>les</strong> camps à gérer la masse concentrationnaire, à<br />

prévenir <strong>de</strong>s évasions <strong>et</strong> à ventiler <strong>les</strong> détenus dans <strong>les</strong> différents Kommandos. Robert Waitz<br />

signale dans son témoignage que <strong>les</strong> appels numériques ont lieu <strong>de</strong>ux fois par jour, le matin<br />

entre le lever <strong>et</strong> le départ au travail, <strong>et</strong> le soir au r<strong>et</strong>our <strong>de</strong>s Kommandos :<br />

Le départ au travail mérite d’être décrit. Les détenus, massés sur la place d’appel, y<br />

restent quel que soit le temps, pluie, neige, vent 1719 .<br />

Tous <strong>les</strong> témoins différencient <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux appels principaux, celui du matin <strong>et</strong> celui du soir <strong>et</strong><br />

jugent le premier, qui a lieu immédiatement après le lever, moins douloureux :<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Les appels étaient très durs, car extrêmement longs, surtout le soir. Le matin, il fallait<br />

partir au travail, <strong>et</strong> on allait plus vite. Mais le soir, il fallait attendre que tous <strong>les</strong><br />

commandos soient revenus. Ils commençaient vers 6 h 1/2, duraient souvent <strong>de</strong>ux heures,<br />

quelque fois plus 1720 .<br />

Les fluctuations d’effectifs étant moins importantes la nuit, <strong>les</strong> dénombrements sont plus<br />

simp<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> impératifs <strong>de</strong> productions amènent sans doute <strong>les</strong> SS à en accélérer le<br />

déroulement.<br />

C<strong>et</strong>te immobilité subie entraîne <strong>de</strong>s douleurs irradiantes liées à l’immobilité <strong>et</strong> au froid<br />

qui débutent dans <strong>les</strong> membres inférieurs avant <strong>de</strong> se propager dans tout le corps. André<br />

Duroméa 1721 , déporté à Neuengamme en juill<strong>et</strong> 1944 en donne une <strong>de</strong>scription précise.<br />

Cela dure <strong>de</strong>s heures <strong>et</strong> <strong>de</strong>s heures. Rarement moins <strong>de</strong> trois heures. […]. Ceux qui n’ont<br />

pas connu cela ne peuvent savoir combien c’est pénible. Rapi<strong>de</strong>ment le mal <strong>de</strong> jambes<br />

<strong>de</strong>vient intolérable. On a beau s’appuyer sur une jambe puis sur l’autre, rien n’y fait. Puis<br />

la douleur vous prend <strong>les</strong> reins, le dos, <strong>et</strong> <strong>de</strong>vient insupportable. Pas question <strong>de</strong> s’asseoir<br />

ni même <strong>de</strong> bouger. Il faut rester au gar<strong>de</strong>-à-vous 1722 .<br />

Pour Julien Unger « On sent la mort saisir <strong>les</strong> pieds <strong>et</strong> remonter lentement <strong>les</strong> moll<strong>et</strong>s, <strong>les</strong><br />

genoux, <strong>les</strong> cuisses <strong>et</strong> le ventre 1723 ». Paul Kern r<strong>et</strong>ranscrit <strong>de</strong>s symptômes analogues :<br />

« C’était durant c<strong>et</strong>te station <strong>de</strong>bout, d’abord <strong>de</strong>s douleurs aux jambes qui montaient dans le<br />

dos, puis dans la nuque. La tête <strong>de</strong>venait lour<strong>de</strong> à tel point que nous ne nous rendions plus<br />

1719 Robert Waitz, « Auschwitz III Monowitz » in Collectif, De l’Université aux camps <strong>de</strong> concentration.<br />

Témoignages strasbourgeois, op. cit., p. 487.<br />

1720 AN, 72aj/322. Témoignage <strong>de</strong> Simon Willard recueilli par Mme Gran<strong>et</strong> le 5 décembre 1952.<br />

1721 André Duromé quitte Compiègne pour Neuengamme par le transport du 28 juill<strong>et</strong> 1944 avec 1 650 autres<br />

Français. Seuls 33% rentrent <strong>de</strong> déportation. (Livre-Mémorial, fiche n° I. 250).<br />

1722 André Duroméa, André Duroméa raconte : la Résistance, la déportation, Le Havre, Editions Socia<strong>les</strong>, 1987,<br />

p. 133.<br />

1723 Julien Unger, Le sang <strong>et</strong> l’or, op. cit., p. 26.<br />

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