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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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matraque <strong>et</strong> une nourriture plus qu’insuffisante, ils sont la cause première <strong>de</strong> mortalité du<br />

camp.<br />

Pierre <strong>de</strong> Froment relate ses premières heures en territoire allemand. Arrivé dans l’un<br />

<strong>de</strong>s premiers convois d’août 1943, il décrit <strong>les</strong> coups <strong>de</strong> gummi infligés à un jeune déporté<br />

s’étant rendu coupable d’un éclat <strong>de</strong> rire sur le quai <strong>de</strong> la gare, l’appel nominatif, mais surtout<br />

la séance d’exercices physiques conduite sous l’autorité d’un certain « Drokur ».<br />

[…] on prend le pas <strong>de</strong> course autour du bassin ; à chaque passage <strong>de</strong>vant lui, on reçoit<br />

sur <strong>les</strong> épau<strong>les</strong> un coup du terrible nerf <strong>de</strong> bœuf…Après bon nombre <strong>de</strong> tours, nous<br />

prenons le pas ordinaire, mais pour peu <strong>de</strong> temps. En eff<strong>et</strong>, Drokur indique l’exercice à<br />

exécuter maintenant : il s’agit <strong>de</strong> s’accroupir, <strong>les</strong> mains <strong>de</strong>rrière la nuque, <strong>et</strong> <strong>de</strong> progresser<br />

ainsi, sautant talons joints, sur la pointe <strong>de</strong>s pieds 1352 .<br />

L’après-midi, après avoir avalé une louche <strong>de</strong> soupe <strong>de</strong>bout en plein soleil, la séance reprend.<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

L’après-midi se passe à la même ca<strong>de</strong>nce. […]. Au pilou-pilou succè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s courses<br />

écervelées autour du bassin avec plat-ventre immédiat au coup <strong>de</strong> siffl<strong>et</strong>, puis toutes<br />

sortes d’exercices sportifs <strong>de</strong> la sorte, le tout soigneusement assaisonné <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> nerf<br />

<strong>de</strong> bœuf 1353 .<br />

Si lui-même <strong>et</strong> ses camara<strong>de</strong>s sont affectés <strong>les</strong> jours suivant à un Kommando <strong>de</strong> travail, il n’en<br />

est pas <strong>de</strong> même pour la majorité <strong>de</strong>s Français passés par Neue-Bremm. Pour eux, chaque jour<br />

passé dans le camp est inexorablement scandé par <strong>les</strong> mêmes exactions. Les déportés sont<br />

réveillés aux environs <strong>de</strong><br />

4 h 30 <strong>et</strong> doivent immédiatement sortir pour se rendre au<br />

baraquement servant à se doucher. Cependant, le nombre <strong>de</strong> pommeaux est insuffisant <strong>et</strong> le<br />

temps imparti bien trop court, si bien que la plupart revient sans s’être lavé. Puis ils reçoivent<br />

leur frugal repas : « Nous recevons un peu <strong>de</strong> café tiè<strong>de</strong> proj<strong>et</strong>é avec maladresse dans la p<strong>et</strong>ite<br />

cuv<strong>et</strong>te <strong>et</strong> une tranche <strong>de</strong> pain 1354 ». S’en suit la corvée <strong>de</strong>s lits puis un appel <strong>de</strong> plusieurs<br />

heures, <strong>de</strong>hors par tous <strong>les</strong> temps, durant lequel <strong>les</strong> requis sont affectés dans leurs différents<br />

Kommandos, tandis que <strong>les</strong> déportés atten<strong>de</strong>nt.<br />

L’appel du matin a été long, d’autant plus long qu’on attend le jour, <strong>de</strong>bout, en rangs,<br />

<strong>de</strong>vant <strong>les</strong> baraquements 1355 .<br />

André Laithier quitte Paris par le convoi du 28 février 1944 1356 . De ces débuts <strong>de</strong> journée à<br />

Saarbrück, il écrit : « A 5 heures, réveil, passage éclair aux lavabos, le temps d’être mouillé<br />

1352 Pierre <strong>de</strong> Froment, Un volontaire <strong>de</strong> la nuit dans l’Enfer <strong>de</strong>s camps, op. cit., p. 41-42<br />

1353 Ibid., p. 41.<br />

1354 Pierre Bl<strong>et</strong>on, Le temps du purgatoire, op.cit., p. 18.<br />

1355 Pierre <strong>de</strong> Froment, Un volontaire <strong>de</strong> la nuit dans l’enfer <strong>de</strong>s camps nazis, op. cit., p. 43.<br />

1356 Livre-Mémorial, fiche n° I. 182. Transport parti <strong>de</strong> Paris le 28 février 1944. Le convoi est composé <strong>de</strong> 50<br />

hommes, André Laithier fait partie <strong>de</strong>s déportés classés NN.<br />

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