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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

comme toutes <strong>les</strong> déportées <strong>de</strong> son wagon sont « abruties par la fatigue, le manque d’air, <strong>les</strong><br />

courbatures 1520 ». Simone Saint-Clair 1521 , partie <strong>de</strong> Neue-Bremm, décrit <strong>les</strong> mêmes wagons<br />

plombés où un énorme seau rempli d’excréments lui donne la nausée, mais précise par contre<br />

que le nombre <strong>de</strong> femmes était moins élevé, quarante, ce qui réduit d’autant <strong>les</strong> souffrances<br />

endurées. Le voyage <strong>de</strong> Béatrix <strong>de</strong> Toulouse-Lautrec 1522 est encore différent : partie <strong>de</strong> la gare<br />

<strong>de</strong> Perrache (à Lyon) dans un train <strong>de</strong> voyageurs, son périple dure plusieurs jours. A Rothau,<br />

<strong>les</strong> gardiens cè<strong>de</strong>nt aux incessantes plaintes <strong>de</strong>s déportées <strong>et</strong> <strong>les</strong> laissent se laver dans une<br />

p<strong>et</strong>ite rivière 1523 , ultime source <strong>de</strong> réconfort physique avant l’arrivée au KL, mais en même<br />

temps, occasion pour <strong>les</strong> gardiens <strong>de</strong> moquer <strong>les</strong> corps dénudés <strong>de</strong> leurs prisonnières.<br />

Pour <strong>les</strong> déportés juifs transférés vers « pitchipoï », le voyage constitue une épreuve<br />

d’autant plus sour<strong>de</strong> qu’elle se vit parfois en famille, toujours en compagnie <strong>de</strong> femmes,<br />

d’enfants ou <strong>de</strong> vieillards dans <strong>de</strong>s conditions extrêmes. Camille Touboul 1524 se souvient <strong>de</strong><br />

l’enfer vécu par <strong>les</strong> Juifs du convoi n° 63 du 17 décembre 1943 :<br />

Je pense encore aujourd’hui […] à tous ceux qui ont fait partie <strong>de</strong> ce convoi, à ces<br />

enfants, innocents parmi <strong>les</strong> innocents, souffrant <strong>de</strong> la soif, <strong>de</strong> la faim <strong>et</strong> qui durant le<br />

voyage, n’ont pas cessé <strong>de</strong> se plaindre, <strong>de</strong> pleurer, <strong>de</strong> crier…Nos nerfs sont à bout, nous<br />

mourons <strong>de</strong> soif, bientôt <strong>de</strong> faim, le manque d’air <strong>et</strong> <strong>de</strong> sommeil nous rend comme fous :<br />

nous appelons, nous crions, nous pleurons […]. Ah ! De l’air ! Ah ! De l’air ! Sortir <strong>de</strong> ce<br />

wagon ! La panique nous saisit 1525 .<br />

Le Docteur Kindberg quitte Drancy par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944, celui qui<br />

emporte aussi Alfred Nakache, sa femme <strong>et</strong> sa fille à Auschwitz 1526 . Il qualifie d’ « affreux »<br />

<strong>les</strong> trois jours qu’il passe dans le wagon plombé. Ce transport est composé <strong>de</strong> 539 personnes<br />

<strong>de</strong> sexe féminin <strong>et</strong> 614 <strong>de</strong> sexe masculin. 144 enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 14 ans en font partie, la<br />

1520 Ibid., p. 23.<br />

1521 Simone Saint-Clair quitte Paris le 14 juin 1944 dans un transport comptant 51 femmes. (Livre-Mémorial,<br />

fiche n° I. 227).<br />

1522 Béatrix <strong>de</strong> Toulouse-Lautrec quitte Lyon le 11 août 1944 dans un convoi mixte <strong>de</strong> quelques 286 personnes.<br />

Le 18 août, le train arrive à Rothau. Les hommes en <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt, tandis que <strong>les</strong> 64 femmes sont envoyées à<br />

Ravensbrück qu’el<strong>les</strong> atteignent le 22 août. (Livre-Mémorial, fiche n° I. 263).<br />

1523 BeatrixBéatrix <strong>de</strong> Toulouse-Lautrec, J’ai eu vingt ans à Ravensbrück, Paris, France-Loisirs, 1992, p. 120-<br />

121.<br />

1524 Le nom <strong>de</strong> Camille Touboul apparaît sur la liste <strong>de</strong>s déportés du convoi n° 63 parti le 17 décembre 1943 <strong>de</strong><br />

Bobigny, r<strong>et</strong>ranscrite par Serge Klarsfeld. (Serge Klarsfeld, Le Mémorial <strong>de</strong> la déportation, op. cit.).<br />

1525 Camille Touboul, Le plus long <strong>de</strong>s chemins : <strong>de</strong> Marseille à Auschwitz, Paris, Ed du Losange, 1997, p. 38.<br />

1526 Les noms d’A. Nakache, <strong>de</strong> sa femme <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa fille figurent dans : Serge Klarsfeld, Le Mémorial <strong>de</strong> la<br />

déportation, op. cit., Convoi n° 66 en date du 20 janvier 1944. Le prénom <strong>de</strong> la femme d’A. Nakache est<br />

orthographié au masculin « Paul ». Le dossier <strong>de</strong> déportation d’Alfred Nakache confirme c<strong>et</strong>te date (AC, Dossier<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’attribution du titre <strong>de</strong> déporté résistant d’Alfred Nakache, renseigné par l’intéressé le 5 décembre<br />

1955, p. 4).<br />

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